SFE et Pot Concept veulent valoriser les déchets inertes et verts

Sur proposition de la commission environnement, cadre de vie et tourisme, le conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte (CCEEM) apporte son soutien aux sociétés SEF et Pot Concept qui souhaitent valoriser les déchets du bâtiment et de travaux publics pour l’un et transformer les déchets végétaux en compost pour l’autre. Un moyen d’arrêter de « taper dans nos ressources ».

Face à « l’échec relatif des bornes de tri », le conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte encourage les initiatives locales tendant à la valorisation des déchets. Les auditions menées dernièrement par la commission environnement, cadre de vie et tourisme mettent en lumière trois projets* prometteurs dans la transformation et le recyclage, qui « ne se limite pas seulement aux déchets ménagers », rappelle Michel Charpentier, le président de l’association les Naturalistes.

Parmi eux : la création d’une unité de compostage rapide, fiable et aux normes environnementales de tous types de déchets organiques par la société Pot Concept. L’idée ? Récupérer ceux générés par le BTP et par l’entretien paysager et les broyer via un process d’oxygénation forcée. Un projet d’intérêt collectif évalué à 2.279.000 euros, subventionné à 63% par l’agence de la transition écologique. « Nous partons sur un objectif de transformation de 2.000 tonnes par an pour commencer, mais nous espérons rapidement atteindre 7.000 tonnes », précise Abdallah Ibrahim, le gérant. « C’est moins compliqué de se réapproprier la valorisation des déchets verts que celle des déchets putrescibles. »

Mise en route partielle en mars 2023

Si Pot Concept envisage déjà d’intégrer ce futur compost dans son activité de pépiniériste et de le proposer pour l’aménagement des espaces verts, l’entreprise doit faire face à un planning serré dans la mesure où elle espère démarrer les travaux en janvier prochain pour une mise en route partielle de sa plateforme dès le mois de mars. Encore faut-il régler la problématique foncière – l’installation complète requiert deux hectares – et mettre en place une délégation de service publique pour le ramassage des déchets verts.

Autre concept : la société SFE porte un projet de création d’une installation classée pour la protection de l’environnement, dont la ressource principale provient des déchets du BTP, « dont 70% sont de la terre », précise Antoine Renaud, conducteur de travaux, en se basant sur une étude réalisée en juillet 2019 sur le potentiel mahorais de développement des matériaux et produits de construction bio sources locaux. L’objectif ? « Les réutiliser pour du remblai et de l’enrobage. »

Un crible et un concasseur dès novembre

Et le potentiel est énorme puisque près de 230.000 tonnes de déchets sont issues du bâtiment et des travaux publics. Pour mettre en œuvre cette filière, la filiale d’EBE table sur des investissements conséquents, à commencer par un crible et un concasseur mobile de 45 tonnes pour un montant d’un million d’euros. « Les machines devraient arriver courant novembre. » Reste à dénicher un terrain de minimum 30.000 mètres carrés pour installer les sites de collecte, de traitement et d’enfouissement… « Nous avons une piste à Dzoumogné et une autre à Longoni. »

Au vu des chantiers en cours et à venir, ces solutions « novatrices pour l’île » enchantent Amélie Springer, architecte et membre de la commission. « Il faut arrêter de taper dans nos ressources. Avec les commandes, ça ne tiendra pas… Nous n’avons plus le choix de toute façon », prévient-elle. Pour autant, le chemin risque d’être encore un peu long avant que la population mais aussi les entreprises ne soient totalement sensibilisées à la revalorisation des déchets. « Notre démarche n’est pas nouvelle. Nous voulons juste donner plus de poids à tous ceux qui veulent apporter leur pierre à l’édifice. »

* La fonderie Ulalusa qui porte un projet sur la fonte des cannettes en aluminium et la récupération du cuivre destinés à l’exportation ou à la fabrication d’objets n’a pas pu être représenté ce jeudi 15 septembre au conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte. Mais vous pouvez retrouver notre précédent reportage sur sa démarche dans le Flash Infos du 4 février 2022.

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