D’après un rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques, Mayotte compte 7% de ses seniors âgés de 60 ans ou plus en perte d’autonomie en 2021. Cela représente 1.000 personnes sur le territoire, qui vivent exclusivement dans leur domicile, l’île n’ayant qu’un Ehpad expérimental depuis 2022. Elles sont plus fréquemment aidées par leur entourage qu’en Hexagone mais peuvent quand même avoir recours à une aide à domicile. La perte d’autonomie est définie comme un cumul de difficultés rencontrées par les personnes âgées, selon l’Insee. Elles se traduisent par des restrictions dans leurs activités quotidiennes ou par des limitations qui peuvent être physiques, sensorielles ou encore cognitives. À Mayotte, 38 % des seniors, soit 5.000 personnes, sont concernés par au moins un problème fonctionnel. C’est bien plus fréquent que dans l’Hexagone, où 23 % des seniors vivant à domicile sont dans ce cas.
Noël arrive à Mamoudzou
Pour les fêtes de fin d’année, la Ville de Mamoudzou organise la troisième édition de Momojou en fête, du 19 au 23 décembre, place de la République, à Mamoudzou. Les habitants pourront profiter d’animations et de manèges pour enfants, d’illuminations du centre-ville ainsi que du marché traditionnel des commerçants et artisans locaux. Il y aura également des concerts et spectacles de Kanaa, Youbee, Hip-Hop Revolution ou encore Skinny. Comme chaque année depuis la création de cet événement, le chalet du Père Noël accueillera le public autour d’un stand de photo souvenir. Cette initiative vise à mettre en avant le savoir-faire mahorais et à permettre aux habitants de soutenir l’économie locale et l’attractivité touristique.
Social : un appel à projets lancé à Mamoudzou
La ville de Mamoudzou et l’État mobiliseront en 2024 des crédits pour « réduire de manière substantielle les inégalités entre les territoires ». Les associations souhaitant bénéficier de subventions ont jusqu’au 5 janvier 2024 pour déposer un dossier. Pour être éligibles, elles doivent porter des actions dans le domaine de la cohésion sociale, du développement économique, du cadre de vie (dont le renouvellement urbain) ou dans d’autres axes « transversaux », dont la jeunesse, la lutte contre les discriminations, l’égalité entre les femmes et les hommes. Les porteurs de projets ayant bénéficié de subventions de la ville en 2023 doivent accompagner leurs demandes de subventions d’un bilan intermédiaire ou final avec les justificatifs afférents sous peine de ne pas être accompagnés de nouveau. Les demandes de subventions sont à effectuer via le formulaire CERFA°12156*05 et être envoyées impérativement aux adresses courriels suivantes : f.sidi@mamoudzou.yt h.anlimou@mamoudzou.yt (aucun dossier papier ne sera accepté).
L’inquiétude monte à Kawéni après la dernière flambée de violences
« La vie n’est pas interdite après une opération du cœur »

Le service cardiologie du centre hospitalier de Mayotte reçoit, mardi 12 et mercredi 13 décembre, des patients opérés du cœur. Un moment pour faire le point sur leur état physique et psychologique avant que la seule cardiologue de l’île quitte l’hôpital (voir encadré).
« Je vous rassure, on ne tirera pas la chaise en arrière quand vous vous assiérez ! », blague « Didi », ou Didier, en s’adressant à une autre patiente opérée du cœur qui suit à la lettre les exercices donnés par l’animateur, du service de rééducation. Levés de bras, squats, ports de bouteilles d’eau… Les participants s’appliquent assidument mais non sans rires. C’est dans cette ambiance joyeuse, sur fond de musique mahoraise, que d’anciens patients opérés du cœur, toujours suivis par le service de cardiologie, sont invités au centre hospitalier de Mayotte (CHM), ces mardi et mercredi, entre 8 heures et 17 heures. Dans cette cour de l’hôpital, des chapiteaux ont été dressés, des chaises et tapis de gymnastique installés.
« Ce sont des patients qui auront peut-être un traitement à vie après une opération du cœur », détaille Fatima Paris, cadre au service de cardiologie. « L’idée de cette journée, c’est d’inviter tous ces patients, dont de jeunes enfants, et faire le point sur leur alimentation en général, la dentition, rappeler les gestes de brossage de dents car une simple infection peut causer des problèmes cardiaques, et leur moral. Jauger leurs connaissances et réajuster si besoin. »
« Ils m’ont soulevé le capot, ouvert le moteur, changer les durites… »
Deux ateliers rythment ces deux jours : un atelier physique pour, avec un animateur, réaliser des mouvements sportifs que l’on peut tout de même faire après une opération de ce type et un atelier psychologique, avec la médecin cardiologue, pour évoquer leur moral. Pour le côté sportif, « le but c’est de ne pas se démoraliser, montrer qu’on peut faire du sport, sauter, mais de façon adaptée », souligne Fatima Paris.
Pour Didier, encore dans ses échauffements avec l’animateur, c’est tout compris. Contrairement aux autres, il n’a pas été opéré de la valve, mais réanimé et opéré en 2022 après un arrêt. « Ils m’ont soulevé le capot, ouvert le moteur, changer les durites… », image l’homme de 59 ans. Surtout, il ne conçoit pas d’arrêter de bouger et se prépare aux 24 heures du Mans en rollers. « Le cœur, c’est un muscle. J’ai toujours été sportif donc je continue. Je suis venu témoigner, rappeler que la vie n’est pas interdite et qu’on n’est pas finis après une opération. Il faut juste éviter les excès. »
« Ce sont de vrais traumatismes »
Un petit peu plus loin, au bout de la cour, une sorte de table ronde fait office d’atelier psychologique. En toute discrétion et confiance, une dizaine de patients discutent de leur vécu et de comment ils se sentent, avec la médecin titulaire, Marion Angue.
« C’est hyper important », explique-t-elle. « Il y a des Mahoraises enceintes qui ont dû se faire opérer en urgence à La Réunion et ont été séparé de leur enfant. Des personnes parties à La Réunion et opérées sans aucune explication. Ce sont de vrais traumatismes. Donc on discute et on prend le temps de réexpliquer ce qu’il s’est passé. »
Fatima Paris du service cardiologie, qui a participé à l’organisation de ces deux jours, poursuit : « Le cœur, c’est aussi symbolique. C’est l’organe de la vie. Il peut rester beaucoup d’angoisses. » Elle ajoute : « Cet évènement permet de rassurer les patients en leur rappelant qu’il y aura toujours un suivi, même après le départ de la médecin titulaire. »
« Je n’en peux plus »
« Je suis hyper inquiète, ça me fait hyper chier pour les patients. Mais c’est trop dur », lâche Marion Angue, médecin cardiologue, sur le point de quitter l’hôpital et qui a insisté pour que cet évènement financé par l’hôpital ait lieu. Son départ est prévu ce mercredi, après les ateliers. « Cela fait trois ans que je suis en burnout. Là, il faut que je me repose. » Seule de son service, elle est aussi la seule de l’île dans sa spécialité, pour environ 150 patients estimés. « Je ne les connais pas tous. Et il y en a sûrement plus. »
Un départ rendu mentalement plus compliqué que l’hôpital n’a pas retrouvé de remplaçant. Des médecins de La Réunion viendront une fois par mois pour assurer le suivi. La titulaire, qui n’a pas renouvelé son contrat, a également réalisé des fiches et vidéos sur YouTube pour les patients et les médecins, non-spécialistes, qui viendront au CHM de Mayotte après son départ. Y compris des vidéos en shimaoré.
« Le jeune pleurait, il saignait beaucoup »
Âgé de 23 ans, le jeune homme condamné à douze mois de prison avec sursis, ce mardi matin, par le tribunal correctionnel avait lancé un bâton à la tête d’un gamin de Dembéni, le 28 janvier 2023. La large entaille sur le crâne du garçon avait nécessité son évacuation à La Réunion et quinze points de suture.
Parlant avec aisance de son projet professionnel, le jeune homme présente bien à la barre du tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi matin. Pourtant, plutôt qu’être en formation pour devenir animateur, c’est au tribunal correctionnel de Mamoudzou qu’il se retrouve pour des faits datant du samedi 28 janvier 2023, à Dembéni. Ce jour-là, il croise avec ses deux chiens la victime âgée de 11 ans, dans la mangrove. Frêle, celui-ci prend peur et se réfugie dans un arbre. Le prévenu demande au garçon de descendre, ce dernier refusant, il prend alors un bâton d’une longueur d’un mètre et lui jette, le touchant au niveau du crâne. L’intervention d’un tiers va permettre de le sauver. « J’ai entendu des voix crier : [le prévenu], arrête de nous frapper ! », avait indiqué ce témoin, qui a nettoyé avec l’eau de mer le crâne tâché de sang. « Le jeune pleurait, il saignait beaucoup », poursuivait-il.
« Ma fille m’a appelé alors que j’étais au champ. Elle m’a dit que « Dhouli » était blessé », raconte au tribunal la mère du garçon. Pris en charge par les pompiers, il est transporté d’abord aux urgences de l’hôpital de Mamoudzou. Mais devant la gravité de sa blessure, il a été emmené à La Réunion. Il a fallu quinze points de suture pour refermer sa blessure nécessitant un ITT (interruption totale de travail) de 21 jours.
« Je l’ai touché sans le faire exprès »
Le prévenu concède avoir lancé le bâton, mais dément avoir visé la victime. Selon lui, il essayait de faire partir un chien d’une bande qui le menaçait et le bâton a touché le garçon « sans le faire exprès ». Une version que les juges peinent à croire. « Vous comprenez que ce n’est pas très clair. Les déclarations de l’enfant correspondent à celles du témoin », fait remarquer Virginie Benech, la présidente du tribunal correctionnel. Delphine Mousny, substitute du procureur de la République, met en évidence la personnalité du prévenu qui, d’un côté, n’a jamais eu de casier judiciaire, est impliqué dans l’associatif et se destine à la profession d’animateur, et de l’autre, un coup violent qui a emmené un garçon de onze ans à l’hôpital pendant plusieurs jours. Elle requiert douze mois de prison avec sursis, 70 heures de TIG (travail d’intérêt général) et une interdiction de port d’arme pendant cinq ans.
Le tribunal l’a suivie pour la durée de la peine. Il décide cependant que le sursis dépendra d’une obligation de travail, d’indemniser la famille et d’une interdiction d’entrer en contact avec le garçon. Il devra verser 2.000 euros de provisions à la mère de la victi
Affaire de l’Ireps : dix mois de prison avec sursis pour deux personnes
Le 31 octobre dernier, cinq individus comparaissaient devant la justice dans l’affaire de détournement de près d’1,5 millions d’euros octroyés à l’Instance régionale de l’éducation et promotion de la santé (Ireps). Si le chef d’inculpation de détournement de biens publics n’a pas été retenu, deux des cinq prévenus ont néanmoins été condamnés à dix mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts. Un premier voit sa peine assortie de 10.000 euros d’amende, d’une inéligibilité de cinq ans, ainsi que d’une interdiction de travailler dans une association pendant trois ans. Le deuxième écope également de 5.000 euros d’amende et d’une inéligibilité de deux ans. Ils devront, de plus, rembourser l’Ireps d’une somme qui sera fixée en juin 2024 lors d’une audience sur les intérêts civils.
Entre 2014 et 2021, 1,47 million d’euros de subventions données par l’Agence régionale de santé (ARS) à l’Ireps auraient été détournés. L’ARS s’était rendue compte de la supercherie en 2017, grâce à un audit réalisé dans le cadre du renouvellement de la subvention annuelle. Ce rapport d’observation montrait un fonctionnement « nébuleux » et de nombreux problèmes au niveau de l’utilisation des fonds : factures non numérotées, égarées, chèques en blanc, conflit d’intérêt ou encore notes de frais anormalement élevées. Les avocats de la défense avaient demandé la relaxe, qualifiant l’enquête de « lacunaire ». En effet, ils estimaient que l’enquête n’apportait pas assez de preuves à l’encontre de leurs clients. La procureure adjointe, Louisa Aït Hamou, était également allée en ce sens, requérant la relaxe pour une partie des cinq prévenus. Trois d’entre eux en ont finalement bénéficié.
« Les élèves sont notre première source de motivation pour rester »

Contre l’insécurité grandissante ces derniers jours, le corps enseignant a décidé de se mobiliser. Si plusieurs professeurs du lycée des Lumières, à Kawéni, Mamoudzou, ont décidé de se mettre en grève, ils étaient plusieurs de différents établissements à manifester devant le rectorat de Mayotte, ce mardi, pour demander qu’on assure leur sécurité et celle des élèves.
Ils étaient une quarantaine d’enseignants de différents établissements à 10h, ce mardi, devant le rectorat pour manifester leur inquiétude. Depuis lundi, plusieurs professeurs du lycée des Lumières ont entamé une grève et ont demandé au recteur de fermer leur établissement jusqu’au 16 décembre. En cause, l’insécurité grandissante de ces derniers jours, avec notamment le meurtre par balle d’un jeune homme à Kawéni. « Nous, les professeurs, qui venons souvent de métropole, nous sommes généralement plus choqués par la violence que les élèves, qui y sont malheureusement habitués. Mais là, de plus en plus de jeunes nous confient qu’ils craignent pour leur sécurité », relate une professeure du lycée des Lumières, qui nous confie que ces derniers temps, ses classes ne sont qu’à moitié remplies certains jours, à cause du climat de peur. Une atmosphère qui, elle l’admet, lui font réfléchir à l’option de partir : « Les élèves sont notre première source de motivation pour rester ».
Le taxi plutôt que le bus
Si l’enceinte du lycée est sécurisée, ce sont ses abords qui posent problème. « Les jeunes sont méritants, certains se démènent pour payer un taxi et venir en sécurité en cours, car ils se sentent en danger dans les bus », constate un autre professeur du lycée situé à Kawéni, Mamoudzou, qui a l’impression que rien de durable n’est fait pour assurer la sécurité du personnel et des élèves sur les trajets pour l’école.
Ces conditions poussent les syndicats CGT Éduc’Action Mayotte et SNUEP-FSU Mayotte à demander un plan d’urgence pour lutter contre l’insécurité, en s’attaquant au fond. « On sait que le moyen de lutter contre cette violence c’est de mettre les moyens dans l’éducation, dans les infrastructures adaptées, dans les services publics pour enrayer cette spirale de l’enfoncement qui nous amène vers le néant », déclare Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Éduc’Action. « L’ensemble des personnels se rend sur son lieu de travail avec la peur au ventre, ce n’est plus supportable. » Le syndicat a également voulu porter les revendications qu’il porte plus généralement, à savoir une revalorisation des salaires et des pensions, la titularisation de davantage de contractuels ou encore la lutte contre la réforme de la voie professionnelle. Des mesures nécessaires au bon fonctionnement du système d’enseignement, selon la CGT, et qui contribueraient donc à freiner la violence.
Avec « Wako », Malha et Zily valorisent la femme de l’archipel
Le clip de « Wako » mis en ligne il y a trois jours fait partie des titres que contiendra le projet de l’artiste comorienne Malha, dont la sortie est prévue pour début 2024.
En pleine préparation pour son projet, Malha a récemment sorti un titre qui commence déjà à faire parler de lui. « Wako », c’est la nouvelle chanson de l’artiste comorienne, en collaboration avec la diva mahoraise Zily. « J’ai choisi ce titre parce que le son nous parle de toutes ces femmes qui s’affirment, se lancent dans leurs carrières professionnelles sans pour autant renier les autres rôles, comme s’occuper du foyer ou des enfants entre autres », a raconté la chanteuse dans un entretien accordé à Flash infos, mardi à Mavinguni, localité périphérique de Moroni. Wako est un mot swahili qui signifie « ils sont » en référence à ces femmes qui luttent pour l’émancipation dit-elle. « Je suis attachée à ce combat. Le choix de ce thème est motivé par mon parcours en tant qu’artiste, mais également mère », a ajouté Malha, qui reste la première artiste de la Grande Comore, à obtenir un featuring avec Zily. Sur la plateforme YouTube, le clip comptabilisait déjà 3.000 vues en moins de trois jours. Tout au long du clip de trois minutes, les deux artistes, tout comme les danseurs ont mis en avant les tenues traditionnelles. Le saluva pour l’interprète de « Tsika », qui en porte fièrement dans ses chansons comme marque de la culture mahoraise, et le sahare na subaya pour Malha. L’invitation de Zily est motivée par le choix du projet axé sur l’émancipation de la femme, la valorisation de la femme, causes que défendent les deux artistes, a souligné Lee–Nossent, manageur de Malha, qui a déjà pris part à l’édition Maore Jazz 2022.
Préserver la culture
« Personnellement, si je monte sur scène, peu importe la modernité de ma tenue, je fais en sorte de porter un habit traditionnel, histoire de promouvoir notre culture. Donc quand mon projet est lancé, j’ai tout de suite pensé à Zily en premier parce qu’elle fait partie de ces femmes qui s’affirment et chante beaucoup pour les femmes. Je lui ai parlé de la thématique durant notre appel, et elle a dit oui sans perdre du temps », a résumé Malha, qui au cours de ces dernières années se pose en chantre du live comorien, surtout le twarab. En collaboration avec son mari, Lee–Nossent, ils ont créé Kara-live, une émission dont le but est de faire la promotion de la musique live locale. C’est dans ce cadre que Malha a été désignée pour représenter les Comores en Égypte au festival international Africa news, à la mi-novembre. Mais cela ne signifie pas pour autant que la meilleure artiste féminin 2021 de la nuit d’excellence ne touche pas aux autres genres musicaux, à l’instar de l’azonto ou encore l’afro house, qui rythme d’ailleurs « Wako ». Selon son manager, le clip devait être tourné aussi à Mayotte mais faute de budget, tout a été fait à la Grande Comore, début août, quand la reine de la musique mahoraise était à Moroni, où elle a donné deux concerts. Excepté cette seule chanson et le thème dévoilé, tout ce qui touche à ce projet très attendu de Malha est soigneusement gardé pour des raisons professionnelles. On sait seulement qu’il sortira en début d’année et qu’il est intitulé « ELLE ». Après le baccalauréat, Malha est partie en Ouganda pour ses études supérieures. Diplômée en communication et marketing, elle a lancé sa carrière en 2016. Orpheline très tôt, elle a dû enchainer les boulots à côté pour aider la famille, en animant par exemple des soirées karaoké avant de se consacrer à sa passion. Parlant trois langues, swahili, anglais et français, Malha fait partie des meilleures talents comoriennes aux voix capables de s’adapter à n’importe quel genre musical. Et pour ce premier projet professionnel, la jeune maman, qui soufflera bientôt sa 31ème bougie, compte exploser tous les compteurs tout en mettant son public d’accord qu’il soit local ou international.
Affaire de l’Ireps : dix mois de prison avec sursis pour deux personnes
Le 31 octobre dernier, cinq individus comparaissaient devant la justice dans l’affaire de détournement de près d’1,5 millions d’euros octroyés à l’Instance régionale de l’éducation et promotion de la santé (Ireps). Si le chef d’inculpation de détournement de biens publics n’a pas été retenu, deux des cinq prévenus ont néanmoins été condamnés à dix mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts. Un premier voit sa peine assortie de 10.000 euros d’amende, d’une inéligibilité de cinq ans, ainsi que d’une interdiction de travailler dans une association pendant trois ans. Le deuxième écope également de 5.000 euros d’amende et d’une inéligibilité de deux ans. Ils devront, de plus, rembourser l’Ireps d’une somme qui sera fixée en juin 2024 lors d’une audience sur les intérêts civils.
Entre 2014 et 2021, 1,47 million d’euros de subventions données par l’Agence régionale de santé (ARS) à l’Ireps auraient été détournés. L’ARS s’était rendue compte de la supercherie en 2017, grâce à un audit réalisé dans le cadre du renouvellement de la subvention annuelle. Ce rapport d’observation montrait un fonctionnement « nébuleux » et de nombreux problèmes au niveau de l’utilisation des fonds : factures non numérotées, égarées, chèques en blanc, conflit d’intérêt ou encore notes de frais anormalement élevées. Les avocats de la défense avaient demandé la relaxe, qualifiant l’enquête de « lacunaire ». En effet, ils estimaient que l’enquête n’apportait pas assez de preuves à l’encontre de leurs clients. La procureure adjointe, Louisa Aït Hamou, était également allée en ce sens, requérant la relaxe pour une partie des cinq prévenus. Trois d’entre eux en ont finalement bénéficié.
Un nouveau centre social à Tsingoni
La commune de Tsingoni s’apprête à inaugurer le centre social de Tsingoni. Situé à la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de Combani, ce nouveau centre a pour but d’être un espace de rencontre, d’échange et d’entraide pour la communauté. A partir de ce 14 décembre, le centre social sera un lieu de rassemblement pour les habitants de tous âges.
Distribution de cartes vitales à Mamoudzou
Le centre communal d’action sociale (CCAS) de Mamoudzou et la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) mettent en place la distribution de cartes vitales au sein de la ville de Mamoudzou, du 11 au 20 décembre. Ce mardi, cette distribution aura lieu de 8h à 12h à la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de Mamoudzou et à celle de Tsoundzou ; le mercredi 13 et le vendredi 15 décembre, de 8h à 12h à la MJC de Vahibé ; le jeudi 14 décembre, de 8h à 12h à la Médiathèque de Passamainty et les mardi 19 et mercredi 20 décembre, de 8h à 14h30 à la MJC de Kawéni. Cette distribution ne concerne que les bénéficiaires de la CSSM qui ont été contactés au préalable et ces derniers doivent se munir de leur pièce d’identité.
Un tournoi de futsal à Tsingoni les 20 et 21 décembre
Les 20 et 21 décembre prochains, la mairie de Tsingoni organise le Tournoi Futsal qui se veut être une rencontre fraternelle entre les jeunes et les acteurs de la prévention, de la sécurité et de l’insertion. Ce tournoi se déroulera à partir de 9h au Plateau de Tsingoni et est ouvert aux jeunes de 13 à 25 ans. Au programme, stand d’information et de sensibilisation, compétition et rencontres avec des acteurs locaux. Pour disputer le tournoi, l’inscription est obligatoire et a pour date limite le 14 décembre. Les places sont limitées. Il est possible de s’inscrire à la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de Tsingoni (Service des sports), à la MJC de Mroalé, à l’association Fahamou Maecha 976 à Miréréni, à la MJC ou au Centre Social de Combani ou encore auprès de la Régie de territoire de Tsingoni.
Mort à Kawéni : Ben Issa Ousseni condamne les violences
Dans la nuit du dimanche 10 décembre, un jeune homme a perdu la vie lors d’un affrontement entre bandes rivales de Kawéni et Majicavo, et deux autres individus ont également été blessés par la même arme à feu.
« Au nom de l’assemblée départementale, le président du conseil départemental (N.D.L.R. Ben Issa Ousseni) condamne fortement ces actes de violences qui touchent le territoire, malgré les moyens mis en place pour lutter contre l’insécurité. Le Conseil départemental présente ses condoléances à la famille de la victime, et souhaite un bon rétablissement aux deux autres victimes. Il demande solennellement aux autorités compétentes de redoubler d’efforts pour la sécurisation et la protection civiles des habitants de Mayotte », fait valoir le Département de Mayotte, ce lundi.
Trois membres d’un réseau de passeurs condamnés
Tout est parti de l’interpellation d’un homme, suspecté d’être un membre actif d’un vaste réseau de contrebande, en novembre 2022. Au cours de leurs investigations, les gendarmes de la section de recherches remontent un réseau de passeurs (pilotes de kwassas), de guetteurs ou encore de collecteurs de fond, disposant d’un portefeuille de clients réguliers aux Comores. Selon les estimations des militaires de la section de recherches, l’affaire était juteuse : le réseau aurait généré un chiffre d’affaires global de 1.218.000 euros depuis sa mise en place pour 3.500 personnes transportées vers Mayotte. Soit environ 42.000 euros de revenus chaque mois. Le 6 décembre, une opération de la gendarmerie Mayotte permet l’interpellation des trois principaux mis en cause à savoir le chef du réseau ainsi que ses deux adjoints en charge du transport, maritime pour l’un et terrestre pour l’autre. La perquisition au domicile du chef de réseau a permis de saisir plusieurs cartons de cigarettes, matérialisant ainsi des faits de contrebande en plus de l’aide à l’entrée et au séjour irrégulier. Présentés à la justice, les intéressés ont respectivement été condamnés à quatre ans, trois ans et deux ans fermes de prison.
Le personnel du lycée des Lumières en grève
« Les violences ont atteint un niveau sans précédent », déplorent les représentants syndicaux de l’établissement scolaire, situé dans le quartier de la Geôle à Kawéni. Après l’attaque à l’arme à feu mortelle de dimanche, localisée à proximité de l’établissement, mais aussi en raison de caillassages réguliers et d’agressions visant les professeurs, le personnel du lycée des Lumières annonce qu’il sera en grève à compter de ce mardi 12 décembre. Il réclame dans une lettre adressée au recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, « la sécurisation des routes pour le personnel et les élèves » ainsi que « la fermeture du lycée jusqu’au samedi 16 décembre ». Un rassemblement aura lieu ce matin dès 9h30 sur le parvis du rectorat.
Police : « Les jeunes se tirent dessus entre eux, bientôt ça va être sur nous »

Deux représentants départementaux du syndicat de police Alliance appellent à la création d’une unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines après le meurtre d’un jeune de 17 ans (voir encadré), commis par arme à feu sur fond de rivalités entre les jeunes de Majicavo et Kawéni. Affouwade Kolo, secrétaire départemental d’Alliance Police Nationale, et Anouech, secrétaire adjoint du syndicat, s’en expliquent dans un entretien accordé à Flash Infos.
Crise de l’eau : Le niveau de la retenue collinaire de Dzoumogné remonte à 15%

La sécheresse et les prélèvements réguliers d’eau avaient entraîné des baisses drastiques des niveaux des deux retenues collinaires de Combani et Dzoumogné. Les pluies de ces derniers jours ont permis à la deuxième d’atteindre 15% de ses capacités, mais Mayotte est loin d’être sortie d’affaire. Concernant la qualité de l’eau, l’alerte pour la non-conformité de l’eau à Dzoumogné a été levée, ce lundi (voir encadré).
Même si la saison des pluies est prédite « classique » et dans quelques semaines, de grandes ondées ont balayé l’île ces derniers jours. Une bonne nouvelle pour les deux retenues collinaires dont le niveau baissait inexorablement depuis des mois en raison des prélèvements quotidiens. A Dzoumogné, les capacités de la retenue sont même passées de 6,2% à 15% en une semaine. Pour Combani, davantage sollicitée, la hausse est moins flagrante (5,1% contre 4,6% la semaine précédente).
L’enjeu pour la Société mahoraise des eaux (SMAE) est de continuer à produire grâce aux pluies et ainsi préserver les retenues le plus longtemps possible, car celles-ci gonflent les rivières où est captée la précieuse ressource.
Une consommation qui ne change pas
Il y a un paramètre qui varie peu, c’est la consommation quotidienne. Avec les coupures d’eau de 54 heures, elle oscille entre 26.000 et 28.000m3 par jour. Ce lundi, par exemple, elle est encore de 27.490m3 alors que la préfecture de Mayotte espérait atteindre 22.000 ces derniers mois. Plusieurs arrêtés d’interdiction ont été pris pour limiter la consommation. C’est le cas des manzarakas, qu’on retrouve plus fréquemment pendant les vacances scolaires, ou du lavage de voitures (seules les stations équipées de système de récupération peuvent aujourd’hui).
Cette consommation pourrait toutefois baisser avec la fermeture des établissements scolaires à la fin de la semaine.
Levée des restrictions à Dzoumogné
Suite à une non-conformité détectée, vendredi, les habitants du village de Dzoumogné étaient invités à bouillir leur eau s’ils voulaient l’utiliser pour faire cuire les aliments, la boire ou se brosser les temps. Ce n’est plus le cas, ce lundi. « De nouveaux contrôles de la qualité de l’eau ont été effectués dans le secteur concerné par cette alerte. Ceux-ci se sont tous avérés conformes. L’eau est donc de nouveau potable sur l’ensemble du réseau », annonce l’Agence régionale de santé (ARS), ce lundi.
Il est recommandé toutefois de la faire bouillir « dans les douze heures suivant une coupure »
« On a vu des étoiles de mer, mais aussi beaucoup de canettes »

Si à Mayotte, il y a les déchets qu’on voit, il y a aussi ceux qu’on ne voit pas. En effet, un nombre incalculable, au sens propre, de bouteilles, de canettes et autres détritus reposent au fond de la mer. C’est dans l’espoir de contribuer à inverser cette tendance que la Réserve naturelle nationale de l’îlot M’bouzi organise chaque année une collecte des déchets sous-marins. Pendant une matinée, nous avons suivi les plongeurs bénévoles au large de Mamoudzou.
Des coraux ayant élu domicile sur des bouteilles en plastique. C’est le triste spectacle qu’ont pu constater les plongeurs qui ont ratissé le récif de l’îlot M’bouzi, la semaine dernière. Chaque année, la Réserve naturelle nationale de l’îlot M’bouzi, gérée par les Naturalistes, organise un ramassage des déchets sous-marins dans cette aire protégée au large de Mamoudzou. Une trentaine de bénévoles ont embarqué, accompagnés par les clubs de plongée Nyamba Club, Nautilus, Jolly Roger, et par le Parc naturel marin, afin de collecter les bouteilles, canettes, couches et autres intrus dissimulés dans la vase des fonds marins. La zone de l’îlot est particulièrement touchée par cette problématique, en raison de sa position géographique. À proximité de Dembéni, Mamoudzou et Koungou, elle est victime du déversement des déchets d’une grosse partie de la population de l’île.
“Des coraux accrochés aux bouteilles”
« On a vu des étoiles de mer, des nudibranches (N.D.L.R. limaces de mer), pas mal de poissons finalement, mais aussi beaucoup de canettes et de bouteilles en verre », déplore David Lorieux à bord du bateau du Nyamba club, après avoir passé une heure et demie sous l’eau et remonté quatre sacs de déchets. Chacun est tristement surpris par la rapidité à laquelle ils se remplissent lors de cette collecte.
« Ça m’a fait de la peine quand j’ai vu des coraux accrochés à des bouteilles », déplore une des plongeuses, encore dans l’eau. « En dehors de nettoyer le lagon, l’idée c’est aussi de sensibiliser en amenant les gens sous l’eau pour leur montrer, à la fois, qu’il reste de la vie dans la réserve de l’îlot M’bouzi, et que l’envasement du lagon et l’envahissement des déchets est indéniable », défend le conservateur de la Réserve naturelle nationale de l’îlot M’bouzi, Louis Maigné.
Une goutte d’eau dans l’océan
Daniel Budet, co-gérant du Nyamba club, qui a accompagné six plongeurs cette journée, en est à sa dixième participation à l’événement. En quinze ans, ce dernier regrette que les comportements vis-à-vis des déchets ne changent pas au fil du temps. Il ne peut pas se débarrasser de l’impression que ce ramassage ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan. « Même si on n’est pas sûrs que cela serve à grand-chose, il faut quand même montrer l’exemple », dit-il, en tentant de se convaincre.
« C’est vrai que, pour certains, ce n’est pas grand-chose par rapport à la quantité de déchets qu’il y a sur l’îlot, on devrait en faire beaucoup plus. Mais c’est pour cela qu’on compte passer à deux ramassages par an », déclare Louis Maigné. L’opération devrait donc se répéter en mars 2024 et peut-être bénéficier d’un dispositif plus important. En attendant, en 2023, cette action a été plus efficace que l’année dernière. Si en 2022, les bénévoles avaient collecté 36 sacs pour 300 kilos de déchets, cette fois-ci, ce sont 40 sacs pour 390 kilos qui ont été cueillis parmi les coraux.
Des déchets à traiter
Après avoir passé la matinée en mer à récupérer les trouvailles des différentes embarcations, le bateau de la réserve les ramène à terre, où les bénévoles et une benne les attendent. C’est l’heure du tri. Les différentes catégories de déchets et le poids de chaque sac sont soigneusement pris en note. Une fois la benne remplie, c’est au tour de la Communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou (Cadema), d’intervenir. En effet, à cause de la vase et des sédiments, ces déchets doivent être traités avant de pouvoir rejoindre les détritus restés à terre. Les uns comme les autres ne devraient pas être aussi nombreux pour Louis Maigné, qui insiste sur la nécessité d’agir en amont : « La première solution pour réduire la quantité de déchets, c’est de ne pas les produire ».
Urbanisme : Balade d’architectes à Kawéni, l’espoir de faire bouger les lignes
La Ville de Mamoudzou, pourtant en grève, a présenté, ce lundi 11 décembre, les projets du nouveau plan d’organisation urbaine de Kawéni à l’ordre national des architectes, accompagné de la délégation régionale Mayotte-La Réunion. Ces opérations, nombreuses et ambitieuses, sont déjà synonymes de surcoût.
Les allers-retours de camions de travaux sur les chantiers de la zone scolaire de Kawéni ne font que commencer. D’ici 2026, une cinquantaine d’opérations sont prévues sur différents secteurs dans ce qui est présenté comme « le gros village » de Mamoudzou. Avec, à l’est, la plus grande zone d’activités économiques du territoire.
« On a toutes les caractéristiques d’une zone tendue », introduit Keyvan Fathi, chef de projet à la direction de la rénovation urbaine et habitat pour la Ville à Mamoudzou : risques anticycloniques, sismiques, éboulements, sol instable… « On est ici sur une ancienne mangrove », explique ce représentant, en grève comme toute la municipalité, mais spécialement présent ce lundi 11 décembre pour recevoir les conseillers de l’ordre national des architectes (CNOA), en compagnie de la délégation régionale Mayotte, La Réunion.
La convention de ce nouveau plan de réaménagement urbain (Anru), signée en 2020, entre l’État, la Ville et une quinzaine de partenaires dont Action Logement, bailleur social, prévoyait 151 millions d’euros de budget. « On est déjà à 200 millions estimés », soit 40 % de surcoût, informe le chef de projet. En cause par exemple, les difficultés propres au terrain qui requièrent, par exemple, pour le terrassement, de creuser parfois jusqu’à trente mètres de profondeur pour réaliser les fondations, comme cela est le cas pour le futur internat dans la zone scolaire.
Le projet d’un campus
La Ville, en lien avec le rectorat de Mayotte, aimerait faire de la zone scolaire, un campus. À venir : un stade pour pouvoir accueillir environ 3.000 personnes, un dojo, un internat… « On compte 10.000 enfants scolarisés. Officiellement, il y a 17.000 habitants dont 40 % d’enfants, mais en réalité, il y en a beaucoup plus. Et c’est cette difficulté à estimer le nombre d’enfants qui pose problème. Il faudrait créer une classe tous les jours », expose Keyvan Fathi. Une cuisine centrale est aussi en projet pour ces élèves qui, pour le moment, ne disposent d’aucun réfectoire. Le gymnase, pas encore terminé mais déjà utilisé par les jeunes, subit un « usage sur-intensif ». Les paniers de basket, dégradés, ont déjà été changés.
Plus loin, il y a aussi l’ambition de créer un parc ainsi que trois bassins de rétention d’eau pour l’écoulement des eaux pluviales. Un stockage d’autant plus important en cette période de crise de l’eau que traverse l’île.
Vers des logements et une collecte de déchets
À proximité de la zone scolaire, une première résidence, de 33 logements, pour jeunes actifs doit voir le jour. L’appel à projets lancé par Action Logement est en passe d’être clôturé pour analyser les offres. L’organisme envisage ce projet comme le premier d’une longue liste afin de créer 100.000 logements en dix ans. « Les études ont été menées avant la crise de l’eau », confie Sylvain Guy, conseiller à l’ordre régional. « La construction se fait selon des standards établis en métropole. Ce rendez-vous avec la présidence du conseil de l’ordre national des architectes est aussi l’occasion de peut-être faire bouger les lignes pour que ce soit plus adapté à Mayotte. »
Au sein du village, un autre projet porté par la Ville entend la création d’habitats innovants en bois et en brique déjà attribués pour des habitants de la ville. Il s’agit de T3 qui devraient être loués entre 200 et 250 euros par mois. Le système de toiture doit garantir une ventilation naturelle et faire sortir l’air chaud. Mais pour le moment, Mamoudzou n’a pas encore trouvé de gestionnaire. « On manque de tout, de promoteurs, de bailleurs… », informe le chef de projet. Pour la construction d’un logement « confortable et aussi vertueux de l’environnement », comptez 95.000 euros. Encore une fois, c’est plus que les 90.000 prévus.
Dans la montée vers le bidonville, quartier Mahabourini, les habitants, à la demande de la Ville, ont déplacé leurs habitats en tôle principalement pour aménager les escaliers et faciliter ainsi le passage de scooters. Les déchets jetés sur une même petite parcelle ne bénéficient pas encore de récolte officielle mais d’opérations ponctuelles de nettoyage. À partir de mi-janvier, l’intercommunalité devrait se charger du ramassage. L’aménagement de points de collecte et d’eau sont également prévus.
Le besoin d’innover
« Il faudrait penser à plus radical… », réagit Dagmar Goss, vice-présidente du conseil régional de l’ordre des architectes, après cette visite, face au cumul de toutes ces difficultés. « Mais pourquoi ne pas faire comme Qatar pour la Coupe du monde, héberger les gens dans des paquebots sur mer, le temps de travaux pour ensuite les loger dans des habitats dignes et salubres ? Ou installer des tentes ? », questionne une autre personne. « Inviter des architectes de Paris, proches des pouvoirs, leur faire voir la réalité, peut faire avancer des projets », soutient Mariame Locate, vice-présidente de la délégation régionale. « Le conseil a travaillé à La Réunion, où certes la situation n’est pas tout à fait la même mais où il y avait des bidonvilles, résorbés aujourd’hui. On peut s’appuyer aussi sur l’expertise de son île sœur », indique-t-elle. « En tant qu’architecte, on doit bâtir. Ce sont nos compétences et c’est à nous de le faire, même dans l’urgence climatique, sociale et économique », indique-t-elle, tandis que la présidente du conseil national, Christine Leconte, ne tarit pas de questions envers le représentant de la ville.
« On a besoin d’architectes pour innover », renforce, pour conclure, le chargé de rénovation urbaine à la Ville, qui accueille chaque année des étudiants de l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville.
Une plateforme bus et une passerelle pour mieux circuler

Pour l’heure, dans la zone dite « SPPM » encore appelée ainsi par les Mahorais en raison de son développement lié à une usine de parfum, les travaux ont conduit à l’implantation d’un pôle bus, l’aménagement de trottoirs et de jeux pour enfants. Mais également, à la réalisation d’une passerelle au-dessus de la ravine afin de circuler directement entre la zone habitée, où des dallages ont été effectués dans les ruelles, et le centre de Kawéni. Mais aussi pour sécuriser le passage des enfants du quartier vers l’école. La Ville a pour objectif de faciliter les déplacements et résoudre le souci de circulation en voitures posé par l’étroitesse de ces ruelles. L’année précédente, des travaux de voiries ont été réalisés.
Les parlementaires réagissent à la venue d’Élisabeth Borne
La venue à Mayotte de la Première ministre, Élisabeth Borne, vendredi 8 décembre, a permis de jeter un coup de projecteur sur les problèmes de Mayotte. Si ces derniers sont loin d’être réglés, les parlementaires mahorais louent la démarche de la cheffe du gouvernement et les échanges avec elle.

Mansour Kamardine, député de la deuxième circonscription
« Nous espérons de véritables opérations « Wuambushu puissance 2 » »
« Je me réjouis qu’à l’occasion de plusieurs heures d’échanges directs entre la Première ministre et les élus de Mayotte, dans l’avion comme sur place, nous ayons longuement échangé sur les préoccupations et les véritables enjeux de notre territoire.
Si je reste plus que jamais sceptique sur les priorités fixées par le gouvernement dans les domaines des constructions scolaires et des logements sociaux, en raison de leur concours à l’attraction migratoire, je suis satisfait des annonces relatives à : la création de l’université de plein exercice de Mayotte dès le 1er janvier 2024 (que je défends depuis des années et dont j’espère qu’elle entraînera également la création d’un Crous de Mayotte) ; le lancement de l’opération « Shikandra 2 » de lutte contre l’immigration clandestine, à défaut d’une opération « Kasidy » (sérieux en mahorais) réclamée par les syndicats et la société civile et l’annonce de nouvelles opérations coup-de-poing contre la délinquance dont nous espérons qu’elles seront de véritables opérations « Wuambushu puissance 2 ».
Lors de ces échanges, j’ai également très longuement évoqué la mise en place de la retraite complémentaire (Ircantec et l’Agirc-Arrco) décidée depuis 22 ans et dont la mise en œuvre a été promise lors des débats sur les retraites au printemps 2023, ainsi que la nécessaire mais urgente convergence sociale à l’horizon 2026 portée par l’ensemble des élus.
Je note avec satisfaction que la chef du gouvernement m’a paru très attentive à nos propositions, notamment concernant l’extension à Mayotte de l’Aide médicale de l’Etat (AME), outil essentiel à l’encadrement du dispositif d’aide médicale aux clandestins et à la transparence budgétaire pour quantifier le coût de la santé des étrangers et dont le financement s’est fait jusqu’ici au détriment de la santé des assurés sociaux de Mayotte.
En matière d’accès à la santé, j’ai également demandé l’alignement de la réglementation locale sur le national s’agissant de l’ouverture des officines de pharmacie qui sont très largement insuffisantes en nombre sur le territoire de Mayotte. Enfin, je note avec satisfaction que la Première ministre semble ouverte à un examen favorable de l’ensemble de ses questions et je lui ai fait part de ma volonté de porter soit un amendement, soit une proposition de loi, pour faire évoluer la réglementation sur ces points à Mayotte.
Au final, l’espoir de plusieurs évolutions importantes à court terme est relancé en matière d’égalité sociale et d’égalité des chances suite à la venue d’Elisabeth Borne que j’avais sollicité publiquement et relancé récemment suite à son survol sans arrêt à Mayotte au printemps dernier d’un déplacement à La Réunion. Toucher du doigt la dure réalité d’un territoire est toujours préférable à une gestion lointaine. »
Saïd Omar Oili, sénateur
« Il n’est pas normal que nous cumulions tous les handicaps du monde ! »
« Je pense que dans une situation difficile on est toujours heureux de voir que les autorités nationales viennent pour regarder et se rendre compte des réalités du territoire. D’abord le retard que nous avons mais aussi la volonté de la population à s’en sortir. Je pense donc que cette visite était essentielle car d’autres, en pareil moment de crises se seraient abstenu de venir. Ils auraient attendu que ces crises s’estompent pour venir récupérer la moisson (politique). La Première Ministre elle a choisi de se déplacer à Mayotte à un moment de grande inquiétude pour la population qui fait face à la violence, à la crise de l’eau, elle n’a pas reculé son voyage parce-qu’elle vous se rendre compte par elle de l’ampleur de la situation afin d’être en mesure de prendre les bonnes décisions. Personnellement je suis heureux de la voir là, prenant le temps de discuter avec les gens, d’appréhender les choses, les comprendre, et je pense sincèrement qu’ensuite, elle prendra les bonnes décisions pour Mayotte. À ce jour, tout le monde s’accorde, y compris elle, sur le fait que tout ce que les Mahorais endurent les conséquences d’un sous-investissement à Mayotte par la France depuis de très nombreuses années. L’île a été délaissée alors qu’elle est devenue département français d’outre-mer en 2011 par la volonté de ses habitants, il n’est donc pas normal que nous y cumulions tous les handicapes du monde. Cette population très résiliente ne mérité pas le sort qu’elle subit aujourd’hui, l’immigration incontrôlée venant de partout qui empêche la mise en place de toute politique publique. Avec mon collègue Thani Mohamed Soilihi, je constate au Sénat que tous les élus sont devenus des avocats de Mayotte, au point qu’il n’y a pas une seule séance où on ne parle pas de Mayotte. J’ai la conviction que maintenant la France a compris qu’il y a d’énormes retard à Mayotte dont il est urgent de solutionner pour permettre à la population de vivre dans la paix et la liberté que nous avons choisi en demeurant des Français.
S’agissant de cette immigration nouvellement venue d’ailleurs, elle a des conséquences beaucoup plus importantes que ce que nous avions connu jusque-là. Je vous donne une anecdote, Mayotte inquiète beaucoup en matière de réapparition de maladie qui avaient été éradiquer sur le territoire il y a longtemps. Aujourd’hui le SIDA a repris une grande ampleur et il est vérifié qu’il a été importé. Il était donc nécessaire que la Première Ministre vienne voir et se rendre compte que les informations qui lui sont remonté à partir d’ici sont bel et bien réelles. En conséquence, il n’est plus possible de ne pas faire de la lutte contre l’immigration la priorité des priorités, tous les moyens doivent être mobilisés pour empêcher les gens d’affluer à Mayotte parce-que c’est notre société qui va s’effondrer, et il ne sera plus possible de mettre en place une politique publique durable. On le voit bien avec la crise de l’eau, les investissements réalisés dans le temps ont été calés sur la base d’une population devant augmenter sur un rythme calculé. Des chiffres complètement dépassés au point que tous ce que nous faisons s’avère insuffisant. »
Thani Mohamed Soilihi, sénateur
« Accroître plus farouchement à nos frontières la lutte contre l’immigration »
« Pour nous, il était très important de réussir à faire venir la Première ministre à Mayotte. Je rappelle que depuis Manuel Valls, aucun chef de gouvernement ne s’est déplacé sur ce territoire, alors, aussi bien symboliquement par rapport à notre ancrage sur la France qu’au regard de ce qui se passe ici en ce moment, il était important qu’elle vienne. Mes impressions premières, je retiens qu’elle est allé au contact de la problématique de l’eau, c’est avec la violence, l’une des deux préoccupations premières des Mahorais et c’est cette attitude du gouvernement actuel à être au chevet de sa population. Ensuite, je dirai qu’une telle visite est avant toute chose destinée à prendre la température du terrain. Précédemment à ce déplacement, je noterai certaines mesures qui ont été prises dans le cadre de la crise de l’eau, mais pas que … Nous attendons, après cette visite, une prise de conscience très importante et la nécessité de répondre plus activement qu’au début, aux maux qui gangrène Mayotte, essentiellement la violence et la crise de l’eau. Pour ce qui touche à l’immigration clandestine, je constate l’afflux massive d’originaires de certains pays africains, ils passent tous par les Comores qui continue à être une passoire et c’est donc directement ici qu’il faut agir. Il faut être conscient que Mayotte est attractive dans la zone et jusqu’ici nous n’avons pas été collectivement en mesure de stopper ces assauts d’immigrants illégaux sur notre territoire. Certes les moyens mis sur la table sont importants, mais très insuffisants au regard des réalités, c’est pourquoi tous ces projets dont on nous parle ces dernières années pour lutter plus activement et efficacement contre l’immigration clandestine doivent être absolument mis en œuvre, une base navale du côté nord de l’île pour être au plus près des interceptions. Il faut absolument évoluer et concrétiser cette promesse. Et puis, il faut accroitre les interceptions et éviter que ces kwasa reviennent ici malgré toutes les aides consenties aux Comores. La surveillance doit donc être plus accrue, plus farouche, à nos frontières.
Suite aux échanges directs avec la Première ministre lors de sa venue à Mayotte, l’espoir de plusieurs évolutions importantes à court terme est relancé en matière d’égalité sociale et d’égalité des chances. »
La loi Immigration rejetée à l’Assemblée nationale
Coup de théâtre, le projet de loi Immigration et Intégration n’a finalement pas été discuté à l’Assemblée nationale, ce lundi. Une motion de rejet a été adoptée à cinq voix près (270 voix pour la motion, 265 contre). Celle-ci a bénéficié des voix de la gauche, des Républicains (40 sur les 62 députés du groupe) et du Rassemblement national. Dans ce cas-là, la loi pourrait donc repartir au Sénat, qui l’a approuvée il y a deux semaines. Toutefois, ce rejet est aussi un camouflet pour Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outremer, qui comptait durcir les conditions d’acquisitions de titres de séjour et de nationalité, tout en facilitant les expulsions.
Une cascade d’amendements avait également été déposée par Mansour Kamardine. Le député de la deuxième circonscription de Mayotte a tenu d’ailleurs tenu une conférence de presse, ce lundi, pour expliquer quels combats il comptait mener avec l’examen de cette loi. Il souhaitait faire entendre sa voix sur la saisie immobilière et administrative des biens des marchands de sommeil, la fin du titre de séjour territorialisé, le renforcement de la lutte contre les reconnaissances frauduleuses de paternité, l’impossibilité de régularisation des immigrés illégaux ou encore la pénalisation du séjour irrégulier. Il n’en sera rien, la motion de rejet empêchant toute discussion.