Si la Première ministre, Elisabeth Borne, n’a pas annoncé un durcissement des mesures afin d’économiser l’eau, Mayotte reste sous le coup des coupures d’eau de 54 heures. La Société mahoraise des eaux (SMAE) annonce que ce sera encore le cas pour la semaine du lundi 11 au dimanche 17 décembre. La zone industrielle de Kawéni reste la seule qui suit un rythme de coupures nocturnes pendant la semaine et une autre le dimanche. Le seul changement concerne le Rocher de Dzaoudzi qui intègre le secteur 1 « dans un but d’améliorer la qualité du service », fait remarquer la SMAE.
Elisabeth Borne : « On ne peut pas laisser Mayotte sans solution face à cette crise de l’eau ! »

Arrivée à Mayotte, ce vendredi matin, Élisabeth Borne tente de rassurer les habitants confrontés à deux crises majeures, la pénurie d’eau et l’insécurité grandissante. Pour la première, elle a assisté à une distribution de packs d’eau minérale à Dzaoudzi-Labattoir et visité l’usine de dessalement d’eau de mer de Pamandzi, avant de prendre la direction de Grande-Terre où des manifestants n’ont pu que la voir passer (voir encadré).
« Enfin, elle est là. » La Première ministre Élisabeth Borne a démarré très tôt, ce vendredi matin à 7 h, une visite officielle à Mayotte, le 101ème département français. Son avion a atterri à l’aéroport Marcel-Henry à Pamandzi avec plusieurs minutes d’avance sur l’horaire établi. En revanche, sans doute pour des questions protocolaires, elle n’est descendue de son avion que trois quarts d’heure après l’immobilisation de l’avion sur le tarmac. Les personnels ministériel et sécuritaire ont été les premiers à descendre de l’avion par une portière de service à l’arrière, suivi de trois des parlementaires de l’île (le député Les Républicains Mansour Kamardine, les sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Saïd Omar Oili), la députée Estelle Youssouffa étant elle déjà sur le territoire. Le ministre en charge des Outre-mer, Philippe Vigier, et son homologue de la Santé, Aurélien Rousseau, ont suivi un peu plus tard pour rejoindre le préfet Thierry Suquet. À l’extérieur de l’aéroport, une délégation de femmes en salouva, la tenue traditionnelle très colorée, s’échauffaient avec des m’biwis, chants et danses.
C’est donc par cet accueil populaire typique de l’île que la Première ministre a concrètement débuté sa visite d’une journée dans l’archipel, en se rendant directement après sur le site de l’usine de dessalement d’eau de mer située à proximité, pour une séquence consacrée à la crise de l’eau qui touche actuellement le territoire. Guidée par Françoise Fournial, la directrice de la société mahoraise des eaux (SMAE), elle a visité les turbines, puis les toutes nouvelles installations grâce auxquelles l’usine arrive à assurer son rendement promis (4.700m3 d’eau par jour) depuis quelques jours. La production pourrait aller au-delà les 5.000m3, ont indiqué Fahardine Ahamada et Ibrahim Aboubacar, respectivement président et directeur du syndicat Les Eaux de Mayotte (SEAM). Les deux hommes ont ensuite pris le relais pour expliquer, schémas à l’appui, les travaux entamés pour essayer de juguler la crise. Cela passe par la recherche de fuites, les sixième (à peine entamée) et septième campagnes de forage dont la vocation est de venir compléter la ressource en eau prélevée dans les deux retenues collinaires de Combani et Dzoumogné, ainsi que l’unité de dessalement de Pamandzi. « L’ensemble de ces mesures permet d’augmenter de 4,5 millions de litres la production et la disponibilité d’eau potable par jour sur Mayotte », estime la Première ministre. Ibrahim Aboubacar a expliqué également que les travaux d’interconnexion permettent de renvoyer vers Mamoudzou le surplus d’eau dessalée de l’usine de Petite-Terre et d’en transférer une partie sur le réseau sud de l’île.
A moyen terme, elle a fait remarquer que deux projets sont toujours sur les rails, l’usine de dessalement d’eau de mer d’Ironi Bé et la troisième retenue collinaire à Ourouvéni. Pour la première, elle est toujours annoncée « début 2025 ». Interrogée sur les difficultés foncières et écologiques du projet, elle a reconnu qu’« aucun des sites n’a aucun inconvénient. A un moment donné, il faut choisir le site avec le meilleur compromis. Les études sont menées pour réduire l’impact environnemental. Il n’y a pas de site idéal ». Concernant la retenue collinaire, qui devrait s’ajouter à celles de Comabni et Dzoumogné, elle confirme qu’il y aura une déclaration d’utilité publique « très prochainement ». Cette procédure fixe un cap pour les négociations avec les propriétaires fonciers, voire peut entraîner des expropriations.
Une distribution « aussi longtemps que nécessaire »
La cheffe du gouvernement français s’est rendue ensuite dans la commune voisine de Dzaoudzi-Labattoir, précisément dans les jardins de l’hôtel de ville. Elle a pu constater comment s’opère la distribution de bouteilles d’eau potable aux populations locales, ainsi que le ramassage des contenants en plastique pour éviter une pollution à grande échelle de l’archipel. Élisabeth Borne a confirmé que les distributions continueront « aussi longtemps que nécessaire ». La Première ministre a pris le temps de discuter avec le public, de féliciter les agents de la sécurité publique qui se dévouent à cette mission de distribution générale d’eau potable, et même d’écouter des écoliers chantant la Marseillaise devant le monument aux morts situé en face de l’hôtel de ville. Lors d’un micro-tendu, elle a rappelé que le gouvernement prendra à sa charge les factures d’eau des usagers couvrant la période de septembre à décembre, voire au-delà, qu’il y a un accompagnement et soutien des entreprises locales dont l’activité est perturbée par la crise de l’eau (il y en aurait une centaine).
Interrogée aussi sur un éventuel changement du calendrier des tours d’eau, les habitants étant soumis aux coupures de 54 heures), elle a répondu que les pluies récentes devraient permettre d’éviter un nouveau tour de vis.
Une centaine de manifestants à l’arrivée de la barge
L’accueil à l’aéroport de Dzaoudzi, en début de matinée, tranchait avec celui quelques heures tard à l’arrivée des barges. Une centaine de personnes sont venues clamer leur colère au sujet de la crise de l’eau et l’insécurité récurrente sur l’île. « On en a marre », ont hurlé les manifestants, las de la violence et du manque d’eau. Syndicats et société civile étaient alignés avec le long du bord de mer sur la place de la République. Les pancartes et refrains des manifestants étaient assez explicites quant aux revendications de cette foule qui a essayé de bloquer en vain le cortège officiel, juste après le rond-point Zéna Mdéré. La cheffe du gouvernement a poursuivi son programme vers Koungou, sans s’attarder à quai.
Un lycéen poignardé à Mamoudzou, l’auteur des faits âgé de 12 ans interpellé
Une dispute a éclaté, ce vendredi matin, vers 6h, à Mamoudzou. Un élève de 16 ans du lycée Younoussa-Bamana a été agressé par un collégien de 12 ans, qui lui a planté un ciseau dans l’omoplate. La police confirme être intervenue sur place et avoir appréhendé le plus jeune. Quant au blessé, la plaie n’est pas très profonde et il a pu se rendre au commissariat avec sa mère pour porter plainte.
Visite d’Elisabeth Borne : un arrêt au conseil départemental de Mayotte où de l’argent est promis

Elisabeth Borne s’est entretenue une demi-heure avec le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, avant de rejoindre l’hémicycle Bamana, à Mamoudzou, dans lequel l’attendaient de nombreux élus, ce vendredi midi. Le président du conseil départemental a entamé les discours en abordant la question de l’insécurité. « Chaque jour, les voyous qui sévissent sur ce territoire franchissent des limites qui dépassent tout entendement », déplore-t-il. “Nous attendons maintenant des actes forts.” Ce dernier a indiqué que le sentiment que certains Mahorais peuvent ressentir d’être des “sous-français” est inconcevable.
“Mayotte, ce sont des défis immenses et des difficultés graves”, a reconnu la Première ministre. “J’ai perçu une immense attente de Mayotte envers l’Etat, et cette attente est légitime.” Elisabeth Borne a confirmé et annoncé plusieurs mesures, comme le lancement du plan Shikandra 2 en 2024 contre l’immigration irrégulière, ou encore l’octroi de 242 millions d’euros pour développer et poursuivre la modernisation du centre hospitalier de Mayotte. Cette séance au conseil départemental s’est soldée par la signature d’une convention financière entre l’Etat et le Département. D’une enveloppe totale de 150 millions d’euros alloués sur deux ans, cette convention vise notamment à aider le territoire dans le secteur de l’aide sociale à l’enfance et de la protection maternelle et infantile (PMI).
La cheffe du gouvernement a ensuite rendez-vous au CHM, puis à Tsararano pour parler sécurité des transports scolaires. Elle rencontrera ensuite les forces de l’ordre puis terminera ses visites avec la démonstration du recyclage d’un kwassa, à Kawéni, sur le site d’Enzo Recyclage.
Visite d’Elisabeth Borne : la Première ministre est arrivée à Pamandzi
La Première ministre, Elisabeth Borne, est arrivée sur le tarmac de l’aéroport de Dzaoudzi à 6h30, ce vendredi matin. Après avoir reçu les honneurs militaires, la cheffe du gouvernement a été accueillie par les élus puis par la population. Collier de fleurs au cou, direction l’usine de dessalement de Pamandzi avant la visite du point de distribution de bouteilles d’eau potable de Dzaoudzi-Labattoir. Une entrée en matière dans le vif du sujet de l’eau, raison principale de la venue de la cheffe du gouvernement.
Sa matinée se poursuivra à Koungou, avec la visite du bidonville durant laquelle le thème de la lutte contre l’habitat insalubre sera abordé. Le temps du midi se déroulera au conseil départemental, où son président, Ben Issa Ousseni, attendra Elisabeth Borne pour un entretien et la signature de la convention financière entre l’Etat et le Département. L’après-midi débutera avec une visite du centre hospitalier de Mayotte (CHM), suivie d’une présentation du dispositif de sécurisation des transports scolaires sur la plateforme de Tsararano. Enfin, elle devrait rencontrer les effectifs de la police et de la gendarmerie nationale engagés dans la lutte contre l’immigration clandestine avant d’effectuer une dernière visite sur le site de l’entreprise Enzo Recyclage, à Kawéni, pour une démonstration de la machine de recyclage pour les kwassas saisis.
Pas de plomb dans les analyses, l’interdiction de consommer l’eau levée
Ce mardi 5 décembre, la préfecture de Mayotte et l’Agence Régionale de Santé (ARS) avaient interdit la consommation d’eau pour les besoins en eau potable sur 55% du réseau, suite à une alerte concernant la présence de métaux lourds dans les eaux traitées. L’ARS a envoyé en urgence des échantillons dans un laboratoire en métropole pour confirmer ou non la présence de plomb dans l’eau.
Les résultats rendus par le laboratoire national dans la soirée du mercredi 6 décembre sont tous conformes. L’alerte de précaution émise ce mardi est donc levée. L’eau distribuée à Mayotte est potable et conforme aux exigences requises pour la consommation humaine, assure l’agence. Depuis le début de la crise de l’eau, celle-ci suit avec attention la présence de métaux lourds en plus du contrôle bactériologique et des paramètres physico-chimiques. Malgré les pluies récentes, le niveau des ressources reste très faible. Ce cont
Un nouveau système de presse pour collecter les bouteilles plastique
Depuis le 20 novembre, les bouteilles plastique sont réceptionnées sur un terrain à proximité du centre de tri de Longoni en Vallée III. Afin d’éviter les rejets plastiques, une nouvelle machine de compactage utilisant un système de « presse à balles » sera livrée « sous 8 semaines », selon Citeo. Par ailleurs, face à « une augmentation déjà visible des bouteilles abandonnées sur l’île », le nombre d’opérations de nettoyage va augmenter durant le mois de décembre. L’association NAYMA réalisera une opération dans chacune des 17 communes de l’île. D’après l’opérateur, la fréquence de collecte des déchets dans les 230 points de récupération répartis sur l’île « a été doublée » pendant la crise de l’eau. Pour rappel, une fois récupérés, les emballages et papiers sont ensuite triés et conditionnés en balles à la plateforme d’affinage de l’écopôle de Longoni. Les balles de bouteilles sont ensuite envoyées dans l’Hexagone par bateau pour recyclage.
Une semaine supplémentaire de circulation alternée
Annoncée pour durer jusqu’au vendredi 8 décembre, la circulation alternée dans les rues de Mamoudzou est prolongée jusqu’au 15 décembre. Mis en place depuis le 28 août, ce dispositif régule la circulation dans le chef-lieu du lundi au jeudi. De 5h à 19h, les automobiles disposant d’une plaque d’immatriculation se terminant par un chiffre pair peuvent circuler seulement les lundis et mercredis, quand les « impairs » sont en droit de rouler les mardis et jeudis. « Il y a encore une nécessité et on souhaite accompagner les travaux de la CADEMA et d’autres travaux d’aménagement urbain jusqu’aux vacances de Noël, sinon la situation va se dégrader » explique à Flash Infos Laheri Boina Heri, chef du service circulation, stationnement et accessibilité à la mairie de Mamoudzou. Il faut dire que le dispositif porte ses fruits. Le taux de remplissage des navettes gratuites mises en place entre des parkings « relais » où les automobilistes peuvent stationner avant de rejoindre le centre-ville est de 90%. « En moyenne [du lundi au jeudi], on améliore le temps de trajet entre Dembéni et Carrefour des Hauts-Vallons de 1h20 » félicite Laheri Boina Heri. La circulation alternée reprendra ensuite le 15 janvier 2024 pour une durée d’au moins six mois, toujours afin de faciliter les travaux du Caribus.
Nouveauté : dès le deuxième trimestre de 2024, une quarantaine de taxis disposant de neuf places complèteront les navettes et permettront de relier gratuitement Passamaïnty depuis Vahibé et les Hauts Vallons depuis Doujani (et inversement).
Visite d’Élisabeth Borne : Les Républicains saluent sa venue
« Aujourd’hui, c’est avec satisfaction que la Fédération Les Républicains de Mayotte accueille la nouvelle de la visite imminente de la Première ministre », saluent le parti Les Républicains dans un communiqué. Il s’agit pour eux d’une « opportunité de mettre en lumière les besoins pressants du territoire ». Ils demandent « un changement de doctrine dans la réponse de l’appareil judiciaire à Mayotte », « une adaptation des méthodes d’intervention des forces de police et de gendarmerie sur le terrain ». Ils proposent « une mobilisation des forces militaires, notamment la marine nationale », « la mise en place d’un Wuambushu 2 plus réfléchi et mieux préparé », « un investissement dans les infrastructures portuaires, aéroportuaires et routières pour favoriser le développement économique et social du territoire », « un engagement ferme de l’État pour résoudre la crise de l’eau et assurer un approvisionnement durable et sécurisé », « un soutien financier et logistique au tissu économique local », « ainsi qu’un renforcement des programmes sociaux pour la population mahoraise ».
Visite d’Élisabeth Borne 2 : un plan d’urgence public demande CGT Éduc’
Le syndicat CGT Éduc’action Mayotte a également transmis un communiqué à l’occasion de la venue de la Première ministre. Il demande « des mesures d’urgences pour faire face à la situation de vie chère, de précarité, des bas salaires, des pensions misérables… Des mesures d’urgences pour faire face à l’insécurité, au désert médical, aux conditions d’étude et de travail indignes sur ce département », sous la forme d’un « plan d’urgence public ».
Concernant l’éducation, le syndicat exige « le retrait de la réforme de la voie professionnelle ». Selon lui, les dernières mesures « ne font que renforcer l’École du tri social, jusqu’au sein des classes avec l’imposition de groupes de niveaux au seul bénéfice des élèves au capital culturel élevé ». « Ce dont les élèves en difficulté ont besoin, ce n’est pas de méthodes simplistes ni de retour à l’École fantasmée des années soixante mais d’une pédagogie émancipatrice, librement mise en œuvre par leurs enseignant·es, en nombre suffisant pour réduire drastiquement les effectifs par classe une priorité pour Mayotte. »
A cela s’ajoutent une augmentation des salaires, de l’indexation, des mesures de sortie de la précarité pour les contractuels, davantage de recrutement ou encore le passage en REP+ de tous les établissements. La CGT Éduc’action appelle d’ailleurs les personnels à « se mobiliser massivement par la grève le 12 décembre devant le rectorat de Mayotte ».
L’État renflouera les caisses du conseil départemental de Mayotte

Ce vendredi, la Première ministre Élisabeth Borne se rendra à 12h30 au siège du conseil départemental de Mayotte pour parapher une convention financière qui fait figure d’appel d’air. Sous conditions strictes, l’État accorde cinquante millions d’euros à la collectivité pour l’exercice 2023, puis le double l’année suivante. Cela ne suffira pas pour rester à flot, estime Ben Issa Ousseni, son président.
« Façonner l’avenir des échanges économiques dans l’océan Indien »

Former des chefs d’entreprises et des jeunes Mahorais au règles du droit de l’Ohada et Comesa pour faciliter l’amélioration du climat des affaires dans la zone sud-ouest de l’océan Indien, objet d’un colloque organisé par la CCI en fin de semaine à Mamoudzou. Un événement qui clôture une formation professionnelle (et universitaire) de plusieurs mois englobant Mayotte, Madagascar et les Comores. Des nouvelles perspectives à l’international qui s’ouvrent pour notre jeunesse dans le court terme.
La Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM) innove avec la mise en place d’une formation professionnelle qualifiante en matière de coopération régionale décentralisée. Dans son discours d’introduction, le président de cette chambre consulaire, Mohamed Ali Hamid, a déclaré : « ensemble, nous sommes en train de façonner l’avenir des échanges économiques dans la région, un défi majeur qui aura des répercussions déterminantes pour les années à venir ». Pour parvenir à cet objectif annoncé, la CCIM a mis en place avec le soutien financier de l’Europe (85%) et de l’Agence Française de Développement (15%), une formation de plusieurs mois dispensée sur trois pays voisins, Mayotte, les Comores et Madagascar. Pour se faire, elle s’est appuyée sur des organismes tels que ACP Légal, le Club Ohada Comores, l’université de Fianarantsoa, le gouvernement malgache via son ministère de l’Industrie, l’Ecole nationale de la magistrature et des greffes de Madagascar, le Centre universitaire de Formation et de Recherche de Mayotte, mais également l’équipe développement économique et international de la CCI Mayotte.
Objectif recherché, la promotion du droit du droit dans le Canal de Mozambique via une sensibilisation de ces trois territoires distincts sur le droit issu de l’Ohada. En perspective, la mise en place prochaine d’une antenne océano-indienne de cet instrument juridique et, dans un second temps, préparer les entrepreneurs locaux à tirer bénéfice du grand marché sous-régional qu’est la Comesa bien que n’en faisant pas partie. Pour une meilleure compréhension de cet enjeu, il convient d’expliquer que l’Ohada est un instrument mis en place par 17 pays africains (dont 15 francophones, un lusophone et un hispanophone), mais il dispose également d’un pendant sur le continent américain avec un Ohada Caraïbes regroupant 35 pays dont les deux territoires français ultramarins de Guadeloupe et Martinique. « Explorer les liens entre le droit des affaires régional Ohada, le marché commun Comesa, deux entités qui, par leur convergence ouvrent de nouvelles perspectives pour la régionalisation du droit dans l’océan Indien », a noté Mohamed Ali Hamid. La CCIM ambitionne clairement de reproduire ce concept à Mayotte dans le but de promouvoir les investissements français et régionaux dans un espace qui partage des problématiques communes, telle que l’insularité et la dépendance à des territoires lointains pour leur approvisionnement en certains produits. « L’importance des échanges dans le développement, le dynamisme et la stabilité de nos régions ne peut être sous-estimée. Les enjeux qui se présentent à nous dans l’océan indien exigent une coopération étroite et des actions concrètes », a aussi souligné le président de la CCIM, formant le vœu que ce colloque soit un moment de partage de connaissances, d’échanges fructueux et de réflexions constructives.
Une stratégie globale du Département
Inverser cette tendance via une coopération économique accrue serait l’idéal pour ces trois pays voisins, mais une telle collaboration nécessite au préalable une sécurisation du droit des affaires d’où l’intitulé de ce colloque international en cours « Amélioration du climat des affaires dans le sud-ouest de l’océan Indien ». Ainsi cette formation qui vient de s’achever a démarré à l’université de Fianarantsoa à la rentrée de 2022, pour s’achever en août 2023 avec des examens, des oraux et de remises de mémoires. Elle était ouverte à la fois aux étudiants en droit, aux praticiens du droit, avocats et juristes ainsi qu’aux chefs d’entreprises susceptibles d’avoir à utiliser ce droit des affaires Ohada. Pour et les Comores et Mayotte en revanche, il s’agit plutôt d’une formation professionnelle. Dans notre département, elle a débuté en mai dernier pour prendre fin en novembre (contre août pour les Comores). Plus concrètement, pour que l’usage de ce droit devienne effectif, il importe que le contrat liant deux parties en affaires (par exemple un homme d’affaires comorien à un partenaire mahorais) stipule une clause prévoyant qu’elles doivent se référer au droit Ohada (lequel devient du coup un droit commun aux deux) plutôt que celui du pays d’origine de l’un ou l’autre.
Bien sûr, d’autres dispositions viendront compléter l’émission de ce choix ainsi affirmé, notamment, en fonction de l’importance des montants en jeu. Cette formation (qui reste une niche d’opportunités pour les jeunes Mahorais très peu nombreux à y avoir répondu) se veut une action comme une autre parmi celles qui s’inscrivent dans la stratégie du conseil départemental de Mayotte en matière de coopération régionale. « A travers cette action, nous espérons justement générer un important potentiel d’emplois dans l’avenir pour les jeunes et ceux de la région. Tous les jeunes étudiants qui choisiront de se spécialiser en droit Ohada ou Comesa auront l’opportunité de travailler avec des opérateurs issus de nombreux paysages d’Afrique de l’ouest, notamment de grandes entreprises comme Total ou autres », fait remarquer une source autorisée à la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte.
On était 9.800 habitants de plus à Mayotte en 2022
Dans son dernier bilan démographique, l’Institut national de la statistique et des études économiques a confirmé que 10.770 enfants sont nés de mères domiciliées à Mayotte en 2022. Un nouveau record.

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publie son « bilan démographique » annuel. Photographie à un instant « t » du ratio entre les décès et les naissances, le « solde naturel » du département était de 9.800 habitants en 2022. Le « niveau record » des naissances fait largement pencher la balance. En effet, l’an dernier, 10.770 enfants sont nés de mères domiciliées à Mayotte, soit 160 de plus qu’en 2021. « La fécondité reste ainsi élevée, avec 4,7 enfants par femme », note l’Insee. Une donnée qui explique l’évolution démographique du département, notamment parce que « les trois quarts des bébés nés en 2022 ont une mère étrangère, souvent comorienne », poursuit l’institut. Toutefois, un enfant sur deux [55% des nouveau-nés] a ou moins un parent français.
L’Insee, qui se base sur les données issues de l’état civil pour réaliser cette étude, précise que, depuis 2015, le nombre de naissances se situe à un niveau nettement plus élevé qu’à la fin des années 2000. En moyenne, entre 2007 et 2012, 7.100 naissances ont été enregistrées à Mayotte. Le solde naturel augmente donc, malgré une légère hausse du nombre de décès en 2022 (970, soit 23% en plus qu’en 2019). En comparaison avec les données nationales, entre l’avant et l’après Covid-19, les décès ont bien plus augmenté à Mayotte que dans l’Hexagone (+9,8%), aux Antilles ou en Guyane (+16-17 %).
« La population de Mayotte étant nettement plus jeune que celle de l’Hexagone, le nombre de décès rapportés à l’ensemble de la population reste bien plus faible. Ainsi, le taux de mortalité est trois fois plus faible à Mayotte que dans l’Hexagone (3,2 contre 9,8 pour 1.000 habitants », contextualise l’institut.
Les données du nouveau recensement en 2025
Plus attendus, les résultats du recensement de la population ne seront pas connus avant le début de l’année prochaine, le dernier datant de 2017. « On ne recense plus les personnes tous les cinq ans de façon exhaustive. Maintenant, on réalise un recensement annuel de la population », explique Muriel Granjon, responsable du recensement de la population à l’Insee Mayotte. Depuis la loi relative à l’égalité réelle Outre-mer, l’institut applique les mêmes méthodes à Mayotte que dans les autres départements, et fournira seulement une « estimation » de la population aux communes chaque année avant d’arrêter un nombre précis fin 2025. Au 1er janvier 2023, la population de Mayotte était estimée à 310.000 personnes.
Une nouvelle cheffe du service régional
Véronique Daudin est nommée cheffe du service régional de l’Insee à Mayotte, au sein de la direction interrégionale de l’Insee La Réunion-Mayotte. Depuis 2019, elle était directrice régionale de l’institut en Corse. Auparavant, de 2015 à 2019, elle a été directrice de l’Institut national de la statistique et des études économiques de Nouvelle-Calédonie. Elle avait déjà exercé à Mayotte de 2010 à 2013 en tant que responsable du service régional et succède désormais à Bertrand Aumand, qui devient chef du service territorial de la Martinique.
« Des agressions de plus en plus fréquentes sur les chantiers »

Ce mardi, la Fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP) a co-signé avec le Mouvement des entreprises de France (Medef), une lettre ouverte à l’intention de la Première ministre Élisabeth Borne, attendue à Mayotte ce vendredi. À travers cette missive, Julian Champiat, le président de la fédération, a souhaité interpeller la cheffe du gouvernement sur l’insécurité à Mayotte.
Flash Infos : Pourquoi était-il important pour vous d’écrire une lettre ouverte à la Première ministre sur l’insécurité ?
Julian Champiat : Au début, l’idée n’était pas forcément d’écrire une lettre ouverte. Mais nous nous sommes dit, dans un second temps, qu’associer la population de Mayotte à notre démarche nous semblait important. Car nous sommes tous touchés par l’insécurité, que ce soit dans le cadre du BTP (N.D.L.R. Bâtiments et Travaux Publics), des entreprises du Mouvement des entreprises de France (Medef), mais aussi de toute la population. Nous sommes tous concernés. Par exemple, un de mes collaborateurs s’est fait agresser à 4h du matin. Alors est-ce qu’il faut mettre un gendarme derrière chaque cocotier ? Je ne sais pas, et cela ne me semble pas réalisable. Je n’ai pas de solution en tête, c’est une demande générale que nous avons adressé dans cette lettre, celle de pouvoir vivre et travailler en toute sécurité. Avec le sentiment de ne pas avoir beaucoup de réactions localement, on a souhaité marquer l’instant en prévision de la venue de la Première ministre.
F. I. : Quelles sont les conséquences de l’insécurité spécifiques au secteur du bâtiment ?
J. C. : Je tiens à commencer par une évidence, il y a avant tout les conséquences sur la sécurité de nos collaborateurs. Que ce soit sur le chemin du travail ou dans le cadre des chantiers, il y a des agressions de plus en plus fréquentes pendant les heures de travail. Après, il y a aussi les conséquences sur l’intégrité de nos matériels. Nous avons eu, à plusieurs reprises, des engins de chantier qui coûtent plusieurs dizaines de milliers d’euros qui ont été incendiés. Ce sont des investissements, cela représente du temps, des impacts sur la cadence de nos chantiers. Ce sont les deux éléments qui me semblent primordiaux, encore une fois, la sécurité de nos collaborateurs, puis notre capacité de travail, nos moyens de travail et nos cadences de travail. On a déjà, on le sait tous, des difficultés à Mayotte, particulièrement avec l’eau. Si on rajoute des couches sur des couches, on n’arrivera plus à travailler.
F. I. : Dans cette lettre ouverte, vous demandez une rencontre avec la Première ministre. Quelles autres problématiques souhaiteriez-vous aborder avec elle ?
J. C. : Les problématiques sont nombreuses. Le premier enjeu qui me vient à l’esprit est celui de la formation. Nous avons pour objectif en 2024 de monter un CFA (N.D.L.R. Centre de formation et d’apprentis), spécifique au bâtiment. Et effectivement, nous avons demandé des aides et un accompagnement de l’État. En s’appuyant sur le développement de Mayotte, sur les travaux qu’il y a à réaliser, on souhaite pouvoir former localement du personnel qualifié. Puis, ce n’est pas la plus grosse problématique qu’on puisse rencontrer, mais, effectivement, on souhaiterait pouvoir s’approvisionner en matières premières dans des pays du canal du Mozambique, que ce soit l’Afrique du Sud ou éventuellement Madagascar. On se mobilise pour pouvoir faciliter les démarches administratives et douanières, sur lesquelles, en toute franchise, je ne me fais pas beaucoup d’illusions. Finalement, toutes ces questions entrent dans l’attractivité du territoire. Nous sommes tous avec des budgets, des engagements, des travaux qui sont là. Faire revenir des mahorais au pays pour travailler – alors je pense au BTP, mais quel que soit le métier – refaire venir les jeunes qui sortent d’étude, faire venir d’autres personnes qualifiées, c’est vraiment un besoin indispensable de Mayotte. Et je pense que pour en arriver là, il faut vraiment qu’on puisse sécuriser Mayotte et la rendre attractive.
Un petit-déjeuner historique au lycée polyvalent de Kawéni
Ce jeudi matin, les élèves de seconde bac pro Boulangerie Pâtisserie du lycée polyvalent de Kawéni, à Mamoudzou, ont servi un petit-déjeuner spécial. Ce dernier a été préparé dans le cadre du projet « Raconte-moi l’histoire du petit-déjeuner », encadré par leur professeur de Lettres et d’Histoire-Géographie, Tristan Facchin, et leur professeur de Boulangerie Pâtisserie, Karl Delacroix. « Nous avons travaillé sur des produits locaux pour cuisiner ce petit-déjeuner. La papaye a été directement cueillie dans la cour du lycée », insiste ce dernier avant de laisser la parole aux élèves, qui ont chacun présenté l’histoire d’un aliment du petit-déjeuner. « Le croissant est originaire d’Autriche », commence Dhoulkarnaine. « La fève de cacao servait de monnaie d’échange en Amérique du Sud », nous apprend Youssouf. L’occasion également de revoir ses chiffres. « Aujourd’hui, 3,5 millions de tasses de café sont consommées chaque minute dans le monde », nous indique Youssouf. « Dans le monde, 5.550 kilos de sucre sont consommés chaque seconde », affirme Rouoiyda.
Le recteur de l’Académie de Mayotte était présent pour écouter ces exposés, à l’issue desquels il a souligné la perspicacité du projet. « L’intérêt de cette formation est son aspect pluridisciplinaire », commente Jacques Mikulovic, avant de descendre avec l’ensemble des convives pour déguster le petit-déjeuner, servi par les élèves de la classe de terminale STHR (Sciences et Technologie de l’Hôtellerie et de la Restauration). Brioche, confiture, beurre… tout a été cuisiné par les élèves, qui souhaitent tous avoir un jour leur propre boulangerie pâtisserie.
Plomb dans l’eau : l’interdiction de boire finalement levée avec les dernières analyses

Ce mardi 5 décembre, la préfecture de Mayotte et l’Agence Régionale de Santé (ARS) avaient interdit la consommation d’eau pour les besoins en eau potable sur 55% du réseau, suite à une alerte concernant la présence de métaux lourds dans les eaux traitées. L’ARS a envoyé en urgence des échantillons dans un laboratoire en métropole pour confirmer ou non la présence de plomb dans l’eau.
Les résultats rendus par le laboratoire national dans la soirée du mercredi 6 décembre sont tous conformes. L’alerte de précaution émise ce mardi est donc levée. L’eau distribuée à Mayotte est potable et conforme aux exigences requises pour la consommation humaine, assure l’agence. Depuis le début de la crise de l’eau, celle-ci suit avec attention la présence de métaux lourds en plus du contrôle bactériologique et des paramètres physico-chimiques. Malgré les pluies récentes, le niveau des ressources reste très faible. Ce contrôle renforcé des métaux lourds sera donc poursuivi en lien direct avec un laboratoire national.
Le ramassage scolaire perturbé à cause des caillassages
En raison des dégâts occasionnés à la suite des 17 caillassages survenus dans la journée du mardi 5 décembre, le ramassage scolaire assuré par le Réseau halO’ sera fortement perturbé dans les jours à venir sur les secteurs de Trévani, Koungou, Majicavo, Mamoudzou et dans l’ensemble de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema). Les usagers seront tenus informés de la reprise normale des services. En attendant, pour tout renseignement, il est possible de contacter le réseau par téléphone au 02.69.66.63.60 ou par mail à l’adresse : contact.mayotte@transdev.com
L’intersyndicale appelle à la mobilisation ce vendredi
L’intersyndicale mahoraise appelle à « un rassemblement historique pour la défense des libertés et des droits » le jour de la visite de la Première ministre Élisabeth Borne à Mayotte, ce vendredi. Quatre syndicats – la CGTMa, le SNU Mayotte, Forces Ouvrières et l’UI-CFDT Mayotte – réclament en effet une large mobilisation (photo d’archives) des salariés et citoyens mahorais lors de la visite ministérielle.
Les quatre présentent dans un communiqué les actions immédiates qui vont être demandées lors du mouvement. En haut de la liste, un renforcement de la sécurité à Mayotte, ainsi qu’un plafonnement à « moins de deux euros » du pack d’eau et une « annulation des factures SMAE (Société mahoraise des eaux, ndlr) durant toute la période de coupure d’eau ».
Sur le volet social, l’intersyndicale va solliciter une « augmentation du taux d’indexation des salaires » dans le service public et un « alignement des droits sociaux de Mayotte sur ceux du niveau national ». Le lieu et l’heure du rassemblement n’ont pas été indiqués dans ce premier communiqué de presse.
Solidaires Mayotte sollicite un entretien avec Élisabeth Borne
Autre syndicat souhaitant faire une action, ce vendredi, Solidaires Mayotte et ses composantes (Sud Santé sociaux, Sud Éducation, Sud PTT et Solidaires Finances publiques) demande un entretien avec la Première ministre, Élisabeth Borne. « Nous ne voulons plus attendre ni économiser, car les négociations se poursuivent avec des propositions sans satisfaction ni réalisation », déplore le syndicat. Il a fait une liste des ordonnances souhaitées : « l’application des droits et des lois de la République française sans exception », « l’alignement des droits sociaux », « la suppression du droit local dans nos états-civil », « la hausse des salaires », « l’application du droit des étrangers à Mayotte ».
Une bonne nouvelle pour les cinémas d’Outre-mer
La proposition de loi de la sénatrice martiniquaise Catherine Conconne a fait l’unanimité à l’Assemblée nationale. Ce texte vise à « assurer la pérennité des établissements de spectacles cinématographiques et l’accès au cinéma dans les outre-mer ». Dans les grandes lignes, Catherine Conconne s’est fait l’écho de la principale organisation d’exploitants de cinéma des Drom en souhaitant mettre « un régime spécifique » pour que les cinémas ultra-marins. Ces derniers, fragilisés par la crise sanitaire, doivent verser des « taux de location » parfois exponentiels aux multinationales du secteur en charge de la distribution. Ces taux seront désormais plafonnés à 35% en outre-mer, contre 50% en moyenne dans l’Hexagone.