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Loto du patrimoine 2019: mauvais tirage pour Mayotte

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Les premiers sites emblématiques du Loto du patrimoine viennent d’être révélés. Toutes les régions de France sont d’ores-et-dejà assurées de recevoir des fonds pour la rénovation d’au moins un de leurs monuments historiques. Toutes, à l’exception de Mayotte où aucun dossier n’a encore été déposé. Pourtant en 2018, le dispositif avait permis au 101ème département de récolter 600.000 euros pour l’entretien de l’usine sucrière de Soulou.

Comme souvent, Mayotte reste sur le banc de touche. Alors que les 18 monuments emblématiques à rénover dans le cadre du Loto du patrimoine 2019 ont été dévoilés ce week-end, l’île aux parfums est la seule région de France à ne pas figurer parmi la sélection. Dans tous les autres DOM ainsi qu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, six sites en péril sont concernés au total, dont deux à La Réunion. Tous ont été sélectionnés selon plusieurs critères : l’intérêt patrimonial, l’état de l’édifice, l’impact du projet sur son territoire, le degré de maturité de l’opération, la situation socio-économique de la région, la nature des propriétaire et la protection des édifices déjà de vigueur, comme par exemple le classement au titre des monuments historiques  .

Contactée par la rédaction, la Fondation du patrimoine, organisatrice du dispositif, certifie qu’à ce jour « aucun projet mahorais n’a fait l’objet d’un signalement sur la plateforme de la mission Bern (le Loto étant piloté par l’animateur télé, missionné par le gouvernement pour la préservation du patrimoine, ndlr) ». Pourtant, n’importe quel habitant de Mayotte – et même d’ailleurs – peut déposer un dossier en ligne afin de signaler tout site local en péril sur le site https://www.missionbern.fr/. Depuis l’ouverture de la plateforme il y a un mois, 1.000 projets ont déjà été enregistrés à l’échelle nationale.

Cette abstention des Mahorais est-elle dûe à un manque d’intérêt des habitants ou à un manque de communication autour du dispositif ? « En tous cas, pas à un manque de besoins« , relève un internaute sur Twitter, qui cite notamment la maison des gardiens de Saziley, la mosquée de Tsingoni, plus vieille de France encore en activité et les ruines de la mosquée de Polé, la première à avoir été construite sur l’île, autour du XVème siècle.

Une banqueroute en demi-teinte

Mais tout n’est peut-être pas encore perdu pour Mayotte. Alors que le dépôt des dossiers devait être clos le 28 février dernier, « devant l’abondance des projets qui continuent d’arriver, nous avons pris la décision de laisser la plateforme ouverte encore quelques temps« , explique Laurence Levy, directrice presse de la Fondation du patrimoine, sans toutefois mentionner de date précise.

Car si les 18 monuments emblématiques verront leurs rénovations être intégralement prises en charge par le Loto du patrimoine et le ministère de la Culture, 100 autres projets de maillage dévoilés courant juin, profiteront d’un soutien financier partiel, adapté notamment à l’état de chaque édifice. En 2018, 251 dossiers sur 3.000 avaient été retenus.

Un an plus tôt, la première édition du Loto du patrimoine avait ainsi permis à Mayotte de récolter plusieurs centaines de milliers d’euros pour la rénovation de l’usine sucrière de Soulou, figurant parmi les 18 projets emblématiques d’alors. Une dotation de 100.000 euros avait été accordée pour la première phase des travaux de restauration de l’entrepôt, du débarcadère et des sentiers. Puis, il a été « exceptionnellement » décidé que le projet serait accompagné sur plusieurs années, ce qui se traduira entre 2019 et 2020, par le versement de 500.000 euros supplémentaires. Objectif à terme : faire du site classé monument historique « un centre d’interprétation du patrimoine culturel » autour duquel s’articulerait « un parcours pédagogique sur la mangrove et la production sucrière« , déroule Laurence Levy.

Interrogée par Flash Infos quant à l’absence de Mayotte parmi les monuments emblématiques de cette année, la direction régionale des affaires culturelles n’a pas souhaité communiquer car elle ne s’était « pas encore entretenue avec le ministère de la Culture (partenaire du Loto du patrimoine, ndlr) ».

Au fait, comment ça marche ?

En 2018, année de son lancement, le Loto du patrimoine avait permis de récolter entre 40 et 50 millions d’euros, grâce à un concept bien connus des Anglais et des Italiens mais inédit en France : utiliser une partie de l’argent des jeux de hasard pour financer la rénovations de monuments culturels et historiques. Comme l’année dernière, dès le mois de septembre, des jeux à gratter dédiés seront ainsi mis en vente. Pour 15 euros le ticket, les participants pourront tenter de gagner 1,5 million d’euros, tandis qu’une partie des recettes sera directement reversée aux 118 monuments retenus. En 2019, le Loto du patrimoine revient avec deux nouveautés. D’abord, un autre jeu de grattage à l’effigie des monuments emblématiques et au prix plus accessible de trois euros, pour un gain de 30.000 euros. Enfin, le ttirage du Super Loto déjà organisé lors de la première édition se déroulera cette fois à la date symbollique du 14 juillet. En jeu : 13 millions d’euros pour le gagnant, et bien d’autres pour le patrimoine français.

Le président Soibahadine en garde à vue pour prise illégale d’intérêt

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Ce lundi matin, une dizaine de personnes, dont le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, et des hauts responsables administratifs ont été placés en garde vue, sous l’autorité du juge d’instruction, pour prise illégal d’intérêt. Plusieurs hypothèses peuvent découler de cette affaire.

Stupeur ce lundi matin lorsque la toile s’est enflammée en apprenant le placement en garde à vue, entre 7h05 et 10h10, du président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, et de plusieurs hauts responsables administratifs de la collectivité. En tout, « une dizaine de personnes sont concernées« , assure Camille Miansoni, le procureur de la République à Mayotte. Ce sont des gardes à vue prises sous l’autorité du juge d’instruction. « Les plaintes remontent à 2016 et le dossier a été ouvert en 2017« , poursuit-il. « Pour la durée des gardes à vue, nous sommes sur des délais de droit commun, c’est-à-dire maximum 24 heures, renouvelables une fois.« 

L’affaire porte sur les conditions de recrutement de certains administratifs. « Prise illégale d’intérêt« , complète Camillie Miansoni. En ligne de mire : la mise en place du nouvel organigramme du Département en 2016 et la nomination des directeurs.

Les suites potentielles sont au nombre de deux. Soit, les gardes à vue sont levées. Soit, les personnes sont déférées devant le juge pour être mises en examen. « Elles pourront alors se voir reprocher un certain nombre de choses de manière officielle, avec la possibilité d’un interrogatoire et des charges pourront leur être présentées« , détaille le procureur. Dans le cadre d’une mise en examen, deux options se présenteraient. Un placement en détention provisoire pourrait avoir lieu, « si nécessaire« , avec un débat devant le juge des libertés et de la détention. Autre option, un placement sous contrôle judiciaire pouvant comporter plusieurs obligations, comme « le fait de pointer ou de verser un cautionnement qui permet de ne pas aller en détention durant la suite des investigations« .

D’ici quelques semaines ou quelques mois, « le juge appréciera sur réquisition du procureur le bien fondé ou non d’envoyer quelqu’un devant le tribunal« , explique Camille Miansoni. Il peut donc y avoir une évolution de l’instruction. « Mais c’est vraiment à l’appréciation au cas par cas. » En tout cas, selon le procureur, nous nous dirigeons plutôt vers la fin judiciaire. Affaire à suivre…

De l’eau dans le gaz chez SOGEA et SMAE ?

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L’UI CFDT a décidé de déposer un préavis de grève au sein des entités SOGEA et SMAE, qui prend effet à partir de ce lundi à 7h, pour une durée illimité. Les principales revendications portent sur le manque de dialogue avec la direction et l’éternel problème des salaires. Toutefois, il est encore trop tôt pour savoir si les citoyens rencontreront des problèmes sur leur réseau de distribution d’eau potable.

« Tant que la direction ne bougera pas, nous camperons sur nos positions », prévient Ousseni Balahachi, secrétaire général de la CFDT de Mayotte. Une grande majorité des salariés de SOGEA et de la SMAE, filiales du groupe Vinci spécialisées dans les travaux publics, les réseaux secs, les réseaux humides, l’éclairage public, ou encore les lignes électriques, mais aussi dans la production et la distribution d’eau potable, en ont semble-t-il ras-le-bol. « À chaque fois qu’un préavis de grève est lancé, cela sous-entend que nous devons avoir des négociations préalables. Mais cela reste au bon vouloir des responsables qui les mettent en place alors que nous étions ouverts à la discussion pour éviter la mise à exécution de nos menaces… » Malheureusement, la direction a préféré jouer la politique de « la chaise vide » et faire « la sourde oreille » plutôt que d’entamer un quelconque dialogue.

Parmi les points de discordance, un sujet revient régulièrement sur le tapis sur l’île aux parfums, quelque soit l’entreprise : celui de la discrimination. En effet, pour Ousseni Balahachi, « les postes à responsabilités sont octroyés à des personnes extérieures plutôt qu’aux salariés locaux alors que nous avons des compétences ». Autre problématique, les sanctions et les licenciements abusifs. « Des agents ont été renvoyés pour je ne sais quelle raison », s’insurge-t-il. « Pourtant, d’autres ont commis des fautes graves ! Les mêmes règles ne sont pas appliquées à tous les salariés, comme les horaires par exemple. » Selon lui, la direction recherche la petite bête pour licencier certains d’entre eux à tour de bras.

De plus, la hiérarchie n’aurait pas respecté ses engagements lors du dernier mouvement social alors que des accords avaient été signés en interne. Au sujet de la revalorisation salariale, Ousseni Balahachi explique qu’un point sera fait ce lundi avec les salariés grévistes pour connaître leurs doléances. D’autres revendications émergent comme la transparence sur les informations données aux salariés, mais aussi le besoin de considération. Toujours est-il que cette mobilisation a de fortes chances de créer quelques soucis aux habitants mahorais… « Nous ne dévoilerons rien car il s’agit d’une question stratégique », confie le représentant syndical. Mais il est forte possible que des coupures d’eau soient réalisées dans la journée et/ou les jours suivant pour que la population gronde et fasse monter la pression à la direction…

Jane Rose May Jaquin, mahoraise dans l’âme

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On la connaît pour ses prestations scéniques, notamment lors des élections de Miss Mayotte, pour son influence sur les réseaux sociaux et pour sa joie de vivre, Jane Rose May Jaquin, alias « Tatie Jane » comme on aime l’appeler, se livre dans Mayotte et moi et ses souvenirs ne manquent pas.

« C’est important pour moi de mettre mon nom en entier », indique Jane Rose May Jaquin. « Je m’appelle vraiment Jane Rose May et je suis très fière d’avoir le May de Mayotte dans mon prénom, preuve que je devais vraiment venir ici ». La jeune femme née à La Réunion est arrivée sur l’île aux parfums à l’âge de six ans. Elle y passera toute son enfance avant de quitter le territoire pour poursuivre ses études en métropole. Officiellement, Jane Rose May Jaquin est revenue vivre à Mayotte depuis un an. Mais en réalité, elle n’a jamais réellement quitté l’île, cette dernière effectuant fréquemment des allers-retours. « Un besoin de revenir » pour celle qui n’était pas épanouie à Paris. « Il me manquait quelque chose ». Un choix mûrement réfléchi afin d’être au service de son île, mais aussi une certaine manière de faire son deuil après le décès de sa mère qui avait tant chéri l’île aux parfums. « Tous mes repères, toutes mes références c’est Mayotte », confie la jeune femme.

Depuis le mois dernier la jeune femme est digital influencer à la tête de sa propre entreprise. Une structure éponyme qui propose une mission toute récente à Mayotte : la production de contenu numérique dans le but d’influencer les comportements. « Aujourd’hui je vis avec les réseaux sociaux », commente la chef d’entreprise qui reconnaît que sur le territoire, quelques rares agences procèdent au community management. À Mayotte, le réseau social numéro un reste Facebook pour la majorité de la population, suivi de près par Snapchat pour la jeunesse, puis Instagram. « Par exemple, pendant les grèves 2018, la page Facebook Infos Routes Mayotte (qui compte aujourd’hui plus de 41 000 abonnés, ndlr) était le premier site d’information ». L’impact des réseaux sociaux sur l’île aux parfums n’est pas à négliger. Un bon levier touristique également, souligne « Tatie Jane » qui doit son nom à sa communauté de followers. En effet, cette dernière déplore l’image trop négative assimilée à Mayotte. L’outrepasser au travers des réseaux sociaux et redorer le blason de l’île aux parfums fait partie des objectifs de la digital influencer. « Être présent sur les réseaux sociaux aujourd’hui à Mayotte c’est le moyen le plus efficace de vendre son île », souligne-t-elle. Un moyen qui permet de « vendre l’île comme on a envie qu’elle soit vendue ». Photos, vidéos, montages et la maîtrise de l’anglais sont un réel plus exhorte la digital influencer pour une ouverture à l’international.

Métissage et identité mahoraise

« On me demande souvent de quelles origines je suis et je ne réponds jamais à cette question », explique Jane Rose May Jaquin. « Je n’aime pas cette question, pour qui que ce soit. Elle nous catégorise et nous met tout de suite dans des cases ». Une stigmatisation sur des « origines non choisies », ajoute celle qui répond généralement qu’elle est « Française, née sur une île française, de parents français et qui habite aujourd’hui sur une île française ». « Être métis à Mayotte c’est poser les pieds dans le plat. Il faut déjà définir ce que c’est qu’être Mahorais », explique la jeune femme. « Ma mère était Mahoraise. Une mzungu, mais elle était Mahoraise », précise Jane Rose May Jaquin. « Tellement mahoraise qu’elle ne voulait pas laisser le shimaoré, langue orale, se perdre ». En effet, Martine Jaquin faisait partie des fondateurs de l’association culturelle Shimé. Une force pour sa fille qui prône le métissage en prenant pour exemple le 44ème président des États-Unis, Barack Obama qui a réussi « à rassembler autour de lui des noirs américains et des blancs américains ». Jane Rose May Jaquin reste persuadée que le métissage à Mayotte est « fédérateur et a de l’avenir ». Un message d’espoir pour tous les enfants métis de Mayotte et plus largement tous les ultramarins qu’elles considèrent également comme des métis de par leur double culture avec la France.

Mon endroit favori

« Mon endroit favori n’existe plus. C’était le carrefour de Dzoumogné. C’était notre terrain de jeu. Il n’avait rien à voir avec celui qui existe aujourd’hui. Avant il y avait un grand badamier sous lequel il y avait tout le monde : les joueurs de dominos, les gens du marché, les enfants, etc. On passait notre vie là. Une locomotive se trouvait devant et notre terrain de jeu c’était toute la zone du collège. C’est le plus emblématique pour moi avec la cheminée et les vestiges de l’ancienne usine ».

Mon meilleur souvenir à Mayotte

« À huit ans, ma mère ne voulait pas que je me fasse percer les oreilles, mais moi je voulais les avoir percées comme toutes mes copines. J’ai donc comploté avec ma maman de Dzoumogné, Chafanti. On s’est retrouvées chez la coco d’en face avec un fil, une aiguille et de l’alcool. Elle m’a percé les deux oreilles. Ça s’est plus tard infecté. C’était une autopunition, mais j’ai compris ma bêtise derrière. J’ai fini par avoir les oreilles percées pour mon anniversaire suivant ».

Ma photo marquante

« Nous cuisinions beaucoup avec Coco Maecha. C’est elle qui, avec ma maman, m’a donné le goût d’une cuisine familiale qui se partage. Je n’ai jamais su cuisiner pour une ou deux personnes et ça a été galère de m’adapter pendant mes années d’études ! Elle a toujours fêté le maoulida et choisir cette photo qui a été prise par ma maman sur le vif a été une évidence. C’est un moment unique de transmission intergénérationnel et culturel, j’espère que mes enfants aussi connaîtront ces échanges ».

Ma bonne idée pour Mayotte

« Qu’on arrête les beaux discours de solidarité, de cohésion et qu’on les mette vraiment en pratique dans notre quotidien, du lever au coucher. On manque de bienveillance envers soi et envers les autres, dans tous les domaines et pour tout le monde. C’est vrai que nous avons un contexte géopolitique compliqué, mais si on place l’humain au centre de tout, beaucoup de choses pourraient être mieux vécues ».

L’efficacité du corps médical à Mayotte

« Les médecins à Mayotte ne sont pas assez valorisés », déplore Jane Rose May Jaquin qui confie que sa mère a été soignée au CHM jusqu’à son dernier souffle. « Ayant vécu cette expérience malheureuse, je sais que le personnel du CHM, l’ARS et toutes les structures autour de la santé à Mayotte font un travail formidable », indique-t-elle avant de rajouter « qu’il ne faut pas oublier toutes ces personnes qui ont une vocation et qui exercent un métier humain ». « Mayotte est une île sur laquelle il fait bon vivre, au point que ma mère décide de venir se faire soigner ici et de terminer ses jours ici ».

Bientôt une formation pour les officiers d’état civil

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Le décret d’application de l’évolution du droit du sol à Mayotte est entré en vigueur depuis le 1er mars. La priorité est de former tous les agents territoriaux en charge de l’état civil pour harmoniser les pratiques entre les officiers. Une session de formation est prévue dans le courant du mois de mars pour les mettre à la page.

Avant le 1er mars, toute personne née à Mayotte pouvait, sous réserve d’un certain nombre de conditions, demander la nationalité française à sa majorité, si elle avait résidé sur le territoire durant cinq années. Depuis cette date, les enfants nés à Mayotte de parents étrangers en situation irrégulière ne pourront plus prétendre à la nationalité française comme auparavant, sauf si l’un des deux parents peut présenter tous les documents permettant justifier de sa résidence ininterrompue en France depuis plus de trois mois en situation régulière à la date de la naissance. Si les pièces produites sont en règle, l’officier de l’état civil appose la mention prévue à l’article 2495 du code civil en marge de l’acte de naissance de l’enfant. En cas de refus, les parents peuvent contester et envoyer un recours au procureur de la République, Camille Miansoni, dans un délai de deux mois, qui estimera si les conditions légales sont remplies ou non. Pour que ce genre de situation se produise le moins possible, « il est nécessaire que l’information donnée aux personnes qui veulent déclarer la régularité de leur séjour en même temps que leur enfant soit correcte« , concède Pablo Rieu, substitut du procureur de Mayotte.

Dans cette optique-là, une grande formation invitant l’ensemble des agents en charge de l’état civil va être organisée dans le courant du mois de mars, avec l’appui du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) : « le procureur de la République ouvrira les débats et nous espérons également la participation du sénateur Thani, qui est à l’origine de ce changement (le décret est porté par le gouvernement en application de l’amendement législatif du sénateur, ndlr.). » En effet, un certain flou s’invite dans l’équation, notamment pour les demandes de nationalités qui ont été envoyées avant l’entrée en vigueur mais qui sont arrivées après… Tout comme il faudra une véritable uniformité des officiers d’état civil lors de la réception des documents. « Nous sommes encore sur une phase de démarrage, rassure Pablo Rieu. Nous allons ajuster les informations et harmoniser les pratiques entre les agents.« 

En tout cas, le parquet est en contact régulier avec le ministère de la Justice par rapport aux circulaires qui doivent sortir dans les prochains jours et qui préciseront les conditions de délivrance et de souscription des demandes de nationalité. Une chose est sûre, ce décret d’application de l’évolution du droit du sol à Mayotte va permettre, en lien avec le centre hospitalier, de lutter encore davantage contre les reconnaissances frauduleuses, qui ont été mises en œuvre sur l’île aux parfums avant d’être intégrés à l’échelle nationale. Un dispositif de signalement en temps réel qui a déjà fait ses preuves puisque Pablo Rieu a constaté « une baisse de 30 % des reconnaissances sur Mamoudzou en 2018 par rapport à 2017« .

La proposition de loi de programme pour juin ?

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Dans un communiqué du 5 février, le député Les Républicains Mansour Kamardine annonçait vouloir déposer une proposition de loi de programme pour Mayotte en 2019. Celle-ci sera construite autour du développement des infrastructures, de l’égalité sociale, du rattrapage des dotations aux collectivités et de la préservation de l’environnement. Une première lecture est espérée avant le mois de juin.

L’idée de cette loi de programme a germé dans la tête de Mansour Kamardine (LR) lors du vote du rétablissement à cinq jours du délai d’intervention de saisine du juge des libertés et de la détention administrative, fin janvier. « Beaucoup de mes collègues ont dénoncé le retard économique et social de Mayotte », explique le député Les Républicains. L’élu de l’Assemblée nationale s’est alors engagé dans ce combat. Au fil de ses réflexions, quatre axes prioritaires se sont dégagés.

Le premier volet évoque le développement des infrastructures, notamment la piste longue, le troisième quai au port de Longoni, la mise à niveau du réseau routier ou encore la connexion haut débit pour tous. « Il est inacceptable que nous réfléchissions à des plans d’aménagement et qu’un seul fonctionnaire de la direction de l’Environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) puisse bloquer les projets comme bon lui semble », peste-t-il. Candidate aux Jeux des îles de 2027, Mayotte a besoin de mener une politique ambitieuse en termes d’équipements sportifs pour prétendre à l’organisation.

Le deuxième volet s’attarde sur la préservation de l’environnement. « Nous avons énormément d’espaces à protéger, comme le lagon, la faune et la flore, mais l’action publique est assez timorée… » Pour Mansour Kamardine, le territoire doit remettre au goût du jour le vaste programme ambitieux sur les énergies renouvelables qui avait été abandonné du jour au lendemain à la fin des années 2000. « Nous pouvons le regretter alors qu’il y a une réelle opportunité à saisir », insiste-t-il. Doit-on rappeler que Mayotte jouit d’un ensoleillement de près de 365 jours par an ? Ainsi, le député regrette que l’île aux parfums ne soit pas davantage intégrée dans le plan global de lutte contre le réchauffement climatique.

Le troisième volet entend définir un agenda clair vers l’égalité sociale. « C’est une honte de constater le niveau social ici. L’État refuse d’améliorer le sort de nos retraités, qui se retrouvent à vivre avec 200 euros par mois… », s’insurge-t-il. Avant d’ajouter : « Il y a un réel effort à réaliser au niveau des allocations sociales qui sont de 50 % inférieures à celles de l’Hexagone, de l’égalité salariale mais aussi de l’extension de tous les dispositifs qui existent en métropole. En clair, il faut mettre en place un plan de rattrapage de ces minima sociaux. » Pour rappel, plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté alors qu’en même temps, le panier moyen coûte 73 % plus cher que la moyenne nationale… « Nous ne pouvons plus fermer les yeux, cette politique conduit les Mahorais à l’exode massif pour laisser la place aux étrangers et aux clandestins », interpelle-t-il.

Enfin, le quatrième volet concerne les dotations de l’État. « Les budgets de nos collectivités sont à peu près à 60 % en dessous de ceux de métropole et des Outre-mer », rappelle-t-il. Le calcul est simple : lorsque les autres touchent un euro, Mayotte n’empoche que quarante centimes… « Le Département, les intercommunalités et les communes ont besoin de bénéficier de moyens budgétaires plus importants pour continuer leurs politiques d’équipement et d’amélioration du cadre de vie. »

Soutenu par Les Républicains, Mansour Kamardine pense que la France Insoumise et le parti Socialiste le suivront dans sa démarche, mais il rappelle qu’« elle sera ouverte à tous les groupes de l’Assemblée nationale […] Il y a eu un consensus sur l’état d’indigence dans lequel se trouve Mayotte. » Cette prise de conscience sera-t-elle suffisante ? Réponse peu avant juin pour savoir si cette proposition de loi de programme sera bel et bien examinée.

La colère gagne les sapeurs-pompiers

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Ce mercredi, le syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels appelle tout le personnel au centre de secours de Kawéni dans la matinée pour évoquer le projet du directeur auquel il n’adhère pas. L’idée est d’échanger et de prendre une décision sur la suite à donner à cette mobilisation.

« Soit le directeur se remet dans les rangs, soit il peut aller demander une nouvelle affectation à la préfecture« , s’insurge Ahmed Allaoui, le président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels. « En seulement quatre mois de présence, il a adressé une synthèse au Département qui ne reflète en rien la réalité du terrain. » Dans son rapport, le directeur aurait dénoncé le manque d’expérience et de technicité des sapeurs-pompiers mahorais et aurait recommandé l’envoi d’un contingent de forces spéciales pour une durée de trois ans, dans le but de redresser la barre. « Écrire cela est une insulte à notre égard alors que nous avons fonctionné à plein temps durant les grèves de l’an dernier« , peste Ahmed Allaoui. Pour exprimer son mécontentement, le syndicat convie tout le personnel ce mercredi au centre de secours de Kawéni à 9h pour évoquer ce projet, « auquel nous n’adhérons pas« .

Mais ce n’est pas tout. Le syndicat exige une mutuelle labellisée pour couvrir les soldats du feu en cas d’arrêt maladie. « Il n’y a qu’à Mayotte que ça n’existe pas ! Nous ne demandons pas la lune« , déplore Ahmed Allaoui. Avant de lister les agressions, les violences, les insultes et les intrusions dans les casernes. « Un individu s’est introduit dans la chambre des filles à Longoni et des biens ont été dérobés à Chirongui… » Pour éradiquer ces fléaux, Ahmed Allaoui requiert l’activation du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail mais aussi une politique d’habillement digne de ce nom. « Comment est-il possible de garder une certaine hygiène corporelle avec deux pantalons et trois tee-shirts pour une année ?« , s’interroge-t-il. Enfin, il souhaite un traitement d’égalité concernant le versement de l’indemnité d’administration et de technicité. « Ceux dans les bureaux la reçoivent alors que nous jouons notre vie.« 

En fonction des retours de cette mobilisation, le syndicat décidera de la suite à donner. Un préavis de grève ? « Nous n’excluons rien !« , répond d’emblée Ahmed Allaoui. En tout cas, le divorce entre les sapeurs-pompiers et sa direction semble consommé.

A Mayotte, les droits sociaux en « ordre de marche »

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Le directeur de la Mission de coordination des organismes d’Outre-mer (Micor), Jean-Yves Casano, était en déplacement dans le 101ème département français du 24 février au 2 mars. L’occasion pour lui de faire un diagnostic de l’état d’avancée des dossiers gérés par la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) et surtout de bien « cranter » les projets importants pour l’avenir.

« Une différence est faite entre la métropole et Mayotte« , explique en préambule le directeur de la mission de coordination des organismes outre-mer, Jean-Yves Casano. En déplacement pendant une semaine sur le sol mahorais, le représentant du Micor a notamment abordé le sujet de l’exonération du « ticket modérateur sous condition de ressources« *. Il s’est également penché sur l’avenir du parcours de soins à Mayotte. « Nous avançons sur un certain nombre d’évolutions législatives ou réglementaires qui sont attendues sur le territoire depuis quelques temps déjà« , assure-t-il.

Selon lui, la question des droits sociaux à Mayotte est un sujet « complexe » puisque de nombreux cas de renoncement aux droits persistent, par méconnaissance.  « C’est une problématique qui n’existe pas qu’à Mayotte, mais également en métropole. Nous avons l’enjeu de développer les communications et les stratégies marketing qui vont nous permettre, demain, de pousser l’information vers tous les assurés qui en ont besoin« , confirme le directeur de coordination. La trajectoire de l’évolution du financement des crèches sera également tracée. « Nous avons un travail qui est fait actuellement sur l’Allocation adulte handicapé (AAH) et l’Allocation enfant  handicapé (AEH). Sur le cours terme, ce sont les grandes avancées attendues pour 2019/2020« , atteste Ymane Alihamidi-Chanfi, la directrice de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM).

Dans les années à venir, d’autres projets se mettront en place et principalement « Pajemploi » – destinée à simplifier les formalités administratives pour les parents employeurs qui font garder leur(s) enfant(s) par une assistante maternelle agréée ou une garde d’enfants à domicile – en 2021.

« Mayotte en ordre de marche« 

Cependant, à Mayotte, un problème de divergence des droits demeure. « Notre rôle à nous, institution, est de s’assurer qu’il y ait bien une conscience du droit afin d’éviter le non-recours au droit, ce qui n’est actuellement pas forcément le cas« , annonce Ymane Alihamidi-Chanfi.

Une différence est donc faite entre la métropole et Mayotte liée au fait que le régime sur l’île aux parfums est basé sur la jeunesse. « Il y a 50 ou 60 ans d’écart avec la métropole« , déplore Ymane Alihamidi-Chanfi. « Cela veut dire qu’il faut progressivement que nous allions vers cette convergence des droits qui sera prochainement réalisée« , affirme le directeur de missions. Un plan pour l’avenir de Mayotte a également été élaboré. « Il y a tout un ensemble d’autres réflexions qui sont menées pour que, à une échéance qui pour moi reste encore un peu  imprécise, il y ait une stricte égalité des droits et des devoirs. Les ministères suivent de très près les projets menés. Nous devons mettre Mayotte en ordre de marche« , indique Jean-Yves Casano.

Et de se dire « rassuré sur la capacité à porter les projets et les réformes, c’est un bilan extrêmement positif. Il faut encore que les caisses soient au rendez-vous des outils et des évolutions, d’analyses des moyens utiles à proximité pour que chaque acteur dans cet organisme soit en capacité de mener à bien sa mission« . Selon la CSSM, les préoccupations sur le territoire sont « évidemment dans la ligne de mire » des directeurs généraux des Caisses nationales. « La CSSM est un organisme qui est très jeune à Mayotte au regard de ce qui existe en métropole et dans les autres territoires ultramarins. Pour autant, il y a une montée en puissance du pilotage et de la gestion de projets et de communication« , souligne la directrice de la CSSM.

Une branche famille

En outre, au regard du contexte particulier de Mayotte, la CSSM bénéficie d’une branche famille qui est propre au territoire. Comparativement à la population servie pour la branche maladie, Mayotte a près de 187.000 bénéficiaires de la sécurité sociale pour seulement 22.000 allocataires dans le département.

Afin d’analyser les spécificités du territoire et adapter au mieux la stratégie de la CSSM, l’organisme a décidé de faire appel à un sociologue afin d’avoir une analyse sociologique précise sur l’accès aux droits. Parmi les éléments retenus, le sociologue a identifié que le non-recours aux droits pouvait « certainement »  s’expliquer du fait de démarches compliquées pour un montant parfois dérisoire. D’autres cas expliquent le faible taux de versement des prestations, comme le fait d’avoir des ruptures de droits. « Une personne peut avoir des droits à des prestations pendant un certain temps et puis, pour X raison, ne perçoit plus les droits« , explique Jean-Yves Casano. Enfin, le critère d’exigibilité de 15 ans de résidence régulière à Mayotte fixe des règles différentes de celle de la métropole.  Effectivement, en métropole, la population peut être affiliée à la CSSM au titre du régime de l’assurance maladie dès trois mois de résidence régulière en France. « Dès le départ, nous avons cette distorsion« , soutien la directrice de la CSSM. « Je serai de nouveau en visite en mai ou juin de cette année. Dans mon plan de charges, j’ai au moins 40%, si ce n’est pas 50%, pour développer Mayotte. C’est ici où il y a le plus de projets nouveaux et je serai présent pour les réaliser« , conclut le directeur de la mission de coordination des organismes outre-mer.

 

*Il s’agit de la prise en charge par l’assuré de la dépense appelée « ticket modérateur » dont le montant varie en fonction de la nature des soins ou de la qualité du bénéficiaire.

Chaos à Air Austral: des retards…simultanés

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En moins de 24 heures, la compagnie aérienne a dû faire face à plusieurs problèmes techniques sur deux de ses Boeing. Alors que l’un a fait demi-tour en plein vol pour rentrer à Paris, l’autre s’est retrouvé immobilisé une nuit à l’aéroport de Dzaoudzi, où ont été contraints de dormir des dizaines de passagers, sur des lits de camp ou dans les fauteuils de la salle d’embarquement.

Vent de panique dans le cockpit. Aux alentours de 2h du matin, dans la nuit de mercredi à jeudi, un dreamliner d’Air Austral parti de Paris quatre heures plus tôt vers Dzaoudzi, fait demi-tour alors qu’il survole le sud de l’Italie. L’équipe navigante ne dit rien aux passagers, tandis qu’ils voient la nouvelle trajectoire se dessiner sur leurs écrans. C’est l’incompréhension dans la cabine. Finalement, « Nous avons été informés par un message du commandant de bord un bon moment après avoir fait demi-tour« , raconte une passagère, contactée par téléphone ce jeudi. « Il nous ont seulement parlé d’un problème technique« .

Quelques heures après ce demi-tour et un atterrissage contraint, Air Austral expliquait à nos confrères du Journal de Mayotte qu’un problème moteur signalé par un voyant avait nécessité, en plein vol, l’intervention électronique du commandant de bord. Mais celle-ci n’aurait pas suffi. Comme le veut la procédure, le Boeing a été contraint de rentrer à Paris où il a été immobilisé pour réparation. Après quoi l’avion n’a pas pu repartir immédiatement, temps de repos réglementaire oblige. Un décollage dans l’après-midi n’était pas plus envisageable, dans la mesure où les passagers auraient été contraints de débarquer de nuit, à une heure où ils n’auraient trouvé ni taxi, ni barge, ni solution d’hébergement.

Alors, vers 4h du matin, jeudi, des bons d’hôtel ont été distribués à tous les voyageurs du vol UU976. Ceux-ci ignoraient alors encore quand ils repartiraient, sachant seulement qu’ils devaient libérer leur chambre pour 11h45. « Beaucoup [d’entre nous, ndlr] étaient très mécontents du manque de communication« , commente Aurore, seule avec son bébé de huit mois dont elle ne pouvait récupérer la poussette, restée en soute.

Pendant plusieurs heures, « j’appelle la réception de l’hôtel, ils ne savent rien », témoigne la jeune femme. Enfin à 7h30, sa famille – dont les coordonnées ne figuraient pas sur cette réservation – reçoit un texto d’Air Austral : elle apprend que le décollage est reporté au soir même, départ de Paris à 20h20. Faute de places disponibles, tous les passagers n’ont pas pu bénéficier de ce départ.

De salle d’embarquement à salle d’hébergement

Autre aéroport, autre chaos. À quelque 8.000 km de là, cette même nuit, c’est le logement qui pose problème à beaucoup de voyageurs, les hôtels de l’île affichant complet en cette période de vacances. Dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Dzaoudzi, dès 23h, des lits de camp servent de couche aux dizaines de personnes qui n’ont pas pu rentrer chez elles.

Pourtant ce matin-là, les choses ne s’annonçaient pas si mal. Mercredi, le vol UU275, prévu à 15h15 au départ de Mayotte et à destination de La Réunion était seulement « retardé« , en raison, là encore, d’un problème technique, indiquait le personnel aux passagers.

La réparation nécessite une pièce qui, l’espère l’équipage, doit arriver dans la matinée. Durée du retard estimée : une heure, puis deux, à la fin desquelles l’annonce est sans cesse réitérée tout au long de la journée. En salle d’embarquement, des agents déambulent pour tenter de répondre aux questions des passagers. Sous l’énervement, le ton monte parfois, racontent certains d’entre eux.

À 19h30, douche froide. Le vol est reporté au lendemain, annonce une voix dans l’aéroport. Certains rentrent chez eux, appellent des proches, pendant que les autres élisent déjà domicile dans l’espace VIP. « C’est le gros bordel« , tweete l’un d’eux, « Nous sommes pris en otages« , poste un autre. À 3h30 du matin, plusieurs portables se mettent à sonner : le vol, finalement, sera assuré le lendemain à 14h. Cette fois, tout se passe comme prévu.

En raison de ces perturbations, deux autres départs à destination de l’île intense et de Paris ont été reportés du 28 février à ce vendredi. Par la suite, les vols devraient reprendre leur activité normale.

Quid du dédommagement ?

Air Austral a d’ores et déjà entièrement pris en charge les frais de relogement de ses voyageurs à Paris. Néanmoins, le ministère de la transition écologique et solidaire indique que lorsque la destination est atteinte trois heures ou plus après l’heure d’arrivée prévue, « l’indemnisation forfaitaire accordée est de 250 euros pour les trajets de 1.500 km ou moins » (applicable pour Mayotte – La Réunion) et « 400 euros pour tous les vols intracommunautaires [en zone européenne, ndlr] de plus de 1.500 kilomètres« .

Concernant les passagers qui font le choix de ne pas prendre l’avion de remplacement proposé, le ministère explique que « si le retard au départ est d’au moins 5 heures, et seulement si le passager renonce à son voyage, il est en droit de se faire rembourser son billet« .

Contactée à plusieurs reprises par la rédaction de Flash Infos, la compagnie Air Austral n’a pas donné suite à nos appels.

Larguez les sismomètres !

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Six sismomètres ont été déployés cette semaine au large de Mayotte, à grande profondeur. Cette opération est une des multiples missions scientifiques qui s’échelonneront sur les prochains mois afin de « mieux comprendre le phénomène » d’essaim de séismes qui frappe l’île depuis le 10 mai dernier, explique la préfecture. Détails.

Une première étape vient d’être franchie cette semaine, qui devrait permettre de « mieux comprendre le phénomène » de l’essaim de séismes ainsi « qu’avoir des résultats plus poussés« , a promis le directeur de cabinet de la préfecture lors d’une conférence de presse mercredi. Ainsi, deux ingénieurs et un sismologue de l’Institut physique du globe de Paris (IPGP) ont passé leur journée de samedi dernier en mer afin de larguer six sismomètres au large de Mayotte. Les appareils, déployés « tout autour » de la zone de l’essaim, sont situés entre 1.600 et 3.600 mètres de profondeur, explique le sismologue Wayne Crawford. Ils n’ont pas vocation à transmettre des données en temps réel mais seront « repêchés » dans six mois et livreront à ce moment-là leurs résultats.

Cette mission constitue l’une des pierres angulaires d’un projet plus vaste ayant pour finalité la triangulation des ondes sismiques. Pour ce faire, trois opérations sont nécessaires : le développement du réseau de sismomètres en mer, mais aussi sur les terres de Mayotte ainsi que l’installation d’appareils aux Glorieuses *. Du 4 au 8 mars, donc, une équipe de l’École et observatoire des sciences de la Terre (CNRS / Université de Strasbourg) interviendra à Mayotte pour conforter le système de sismomètres à terre de l’île et, entre mars et mai, des rotations de missions scientifiques permettront l’installation sur les îles Glorieuses d’une nouvelle station géophysique.

L’enjeu de cette triangulation est de collecter  des données plus précises afin de mieux localiser l’essaim, les « failles en jeu« , voire la chambre magmatique, détaille encore Wayne Crawford – mais éventuellement aussi d’expliquer d’autres phénomènes telles que les remontées de gaz récemment rapportées par les pêcheurs, complète Étienne Guillet, le directeur de cabinet de la préfecture. Sur zone samedi, les scientifiques ont, en tout cas, témoigné qu’ils n’avaient rien vu de tel ce jour-là, que la « zone était très calme« . Une campagne océanographique à bord du navire Marion Dufresne et en partenariat avec l’Ifremer afin « d’observer les fonds marins, de détecter et de quantifier d’éventuels dégazages liés à un volcan sous-marin » est en cours de discussion, a d’ailleurs annoncé le CNRS vendredi dernier par voie de communiqué.

« Quand tout sera installé« , ce système de triangulation automatisé permettra d’obtenir en temps réel des données sur la magnitude et la localisation des secousses, à l’image de ce que l’on trouve actuellement sur les sites internationaux, souligne Frédéric Tronel, le directeur du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) à Mayotte. Le réseau qui est en train d’être installé aux alentours de Mayotte sera cependant plus précis.

Les trois missions d’instrumentalisation, d’un montant de 420.000 euros, coordonnées par le CNRS, sont intégralement financées par l’État. L’ensemble de ces projets impliquent 11 laboratoires et 44 chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens qui planchent âprement sur le phénomène en cours à Mayotte.

L’île se déplace toujours

Les dernières données collectées montrent que l’île aux parfums, qui bouge de manière importante depuis juin dernier, poursuit son déplacement vers l’Est et son affaissement. « Après 10 mois d’évènements« , le territoire s’est ainsi déplacé vers l’Est de 12 à 14 cm et s’est affaissé de 10 cm, a indiqué Frédéric Tronel, le directeur du BRGM à Mayotte. Le mouvement tectonique régional « naturel » implique un déplacement de l’île d’environ 2 cm par an, ce qui n’explique pas en totalité les 12 à 14 cm observés ces 10 derniers mois. Et si le déplacement de l’île peut se concevoir, l’affaissement est, en revanche, un phénomène inédit. Cependant, « on peut supposer qu’à l’arrêt de l’essaim de séismes, on ait un phénomène inverse » de l’affaissement et que l’île retrouve donc son niveau initial sur ce point, a précisé Frédéric Tronel.

Une cagnotte en ligne pour les funérailles de Romain, 17 ans

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À la suite du violent accident de la route qui a coûté la vie à leur fils, les parents de Romain Arabia, 17 ans, se trouvent dans l’impossibilité de financer seuls le rapatriement du corps de leur enfant et l’organisation des funérailles, dont le coût oscille entre 16.000 et 20.000 euros. Une amie de la famille a ouvert une cagnotte en ligne lundi sur le site Leetchi afin de leur venir en aide.

« Ce qui leur arrive est déjà suffisamment horrible pour qu’ils n’aient pas à devoir gérer des histoires de fric en plus de leur douleur. » Encore sous le coup de l’émotion après la mort du jeune Romain Arabia, 17 ans, dans un violent accident de la route survenu vendredi dernier, Lydie, proche de la famille, a décidé de lancer un appel à la solidarité pour aider les parents du jeune homme à assurer des funérailles dignes de ce nom à leur enfant. Aussi a-t-elle ouvert lundi une cagnotte en ligne [consultable sur ce lien : https://www.leetchi.com/c/romain-49792271] et déposé une caisse de collecte à la pharmacie des Ylangs, près du rond-point SFR à Kawéni, pour les aider à financer les frais funéraires élevés.

Installés depuis plusieurs années à Mayotte où ils tiennent un gîte hôtelier, les parents de Romain souhaitaient d’abord enterrer leur fils dans l’île aux parfums. Or, l’état d’entretien du cimetière chrétien de Grande-Terre, face au CHM, les en dissuade. Après réflexion, les parents décident alors de rapatrier le corps de leur fils en métropole pour le faire incinérer à Paris, avant de ramener les cendres à Mayotte, où ils résident.

« C’était un passionné de moto »

Au regard de la violence de l’accident, les soins funéraires s’avèrent lourds, et d’autant plus coûteux qu’ils nécessitent de faire venir un spécialiste de La Réunion. Il faut y ajouter le prix du cercueil, celui de la crémation et de l’aller-retour en avion. Au total, la facture des pompes funèbres s’élève à une fourchette comprise entre 16.000 et 20.000 euros. Incapable de payer une telle somme, la famille se renseigne actuellement auprès des assureurs et du conseil départemental pour en financer une partie, en complément de ses deniers personnels et de l’aide qu’elle pourra obtenir via l’appel à la solidarité. Avec plus de 80 participations de divers montants, celle-ci a déjà permis de recueillir près de 4.000  euros. Elle devrait rester ouverte jusqu’à dimanche ou lundi, indique son initiatrice.  

Vendredi 22 février, en milieu d’après-midi, le jeune homme a percuté un bus scolaire vide de passagers alors qu’il roulait à scooter entre Tsararano et Ongojou. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes du drame, a-t-on appris auprès de la gendarmerie. Romain, qui aurait eu 18 ans en octobre prochain, était élève au lycée de Kahani où il étudiait notamment la mécanique. « C’était un passionné de moto« , ajoute Lydie à propos de ce jeune homme qui était aussi le meilleur ami de sa fille adolescente. Une cinquantaine de ses amis et de proches de la famille se sont déjà réunis samedi pour un lâcher de lanternes en son hommage. Une cérémonie à sa mémoire se tiendra jeudi, à 14h, en l’église catholique Notre-Dame de Fatima, à Kawéni.

Visite sous tension du candidat Fahmi Said ibrahim

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Pendant deux jours, le candidat à l’élection présidentielle anticipée des Comores, Fahmi Said Ibrahim, est venu sur l’île aux parfums dans le cadre de sa campagne. Une présence qui a déplu au Collectif des citoyens de Mayotte mais aussi aux politiciens Daniel-Martial Henry et Kira Bacar Adacolo, qui ont déposé plainte au tribunal pour « trouble à l’ordre public ».

Samedi matin, scène insolite à l’aéroport de Pamandzi. Candidat à l’élection présidentielle anticipée aux Comores, Fahmi Said Ibrahim (Parti pour l’entente comorienne) a posé les pieds sur le sol mahorais dans le cadre de sa campagne. Sur son compte Facebook, la radio Djivani a publié le message de Kamal Ibrahim, l’un de ses fidèles partisans, relatant que l’homme politique y avait reçu « un accueil triomphal au milieu d’une foule en liesse. C’est bien rare pour mériter d’être souligné. […] Un geste significatif et un symbole fort qui traduit une volonté politique assumée et une ambition conquérante d’une autre dimension ». Sur une vidéo en ligne, on voit son arrivée se dérouler en musique et en chants, avant la réception des traditionnels colliers de fleurs de jasmin et une série de selfies. Durant ses deux jours de présence sur l’île aux parfums, il a notamment participé à une réunion à Pamandzi et a donné un meeting à Dzoumogné.

Mais cette venue n’a pas fait que des heureux. Au niveau du rond-point du Four-à-Chaux, des banderoles le priaient de plier bagage dans les plus brefs délais. Le soir même, le Collectif des citoyens de Mayotte a publié un communiqué pour exiger son départ immédiat : « Sa présence est une provocation et une insulte à tous les Mahorais, dont il nie le choix de rester Français. » Avant d’ajouter que « Fahmi Said Ibrahim participe au discours colonisateur comorien qui s’appuie sur l’immigration clandestine […] et ne peut être autorisé à faire campagne sur notre île en alimentant la haine et le mépris des Mahoraises et des Mahorais : il en va de la paix civile dans le 101ème département français. »

Des propos largement partagés par Daniel-Martial Henry et Kira Bacar Adacolo, respectivement président du Modem Mayotte et du Parti Radical de Gauche. Ce lundi après-midi, les deux politiciens ont décidé chacun de déposer une plainte au tribunal pour « trouble à l’ordre public ».  Le centriste considère que l’ancien ministre de la Justice comorien et avocat au barreau de Moroni « voulait provoquer » en venant chez le voisin mahorais. Il explique que le candidat « confond la liberté publique et l’ordre public » mais aussi qu’il « met de l’huile sur le feu ». « Cette action va dans le sens de son idéologie ! Je vous rappelle qu’il revendiquait, il n’y a encore pas si longtemps, que Mayotte appartenait toujours aux Comores lors de conférences en Europe », souligne Daniel-Martial Henry.

Avec 48 % d’habitants de nationalité étrangère, dont une grande majorité de Comoriens, à Mayotte, Fahmi Said Ibrahim a en tous les cas joué une belle carte d’un point de vue politique.

Amour, sexe & séduction

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Un salouva pour souligner les formes, une danse pour être sexy, des regards et des senteurs, ou encore des soins du corps : à Mayotte, la séduction est un art. Mais comme tout dans cette société en constante évolution, cette séduction change et s’adapte, tout en gardant ses caractéristiques. Une séduction qui s’encanaille aussi, car aujourd’hui le sexe est de moins en moins tabou sur l’île aux parfums. Et si la pudeur est encore de mise, on hésite de moins en moins à se faire plaisir avec des jouets coquins. À l’occasion de la Saint-Valentin, Mayotte Hebdo s’est penchée sur les petits secrets des unes et des autres. Croustillant !

Mlaili Condro, linguiste et sémioticien

« Le salouva révèle une promesse »

Le linguiste et sémioticien Mlaili Condro, bien connu pour ses travaux sociologiques, travaille actuellement sur le corps de la femme et la sexualité traditionnelle, il répond aux questions liées aux relations hommes-femmes à Mayotte. Quelle est la place dédiée à la séduction, qu’est-ce qui a changé ?

Mayotte Hebdo : Quelle est l’évolution de la séduction dans les relations hommes-femmes à Mayotte ?

Mlaili Condro : C’est un sujet vaste et complexe. Traditionnellement, les hommes et les femmes n’avaient pas beaucoup d’occasions pour se rencontrer, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les moments de séduction étaient vraiment rares dans la société traditionnelle mahoraise. Les manifestations s’offraient comme des occasions pour cela : à l’occasion de mariages, ces hommes qui dansaient le chigoma ou ces femmes qui dansaient le m’biwi. On peut même inclure des manifestations de type religieux comme le debaa, qui était l’occasion d’exposer les jeunes femmes prêtent pour le mariage. Les jeunes hommes venaient y assister exprès. Souvent d’ailleurs, des fiançailles se nouaient à ce moment-là. Chacun, chacune, en profitaient pour séduire, se montrer sous son meilleur jour.

Aujourd’hui, les occasions d’exposition et de rencontre sont nettement plus nombreuses. La séduction ne passe pas forcément par les mots. Avec les nouvelles générations on retrouve cet aspect-là, mais pas chez les femmes traditionnelles qu’on appelle souvent à la discrétion. La séduction est une sorte d’échange. À Mayotte, il y a toujours une médiation, pas de séduction immédiate. Une femme ne séduit pas ouvertement un homme. Elle va utiliser son salouva ou son masque de beauté. D’ailleurs la façon dont il est porté va plus marquer la sexualité. La femme joue sur cette séduction. Le masque mélangé aux fleurs a une connotation sexuelle.

MH : Qu’est-ce qui attire le plus les Mahorais ?

MC : La manière de porter le salouva, qui invoque un corps. Ce tissu que l’on considère souvent comme un vêtement traditionnel, plus en accord avec l’islam, ne l’est pas forcément tout le temps. Il peut être aussi un canal de séduction pour les femmes, surtout à l’occasion de manzaraka, de m’biwi. C’est tout un corps qu’on doit afficher : l’épanouissement d’un corps enveloppé dans un salouva, mais aussi la séduction. Le salouva ne joue pas dans le même registre qu’un pantalon moulant. Le salouva ne laisse pas voir un corps, mais laisse deviner ce qu’un corps peut faire. Par exemple, quand la femme va danser le m’biwi, en mettant en valeur une partie de son corps justement. Dans le mouvement de ce corps, le salouva va révéler une promesse. Celle d’une sexualité épanouie. Les hommes visent ça. Le salouva exige un corps pour le porter. Les femmes le savent très bien. Les hommes Mahorais ne vont pas rechercher de « taille fine » comme en Occident, mais un corps avec des rondeurs.

MH : Qu’en est-il de l’épanouissement sexuel après ce jeu de séduction ?

MC : Je ne me suis pas encore vraiment penché sur cette question, mais étant attentif, j’entends souvent des expressions que les femmes emploient et qui renvoient à des pratiques sexuelles appréciées. L’épanouissement sexuel n’est plus un tabou aujourd’hui à Mayotte. À l’époque il était réservé aux hommes. La femme devait satisfaire son homme. Aujourd’hui, il y a différentes pratiques sexuelles qui laissent entendre leur épanouissement, comme « la serpillère » (le cunnilingus, ndlr) par exemple. Et puis, il y a des femmes aussi qui recherchent des aventures extraconjugales. Récemment, un groupe de femmes m’a appris que la « tendance » actuelle est de fréquenter des hommes politiques pour partir à l’étranger et vivre des moments loin des regards indiscrets.

 

Femmes

S’embellir pour son mari, une tradition à Mayotte

La tradition mahoraise veut que les femmes s’embellissent pour elles, au quotidien, mais aussi et surtout pour leurs maris lors de moments intimes. Taambati Moussa, figure emblématique de la beauté naturelle et traditionnelle à Mayotte dévoile les secrets des rituels mahorais à effectuer pour séduire son conjoint. Msindzano, jasmin et bien d’autres sont au rendez-vous.    L’heure est à l’exaltation.

Se laver de la tête aux pieds

Aussi évident que cela puisse paraître, « une bonne hygiène de vie » est primordiale indique Taambati Moussa, qui donne pour exemple l’utilisation du zoukouba. Ce soin souvent comparé à un pot-pourri n’est autre qu’un subtil mélange de jasmin porté la veille dans les cheveux et récupéré fané, puis séché, avec du mimosa, du patchouli et bien d’autres essences. La composition est ensuite pilée dans un mortier afin d’en extraire une poudre. Le zoukouba s’utilise également comme nettoyant intime. En effet, une cuillère à soupe de zoukouba mélangé à quelques gouttes d’eau sur une pierre de corail et du bois de santal forme une pâte lisse que les femmes appliquent sur tout le corps, spécifiquement sur les parties intimes pour les nettoyer. « Un point sur lequel les femmes doivent insister avant de se rincer « , explique Taambati Moussa. Eau chaude et hanga roulé – mélange de feuilles traditionnelles médicinales – sont également de rigueur pour la toilette intime. Cette étape est majeure « avant d’aller retrouver son mari », souligne l’experte. « Il faut ensuite se sécher avec une serviette exclusivement dédiée à cette partie du corps ».

Les cheveux, eux, se lavent avec des feuilles de roveni, – plante traditionnelle mahoraise – ou bien avec le jus des feuilles de kapokier. Pilées, puis filtrées, leur jus s’avère être un shampoing naturel. « C’est frais et lave bien les cheveux », s’exclame l’experte beauté traditionnelle qui indique la dernière étape : le rinçage avec du savon de Marseille. « À l’époque, nous n’avions pas encore de shampoing. C’est des pratiques qui se font encore aujourd’hui ».

Parfumer son corps et sa chambre conjugale

Pas de shampoings, de gels douches et de fragrances aux 1 000 parfums, la tradition mahoraise, elle, fait appel aux plantes et aux fleurs de l’île, et sélectionne les plus beaux effluves. Ainsi, jasmin, vétiver, patchouli et bien d’autres s’entremêlent au msindzano afin de constituer un gommage corporel naturel avant de procéder au rinçage. L’huile de coco parfumée avec du vétiver s’utilise quant à elle comme soin corporel. Une application quotidienne permet d’adoucir la peau et de déposer une odeur délicate sur le corps. Le zoukouba (voir encadré « Se laver de la tête au pied ») peut être aussi utilisé en guise de parfumeur naturel. Taambati Moussa préconise de le laisser poser dans un coin de la chambre conjugale.

Pour finir, après le rituel de la toilette intime, le ouvoumba – de petites boules d’encens chauffées traditionnellement au charbon – parfume non seulement les draps, mais aussi le salouva. On le pose notamment sous le salouva de la femme qui se laisse imprégner des ses effluves.

Orner son corps

Des bijoux, il en faut ! Discret, le hangué, une chaîne de taille, est « très conseillée par les parents aux jeunes filles », indique Taambati Moussa. Ornée de perles elle incarne la sensualité à la mahoraise. Portée sous la tenue, elle laisse le soin au mari de découvrir ce bijou qui souligne subtilement les formes de la femme.

Se farder et enjoliver son corps

Loin des fards colorés, irisés ou luisants, la femme mahoraise arbore souvent un maquillage naturel qui n’est autre que le msindzano. Ce masque traditionnel, issu du frottement du bois de santal contre la pierre de corail mélangé à quelques gouttes d’eau, constitue un élément essentiel dans son quotidien. Sa texture onctueuse et son odeur boisée permettent également une utilisation en tant que masque de beauté quotidien ou en protection solaire, mais pas uniquement. Mélangé au jasmin, il s’applique entièrement sur le corps en guise d’exfoliant. Quant aux dessins corporels au henné, ils demeurent un atout beauté « indispensable ». S’ils font souvent leur apparition à la saison des mariages, les mains, les avant-bras et les pieds peuvent également être mis en valeur quotidiennement.

Témoignage

L’idéal d’une jeune femme mahoraise

À 18 ans, Moina est dans la fleur de l’âge. Celui des premières histoires d’amour, surtout. De la rue jusqu’à la cour de son lycée à Chirongui, la jeune femme découvre la drague et ses petites spécificités locales. Au gré de ses premières expériences, elle affine ses préférences.

« Les Mahorais sont gentils et ils savent parler aux femmes, ils sont très forts pour ça ! Ils savent ce qu’il faut dire, ils savent séduire. Comme on dit, ils draguent n’importe quoi et n’importe où ! Chaque jour, les jeunes et surtout les plus vieux, des fois jusqu’à 50 ans, viennent te voir, te parlent d’argent, te disent « Je vais te donner ça », « Regarde comme j’ai une belle voiture ! » Mais souvent, les Mahorais ont un gros ventre, et ça je n’aime pas du tout. Il y en a des sportifs, mais ceux que je connais, ils ne font que manger. Surtout quand ils sont mariés ! Moi je préfère les garçons grands, costauds mais pas trop, et surtout métissés. J’ai l’impression que plus les générations s’enchaînent, plus les gens veulent autre chose. Les Mahorais aussi recherchent le métissage. Il y en a plein qui veulent des blanches, d’autres des Africaines, des Comoriennes, des Malgaches, etc. Moi aussi je suis métissée. Ma mère est Grande-comorienne et mon père est Mahorais et Malgache, donc j’aime le mélange. Je suis restée deux ans avec un Mahorais, il ne parlait presque jamais. Je préfère les garçons qui savent s’exprimer et qui cherchent à comprendre les choses. »

Trois questions à Myriam Cassim, Miss Prestige 2018

Les nouveaux préceptes de la séduction

Myriam Cassim, Miss Prestige Mayotte 2018 et première dauphine de Miss Excellence France 2019 (anciennement Miss Prestige National), traite des nouvelles formes de la séduction chez les jeunes femmes. Les temps ont changé, les méthodes aussi !

Mayotte Hebdo : Comment définir la séduction à la mahoraise ?

Myriam Cassim : C’est quelque chose d’assez subtil. Tout passe par le regard, le parfum, les couleurs de nos vêtements, les accessoires. On ne doit pas tout montrer, comme on aime nous le répéter. À Mayotte, on est assez pudiques. C’est les petits détails qui font toute la différence.

MH : Que font les jeunes femmes aujourd’hui pour se rendre plus séduisantes ? Le salouva est-il un élément de séduction ?

MC : Avec les réseaux sociaux, Youtube notamment, le monde du maquillage, etc., est devenu plus accessible. Une fille qui n’a aucune formation dans le domaine peut s’inspirer de tutoriels pour se maquiller comme une professionnelle. On reprend des codes d’ailleurs pour les adapter à Mayotte. Il peut également s’agir du style vestimentaire, comme le salouva. On s’habille de manière différente, on s’exprime même de manière différente. Chaque femme le porte différemment. Pour ma part, j’arrive à voir la personnalité d’une femme à sa manière de porter le salouva. Une femme avec son salouva, perchée sur ses hauts talons qui a une démarche affirmée, veut dire une chose plutôt qu’une autre. Ce n’est pas tant l’habit qui séduit mais la personne qui le porte. Le style du salouva, les couleurs, etc. Des femmes portent le salouva parfois pour cacher leur corps, d’autres pour se mettre en valeur et « matcher » avec leur maquillage, leur coiffure.

MH : Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui dans le processus de séduction ?

MC : On nous dit qu’il faut toujours cajoler l’homme. Je ne suis pas du tout d’accord. Je pense que nous sommes une génération qui s’affirme de plus en plus, qui peut vivre avec ou sans homme, ce qui n’était pas envisageable avant. La séduction se fait de manière plus directe. On peut dire à un homme qu’il nous plaît plus ouvertement, ce qui était très mal vu avant et encore aujourd’hui par certaines personnes. Aujourd’hui la femme est de plus en plus libre. Elle a le monopole sur son corps et ses envies. C’est ce qui fait la différence.

Hommes

Sensualité et performances

Si les femmes ont tendance à s’embellir pour leurs compagnons, ces derniers aussi vouent un culte à l’art de la séduction et ses astuces traditionnelles. Aiguiller son alimentation et choisir les bons aliments font partie des astuces masculines incontournables pour entretenir leur virilité. Mouhamadi, 32 ans reste à l’affût « d’astuces coquines », mais n’en a jamais essayé pour autant. Certains se reconnaissentils ci-dessous ?

Les cacahuètes, pour se revigorer

Si les arachides sont généralement dégustées lors de l’apéritif, Mohamadi souligne l’effet revigorant de ce « stimuli ». Pour un effet immédiat, « il faut manger beaucoup de cacahouètes », ajoute ce dernier. « Avant d’aller en action, mange des cacahuètes », lui a-t-on conseillé.

Le manioc cru et la chair de la noix de coco crue donnent la pêche

En voilà une astuce bien caractéristique de Mayotte. Consommer des tubercules de manioc réveillerait la libido chez les hommes. Une consommation quotidienne appréciée ici, explique Mohamadi. Il est également à noter que cet aliment fortement utilisé dans différents plats africains a la réputation d’être fortement aphrodisiaque. Le blogueur Brice Kemguem a souligné l’effet stimulant du manioc sur son blog*. Nous pouvons y lire : « Les femmes peuvent alors faciliter la libido de leur mari en y incorporant, du moins de manière hebdomadaire, du manioc dans leur repas ».

 La chair blanche de coco crue, quant à elle, s’avère être une alliée de taille pour la gent masculine.

Méconnu dans la cuisine française, cet aliment se consomme facilement à Mayotte lors de « voulé » ou encore quotidiennement « pour le plaisir ».

Khat : interdit, mais aphrodisiaque

La plante du khat est couramment utilisée sur la grande île et dans la corne de l’Afrique, car réputée pour ses vertus stimulantes. Le principe est le suivant : « On la mâche, avale le liquide puis on recrache les feuilles », indique Mohamadi. À Mayotte, sa consommation serait en recrudescence, malgré son interdiction en France et les dangers qu’elle comporte sur la santé. À éviter, donc !

Témoignages

Des hommes attachés au charme traditionnel

Si aujourd’hui parfums, maquillage et autres astuces sont déployés pour l’embellissement de la femme, Mohamadi regrette que la modernité croissante à Mayotte fasse « oublier » les bases aux nouvelles générations qui manquent « d’hygiène ». « Aujourd’hui, les filles ne font aucun effort. Elles n’utilisent ni les nouvelles méthodes ni les anciennes. Quand tu passes à côté d’elles, elles sentent le « coumba » (la transpiration, NDLR) ». Mohamadi, souhaiterait que les femmes prennent davantage en considération les rituels traditionnels qui « mettent en valeur la femme mahoraise et la rendent séduisante ».

Même son de cloche pour Momo, 35 ans : « Les femmes aujourd’hui ne savent plus s’habiller : elles veulent du moderne alors que le salouva les rend vraiment jolies et attirantes », déplore le DJ attaché à sa culture locale. Là réside le charme de l’habit traditionnel : il souligne les courbes féminines sans les montrer, et « ça fait plaisir à voir ». Ce qui fait plaisir au Mahorais, aussi, ce sont les effluves du jasmin. « Pour moi, une fille qui en porte cherche à nous attirer. Cette odeur-là, on l’aime bien ! », lâche-t-il dans un large sourire.

La danse pour jouer de son corps

Si la tradition locale prodigue aux femmes nombre de secrets de séduction, il n’en va pas de même pour les hommes. Heureusement, à 35 ans, Momo, la drague, ça le connait. Pour charmer, « Danser ça marche très bien ! », avoue sans détour le DJ. « Un peu plus avec les Mahoraises qu’avec les mzunguettes ». Si les premières maîtrisient les danses traditionnelles et « chaudes » comme le M’godro, les secondes se tournent plutôt vers la kizomba, nouvellement en vogue et dont les cours se multiplient sur l’île. Mélange de zouk et de tango, cette danse de couple très sensuelle offre à l’homme l’avantage de pouvoir guider sa partenaire avec fermeté et fluidité.

Mais à quoi bon danser si la silhouette ne se dessine pas sous les vêtements en mouvements ? En boîte, « Il faut mouler le corps ! », insiste le Mahorais dans son pantalon slim et son t-shirt cintré. La technique semble payer : « C’est surtout quand je danse que je me fais draguer ! », sourit Momo, qui préfère souvent laisser les femmes faire le premier pas. « Et celles qui ne sortent pas en boîtes, je les invite en voulé ! »

Sextoys

Une vibrante histoire d’amour !

À Mayotte, les langues se délient autour des accessoires érotiques, et visiblement, les moeurs aussi. En matière de fétiches, l’île aux parfums ne fait pas dans la dentelle et affiche des penchants bien particuliers, pour les femmes… comme pour les hommes.

Vibromasseurs, boules de Geisha, ou encore oeufs vibrants : souvent, les sextoys sont exclusivement associés au plaisir féminin. À Mayotte, les hommes en sont aussi de grands consommateurs. Le site Plaisir de femme, l’un des leaders en la matière dans le 101ème département, affiche ainsi une parfaite équité entre acheteuses et acheteurs mahorais. À l’inverse, dans l’Hexagone où l’enseigne est également implantée, les femmes représentent près de 60 % de la clientèle. Au total, l’enseigne enregistre localement une moyenne de trois commandes par jour et jusqu’à cinq en période de Saint-Valentin.

Sur l’île aux parfums, exit les stimulants sexuels, très prisés en métropole qu’ils soient sous forme de gel ou de pilule. Figurent ainsi dans le top des ventes locales « les classiques godemichets, huiles de massage et, plus surprenant, beaucoup de produits pour hommes, particulièrement des cockrings (un anneau qui se place à la base du sexe pour prolonger l’érection et intensifier l’orgasme, ndlr) et des gaines pour grossir le pénis », s’étonne un représentant de Plaisir de femme.

Locaux et métropolitains : les préférences divergent

Si la taille du nkololo préoccupe effectivement les hommes, elles semblent compter tout autant pour les Mahoraises. Plusieurs vendeurs locaux soulèvent l’attrait des femmes natives de l’île pour les « très gros godemichets ». S’ils intéressent bien moins les métropolitaines, celles-ci demeurent toutefois amatrices de jouets érotiques, puisque originaires d’un territoire où ce marché est plus développé et peut-être moins tabou, relève un organisateur local de « réunions sextoys ».

Même constat du côté de la boutique de lingerie et d’accessoires érotiques Dessus Dessous, installée à Kawéni. « Les locaux s’orientent vers des produits plutôt classiques, comme des vibromasseurs réalistes », témoigne la gérante, Alexandrine Le Ray. « La clientèle mzungu, habituée à plus, recherche davantage d’originalité, comme des jouets à tête de lapin par exemple ou des anneaux phosphorescents ». Les mœurs évoluent donc.

Quelques années plus tôt, la clientèle de l’unique magasin local proposant des sextoys était essentiellement métropolitaine. « Aujourd’hui, j’ai de plus en plus de Mahorais », se réjouit Alexandrine Le Ray. Outre les très plébiscitées huiles de massage parfumées, les menottes et les jeux « actions ou vérités » à faire en couple, de plus en plus d’hommes natifs de Mayotte osent pousser la porte de Dessus Dessous pour venir se renseigner sur les nouveautés vibrantes découvertes sur Internet. Parmi elles notamment, les œufs masturbateurs pour ces messieurs, et ceux pour les femmes, actionnables à distance via une télécommande.

Les communes de plus en plus investies

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Depuis la mise en œuvre de réunions mensuelles de sécurité et de prévention de la délinquance dans chaque commune de l’île, début 2017, les maires prennent de plus en plus conscience qu’ils ont un rôle à jouer en la matière. La semaine dernière, la mairie de Chirongui a ainsi procédé à une opération coordonnée de contrôle des attroupements sauvages.

Les attroupements sauvages, ce sont « ces gens, pas forcément mineurs, qui se rassemblent sur un site public pour boire de l’alcool, fumer du bangué ou de la chimique et y créer des zones de non-droit« , explique le capitaine Chaharoumani Chamassi. « Les administrés ont peur d’y passer tout simplement parce que ces gens sont là« , déplore-t-il. Le policier, chargé de mission au cabinet du préfet pour la prévention de la délinquance, a pris l’initiative, avec le major Emmanuel Polpre de la brigade de Mzouazia et la maire de Chirongui, Hanima Ibrahima Jouawou, de mettre en place des opérations régulières et inopinées de contrôle dans le village, débutées le weekend dernier. Aussi, samedi 16 février, vers 16h, la gendarmerie a-t-elle effectué une première patrouille encadrée par onze gendarmes mobiles et départementaux. Partant de la mairie, les militaires ont sillonné, à pieds, le centre ville. Neuf véhicules étaient contrôlés ce samedi dans le village, pour un total de 27 personnes. « Des interventions de ce type auront lieu très régulièrement dans la commune de Chirongui pour la sécurité des citoyens« , assure la mairie de Chirongui dans un communiqué. Ce dispositif est le fruit d’une convention signée entre la ville et la gendarmerie de Mzouazia pour « articuler ces interventions visant la tranquillité publique« . Selon le capitaine Chamassi, ce partenariat démontre l’implication croissante des communes dans les efforts de sécurisation du territoire. « De nombreux maires ont pris conscience de leur rôle en matière de prévention de la délinquance. Auparavant, beaucoup considéraient que cela relevait d’une mission régalienne de l’État. Or, si c’est bien le cas pour les missions de lutte contre la délinquance, en matière de prévention, cela concerne aussi bien les maires que les citoyens lambda et les associations locales« , relève le policier.

Pas d’incident pendant les vacances

Les réunions mensuelles mises en place en janvier 2017, auxquelles participent le maire lui-même, le chef de la police municipale, les responsables d’établissements secondaires, et le représentant du cabinet du préfet en charge de la prévention de la délinquance, et la coordinatrice du CLSPD (Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance), permettent également de lancer d’autres types de dispositifs. Ainsi, dans l’intercommunalité du Sud, une opération visant à sécuriser les plages comme celle de Mtsanyounyi, à Bambo Est, où quelque 25.000 personnes se rassemblent entre le 28 décembre et le 2 janvier pour y célébrer la nouvelle année. En plus de missions de surveillance opérées par des policiers et d’un éclairage électrique, l’intercommunalité a fourni des agents de sécurité privée durant cette période sensible. Si Chirongui, Bandrélé, Bouéni, Sada, Dzaoudzi-Labattoir ou encore Tsingoni, font figure de bonnes élèves en termes de prévention, toutes les communes ont pris le pli, assure le capitaine Chamassi. Et d’ajouter que « nous sensibilisons les autres pour qu’elles communiquent plus, car ce qu’elles mettent en place n’est pas toujours visibles. C’est important pour rassurer la population« . Le résultat de cette politique commune ? « Il y a une espèce d’apaisement sur l’ensemble du territoire« , et il n’y a pas eu le moindre incident lors des dernières vacances scolaires de décembre.

Hamza Velo: « Offrir un travail décent aux Anjouanais »

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Lancée en 2014 par la franco-comorienne Samirat Bacard à Moroni, Namujé est une société de transformation et de mise en boîte de thé traditionnel sise à Anjouan. L’entreprise rencontre un succès fulgurant à travers le monde, le gérant de Namujé France, Hamza Velo, se livre quant aux futurs marchés ciblés dont Mayotte fait partie.

Flash Infos : Namujé rencontre un franc succès aux Comores, en France, mais aussi à l’échelle internationale. Quel est l’objectif sur le long terme ?

Hamza Velo : Il y a effectivement de l’engouement autour de ce projet, et ce, depuis le début. Nous avons été très surpris d’ailleurs mais je pense que cela est favorisé par la présentation soignée de nos produits. Si Twabrane Damir, notre designer, n’avait pas fait autant d’efforts pour nous offrir un packaging aussi élégant, l’effet aurait sûrement été différent, surtout dans le reste du monde où les passionnés de thé sont plus nombreux. Mais aujourd’hui, nous voulons revenir aux fondamentaux, rendre à César ce qui appartient à César. Après avoir parcouru une partie du globe avec nos produits, nous voulons que notre thé soit aussi accessible aux habitants de l’archipel. Nous pensons qu’ils sauront l’apprécier davantage d’autant plus que son goût et ses bienfaits ne leurs sont pas méconnus. Ainsi, nous souhaitons améliorer notre productivité en nous équipant en machines et en renforçant notre réseau de distribution au niveau local. Ces deux facteurs sont très importants car notre activité pourrait avoir un réel impact dans la région.

FI : D’un point de vue économique, Namujé serait-elle un moyen de reconquérir la diaspora  anjouanaise en l’incitant à venir travailler dans leur île et ainsi générer de l’emploi sur place ?

HV : En effet, en poursuivant son développement, Namujé aura notamment besoin de main-d’œuvre pour les futurs postes que nous souhaitons créer. Nous voulons recruter localement. Je pense que c’est un des seuls moyens que nous avons pour retenir les jeunes Anjouanais sur place : leur offrir un travail décent afin qu’ils se sentent utiles pour la société et qu’ils bénéficient de meilleurs conditions de rémunération et de travail pour qu’ils puissent prendre soin et profiter de leur famille. De manière plus générale, si ce genre d’initiatives se multipliaient, les impôts et les diverses taxes que nous reverserions à l’État en tant qu’entreprises pourraient être investies dans les secteurs de la santé et de l’éducation, par exemple. Choses qui pourraient freiner le flux migratoire et la dangereuse traversée entre les îles de l’Union des Comores et Mayotte.

FI : Qu’en est-il de la coopération régionale ?

HV : Prochainement, Namujé lancera une nouvelle gamme de produits. Et puisque la première fut découverte en Grande Comore, la nouvelle pourrait quant à elle, être disponible en avant première à Mayotte. C’est une idée à laquelle nous réfléchissons. Quant à la coopération régionale, elle devrait être plus effective en favorisant les échanges et en soutenant les jeunes porteurs de projets, notamment ceux de la diaspora. Il faut leur donner les moyens d’investir aux Comores car pour beaucoup c’est ce qui leur manque.

Faux papiers, vrais espoirs

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Ils ont tous essayé de prendre l’avion avec de faux papiers d’identité. Mercredi matin étaient jugées – en leur absence – huit personnes d’origine comorienne qui ont « tenté leur chance  » à l’aéroport de Pamandzi. Les similitudes dans les dossiers dressent une histoire tristement ordinaire de faux papiers et de vraies espérances.

Dans la salle d’audience mercredi matin, une trentaine de lycéens de Mamoudzou Nord rient discrètement à chaque énonciation des faits par le juge Rodriguez. Ce dernier égrène les comptes-rendus des auditions de huit personnes d’origine comorienne, poursuivies pour avoir tenté de quitter le territoire par avion en utilisant de fausses identités. Il est vrai que les déclarations des prévenus pourraient paraître cocasses, si elles ne relataient pas en creux une triste réalité.

À la question des forces de l’ordre : «  avez-vous trouvé cette pièce d’identité?« , les réponses des sondés laissent perplexe : « Je l’ai trouvée à Mamoudzou, devant l’agence d’Air Madagascar« , « sur le trottoir à Combani« , « par terre vers la mosquée« , « sur la plage de Tsararano, à côté d’un arbre » ou encore « sur la zone des taxis à Mamoudzou« . Des déclarations qui ne convainquent pas la procureure, qui suggère, ironique, que « les pièces d’identité poussent sur les arbres » à Mayotte. Seule une inculpée reconnaît dans ses déclarations avoir acheté une pièce d’identité pour un montant de 300 euros à un Anjouanais « assez âgé » l’ayant abordée un jour au marché de Mamoudzou. « Comme je trouvais que la femme sur la pièce d’identité me ressemblait, je me suis dit que ça valait le coup [d’essayer]« . D’autres au contraire tentent sans trop y croire, en dépit du peu de similitudes physiques avec la photo du document d’identité, comme cet homme : « Je sais que je ne lui ressemble pas mais j’ai quand même essayé« . Résigné, ce Comorien a même ajouté, lors de son audition : « Je suis prêt à ce que vous me renvoyiez aux Comores car ici, il n’y a pas d’issue pour moi« .

Toujours la même histoire

Ainsi, le reste des récits ne prête plus du tout à rire. Ces « faits malheureusement quotidiens et spécifiques à Mayotte » sont narrés par le président d’audience en l’absence des prévenus – la plupart ayant déjà été expulsés du 101ème département français. Ils disent tous la même histoire : celle de Comoriens débarqués illégalement par kwassa sur l’île Hippocampe puis arrêtés par la police aux frontières à l’aéroport de Mayotte, souvent en raison de différences d’ordre physique entre la photo du document d’identité et l’apparence du candidat à l’embarquement d’un vol à destination de La Réunion ou de Paris. Tous reconnaissent les faits. « Je savais que c’était interdit mais j’ai voulu tenter ma chance (…) dans l’espoir d’une vie meilleure« , expliquent-ils. Certains parlent de problèmes de santé nécessitant de quitter Mayotte, d’autres de leur quotidien de femme de ménage gagnant 400 euros par mois et ayant tout misé sur l’achat d’une fausse pièce d’identité. La plupart avouent ne même pas avoir cherché à régulariser leur situation administrative. Mais les similitudes des différents témoignages – presque des éléments de langage –  interpellent le juge Rodriguez : « Vous relèverez que les termes sont quasiment identiques« , souligne-t-il.

Tous ont été accusés « d’escroquerie » ou de « tentative d’escroquerie » sauf un prévenu pour qui la qualification retenue a été « utilisation du document d’un tiers pour entrer, circuler ou se maintenir sur le territoire français« . Si les faits reprochés sont similaires dans l’ensemble de ces dossiers, la différence de qualification dans ce dernier cas s’explique en raison d’évolutions du cadre législatif en septembre 2018. Désormais, « on va aller sur cette nouvelle qualification« , précise à Flash Infos la procureure présente mercredi à l’audience. Autre précision législative, expliquée par le président de séance, très pédagogue ce mercredi matin en la présence des lycéens : la simple existence de preuves d’une « manœuvre frauduleuse » permet de constituer l’escroquerie. En d’autres termes, « avoir trompé Air Austral est en soi un préjudice« , estime le juge Rodriguez, se référant à la jurisprudence.

La procureure a requis à l’encontre de chacun des prévenus quatre mois d’emprisonnement avec sursis ainsi que deux ans d’interdiction du territoire national. Le tribunal a condamné chacun à deux mois d’emprisonnement avec sursis.

Un avocat exerce sa clause de conscience

À la barre ce mercredi matin pour plusieurs faits de vol notamment avec violence, Tafikine S. s’est finalement retrouvé sans avocat. Sa défense, Maître Rahmani, a indiqué à la cour ne plus souhaiter être en charge du dossier, le prévenu étant également impliqué dans l’agression d’une de ses consœurs. En effet, il y a deux mois environ, une avocate du barreau de Mayotte a été violemment agressée et dépouillée par plusieurs individus. Faisant jouer sa clause de conscience, Maître Rahmani s’est donc dessaisi du dossier. Comparaissant mercredi pour « tentative de vol« , « vol aggravé par trois circonstances« , « vol avec violence » et « violence avec usage ou menace d’une arme« , Tafikine S. a demandé à être assisté dans sa défense. Ce sera donc à la bâtonnière, Maître Ousséni, de désigner un autre avocat.

Une météorite au large de Mayotte

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Lundi soir, les habitants de Mayotte ont « tous entendu » le bruit d’une forte explosion, selon la préfecture. D’après plusieurs témoignages, « une boule de feu » aurait été aperçue dans le ciel avant de venir s’écraser à quelques kilomètres des côtes mahoraises. Contactée par Flash Infos, la préfecture a confirmé cette hypothèse.

Après les séismes, des météorites à Mayotte ! Cette « boule de feu » observée par certains, suivie d’une forte explosion – comme une déflagration –  a été entendue « par tous », lundi soir vers 21h30. Il s’agit d’un phénomène « naturel » que les autorités de l’île aux parfums prennent toutefois très au sérieux. Dans la soirée de lundi, le préfet de Mayotte, Dominique Sorain, a admis sur Twitter que « à ce stade, aucune explication (n’avait) pu être fournie« . Pour autant, beaucoup d’habitants ont directement affirmé, sur les réseaux sociaux, avoir vu une météorite.

« La boule de feu est passée à côté de nous. Elle éclairait tout sur son passage. Elle est partie vers le large et puis elle a explosé. Nous sommes dehors, nous avons allumé la radio mais nous n’entendons rien« , témoignait un riverain de Mayotte lundi soir. « Il y a une météorite qui est tombée sur Mayotte je crois« , affirmait un autre. « Tout Mayotte vient d’entendre et ressentir une énorme explosion, sans explication, certains auraient vu une météorite s’écraser … impatient de savoir ! Ça commence à être vraiment étrange, ces phénomènes« , racontait un troisième.

Contacté par Flash Infos mardi en fin d’après-midi, le directeur de cabinet du préfet de Mayotte, Étienne Guillet, a confirmé cette hypothèse : « Nous avons fait un certain nombre de démarches auprès des services spécialisés, au niveau de la surveillance aérienne et maritime, afin de vérifier les vols aériens ou tout autre chose qui aurait pu expliquer cette explosion et cette boule de feu. Force est de constater qu’à l’occasion d’un phénomène naturel, une météorite est tombée dans l’océan Indien à quelques kilomètres des terres mahoraises« .

« À quelques milliers de mètres de profondeur« 

Pour le moment, la préfecture s’efforce donc de définir avec plus de précision le point d’impact de cette météorite par le biais d’autres structures scientifiques comme les observatoires astronomiques de la zone. « C’est un peu compliqué de savoir exactement quelle est sa position, c’est donc tout l’intérêt de ce que nous sommes en train de mettre en place. Il se peut que l’impact soit suffisamment loin et la zone suffisamment vaste pour ne pas pouvoir avoir d’identification sur le point d’impact. Pour l’instant, je n’ai pas d’éléments pour orienter les recherches sur la zone potentiellement impactée« , regrette Étienne Guillet.

Joint par téléphone, le Centre national d’études spatiales (CNES) ainsi que l’Observatoire de Paris – plus grand pôle national de recherche en astronomie – ont préféré pour le moment réserver leurs commentaires, expliquant qu’ils étaient en train de prendre connaissance du phénomène. « Si nous avions des éléments concrets, évidemment, les services de l’État feraient le nécessaire pour retrouver cette météorite mais cela dépendrait également de la profondeur à laquelle elle se trouve. L’impact est en extérieur du lagon donc la profondeur potentielle doit se situer à quelques milliers de mètres de profondeur« , a annoncé le directeur de cabinet du préfet de Mayotte. De son côté, Dominique Sorain a tenu à remercier la population pour avoir su « garder son sang-froid » en n’encombrant pas les services de secours durant ce phénomène exceptionnel. La préfecture a affirmé que des précisions seront communiquées dans les prochains jours.

Qu’est-ce qu’une météorite ?

Quand il rentre dans l’atmosphère terrestre à des dizaines de milliers de kilomètres-heure, le météoroïde génère une spectaculaire trace lumineuse : le météore. Une fois sa course achevée sur le sol de notre planète, à environ 300 km/h, le météoroïde prend le nom de météorite. Chaque année, il tombe 50 tonnes de météorites pesant de 100 grammes à 100 kilos, et plus de 5.000 tonnes de micrométéorites, même si la plupart des météorites perdent plus de 90 % de leur masse pendant leur traversée de l’atmosphère. En France, 77 météorites ont été collectées depuis 1492, date de la chute de la météorite d’Ensisheim, la plus ancienne d’Europe.

Imbroglio sur le renvoi de passagers clandestins

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La fin de semaine dernière a été agitée en mer. Cinq kwassas ont été interceptés en trois jours par la police aux frontières. L’intégralité des passagers, à une ou deux exceptions près, ont déjà été renvoyés vers leur pays d’origine. Une rumeur qui évoquait la présence d’un Syrien et d’Africains des Grands Lacs a été officiellement démentie.

La nouvelle est tombée ce lundi matin : cinq bateaux de fortune ont été interceptés ces trois derniers jours. Parmi ceux-ci, deux kwassas avec une trentaine de passagers en tout à leur bord interceptés vendredi en Petite-Terre ; une autre embarcation samedi vers Longoni transportant également une trentaine de personnes et une autre avec ses onze passagers ce même jour en Petite-Terre. Dimanche, enfin, treize étrangers ont été interpellés sur un bateau à l’ouest de Mayotte.

La rumeur de la présence d’un Syrien et d’Africains des Grands Lacs à bord des kwassas prend alors rapidement de l’ampleur. Une idée rapidement balayée par Julien Kerdoncuf, le sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine.« Tous les passagers étaient Comoriens », affirme-t-il. Cependant, selon nos informations, un Syrien aurait été aperçu en compagnie de deux autres compatriotes installés sur le territoire, à proximité de Solidarité Mayotte, une association qui accompagne les demandeurs d’asile (avant que leurs profils ne soient étudiés par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides). Toutefois, le secrétariat de la structure assure que cette personne ne s’est pas présentée jusqu’à présent.

Silence radio à la PAF

Sollicitée, la direction de la police aux frontières n’a pas pu se rendre disponible pour confirmer ou infirmer la présence de ces étrangers sur le territoire.

Un autre imbroglio vient s’ajouter à cette confusion. Une source de la police nationale dévoile avoir reçu l’ordre de remettre en liberté les personnes interpellées dimanche soir et de ne pas les envoyer au centre de rétention administrative, comme la procédure le prévoit normalement. Étrange, sachant que les Comoriens, ressortissants « d’un pays dit sûr« , voient leur procédure subir un traitement accéléré, « dans les cinq jours », rappelle le sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine. « Les personnes non éligibles à la protection internationale ont vocation à être éloignées vers leur pays d’origine », explique encore le sous-préfet. De ce fait, 99 % des passagers interpellés la semaine dernière, à une ou deux exceptions près, ont déjà été renvoyés, soit environ une centaine de personnes. « Ceux qui obtiennent une protection disposent d’un droit de circulation et rejoignent quasi systématiquement la métropole », conclut Julien Kerdoncuf. Un cas qui ne s’est « visiblement » pas présenté cette fois-ci.

Dix ans de victoires mahoraises

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Douze nouveaux trophées ont été décernés à l’occasion des 10 ans du Sportif de l’année, samedi soir. Réunis à la MJC de M’gombani, plus de 300 personnes ont assisté à la cérémonie, qui a notamment consacré le handballeur tsingonien Anli-Oireou Madi et la footballeuse de Bandrélé Bibi Sarah Boura.

Comme chaque année, le mystère est resté entier quant aux noms des lauréats : jusqu’à cette traditionnelle soirée de remise des trophées, samedi au cœur de la capitale.

À défaut de disposer d’une véritable salle de spectacle, la Société Mahoraise de Presse (Somapresse), organisatrice de l’événement avait fixé le lieu de rendez-vous à la MJC de M’gombani et sa capacité d’accueil de 300 places assises. 300 places peu à peu comblées par les sportifs, sportives, dirigeants, entraineurs, arbitres nommés, mais aussi par les partenaires institutionnels, partenaires privés de l’organisation et les nombreux invités.

Au fil de la soirée, ces partenaires ont levé le voile sur l’identité des lauréats dans les différentes catégories. Et à l’issue de la cérémonie, l’élection du Sportif de l’année 2018 a finalement sacré le handballeur et capitaine de l’ASC Tsingoni Anli-Oireou Madi.

« C’est un grand soulagement ! L’année dernière j’ai été nommé : j’imagine que mon C.V n’était pas suffisant alors j’ai dû déployer davantage d’efforts pour en arriver là cette année et j’en suis très fier », a-t-il réagi au micro de Youmna et Aurélien février, les animateurs de la soirée. L’autre catégorie phare a récompensé la jeune joueuse du Bandrélé Foot, Bibi Sarah Boura qui, submergé d’émotions n’a pu trouver les mots pour exprimer sa joie.

« C’était déjà une fierté pour nous qu’elle soit nommée : je n’en avais pas dormi en l’apprenant le premier soir… Je remercie tous ceux qui ont voté pour elle », s’est exprimée la grande sœur de l’attaquante.

« Un événement incontournable »

Habitués à récolter les trophées dans cette élection, le Basket Club de M’tsapéré a ramené deux nouveaux trophées chez lui : ceux de l’équipe masculine et de l’entraineur de l’année, attribué à Dhinouraïni El-Kader Ben, dit Mingo. Le trophée de la meilleure équipe féminine, lui, a été décerné aux handballeuses du Puedza Club de Bouéni.

Mariama Christin, pour ses différentes fonctions et actions à la Ligue mahoraise de football a été élue Dirigeante de l’année. Dhoimrati Salim Abdallah représentant le rugby et Ahmed Assane représentant le football ont été élus respectivement meilleure arbitre féminine et meilleur arbitre masculin de l’année 2018. Les trophées de Mahopolitaine et Mahopolitain sont revenus à la basketteuse Fayzat Djoumoi et au rugbyman Anzize Saïd Omar.

Le Centre Multisports de M’roalé est reparti avec le premier trophée de la catégorie Handisport. Un douzième trophée, le prix spécial du jury est revenu à Darouèche Dini, ex-joueur et dirigeant de tennis mahorais. Un trophée qui lui a été remis par le directeur de la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale État, Patrick Bonfils, membre du jury.

« Le prix spécial du jury, c’est avant tout la récompense d’un travail de longue haleine pour une personnalité du monde sportif. Le sport c’est la vie. Beaucoup de jeunes se lancent dans le sport pour pouvoir sortir, se socialiser, s’amuser, mais aussi pour être au haut niveau (…) Il y en a qui brillent sous les feux des projecteurs, mais derrière, il y a des petites mains qui font tout le travail : des trésoriers, des secrétaires, des présidents qui ne sont pas toujours mis à l’honneur… L’État est là pour les accompagner. »

Pour Madi Vita, président du Comité régional olympique et sportif, et également membre du jury, l’élection du Sportif de l’année doit subsister. « Le Cros apporte son soutien à l’élection depuis la première édition, et au fil des années, ce soutien est plus grand. C’est un événement incontournable pour le mouvement sportif mahorais, pour nos sportifs : on espère que ça va continuer. »

Toutes les réactions, tous les résultats et d’autres photos de la cérémonie à retrouver dans le prochain Mayotte Hebdo.

Un nouveau tour de Mayotte pour les Handicapables

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L’association Handicapable a officiellement lancé sa deuxième édition du Tour de Mayotte en fauteuil roulant, mercredi, à M’tzamboro. À un mois du départ, la structure espère mobiliser plus fortement la population et réunir de nouveaux partenaires autour de l’événement.

Médias, partenaires, sympathisants… Une trentaine de personnes ont assisté à la conférence de presse de l’association Handicapable de Mayotte (HDM), au restaurant Saveurs des îles à M’tzamboro, mercredi. Une conférence de lancement à un mois du top départ du Tour de Mayotte (TMF) en fauteuil roulant – programmé du 16 au 31 mars 2019.

Il s’agissait pour Ambdirazakou Ousséni Coco, dit Docteur Léo, Djadir Foundi et les membres de l’association de présenter l’événement et ses différents partenaires. Le samedi 16 mars aux aurores, le cortège des « Handicapables » partira du village de Hamjago pour seize jours et quatorze étapes sur les routes de Mayotte, à la rencontre des Mahorais. Ils doivent boucler la boucle dans l’après-midi du 31 mars.

Le principe est le même qu’en 2017 : les personnes en situation de handicap prévoient de traverser, aux côtés des valides, les villages de chaque commune, en fauteuil roulant et à pied, afin de sensibiliser les passants et les habitants. « Nous voulons leur dire que les personnes en situation de handicap ne méritent pas d’être abandonnées, qu’elles peuvent s’adapter aux situations et s’intégrer dans la société si on leur en donne les moyens« , indique Docteur Léo.

Déjà de nombreux soutiens

Pour ce projet, Handicapable a d’ores et déjà reçu le soutien de le Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). « Une telle action nécessite l’attention de toutes les institutions et il va de soi que la MDPH en soit l’un des partenaires principaux« , estime Fanja Youssouf Thany, responsable administrative et financière de la structure.

« Pour cette seconde édition, l’implication de la MDPH sera beaucoup plus conséquente avec une contribution financière, mais également une mise à disposition de son personnel, un appui matériel, un soutien logistique…« , précise-t-elle. Outre la maison mère des personnes en situation de handicap à Mayotte, l’association HDM sait qu’elle peut également compter sur de nombreux soutiens de première importance, « à l’instar du Centre communal d’actions sociales de Koungou ici représenté, les CCAS de Mayotte sont sensibles à notre Tour, et même très actives pour certaines qui préparent minutieusement notre passage au sein de leur commune« , affirme Djadir Foundi.

« Nous avons évidemment le soutien de plusieurs municipalités, parmi lesquelles celle de M’tzamboro ici représentée. Nous avons le soutien d’autres institutions essentielles à la réussite de notre projet tels que le conseil départemental, l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) ou le vice-rectorat, et des partenaires moins visibles avant et pendant le tour, mais tout aussi importants : je pense à Ambulance du Nord, Sud Ambulance, Transports du Nord… et d’autres« , ajoute le président de l’association.

Une faible prise de conscience des élus

Pour Docteur Léo, le Tour de Mayotte en fauteuil doit avoir un impact direct sur la société. « Nous souhaitons l’accessibilité, nous souhaitons l’insertion sociale, nous souhaitons l’insertion professionnelle… Certes, les personnes handicapées peuvent s’adapter comme le dit notre slogan, mais qu’est-ce qui est fait par nos décideurs pour que les personnes handicapées puissent ensuite s’adapter ?« , s’interroge le président d’honneur de HDM.

« Avec certains membres de l’association Handicapable de Mayotte, nous avons participé au Run Handi Tour, en mai dernier à la Réunion. Là-bas, les élus ont capté le message« , ajoute-t-il. « Dans la foulée du Tour, il y a eu du travail pour des personnes en situation de handicap, mais aussi des projets concrets sur l’amélioration de l’accessibilité. À Mayotte, deux années sont passées depuis le premier tour et, d’une manière générale, je regrette le manque de prise de conscience de nos élus. Pas grand-chose n’a bougé.« 

À Fardati Djamali, en charge de l’organisation du TMF 2017 et du Tour 2019, de nuancer : « Il y a quand même eu dans certains villages des travaux en réaction à notre passage dans les villages concernés, il y a deux ans. Je peux citer quelques exemples (…) Mais il est vrai que ça a été de petits travaux, que c’est bien loin de nos espérances.« 

Si l’association Handicapable de Mayotte bénéficie d’un certain nombre de soutiens, ses membres estiment devoir encore rassembler la somme de 100.000 euros – dont 22.000 pour l’achat et le transfert des fauteuils adaptés – d’ici le coup d’envoi du TMF, pour boucler le budget de cette édition.

« Nous ferons le Tour avec ou sans cet argent car nous sommes les Handicapables. Toutefois, nous devons donner toutes les chances au projet pour qu’il soit une réussite totale, dans la forme comme dans le fond. C’est pour cela que toutes les aides seront bienvenues« , conclut Djadir Foundi.

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes