Grève illimitée à la maternité : « on est en souffrance »

Une vingtaine d’agents ont manifesté devant le centre hospitalier de Mayotte (CHM), ce mardi 26 novembre, pour protester contre des conditions de travail jugées dégradées, depuis la fermeture des maternités de Dzoumogné et M’ramadoudou et le redéploiement des effectifs. Les syndicats à l’origine du mouvement de grève demandent leur réouverture et veulent alerter le ministère de la Santé.

Au petit matin, les banderoles sont étendues les unes après les autres. Devant l’entrée principale du centre hospitalier de Mayotte (CHM), une petite vingtaine d’agents sont réunis pour protester contre leurs conditions de travail au sein des maternités. « On n’est pas contre la direction, on veut travailler dans des conditions favorables », tient à clarifier Bibi Fatima Said, représentante du syndicat Sud Santé Sociaux. « On est en souffrance », résume la syndicaliste avant de poursuivre « on espère alerter le ministre de la Santé, voire le président. On est la première maternité d’Europe, on devrait avoir des infrastructures qui permettent d’accueillir les patientes de façon digne ».

Sud Santé Sociaux et la CFDT, à l’origine du préavis de grève illimitée qui a débuté, ce mardi 26 novembre, dénoncent le redéploiement des agents des deux maternités de Dzoumogné et M’ramadoudou, fermées depuis presque deux ans (voir encadré). « On ne s’est pas compris avec la direction. Elle nous explique qu’elle n’a pas assez d’effectifs. Nous, on leur dit que fermer les maternités périphériques, c’est mettre des vies en danger et empêcher un accès à des soins de qualité », explique la représentante du personnel. Les effectifs du Nord et du Sud ont été affectés aux maternités de Mamoudzou et Kahani, ce qui ajoute à la colère des agents. « On va s’entasser », résume une auxiliaire de puériculture, qui travaille depuis 30 ans en maternité. Elle habite M’tsamboro, et n’imagine pas faire le trajet tous les jours. Des bus ont été déployés pour leur permettre, ainsi qu’aux autres agents qui sont plus de 700 à habiter en dehors de la ville, d’aller travailler au CHM. Mais l’insécurité et les embouteillages interrogent, y compris pour les patientes.

Un redéploiement « dans la précipitation »

Car, toutes les patientes du Nord et du Sud sont dirigées vers les maternités de Mamoudzou et Kahani, mais l’effectif soignant reste le même et les salles aussi. Certains professionnels de santé évoquent des femmes renvoyées plus tôt « qu’il ne faudrait » chez elles après une césarienne, certaines attendraient à même le sol dans les couloirs, d’autres dans des chambres qui accueillent trois fois plus de patientes que la normale. Un « engorgement » qui ne permet pas un accueil digne, selon les syndicats.

Ils espèrent l’ouverture « à court terme » de l’école de sage-femmes, pour ne plus dépendre de contrats courts. Si la Réserve épaule le CHM, ce n’est pas une solution pérenne pour la représentante du syndicat Sud Santé Sociaux, « ça crée un appel d’air, elles sont plus payées que les sage-femmes de l’hôpital », certaines partiraient pour être réservistes et donc mieux payées, « on a voulu mettre un petit pansement sur une grosse plaie ». Elle renchérit, « si on demande de l’aide extérieure, on ne va jamais s’en sortir ».

« Pas les effectifs suffisants »

Contacté, le directeur général de l’hôpital, Jean-Mathieu Defour, dénonce la circulation de fausses informations. Il tient à clarifier : « les maternités n’ont pas été fermées pour le plaisir, mais il n’y avait pas les effectifs suffisants ». Il souligne que la fermeture de petites maternités, pour recentrer les agents sur les plus grosses, est un problème qui concerne tout le territoire français, qui manque de sage-femmes. Concernant la création de l’école, il indique travailler avec l’Agence régionale de santé (ARS) mais que « ça ne va pas se faire en quinze jours ». Le chef de l’établissement rappelle que toutes les décisions, y compris celles concernant le redéploiement des effectifs, ont été prises en accord avec le personnel à l’issue de nombreuses concertations notamment avec l’ARS.

Fraîchement arrivée sur l’île, je suis journaliste à Mayotte Hebdo et Flash Infos. Passionnée par les actualités internationales et jeunesses, je suis touche-à-tout. Mon allure lente et maladroite à scooter vous permettra de me repérer aisément.

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