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Mayotte : une reprise annoncée du trafic aérien après le 15 juin

Dans une déclaration à la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale, samedi 30, la ministre Annick Girardin a annoncé une reprise des vols commerciaux vers Mayotte dans la seconde partie du mois de juin. Un retour à la normale progressif, accompagné d’un nouveau protocole sanitaire. 

Samedi 30 mai, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, répondait aux questions de la délégation des Outre-mer de l’Assemblée nationale sur les mesures de déconfinement annoncées par le premier ministre Édouard Philippe. L’occasion pour elle d’annoncer une vraisemblable reprise des vols commerciaux vers Mayotte “sans doute” à partir de la seconde partie du mois de juin. 

Une reprise qui sera progressive, à l’instar de tous les autres territoires ultramarins, mais aussi accompagnée de mesures sanitaires applicables dans les autres DOM. Ce protocole nouveau consiste à réaliser des tests Covid-19 dans les 48 heures précédant l’embarquement, à effectuer une période d’isolement de sept jours – et non plus quatorze – à l’arrivée, en l’accompagnant d’un nouveau test qui permettra, selon les résultats de ce dernier, d’assouplir les conditions de cette “septaine”. Et si le dispositif n’est pour le moment “pas encore validé par le conseil scientifique, nous allons le faire très rapidement”, a assuré Annick Girardin, qui attendait par ailleurs le décret qui permettra d’imposer ces tests aux voyageurs concernés. 

D’autres vols auront lieu avant cette reprise, mais seront destinés à ramener les Mahorais désireux de revenir sur le territoire : “Nous avons 1.314 étudiants qui souhaitent rentrer, et un recensement mené par la délégation de Mayotte à Paris qui nous indique que 87 Mahorais (non-étudiants, NDLR) souhaitent revenir aussi. Un avion sera mis en place en direction de Mayotte avant la mi-juin, j’espère autour du 8 ou 9 juin”, a confirmé Annick Girardin, faisant référence au décret suscité, permettant d’effectuer des tests avant l’embarquement 

Des compagnies inquiètes 

Une reprise bienvenue et attendue par les usagers, mais aussi par les compagnies aériennes desservant l’Outre-mer, qui attendaient une réponse et de la visibilité. La veille en effet, les dirigeants d’une dizaine de ces compagnies étaient entendus par une commission du Sénat afin qu’elles expriment leurs difficultés. Impactées par deux mois de restriction, leurs craintes quant à la pérennité de leur activité sont réelles. Parmi elles, Air Austral, représentée par son secrétaire général, Dominique Dufour. Avec “95 % d’activité en moins”, la société a souffert malgré les dispositifs de soutien mis en place par l’État et le soutien de son actionnaire principal, la société mixte d’économie Sematra qui lui a permis d’obtenir un prêt garanti par l’État “et donc d’avoir un peu de visibilité pour tenir les mois qui viennent”. Pour les mois qui viennent, oui, mais après ? “Tenir et survivre sont une chose, mais vivre est quand même ce qui nous préoccupe le plus”, a avoué le responsable. “Ce qui nous pose problème aujourd’hui, à nous compagnies aériennes, c’est que l’on n’a aucune visibilité sur la sortie de cette crise et sur comment nous allons pouvoir programmer un retour à la normale. Et ce retour à la normale, il est vital parce que les prix garantis par l’État, cela reste des prêts qu’il va falloir rembourser dans un contexte où on nous annonce que le retour du passager à bord va être très progressif. C’est [ce retour à la normale] qui fera que, malgré la situation d’urgence, la pérennité de nos entreprises pourra être assurée.” Et d’ajouter que “si Air Austral n’existait plus, cela serait une vraie catastrophe pour l’ensemble des territoires français de l’océan Indien. (…) On permet aux voyageurs de La Réunion de se projeter sur tout l’océan Indien, de même que pour Mayotte on permet de créer le lien entre La Réunion et Mayotte. Cela serait également une catastrophe économique”. 

Le député Kamardine se réjouit de l’annonce 

Dans un communiqué envoyé à la presse, le député Mansour Kamardine s’est satisfait des annonces faites par la ministre des Outre-mer à la délégation du même nom à l’Assemblée nationale. “Le cauchemar que vivent les centaines de personnes bloquées entre la Métropole et Mayotte depuis plus de deux mois va enfin prendre fin”, écrit l’élu en référence au retour des Mahorais de métropole qui souhaitent rentrer à Mayotte. Quant au protocole mis en place, le député le juge “à la fois plus sure et plus souple : un test avant le départ et un confinement à domicile à l’arrivée ramené à 7 jours. Je me félicite que les demandes formulées par les élus aient été entendues et me réjouis de l’annonce de la reprise prochaine et au fur et à mesure des vols commerciaux selon des procédures qui permettront à nos familles et aux étudiants de voyager plus facilement de et vers Mayotte et la Métropole et de participer à la relance de l’économie et de l’emploi.”

Déconfinement : les aides aux entreprises vont-elles se poursuivre à Mayotte ?

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Alors que les terrasses peuvent à nouveau accueillir la clientèle depuis ce mardi, les entreprises mahoraises s’inquiètent de l’adaptation et de la prolongation des mesures de soutien. Certains n’en ont d’ailleurs toujours pas vu la couleur… 

Activité partielle, fonds de solidarité de l’État, aides du conseil départemental… Pour beaucoup d’entreprises de Mayotte, les différents dispositifs de soutien proposés pendant le confinement ont permis, a minima, de sauver les meubles et des emplois. Aujourd’hui, alors que les bars et les restaurants sont enfin autorisés à rouvrir leurs portes en terrasse, la question de la continuité des aides, indispensables pour assurer la relance de l’économie, se pose. Et les attentes sont nombreuses, alors que beaucoup d’entreprises n’ont pas vu toutes leurs demandes aboutir ces deux derniers mois. “C’est simple, j’ai annoncé l’ouverture pour demain (mercredi), et à partir de là, d’après les calculs que nous avons faits avec mon comptable, tout s’arrête”, signe Patrick Muller, le gérant de la société Latitude Jet, pour qui les 1.500 euros du fonds de solidarité de l’Etat ont permis de garder la tête hors de l’eau. 

L’aide de l’État disponible jusqu’à la fin de l’année ? 

C’est un plus compliqué que ça, répond en substance la CCI. “Cela dépendra en réalité du secteur d’activité : pour les secteurs de la restauration ou du tourisme, qui ont été particulièrement touchés par la crise, l’aide de 1.500 euros de l’État pourra continuer jusqu’à la fin de l’année”, rappelle Kaissani Madi, responsable numérique et entreprises en difficulté à la CCI. En effet, comme annoncé lors de la présentation de la stratégie du déconfinement à la mi-mai par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, le dispositif du fonds de solidarité doit être maintenu au-delà du 31 mai pour les entreprises de l’hôtellerie-restauration, et maintenant aussi du tourisme. Mais il faudra encore répondre à certains critères : outre le nombre de salariés, le bénéfice, ou le chiffre d’affaires de l’entreprise, il faut avoir fait l’objet d’une fermeture administrative ou avoir subi une perte de chiffre d’affaires de plus de 50 % par rapport au chiffre d’affaires de référence. “Si en avril 2019, vous aviez un chiffre d’affaires de 500 euros par exemple, et qu’en avril 2020, vous avez fait un chiffre d’affaires de zéro euro, alors vous aurez 500 euros d’aides de l’État”, résume Kaissani Madi. Ce qui pourrait donc expliquer le calcul fait par le patron de Latitude Jet pour les mois de reprise. 

Remboursement des protections sous conditions 

Mais ce n’est pas là la seule aide dont l’entrepreneur pourra bénéficier. En effet, pour de nombreuses sociétés, la réouverture est synonyme de surcoûts destinés à respecter les normes sanitaires : achats de matériel, gants, gels hydroalcooliques, désinfectant ou vitrines de plexiglas… “J’ai investi dans des bouteilles de désinfectant, du spray, des bouteilles poussoir, de quoi faire des traits au sol aussi, le tout pour environ 400 ou 500 euros”, table Patrick Muller, qui conserve soigneusement ses factures “au cas où”. Et il fait bien, car depuis le 18 mai, l’Assurance maladie met à disposition des entreprises une subvention “prévention Covid” pour rembourser jusqu’à 50 % des dépenses de matériel de protection. Mais là encore, certaines conditions sont requises : la mesure concerne les entreprises de moins de 50 salariés et les travailleurs indépendants sans salariés ; l’investissement global en matériel doit être d’au moins 1.000 euros hors taxe et ne doit pas dépasser 5.000 euros ; les gants et lingettes ne sont pas remboursés ; les masques, gels hydroalcooliques et visière ne sont financés que si la société a aussi investi dans des mesures barrières et de distanciation de plus grande envergure, comme des poses de vitre, de plexiglas ou de cloisons de séparation (la liste est disponible dans les conditions générales d’attribution). Cette subvention concerne les achats effectués entre le 14 mars et le 31 juillet 2020, et les demandes peuvent être envoyées jusqu’au 31 décembre. Mais vu les conditions, pas sûr que les entreprises mahoraises se précipitent aux portes de la CSSM… 

Du côté des entreprises de travaux publics, la question de la prise en charge des surcoûts liés aux obligations sanitaires est d’autant plus importante, étant donné la proximité sur les chantiers. “Entre l’achat de masque, de gel, le respect d’un certain nombre de personnes par transport qui nous oblige à utiliser des véhicules supplémentaires, nous avons évalué à 5 à 10 % la plus-value par chantier à Mayotte”, souligne Julian Champiat, le président de la Fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics. Des discussions sont en cours au niveau national, et des mesures devraient être annoncées le 10 juin. Fin mai, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait suggéré qu’une partie des surcoûts soit prise en charge par les maîtres d’ouvrage publics. En attendant, du côté des adhérents de la FMBTP, l’on attend surtout le règlement des factures publiques, plus efficace pour consolider la trésorerie que le prêt garanti par l’État… “La réflexion est en cours et le conseil départemental appuie l’idée de céder les créances des entreprises auprès des collectivités locales aux organismes fiscaux et sociaux”, assure Ben Issa Ousséni 7e vice-président, chargé des finances, du développement économique et touristique au conseil départemental. 

Le conseil départemental est toujours à l’écoute 

Autre possibilité : les aides du Département. Le fonds de soutien adapté à la situation particulière de Mayotte, a recueilli 2.067 demandes, pour l’aide de 1.000 euros. Quant au fonds de solidarité complémentaire, qui vient en plus des 1.500 euros de l’État, il n’a pour l’instant enregistré que 11 demandes. “Sur les 13 millions d’euros initialement prévus pour faire face à la crise, il reste donc des fonds”, confirme Ben Issa Ousséni. “Nous sommes en train d’étudier les pistes pour prolonger le dispositif : une option serait de renouveler les plafonds, pour passer par exemple de 1.000 à 3.000 euros ; une autre serait de clôturer les demandes aujourd’hui, pour relancer le dispositif un peu plus tard, et permettre à tous de postuler à nouveau.” Mais pour l’instant, rien n’est fixé, dans l’attente d’une séance au conseil départemental. Quant au fonds de solidarité complémentaire, la simplification de la procédure au niveau national, basée désormais sur une simple attestation sur l’honneur, et une connexion simplifiée avec France Connect, devrait permettre de générer davantage de demandes. 

De quoi peut-être rassurer certains entrepreneurs, dont beaucoup n’ont pas encore réussi à obtenir les aides. D’après une enquête de la BGE réalisée auprès de quelque 120 personnes, 50 % ont fait des demandes, et seules 10 % ont abouti. “Et plus de 86 % seraient en difficulté financière, une situation qui pénalise beaucoup les créateurs d’entreprise”, tient à rappeler Samira Chaouch, conseillère à la BGE, qui invite les entrepreneurs à se tourner vers d’autres dispositifs d’accompagnement, indépendants de la crise sanitaire actuelle. “Nous avons clôturé un appel à projets du conseil départemental vendredi dernier, et malheureusement, vu la situation, certains ont eu dû mal à remplir les dossiers pendant le confinement”, développe la conseillère. “Une extension de l’appel à projets, ou encore le lancement d’une nouvelle campagne permettrait de redonner du souffle à beaucoup d’entreprises”, propose-t-elle. 

Activité partielle et zone orange 

Dernière inconnue de ce déconfinement et pas des moindres : l’activité partielle. 13.549 salariés et 1.428 entreprises sont concernés à ce jour par le dispositif à Mayotte. Or, officiellement, depuis le 1er juin, l’Unédic et l’État ne prennent plus en charge que 85 % de l’indemnité versée au salarié, le reste étant à charge pour l’employeur. La situation est inchangée pour le salarié, qui continue de bénéficier de 84 % de son salaire net. La préfecture n’a pas encore communiqué sur l’adaptation de 

cette mesure à Mayotte, étant donné que le 101ème département connaît toujours des mesures restrictives. “L’hôtellerie-restauration continuera à bénéficier de l’activité partielle en totalité, car nous sommes en orange”, explique Bruno Garcia, le gérant du Caribou Hôtel. Son restaurant restera d’ailleurs fermé aujourd’hui, car il ne dispose pas de terrasse. “Il ne manquerait plus qu’on nous empêche d’ouvrir complètement et qu’en plus on nous retire cette aide !”, souffle-t-il.

Justice à Mayotte : “Il faut se battre contre l’insécurité, mais de la bonne manière”

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Alors que le député Mansour Kamardine et le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani ont donné de la voix pour protester contre les attaques à l’endroit du procureur de la République, Camille Miansoni, au tour de Yanis Souhaïli de monter au créneau et de se faire l’avocat de l’appareil judiciaire. Alors que la robe noire n’est autre que le conseil des trois personnes mises en examen dans l’affaire du rapt de Petite-Terre. 

“Je fais seulement mon travail”, considère Yanis Souhaïli. Pourtant, force est de constater que le dossier qu’il a la charge de défendre n’a rien de commun. L’affaire du rapt de Petite-Terre soulève en effet l’émoi au sein d’une partie de la population s’affichant en soutien aux clients de l’avocat, mis en examen pour séquestration et violences. Devant le tribunal ou dans les rues de Petite-Terre comme sur les réseaux sociaux, ils sont ainsi nombreux à soutenir une justice expéditive à défaut, selon eux, de celle de la nation. Une réelle colère, légitimant la violence comme réponse, se soulève donc contre l’insécurité pour charrier avec elle une critique des plus virulentes à l’encontre du système judiciaire. Quitte à se focaliser sur la personne du procureur de la République, Camille Miansoni. Cette première colère, Maître Souhaïli dit la comprendre. “Oui, j’entends tout cela, car le contexte est en effet très particulier à Mayotte. On demande aux gens de respecter la loi en déposant plainte, mais quand ils le font, ils constatent que rien ne se fait. C’est une réalité alors quand ces personnes retrouvent dans la rue leurs agresseurs, ils ne peuvent qu’enrager et avoir envie de prendre les choses en main”, explique-t-il tout en tempérant : “je le comprends, mais il y a une loi en France et même si l’on peut considérer qu’elle devrait s’adapter à Mayotte, elle est bel et bien là et chacun se doit de la respecter.” 

Une justice mal comprise 

La colère et son expression sont donc deux choses bien distinctes pour l’avocat qui affiche une satisfaction en demie-teinte quant au soutien populaire accordé à ses clients. “C’est bien, car il faut se battre contre cette insécurité, mais de la bonne manière. Il est important que la population comprenne comment marche la justice française. Quand on voit ce qui se dit, on voit très bien que beaucoup de personnes se trompent sur beaucoup de choses et malheureusement, quand on tente de leur expliquer qu’ils ont tort, ils se braquent”, considère-t-il ainsi. Pour l’avocat “on peut bien sûr critiquer la justice, mais il faut d’abord avoir fait l’effort d’essayer de la comprendre. Pour cela, j’invite chacun à se rendre à une audience et ils seront nombreux à se rendre compte qu’ils se trompent”. Qu’ils se trompent, notamment, sur la personne que tant d’internautes ou de manifestants ciblent vindicativement. “Le procureur est dans son rôle, les insultes envers lui ne sont pas acceptables, d’autant plus qu’elles ne sont pas fondées puisque la justice fait son travail. Malheureusement, la vindicte tombe sur lui, mais ç’aurait très bien pu être sur les avocats ou sur le juge des libertés et de la détention ou tout autre acteur de la justice. Ces personnes ne font que leur travail dans un contexte très compliqué”, plaide le conseil qui n’oublie pas son dossier : “un soutien de cette manière est contreproductif, il aurait même pu faire courir un risque à mes clients et conduire à leur placement en détention provisoire”.

“Si cet homme était retrouvé, ça faciliterait les choses”

Pour Maître Souhaïli, la position est des plus claires : “le meurtre est totalement contesté par mes clients et par ailleurs, aucun élément de l’enquête et de l’instruction ne va en ce sens. Si cet homme était retrouvé, ça faciliterait beaucoup les choses”, assure-t-il encore. L’avocat tient par ailleurs à rappeler que ses clients sont des primo-délinquants, comme il l’a fait devant le juge des libertés et de la détention qui a choisi de ne pas les placer en détention provisoire. “Il a estimé que pour mener à bien cette enquête, il n’y avait pas besoin d’enfermer ces personnes”, commente-t-il sobrement avant de lâcher : “rappelons tout de même que la victime en question n’est pas un enfant de chœur, c’est un multirécidiviste à propos duquel les gendarmes m’ont par ailleurs confié qu’ils tentaient de lui mettre la main dessus depuis deux mois”.

 

Services civiques et bénévoles formés aux bons gestes à adopter

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En lien avec la direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS), le rectorat et l’agence régionale de santé, l’association pour le développement du sauvetage et du secourisme (ADSS) forme des volontaires en service civique et des bénévoles du monde associatif pour sensibiliser la population aux bons gestes à adopter. Explications avec Anli Abdou, le président de la structure.

Flash Infos : Vendredi dernier, vous avez animé la deuxième journée d’information auprès d’acteurs de la vie associative, de professionnelles de la protection de l’enfance, du sport, de la culture, de l’aide à la personne, de l’environnement. Comment avez-vous été sollicité pour participer à ces formations ?

Anli Abdou : L’association pour le développement du sauvetage et du secourisme (ADSS) est une structure de sécurité civile. Donc on ne pouvait pas se jeter seule dans la gueule du loup. Il fallait qu’il y ait une réquisition de la part des services de l’État ou que l’on travaille par le biais d’une convention pour que ce dispositif soit encadré, comme c’est le cas aujourd’hui. On attendait d’être sollicité puisque depuis de la crise, on se mobilise pour distribuer des masques et des bons alimentaires. Ce vendredi [29 mai] correspond à la deuxième journée, après celle de la semaine dernière. On organise plusieurs sessions d’une heure trente qui regroupe une dizaine de stagiaires, notamment des volontaires en service civique qui travaillent dans les établissements scolaires mais aussi des bénévoles du monde associatif.

FI : Justement, comment se déroulent ces sessions ? Et quel message souhaitez-vous adressé à vos différents participants ?

A. A. : La formation se divise en deux temps. Il y a tout d’abord une partie théorique d’une vingtaine de minutes durant laquelle on revient sur le Coronavirus, la manière dont on peut le contracter, les consignes à suivre en cas d’infection, etc. Puis vient ensuite la partie pratique avec trois exercices techniques, comme le lavage des mains qui est primordial, l’utilisation du gel hydroalcoolique ainsi que la pose et le retrait du masque car certains le baissent ou le relèvent sur le visage pour parler… Donc on essaie de sensibiliser sur les bonnes conduites à tenir pour freiner la propagation du virus.

Par exemple, sur le lavage des mains, il y a six étapes à mémoriser pour qu’il soit efficace : la pomme, le dos, le croisement des doigts, le dos des doigts, le pouce et les ongles… Pour les aider, on a rédigé un petit recueil que l’on donne à chacun à l’issue de la session puisque ces gestes techniques, que l’on appelle hygiène et asepsie, rentrent dans notre champ de compétences. Tout le monde doit savoir les reproduire. Et si quelqu’un n’y arrive pas, on reprend !

FI : À Mayotte, le déconfinement est progressif avec la réouverture des commerces, des écoles et des bars ce mardi. Cette prévention apparaît comme indispensable pour éviter un pic épidémique qui nous pend au nez depuis plusieurs semaines.

A. A. : Et le rôle de prévention doit continuer et se pérenniser ! Comme vous le dites, le déconfinement se fait petit à petit, mais une partie de la population pense que cette maladie n’existe pas ou alors elle se mélange les pinceaux avec les symptômes de la dengue. Il faut donc insister auprès de ceux qui sont présents aujourd’hui. On compte sur eux pour relayer le message et expliquer les gestes barrières. Cette diffusion de l’information ne doit pas cesser, car il ne faut pas se voiler la face, certaines mesures ne sont pas respectées… Face à constat, il est de notre devoir de rappeler aux gens comment se comporter à la mosquée, à la maison, ou au restaurant en cette période de crise sanitaire que de rester les bras croisés. Comme on dit, il vaut mieux prévenir que guérir. Et plutôt que de réprimander les habitants, il m’apparaît préférable de la jouer pédagogue.

 

Mayotte en orange avec 1.934 cas : les explications de l’ARS

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Alors que 191 nouveaux cas ont été recensés dimanche et lundi, Mayotte, passée en orange sur la carte du gouvernement, va entamer une nouvelle phase de déconfinement mardi, avec l’ouverture des bars et des restaurants. Mais l’ARS reste sur ses gardes.

Et tout devint vert… ou presque. Alors que la plupart des départements a entamé une nouvelle phase de déconfinement, Mayotte, classée rouge jusqu’à jeudi dernier, est quant à elle passée en orange. Avec l’Ile-de-France et la Guyane, l’île aux parfums fait partie des trois départements encore concernés par des mesures restrictives, et un niveau élevé de vigilance. “Il faut retenir que nous faisons partie des territoires où il y a encore une circulation virale forte, voire au-delà du seuil d’alerte, en ce qui concerne l’Oise et Mayotte”, a tenu à souligner Dominique Voynet, la directrice de l’ARS lors de son point presse vendredi dernier. “Même en orange, cela ne doit pas nous inciter à alléger notre vigilance”, a-t-elle insisté.

Et elle ne fait d’ailleurs pas si bien dire. Ce week-end, après une campagne de prélèvements massive au centre pénitentiaire de Majicavo-Lamir, le verdict est tombé. En tout, 191 nouveaux cas sont venus s’ajouter dimanche et lundi, portant à 1.934 le nombre de personnes contaminées par le Covid-19 à Mayotte, contre 1.699 vendredi. Parmi eux 152 nouveaux cas se sont révélés positifs à la prison. Cette forte hausse du nombre de personnes contaminées s’explique par la décision prise par l’ARS et le CHM de dépister l’ensemble des détenus, des personnels et des professionnels de santé du centre, après avoir constaté plusieurs cas positifs chez des surveillants. Cette situation poussait la directrice de l’ARS à rappeler à tous de ne pas baisser la garde, alors que de nouveaux cas étaient aussi recensés dans certains milieux professionnels bien informés sur les gestes barrières. “Nous continuons à voir une circulation active du virus dans les quartiers les plus défavorisés, mais pas que : on a des cas qui apparaissent dans des milieux où les gens sont formés et ont tout le matériel de protection nécessaire”, s’est-elle inquiétée vendredi.

Les nouveaux critères de la carte du déconfinement

Mais alors pourquoi Mayotte est-elle passée en orange ? Plusieurs facteurs permettent de l’expliquer. Déjà, le gouvernement a revu les critères permettant d’établir la carte du déconfinement. Auparavant, étaient retenus le taux de circulation du virus – à savoir la proportion de passage aux urgences pour suspicion de Covid -, la tension hospitalière sur les capacités de réanimation – soit le taux d’occupation des lits de réanimation par des patients covid par rapport à la capacité initiale avant l’épidémie -, et les capacités de tests. “Ces critères étaient d’ailleurs peu adaptés à la situation de Mayotte, car nous partons déjà sur une faible capacité en réanimation, qui est une vérité 365 jours par an”, a rappelé Dominique Voynet.

Ce sont désormais l’incidence – le taux de cas positifs dans la population -, le taux de positivité des tests, le taux de reproduction R0 – le nombre de personnes infectées par une personne contaminée -, et le taux d’occupation des services de réanimation, qui permettent d’établir la carte. D’après la directrice de l’ARS, les nouveaux critères retenus sont plus efficaces pour étayer la circulation du virus. Toutefois, “nous avions plaidé que le calcul de l’incidence ne se fasse pas sur les derniers jours, car les gens ont peu fréquenté les centres de santé, entre l’Ascension et l’Aïd. Sur ce critère-là au moins, nous serions plutôt en alerte qu’en vigilance”, a-t-elle expliqué. D’autres critères sont plus positifs, comme le taux de positivité des tests “qui a nettement baissé alors que nous n’avons pas changé notre stratégie de tests”, et le taux de reproduction, lui aussi en baisse, “même s’il est difficile à interpréter, car il faudrait dépister beaucoup plus pour en avoir le coeur net”, a développé Dominique Voynet. Quant à l’occupation des services de réanimation, si la tension n’est pas comparable à ce qu’ont pu connaître certains départements de la métropole au plus fort de l’épidémie, les evasan vers La Réunion y participent largement.

Deux décès supplémentaires

En clair, Mayotte, toute orange qu’elle soit, n’est pas encore tirée d’affaire. Et les deux décès survenus ce week-end, portant le bilan à 24, sont aussi venus le rappeler. Les deux personnes âgées étaient hospitalisées en réanimation depuis plusieurs jours, et l’une d’elle est morte après son évacuation vers La Réunion. Au sein même du CHM, “on voit réapparaître des cas groupés dans certains services”, a noté l’ancienne ministre. Depuis le pic au début de l’épidémie, le nombre de nouveaux cas parmi les soignants s’était maintenu à un niveau plutôt faible, jusqu’à aujourd’hui. La situation à Mayotte conserve donc ses zones d’ombre, constat d’ailleurs partagé par les deux épidémiologistes qui étaient venus en renfort avec la ministre des Outre-mer Annick Girardin et sont repartis vendredi matin. Malgré les signes d’une circulation active du virus sur le territoire, la vague pressentie ne s’est pas encore abattue sur Mayotte. Pour autant, cela ne veut pas dire que le pic épidémique est derrière nous, supposent les experts : le 101eme département traverserait plutôt une phase de répit. Avant la tempête ?

 

Le CHM fait le point

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Vendredi 29, les instances dirigeantes du CHM tenaient une conférence de presse afin de faire un point sur les divers dossiers du moment : Covid-19 bien évidemment, mais aussi rapport de la CRC et moyens supplémentaires déployés durant la crise. Des moyens que l’hôpital aimerait voir pérenniser.

L’une des institutions majeures du territoire, le Centre hospitalier de Mayotte (CHM), tenait vendredi 29 une conférence de presse en présence notamment de Catherine Barbezieux, sa directrice, et d’Issa Issa Abdou, son président. En pleine crise sanitaire, l’idée de celle-ci était d’aborder les grands sujets du moment. Parmi eux, l’épidémie de Covid-19 qui continue de sévir sur le territoire, bien évidemment, mais aussi le rapport publié la semaine dernière par la Chambre régionale des comptes (CRC) de la Réunion-Mayotte, ou encore l’arrivée de moyens supplémentaires durant la crise, que l’établissement de santé aimerait voir se pérenniser. Revue.

Covid-19 : sur le pied de guerre

Soutien d’envergure dans le cadre de la crise du Covid-19, malgré les quelques complications d’installation qu’il a connue, le service de santé des armées a pris ses marques au CHM. En amenant avec lui des spécialités comme des radiologues, un hygiéniste, des oto-rhino-laryngologistes, etc., « il nous permet d’envisager un avenir plus serein », s’est réjoui la directrice, Catherine Barbezieux. D’autant plus que si les équipes arrivées sont autonomes, quelques membres du contingent devraient venir au sein du CHM pour épauler ses équipes.

Le module militaire servira en premier lieu à prendre en charge des patients en post-réanimation, un service qui n’existe pas classiquement au CHM. En d’autres mots : un service intermédiaire de soins intensifs et continus permettant aux malades de regagner des forces avant de rejoindre un service nécessitant moins de surveillance. « C’est un renfort important qui vient compléter notre offre de soins » et qui « permet d’alléger nos services », se sont félicités les responsables. Quatre patients devaient ainsi, vendredi, rejoindre ce module.

De manière plus générale, en termes de lits disponibles en réanimation, « 26 sont opérationnels, avec une extension de six lits supplémentaires, et la possibilité de monter à 50 si nécessaire. »

Enfin, Catherine Barbezieux a mis un terme à la rumeur : non, il n’y a pas eu pénurie de tests. « Nous avons des réactifs, nous avions simplement suspendu des prélèvements à domicile à cause de certaines difficultés avec les équipes. Après avoir fait un bilan, nous les réactivons. »

Moyens aériens : un vrai plus

C’est une avancée majeure en termes d’interventions : la mise en service, le 14 mai dernier, d’un hélicoptère dédié aux transports d’urgence sur le territoire. Avec 23 vols comptabilisés au 29 mai, l’équipement est d’ores et déjà qualifié « d’extrêmement important » par Christophe Caralp, chef du pôle Ursec (pour urgences, réanimation – Samu/Smur, évacuation sanitaire et caisson hyperbare/chambre mortuaire). Et pour cause, il permet un gain de temps déterminant dans les interventions urgentes, particulièrement sur une île où le trafic routier est régulièrement encombré : « 55 minutes [d’intervention] quand il faut aller dans le sud, par exemple, contre 2h à 2h30 par la route », illustrait ainsi le responsable, parlant d’un « gain de temps réel pour les patients. »

Autre avantage à cet hélicoptère : la possibilité d’amener rapidement au pied d’un avion les patients devant être évasanés en urgence. Entre le CHM et l’aéroport, le vol dure en effet 7 minutes seulement là où, habituellement, il faut compter le déplacement en ambulance de l’hôpital à la barge, le temps de traversée de celle-ci, et le trajet routier jusqu’à l’aéroport. Bref : une organisation complexe et longue. Autant de raisons qui font que les autorités du CHM espère voir cette solution héliportée se pérenniser : « le projet, accéléré par la crise, était déjà en réflexion auparavant. C’est un véritable avantage pour Mayotte. »

Évacuations sanitaires toujours avec l’utilisation depuis la semaine dernière d’un Embraer-145, exclusivement dédié aux vols sanitaires vers La Réunion. Depuis son premier vol et à la date du 29, l’avion avait déjà effectué quatre rotations vers l’île Bourbon, permettant d’évasaner 18 patients. Une flexibilité bien plus forte que lorsque le CHM dépend des vols commerciaux et que le CHM aimerait, là aussi, voir se prolonger sur le long terme. Prévu pour rester deux à trois mois sur le territoire, jusqu’à la fin de la crise sanitaire, « nous allons essayer de le rendre disponible 24h/24h », mais aussi de « démontrer son utilité » durant ce temps-là, confiait Christophe Caralp dans l’espoir que l’appareil reste positionné à Dzaoudzi, même après le Covid-19.

Et ses avantages ne résident pas, pour le CHM, uniquement dans sa facilité d’évacuation : en permettant une continuité directe avec le CHU de La Réunion pour certains cas, l’avion « permettrait d’encourager la venue de spécialités médicales absentes sur le territoire, car le patient peut, grâce à lui, être pris en charge sur toute la chaîne. C’est quelque chose de déterminant pour les praticiens. » Le président du CHM, Issa Issa Abdou, entend ainsi soutenir cette possibilité, d’autant que le projet gazier du Mozambique pourrait, dès son lancement, s’appuyer sur le CHM pour d’éventuelles évacuations sanitaires.

Rapport de la CRC

Publié la semaine dernière, le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC), a conforté le CHM dans son rôle. « Il nous a fait plaisir même si des choses restent à améliorer. Cet hôpital le mérite bien » a réagit la directrice, mettant en avant le travail effectué au quotidien. Elle est rejointe en ce sens par le président du CHM, Issa Issa Abdou qui estime « que ce rapport tombe vraiment bien pour le personnel soignant, qui s’est montré à la hauteur pendant le Covid-19. »

Il n’en demeure pas moins que quelques points ont été soulignés par la CRC, tels que la sur-rémunération outre-mer des personnels contractuels, alors que cette majoration n’est normalement prévue que pour les agents titulaires. Une remarque plus qu’un reproche, défendue par la directrice, expliquant que « Nous avons pris le pari de la maintenir, car l’arrêter serait dramatique en termes d’attractivité. »

Attractivité toujours avec des contrats désormais de deux ans pour les praticiens, au lieu de quatre auparavant. Une mesure qui semble contribuer à régler la problématique des services sous tension. « Pour la première fois, nous avons plus d’entrées que de départs. » a défendu la direction, mettant avant le fait qu’un engagement de deux ans était « plus rassurant qu’un engagement de quatre ans. » Une remarque appuyée par le chef du pôle Ursec, qui constate que « nous pouvons aujourd’hui sélectionner les candidatures, ce qui n’était absolument pas le cas il y a encore quelques années. » La visibilité en termes d’effectifs aux services des urgences est ainsi aujourd’hui, par exemple, de deux ans.

Du mieux, donc, que complète un autre constat : « beaucoup de candidatures veulent s’inscrire dans la durée car il y a une véritable dynamique, un véritable projet au CHM, et les praticiens le voient. »

Des projets maintenus

S’il avait été ouvert, l’hôpital de Petite-Terre aurait confortablement facilité la gestion de crise. Pour autant, malgré le retard accumulé par la crise sociale de 2018, la défaillance d’une des entreprises travaillant dessus, et l’épidémie de Covid-19, son ouverture est toujours envisagée en novembre, prochain. « Lorsque la crise sanitaire est arrivée, nous étions en train de passer un appel d’offres pour remplacer cette entreprise et finaliser l’hôpital. Cela a été interrompu mais la démarche devrait bientôt reprendre », a assuré la directrice.

Par ailleurs, cette dernière s’est réjouie de l’attribution d’une enveloppe de 1,7 million d’euros destinée à la formation d’agents peu qualifiés. De quoi, espère-t-elle, diminuer le turn-over que connaît le CHM, y compris à ce niveau de qualification.

Déconfinement : Qu’est-ce qui change (vraiment) à partir de ce mardi à Mayotte ?

20 jours après l’annonce de la première phase de déconfinement, Édouard Philippe a dévoilé jeudi soir de nouvelles mesures d’assouplissement, qui, cette fois, concernent Mayotte. Si la situation sanitaire et hospitalière y demeure au-dessus des seuils de vigilance, le 101ème département, qui se prépare à faire face au pic épidémique, est enfin passé au orange, après plus de deux mois dans le rouge. Autrement dit, certaines interdictions vont pouvoir être levées dès aujourd’hui. Mais comme en Île-de-France et en Guyane, il convient encore d’observer une certaine vigilance, du fait de la circulation active du virus. Un nouveau point d’étape est prévu le 22 juin, lors de l’annonce du troisième acte du plan de déconfinement. D’ici là, les préfets de chaque territoire sont susceptibles d’adapter localement les mesures annoncées.

Bars, cafés et restaurants

Si dans les zones vertes, tous les cafés et restaurants peuvent désormais rouvrir, seules les terrasses sont concernées dans les trois territoires classés orange. Il y sera par ailleurs interdit d’être à plus de dix personnes par table, et au moins un mètre devra être observé entre les tables de chaque groupe. Le port du masque sera obligatoire pour tous les personnels, ainsi que pour les clients lorsqu’ils se déplacent. Des conditions particulières qui ne marquent pas la fin de la crise économique pour ces entreprises, dont certaines étaient totalement fermées depuis plusieurs mois.

Parmi elles, le Camion Rouge, installé sur la jetée de Mamoudzou, avait, dès la mi-mars, suspendu la vente, faute, à ce moment-là, de pouvoir équiper ses salariés en conséquence. Mais désormais, l’enseigne est pourvue de masques, gants et gel hydroalcoolique, et l’organisation des effectifs a été revue pour que deux équipes puissent s’alterner afin de limiter les risques éventuels de contamination. « On ne va pas pouvoir reprendre en régime normal les premiers temps, et je m’attends d’abord à une faible fréquentation », déplore Patrice Roux, le patron des lieux dont la terrasse ne pourra désormais accueillir plus d’une vingtaine de personnes. « Il nous faudra au moins un mois avant de se remettre sur pied et on a déjà du retard dans les salaires. » En conséquence, le Camion Rouge ouvrira, au moins la première semaine, de 7h à 15h uniquement, de quoi pouvoir prendre le pouls.

Du côté de Chez Cousin, situé en face du centre-commercial Baobab, les inquiétudes semblent moins lourdes, les lieux permettant d’espacer les tables sans que cela n’impacte véritablement le taux de remplissage de la terrasse. Petite nouveauté, un camion-bar sera installé sur le parking attenant, et les pizzas devraient être remises à la carte pour le service du midi. Mais Chamsiddine Cham, mieux connu sous le surnom de Cousin, préfère rester prudent. « On ne va pas remettre tous les salariés dès le début, avant je préfère voir comme ça se passe », prévient le patron. « Je pense que les gens seront là, mais on ne peut pas savoir comment ça va se passer. » Alors, l’enseigne s’adapte elle aussi pour marquer une courte pause l’après-midi, entre 15h et 17h, heure où la fréquentation devrait être plus faible. Si la visibilité est moindre pour les prochaines semaines, elle l’est d’autant plus pour les établissements sans extérieur, condamnés à demeurer fermés ou à ne s’en tenir qu’à la vente à emporter à minima jusqu’au 22 juin, date du déploiement de la troisième phase de déconfinement annoncée par le Premier ministre.

Hôtels

La question des hôtels n’a en revanche pas été abordée par Édouard Philippe, pour la simple et bonne raison que ceux-ci n’ont jamais eu l’obligation légale de fermer, contrairement à ce qu’avait expliqué Emmanuel Macron à la mi-avril. Mais à Mayotte où la plupart de ces établissements accueillent des personnes en voyage d’affaires ou des touristes affinitaires, tous les clients avaient précipitamment écourté leur séjour afin de pouvoir embarquer sur l’un des derniers vols commerciaux avant la fermeture de l’aéroport, courant mars. Depuis, à défaut de dégager des recettes suffisantes, les professionnels du milieu ont préféré fermer, essuyant de nombreuses annulations de réservation. L’hôtel Caribou par exemple, l’un des plus fréquentés de l’île, voit encore des clients décommander leur séjour, parfois jusqu’au mois de novembre. L’activité du secteur est donc suspendue jusqu’à la reprise du trafic aérien. Mais elle sera par ailleurs touchée par l’obligation de quatorzaine à l’arrivée des voyageurs dans tous les Outre-mer. De quoi encourager encore un peu plus le report des séjours, et plus particulièrement ceux de courte durée.

Aéroport

Sans surprise, la reprise des vols commerciaux n’a pas été annoncée. « Une réouverture plus large des vols est prévue pour les vacances d’été », a précisé Édouard Philippe, sans ne citer aucune date. Le Premier ministre a toutefois expliqué que le rétablissement de la continuité territoriale dans les outre-mer était une priorité. Si la quatorzaine reste encore de mise pour les voyageurs, celle-ci pourrait être amenée à évoluer pour être, dans les territoires ultramarins, réduite à une période de sept jours, à l’issue de laquelle les voyageurs à l’arrivée devront être dépistée. En cas de résultat négatif, l’isolement pourra être interrompu.

Plages, plans d’eau, criques et îlots

« Les plages sont rouvertes sur l’ensemble du territoire national », a annoncé jeudi soir Édouard Philippe, alors qu’aucun maire mahorais n’avait encore adressé à la préfecture de demande de réouverture des sites de baignade dans sa commune. L’application locale de cette mesure, bien qu’explicite, a donc dans un premier temps posé question, avant que le préfet ne confirme, ce lundi soir, que toutes les plages, plans d’eau, criques et îlots de Mayotte étaient, dorénavant, à nouveau accessibles, et ce malgré les réticences de certains maires. Toutefois, les rassemblements sont toujours limités à dix personnes. Autrement dit, les voulé et bivouacs doivent impérativement s’organiser en petit comité, à l’instar des sorties en mer avec les opérateurs nautiques, qui ont pu reprendre le travail ce week-end.

Pour mémoire, Jean-François Colombet avait annoncé, il y a une semaine, que les plages pourraient rouvrir à condition que les maires prennent les mesures nécessaires au respect des gestes barrières. Ce week-end, Saïd Omar Oili, maire de Dzaoudzi-Labattoir, était encore le seul à avoir autorisé l’accès aux plages, criques et îlots de sa commune. Quelques jours plus tôt, l’élu avait pourtant expliqué à nos confrères de Mayotte La 1ère préférer attendre que le pic épidémique soit passé pour rouvrir ces espaces au public, avant de faire machine arrière.

Écoles

Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale était lui aussi au rendez-vous jeudi pour détailler la reprise de l’école, et l’annulation de l’épreuve orale du bac de français dans tout le pays. Dans le premier degré, seule une quinzaine d’établissements ont pu rouvrir à Mayotte la semaine dernière. Désormais, toutes ont l’obligation d’accueillir les élèves, au moins quelques jours par semaine, dès mardi, sous réserve, évidemment, que les préconisations sanitaires puissent y être observées. Alors que la fréquentation des écoles avait été très faible la semaine dernière, le rectorat espère voir une cinquantaine d’établissements rouvrir d’ici la semaine prochaine, parmi lesquels ceux de Mamoudzou, Kougnou, Bandraboua ou Pamandzi. « Si une école n’est pas prête, nous repousserons son ouverture », rassure Gilles Halbout. D’autant plus que « certains maires sont encore récalcitrants », pendant que d’autres ont profité de cette période – électorale, rappelons-le –

pour entamer des travaux dans quelques établissements. « Certains ne s’attendaient pas à devoir rouvrir dès mardi, il va falloir tout remettre en ordre. La semaine qui vient est cruciale », commente encore le recteur. Parmi les bons élèves, la maire de Chirongui a annoncé ce week-end que toutes les écoles de la commune pourraient rouvrir dès le 2 juin pour les classes de grande section, de CP, de CE1 et de CM2, grâce notamment à l’installation de points d’eau dans les établissements et aux réagencements des salles de classe. Près d’une centaine d’agents seront également aux côtés des élèves pour rappeler les gestes barrières et veiller à leur respect. Ils seront également chargés de désinfecter les locaux après les cours.

Concernant le second degré cette fois, la reprise des cours sera plus progressive. Sept collèges rouvriront mardi, uniquement pour les classes de 6ème et de 5ème. Côté lycée, la priorité est donnée aux formations professionnelles, où « il y a plus de décrochage », selon le ministre de l’Éducation nationale. Ainsi, le lycée de Sada pourra de nouveau accueillir ses élèves de terminale en filière professionnelle, aux horaires habituels, dès cette semaine. Ils sont par ailleurs autorisés à emprunter les transports scolaires. Gilles Halbout mise sur une ouverture de l’ensemble des autres lycées à compter du lundi 8 juin. De quoi permettre aux élèves d’assurer des entretiens pédagogiques individuels notamment.

Culture, loisirs et sports

Enfin, en zone orange, l’ouverture des piscines, gymnases, salles de sport, parcs de loisirs, salles de spectacles et théâtre a été fixée, au plus tôt, pour le 22 juin. Limitation des rassemblements à dix personnes oblige, la pratique de sports collectifs, ainsi que des sports de contact, demeure encore interdite et les discothèques et cinémas ont ordre de rester fermées jusqu’à cette date.

Les parcs et jardins ainsi que les musées et monument peuvent, eux, déjà recommencer à accueillir du public dans le respect des gestes barrières. Aussi, en début de semaine dernière, le préfet de Mayotte annonçait la réouverture progressive des lieux de culte, dans des conditions adaptées.

 

24h avec… Un gérant d’auto-école mahorais multi-tâches pour la reprise

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Zaraoui Nafion est le gérant de l’auto-école Subra. Il prépare l’établissement à reprendre du service dans le respect des règles d’hygiène et de sécurité. Pour cela, il doit se transformer en homme multi-tâches entre la désinfection des lieux, l’agencement de la salle de code et la réorganisation de l’heure de conduite. Tout est à refaire mais il est prêt à relever le défi.

Depuis le 16 mars, les voitures de l’auto-école Subra n’ont pas quitté leurs places de parking, les auto-écoles n’étant pas autorisées à donner des cours de conduite ou de code. La date de la reprise était donc très attendue. Zaraoui Nafion s’occupe de l’auto-école Subra à Mamoudzou. Depuis les annonces du premier ministre la semaine dernière, il passe ses journées à préparer l’auto-école afin de respecter les normes de sécurité. “En réalité, j’ai eu trois mois pour préparer la reprise. Je suis très impatient”, affirme-t-il en arrivant à son bureau le matin. Le programme est de taille pour Zaraoui qui est le seul à devoir tout gérer. Le premier changement qui s’impose est l’agencement de la salle de code. Sans perdre de temps, le gérant calcule le nombre de chaises qu’il devra enlever. “Pour respecter la distance d’un mètre je ne peux disposer que 6 chaises dans cette salle alors que normalement j’en ai 18.” Le constat est sans appel, la salle perd 2/3 de ses capacités et cela aura forcément des conséquences sur l’organisation globale de l’auto-école. “Avant les élèves pouvaient assister aux cours de code de manière illimité. Un élève pouvait rester là toute la journée. Maintenant je vais devoir faire un planning pour que tout le monde puisse assister aux cours. Un élève ne pourra plus rester toute la journée”, explique Zaraoui Nafion. Une fois la question des chaises réglée, ce dernier relève un autre problème. Le système des boîtiers qu’utilisent les élèves ne peut pas rester tel quel. “Pour cela je réfléchis encore à la solution idéale. Soit je vais devoir les désinfecter à chaque fin de cours, soit je vais imprimer les tests et faire à l’ancienne.” Cependant, la première option requiert du temps et la deuxième de l’argent. Le gérant réfléchit donc à la solution la plus avantageuse tout en mettant de l’ordre dans les papiers administratifs. Il doit jongler entre plusieurs tâches et ce n’est pas de tout repos. “Je dois absolument envoyer les comptes à la comptable pour être à jour, même si nous n’avons eu aucune entrée d’argent pendant presque trois mois”, indique Zaraoui Nafion, avec une pointe de regret. En effet, il n’y a eu aucune nouvelle inscription, ni aucune heure de conduite. De plus, le gérant redoute que les élèves ne soient pas au rendez-vous. “Avec la crise économique liée à la crise sanitaire, je ne suis pas sûr que les élèves viennent en masse pour payer des heures de conduite. Ce n’est clairement pas une priorité en ce moment et je les comprends.” Cela ne l’empêche cependant pas de repenser l’heure de conduite d’après confinement.

Les élèves mis à contribution

Après avoir collé les affiches indiquant les nouvelles règles à adopter sur tous les murs de l’auto-école, Zaraoui Nafion tient à nous montrer les changements opérés dans l’habitacle de la voiture. Accompagné de sacs poubelle et de lingettes désinfectantes il se dirige jusqu’à la voiture de l’auto-école. Il nous montre les gestes que devront désormais adopter les élèves. “L’heure de conduite sera quelque peu modifiée. L’élève sera mis à contribution. Avant de s’installer il devra couvrir son siège de deux sacs poubelle. Ensuite il nettoiera le volant avant de faire les réglages habituels”, explique-t-il. Le tout sous l’oeil avisé du moniteur qui vérifiera si tout est fait dans les règles. À la fin de l’heure, une désinfection sera également de rigueur. L’élève devra retirer les sacs poubelle, désinfecter avec des lingettes tout ce qu’il aura touché et mettre le tout dans un autre petit sac poubelle et le moniteur se chargera de le jeter. “Le moniteur devra réadapter son temps. Au lieu de prendre 5 minutes au début pour expliquer et 5 minutes à la fin pour faire le débrief, il ne devra en prendre que 3 à chaque fois car je ne veux pas que le temps de conduite soit diminué. L’élève ne sera pas perdant.” À la fin de la journée, la voiture sera entièrement désinfectée. Après avoir fait sa démonstration, Zaraoui Nafion retourne à son bureau sans perdre de temps. Il reste encore beaucoup à faire. “Je dois faire les plannings et pour cela je dois appeler tous les élèves pour connaitre leurs disponibilités. J’en profiterai également pour leur faire part des nouvelles mesures.” Parmi lesquelles le port du masque obligatoire au sein de l’établissement mais également dans la voiture. Le moniteur portera une visière. Les élèves devront emmener leurs masques mais l’auto-école a fait une petite réserve pour ceux qui l’oublieront. Pour le moment, la reprise se fait en douceur mais le gérant de l’auto-école Subra sait que cela ne va pas durer. “Je sais que je vais devoir travailler plus. Je vais arriver une demi-heure en avance pour vérifier que tout est en règle et nettoyer les endroits que j’aurais oubliés. Les premiers jours je vais également devoir beaucoup expliquer aux élèves les nouvelles règles tout en jonglant avec les procédures administratives.” Néanmoins, il se réjouit de reprendre du service car selon lui, “il était temps !”

 

Mayotte : les premiers agents de médiation attendus pour la mi-juin

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Promises en mars, les médiations de terrain issues d’un partenariat entre associations, préfecture et conseil départemental sont en passe de devenir une réalité avec la signature, ce jeudi, de la convention officialisant leur création. Si l’on proscrit désormais le terme de “brigades de vigilance citoyenne”, le dispositif reste le même avec un objectif de déploiement de 600 bénévoles sur le terrain, dont les premiers devraient entrer en service à la mi-juin.

“Ce ne sera pas la solution miracle, loin de là, mais au moins on essaye”, lance Dimitri Nawal Yssouffou, la directrice de l’association Messo. Autour d’elle dans l’hémicycle Bamana du conseil départemental, ses homologues associatifs, des élus départementaux au premier rang desquels le président Soibahadine et le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet. Tous sont venus ce jour assister à la cérémonie de signature de la convention, acte de naissance des médiations de terrain et, le cas échéant, apposer leur sceau sur ledit document. “On essaye”, “on se mobilise” face à des jeunes qui “manquent de réponse” et à l’encontre desquels “on a trop souvent le jugement facile alors qu’ils cachent une souffrance”, résument les représentants d’association mobilisés dans ce nouveau partenariat.

Pas de solution miracle donc, mais une véritable volonté affichée de toute part d’aller à la rencontre des jeunes, de trouver des solutions à leurs côtés. Mais attention, pas tous les jeunes prévient d’emblée le préfet. “Ceux qui ne sont pas des voyous et non ceux qui n’ont pour objectif que de perturber la vie des Mahorais”, martèle-t-il avec un message des plus clairs : faire de la médiation n’enlève en rien à “la répression pour les individus qui ne comprennent que ça”.

La méthode douce

Objectif donc, selon les termes du délégué du gouvernement, “essayer d’écarter des délinquants ces jeunes garçons ou filles qui viennent parfois grossir les rangs des combattants” lors des émeutes. Et tenter, en créant le dialogue, de leur trouver quelques perspectives d’avenir ou du moins, d’occupation, à travers différents services. L’outil ? 600 bénévoles de terrain, “répartis géographiquement selon l’évolution des besoins”, supervisés par une centaine d’agents du conseil départemental et selon le savoir-faire des associations partenaires (Messo, Mlezi Maoré, Coup de pouce et Fahamou Maecha). Le tout sous la houlette en binôme de la collectivité et de la préfecture. Laquelle fixe le calendrier : des “premiers éléments visibles d’ici la mi-juin”, l’ensemble du dispositif à la rentrée.

Le mot d’ordre est donc le dialogue. Le dialogue avec une jeunesse constitutive de “la richesse et de l’avenir de Mayotte” et pour laquelle “il n’est nullement question de la mettre en équation avec l’insécurité”, comme le fait valoir le président du Département. Exit donc, le terme de “brigades de vigilance citoyenne” évoqué en mars et à la sonorité trop guerrière. La mission n’est pas de sécuriser, l’instrument n’est pas la force. Car sur ce second volet, “on ne lâche pas la pression, les institutions font leurs actions, mais nous avons besoin de cela [la médiation] pour donner un nouvel élan de sérénité à l’île”, indique le préfet en prenant les devants sur les critiques à venir sur cette méthode douce.

Le représentant de l’État n’a d’ailleurs pas été le seul à prendre le devant sur ces jugements qui, nécessairement, pleuvront en trombe notamment sur les réseaux sociaux. “C’est facile d’être sur Facebook et de critiquer tout le monde, nous on a au moins le mérite d’être là et de répondre présent”. À bon entendeur…

 

Une transmission du covid-19 moins facile en zone chaude

L’hypothèse, souvent abordée lors du début de l’épidémie, tend à se confirmer. L’Académie nationale de médecine a rendu publique son étude évaluant l’effet du climat sur le Covid-19. Résultat : la température et l’humidité jouent bien un rôle dans la transmission.

La nouvelle pourrait contribuer à trouver une piste de sortie à la pandémie de Covid-19, ou en tout cas d’ajuster les méthodes de prévision. Dans une étude rendue publique le 25 mai, l’Académie nationale de médecine confirme en effet la corrélation entre climat et transmission du Covid-19.

À l’origine de l’hypothèse, un constat : “Plusieurs travaux montrent que l’élévation de la température et du taux d’hygrométrie [degrés d’humidité de l’atmosphère] affecte la viabilité du virus et réduit le nombre d’infections”, détaille l’Académie dans son communiqué de presse. Un lien entre température et épidémie quantifiées puisque “1 degré de température [est] associé à une diminution de 3,1 % des nouveaux cas et de 1,2 % des décès”.

Sur la base de ce constat, une enquête comparative a donc été réalisée à partir d’un réseau de 19 professionnels de santé – médecins, pharmaciens et cadres de santé – sur trois zones : tempérée avec la France et l’Italie ; africaine intertropicale avec le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Togo et le Gabon ; et les Dom-Tom, Mayotte comprise. Le tout en croisant plusieurs données, telles que les cas confirmés, les cas importés, autochtones, le nombre d’hospitalisations, de décès, la densité de population, etc., ainsi que les températures moyennes hebdomadaires relevées. Et les résultats sont clairs : “[Ils] attestent que l’indice de diffusion, de 2,67 en Europe pour une température moyenne de 11,2 °C, s’abaisse à 0,03 en Afrique subsaharienne ou la température moyenne s’élève à 34,8 °C.” Autrement dit, “ils confirment les observations selon lesquelles les climats chauds ont un effet réducteur sur la transmission [du virus] et confortent l’hypothèse d’une influence saisonnière du climat sur l’épidémiologie du Covid-19 dans les pays tempérés.”

Tenir compte du facteur climatique

La conclusion, si elle s’avère rassurante pour les zones intertropicales, amène toutefois son lot de changements. C’est notamment le cas en ce qui concerne les modélisations du phénomène épidémique. L’Académie recommande d’ailleurs d’intégrer désormais le facteur climatique, mais aussi les prévisions météorologiques, dans celles-ci. Si la nouvelle peut sembler positive pour les zones bénéficiant de températures chaudes, elle laisse toutefois entrevoir un risque réel de reprise de l’épidémie dans l’hémisphère nord après la saison estivale. Une possibilité déjà abordée qui tend là à se confirmer. Quant à Mayotte, elle semble faire figure d’exception compte tenu des conclusions exposées par l’étude. En tout cas, ces dernières laissent entrevoir ce qu’aurait été la situation du territoire sans les effets vraisemblablement bénéfiques de notre climat.

 

Les danses traditionnelles mahoraises deviennent un sport à part entière

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C’est une idée on ne peut plus originale qui a émergé dans la tête d’un amoureux des danses traditionnelles locales. Mansour Ramia est à l’origine de Moovafrica, un programme de sport basé sur les danses de chez nous. Le concept est adopté à l’international par des centaines de milliers de personnes. Aujourd’hui, le fondateur a besoin de passer à l’étape supérieure, mais le parcours n’est pas de tout repos.

Avez-vous déjà pensé à danser du M’godro ou du Chigoma tout en pratiquant du sport ? A priori, l’idée fait sourire, mais cela est bien possible grâce au concept Moovafrica imaginé et concrétisé par Mansour Ramia, coach sportif mahorais. “L’idée m’est venue lors que je travaillais à la mairie de Mamoudzou. Je mettais en place des séances de remise en forme pour les femmes et je ne voulais pas leur faire faire de la zumba parce que ça ne correspond pas à notre identité culturelle. Elles se sentaient plus concernées lorsque je mettais des rythmes africains”, explique Mansour Ramia. Convaincu de tenir un concept original, le coach sportif le développe et crée Moovafrica en 2014. Il s’inspire des pas de danses traditionnelles mahoraises et africaines pour créer des chorégraphies qui permettent de renforcer les muscles. Pendant quatre ans, il sillonne les routes de Mayotte pour faire découvrir son programme au Mahorais et le public répond toujours présent. En 2018, il décide d’exporter Moovafrica à l’international et le succès sera au rendez-vous. Dix pays ont adopté le concept, parmi lesquels certains d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Europe. Moovafrica a particulièrement pris une très grande ampleur en Amérique du Sud, région phare du fitness. “Il y a 205 coachs agrées Moovafrica depuis un peu plus d’un an, ce qui est énorme. L’objectif cette année est d’en avoir 500, puis 1.500 en 2021 et 3.000 en 2022. Et plus de 300.000 personnes ont pris part aux séances Moovafrica à travers le monde entre 2018 et 2020”, se félicite le fondateur.

Moovafrica a également permis de mettre à l’honneur des artistes mahorais tels que Bo Houss, Bodo ou Nixo. Tous ont écrit, composé et interprété des titres pour le programme. Aujourd’hui, Mansour Ramia passe à l’étape supérieure en collaborant avec une maison de disque africaine de renommée mondiale. Elle se chargera de produire toute la playlist des chorégraphies.

Un peu seul au monde

Le fondateur de Moovafrica se félicite du succès rencontré, mais il regrette d’être le seul à porter le projet. “C’est dommage de travailler pour la promotion de Mayotte et se retrouver seul. Je suis le seul à avoir investi et pour cela j’ai fait des prêts. C’est un énorme sacrifice, mais je crois en mon produit.” Il affirme avoir vu les portes des aides financières se refermer une à une et cela complique le développement à l’international. “Je dois m’occuper de la création des chorégraphies, de la musique, de la communication. Je ne vous cache pas que je suis dépassé. L’aide financière me serait très utile en ce moment, car j’aimerais embaucher du personnel.” Il s’appuie alors sur les coordinateurs internationaux afin de développer le concept dans leurs pays respectifs. Mais Mansour Ramia aurait aimé voir les jeunes mahorais à la tête du projet. “Ces métiers du sport sont faits pour la jeunesse. J’aurais aimé former des coachs de chez nous et les envoyer en mission en Amérique du Sud et en Afrique. Mais pour cela, j’ai besoin de partenariats avec les institutions locales. J’avais fait une demande de financement de formation de 20 jeunes au conseil départemental il y a moins d’un an et ça n’a jamais été traité”, regrette-t-il. Cela étant, il ne perd pas espoir et garde cette idée en tête. Il assure pouvoir la réaliser tôt ou tard. En attendant, le fondateur de Moovafrica souhaite installer son projet à Madagascar où il rencontre un énorme succès. “Je suis très déçu de ne pas être soutenu par les institutions locales alors je préfère développer mon concept à l’international en étant basé à Madagascar parce qu’à Mayotte rien ne bouge.” Mayotte a certes du talent, mais encore faut-il lui donner l’occasion de briller.

 

 

Réouverture des écoles et déconfinement : “À Mayotte, tout semble prétexte pour sortir du droit commun” s’inquiète le CESEM

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Établissements scolaires peu préparés, manque de moyens pour faire respecter le confinement, fragilités économiques… Alors qu’un communiqué dresse le bilan d’un “confinement mal compris”, le président du conseil économique, social et environnemental de Mayotte (CESEM), Abdou S. Dahalani, fait le point sur les préconisations de l’institution.

C’était l’annonce de la semaine : la réouverture progressive des écoles à partir du 26 mai, sans “aller trop vite”, tel que l’indiquait le recteur Gilles Halbout le week-end dernier. Une décision qui n’a pas manqué d’inquiéter les syndicats et les maires, pas forcément prêts à assumer les risques de propagation du virus dans les classes, même en respectant le maximum de 15 élèves. Et ce mercredi, c’est au tour du conseil économique, social et environnemental de Mayotte (CESEM) d’émettre ses doutes. Dans un communiqué, l’institution s’inquiète de voir le territoire passer d’un “confinement mal compris” à un “déconfinement mal encadré”. “Ici, tout semble prétexte pour sortir du droit commun”, résume Abdou S. Dahalani, le président du CESEM.

Il faut dire que Mayotte fait souvent figure de cas à part et le confinement n’a pas vraiment changé la donne. Au niveau scolaire, ce sont justement ses spécificités qui poussent le CESEM à la prudence. “La situation n’est pas homogène, et il faut rappeler que de nombreux établissements scolaires tournent encore en rotation, car ils sont en surcapacité. Cela rend d’autant plus difficile l’organisation pour la réouverture dans le respect de la distanciation sociale”, tient à rappeler le président. “Il faut donc examiner au cas par cas pour déterminer quels établissements sont en mesure d’ouvrir”, poursuit-il.

Les conditions pour la réouverture ne sont pas réunies

C’est pourquoi le CESEM conditionne la réouverture à la réunion de quatre conditions, difficilement remplies à ce jour : une baisse sensible de l’épidémie sur le territoire avec une généralisation des tests ; une décision du conseil municipal avant toute réouverture ; un dépistage des personnels ; et un équipement des écoles en gels, solutions hydroalcooliques ou points d’eau à l’entrée des établissements et de lavabos devant les salles de classe, accompagnés d’un personnel dédié. Vu la situation, le conseil penche donc plutôt pour une rentrée en août 2020, en utilisant “ce laps de temps pour mettre aux normes les établissements scolaires”. Quant au décrochage scolaire, il faut, si rentrée il y a, prioriser celle des élèves “qui n’ont pas ou peu été scolarisés”, souligne Abdou S. Dahalani, et équiper tous les élèves en matériel informatique pour suivre les enseignements à distance.

Un confinement peu respecté faute de moyens

Pour le reste, le président du CESEM s’étonne de voir “à Mayotte, en zone rouge et alors même que l’île n’est pas officiellement déconfinée, ce qu’on ne voit pas dans les autres zones rouges du territoire national”. En cause selon lui : l’incapacité à faire appliquer les règles, alors même que le Mistral a, dès le 4 avril, débarqué 66 personnes et une trentaine de véhicules en renforcement du Détachement local de la Légion étrangère de Mayotte. Le CESEM déplore dans son communiqué un certain nombre de dysfonctionnements dans la gestion de la crise sanitaire : le manque de coordination entre les différents acteurs étatiques au niveau local, le sous-dimensionnement des moyens mis en œuvre par la préfecture pour faire respecter le confinement, l’absence de prise en charge matérielle et financière par le maire ou le préfet des obsèques face à une urgence d’inhumation, l’installation de points d’eau favorisant attroupements et prolifération du virus de la dengue, la contamination massive des personnels soignants, et le nombre insuffisant de professionnels soignants spécialisés dans la gestion de la crise sanitaire épidémique. “Si Mayotte était en métropole, les moyens ne seraient pas ceux d’aujourd’hui, il y en aurait plus, pour faire passer les messages auprès de la population, ou mieux doter l’hôpital, comme ce qui s’est passé dans le Grand-Est”, cite en exemple Abdou S. Dahalani.

Un challenge économique

Au niveau économique, enfin, le président du CESEM appelle encore à une meilleure prise en compte des réalités du territoire. “Nous avons ici beaucoup de petites entreprises, pas prêtes à faire face, après d’ailleurs une succession de crises”, rappelle-t-il. “Et malheureusement, l’on peut craindre que certaines mesures nationales ne soient pas adaptées”. D’autres, comme le chômage partiel, “pourraient être prolongées, pourquoi pas jusqu’à la fin de l’année”, suggère-t-il. Le président rappelle aussi une préconisation déjà formulée par le conseil économique, celle de créer un dispositif pour permettre aux entreprises qui ont des créances auprès de certaines collectivités d’obtenir des compensations au niveau des organismes sociaux et fiscaux. Enfin, Abdou S. Dahalani n’oublie pas le contrat de convergence. “Soyons en capacité de consommer 1,6 milliard d’euros en quatre ans !”, écrivait-il dans le périodique du mois de mai du CESEM. “Il faudrait sanctuariser toutes les conventions signées avec Mayotte, pour éviter que les crédits ne disparaissent s’ils ne sont pas consommés”. Car le plan de convergence à utiliser sur quatre ans pour développer le 101ème département risque lui aussi de pâtir de la crise du Covid. Sans parler des élections municipales de 2020, et des cantonales de 2021, qui vont encore retarder le lancement des projets. “C’était déjà un challenge avant, aujourd’hui, c’est un super challenge !”, conclut-il.

 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

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L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Flash Infos : Où en est-on sur l’enquête concernant le rapt de Petite-Terre ?

Camille Miansoni : Je tiens d’abord à rappeler que le dossier est désormais entre les mains du juge d’instruction est que c’est à lui, dorénavant, de diriger les différentes investigations nécessaires à le monter. Toutefois, la victime est toujours recherchée et à ma connaissance, aucun signe de vie n’est apparu depuis le début de l’enquête. Les recherches ont toujours lieu, car c’est un élément primordial dans cette affaire, c’est une clef, car beaucoup de choses dépendront de si on retrouve ce jeune homme ou pas et si on le retrouve en vie ou non. La question reste entière.

FI : Avez-vous toujours l’intention de former appel contre la décision de placer les deux principaux suspects en contrôle judiciaire et non en détention provisoire comme vous le requériez ?

C. M. : L’appel est désormais formé, il sera audiencé dans les prochaines semaines. La particularité de cet appel est que le juge des libertés et de la détention ne décidera plus seul, mais de manière collégiale du sort de ces personnes en attendant leur procès.

FI : La garde à vue de ces personnes, puis l’éventualité de leur placement en détention provisoire, a suscité l’émoi au sein d’une certaine partie de la population. Pourquoi considériez-vous nécessaire que les deux hommes en question soient maintenus en détention dans l’attente de leur procès ?

C. M. : Tout d’abord, rappelons que dans ces circonstances, le principe c’est la liberté et la détention doit rester une exception. Cela découle du principe de présomption d’innocence. Dès lors, la demande de placement en détention provisoire doit répondre à un ou plusieurs critères précis. Il s’agit notamment de considérer que la remise en liberté peut voir une incidence négative sur l’enquête. Dans le cas d’espèce, nous avons un troisième suspect qui court toujours, une victime qui n’a pas encore été retrouvée. Est-on sûr qu’en remettant les deux premiers individus en liberté, il ne peut y voir des démarches qui soient entreprises pour faire en sorte que la vérité ne puisse apparaître ? C’est la question que j’ai posée au juge des libertés et de la détention.

De manière générale, seule une série de critères légaux permet de déroger au principe de liberté. On peut ainsi placer en détention provisoire afin d’empêcher un risque de concertation, de pressions sur les témoins ou les victimes. Un risque de soustraction à l’action de la justice, de trouble public, de disparitions des preuves et bien évidemment de réitération. On ne va pas vous faire un dessin, il y avait bien selon moi, plusieurs de ces critères remplis. Si je dis notamment qu’il peut y avoir des pressions, je le pense très sérieusement.

FI : Si selon vous, pas un mais plusieurs de ces critères étaient remplis, comment expliquer que le juge n’ait pas suivi vos réquisitions ?

C. M. : Tout simplement, car je ne suis pas le seul acteur. Le juge prend sa décision à l’issu d’un débat durant lequel certes le procureur intervient, mais aussi le mis en cause et son avocat. Ce qui me manque pour comprendre la décision du juge, c’est la position de la défense. L’avocat peut très bien avoir plaidé qu’il s’agissait d’un bon père de famille, pas connu de la justice, qui n’aurait aucun intérêt à fuir ou à freiner le cours des investigations… Je n’en sais rien. Une seule chose est sûre, quelque chose a convaincu le juge des libertés et de la détention.

FI : Ne pensez-vous pas, outre les arguments de la défense, que le juge ait pu être influencé par la crainte de troubles à l’ordre public qu’aurait pu engendrer le placement en détention provisoire de ces deux hommes alors même qu’au moment de décider, une manifestation devant le tribunal était déjà présente ?

C. M. : Ce n’est pas un critère. Le critère correspondant au risque de trouble à l’ordre public fonctionne dans l’autre sens, c’est-à-dire que la remise en liberté pourrait causer des troubles à l’ordre public. Ce que vous évoquez n’est pas prévu par la loi et je n’ai pas la capacité de savoir ce qui a motivé le juge, c’est le secret du délibéré. Le juge a pris sa décision en son âme et conscience et je ne me permettrais pas de faire des suppositions sur les éventuels éléments extérieurs qui auraient pu déterminer son choix. C’est la justice des hommes, avec ses qualités et ses défauts, mais nous nous devons de respecter ces choix, même si je les conteste juridiquement en faisant appel.

FI : Justement, concernant le respect de la justice. Vous êtes au centre de toutes les critiques pour faire preuve d’un supposé laxisme utilisé pour justifier une justice pour le moins expéditive. Qu’en pensez-vous ?

C. M. : J’en pense qu’on se trompe complètement. C’est le premier paradoxe qu’illustre cette affaire. Car quiconque aura pris la peine d’assister à une audience aura compris que le rôle du procureur, institutionnellement, est de protéger la société avant tout. Quand je déferre un individu, ce n’est pas pour chercher l’indulgence, mais au contraire pour le voir condamné. S’il y a bien quelqu’un, dans l’appareil judiciaire qui inspire la fermeté et la sévérité, c’est le procureur et donc moi. S’il y a des condamnations, c’est de mon fait, de celui du parquet et de personne d’autre. C’est ce que nous demandons, mais ce n’est pas nous qui prenons les décisions.

Cette lecture qui est faite de l’institution comme source d’un supposé laxisme est donc tout à fait paradoxale.

FI : Y a-t-il selon vous un problème plus large de conception de la justice à Mayotte ?

C. M. : Le sujet est, encore une fois, paradoxal. La question, pour une société qui veut regarder vers l’avenir, c’est comment on régule ses difficultés. Car dans aucune société, on ne peut éradiquer la délinquance ou la criminalité, on ne peut faire que la contenir. Mais dans une société qui fait face à cette difficulté, considérer que la violence devrait être la réponse adaptée alors même que l’on s’en plaint pose sérieusement problème. Je ne dis pas que c’est problématique d’un point de vue individuel : il est tout à fait compréhensible qu’un homme, d’autant plus s’il a été victime par le passé se satisfasse d’un châtiment. C’est malgré tout humain. Mais là où la chose n’est pas supportable,

c’est que la société, à travers ses organes, ne condamne pas ça. Ça, ce n’est pas normal. Cela accrédite l’idée qu’il est normal d’agir ainsi, de se venger en répondant à la violence par la violence.

Cette absence de réprobation de la part de la société est pour moi une ligne rouge. Quand je dis cela, je le répète, je fais une distinction entre l’individu et ses sentiments humains et la société. Mais en tout été de cause, quand la société ne condamne pas cette réponse individuelle, elle laisse libre cours à la banalisation de cette violence et c’est insupportable. Surtout quand, en face, il y a une partie de cette même société, qui revendique de parler en son nom et qui considère que s’opposer à cela est un affront.

Il y a souvent, et ce n’est pas vrai qu’à Mayotte, une incompréhension dans la manière dont la justice, l’institution, fonctionne et quel est son rôle. Mais la loi est là et ce ne sont pas les magistrats qui la font. Peut-être aussi qu’il y a ici un certain décalage culturel qui accentue cette vision biaisée du rôle de la justice.

FI : Pourtant la justice est le socle de l’État de droit qu’est censée incarner la France. France pour laquelle les Mahorais n’ont jamais manqué de montrer leur attachement et leur volonté d’égalité à travers elle…

C. M. : Effectivement, c’est encore un autre paradoxe. C’est une société foncièrement attachée à la France, qui a toujours fait preuve de cet attachement sans ambiguïté. Mais quand on revendique cela, on se doit de respecter ses institutions. Quelque part, je me sens proche de Mayotte, car je suis Français d’adhésion. Je ne suis pas né Français, je le suis devenu et j’ai décidé de me mettre à son service, car je pense qu’elle porte des valeurs qui me correspondent. Mayotte a également choisi d’être française et ne peut donc pas faire l’impasse sur le respect de ses institutions et de ses lois.

FI : Au-delà des institutions, c’est bien vous, régulièrement, qui êtes visé par les critiques, parfois peu amènes. Qu’en pensez-vous ?

C. M. : Il n’y pas que moi, au-delà des institutions, quand je vois comment certains sont capables de s’en prendre au préfet ou à la directrice de l’ARS, je suis forcément choqué. Dans mon cas, j’ai cru comprendre qu’il y avait une autre dimension dans l’équation et qui est liée à mes origines… Ce que j’ai du mal à comprendre vu la proximité entre Mayotte et l’Afrique. Mais je ne suis pas sorti de ma savane pour débarquer à Mayotte ! J’ai fait mes preuves pendant 20 ans, j’ai fait mon tour de France à la manière des compagnons, mon dévouement n’est plus à prouver.

 

Les auto-entrepreneurs deviennent une réalité à Mayotte

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Les différents acteurs socio-économiques de l’île présentaient ce mercredi à la Chambre de commerce et d’industrie, la concrétisation d’un projet qui était très attendue par les micro-entreprises. Désormais, les nouveaux entrepreneurs peuvent prétendre au statut d’auto-entrepreneur à Mayotte. Un régime aux nombreux avantages.

Il y a encore un mois, un entrepreneur qui voulait lancer sa boîte à Mayotte ne pouvait pas le faire en tant qu’auto-entrepreneur. Pourtant il s’agit du statut le plus avantageux et le plus simple lorsque l’on se lance dans la création d’une entreprise. Depuis le 15 avril, cela est désormais possible sur le territoire. Ce régime incite les Mahorais à créer leurs entreprises puisqu’ils seront exonérés des cotisations sociales pendant 24 mois, ils peuvent également exercer un autre métier en parallèle ou encore bénéficier d’un régime fiscal avantageux. “Il s’agit de déployer une offre de services adaptés au contexte socio-économique tel que nous le vivons. Il s’agit de proposer des parcours attentionnés au public qui est peu familier à la démarche administrative et juridique,” explique la directrice de la caisse de sécurité sociale de Mayotte, Ymane Alihamid-Chanfi. En effet, ce dispositif se veut simple et efficace pour les entrepreneurs qui sont souvent freinés par la complexité des démarches administratives.

Plus d’excuses pour rester dans l’informel

La crise sanitaire a fait de nombreuses victimes économiques et la première d’entre elles a été l’économie informelle. Les travailleurs se sont retrouvés du jour au lendemain sans revenu et sans aucune aide. Ce dispositif d’auto-entrepreneur tombe donc à point nommé. “Si nous avions eu l’intelligence de ce régime que nous proposons aujourd’hui, peut-être aurions-nous résisté différemment”, selon le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet. Le statut d’auto-entrepreneur offre une chance de sortir de l’économie informelle et d’augmenter le nombre d’entreprises formelles mahoraises. “Mayotte a des talents bien cachés, parfois invisibles à cause de l’activité informelle et c’est ce statut qui va permettre de les révéler”, déclare Ymane Alihamid-Chanfi. Ce statut particulier est également une garantie pour celui qui entreprend. “Les crises se succèdent à Mayotte, et ce régime protège celui qui prend des initiatives. Il lui assure un avenir”, argumente Jean-François Colombet. Ce projet a tout pour faire rêver les nouveaux entrepreneurs. Mais le budget permettant de le concrétiser n’a pas encore été défini. Le directeur de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte reste alors sur ses gardes. “Il est impératif que ces actions d’accompagnement menées par les différentes chambres puissent bénéficier d’enveloppes budgétaires spécifiques. Il ne faudrait pas que ce projet devienne, par manque de moyens, une amère désillusion.” Une crainte à laquelle la directrice de la CSSM a répondu : “Ça ne sera pas une désillusion, nous travaillerons ensemble pour que ça ne le soit pas.”

Les premiers auto-entrepreneurs made in Mayotte

Rachid, 28 ans

Rachid est salarié en tant qu’ingénieur d’affaire dans une boite d’assainissement d’eau potable sur l’île. Il a cependant ressenti le besoin d’avoir une activité parallèle. “Mon entreprise consiste à fournir des informations utiles pour les prises de décisions stratégiques qui touchent pratiquement tous les domaines.” En d’autres termes, il aide les entreprises à prendre les bonnes décisions. Mais à l’exemple de nombreux jeunes entrepreneurs, Rachid a eu peur de l’échec, peur de se lancer dans un projet qui n’aboutirait pas. “Le statut d’auto-entrepreneur permet de rassurer ceux qui ont des idées. Je peux me protéger tout en développant mon idée.” Ce projet tombe à pic pour lui. Il est d’ailleurs le premier auto-entrepreneur à s’être déclaré officiellement. “Je ne comprenais pas pourquoi ce statut n’existait pas à Mayotte. Mais dès lors que j’ai su qu’il allait être mis en place, je me suis immédiatement inscrit. Il m’a fallu un ordinateur et internet et en 10 minutes j’avais créé mon entreprise en toute simplicité.”

Nadjma, 24 ans

Nadjma travaille en tant que vendeuse dans une boulangerie. Elle est diplômée d’un BTS vente, mais elle s’intéresse au secteur administratif. “Beaucoup de gens viennent me demander de les aider dans leurs démarches administratives, alors j’ai décidé d’officialiser cela et de créer mon entreprise dans ce domaine parce que cela me plaît.” La jeune femme se spécialisera dans la rédaction des courriers, les déclarations d’avis d’impositions ainsi que les démarches souvent fastidieuses de la CAF. Nadjma est au stade de test et le statut d’auto-entrepreneur représente une certaine garantie pour elle. “Cela me permettra de garder mon travail actuel tout en lançant mon entreprise.”

Awa, 29 ans

Awa a ouvert son entreprise en cosmétiques naturels il y a quelques mois. Aujourd’hui, elle se réjouit de pouvoir se considérer officiellement comme auto-entrepreneur. “Les démarches administratives étaient trop lourdes pour rendre mon entreprise formelle, alors qu’avec le statut d’auto-entrepreneur tout est fluide et simplifié.” Par ailleurs, cela lui a permis de protéger son idée. À cause de la lenteur administrative, Awa redoutait qu’une autre personne soit plus rapide et propose le même projet. “Grâce à l’accompagnement dont j’ai bénéficié à la CCI tout est allé très vite. J’encourage donc toutes les personnes qui veulent concrétiser un projet à le faire, car elles seront très bien accompagnées.”

 

Reprise des cultes à Mayotte : la foi d’attendre

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Mardi 26 mai, le préfet a autorisé la réouverture des lieux de culte à Mayotte. Une reprise de la vie spirituelle attendue par nombre de fidèles musulmans ou chrétiens, mais qui demande toutefois une organisation toute particulière. Car il ne s’agit pas de faire une croix sur les mesures sanitaires.

Avec le confinement débuté à la mi-mars, les cultes ont été mis entre parenthèses. Les fêtes de Pâques et le ramadan se sont ainsi déroulés – cas rare – sans célébrations religieuses ni rassemblements de fidèles. Une période qui touche à sa fin puisque le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, a autorisé la réouverture des églises et mosquées à partir d’avant-hier, au lendemain de l’Aïd. Une décision qui réconforte les fidèles de toutes les confessions, mais qui demande une organisation toute particulière, car, si Mayotte tend à se déconfiner peu à peu, l’île demeure dans le rouge et les mesures sanitaires, elles, ne sont pas près de disparaître. Les responsables des cultes pratiqués à Mayotte en ont bien conscience.

Ainsi, les mosquées ne réouvriront officiellement que lundi 1er juin. La décision, prise à la suite de deux réunions tenues hier et avant-hier et réunissant notamment la direction départementale du pôle enfance et famille du conseil départemental, et celle de la cohésion sociale, est expliquée par le directeur de cette dernière, Younoussa Abaine. “Il y a des préparatifs”, justifie le responsable, “tel que nettoyer et désinfecter les édifices fermés depuis deux mois. Il faut aussi que soient réunies les conditions de respect des distances de sécurité avant de les rouvrir, que nous déterminions comment les tapis vont être désinfectés, par exemple, ou comment faire pour que les fidèles ne sortent pas par là où ils sont rentrés. C’est ce à quoi nous allons réfléchir durant cette semaine, en sollicitant les responsables de mosquées pour qu’ils fassent respecter absolument ces consignes de santé.” Une réunion devrait ainsi se tenir ce week-end avec lesdits responsables et les autorités sanitaires afin “de sensibiliser les acteurs de terrains pour qu’il n’y ait pas d’attroupements autour des mosquées, et qu’à l’intérieur les mesures soient respectées.” La démarche, obligatoire, a toutefois un coût. Son estimation doit être faite et soumise aux pouvoirs publics pour demander leur aide, car “ce n’est plus simplement un problème de culte mais de santé publique”.

Autre point, la prière du vendredi qui se tient traditionnellement dans les mosquées qui y sont consacrées. “Le problème se pose en effet tout particulièrement pour ce jour-là”, confirme le directeur de la cohésion sociale. “Elles ne peuvent plus se dérouler comme avant, avec des mosquées parfois bondées. Exceptionnellement nous envisageons donc que cette prière du vendredi puisse se faire dans les autres mosquées du village.” Dans tous les cas, “le conseil cadial demandera à la population de s’associer à ces mesures pour que la vie de tous soit protégée, c’est capital”.

Une église dans l’attente

Du côté de l’église Notre-Dame de Fatima, ce n’est pas un secret non plus : la date de reprise des messes n’est pas encore connue. Et pour cause : si les autorités préfectorales ont autorisé les lieux de culte à ouvrir leurs portes, le curé de la paroisse, le père Bienvenu Kasongo, attend également pour sa part les consignes de sa hiérarchie. En l’occurrence, celles de la conférence des évêques de France, puis celle de Mgr Charles Mahuza Yava, vicaire apostolique de l’archipel des Comores. “Nous sommes évidemment soumis au protocole établit par les autorités sanitaires, mais nous devons aussi nous appuyer sur ce que nous conseillerons les évêques. C’est une question de sécurité, et à travers elles de respect de la vie d’autrui”, détaille le prêtre en poursuivant : “Une fois que nous aurons cette autorisation, alors nous réunirons le conseil paroissial pour examiner les solutions à mettre en place et tiendrons les fidèles informés.”

Dans le détail, et même si “Dieu merci l’église possède quatre entrées et est bien aérée”, il s’agit de tenir compte des contraintes du bâtiment afin de l’aménager : “Marquage au sol, espacement des fidèles sur les bancs, mise en place de barrières, il y a des solutions à trouver. Il y aura ainsi sans doute deux messes au lieu d’une afin de répartir les fidèles. Nous commencerons avec celles du dimanche avant de reprendre celles en semaine, puis les sacrements. Nous devons aussi nous concerter pour que des paroissiens, sur la base du volontariat, nous aident à mettre tout cela en place, à distribuer du gel hydroalcoolique, à s’assurer que chacun porte un masque, etc.”

Une réorganisation pour laquelle le prêtre fait un parallèle avec la Pentecôte, que les catholiques célèbreront le dimanche 31 mai. “La Pentecôte, c’est l’Esprit Saint sur les apôtres et la naissance de l’Église. Ils s’organisaient ensemble à ces fins. Alors nous allons nous inspirer d’eux. Nous aussi, aujourd’hui, nous allons œuvrer ensemble au cœur de la paroisse, et prier pour que l’Esprit Saint nous guide.”

 

L’hélicoptère et l’avion sanitaire, deux moyens de transport à pérenniser sur le long terme à Mayotte

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Le centre hospitalier de Mayotte a reçu successivement ce mois-ci un hélicoptère et un avion sanitaire pour évacuer rapidement au sein même de son territoire et à La Réunion les patients les plus critiques. Preuve que ces moyens de transport sont indispensables avec un homme victime d’une rupture d’anévrisme vendredi dernier.

Vendredi 22 mai au matin, le 15 reçoit un appel d’une famille depuis son domicile en Petite-Terre pour signaler un homme inconscient, qui ne se trouve pas en détresse respiratoire sur le coup. L’équipe du SAMU de la petite île se rend illico presto sur place pour lui prodiguer les premiers soins, rejointe en hélicoptère quelques minutes plus tard par celle du SMUR du centre hospitalier de Mayotte. “On est arrivés vers 8h30 pour le ramener à la zone de déchocage des urgences pour procéder à un scanner cérébral”, explique Mariam Viollet, le médecin qui a fait l’aller-retour ce jour-là. L’imagerie confirme alors la suspicion d’un saignement dans sa tête. “Un problème neurologique grave”, signale la jeune femme, qui affiche sur ses épaules une veste stipulant une expérience en Guadeloupe.

Plongé volontairement dans le coma par le personnel soignant, le quarantenaire se retrouve intubé pour être ventilé. En temps normal, ce type de patient monte immédiatement en réanimation pour être pris en charge. Mais son état critique contraint l’effectif en poste à faire son diagnostic au déchocage avant un possible transfert à l’étage, qui n’interviendra finalement pas. Plusieurs médecins de différentes spécialités le rejoignent pour prendre collégialement la meilleure décision. Certains revendiquent son départ à La Réunion avec l’avion qui doit décoller à 15h, tandis que d’autres affichent une certaine réticence en raison du timing serré. Finalement, le choix s’arrête sur la première option. Responsable du pôle URSEC, qui supplée ce jour le docteur Ludovic Iché en charge des évacuations sanitaires, Christophe Caralp contacte dans la foulée le neurochirurgien d’astreinte de Saint-Pierre pour l’avertir de cet envoi inopiné. “Plus on attend, plus son pronostic est engagé”, précise-t-il.

“On perdait 24 heures et son pronostic vital était engagé”

Ne reste plus qu’à le préparer en un temps record, soit 1h30 ! “L’une des techniques à réaliser était la pose d’un cathéter intraventriculaire cérébrale, c’est-à-dire un pique pour mesurer sa pression intra-crânienne et ainsi savoir s’il perfusait correctement son cerveau”, détaille Anne-Sophie Voarick, médecin en charge du patient. Rare, cette procédure invite plusieurs curieux à passer leur tête de l’autre côté du rideau pour y assister. “Personne n’en avait jamais vu auparavant”, admet-elle. À l’instar de Pauline Laudière, infirmière, qui vit à ce moment-là son deuxième jour en déchocage et qui se retrouve au milieu de ce dispositif spectaculaire. Sa mission ? Préparer les drogues d’induction, de sédation et d’entretien. “Je m’attendais à beaucoup plus de stress, mais on a la chance d’avoir une équipe soudée. Dans ce genre de situation, on se répartit les rôles dès le début et on communique beaucoup, sinon c’est source d’erreurs”, confie-t-elle, visiblement satisfaite du travail accompli, après avoir couru dans tous les sens toute la journée.

Une fois équipé, le patient s’envole direction l’aéroport où l’attend l’avion, déjà doté de deux autres civières et de trois autres personnes. “Sans l’hélicoptère, il ne partait pas. On perdait 24 heures et son pronostic vital était engagé”, insiste Christophe Caralp, qui revendique bec et ongles son utilité sur une île comme Mayotte. Exemple significatif : il faut compter 50 minutes pour rejoindre Bouéni par voie terrestre, contre 7 par les airs. “Sur un arrêt cardiaque, ça change tout !” Même son de cloche pour l’avion sanitaire, qui permet un aller-retour jusqu’à l’île Bourbon sur la journée et surtout un gain d’effectif. En cette période de crise, ces deux moyens de transport sont pour le moment loués jusqu’au mois de juillet. Ne reste plus qu’au chef de pôle à démontrer son importance vitale grâce à des données précises puis à convaincre les autorités de sauter le pas pour les pérenniser sur le long terme. En tout cas, vendredi dernier le justifie bien… “Le patient est arrivé à la bonne heure à La Réunion, il a eu cette chance-là ! Mais il n’est pas sorti d’affaires, le risque d’avoir des séquelles neurologiques graves est toujours présent”, tempère toutefois Anne-Sophie, qui ne s’attendait pas à une telle activité en se levant le matin même.

 

Gestion des cadavres à Mayotte : la cour d’État a tranché

Saisi le mois dernier par un croque-mort mahorais et le collectif des citoyens, le conseil d’État a finalement jugé que la gestion de la crise sanitaire par l’ARS de Mayotte ne présentait aucune carence. Les requérants ont décidé de saisir la cour européenne de justice, estimant que certains éléments n’ont tout bonnement pas été pris en compte.

Fin d’un suspens qui aura duré près de quatre semaines. Le conseil d’État a finalement rejeté la requête de Jean L’Huilier, directeur de la société Transport Posthume de Mayotte, qui accusait l’ARS de mauvaise gestion de corps potentiellement atteints du Covid-19, auxquels le croque-mort aurait, sans le savoir, été directement exposé, comme nous le relations dans l’édition du Flash Infos du mardi 26 mai 2020. Le 27 avril, le tribunal administratif de Mayotte avait rejeté la première demande de Jean L’Huilier, plus tard rejoint dans sa démarche par le collectif des citoyens.

La plus haute juridiction administrative du pays a en effet estimé que l’ensemble des dispositifs légaux décidés à l’échelon national concernant les conditions de mises en bière des corps jugés à risque ont été respectées à Mayotte : “L’agence régionale de santé a, dès le 2 avril 2020, encouragé les médecins à rédiger les certificats de décès en ligne et, le 7 avril 2020, informé le directeur général de la santé des difficultés pouvant être localement posées par l’obligation de mise en bière immédiate (comme prévue par le décret du 1er avril 2020, ndlr), du fait de l’usage limité du cercueil, en proposant que le corps des défunts dont la famille le souhaite puisse être à ce titre placé dans une housse mortuaire”, précise l’ordonnance de huit pages du juge des référés. “Dans ces conditions, l’agence régionale de santé de Mayotte ayant d’ores et déjà, dans la limite des compétences qui sont les siennes et dans le respect des attributions du représentant de l’État territorialement compétent, pris les mesures propres à assurer l’établissement et le respect de protocoles de prise en charge du corps des défunts pendant la crise sanitaire”.

La cour d’État rappelle par ailleurs qu’après une première réunion entre le CHM, l’ARS et les trois entreprises de pompes funèbres du département à la mi-avril, une seconde rencontre avait eu lieu une semaine plus tard “afin de détailler les modalités de prise en charge des personnes décédées pendant la période de crise sanitaire, sur la base du protocole actualisé du centre hospitalier pour les personnes qui y décèdent, et sur la base d’un protocole qui a fait l’objet des travaux des participants pour les personnes décédées à domicile”. Un protocole dont plusieurs points allaient, selon le directeur des pompes funèbres Transport Posthume de Mayotte, à l’encontre de l’avis des professionnels du secteur, à propos notamment de l’usage de housse mortuaire.

Si l’affaire est tranchée, elle risque de ne pas s’arrêter là, les requérants souhaitant à présent saisir la cour de justice européenne. “On a perdu et ce n’est pas normal”, déplore Jean L’Huilier. “La cour d’État ne se positionne pas sur les fautes commises entre le début du confinement et le 11 mai”, date à laquelle deux décrets ont été promulgués afin de préciser les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire et sur lesquels s’est appuyé la cour d’État. Or, les premiers dysfonctionnent ont été observés par le croque-mort dès la fin du mois de mars. Affaire à suivre donc.

 

“Outre-mer en commun” : comment Mayotte va pouvoir en bénéficier

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La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, et le directeur général de l’agence française de développement, Rémy Rioux, ont lancé lundi l’initiative “Outre-mer en commun”. Dotée d’un milliard d’euros, elle doit permettre aux territoires ultramarins de faire face à l’urgence sanitaire et à la crise économique liées au Covid-19, ainsi que de préparer un plan de relance durable. Yves Rajat, directeur de l’AFD à Mayotte, détaille le dispositif et ses implications pour le territoire.

Flash Infos : Sur ce milliard d’euros, comment sera décidé la somme attribuée à chaque territoire ultramarin ? De combien va pouvoir bénéficier Mayotte ?

Yves Rajat : Il n’y a pas de répartition a priori. Il s’agit en réalité de fonds disponibles a minima, et que l’on pourra ajuster pour répondre aux demandes. Le fait est que certaines géographies sont plus en attente que d’autres, je pense par exemple aux collectivités du Pacifique. C’est pourquoi nous avons d’ores et déjà accordé un prêt d’un montant de 240 millions d’euros à la Collectivité de la Nouvelle-Calédonie. On parle là d’une somme importante, ce qui est rendu possible avec la garantie de l’État. Pour le reste, nous ne pouvons pas tellement dire que nous allons donner tant à tel acteur, mais nous attendons plutôt de recevoir des demandes spécifiques. S’agissant de Mayotte, c’est encore une géographie différente. On l’a vu d’ailleurs avec la dernière note de l’Insee. L’activité économique de Mayotte a sensiblement moins diminué que celle des autres territoires ou au niveau national : -18 % ici, contre plutôt -28 % à La Réunion, ou en Guyane par exemple. Certes, cela s’explique surtout par un facteur structurel, car les services non marchands, qui ont moins été touchés par la crise, pèsent deux fois plus lourd à Mayotte. Et cela ne veut pas dire que nous sommes à l’abri d’une détérioration du climat social. Mais du côté des collectivités en tous cas, la situation sera moins grave ici qu’autre part. Aucune n’a pour l’instant fait de demande de report d’échéances, d’ailleurs, alors que nous le leur proposons ainsi qu’aux entreprises auxquelles nous avons octroyé des prêts dans le cadre de la crise du Covid-19.

Il n’en demeure pas moins que sans mesures de soutien, en réponse aux conséquences financières de la crise liée au Covid-19, les collectivités mahoraises seront exposées à des difficultés de trésorerie* importantes et à une contraction de leur capacité d’autofinancement. Toutefois, compte tenu de la nette amélioration, au cours de ces dernières années, de leur situation financière, seules quelques communes devraient se retrouver sans capacité suffisante d’autofinancement. Pour vous donner une idée, avant la crise, elles devaient avoir une capacité d’autofinancement autour de 10 à 15 %, et aujourd’hui après la crise elles vont peut-être tomber à 4 ou 5 %. Seule une minorité tombera à 0 %. C’est en quelque sorte une petite touche d’optimisme dans cette crise qui nous fait face.

FI : Il y a bien une annonce qui concerne Mayotte dans le communiqué sur l’initiative “Outre-mer en commun” : l’expérimentation, dès le second semestre 2020, d’un dispositif de prêt de préfinancement du fonds de compensation de la TVA (FCTVA) pour les communes. Comment fonctionnera ce dispositif ?

Y. R. : Il s’agit d’une extension d’une offre que nous proposons depuis déjà deux ans et demi à Mayotte, le prêt de préfinancement de subvention européenne ou d’État, et qui a justement permis aux communes de consolider leur trésorerie ces dernières années au profit du paiement des avances et factures des entreprises concernées. Ce produit a connu un franc succès, nous en avons réalisé

une centaine aujourd’hui. Et avec l’initiative “Outre-mer en commun”, nous souhaitons l’étendre au FCTVA. Comme vous le savez, bien que Mayotte ne soit pas soumise à la TVA, elle bénéficie de ce fonds de compensation pour soutenir l’investissement des collectivités. Seulement, cet apport financier n’arrive que deux ans après, et fait donc défaut en matière de trésorerie l’année de la réalisation des travaux. Grâce à notre prêt de préfinancement, les fonds arriveront dès l’année concernée par les travaux, ce qui permettra de limiter les problèmes de trésorerie des collectivités, frappées actuellement de plein fouet par la baisse de l’octroi de mer et les dépenses supplémentaires liées à la crise comme l’achat de masque, de gels ou encore la distribution de colis alimentaires. En tout, ce sont potentiellement 25 millions d’euros d’avance de trésorerie qui pourront être mis à disposition des 17 communes de Mayotte. Ce nouveau produit devrait être pleinement disponible à partir du mois de septembre.

FI : Avec plus de 1.600 cas de contaminations au Covid-19, la tendance est toujours à la hausse à Mayotte. Les ressources du CHM, seul hôpital face à une population de plus de 270.000 habitants nourrissent les inquiétudes, tandis que l’ARS peine à contenir les deux épidémies – dengue et coronavirus – qui frappent le territoire. Dans ce contexte, quel rôle peut jouer l’initiative “Outre-mer en commun” ?

Y. R. : L’initiative porte sur l’urgence sanitaire et économique actuelle. Ensuite viendra un plan de relance durable. Cela va du soutien aux plateformes régionales comme la Croix Rouge, à une meilleure coordination sur des enjeux transfrontaliers, avec les Comores en ce qui concerne Mayotte, par exemple. Un accent est aussi mis sur les réseaux régionaux de surveillance épidémiologiques, pour anticiper l’arrivée d’épidémies telles que celle que nous traversons. Nous avons d’ailleurs déjà pu apporter un financement supplémentaire, d’un montant de 2 millions d’euros sur le projet Réseau de surveillance et d’investigation des épidémies (RSIE), au titre de la gestion de cette crise. Porté par la Commission de l’océan Indien (COI), ce projet vise à mettre en place le renforcement de la capacité de suivi de diagnostic et de prise en charge, et faciliter la transmission d’informations importantes au bénéfice des États membres, de La Réunion et de Mayotte. Ces réseaux de surveillance sont un point clé dans la gestion de l’urgence sanitaire. L’initiative va permettre de faciliter les projets qui vont dans le sens d’un meilleur suivi de l’épidémie. Et nous nous tenons aussi prêts pour participer au plan national de désendettement des hôpitaux lancé par l’État en vue de redonner aux grands établissements ultramarins des capacités d’emprunt pour leur modernisation et le renforcement notamment de leur dispositif de réponses aux pandémies et épidémies. Au niveau du CHM justement, si l’État annule une partie de la dette de l’hôpital, cela permettra d’augmenter la capacité d’autofinancement de l’établissement. Nous savons qu’il y a des besoins majeurs et nous nous tenons à la disposition du CHM pour le financement le moment venu de son projet médical d’établissement voire apporter une contribution technique et financière aux besoins d’expertise dont il pourrait avoir besoin notamment dans la finalisation de sa stratégie d’investissement. Mais nous restons dans un rôle d’accompagnement des politiques publiques. Cela sera au CHM d’exprimer ses besoins.

 

Le tri et la traduction, les principaux maux des urgences de Mayotte

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Tout au long de l’année, les urgences tournent à plein régime pour apporter la meilleure offre de soins aux habitants de Mayotte. Le personnel soignant doit continuellement jongler en fonction des pathologies des malades, qui peuvent entraîner quelques remous, et s’adapter aux barrières de la langue. Immersion au cœur d’un service souvent décrié, rarement encensé. 

“La difficulté est de gérer les afflux et de déterminer qui est prioritaire.” Infirmier à Mayotte depuis un an, Fabien résume en une simple phrase l’essence même des urgences. “Les gens ne comprennent pas tout le temps que la prise en charge ne dépend pas de l’ordre d’arrivée, mais de la gravité des pathologies.” Du bout de ses doigts, il replace son masque sur son nez avant de poser des pâtes conductrices sur le corps d’un patient âgé dans le but réaliser un électrocardiogramme. En seulement quelques secondes, l’enregistrement de l’activité électrique du cœur du vieillard en question sort sur un papier millimétré. Sur le pied de guerre depuis seulement deux heures, le jeune homme débute sa journée sur les chapeaux de roue. 

Depuis le début de la crise de Covid-19, l’établissement hospitalier trie les patients dans un sas à l’entrée du service pour ainsi éviter la propagation du virus dans les couloirs. En ce vendredi 22 mai, c’est à Wardati de se coller à cette tâche de “chef d’orchestre” comme elle aime le dire. Son poste du jour lui demande d’accueillir et d’orienter les malades qui se présentent face à elle. Habituellement fermée, la pièce attenante à celle des agents administratifs accueille son bureau de substitution. “On pense que c’est la place la plus facile, mais il faut savoir garder son calme en toute circonstance”, développe celle qui est revenue de son congé maternité il y a trois semaines. Alors avec son franc-parler, la jeune maman n’hésite pas à serrer la vis lorsque l’impatience gagne ses interlocuteurs, qui sont pour une grande majorité relativement compréhensive. “Notre job exige de la concentration, mais avec le ramadan, la glycémie chute”, sourit-elle pour justifier ses quelques envolées lyriques. Selon elle, il faut savoir faire preuve de fermeté et de pédagogie, mais aussi et surtout d’humanité. Pour mener à bien sa mission, elle peut compter sur le soutien de Sébastien, médecin, qui enchaîne les kilomètres avec ses Crocs, et de Fatouma, aide-soignante, qui découvre cette affectation pour la première fois. “Peu importe où on m’envoie, j’y vais dans l’objectif d’emmagasiner un maximum d’expérience. Aller vers l’autre est une passion, donc je n’ai pas d’appréhension. Au contraire, j’estime avoir beaucoup d’empathie”, lâche-t-elle d’emblée. Un discours qui ravit et rassure son acolyte infirmière, qui n’a visiblement pas sa langue dans sa poche lorsqu’il s’agit de monter au créneau. 

À seulement quelques pas de là, c’est un autre duo tout aussi inattendu qui s’active. À sa tête, Abdallah, agent de services hospitaliers à Jacaranda depuis presque vingt ans, et Bernard, kinésithérapeute belge dont la prise de fonction remonte à maintenant quatre ans, épaulés par trois médecins de la réserve sanitaire. Les deux compères ont la lourde responsabilité d’assumer les dépistages. Ou tout du moins de suivre à la lettre les prérogatives. “J’ai été réquisitionné avec mes collègues pour filer un coup de main”, explique le Mahorais, en se prenant une lichette de gel hydroalcoolique entre les mains. Pas familiarisé avec ce type d’exercice, il s’occupe toutefois des paramètres vitaux — , à l’instar de la prise de la tension, du pouls et de la température, des habitants qui se dressent face à lui et qui présentent des symptômes liés au Coronavirus. “Ce n’est pas évident de rencontrer des malades susceptibles d’être positifs”, confie-t-il, en évoquant la difficulté de vivre avec deux enfants en bas âge dans une telle période. Une fois l’aval du médecin en poche, vient alors le tour de Bernard, équipé de la tête aux pieds, pour l’écouvillon nasopharyngé. “J’ai appris le mode d’emploi avec un infirmier en médecine”, dit-il. Pendant deux semaines, il se relaie sur le devant de la scène avec un psychomotricien, un ergothérapeute et trois autres kinés. Seule différence avec Abdallah, sa présence est sur “la base du volontariat. Et entre nous, je préfère être au front que de croiser des gens sans protection en faisant mes courses”. Bilan de la matinée : 36 tests ! 

Le mariage Mahorais/Métropolitain 

Si le CHM a semble-t-il pris la décision de renvoyer son personnel soignant au chevet des patients, reste quelques particularités propres et non négligeables au 101ème département pour assurer une offre adaptée. En ligne de mire notamment : les besoins en traduction. Et à ce petit jeu-là, les locaux sont indispensables au bon fonctionnement du service. Comme l’explique Wardati, au moment d’ausculter une entaille profonde sur le front d’un jeune garçon. “Beaucoup de Mahoraises suivent une formation spécifique pour être infirmières d’accueil et d’orientation, car elles n’ont pas la barrière de la langue. Cependant, quand il s’agit d’une Métropolitaine, elle est obligée d’être accompagnée d’une aide-soignante sur le terrain. Le mariage fonctionne bien entre nous, mais le turnover incessant est dommage…” C’est ici tout le rôle d’Abdallah, qui ne se revendique pas interprète, mais qui a conscience de l’importance de son rôle. “Une ou deux personnes ne comprenaient pas les consignes et méritaient son assistance”, renchérit Bernard. Pour Fatouma, l’histoire est plus complexe. Originaire des Grandes Comores, son arrivée récente la pousse à se plonger dans un manuel dédié pour apprendre tous les mots clés en lien avec la médecine dans l’optique de communiquer au mieux avec les uns et les autres. Seul point noir de toute cette logistique ? La surcharge de travail, sans aucune contrepartie financière… “On n’est pas payés davantage alors que ça peut demander 30 minutes, voire une heure d’attention particulière en fonction des pathologies. Ça peut être épuisant par moment”, regrette Wardati. 

À l’intérieur du bâtiment, un cas de figure vient renforcer ce besoin prépondérant. Médecin aux côtés de Fabien, Thomas prend en charge une femme obèse, victime d’une lourde chute au niveau de la barge. Amenée par les pompiers de Kawéni, ces derniers font alors office d’interprète pour recueillir les détails de son accident. Un échange en amont nécessaire avant de la basculer sur un plan dur et ainsi permettre à Gordon et son équipe de récupérer le matelas immobilisateur à dépression pour repartir en intervention. Un peu plus tard dans la journée, un autre exemple met en lumière cette relation entre les personnels soignants mahorais et métropolitains. Cette fois-ci, c’est Mariame, aide-soignante, qui intervient. Devant elle, une vieille dame diabétique qui ne parle pas un mot de français. “Elle divague complètement, elle part sur un autre sujet dès que je lui pose une question”, précise-t-elle après un bref instant. Face à cette barrière linguistique, Thomas décide de lui faire passer une échographie pour aiguiller son jugement médical. 

Une adaptation de tous les instants qui résume parfaitement ce vendredi 22 mai. Sans aucun doute, les urgences ne sont pas un service comme les autres. C’est un service où la patience est légion, qui dépend d’éléments externes, comme la radiologie ou la biologie qui ne sont pas le fait des médecins. C’est aussi un service dans lequel règne un mélange de cultures et de langues propres au territoire. Souvent décrié, rarement encensé, c’est surtout un service qui se hisse aux standards métropolitains, n’en déplaise aux critiques invétérés.

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

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Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

Pour un joli souvenir, c’est un joli souvenir. Et pour une belle histoire, c’est une belle histoire. D’ailleurs, à voir les nombreuses réactions sur la page Facebook où Jonathan a lancé son appel, elle a fait du bien à beaucoup en cette période quelque peu anxiogène. De quoi s’agit-il ? D’un accouchement quelque peu hors-norme et de la chaîne de soutien qui s’est instantanément mise en place. 

Nous sommes dimanche 17 mai, dans une résidence du quai Ballou, où vivent Jonathan, 35 ans, et Mouna, 23 ans. Le couple attend sa deuxième fille incessamment sous peu. D’ailleurs, depuis midi, la jeune femme a des contractions. “La sage-femme nous avait dit que tant qu’elles n’intervenaient pas toutes les cinq minutes, nous n’avions pas à aller à l’hôpital”, commente Jonathan. Lesdites contractions n’étant pas aussi resserrées, le couple patiente. L’après-midi et la nuit se poursuivent ainsi, puis vient le grand jour. 

Le lundi, aux alentours de 6h du matin, “Mouna me dit qu’elle pense avoir perdu les eaux. Je regarde et en effet !” Évidemment, il ne s’agit dès lors plus d’attendre, mais de se rendre à l’hôpital de Dzaoudzi. Celui-ci étant à 200 mètres, les futurs parents décident d’y aller à pied, accompagnés de leur première fille, Lucie, âgée d’un an et demi : “À cette heure-ci, nous ne pouvions pas trouver quelqu’un pour venir la garder.” En route, donc. Mais le bébé ne l’entend pas de cette oreille et décide de ne pas être si patient. 

En arrivant devant les douanes, “ma compagne s’est effondrée d’un coup sur le trottoir en me disant qu’elle allait accoucher”. Réflexe : garder son calme. “À partir de ce moment-là, je me suis dit qu’on allait devoir se débrouiller tous les deux. J’avais assisté à l’accouchement de notre première fille. Je n’ai pas trop réfléchi sur le moment, mais je savais comment ça allait se passer.” Ils feront cela tous les deux, oui, mais épaulés par une chaîne de solidarité improvisée. 

Quelques personnes assises au snack du quai Ballou accourent en effet pour filer un coup de main. L’un apporte une couverture, l’autre appelle les secours, le dernier soutient la tête de la future maman pendant que la petite Lucie embrasse celle-ci pour la soutenir. Un légionnaire faisant son footing s’en va également prévenir l’hôpital. Le travail se fait vite, moins de 10 minutes. Un secouriste croise le groupe par hasard et apporte aussi son aide : son couteau servira à couper le cordon, “même si après coup, on nous a dit que ce n’était pas à faire”. Pendant qu’il soutient sa femme, Jonathan confie le nouveau-né, Sarah, à une jeune femme passant par là, elle aussi mobilisée pour aider la petite famille. 

Et puis, “j’ai vu une sage-femme arriver en courant du bout de la rue, informée par le légionnaire. Elle a observé le bébé et nous a rassuré : tout allait bien !”, se rappelle le papa. Les ambulances, elles, arrivent 20 minutes après le début de l’accouchement, de fait déjà fini. Elles amèneront la mère et la fille à l’hôpital pour achever de rassurer tout le monde. Finalement, c’est là le plus long moment pour Jonathan : “Quand je suis rentré chez moi avec Lucie, j’ai été inquiet de savoir comment Mouna et ma fille allaient, jusqu’à ce que ma femme me rassure par téléphone.” Deux jours plus tard, tout le monde est réuni à la maison, prêt à se remettre de toutes ces émotions. 

Depuis, Jonathan a pu revoir la sage-femme arrivée en renfort pour la remercier, mais pas les autres protagonistes. Ce qu’il aimerait désormais pouvoir faire. Un appel, donc, à tous ceux qui ont participé à cette atypique, mais sympathique naissance : n’hésitez pas à vous manifester.

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