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« Aujourd’hui, on veut récupérer notre dû »

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Chronique judiciaire : Du réseau de passeurs au business de l’immigration clandestine à Mayotte

Entre 2014 et 2017, une équipe de passeurs à Mayotte a mis en place un business pour acheminer des clandestins des Comores à l’îlot Mtsamboro, puis de l’îlot aux côtes mahoraises. Et les passagers apprenaient au dernier moment qu’ils devaient payer les deux traversées….

Sans accord avec les autorités aux Comores, la politique “incohérente” de la LIC à Mayotte

Interpellations et expulsions ont repris, alors même que les frontières des Comores restent officiellement fermées. Une situation que dénoncent syndicats et associations.

Favorable au plan visant à l’expulsion massive d’étrangers en situation irrégulière et à des décasages, Safina Soula y voit la réalisation des demandes faites par les mouvements locaux en 2018 (qui ont prévu un rassemblement à Chirongui, le matin du jeudi 27 avril). La cheffe de file du collectif des citoyens de Mayotte 2018 promet, cependant, que chacun sera attentif aux conséquences que cela pourrait engendrer, afin de ne pas réitérer les erreurs du passé.

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Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, avait promis une grande opération aux Mahorais. Ici en août 2022, à Dzaoudzi, aux côtés de Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer, et Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte.

Flash Infos : Qu’attendez-vous de cette opération ?

Safina Soula : Alors personnellement, j’attends beaucoup de choses. Je suis peut-être naïve, inquiète aussi, mais j’ai besoin de cette opération pour qu’on voit appliquer nos revendications de 2018. L’État s’est décidé à y aller, on ne peut plus et on ne doit plus faire machine arrière. On attend concrètement que la population [présente à Mayotte de manière irrégulière] soit renvoyée chez elle. Il y a une surpopulation qui est évidente. Anjouan est une île à côté, où il y a une situation de pauvreté. Mais on doit sauver celle qui est ici. Si on continue dans cette voie, à les laisser s’installer ici, on va créer d’autres conflits dans le futur. Avec 80% de naissances d’enfants qui ne sont pas Français, Mayotte dans quinze ou vingt ans sera une île comorienne.

F.I. : Comment voyez-vous Mayotte dans trois mois ? Et que pensez des chiffres annoncés (1.000 cases démolies et 10.000 expulsés en deux mois) ?

S.S. : Aucune idée. Ce n’est rien du tout 1.000 cases. J’aurais préféré un plan global, raser toutes les cases en tôle existantes. Ça, au moins, on comprendrait. Raser une petite moitié juste pour nous amadouiller un peu, ça ne servira à rien. Il faut se donner des objectifs réalisables, la France peut le faire. Il faut que la réponse soit à la hauteur de la population française de Mayotte. Sur l’idée initiale de 20.000 expulsions, je pense qu’ils auraient pu maintenir cette fermeté.

F.I. : Vous savez qu’au cours de précédentes opérations de décasage, des bandes s’en sont pris aux Mahorais. Est-ce que ça ne vous inquiète pas ?

S.S. : Je ne crains pas cette opération. Je l’ai voulue, je l’ai demandée, je la soutiendrai jusqu’au bout. Des débordements, il y en aura. Des menaces, il y en a et il y en aura toujours. Ça montre de quel côté est la violence. Pour la France, il faut qu’elle montre qu’elle est là. On parle du Raid, de 1.000 gendarmes et policiers. Il ne faut pas oublier que la France est une puissance mondiale. Si cette opération foire, ça sera la honte pour elle, on va dire qu’elle n’est même pas capable de sauver l’une de ses terres.

F.I. : Pour en venir aux flux migratoires, Madagascar et les Comores font partie des pays les plus pauvres du monde. Peu importe les opérations, est-ce que ces flux vont tout simplement continuer à exister ?

S.S. : Non, je ne pense pas. C’est vrai que Mayotte attire, c’est la France et même l’Europe. Il faut aider ces territoires à se développer. Dans le cas des Comores, il faut que la France soit plus ferme, en leur disant qu’elles sont responsables de leur population. Il faut des sanctions à l’égard des autorités comoriennes. Elles ne peuvent pas continuer à s’assoir sur l’argent français (N.D.L.R. la France verse 150 millions d’euros sur trois ans dans le cadre du dernier accord de coopération régionale) et pousser sa population à l’exil. Il faudra que les Comores construisent des écoles, qu’elles soignent sa propre population.

F.I. : Concernant les Comores justement, est-ce qu’il n’y a pas une éternelle posture avec Mayotte (lire par ailleurs) ?

S.S. : Diplomatiquement, ils sont en train de chasser l’ambassade de France. Pourquoi ? Parce que la France maintient une opération chez elle ? Le problème est que la France se rabaisse par rapport aux Comores, ça a souvent été comme ça. On n’est pas d’accord, il est temps que les autorités comoriennes récupèrent ses compatriotes. Il faut les aider à s’installer là-bas et que les instances internationales mettent le pouvoir comorien face à responsabilités. C’est trop facile d’accuser les Mahorais de tous les maux, alors qu’on inverse les rôles. Ce sont nous les victimes. Je rappelle qu’on ne va plus dans nos champs parce qu’on a peur.

F.I. : Il n’y a que 70 kilomètres qui séparent Mayotte et Anjouan, est-ce que la difficulté ne vient pas de là ? Vous avez également demandé l’intervention de la marine nationale, de quelle manière ?

S.S. : La France a les moyens de fermer sa frontière, elle n’est pas si grande que ça. Sur la marine nationale, dans l’océan Indien, elle est aujourd’hui basée à La Réunion. Il faut nous doter des mêmes moyens. Si on a déjà des gros bateaux, on pourra dissuader les arrivants. Ce ne sont pas des petits kwassas qui vont emmerder le monde. Il faut également qu’on sanctionne financièrement ceux qui sont complices de cette immigration. On doit aussi être présent aux Comores pour qu’on soit sûr que les personnes soient bien renvoyées.

F.I. : Dans l’immigration illégale, il y a aussi des Mahorais qui en profitent. Quel est votre avis là-dessus ?

S.S. : Vous parlez des marchands de sommeil. Nous, on demande des sanctions contre ces gens-là. On a fait des propositions à la préfecture de Mayotte. Il faut responsabiliser ceux qui donnent des faux papiers. Il faut aussi impliquer les mairies, qu’elles confirment les attestations d’hébergement qui sont présentées à la préfecture de Mayotte.

F.I. : Est-ce que vous comprenez que votre volonté d’expulser les immigrés ne soit pas toujours comprise ?

S.S. : On demande qu’il y ait une immigration contrôlée, choisie. On ne doit pas nous traiter de raciste, de xénophobe ou d’extrême-droite. Je suis désolé, par moments, on doit tenir des discours réalistes, on n’est pas dans un film. Mayotte est dans une situation compliquée. Pour nous, cette opération est nécessaire pour son développement économique. L’île a besoin d’une élite, des hôpitaux, des universités pour le futur de nos enfants. Je rappelle que ce ne sont pas les Mahorais qui attaquent la population, ce ne sont pas les Mahorais qui attaquent les écoles. On veut nous diaboliser en disant qu’on n’aime pas notre frère comorien, mais est-ce qu’il nous aime lui ?

F.I. : Justement, on a l’impression que ce développement se met en marche, mais qu’il y a deux sociétés qui cohabitent et le vivent différemment.

S.S. : Effectivement, il y a deux communautés qui n’arrivent pas à s’entendre. L’État peut mettre tous les moyens qu’il veut, tant que la population comorienne arrivera ici, on ne pourra rien faire. On le voit dans nos écoles. Beaucoup d’enfants scolarisés ne sont pas Français, l’hôpital est devenu un hôpital pour soigner les Comoriens. Les Mahorais ne vont plus dans les dispensaires. Pareil pour nos enfants qu’on doit envoyer à La Réunion ou en métropole.

F.I. : On a cette impression que les Comoriens nés ici se retrouvent dans une impasse administrative. Qu’est-ce que vous préconisez ?

S.S. : Aujourd’hui, on donne des papiers où il est écrit République française de Mayotte. C’est ce que j’appelle des « demi-papiers ». Il faut qu’on donne des vrais à celui qui peut étudier ailleurs, qu’il ait sa chance dans un autre département français, qu’il puisse suivre une vraie formation. A La Réunion, il y a beaucoup de d’offres dans les métiers du bâtiment, pareil en métropole. On peut envoyer ces gamins-là, qu’ils ne soient pas bloqués ici.

F.I. : Vous avez sans doute entendu les critiques émanant de la communauté comorienne ?

S.S. : L’opinion comorienne, c’est une opinion truquée, de bandits, basée sur de l’argent et de la manipulation. Ils se contentent de demander à la France de les héberger, alors qu’à Mayotte, on n’a pas les structures d’accueil suffisantes. Il faut remettre dans son contexte, ils sont arrivés et se sont accaparé les terrains d’autrui. Il faut qu’on récupère notre foncier, nos champs. Aujourd’hui, on veut récupérer notre dû.

F.I. : Les associations d’aide aux droits des étrangers sont critiquées de manière virulente à Mayotte. Qu’est-ce que vous leur reprochez ?

S.S. : Je trouve qu’elles sont hypocrites. Elles ne veulent pas que la situation change, c’est ce qu’il les fait vivre. Elles ont besoin que le système perdure. Parmi la population mahoraise, on a des pauvres aussi. Pourquoi on ne s’occupe pas d’eux ? Je ne crois pas dans le bien-fondé de ces associations.

F.I. : Est-ce qu’elles ne sont pas contre cette opération parce qu’elles pensent qu’elle ne va pas régler le problème ? Que si on détruit les bidonvilles ici, il y en aura d’autres ailleurs.

S.S. : On a besoin de notre territoire. Nous, on est ici toute notre vie. Ils ne sont que de passage. Ils peuvent difficilement nous dire ce que l’on doit faire. Pour moi, il faut au contraire que l’État demande des comptes à ces associations-là sur ce qu’elles font.

Jeudi 27 avril, à partir de 9h, rassemblement des collectifs locaux au terrain de foot de Chirongui pour soutenir l’opération Wuambushu.

Gérald Darmanin veut s’attaquer à l’islamisme radical

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, est sorti du silence au sujet de l’opération, dans les colonnes du Figaro, ce vendredi. Outre des éléments de contexte pour expliquer l’origine de cette opération, il a rappelé quels effectifs ont été envoyés à Mayotte : « Quatre escadrons de gendarmes mobiles, des policiers de la CRS8, spécialistes de la lutte contre les violences urbaines, au total 510 membres des forces de l’ordre ». Ce n’est pas tout, il affirme dans les colonnes du quotidien classé à droite que « les notes de renseignements évoquent la volonté d’expansion de l’islamisme radical, notamment à Mayotte, une terre d’islam modéré ». Au sujet des décasages, il promet que « les Mahorais ne sauraient être délaissés : ils ne sont pas des « sous-Français ». Ces « bangas » (sic) servent aussi de refuges aux bandes criminelles, parallèlement au recel d’objets volés et à tous les trafics, d’armes, de drogue. Nous allons détruire l’écosystème de ces bandes criminelles, qui utilisent les migrants, et mettre fin aux complicités qui existent au sein même du territoire mahorais ». Il fait ainsi référence aux fausses déclarations de paternités et « aux faux documents en tout genre ».

Des menaces sur les réseaux sociaux

A quelques jours de l’opération, des menaces contre la population mahoraise ont circulé sur les réseaux sociaux. C’est le cas par exemple avec le post d’un jeune Anjouanais qui a été abondamment relayé. « Si vous voulez vous battre contre nous, vous pouvez venir. S’il n’y avait pas la police qui vous protège avec vos bouches de chien, on viendrait vous tuer », éructe-il à l’écran, à grand renfort d’insultes. La police mahoraise indique qu’une enquête judiciaire a été confiée au groupe d’investigations spécialisées (GIS) de la police judiciaire de Mayotte. Le détenteur du compte incriminé a été interpellé et placé en garde à vue, le mardi 18 avril. Un autre jeune homme a été également placé en garde à vue, le lendemain, après s’être rendu au commissariat. « Entendus, ils reconnaissaient l’intégralité des faits : la propriété du compte pour le premier et les propos incitant à la violence pour le second », rapporte la police. Ils ont été jugés en comparution immédiate, ce vendredi. L’auteur des propos a été condamné à 280 heures de travaux d’intérêt général. Le Parquet, qui demandait six mois de prison ferme, a fait appel de la décision.

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