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« On est dans ce que Mayotte a de plus contestable »

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Généralement à huis clos, une affaire d’atteinte sexuelle sur mineure devait être jugée en public mercredi à la demande de la jeune victime présumée afin que « tout le monde sache ce qu’il lui a été fait ». Mais devant la gravité des faits relatés par l’adolescente, l’affaire a été renvoyée aux assises.

Au juge Ballu qui s’étonne ce mercredi matin de ce que le huis-clos n’ait pas été requis, l’avocate de la jeune fille explique : « Elle souhaite que tout le monde sache ce qui lui a été fait et que ce qui lui a été fait n’est pas normal« . À la barre, un quadragénaire, électricien de profession, qui comparaît à l’origine pour « atteinte sexuelle » sur cette mineure de moins de quinze ans « sans violence, contrainte, menace, ni surprise« .

Avec douceur, le juge demande à l’adolescente, qui a désormais 15 ans, de lui raconter sa version des faits. « Ma cousine m’a présenté [le prévenu]. Je lui ai demandé de l’eau, (…) il m’a emmenée chez lui, m’a emportée dans son lit et a couché avec moi. Je n’étais pas d’accord. » Le micro réverbère une voix tremblante, celle d’une jeune femme qui s’exprime avec émotion. De fait, avant que la victime présumée ne prenne la parole, le président d’audience venait de rapporter des détails particulièrement crus, issus d’une précédente audition au cours de laquelle la jeune femme avait expliqué avoir également été violée par un homme qu’on surnomme « Africa ». « J’ai essayé de m’enfuir (…) Il a mis son sexe dans ma bouche (…)« , retransmet le juge Ballu, relatant également une pénétration vaginale avec éjaculation. « Je n’avais jamais eu de rapport sexuel (…) J’ai pleuré« , cite-t-il toujours. L’homme lui aurait ensuite donné cinq euros pour qu’elle se taise mais elle aurait refusé.

 « Pas 15.000 euros, 18.000 ! »

En désignant celui qui comparaît ce mercredi, la jeune femme explique qu’il aurait « demandé pourquoi je n’étais pas vierge (…) Je lui ai dit que j’avais été violée par +Africa+« . Se défendant seul à la barre, l’électricien donne sa version de l’histoire, reconnaissant avoir eu des relations sexuelles avec cette adolescence de 13 ans à l’époque des faits : « J’ai eu une relation sexuelle avec une personne consentante. Je ne l’ai pas forcée« . À la question du juge qui se demande comment un homme de 40 ans peut séduire une jeune fille de 13 ans, le prévenu répond : « C’est elle qui est venue chez moi. On a discuté. Elle s’est déshabillée elle-même (…) Au début, elle m’avait dit qu’elle avait 17 ans et demi« , justifie-t-il. Dans l’expertise psychiatrique à disposition du tribunal ce matin, « incomplète« , selon le juge, rien qui ne permette de se prononcer sur le discernement de cet homme. En outre, « le rôle de la famille est ambigu« , soulève le magistrat. En effet, celle-ci aurait proposé une transaction financière à l’électricien, de l’ordre de 15.000 euros, relate le juge avant d’être coupé par le prévenu : « Non, pas 15.000 euros, 18.000 !« , corrige-t-il.

« On est vraiment dans ce que Mayotte a de plus contestable aujourd’hui« , déplore le président d’audience, semblant reconnaître dans cette affaire les symptômes de pratiques amorales et illégales qui perdurent.

« La façon dont ma cliente raconte, ça me gêne« , intervient l’avocate de la partie civile, demandant au tribunal à ce que les faits soient requalifiés en viol et à ce que l’affaire soit en conséquence jugée devant la cour d’assises. « À aucun moment le consentement de cette jeune femme » n’est établi, abonde la procureure, soulignant la constance du témoignage de l’adolescente. Le tribunal a également considéré que les faits qui lui avaient été présentés ce matin étaient susceptibles « d’entraîner une peine criminelle« . L’affaire devrait donc être jugée devant les assises en juillet prochain.

L’essaim se rapproche-t-il de Mayotte ?

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Dans le cadre de l’essaim de séismes qui frappe actuellement Mayotte, deux nouveaux épicentres seraient apparus pour la première fois à 10 kilomètres des côtes mahoraises, indiquaient la semaine dernière plusieurs sites internationaux. Une information démentie par le Bureau de recherches géologiques et minières.

Mouvement de panique. Le 9 février dernier, plusieurs sites internationaux annoncent une secousse de magnitude 4,7 ressentie par la population de Mayotte. Rien d’inhabituel, jusqu’à ce que le centre sismologique euro-méditerranéen (CSEM) ne situe son épicentre à hauteur de la Passe en S, à seulement 10 km de Mamoudzou et 9 de Bandrélé. Cinq jours plus tôt, un autre séisme de magnitude 4,2 était enregistré dans la même zone, alors que les phénomènes habituels se forment quasiment tous entre 30 et 40 kilomètres du chef-lieu, contre 50 lors de l’apparition de l’essaim.

Mais finalement, pas de quoi s’inquiéter. Contacté par la rédaction, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) coupe court aux théories les plus fantasques apparues sur les réseaux sociaux : il s’agit là d’un calcul imprécis. « Cette localisation a été donnée par divers bureaux de recherche dont les sismographes sont situés loin de Mayotte et ne sont donc pas assez précis« , commente Frédéric Tronel, directeur régional du BRGM.

Les capteurs déployés à Mayotte ont effectivement enregistré ces deux secousses, les 4 et 9 février, mais ils situent en revanche leur épicentre entre une trentaine et une quarantaine de kilomètres de Mamoudzou, comme beaucoup d’autres. Sur le mois de janvier, le BRGM a recensé en moyenne cinq séismes par jour, dont une minorité entre 50 et 80 km du chef-lieu. Le phénomène le plus proche s’est formé à 33 kilomètres le 18 janvier.

Des alertes à relativiser

Le centre sismologique euro-méditerranéen figure parmi les premiers sites d’information en la matière. Le CSEM est capable de publier des rapports sur une grande majorité de secousses seulement quelques minutes après qu’elles ne soient survenues grâce au « flash sourcing« . Cette technique consiste à recouper les adresses IP de tous les témoignages recueillis en ligne pour situer dans un premier temps le phénomène, avant de le préciser grâce aux outils de mesure.

Concernant le séisme du 4 février dont l’épicentre était supposément situé vers la Passe en S, un membre du CSEM tempérait sur Facebook : « Ce séisme est à la limite en magnitude de ce qui peut être correctement localisé avec les instruments disponibles, sa localisation peut être imprécise de l’ordre d’une vingtaine de kilomètres » et de rappeler que l’antenne locale du BRGM située à Mayotte dispose d’un « plus grand nombre de données« .

À Mayotte, c’est effectivement cette structure qui est en capacité de situer le plus précisément possible les épicentres des séismes qui frappent l’île depuis le 10 mai. Le Bureau de recherches géologiques et minières prévoit d’ailleurs dans le courant du mois de février le déploiement des premiers sismomètres marins de l’île, entre 2.500 et 3.000 mètres de profondeur. Trois autres appareils terrestres seront installés au Nord, au Sud et en Petite-Terre. Actuellement, Mayotte est équipée de quatre capteurs, qui ont déjà permis d’enregistrer 1.549 secousses depuis l’émergence de l’essaim de séismes – 26 d’entre elles atteignaient une magnitude supérieure à 5.

Des habitants inquiets interpellent les institutions

« Votre population vit dans l’inquiétude, l’incompréhension voire l’angoisse« , signalaient vendredi dernier plusieurs dizaines de Mahorais dans un courrier électronique adressé au préfet de l’île, au président du conseil départemental, au directeur du BRGM, aux maires, à l’Assemblée nationale et au Sénat. En cause : la communication autour des consignes de sécurité en cas de séisme, qu’ils estiment insuffisantes. Ainsi, beaucoup s’interrogent sur la sécurité : « Comment est-il prévu d’alerter les populations [en cas de danger] ? », « Que prévoit le plan d’évacuation en cas de séisme majeur ?« , « Où en est-on [de] la venue d’experts en catastrophes naturelles ?« , s’interrogent les auteurs de la missive dont la rédaction s’est faite via le groupe Facebook « Signalement tremblement de terre Mayotte ! ». Des explications d’ordre technique y sont également demandées, notamment à propos des différences dans les données transmises par la préfecture, le BRGM ainsi que les sites et applications dédiées. D’autres points tels que les risques de glissement de terrain et l’éventualité de phénomènes sismiques à des magnitudes plus élevées inquiètent encore les signataires. À notre connaissance, aucune réponse n’avait, mercredi soir, été donnée par les institutions sollicitées. Seule la direction nationale du BRGM a indiqué donner suite « dès que possible« . Pour rappel, plusieurs consignes générales de sécurité sont déjà disponibles sur les sites de la préfecture, du BRGM et sur planseisme.fr.

Des lycéens mahorais, jurés aux César

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Le ministère de l’Éducation nationale et l’Académie des arts et techniques du cinéma ont décidé de s’associer pour lancer ensemble le premier César des lycéens. Parmi les classes sélectionnées pour faire partie du jury, une classe mahoraise, seule représentante de l’Outre-mer dans ce projet d’envergure nationale.  

Ils sont « particulièrement fiers de représenter leur lycée et Mayotte ! » C’est dans l’amphi bondé du lycée de Mamoudzou Nord que s’est déroulée vendredi, dans une ambiance survoltée, la cérémonie d’ouverture de la première édition des César des lycéens à Mayotte, dirigée d’une main de maître par Layane et Mounissa, élèves en Terminale L, spécialité « cinéma et audiovisuel », au lycée de Mamoudzou Nord.

Élaboré sur le même principe que le Goncourt des lycéens dans le domaine littéraire, ce nouveau prix sera remis le 13 mars prochain à la Sorbonne, un peu en marge de la cérémonie officielle. Au total, 55 classes de Terminale ont été sélectionnées pour participer au jury sur l’ensemble du territoire national.

D’après Didier Cauret, le directeur du cabinet du vice-recteur à Mayotte, ce type d’événement va permettre aux élèves mahorais de « s’inscrire dans un événement culturel majeur, sans compter le fait que (les lycéens) pourront exprimer et vivre pleinement leur passion pour le cinéma tout en développant un certain esprit critique ». Cerise sur le gâteau, les jeunes auront la possibilité de pouvoir rencontrer des professionnels du cinéma tels que des « producteurs, monteurs, régisseurs ou acteurs ».

 « Bluffés » par le film d’Alex Lutz

Parmi les sept films en lice pour obtenir le César 2019 des lycéens cette année : 

Les Frères Sisters, Jacques Audiard

Jusqu’à la Garde, Xavier Legrand

En Liberté ! Pierre Salvadori

La Douleur, Emmanuel Finkiel

Le Grand Bain, Gilles Lellouche

Guy, Alex Lutz

Pupille, Jeanne Herry

Tous ces longs-métrages devront être visionnés par les jurés, qui ont d’ailleurs déjà commencé à organiser les projections. Ils ont notamment été bluffés par la performance d’Alex Lutz dans Guy. « Le maquillage et le jeu de l’acteur m’ont vraiment impressionné« , raconte Taourine. Vendredi après-midi, après la cérémonie d’ouverture, c’était au tour de Pupille, de Jeanne Herry, d’être projeté dans l’amphithéâtre du lycée. Les votes seront clos vendredi 22 février à 16h et rendus publics le 25 février. Jusque-là, patience donc, et rendez-vous d’ici la fin du mois.

La commission des affaires étrangères étrille l’Union des Comores

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Suite à la mission menée en octobre dernier en Union des Comores par une délégation de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, un compte rendu a été fait aux députés membres de ladite commission au mois de décembre. Un rapport sans concession sur l’état du pays et sur la politique qui y est menée. Morceaux choisis.

Au mois de janvier 2017, la Commission des Affaires étrangères examinait une convention d’entraide judiciaire en matière pénale entre la France et l’Union des Comores. « Beaucoup d’entre nous avait exprimé à cette occasion leurs inquiétudes à propos de Mayotte et la pression migratoire qui s’exerce sur l’île et ses différents services publics. Le rôle de notre aide publique au développement avait également fait l’objet de nombreuses interrogations », rappelle Marielle de Sarnez, présidente de ladite commission. En conséquence, une délégation de celle-ci, menée par les députées Laëtitia Saint-Paul, Monica Michel, Annie Chapelier, et Bérangère Poletti, s’est rendue en octobre dernier dans les îles voisines – à l’exception d’Anjouan, alors en situation quasi insurrectionnelle – pour se rendre compte de la situation du pays, et donc des rouages de l’immigration clandestine : « Nous avons souhaité bien comprendre la situation (…). Nous sommes allées partout : de la déchetterie à ciel ouvert à la prison, aux commissariats, aux hôpitaux », détaille Laëtitia Saint-Paul, rapporteure de la délégation dans le compte rendu fait à la Commission en décembre dernier*. Et le moins que l’on puisse dire est que les quatre responsables politiques ont été étonnées de ce qu’elles ont trouvé en Union des Comores.

« De surprise en surprise »

Un étonnement résumé par Annie Chapelier en une phrase : « À l’instar de mes collègues, j’ai été de surprise en surprise, et bien des choses se sont éclairées lorsque j’ai découvert certains fonctionnements. » En cause : une gestion calamiteuse et un flou artistique total dans les politiques menées par l’Union des Comores pour son propre territoire. « J’en suis revenue avec plus de questions que de réponses », concède également Bérangère Poletti, précisant : « C’était un déplacement difficile. On était confrontées à un territoire en grande difficulté. J’ai déjà fait un déplacement au Niger, un pays très pauvre, et j’ai trouvé que ce déplacement aux Comores était plus compliqué. » Autant dire que peu semblaient auparavant avoir conscience des défaillances de gestion qui ont cours dans le pays. Chose désormais corrigée : « Vous avez pu prendre la mesure de la situation aux Comores », a souligné Marielle de Sarnez après cette première visite d’une délégation de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale aux Comores. Manque de moyens, rôle insuffisant de la diaspora, mauvaise volonté, corruption, absence de qualifications : c’est un rapport sans concession à l’égard de nos voisins que dresse la Commission, en souhaitant que, sous peu, se mette en place un groupe d’étude qui dressera une feuille de route sur la conduite à tenir, notamment en termes d’aide au développement versée par la France. Le sénateur Thani Mohamed Soilihi, présent lors du compte rendu, a déclaré devant la Commission être « très content de ce que [qu’il a] entendu », saluant la « qualité, l’exhaustivité, et la rigueur intellectuelle » du rapport : « Vous permettez à la représentation nationale d’être éclairée. C’est ça la première lueur d’espoir, car cela n’était pas valable avant. Comment voulez-vous prendre les bonnes décisions si le bon diagnostic n’a pas été fait. Or, je viens d’assister à un excellent diagnostic sur la situation des Comores. » Et d’espérer qu’une « ère nouvelle s’ouvre dans les relations entre la représentation nationale et Mayotte, car des clichés existent encore », faisant référence à la question d’un député relatif à la « colonisation » de Mayotte : « Les bras m’en tombent », a illustré le sénateur, rappelant « qu’il n’y avait pas eu de colonisation [de Mayotte] par la France », mais une « demande de protection » de l’île.

*http:/videos.assemblee-nationale.fr/video.7077169_5c10c45f61e23.commissiondes-affaires-etrangeres–compte-rendu-de-la-mission-aux-comores-du-14-au-19-octobre-201-12-decembre-2018 

Morceaux choisis

Sur le soutien de l’Arabie Saoudite et les risques de radicalisation religieuse

« Les autorités considèrent le chiisme comme une menace plus importante que le sunnisme radical »

Parmi les constats faits sur place par la délégation : celui d’un soutien pécuniaire très présent et visible de l’Arabie Saoudite. « En matière d’aide financière, l’Arabie Saoudite jour un rôle indéniable pour les Comores, avec une aide budgétaire de l’ordre de 40 millions de dollars en 2017 », rappelle à ce titre la députée des Bouches-du-Rhône, Monica Michel. Une manne pour les Comores, mais aussi une source d’inquiétude pour les quatre élues françaises de la commission, notamment en ce qui concerne une possible radicalisation religieuse de la population comorienne, comme le détaille Monica Michel : « Les états du golfe, et particulièrement l’Arabie Saoudite, y exercent [aux Comores] une influence croissante. Alors que le président Sambi était tourné vers l’Iran, le président Azali est résolument aligné sur l’Arabie Saoudite, à tel point que les Comores ont rompu leurs relations avec l’Iran et plus récemment avec le Qatar. L’islam sunnite de rite chaféite est la religion de 98 % de la population et la révision constitutionnelle lui a conféré le rang de religion d’État. Dans les faits, il semblerait que les populations chiites, largement minoritaires, fassent l’objet de mesures répressives, portées au plus sommet de l’État. » Et d’ajouter plus largement : « On constate une tendance à la radicalisation de certains individus, devenue un sujet d’inquiétude aux Comores. Or, elle tient en partie à l’influence d’imams formés à l’étranger, dans les états du Golfe, au Soudan, ou encore au Pakistan. Compte tenu de la proximité de Mayotte, nous ne pouvons ignorer cette question, bien que l’on n’observe pas à ce jour de radicalisation violente. » Malheureusement, la délégation fait également le constat que faute de moyens nécessaires, peu de choses sont entreprises pour lutter contre ce phénomène, ce que souligne Laëtitia Saint-Paul, rapporteure de la mission : « Les Comores ne sont pas épargnées par la montée de l’extrémisme religieux. Rien n’a vraiment été entrepris dans le pays pour lutter contre la radicalisation. Les autorités considèrent en effet le chiisme comme une menace plus importante que le sunnisme radical.

Quelques actions isolées ont été entreprises, comme des campagnes de sensibilisation de la jeunesse, mais elles manquent cruellement de moyens [et] autant dire qu’elles n’en ont pas. Le ministère de l’Intérieur [des Comores] a récemment mis en place un dispositif de recensement des imams dont le but est à terme d’imposer la délivrance d’une carte pour autoriser les prêches. » Et puis, pour finir, cette présence saoudienne interroge quant à ses conséquences sur le développement du pays : « Cette influence a des effets discutables sur le développement des Comores. Par exemple, au nord de la Grande Comore, où nous nous sommes rendus, un hôtel qui était la source d’environ 400 emplois financés par le Qatar a été détruit », déplore Monica Michel. Les rivalités entre nouveaux et anciens soutiens : un problème dont l’Union des Comores gagnerait à éviter.

Sur les aides financières de la Chine

« Plusieurs interlocuteurs nous ont conseillé de prendre davantage exemple sur la Chine, qui fournit des aides sans condition »

Alliée de poids – elle a été un des premiers pays à reconnaître les Comores sur la scène internationale et les soutient dans ses revendications territoriales sur Mayotte –, la Chine est elle aussi très présente chez nos voisins. Une présence loin d’être désintéressée, évidemment, qui se traduit par des aides financières accordées sans condition. Pas de quoi encourager le développement du pays à long terme. La députée Monica Michel l’explique : « La Chine est un autre acteur désormais incontournable. Elle apporte une aide financière sans condition pour construire des édifices visibles, sans s’inscrire dans une approche durable du développement. La Chine a ainsi financé la rénovation de l’Assemblée des Comores [et] doit également reprendre le projet de port en eau profonde de Moroni, duquel l’Union européenne a du se retirer, faute de respect de la conditionnalité des aides. » D’ailleurs, « plusieurs interlocuteurs nous ont conseillé de prendre davantage exemple sur la Chine, qui fournit des aides sans condition. » Un exemple ? Celui de l’Assemblée nationale de l’Union des Comores, située avenue… de la République populaire de Chine : « [elle] a notamment investi dans le bâtiment de l’Assemblée nationale il y a une dizaine d’années (…) Ce bâtiment va faire l’objet d’une rénovation, a priori sans contrepartie d’après ce qu’il nous a été expliqué. Par ailleurs, la Chine est en train de déployer des travaux reliant Moroni à Mitsamiouli. (…)Il s’agit de dons, probablement, mais tout n’est pas gratuit. » En s’interrogeant : « Que se passe-t-il en matière d’échanges avec la Chine ? Ce que je comprends est que l’Union des Comores importe pas mal de produits en provenance de Chine. Ma conclusion est donc qu’à ce jour, la contrepartie se fait de cette façon-là ». De l’import oui, mais aussi peut-être des avantages accordés à l’Empire du Milieu. C’est par exemple le cas à Mohéli où, « comme le responsable du Parc marin nous l’expliquait, le gouvernement envisage d’offrir à des investisseurs chinois ce parc, qui est un parc de protection de l’environnement, pour exploiter le homard », remarque Annie Chapelier, députée du Gard et qui, pour l’anecdote, a vécu à Mayotte.

Sur la diaspora

« Nous avons vu des dizaines et des dizaines de personnes ne rien faire de la journée, attendre dans les rues devant Western Union. »

Énorme source potentielle de revenus pour le pays – « [Elle] représente 25 % du PIB, c’est vous dire l’importance que cela peut représenter » –, l’apport économique de la diaspora ne sert pourtant pas le développement du pays. Constat de la délégation sur place à travers la voix de Bérangère Poletti, députée des Ardennes : « On a entendu des commentaires de Comoriens qui étaient assez étonnants, puisque cette aide de la diaspora n’est absolument pas mise en réseau, absolument pas organisée. Elle est envoyée aux familles de chanceux, qui ont dans leurs familles des Comoriens à l’étranger qui envoient de l’argent et qui arrivent ainsi à se payer plus de frais médicaux, plus de scolarité, mais absolument pas pour organiser le territoire. On a entendu par exemple, sur la Grande Comore, que les gens ne se pressaient pas beaucoup pour aller travailler parce qu’ils avaient cette sécurité. » Une remarque partagée par Laëtitia Saint-Paul : « Avoir une diaspora aussi peu organisée fait que les envois financiers sont en ordre dispersé, et donc ne profitent pas au pays. (…) nous avons vu des dizaines et des dizaines de personnes ne rien faire de la journée, attendre dans les rues devant Western Union parce que si le salaire mensuel moyen est à 300 euros, et bien c’est plus simple d’attendre le chèque de la diaspora ». Plus largement, la question du retour de cette diaspora pour contribuer au développement du pays est abordée, notamment en ce qui concerne les étudiants : « Des centaines d’étudiants partent à l’étranger (…) et ne repartent jamais dans leur pays. Et comme ils n’y retournent pas, ils ne concourent absolument pas au développement des Comores. (…) L’une des clés de la réussite pour les Comores est d’imposer pour chaque étudiant qui va à travers le monde, de revenir dans son pays [pour] que ce soit un investissement. (…) L’une de nos conclusions est ce lien entre les étudiants comoriens et leur pays. Que ces personnes concourent au développement, qu’ils en soient acteurs. » Et puis, les binationaux sont eux aussi au centre des débats. « On estime à 500 000 les binationaux, qui sont en France ou en Grande Comore essentiellement – les Anjouanais et les Mohéliens ont peu de doubles nationalités franco-comorienne alors que les Grands Comoriens le sont quasiment tous. Cette situation n’encourage pas au développement des îles puisque les édiles et classes supérieures dirigeantes, qui sont principalement grandes comoriennes, font leurs études en France, viennent s’y faire soigner et ne voient pas pourquoi elles chercheraient à développer leur pays », est-il déploré.

Sur l’immigration à Mayotte

 » Leurs moyens sont trop rudimentaires »

À l’origine de ce déplacement en Union des Comores : la situation de Mayotte et les flux migratoires que notre île connait. C’est donc tout naturellement que la problématique de l’immigration clandestine a été abordée : « 42 % environ de la population mahoraise serait d’origine étrangère, dont plus de la moitié, jusqu’à 80 %, serait en situation irrégulière. Les flux entrants sont estimés entre 25 000 et 30 000 personnes par an, pour 18 000 à 20 000 reconduites annuelles. Si les autorités comoriennes ont pu faire valoir la présence de migrants africains originaires des Grands Lacs, qui transiteraient par les Comores pour se rendre à Mayotte, les flux seraient essentiellement constitués de Comoriens, et notamment d’Anjouanais. » Des flux que rien ne semble pouvoir arrêter, faute de moyen nécessaire : « Sur Grande Comore, la police disposait d’un seul véhicule pour toute l’île, ils n’ont donc, aux Comores, absolument aucun moyen pour contrôler l’immigration irrégulière qui transite par leurs îles. Leurs moyens sont trop rudimentaires [et] ce ne sont donc là que des estimations. Je pense qu’elles peuvent assez honnêtement être revues à la hausse. Face à la situation de saturation des services publics à Mayotte, écoles et hôpitaux notamment, la problématique migratoire reste entière. Tout en sachant que, d’après le préfet de Mayotte (…), si la France fait un effort massif à Mayotte pour améliorer tous les services publics, cela aurait pour conséquence d’augmenter la pression migratoire, l’amélioration de la situation à Mayotte ne passe que par l’amélioration de la situation aux Comores. »

Sur la potentielle présence de pétrole

« Les Comoriens fondent de grands espoirs sur cette exploitation »

Source d’espoir pour nos voisins : la présence potentielle de pétrole dans leurs eaux territoriales. De quoi enrichir le pays : « Il s’agit de pétrole offshore essentiellement. Les Comoriens fondent de grands espoirs sur cette exploitation. Au vu de ce que nous avons pu entendre auprès de l’ambassade et des ministères [comoriens], cela repose pour le moment sur un espoir plus que sur une exploitation réelle à venir. Les ressources sont importantes, mais la difficulté d’exploitation en offshore fait que le rapport de revient n’est peut-être pas aussi intéressant que les Comores le voudraient », détaille la délégation qui complète :  » S’il y a des signaux positifs, il y a tout de même une incertitude puisqu’il n’y a pas encore eu de forage (…) pour déterminer ce gisement et sa masse. Fait assez inédit, c’est une société britannique qui a été retenue pour conduire les explorations. C’est une société privée spécialisée dans les explorations en Afrique et en Amérique du Sud, ce quoi nous conduira à déterminer s’il y a ce gisement qui propulserait les Comores au sein des états plutôt riches. » Le 101ème département français pourrait d’ailleurs être concerné lui aussi puisque « Nous sommes sur un territoire ou Mayotte partage sa zone économique exclusive avec celle des Comores. La question se poserait à ce moment-là [de] l’implication de la France dans ce dossier. »

Sur les besoins en formation, notamment en médecins

« On voit qu’on est dans une véritable gabegie de l’enseignement »

Cela a été dit : faute de voir ses jeunes rentrer au pays après leurs études, les Comores manquent cruellement de personnels qualifiés pour se développer. C’est particulièrement vrai dans le secteur de la santé, où les besoins sont énormes. Pour autant, rien n’est vraiment envisagé pour y remédier, ce qu’illustre la délégation : « Nous sommes allées l’université où le fonctionnement est à l’image de tout ce qu’il se passe sur cette île, à savoir qu’ils sont dans une attente de l’extérieur. Tout ce qui est développement au niveau universitaire, même s’il y a parmi eux d’excellentes volontés(…), [connait] énormément de freins, tant au niveau administratif que politique. Les investissements sont détournés, les moyens sont pauvres, et il n’est pour le moment pas question de faire une fac de médecine. Je ne vous dirai pas quel est le nom de ce ministre, mais il m’a expliqué benoîtement que cela ne servait à rien de chercher à développer une fac de médecine pour former ses propres médecins sur place, puisque la France et les autres pays qui aident au développement des Comores feraient mieux de donner de l’argent pour offrir des billets d’avion et se faire soigner à l’extérieur, là où les systèmes de santé sont performants.(…) Par ailleurs, il y a des médecins qui sont formés essentiellement en France, mais qui ne reviennent pas; et puis d’autres médecins qui ont été envoyés (…) dans des pays d’Afrique anglophones, mais ne l’étant pas eux-mêmes [ils] n’ont pas pu suivre la formation. On voit qu’on est dans une véritable gabegie de l’enseignement. Ce n’est pas demain qu’il y aura une faculté de médecine à Moroni ou dans les autres îles. »

Sur la gestion du pays

« Il est difficile de ne pas être frappé par les problèmes de gouvernance et par la corruption que l’on devine très vite »

« Sur place il est difficile de ne pas être frappé par les problèmes de gouvernance et par la corruption que l’on devine très vite, qui mine le pays », entame d’entrée de jeu la délégation. Il faut dire que les situations ubuesques sont nombreuses : « Par exemple, on a vu deux choses un peu surprenantes. Nous sommes allées visiter une grande déchetterie au-dessus de Moroni, où parviennent tous les déchets d’une urbanisation de plus en plus importante, et dans cette déchetterie arrivent depuis deux ans tous les déchets hospitaliers également. Normalement, il y a un incinérateur à l’hôpital [mais] il est en panne. Cela nécessite une réparation qui doit coûter entre 200 000 euros et 400 000 euros, mais on ne le répare pas et on envoie les déchets hospitaliers sur la déchèterie. Ils sont mis à part, mais sont à ciel ouvert. C’est quand même assez étonnant. À côté de ça, nous sommes allées visiter l’Assemblée nationale et pendant [cette visite], on nous a reproché, à la France, de ne pas faire suffisamment, de ne pas être assez présents, tout en nous expliquant qu’on allait entreprendre pour l’Assemblée nationale des grands travaux de rénovation sur un bâtiment qui doit avoir une dizaine d’années. On est quand même frappés par la corruption, car cela ne peut pas être autre chose. Ce n’est pas possible quand on voit ce genre de choix d’aller réparer un bâtiment public qui n’a que 10 ans – il n’y avait pas la climatisation, c’est ce qu’ils nous ont expliqué –, alors qu’à côté il y a d’autres choses [à faire]. » Le sort de l’hôtel Galawa Beach est aussi remis sur la table : « Il existait un site touristique, un magnifique hôtel payé par le Qatar, où étaient salariées 400 personnes. Le jour où le Qatar est parti, personne n’a repris l’hôtel et l’État l’a démoli. On se demande pourquoi on n’a pas cherché à le remplacer ou même à le racheter, à le faire exister, etc. Il y a des décisions extrêmement étonnantes et surprenantes. » Quant au secteur de la santé, il n’est évidemment pas épargné par une gestion plus que douteuse des maigres fonds du pays : « S’il existe actuellement des hôpitaux et des infrastructures aux Comores, elles manquent cruellement de beaucoup de choses : de personnels qualifiés – il n’y a pas de faculté de médecine, juste des écoles de formation d’aides-soignants et d’infirmières qui sont bien en dessous du niveau requis –, et manque de moyens. Nous avons visité l’hôpital de Mitsamiouli. On ne peut pas imaginer un hôpital ainsi, pour une bonne raison : c’est un hôpital dépourvu de patients, dépourvu de médecins, et dans lequel il n’y avait pas d’eau, tout simplement. On imagine mal comment un hôpital aussi important, 600 places tout de même, peut fonctionner. Il n’y a pas de chirurgiens pour faire des césariennes alors qu’il y a une maternité, donc les patientes sont évacuées sur Moroni qui se trouve à plus de deux heures de route. Routes qui sont en partie refaites par les Chinois d’ailleurs. Et pourtant cet hôpital a reçu des fonds de façon régulière, entre autres de l’Agence française de développement. [Parmi] les médecins qui en font partie, il y a la ministre de la Santé, qui a en fait un cabinet privé. Les médecins étant très peu payés dans les hôpitaux, ils ont un exercice privé pour pouvoir tout simplement vivre, d’une part, mais également pour profiter de ce système. Les tarifs d’État, qui sont très bas, ne sont que très rarement appliqués et les patients doivent payer des suppléments qui rendent inaccessibles l’accès à ces soins. Le matériel médical est dans un état plus que déplorable. C’est une espèce de musée de l’histoire de la médecine lorsque vous allez d’une salle à l’autre. » Quant au tout récent hôpital de Bambao, à Anjouan, si la délégation n’a pu s’y rendre, elle se base sur le témoignage de Dominique Voynet, inspectrice générale des Affaires sociales, qui y a effectué une visite il y a quelques mois : « un hôpital tout neuf construit par les Chinois, clés en main, très performant. D’après le témoignage de Dominique Voynet, qui avait été mandatée et s’y était rendue l’été dernier, cet hôpital fonctionne a minima. C’est-à-dire que certains services dans lesquels il y a un matériel extrêmement performant ne sont pas utilisables car la maintenance n’est pas prise en compte. Ensuite il n’y a pas les personnes susceptibles de pouvoir les utiliser, et il y a un racket auprès des patients qui doivent débourser des sommes ne leur permettant pas d’accéder à cet hôpital. Il faut également signaler que s’il y a de l’eau dans cet hôpital, l’accès routier est extrêmement complexe. »

Des cours pour devenir éco-responsable

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Mayotte Nature Environnement réalise plusieurs projets de sensibilisation à l’environnement et à la récupération de déchets sur le territoire. Parmi les plus probants, il y a la création d’un jardin pédagogique avec les élèves de l’école de Labattoir 7 mais aussi l’aménagement d’un terrain de football à Ongojou avec des jeunes en réinsertion. D’autres devraient suivre dans un avenir proche.

Chaque semaine, Théo, animateur Nature depuis le 1er septembre, se rend à l’école de Labattoir 7. Sur place, les élèves trépignent d’impatience à l’idée de le revoir. La raison ? Ils savent que ce jour-là, c’est un cours un peu particulier qui les attend. En effet, depuis le début de l’année, Mayotte Nature Environnement réalise un chantier grandeur nature avec les maternelles et les élémentaires de l’établissement. À savoir, la création d’un jardin pédagogique. « Non seulement, ça doit servir d’exemple mais aussi et surtout ça doit devenir un support scientifique pour les années à venir », explique le jeune homme. Au programme : la construction d’un mur végétal en bambous de sept mètres de haut sur vingt mètres de long, d’un composteur et de huit bacs d’un mètre carré en palettes pour faire pousser des plantes potagères et médicinales, fournies par le service des ressources forestières du conseil départemental. Environ treize classes d’une trentaine d’enfants prennent part à ce projet dans la cour de récréation. »Ils n’ont pas peur de braver la pluie et s’intéressent énormément au phénomène de récupération », sourit Manuella Grimault, coordinatrice au sein de la structure.

Ouvrir l’esprit de la génération future

L’objectif est d’ouvrir l’esprit de cette génération future mais aussi de l’aider à développer une conscience environnementale et collective. Et au vu de l’intérêt porté par les élèves au projet, le défi semble relevé. Au point que le lycée polyvalent de la cité du Nord, l’école Les P’tits Loups mais aussi les collèges de Chiconi et de Bandrélé viennent de faire appel à l’expertise de Mayotte Nature Environnement pour mener à bien des projets similaires jusqu’à la fin de l’année scolaire, toujours dans le but de « co-construire avec les établissements ».

En parallèle, le service de prévention spécialisée de la Croix-Rouge propose des chantiers d’insertion à des personnes en difficulté. Durant deux semaines, six jeunes âgés de 18 à 22 ans ont découvert les techniques de revalorisation des déchets. Après une séance théorique, ils ont pu mettre les mains dans le cambouis et s’atteler à la construction de bancs et de tables pour aménager le terrain de football au village d’Ongojou. « Avant, la plupart d’entre eux se levait à midi… Puis, ils ont décidé de devenir volontaires et au bout de trois jours, ils étaient déjà autonomes », se félicite Théo, fier du travail accompli et du résultat final. « C’était vraiment l’occasion de les responsabiliser et de leur prouver qu’on peut créer un mobilier sympa avec trois planches et trois clous. »  Une vraie aubaine, d’autant plus que certains n’avaient jamais utilisé d’outils de leur vie. Preuve que ce projet est un succès, deux jeunes ont pris l’initiative, au cours du dernier débriefing, de mettre sur pied un tabouret. De quoi susciter des vocations, avec l’idée de rééditer plus tard l’expérience avec un nouveau groupe. L’inauguration prévue ce vendredi a de quoi leur donner sourire et mettre en lumière leur investissement.

Les Gardiens du littoral arrêtent faute de financement

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En 2017, les Gardiens du littoral H.A.R avaient repris leur activité de pré-collecte des déchets dans des secteurs éloignés des services publics et notamment sur les hauteurs de Koungou, en novembre dernier. Des opérations – financées sur leurs propres fonds – qui n’ont pas pu être réitérées, faute de financements. L’association en appelle au soutien des collectivités locales.

 Afin de stopper le déversement de tonnes de détritus venant encombrer les mangroves, centre-ville, égouts et même lagon (a fortiori en cas de pluie) – quand ils ne sont pas enfouis par les habitants –, plusieurs associations comme Les Naturalistes, Mayotte nature environnement ou les Gardiens du littoral ont décidé de réagir. Ces derniers avaient lancé la pré-collecte des ordures ménagères dans le quartier de Kawéni en juillet 2017. L’idée : aller dans les zones inaccessibles aux services publics pour récupérer les ordures vouées à l’oubli.

Pendant près de cinq mois, cinq à six personnes ont ainsi été mobilisées sur le terrain pour un budget total estimé à 30.000 euros, puisé dans les fonds propres de l’association. Depuis le 26 novembre dernier, ils avaient repris cette activité de pré-collecte, cette fois-ci sur les hauteurs de Koungou, inaccessibles aux véhicules standards. La quantité d’ordures ménagères avoisinait alors les 93.000 kilos. « Nous avons investi près de 10.000 euros de fonds propres pour reprendre cette action quotidienne, [alors que] notre association vit uniquement de l’activité de ses bénévoles et de l’apport de ses partenaires« , explique la structure. Un travail qui a représenté plus de 1.500 heures de bénévolat.

Des actions continues de nettoyage, surveillance, sensibilisation, médiation et prévention auprès des citoyens qui n’ont pas eu l’effet escompté. Malgré l’apport évident de l’association dans le cadre d’une mission d’intérêt général et pour améliorer la protection du patrimoine naturel, celle-ci n’a reçu aucun soutien financier des institutions jusqu’à maintenant, et se voit donc dans « l’incapacité de poursuivre » son action. « Sa bonne réalisation nécessite des moyens indispensables : l’entretien et les réparations de notre véhicule 4×4, la location d’un camion, les frais de carburant, les équipements et les protections individuels, les outils de ramassage, la location d’un local, plus de personnes ou encore la restauration de nos équipes…« , assurent les Gardiens du littoral.

Vers une gouvernance partagée ?

Pourtant, ce service est un atout puisqu’il permet de diminuer considérablement les actes inciviques et les dépôts sauvages, coûteux pour la collectivité. Il offre également de nombreuses perspectives de tri et de valorisation. En outre, le projet de pré-collecte répond « pleinement » aux enjeux du Contrat de plan État-région 2015-2020 en termes de gestion et de valorisation des déchets (renforcer l’efficacité des systèmes de collecte et de traitement des déchets ménagers et assimilés en vue d’endiguer la pollution croissante liée aux flux de déchets, garantir la préservation du patrimoine naturel de l’île et s’inscrire dans une stratégie d’économie circulaire).

« Notre objectif a toujours été de parvenir à une gestion saine et durable de notre environnement et de nos espaces naturels en faveur de la valorisation du territoire de Mayotte. La propreté des espaces est également un élément important du vivre-ensemble, du bien-être collectif et de la cohésion sociale« , affirme l’association.

Bien « consciente » qu’avec l’arrêt de la pré-collecte, les « mauvaises habitudes » risquent de reprendre le dessus, l’association souhaiterait élaborer et mettre en œuvre un projet territorial en inscrivant leur engagement dans un système de gouvernance partagée et/ou un système participatif impliquant les différents partenaires.

Les habitants appelés à participer

Une proposition qui pourrait faire mouche auprès du Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam976). « Moi, personnellement, je n’ai pas de visibilité sur ce projet. Néanmoins, pour les demandes concernant les ordures ménagères, nous répondons présents, soit  financièrement, soit par l’apport du matériel et des camions. Toute initiative qui peut et pourra nettoyer le territoire mahorais est une bonne initiative« , souligne Madi Saïd, vice-président du Sidevam. Et d’ajouter qu' »il faut toutefois le faire intelligemment. L’idéal est de se mettre en collaboration avec nous et de mutualiser nos forces. J’encourage et je félicite ces initiatives mais elles ne sont pas toujours très bien organisées« .

En outre, les Gardiens du littoral appellent « chaque acteur » à contribuer à ces actions sociales et environnementales. Pour les aider, une cagnotte a donc été lancée sur Leetchi (https://www.leetchi.com/c/1-pour-lenvironnement). « Un changement est primordial pour construire ensemble des réponses adaptées aux besoins du territoire« , confirme l’association.

Plus de 600 000 euros pour 30 projets

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La résilience des entrepreneurs de Mayotte n’est plus à prouver. Malgré un climat économique durement marqué par un mouvement social d’ampleur en début d’année dernière, les chefs d’entreprise ont continué à créer, à investir, à innover. Le conseil départemental a accompagné 30 d’entre eux, pour un soutien financier total de 660.000 euros. Explications.

 Les porteurs de projets ont passé de dures sélections, mais les sourires radieux et les applaudissements au sein de l’hémicycle du conseil départemental ont dit mardi la satisfaction de voir l’économie mahoraise avancer, malgré les évidentes difficultés structurelles auxquelles s’est ajouté cette année un mouvement social paralysant. En effet, une trentaine de porteurs de projets étaient conviés hier par le Département à une cérémonie de signature des premières conventions d’attribution d’aides économiques départementales. Ainsi, plus de 662.000 euros ont-ils été octroyés à 30 entreprises, sur le million d’euros prévu par l’enveloppe initiale. Ces fonds – dédiés à l’investissement, mais également à l’accompagnement en particulier des femmes et des jeunes entrepreneurs – ont permis de créer ou de maintenir des emplois (35 emplois existants et 28 créations) dans divers domaines, notamment la santé, les services, l’hôtellerie-restauration et les loisirs. Pêle-mêle, on peut citer une maison de santé, des salons de beauté, des chambres d’hôtes et des restaurants, un  garage, des pharmacies, une boulangerie, des services de location de jet-ski, de bateau, un data center (voir encadré), etc.

Sélection naturelle

​L’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim), qui a assuré l’orientation et l’accompagnement des porteurs de projets, a reçu 360 visites en 2018, a indiqué son président Ben Issa Ousséni. Certains entrepreneurs toquaient à la porte suite au mouvement social, mais repartaient déçus, car « l’octroi de subventions de fonctionnement [par le Département] est interdit« . Et ceux dont les demandes excédaient 50.000 euros ont été redirigés vers les fonds européens. Mais nombre de porteurs de projets ont pu bénéficier d’une aide du conseil départemental – et parfois en sus de l’obtention d’autres fonds, notamment européens. La sélection s’est faite « naturellement« , a expliqué Ben Issa Ousséni : un premier écrémage du fait du caractère incomplet de certains dossiers (absence de bilans validés par un expert-comptable, de cotisations à jour, etc.) ; un second lors de la défense de la viabilité du projet économique devant un jury composé de l’Adim, du Département et de la CCI. Mais « toutes les personnes qui ont passé ces sélections » avec succès se sont vues attribuer des aides allant de 3.000 à 50.000 euros. Cette « sélection naturelle » explique que l’ensemble des fonds n’aient pas été intégralement consommé. Le solde du million prévu – près de 340.000 euros, donc – a été reversé au budget général du conseil départemental. L’année prochaine, l’opération sera renouvelée. Et si une sélection plus dure doit s’opérer, des secteurs prioritaires seront définis. Le président de l’Adim suppose que le nombre de demandes ne peut qu’augmenter « car les entreprises ont compris qu’on les aidait« .

« Incompréhensible » évasion à Majicavo

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Jeudi, en milieu d’après-midi, un détenu d’une trentaine d’années, incarcéré pour des délits mineurs, est parvenu à s’évader alors qu’il effectuait un travail de ménage en extérieur. Il ne lui restait que quelques mois de détention à purger.

« Nous n’arrivons pas trop à comprendre. Il a dû avoir un flash, un déclic sur le moment, et regrette probablement son geste aujourd’hui », analyse le chef d’escadron François Bisquert, commandant de la gendarmerie de Mayotte. Jeudi, aux alentours de 15h30, un détenu de 27 ans incarcéré au centre pénitentiaire de Majicavo s’est échappé alors qu’il effectuait des travaux de ménage. Sorti quelques minutes avec un surveillant aux abords extérieurs de l’enceinte de la prison pour vider des poubelles, il aurait, selon toute vraisemblance, profité d’un moment d’inattention de l’agent pénitentiaire pour prendre la fuite en courant. L’alerte a immédiatement été donnée, et les différents « plans de recherche » de la gendarmerie (avis de recherche avec descriptif physique et habillement, passage en revue de l’entourage et des anciens domiciles connus…) ont été activés pour retrouver sa trace. Des patrouilles piétonnes, des contrôles routiers et une section aérienne ont été déployés et un dispositif d’une quinzaine de personnes – le détachement spécial d’intervention (DSI) des gendarmes mobiles de Koungou – a été mobilisé jusqu’en début de soirée pour retrouver le fugitif. Pour l’heure, les recherches n’ont rien donné.

Trois ans de prison supplémentaires encourus

L’homme, qui purgeait une « petite peine » à Majicavo, était notamment connu de la justice pour des vols avec effraction. S’étant « relativement bien comporté » depuis le début de son incarcération, il n’avait plus que « trois ou quatre mois » de détention à effectuer. D’où l’étonnement des forces de l’ordre. C’est d’ailleurs précisément en raison de son bon comportement et au regard de sa faible dangerosité que l’administration pénitentiaire avait accepté de lui confier le travail en extérieur qui lui a finalement fourni l’occasion de s’échapper. Sa cavale risque cependant d’alourdir considérablement sa note, si le détenu est repris. En effet, pour le délit d’évasion « simple » – commis sans violence, effraction ou corruption – il encourt désormais une peine de trois ans de prison et 45.000 euros d’amende (article 434-27 du code pénal). Bien plus donc que les quelques mois qu’il lui restait à purger. En outre, « il s’agit d’un Français, pas d’un ESI [Étranger en situation irrégulière ndlr] », précise le chef d’escadron Bisquert. Dès lors, il ne pourra pas voyager aussi facilement qu’un M’déré* s’il souhaite aller se cacher dans les îles voisines. Inscrit au Fichier des Personnes Recherchées (FPR), toute tentative de quitter Mayotte par les voies normales et légales lui est par ailleurs impossible.

*L’Anjouanais Abderemane Nassur, dit M’déré, a été appréhendé en décembre dernier à l’issue d’une cavale de deux ans au cours de laquelle il avait effectué plusieurs allers-retours entre Mayotte et Anjouan.

Un nouveau bâtiment à 12 millions d’euros

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Après des années de location, le Conseil départemental va acquérir un nouveau bâtiment dans le 16ème arrondissement de Paris pour la Délégation de Mayotte. Un achat sur les fonds propres de la collectivité qui a vocation à devenir une adresse prisée pour l’ensemble des acteurs mahorais mais aussi pour ceux qui s’intéressent à l’île aux parfums.

La Délégation de Mayotte à Paris devrait, sauf grand retournement de situation, acquérir un ancien hôtel particulier, établi sur trois étages, du 16ème arrondissement pour y installer son quartier général. Soihabadine Ibrahim Ramadani, le président du conseil départemental, réunit les élus lundi 4 février pour sa validation en commission permanente. Le montant de la transaction du bien immobilier s’élèverait à 10.9 millions d’euros, auquel il faudrait ajouter 752.300 euros de frais de notaires, 327.000 euros d’honoraires de commercialisation et environ 60.000 euros de travaux d’aménagement. En cas d’avis favorable, la promesse de vente pourrait être actée mi-février, suivie le mois suivant par l’acte de vente. L’institution pourrait alors y emménager pour le début de l’été et prévoir une inauguration pour la rentrée de 2019.

Des loyers pouvant grimper jusqu’à 140.000 euros par an

Si le montant peut paraître exorbitant pour un bâtiment situé à huit mille kilomètres de l’île aux parfums, « cette acquisition rentre dans la logique de la mise en œuvre du plan de la mandature 2015-2021 [du Département] qui consiste à devenir propriétaire », confie Mohamed Zoubert, délégué de Mayotte à Paris. En effet, les locations successives des trois dernières décennies représentent un coût non négligeable. « Entre 2003 et 2013, nous avions un loyer annuel d’environ 140.000 euros pour un local sur l’avenue de l’Opéra. Depuis, nous avons déménagé rue d’Hauteville contre 90.000 euros. » Ces chiffres peuvent bien évidemment faire tourner la tête… Toutefois, les finances de la collectivité semblent loin d’être dans le rouge, à en croire ses propos : « les heures sombres sont derrières nous ! »

Une vitrine pour Mayotte

La bâtisse de 689 mètres carrés doit permettre d’offrir une plateforme unique à l’ensemble des acteurs mahorais qui se déplacent à Paris, comme les entreprises, les associations, les établissements publics ou encore les collectivités territoriales… « L’idée est de faire du lobbying, d’être présent sur tous les dossiers et de séduire des investisseurs mais aussi des ingénieurs et des médecins mahorais exerçant en métropole », explique Mohamed Zoubert. Dans ce sens, des conférences, des expositions et des rencontres pourraient y être organisées dans l’espoir de contribuer toujours davantage à l’amélioration de l’image et du territoire de Mayotte. Le Département pourrait également décider d’y créer une pépinière d’entreprises à destination des étudiants exilés, souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat. Une vingtaine d’agents de la Délégation de Mayotte à Paris intégrerait cette nouvelle vitrine, dont les missions tourneraient autour de l’Europe, l’économie, le social, l’insertion et la formation.

Encadré : Qu’est-ce que la Délégation de Mayotte à Paris ?

Depuis 1989, le Conseil départemental dispose d’une représentation à Paris. La Délégation de Mayotte, un service créé en 2003 et rattaché à l’administration générale, a repris, en partie, les activités de l’ancienne Maison de Mayotte à Paris, une association loi 1901, qui assurait une mission de service public dans les domaines scolaire, universitaire, sanitaire et social, en faveur des Mahorais qui vivaient en France hexagonale ou qui y étaient de passage. Cette évolution résulte de la mutation institutionnelle, en d’autres termes de la décentralisation de 2004, et des défis socio-économiques à relever pour le 101ème département.

Pesticide: un taux 17 fois supérieur à la norme

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 Par quelques communiqués de presse rapprochés dans le temps, la préfecture a remis au goût du jour la problématique de la contamination de certaines tomates produites à Mayotte au dimethoate, un pesticide interdit en France. À tel point qu’elles ont presque disparu des étals.

 Dans l’affaire des tomates mahoraises dont certaines sont contaminées au dimethoate, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que le taux de contamination à cet insecticide a diminué depuis 2017, date des premières analyses poussées menées par la Direction de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (Daaf) à Mayotte sur les tomates produites localement. La mauvaise, c’est que ce taux reste 17 fois supérieur à la norme autorisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – contre 27 fois en 2017. Et que le volume de tomates contaminées sur le territoire reste inconnu des autorités.

Interdit en France depuis avril 2016, le dimethoate est toutefois autorisé dans d’autres pays de la zone océan Indien, tels que les Comores et Madagascar. On peut ainsi supposer que le produit pulvérisé sur les tomates de Mayotte proviendrait par des voies illégales de contrées voisines. Cet insecticide, créé en 1948, est un « puissant toxique du système nerveux, agissant par l’intermédiaire de son passage aisé de la barrière cutanée et des muqueuses respiratoires« , indique l’Agence régionale de santé soulignant que l’arrêté pris le 15 janvier dernier par la préfecture de Mayotte était « [justifié]« . Cet arrêté met sous surveillance renforcée la commercialisation des tomates dans le département et ce, pour 150 jours. Durant cette période, les contrôles sont intensifiés et « quiconque propose des tomates à la vente doit pouvoir justifier de l’origine et de la provenance du lot par une facture d’achat, un bon de livraison ou tout document permettant d’identifier la provenance » des fruits, prévient la préfecture. Depuis la prise de cet arrêté, plus de 200 kilos de tomates ont été saisis puis détruits et des amendes de 450 euros pour défaut de traçabilité ont également été dressées à l’encontre de certains vendeurs qui peuvent, dans certains cas, être convoqués à la Direction du Travail (Dieccte).

Tomates orphelines

 Ainsi les contrôles se multiplient-ils comme ce lundi matin au marché couvert de Mamoudzou, alors que la plupart des tomates ont mystérieusement disparu des étals. Dans le calme, les agents de la Dieccte fouillent méticuleusement chaque carton, soulèvent fruits et légumes, demandent aux propriétaires des stands de se manifester. Seul un étal sans propriétaire propose encore des tomates. Lorsque la vendeuse à qui appartient la patente arrive au marché, interrogée par les agents de la Dieccte, elle s’insurge : « Ce ne sont pas mes tomates, on les a mises chez moi mais ce ne sont pas les miennes« .

En tout cas, aucun document officiel pour ces tomates orphelines, qui sont saisies, comme celles retrouvées derrière un étal dans un immense sachet plastique (voir photo). Cette quinzaine de kilos de produits non identifiés sera confisquée par la Dieccte ce matin-là, pour destruction. « Il ne s’agit pas d’interdire la vente mais de pouvoir savoir d’où viennent les tomates« , explique David Touzel, de la Direction du Travail. Or, déplore le fonctionnaire, aucun des marchands de fruits et légumes contrôlés la semaine dernière n’a été en mesure de lui fournir des documents attestant de la provenance des produits vendus.

L’omerta sur la provenance des produits

Un problème de traçabilité davantage prégnant lorsqu’il s’agit des vendeurs de bords de routes, particulièrement visés par les mesures en cours. En effet, la préfecture a noté que toutes les tomates testées par la Daaf avaient été traitées au dimethoate, hormis celles du marché de Mamoudzou, des coopératives agricoles et des supermarchés. Or, dans le cas des vendeurs de bords de routes, l’affaire se complique. Tout d’abord, « la personne qui a la patente (lorsque celle-ci existe, ndlr) n’est pas forcément celle qui exerce » et il n’est pas certain « que les produits vendus [soient] bien ceux qui doivent être vendus« , explique le directeur de cabinet du préfet. En outre, beaucoup de ces vendeurs « sont en situation irrégulière sur le territoire« , renchérit David Touzel, de la Direction du Travail, et s’approvisionnent via des réseaux informels. « Quand on leur demande, [les vendeurs] ne veulent pas nous dire d’où proviennent les tomates« , confie un agent de la Dieccte. Il appartient aux communes, via la police des marchés, de veiller à ce que la réglementation en matière de commerce de bord de routes soit respectée (autorisation de vente, redevance, etc.). Cependant, sur des enjeux de santé publique, l’État peut reprendre la main et mettre en place des contrôles spécifiques, comme c’est l’objet de l’arrêté récemment pris.

La préfecture incite en parallèle les consommateurs à la plus grande vigilance lorsqu’ils achètent leurs tomates car une « situation de danger pour la santé » existe. « La qualité a un coût, sans doute« , avertit le directeur de cabinet du préfet qui met en garde contre des tomates peu chères et qui seraient vendues dans des conditions ne permettant d’établir la traçabilité des fruits.

Des blocages pour exiger un abri de bus

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Ce mardi matin, plusieurs points stratégiques de l’île ont connu des blocages en raison de barrages érigés par des jeunes, qui réclament des abris de bus pour se protéger de la pluie. Les gendarmes ont utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser les foules et rétablir la circulation en direction de Mamoudzou. Le mobilier urbain a subi de nombreux dégâts et quelques blessés sont à déplorer.

Un épais écran de fumée noire s’échappe dans le ciel. Le pont reliant Tsoundzou I et II est inaccessible. Jonché sur le sol, un arbre empêche toute forme de circulation en direction de Mamoudzou et impose à une ribambelle de véhicules de stationner sur le bas-côté. Tout commence à 4h du matin au rond-point de Tsararano lorsqu’une poignée de lycéens décide d’ériger un barrage aux abords de leur établissement. Leur revendication : la construction immédiate d’un abri de bus pour se protéger en temps de pluie. « Certaines mamans ont aussi rejoint ce groupe pour politiser les manifestations », confie Ambdi Jouwaou, le maire de Dembéni, qui a répondu favorablement à l’entrevue exigée par les jeunes. Le mouvement prend rapidement de l’ampleur et se déplace jusqu’à Passamaïnty. Un blocage se forme à l’aide de matériaux de chantier et empêche l’entrée et la sortie dans la commune. « Je suis coincé depuis deux heures… Pour aujourd’hui, se rendre au boulot semble compromis », explique un conducteur lucide vers 8h. Dans un lotissement SIM, le gardien convie même les habitants à ne pas s’aventurer à l’extérieur pour éviter une déconvenue.

Grenades lacrymogènes et caillassages

Les affrontements entre la jeunesse et les forces de l’ordre se durcissent au fil des minutes. Soixante-dix militaires et cinquante policiers se prêtent main forte. Une pluie de grenades lacrymogènes s’abat pour répondre aux divers caillassages. L’air devient alors irrespirable et les yeux se mettent à piquer. La panique gagne du terrain et les déplacements se multiplient dans tous les sens. Aux alentours de 9h, la gendarmerie décide d’envoyer deux pelotons lourdement équipés pour reprendre le contrôle de la situation. Sur Tsoundzou I, du matériel urbain est détérioré. Éparpillés en nombre sur la route principale, les pavés obligent les automobilistes à manœuvrer avec précision. Un peu plus loin, deux poubelles, en combustion quelques secondes auparavant, laissent une empreinte sur le sol.

Peu avant midi, le calme revient après plusieurs heures de chaos sur la circonscription de Mamoudzou, mais « des actions éparses d’harcèlement se déroulent toujours sur la RN2 à Tsararano pour nous faire courir », souligne le colonel Leclercq. Les dégâts matériels sont nombreux, comme en témoignent les stigmates visibles sur la route. Du côté des effectifs, sept policiers ont été blessés dans le feu de l’action et un gendarme a été évacué vers le centre hospitalier de Mayotte. « Il n’y a pas eu d’interpellations, car le but était de rétablir la circulation », détaille le commandant Cosseron. « L’enquête est en cours pour identifier les meneurs. »

Mayotte en passe de devenir un département-région

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Le sénateur et vice-président du Sénat, Thani Mohamed Soilihi, présentait mardi ses travaux sur l’évolution institutionnelle du département de Mayotte dans l’hémicycle Younoussa Bamana au conseil départemental. Il souhaite ériger Mayotte en département-région ce qui instaurerait notamment un scrutin de liste à deux tours et un haut conseil cadial.

 « 1 département + 1 région = 1 collectivité unique qui s’engage à vos côtés« . Une volonté souhaitée par le sénateur Thani Mohamed Soilihi et sa proposition de loi ordinaire relative au département-région de Mayotte déposée le 21 janvier dernier au Sénat. « Je suis fier de ce moment qui marque un travail commun réussi. Notre collectivité a besoin d’une évolution institutionnelle et il me semble que cela doit passer par la transformation de Mayotte en département-région« , a-t-il expliqué. Selon lui, cette loi pourrait aider les collectivités à relever les difficultés particulières que rencontre le département du fait de sa situation géographique, de ses problèmes économiques et sociaux et de la saturation de ses services publics grâce notamment à des dotations bien plus élevées qu’actuellement. « Pour le moment, Mayotte montre ses limites. Nous sommes une des régions les plus arriérées d’Europe. Si nous passons en département-région, il sera possible pour le territoire de se développer de manière conséquente« , a souligné Soibahadine Ibrahim Ramadani, président du conseil départemental.

Pour le sénateur, il s’agit donc d’ériger Mayotte en département-région afin de répondre à la « situation paradoxale » pointée du doigt par les acteurs locaux. En effet, Mayotte est une collectivité unique exerçant des compétences à la fois départementales et régionales. Or, le territoire ne reçoit pas toutes les dotations qu’il devrait en tant que région. « Clarifier la situation de chaque institution est primordial« , a affirmé le président du Département. Pour ce faire, le département-région succéderait au département pour pouvoir exercer les compétences attribuées à un département d’outre-mer et à une région d’outre-mer, tout en demeurant une collectivité territoriale.

Une « assemblée de Mayotte« 

Un changement de statut du territoire qui pourrait également se concrétiser par le changement du mode de scrutin. Mayotte se rapprocherait alors de la situation institutionnelle de la Guyane et de la Martinique, mais aussi de celle de la Corse.  En effet, cette évolution induirait la fin du mode de scrutin caractéristique des départements – le scrutin binominal paritaire à deux tours dans 13 cantons – et instaurerait un scrutin de liste à deux tours, avec une représentation proportionnelle, et une prime pour la liste arrivée en tête dans une circonscription unique divisée en 13 sections. Le département-région s’administrerait par un conseil élu de 51 membres, soit quatre élus par canton*, réunis en « assemblée de Mayotte » afin d’élire l’exécutif de la collectivité. L’assemblée serait assistée d’un « conseil économique, social, environnemental de la culture et de l’éducation« .

« Pour tenir compte des spécificités de Mayotte, la collectivité serait dotée d’autres organes« , a annoncé Thani Mohamed Soilihi dans l’exposé des motifs de sa proposition de loi. Il espère principalement la constitution d’un « Haut conseil cadial » qui aurait une mission générale de médiation dans les affaires sociales de la vie mahoraise. « L’islam est consubstantiel à la culture de Mayotte. Nous souhaitons le mettre dans le marbre. C’est une instance représentative au-delà du territoire« , a confirmé Soibahadine Ibrahim Ramadani.

« Clarifier la situation du port« 

 En outre, compte tenu de l’importance « particulière » du port de Longoni et des enjeux du développement économique et de l’aménagement du territoire de l’île, il serait institué un établissement public de l’État, appelé « grand port maritime de Mayotte« . Le sénateur veut également constituer un établissement public d’organisation et de gestion du transport des personnes et des marchandises entre la Grande-Terre et la Petite-Terre. « Il n’y a pas encore d’échéance prévue pour le port. Les choses sont problématiques au port. Tout d’abord, nous aimerions engager des discussions avec chacun des acteurs présents au port« , a déclaré le parlementaire.

Quant aux finances, leur régime serait aussi largement calqué sur celui des collectivités comparables. Toutefois, Thani Mohamed Soilihi sollicite l’État afin qu’il verse une dotation globale exceptionnelle dite « de rattrapage » de 90 millions d’euros par an. En 2017, le département avait reçu 800.000 euros de dotation. « C’était un début mais l’État doit prendre conscience que nous devons évoluer« , a soutenu le sénateur de Mayotte.

Enfin, le président du conseil départemental a rappelé que l’État exercerait les compétences en matière de routes nationales et de construction des collèges et lycées. L’entrée en vigueur de cette loi est prévue à compter de la première réunion de l’assemblée de Mayotte suivant sa première élection en mars 2021.

*Sauf Passamaïnty qui n’aurait que 3 élus.

Le numérique au service de la pédagogie

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Le vice-rectorat de Mayotte a fait le choix de mettre l’accent sur le développement du numérique éducatif dans le premier et le second degré. Lundi, le service de l’État et le GEMTIC ont donc signé une convention de partenariat à la CCI de Mamoudzou. Une première action sera menée du 15 au 19 avril prochains avec « la semaine du numérique« .

« C’est un cheval de bataille pour le gouvernement« , a assuré Stephan Martens, vice-recteur de Mayotte lors de la signature d’un partenariat, lundi, avec le président du Groupement des entreprises Mahoraises des technologies de l’information et de la communication (GEMTIC), Feyçoil Mouhoussoune, à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte. Depuis quelques années, différents plans numériques ont été élaborés pour permettre de développer l’informatique dans les établissements scolaires. Ce partenariat est la « continuité » du travail déjà réalisé. « Il est important que les jeunes Mahorais s’approprient le numérique pour qu’ils puissent plus facilement s’ouvrir à l’environnement régional mais aussi mondial« , a expliqué le vice-recteur.

Selon lui, le numérique est un levier permettant de réduire les inégalités entre les élèves, faciliter leur insertion ou encore modifier les pratiques pédagogiques et répondre aux différents défis du territoire. En effet, à Mayotte, le débit internet reste trop faible pour subvenir aux besoins administratifs et pédagogiques liés à l’utilisation du numérique. De plus, les équipements numériques, en dehors des ordinateurs, sont encore trop peu répandus dans les établissements. Enfin, les ressources humaines sont insuffisantes puisque, encore aujourd’hui, les enseignants titulaires et les formateurs ne sont pas encore habitués aux divers usages du numérique éducatif. Mais le vice-recteur a annoncé que « d’ici 2020« , les enseignants pourront passer un CAPES informatique*.

Outre cette nouvelle formation à destination des enseignants, une action autour du numérique aura lieu du 15 au 19 avril prochains dans les locaux de la MJC de Kawéni – dotée du haut débit – pour promouvoir les nouvelles pratiques pédagogiques mais également de nouveaux métiers porteurs d’emploi. « Rassembler les jeunes sur des réflexions liées à des problématiques concrètes, c’est le but de cette semaine. Les jeunes doivent avancer avec l’informatique, c’est notre époque« , a affirmé Stephan Martens. Plusieurs partenaires sont déjà connus comme STOI, la ville de Mamoudzou ou encore Orange.

Lors de cette semaine, des formations pédagogiques et des présentations des entreprises du numérique seront au programme pour démontrer aux jeunes que les métiers du numérique ne sont pas « uniquement » réservés à une élite ou à certains domaines de compétences. « Nous avons beaucoup de mal à recruter sur le territoire. Il faut leur faire prendre conscience de leurs compétences en la matière et qu’il y a du travail pour eux« , a confirmé Feyçoil Mouhoussoune.

Deux concours pour les élèves seront également organisés avec la « Webcup junior » pour « susciter des vocations » et « détecter de futurs talents » grâce à la promotion et à l’initiation aux langages de programmation. En équipe, les lycéens devront réaliser une page Internet sur un thème donné, en moins de 5h. Le second s’inscrit dans le projet « Robocup junior national et international ». L’ambition est de réaliser et programmer –  collectivement ou individuellement – des robots. « Les jeunes ont plus de bagages numériques que nous les adultes, il faut donc s’en servir. Nous avons espoir d’aller à la finale à Bordeaux début juin. Si nous n’y arrivons pas, notre grand objectif est la compétition internationale en 2020. Actuellement, il nous manque encore les financements« , a souligné une des organisatrices de la semaine du numérique. Un appel du pied qui n’a pas échappé au vice-recteur. « Nous ferons notre possible pour y contribuer ».

Stephan Martens, vice-recteur de Mayotte, et Feyçoil Mouhoussoune président du GEMTIC ont signé lundi une convention de partenariat afin de développer le numérique notamment auprès des jeunes.

* Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré.

 

Le « Défi Jeunes » contre l’isolement social et professionnel

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Le dispositif inédit lancé par le centre communal d’action sociale (CCAS) de Mamoudzou et l’association Messo débute ce lundi. Quinze jeunes de 16 à 25, en décrochage scolaire et professionnel vont ainsi suivre plusieurs mois de formation et d’accompagnement en faveur de leur réinsertion.

En 2017, quelque 65 % des jeunes mahorais n’avait obtenu aucun diplôme qualifiant, selon des chiffres de l’Insee. Un problème d’autant plus important que sur l’île aux parfums, la moitié de la population est âgée de moins de 17 ans et demi. Pour endiguer le phénomène, le centre communal d’action social (CCAS) de Mamoudzou lance ce lundi son dispositif inédit “Défi Jeunes”, cofinancé par la politique de la Ville.

 Cette formation de quatre mois vise à accompagner 15 jeunes de 16 à 25 ans, en marge du système éducatif, du marché du travail et plus largement, de la vie sociale. En somme, « rendre ces jeunes employables et leur redonner confiance par l’intégration« , résume Mohamed Moindjie, deuxième adjoint au maire chargé de l’aménagement du territoire, logement et déplacement et vice-président du CCAS. Au programme : des ateliers de travail sur la réalisation d’un CV, sur les addictions, des exercices de communication et la découverte des secteurs qui recrutent localement, comme la sécurité et le social. Autant d’étapes qui doivent leur permettre, à terme, de trouver un stage, une formation ou peut-être même un emploi.

 « Le mot défi prend tout son sens, et à Mayotte, où beaucoup de jeunes ne sont inscrits ni à Pôle Emploi, ni à la Mission locale, cela répond à des besoins énormes« , défend Nawal Issoufa Jimitri, directrice de l’association Messo, engagée dans l’insertion des jeunes par le travail, et partenaire du projet. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire d’être déjà enregistré comme demandeur d’emploi pour rejoindre le Défi Jeunes. Seules conditions, au-delà de l’âge : habiter sur l’une des communes de Mamoudzou et être dans une situation administrative « bien claire« , insiste Anziza Daoud, directrice du CCAS de Mamoudzou. Autrement dit, pouvoir présenter des papiers d’identité en règle.

Des places encore disponibles

Mais, sans grands contacts avec l’extérieur, les jeunes en décrochage et très marginalisés, demeurent méfiants quant aux administrations. Résultat : le CCAS et Messo n’ont pas encore identifié les quinze candidats. Alors, pendant les trois prochaines semaines, toutes personnes correspondant au profil recherché peut se présenter à l’hôtel de ville de Mamoudzou ou dans les locaux de l’association à M’tsapéré pour intégrer le Défi Jeunes. Il est également possible de s’inscrire par téléphone auprès de la mairie au 02.69.63.91.00, en demandant le service du CCAS, ou auprès de Messo au 02.69.62.18.23.

« C’est une chance qu’on vous donne, une main qu’on vous tend« , répètent de concert les directrices dont les structures ont envoyé des agents directement sur le terrain à la recherche de jeunes vulnérables. Parmi ceux qu’ils ont rencontrés, Mahmoud, habitant à Cavani. « Rester dehors sans rien faire, c’est trop difficile« , articule-t-il timidement en alternant shimaoré et français. « Beaucoup de jeunes devraient s’inscrire [au dispositif], c’est bénéfique pour eux« . Si cette première édition se révèle efficace, le Défi Jeunes pourrait bien être reconduit les années suivantes, doté d’une plus grande capacité d’accueil.

 

 

Eau et assainissement

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Vendredi, le président du syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte, Moussa Mouhamadi, a adressé ses vœux à la population pour l’année 2019. Il en a profité pour rappeler son implication pour améliorer le cadre de vie des Mahorais et préserver l’environnement. De nombreux projets vont notamment voir le jour dans le cadre du contrat de progrès, estimée à 141 millions d’euros.

Après le plan « Urgence eau » de 2017 et la crise sociale de 2018, le président du SIEAM, Moussa Mouhamadi, n’espère plus suer autant à grosses gouttes. Et c’est avec une bonne nouvelle qu’il s’est présenté sur l’estrade à l’occasion des vœux. En effet, la réflexion menée sur la nouvelle programmation « eau et assainissement » a abouti à la signature du contrat de progrès en juillet dernier. Celui-ci « ne porte pas que sur l’eau, mais fixe également la ligne à tenir pour le développement de l’assainissement de Mayotte ». Si l’énumération des projets est toujours appréciable, l’annonce des chiffres est plus croustillante. « Nous avons entre les mains un outil-clé qui garantit le financement des opérations prioritaires, estimé à environ 141 millions d’euros d’ici 2020. 73,5 millions pour le volet assainissement et 67,5 millions d’euros pour l’eau potable, avec une part SIEAM de 35 millions d’euros au total. »

 Des projets à la pelle pour l’eau potable

 Cette année semble donc être celle de la réalisation des projets ambitieux. Entre autres, l’optimisation des moyens techniques, l’amélioration du rendement du réseau de distribution ou encore son extension. Sans oublier la création de nouveaux forages pour mener à bien le dossier du barrage de l’Ourovéni. Concernant les ressources existantes, plusieurs missions attendent toute l’équipe du SIEAM, comme par exemple la protection des points de captage, la poursuite de la réhabilitation d’anciens forages et la mise en service complète de la nouvelle usine de dessalement de Petite -Terre, mais aussi la mise à niveau des ouvrages de stockage de l’eau (remplies par les eaux de surface et les eaux de ruissellement), des unités de potabilisation et des réservoirs.

Une DSP pour l’assainissement

Le SIEAM n’en oublie pas pour autant l’assainissement et compte bien procéder à l’augmentation des branchements et l’amélioration du fonctionnement des mini-stations d’épuration situées en zones rurales et de la gestion des boues. Toutefois, le lancement d’un grand nombre d’ouvrages supplémentaires, à Mamoudzou Sud, Koungou, Petite – Terre, Tsingoni ou encore Bouéni, pousse le syndicat à confier à un tiers le service public de l’assainissement. « Les démarches tendant à externaliser la gestion des eaux usées de Mayotte vont aboutir très prochainement à une délégation de service public qui devra permettre d’atteindre un meilleur rendement avec des coûts maîtrisés », dévoile Moussa Mouhamadi. 

Grève des profs: « le rectorat est en train de couler »

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Entre la suppression de plusieurs indemnités, la hausse des contractuels, les enseignants du secondaire sont montés au créneau hier dans les rues de Mamoudzou. Ils dénoncent un manque d’implication de la part du vice-rectorat et une précarisation croissante de leur profession.

 Ils étaient entre 150 et 200 enseignants du secondaire, titulaires ou non, à défiler dans les rues du centre de Mamoudzou jeudi matin. En cause : l’appel lancé par la quasi-totalité des syndicats de l’Éducation nationale à Mayotte, contre la perte d’attractivité de l’Académie et la précarisation de ses professeurs. Des revendications propres à l’île, alors qu’un mouvement similaire se jouait à l’échelle nationale. « Depuis 2013, les conditions de séjour ne sont plus assez intéressantes« , martèle fermement Patrick Fornecker, secrétaire général adjoint du Syndicat national des enseignants du second degré (Snes).

Depuis plusieurs mois, de nouveaux problèmes s’ajoutent à une situation déjà jugée critique par le corps enseignant. « Contrairement à ce qui a été prévu, les gens arrivés en 2011 ou 2013 ne touchent pas d’indemnité d’éloignement et les néo-titulaires n’ont pas droit à l’indemnité de sujétion géographique alors qu’ils y avaient droit l’année dernière« , développe le représentant syndical. « À cela s’ajoute le fait qu’on refuse le recalcul de l’indemnité de logement, et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! »

 Vers un mépris de la profession ?

Si les représentants syndicaux ont pu s’entretenir pendant une heure avec le secrétaire général et le chef de cabinet du vice-rectorat – le vice-recteur étant en déplacement en dehors de Mayotte –, l’échange n’a pas été à la hauteur de leurs attentes. « Ils nous ont dit qu’au ministère, on considère que tant que le système fonctionne (même mal) il n’y a pas de problème« , décrit Patrick Fornecker, enseignant à Mayotte depuis 15 ans. « Le rectorat nous répète qu’il n’a pas la main sur ces décisions. Nous devons donc faire une croix sur un système éducatif de qualité… » Résultat, selon le Snes, l’Académie se rapproche dangereusement des 60 à 70 % d’emplois contractuels, les plus précaires. Selon le syndicaliste, cette évolution démontre ni plus ni moins que « le rectorat est en train de couler ».

Si une grève nationale est déjà annoncée pour le 5 février, l’intersyndicale de Mayotte s’interroge encore sur la forme que devra prendre le mouvement à l’échelle locale. « Au-delà des grèves, il y aura sûrement d’autres moyens d’action« , avance le secrétaire adjoint du Snes. Parmi les moyens de pression envisagés, le recours en justice devant le tribunal administratif sur des dossiers comme les néo-titulaires ou le logement, comme cela s’est déjà pratiqué en Guyane. Quoi qu’il en soit, « Il n’y a, je crois, pratiquement pas un seul collègue qui n’est pas en train de défendre l’institution« , conclue Patrick Fornecker.

 

Le désarroi de nos anciens

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À toute société ses anciens, mais à Mayotte les cocos et bacocos ont une importance toute particulière. Traditionnellement, ils sont ceux qui doivent être écoutés, respectés, mais aussi protégés, préservés. Le lien intergénérationnel est un des piliers de la société. Et c’est là que le bât commence à blesser. Car tout développement d’une société induit un changement, et dans le département le plus jeune de France, les choyés d’hier risquent de devenir les oubliés de demain.

Elle a 80 ans, bien que son visage ne le laisse aucunement présager. Dans le hall de sa maison de Pamandzi, à laquelle on accède par un étroit corridor menant au fond d’une cour, Mkaya – Fatima Silahi de son vrai nom – tricote. Une activité bien peu commune à Mayotte, mais pour laquelle elle a une appétence toute particulière. Sous ses doigts encore agiles malgré l’âge, les fils rouges, bleus, ou blancs deviennent des sacs et des chapeaux qu’elle vend. Une occupation bienvenue dans des journées souvent trop longues. Des enfants qui travaillent et des difficultés pour se déplacer : l’univers de Mkaya se résume à son domicile. Un quotidien moralement difficile, comme elle l’explique : « C’est dur de ne pas être accompagnée. À plusieurs, on trouve des solutions aux problèmes qui se posent. Mais seule, comment faire ? » À côté d’elle, Faharidhine Zadi et Anima Abdou Razakou. Les deux animatrices de la mairie de Pamandzi sont mises à disposition de l’association Maison familles et services. L’objectif de l’organisme ? Rendre visite aux séniors, les suivre, faire travailler leur motricité, mais aussi déceler d’éventuelles situations à risque. La problématique de l’isolement des anciens à Mayotte, elles la connaissent donc bien pour y être chaque jour confrontées. « La solitude leur pèse, confirmentelles. Ils aimeraient être accompagnés en permanence. Le fait d’être en groupe leur manque, les échanges avec d’autres leur manquent aussi. » Une visite presque quotidienne de l’association, qui revêt des allures de nécessité. « Nous avons un rôle de confidente », reprennent les deux jeunes femmes avant de poursuivre : « Faute de pouvoir parler à quelqu’un, ces personnes se confient à nous, et nous disent des choses qui nous travaillent parfois. En tout cas, il est certain qu’elles nous laissent difficilement partir quand nous devons y aller », lâchent-elles dans un sourire. La situation de Mkaya est représentative de nombre d’autres sur le territoire. Dans le département le plus jeune de France, où les personnes de plus de 60 ans ne représentent – pour le moment – que 4 % de la population, selon les chiffres du recensement de 2012, les anciens semblent oubliés. Traditionnellement, ces derniers sont pourtant au centre des attentions d’une société qui se prévaut de s’occuper de ses aïeuls. Oui, mais voilà :  le développement « aidant », les traditions changent et le soutien familial d’hier doit s’adapter aux contraintes de l’époque.

Ce changement de société, Inoussa El Fat y assiste depuis 10 ans. Travailleur social et directeur d’une toute nouvelle structure à Bandrélé – 976 Allo Saad, qui œuvre dans les prestations à domicile à destination notamment des personnes âgées –, il a vu la société mahoraise changer. « Les gens ont désormais moins le temps de s’occuper de leurs parents et grands-parents. Il y a le travail tout d’abord, mais parfois aussi des départs de l’île. Des familles s’en vont pour chercher un meilleur confort de vie ailleurs, et leurs anciens, eux, restent ici. Parfois, ils n’ont plus personne, à part des voisins », souligne-t-il. Un phénomène « longtemps resté moins visible » et qui s’est accéléré en suivant les évolutions d’une société en plein bouleversement. Au final : une problématique apparue soudainement et qu’il faut désormais prendre à bras le corps. Problème : nul ne sait précisément quels sont les besoins, aucun recensement des séniors en situation d’isolement, et plus largement de leurs besoins, n’ayant encore été fait : « On ne sait pas combien ils sont », s’accordent les différentes associations. « Les séniors ne se sentent pas respectés » C’est un « paradoxe » remarque Soyfoudine Abdou Razak, directeur de l’association Maison Familles services. « Le changement de société, nos anciens s’y attendaient », explique-t-il en regrettant que rien n’ait permis d’assurer une transition souple.

Son constat ? « Ils sont tristes que le droit commun ne s’applique pas encore comme ailleurs, et ne leur permette pas de rompre l’isolement. Ils voient les jeunes flamber, les gens rouler en 4×4, et eux être exclus. Les personnes âgées ne se sentent pas respectées, alors qu’elles ont fait beaucoup pour cette île, pour son combat. Elles ont fait le travail, mais n’en bénéficient pas. » En cause : « le manque de prise en charge et d’accès à leurs droits », devenus aujourd’hui indispensables, car « les familles pensent parfois s’occuper de leurs personnes âgées, mais ce n’est pas le cas. Il ne suffit pas de les garder à domicile, il faut aussi les occuper, s’assurer que tout aille bien, les soigner dans certains cas, surveiller leur alimentation.

  » Un manque de prise en charge ? « Oui », affirme le directeur de l’organisme qui accuse : « En France, il y a des statuts, des droits, et des techniques de prise en charge pour les personnes âgées. Tout cela n’est soit pas mis en place à Mayotte, soit trop mal connu pour qu’ils en bénéficient. Nos vieux souffrent de maltraitance institutionnelle. » Des dispositifs existent pourtant. Du côté de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM), outre les pensions de retraite et de veuvage, une allocation de solidarité aux personnes âgées de 65 ans et plus disposant de faibles revenus, existe. Idem pour le Conseil départemental, qui dispose d’une direction dédiée : la Direction des personnes âgées et des personnes handicapées (DPAPH), via laquelle l’institution accorde, selon la situation, une allocation personnalisée d’autonomie (APA), mais aussi des aides ponctuelles pour l’achat de matériel destiné à améliorer un peu le confort de vie des personnes âgées en situation précaire. Une centaine d’APA accordé l’an dernier, pour près de 500 demandes. « Cette allocation existe depuis 2001 en métropole, mais n’a été appliquée qu’en 2015 ici », explique Abdourazakou Allaouiya, directrice du service Évaluation de l’autonomie à la DPAPH, qui reconnait qu’une étude des besoins doit être « indéniablement » menée pour mener à bien ce vaste chantier : « Pour l’instant, nous disposons tout de même des informations que nous font remonter nos assistants sociaux, infirmiers et associations, avec lesquelles nous travaillons. »

Parmi ces partenaires, la Fédération Mahoraise des Associations des personnes âgées et des Retraités (FMAPAR), qui estime « à 9/10ème le travail restant à mener », selon les mots de son président, Bacar Hadhirami : « On parle beaucoup de personnes âgées, mais on ne les regarde pas. On ne sait pas qui elles sont ni combien elles sont. » Seule piste pour la structure : les enquêtes qu’elle mène chaque année depuis 2007 pour orienter ses actions. Et les résultats « sont les mêmes depuis 10 ans », affirme Laoura Ahmed, directrice de l’organisme : « Le mal-logement et les difficultés d’accès à leurs droits. » En cause notamment, des demandes d’aides trop complexes et contraignantes pour des séniors : « Ils sont fatigués, ne peuvent pas toujours se déplacer, faire la queue longuement car il n’y a pas de guichet dédié, les délais de traitement peuvent être extrêmement longs, il faut également revenir parfois une dizaine de fois, etc. Tout cela est décourageant pour eux et ils ne veulent pas se lancer dedans, perdant du même coup les aides auxquelles ils ont droit. Et parfois, ils n’ont tout simplement plus confiance dans les institutions. » Dès lors, une des missions de la Fmapar est d’orienter et de suivre ces séniors, afin de faciliter leurs démarches. Mais pour fonctionner, une association a besoin de subventions. Et dans un contexte budgétaire tendu, celles-ci ne seraient pas à la hauteur des attentes : « On nous a par exemple accordé 39 000 euros pour mener quatre actions. Mais cela ne permet d’en financer qu’une seule », illustre la responsable. Malgré tout, la fédération a réussi à organiser des évènements comme la Semaine bleue, Miss Coco, ou la Journée de sensibilisation des personnes âgées et des retraités

Des subventions trop faibles ?

Retour à Pamandzi, dans la maison de Mkaya. Le directeur de Maison famille et services, Soyfoudine Abdou Razak déplore également ce manque de soutien financier de la part des institutions. L’ancienne association, Coco Sénior Club, dont il a repris la présidence en 2015 pour en épurer les comptes grâce à un don privé, disposait d’un accueil de jour pour occuper les personnes âgées la journée après les avoir récupérés le matin à domicile, a dû suspendre ses activités, faute de subventions suffisantes à son fonctionnement :

« En 2017, nous n’avons obtenu que 15 000 euros de subvention de la part du Département.

Entre le coût du loyer, celui des activités que nous menions, celui du prestataire de bus, etc., cela ne suffit pas. C’est bien trop peu pour permettre à une structure comme la nôtre de fonctionner.

Nous avons fait le maximum, mais il nous a fallu arrêter. » Mkaya, comme tous les autres adhérents, a ainsi vu ses journées se résumer soudainement à son domicile. Retour à l’isolement : « Elle ne voit plus ses amies, mais chacune nous demande des nouvelles des autres à chaque fois que nous les visitons », reprennent deux animatrices, Faharidhine et Anima, appuyées par Mkaya : « Quand on voit d’autres personnes, on grandit, on est plus actifs, alors que là je ne fais plus que tricoter et regarder Mayotte 1ère », regrette-t-elle.

Soyfoudine Abdou Razak donne d’autres exemples : « Nous avions également un projet de caravane des droits pour sensibiliser la population au sort des personnes âgées à travers le territoire, pour leur faire connaître leurs droits. Nous avions chiffré le budget à 150 000 euros, et la subvention que l’on nous a proposée s’élevait à 4 000 euros. Qu’est-ce que vous voulez faire avec ça ? » Et de rappeler sa proposition d’une grande enquête, en collaboration avec un sociologue, pour déterminer les besoins réels en la matière. Cette même enquête qui apparaît indispensable à tous les acteurs du secteur pour améliorer le sort de nos anciens : « Nous n’avons pas obtenu les fonds. » Au final, le responsable estime que « rien n’est fait à part de la politique politicienne. En attendant, le problème s’alourdit.

Il y a des fonds nationaux et européens disponibles, mais nos élus ne vont pas les chercher. Cela ne mène à rien. En 2017, nous avions par exemple tenté d’organiser un salon des séniors à Mayotte. Les tergiversations politiques l’ont fait échouer. »

Et demain ?

Alors, qu’attendre pour nos séniors ? Malgré un manque de moyens évident, l’espoir de voir s’améliorer le sort de nos séniors existe. « Malgré tout, les choses semblent aller de mieux en mieux », constate ainsi le directeur de 976 Allo Saad, Inoussa El-Fat, en se réjouissant que « le pôle dédié à cette question au Département soit un des plus actifs. » Formation de travailleurs sociaux, pour l’heure encore en nombre insuffisant, mais également mise en place prochaine des accueillants familiaux – les personnes âgées sont reçues au sein de familles pour en partager la vie en échange d’une rémunération –, des projets existent. De nouveaux dispositifs ont par ailleurs été mis en place récemment : c’est le cas de Gari La Coco, à Chirongui, un système de transport à la demande pour les démarches administratives et de la vie quotidienne ; ou encore de Allô Maltraitance (Alma), permettant le signalement de personnes âgées maltraitées. La question des maisons de retraite est également abordée régulièrement. Mais la société mahoraise est-elle prête à cette option malgré de nouvelles et croissantes contraintes sociétales ? « Nous avons ce projet, explique Soyfoudine Abdou Razak, de Maison familles et services, mais il n’est pas encore accepté par les familles. Les gens travaillent et ne peuvent plus s’occuper de leurs proches, mais ils préfèrent les garder à domicile, sans pour autant pouvoir faire ce qu’il faut. » Quoi qu’il en soit, et quelles que soient les solutions qui seront choisies, les éternels débats ne peuvent avoir lieu, car, comme souvent dans le 101ème département, la situation urge. Le temps passe vite, et nos anciens sont de plus en plus en nombreux.

C’est ce qui est détaillé dans le Plan régional de santé Réunion-Mayotte couvrant la période 2018-2028 : « Ce territoire [Mayotte] doit également anticiper un vieillissement progressif de sa population, et répondre dès maintenant aux besoins de prévention, de soins et d’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie, encore peu nombreuses. » Et de préciser : « Le vieillissement (…) débutant à Mayotte, implique d’anticiper l’évolution nécessaire de l’offre sanitaire et médico-sociale pour faire face à un allongement de l’espérance de vie, des situations de dépendance lourde, un cumul de fragilités sociales et médicales, une augmentation des maladies chroniques et des troubles psychiques. Le repérage et la prévention de la perte d’autonomie sont à mobiliser fortement, pour limiter ou retarder les effets du vieillissement,

et soutenir les aidants. Cette exigence répond à la demande sociale d’accompagnement des personnes dépendantes au plus près de leur lieu de vie, d’adaptation de leur environnement, et de conservation d’une vie sociale de qualité. La réponse institutionnelle, légitime dans certaines situations de grande dépendance et d’épuisement de l’entourage ne pourra se développer à hauteur de ce défi démographique et économique ; une évolution de l’offre de soins et d’accompagnement est donc nécessaire. »

Menace de grève : accord trouvé

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Le préavis de grève déposé par les trois sociétés aéroportuaires (Mayotte Air Service, Mayotte Aviation et Air Sûreté Mayotte) au début du mois n’est plus d’actualité. Les négociations entre la CGT-Ma et le directeur général ont porté leurs fruits. Un accord a été trouvé sur le départ de l’actuel responsable d’exploitation mais aussi sur l’application de la convention collective nationale.

 

Suite au préavis de grève déposé par la CGT-Ma en date du 3 janvier, la direction de Mayotte Air Service, représentée par Moïse Issoufali, et les représentants de l’organisation syndicale se sont réunis mardi 15 janvier pour tenter de trouver un terrain d’entente.

« Parmi les 120 salariés, une grande majorité des employés partage l’idée de voir partir le responsable d’exploitation », expliquait Zayad Saïd Hachim, délégué syndical de la CGT, dans les colonnes de Flash Infos du vendredi 11 janvier 2019. Il accusait alors ledit responsable de propos injurieux et racistes envers certains collaborateurs et exigeait son départ immédiat.

Au cours de la réunion de mardi 15 janvier, il a été convenu que « le responsable d’exploitation ne sera pas en relation directe avec les employés, à l’exception des responsables des services qui lui sont directement rattachés ». L’évolution de la situation sera suivie durant le premier trimestre avant d’envisager une solution définitive. Mais selon nos informations, le cadre en question devrait bel et bien faire ses valises dans deux mois et quitter définitivement son poste. Ce léger contretemps par rapport à la revendication initiale se justifierait par une raison simple : l’agrément empêcherait de changer l’organigramme de la société dans un délai aussi court.

Par ailleurs, comme prévu, l’application de la convention collective nationale n’a pas posé de problème. La direction s’est en effet engagée sur quatre points. Elle va verser une prime mensuelle de servitude de cinquante euros à tous les salariés ayant trois mois d’ancienneté et n’ayant pas à leur disposition un moyen de transport de l’entreprise (contre 15 euros pour la prime de transport actuelle). De plus, vingt chèques déjeuners d’une valeur unitaire de 8 euros vont remplacer dans le courant du premier trimestre la prime de repas de 90 euros, tandis que l’adhésion à la mutuelle pour tous les salariés va être relancée. La cotisation mensuelle sera prise en charge à hauteur de 60 % par la direction et de 40 % par le salarié. Enfin, une révision salariale de l’année 2018, c’est-à-dire une régularisation du Smic, va être réalisée et apporter les modifications nécessaires sur la période concernée. Le versement de cette différence sera effectué sur la paie de janvier 2019. « Dans l’ensemble, c’est un très bon accord », conclut, satisfait, Zayad Saïd Hachim.

Plus qu’un jour pour la consultation liée au mouvement des gilets jaunes

Lancée le 15 décembre dernier par le Conseil économique, social et environnemental, la consultation en ligne « Avec ou sans gilet jaune, citoyennes et citoyens, exprimez-vous » a déjà mobilisé plus de 12.000 participants pour 6.000 contributions et 120.000 votes. En tête des propositions figurent la question des avantages fiscaux pour les énergies renouvelables, le renforcement des politiques et des allocations familiales, la revalorisation de la rémunération des fonctionnaires, la réforme du système éducatif, ou encore la prise en compte du vote blanc. Au total, la participation des citoyens, la transition écologique et les inégalités sociales sont les thématiques les plus récurrentes.

Vous avez jusqu’au 4 janvier minuit pour vous rendre sur la plateforme https:/participez.lecese.fr afin de donner votre avis. Sur la base des résultats de cette consultation, mais aussi d’auditions et de la consultation de citoyens tirés au sort, un avis sera élaboré et présenté au vote en mars 2019 dans le but d’apporter une réponse globale aux enjeux révélés par le mouvement des gilets jaunes.

 

Événement | Le Sportif de l’année souffle sa dixième bougie

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La Société mahoraise de presse (Somapresse) et ses partenaires lancent ce vendredi la dixième édition des Trophées Mayotte Hebdo du Sportif de l’année. Retour sur un événement qui a et continue(ra) de placer le sport et les sportifs mahorais au centre des intérêts.

Au soir de la première cérémonie de remise des trophées du Sportif de l’année, en janvier 2010, les nommés et les invités tenaient dans une petite salle d’un restaurant kawénien. Ils n’étaient pas nombreux, à peine une soixantaine à communier et célébrer les sportifs bénévoles mahorais lauréats.

Six lauréats, pour cinq catégories : le meilleur sportif, le meilleur entraîneur, le meilleur dirigeant, la meilleure équipe et le meilleur sportif mahorais évoluant hors de Mayotte (Mahopolitain). À l’issue de la cérémonie, lauréats, nommés, dirigeants de clubs, présidents de comités et ligues et sportives, partenaires unanimes : l’élection du Sportif de l’année devait prospérer.

« L’organisation de ce trophée encouragera certainement de nombreux sportifs et dirigeants à se battre afin d’être reconnus pour leur travail à la fin de l’année », assurait Saïd Mahatsara dit Zico, président du Football Club de Labattoir, élu Dirigeant de l’année 2009. Les années sont passées.

Au fil des élections, l’organisation a souhaité valoriser plus de sportifs bénévoles. Ainsi sont apparues de nouvelles catégories : la Sportive de l’année, l’Équipe féminine de l’année, la Mahopolitaine de l’année, le Prix spécial du jury… Au fil des élections, l’organisation a souhaité populariser l’événement.

Objet d’un bref sujet au journal télévisé le lendemain de la première cérémonie, celle-ci est aujourd’hui diffusée en direct sur Mayotte La 1ère télé, première chaîne locale, ainsi que sur les réseaux sociaux et l’antenne radio du média du groupe France Télévisions.

10 ans aux côtés des sportifs mahorais bénévoles

L’organisation, au fil des saisons a souhaité améliorer le contenu de la cérémonie. D’une simple remise de médailles et de trophées, d’un simple rendez-vous bouclé en moins d’une heure, la soirée des Trophées Mayotte Hebdo du Sportif de l’année s’est progressivement transformée, pour devenir une soirée de spectacle, où danses et chants modernes et traditionnels, scènes de théâtre, démonstrations d’arts martiaux et de sports de combats se mêlent.

Après avoir nommé plus de 300 sportifs, athlètes, entraîneurs, dirigeants, équipes, après avoir décerné plus de 70 trophées de lauréats, la Somapresse aborde la dixième édition de son événement. Les catégories Sportif, Sportive, Entraîneur, Dirigeant, Équipe masculine, Équipe féminine, Mahopolitain, Mahopolitaine et Arbitre subsistent. Et deux nouvelles font leur apparition !

La première d’entre elles est un nouvel hommage au sport féminin : après avoir séparé les sportifs des sportives, les équipes masculines des équipes féminines, les mahopolitains des mahopolitaines, la Somapresse emploie la même démarche en direction des arbitres, en créant une catégorie spécifique à l’arbitrage.

« Les arbitres, qui sont nommés par leur ligue ou leur comité ont fait leur entrée à l’élection du Sportif de l’année en 2017 : jusqu’à présent, aucune femme n’avait été choisie pour représenter l’arbitrage mahorais ! Ce que nous trouvions dommage, car des femmes sont aussi investies et passionnées par l’arbitrage que certains hommes. Cette catégorie a été créée pour mettre la lumière sur l’arbitrage féminin mahorais, bien présent mais trop peu valorisé », souligne Laurent Canavate, fondateur de l’élection.

L’arbitrage féminin et le handisport : nouvelles catégories du Sportif de l’année

Une autre catégorie de sportifs sera dorénavant mise en valeur : les handisportifs. A première vue, le handisport à Mayotte est inexistant. Mais en creusant, la Somapresse a réalisé que des actions ponctuelles ou régulières en faveur du handisport sont menées ici et là par certaines associations.

D’une certaine façon, le handisport avait fait une première apparition à l’élection du Sportif de l’année 2017, en février dernier, lorsque l’artiste paraplégique Docteur Léo recevait un « Prix surprise » pour avoir escaladé le Mont Choungui et réalisé le tour de l’île avec son fauteuil roulant.

« Durant ces deux événements, nous nous sommes effectivement sentis comme des handisportifs, car c’était un gros travail psychologique et physique, avant, pendant et après les actions, pour atteindre les objectifs que nous nous étions fixés », affirmait-il, le regard plongé sur son trophée.

C’est pour faire naître des idées auprès d’autres associations et redonner vie à une discipline perdue qu’est créée cette onzième et dernière catégorie… À partir de ce vendredi, le public peut se rendre sur le site www.mayottehebdo.com pour découvrir et surtout voter pour leurs sportifs favoris. La dixième cérémonie des Trophées Mayotte Hebdo du Sportif de l’année est programmée le samedi 16 février 2019.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes