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À Mayotte, « beaucoup d’employeurs ont triché pendant la crise »

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Alors que l’économie comme les habitants de l’île se déconfinent, les langues se délient aussi peu à peu, notamment pour évoquer des dérives qu’a engendré la crise sanitaire du coté des entreprises. La CGT-Ma s’attache donc désormais à compiler les différentes doléances des travailleurs.

Les signaux sont au vert pour une reprise de l’économie. Mais la CGT-Ma voit rouge. « Chantage », « menaces », pertes injustifiées de salaire, absence de dialogue social, et « triches en tout genre », constituent ainsi le haut du panier des doléances que récolte le syndicat alors que la crise sanitaire semble toucher à sa fin. « Nous allons recenser toutes situations, alerter en espérant des réactions et ensuite nous déciderons avec les travailleurs de la suite à donner », explique Salim Nahouda, qui n’exclue pas la menace d’un mouvement social. Car pour le secrétaire départemental de la CGT-Ma, « pendant ces trois mois, il y a eu énormément de comportements inacceptables de la part des employeurs, beaucoup ont triché », assure-t-il à l’aune des premières plaintes enregistrées.

Plusieurs employés à qui des primes ont été promises se sont ainsi tournés vers le syndicat dans l’espoir de l’obtenir. Elles concernent notamment les travailleurs exposés à l’instar des salariés des des Douka Bé (voir Flash Infos du 23 juin). « C’est un sujet compliqué ici car même si le gouvernement a fait pression pour que les employeurs la paient, localement les entreprises font tout pour ne pas la payer », pointe à ce sujet Salim Nahouda, relevant que deux bras de fer ont plus ou moins payé. Les salariés de Sodifram se sont ainsi levés pour obtenir cette prime « et obtenir des miettes ». Du côté d’EDM, la situation est plus alambiquée. « On nous avait annoncé un alignement sur la prime qui serait mise en place à La Réunion où les agents ont finalement obtenu 800 euros. Mais après cela, la direction a voulu baisser le montant ici alors que les travailleurs étaient beaucoup plus exposés et ont effectué un nombre d’heures bien supérieur », résume le syndicaliste.

« Les travailleurs ont trop perdu »

Après négociations, ladite prime a été obtenue mais « en multipliant les conditions ». « De manière générale, les employeurs ne veulent pas payer cette prime et quand ils acceptent en rechignant, ils font tout pour le faire au rabais », conclut Salim Nahouda. Mais au-delà des primes non versées, c’est bien des salaires revus à la baisse dont se plaignent nombre de travailleurs. « Beaucoup d’employeurs se sont déclarés en activité partielle pendant tout le mois de mars alors que le confinement a commencé le 17, les salaires de ce mois n’ont donc souvent pas été calculés sur la bonne base », constate le syndicat. Une entourloupe parmi d’autres mais qui ont conduit « à ce que beaucoup d’employés se retrouvent à 7 euros de l’heure alors qu’un décret était venu fixer le minimum à 8 euros. Tout ça à cause de calculs frauduleux qui se sont multipliés pendant trois mois », peste le représentant de la CGT.

« Il y en a même qui ont fait travailler leurs employés de manière normale en se déclarant en activité partielle, c’est inadmissible et le pire c’est que ce ne sont souvent pas les plus malheureux qui ont fait ça », accuse encore Salim Nahouda, exemples à l’appui. « Ils font tout pour tricher », peste le syndicaliste, relevant également « des formes de pression pour faire travailler elles employés, des congés maladie déduits des congés annuels, des menaces de perte d’emploi sur des travailleurs bloqués à l’extérieur du territoire ». Alors, face à ces nombreuses dérives imputées, la crise sanitaire laissera-t-elle la place à une crise sociale ? Salim Nahouda veut modérer le tempo. « Déjà, les employés dénoncent de plus en plus ces comportements, on espère que cela va faire bouger les choses et que les employeurs reviendront à la raison, mais si ça ne marche pas, il faudra bien aller plus loin. Ce sera aux travailleurs d’en décider, mais ils ont trop perdu », prévient-il. Avant les drapeaux rouges, vigilance orange donc.

Trafic aérien à Mayotte : Air Austral relance (progressivement) ses vols

Avec l’annonce, lundi, de la réouverture de l’aéroport de Mayotte, la compagnie aérienne Air Austral reprend progressivement son programme de vol. Progressivement seulement, car si les liaisons reprennent, elles restent soumises aux fameux « motifs impérieux. »

L’annonce était attendue, mais a quelque peu déçu. Si l’aéroport de Mayotte rouvre « dès cette semaine », comme l’a annoncé avant-hier la préfecture, avec « la reprise des vols commerciaux depuis et vers Mayotte », les déplacements restent soumis aux désormais bien connus « motifs impérieux ». Quoi qu’il en soit, la compagnie Air Austral reprend donc ses vols de manière progressive.

S’agissant de la liaison Mayotte-Paris, deux fréquences commerciales sont prévues cette semaine, puis quatre la semaine prochaine, et cinq à partir de la semaine du 6 juillet, « sous réserve de l’autorisation des autorités », rappelle la compagnie. Pour ce qui est de la ligne Mayotte-Réunion en revanche, peu d’évolutions pour le moment avec, dans le sens Réunion-Mayotte, les vols effectués dans le cadre du pont aérien, et dans l’autre sens, une fréquence commercialisée par semaine. La suite « dépendra de l’évolution de la situation et se fera en accord avec les préfectures ». Patience donc, pour ceux qui souhaiteraient s’envoler vers l’île Bourbon.

Des attestations à télécharger

Double patience même, car si les vols commerciaux reprennent, ils demeurent soumis à des « motifs impérieux » : voyage pour raisons professionnelles, de santé, familiales, etc. Des mesures très restrictives qui nécessitent de remplir des attestations disponibles en ligne, notamment sur le site d’Air Austral, mais aussi de fournir des justificatifs. Et si c’est la compagnie qui vérifie lesdits documents à l’enregistrement, la police aux frontières s’en charge également, décidant si le passager peut, ou non, embarquer. Tentative de fraude à oublier, donc.

Pour rappel, les voyageurs atterrissant en métropole en provenance de Mayotte n’auront aucun test à subir. En revanche, La Réunion impose qu’un test soit réalisé 72h avant le départ et qu’un isolement de sept jours soit observé à l’arrivée. Si le test n’a pu être fait, une quatorzaine stricte devra être respectée à l’arrivée.

Emmanuel Rinnert, chef de mission Mayobs : « L’activité magmatique continue »

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La découverte du volcan sous-marin au large de Mayotte célèbre sa première année. À cette occasion, Flash Infos donne, tout au long de cette semaine, la parole à ceux qui, de près ou de loin, œuvrent pour une meilleure connaissance de ce phénomène naturel inédit qui évolue, chaque jour, sous le regard des Mahorais. Aujourd’hui, Emmanuel Rinnert, géochimiste à l’Ifremer et l’un des chefs de mission Mayobs, fait le point sur les deux dernières campagnes scientifiques qui se sont déroulées dans les eaux mahoraises entre avril et mai, en plein confinement. 

Flash Infos : Quel était l’objectif des deux missions scientifiques organisées à Mayotte ces dernières semaines ? 

Emmanuel Rinnert : Elles avaient toutes les deux un objectif différent. Mayobs 13-1 visait à récupérer, faire de la maintenance et remettre à l’eau les OBS, des sismomètres de fond de mer, afin de pouvoir continuer à recueillir de nouvelles données relatives aux séismes. Pour Mayobs 13-2, l’enjeu était l’acquisition de données bathymétriques (des mesures du fond de mer permettant de cartographier les sols et d’étudier d’éventuelles déformations, ndlr). La bathymétrie est d’ailleurs la technique qui avait permis de découvrir le volcan en mai 2019 ! L’objectif était aussi de recueillir des données relatives à la colonne d’eau du volcan, et de savoir s’il y a des sorties de fluides et de particules. 

FI : Ces missions avaient été programmées avant que la crise sanitaire n’éclate. Pourquoi les avoir maintenues malgré le confinement et la quatorzaine à l’arrivée dans les Outre-mer, qui a contraint les scientifiques à rester à Mayotte bien plus longtemps que prévu ? 

E. R. : En effet, les quatre personnes qui ont embarqué sont parties presque un mois et demi pour une opération qui n’a duré que six à sept jours en mer… Mais une partie des données des OBS aurait été totalement perdue si nous n’avions pas relevé les instruments mi-mai, parce que leur autonomie est limitée. Nous n’avions aucune idée de la durée de la crise sanitaire, aucune visibilité pour pouvoir décaler les missions, donc tous les organismes scientifiques et même les ministères concernés ont préféré qu’elles soient maintenues. Pour la partie bathymétrie, les activités sur le fond de mer et dans la colonne d’eau, il faut savoir que les derniers relevés de ce type remontent à août 2019. Ce type d’opérations demande des sondeurs très spécifiques et très puissants, capables d’aller à plus de 3.000 mètres de fond, là où est posé le volcan. Tout ça fait qu’il n’y a pas énormément de navires qui sont capables de faire ce genre de mission, et aucun n’était disponible depuis août 2019. Nous avons eu une possibilité pour mai 2020, et malgré la crise sanitaire, il était capital de continuer de suivre le volcan pour acquérir de nouvelles données, parce que même si les séismes et l’enfoncement de l’île ont ralenti, la crise n’est pas finie, donc ça sous-entend qu’il y a une activité magmatique qui continue. 

FI : Quels signes de cette activité avez-vous pu observer lors des dernières missions ? 

E. R. : Dans la zone nord-ouest du volcan, on sait qu’il y a eu de nouvelles coulées de lave qui couvrent 5 km² environ, en plus de celles que nous avions déjà observées entre mai et août. Ce qu’on entend par coulée, c’est un étalement de lave de l’ordre de quelques dizaines de mètres de hauteur, et comme le fond de mer à cet endroit-là est relativement plat, la coulée avance. Mais il y a aussi de nouvelles structures, trois édifices qui mesurent une centaine de mètres de hauteur, voire un peu plus, et qui se sont beaucoup moins étalés. Ces structures peuvent être de la lave solidifiée : à cette profondeur, l’eau n’est qu’à quelques degré, et selon la texture de la lave, si elle est visqueuse ou fluide, elle aura tendance à monter en se solidifiant. Mais ces structures peuvent aussi être le point de sortie du volcan, que nous ne connaissons pas actuellement mais qui se situe normalement au centre du cratère. Or quand le volcan commence à monter, comme l’a très vite fait celui-ci, il faut plus de pression à la lave pour qu’elle puisse en sortir en atteignant le sommet, ou alors, il arrive qu’elle sorte par sa base, où il y a besoin de beaucoup moins de pression, et c’est pour ça qu’on observe parfois quelques structures à ce niveau-là. À Mayotte, elles se situent à deux bons kilomètres du volcan, donc ça n’est pas son point de sortie… Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il y a un nouveau volcan ! Concernant celui découvert en mai 2019, nous devrions être capables d’identifier son point de sortie quand on retournera sur la zone et qu’on aura pu voir les évolutions, c’est une plomberie très complexe. En attendant, il est important de connaître la hauteur réelle de ces structures et le volume de lave correspondant, pour connaître le flux émis depuis le mois d’août, date de nos dernières observations. Nous devrions confronter nos différents calculs au mois de juin, mais rien qu’en regardant les cartes, on voit que le flux est plus faible que ce qu’il y a eu par le passé. 

FI : Lors de la précédente mission, en août 2019, un important panache avait été observé, témoin d’une éruption volcanique en cours. Qu’en est-il aujourd’hui ? 

E. R. : L’année dernière, nous avions effectivement observé une éruption avec un panache énorme, la plupart d’entre nous n’avait jamais vu ça. Là, nous ne l’avons pas revu, mais nous avons utilisé un sondeur un peu moins sensible… Nous n’avons certes pas observé d’éruption, mais ça ne veut pas dire que l’activité s’est arrêtée. Nous avons détecté deux nouveaux panaches au niveau de la zone de l’essaim sismique principal, sur le site que nous appelons le fer à cheval et qui se situent un peu plus à l’Est que les trois panaches observés en 2019 et qui sont d’ailleurs toujours actifs. Par rapport à notre expérience sur la forme de ces panaches, c’est tout à fait compatible avec des émissions de gaz, on n’est pas sur des signaux d’éruption. Ce gaz, dont nous avons analysé la composition l’année dernière en mai et en juillet, c’est du CO2, de l’hydrogène et du méthane, donc ce sont typiquement des gaz volcaniques. Maintenant, ils sont connus depuis plus de vingt ans à terre à Mayotte, à travers les éruptions de bulles de gaz à Moya ou près de l’aéroport. C’est une zone où il y a du magma très en profondeur, donc ces fuites de gaz peuvent être fréquentes mais ça ne veut pas dire que ce sont les prémices d’une éruption. Les premiers panaches que nous avions observés l’année dernière étaient peut-être là depuis dix ou vingt ans, mais il n’y avait jamais eu de mesures de ce genre auparavant. En revanche, les deux nouveaux phénomènes que nous venons de découvrir n’étaient pas là l’année dernière. C’est pour ça qu’il est très important de continuer à recueillir des données. 

FI : Si les données fraîchement recueillies sont encore en cours de traitement, les chercheurs savent déjà que la structure du volcan n’a pas connu d’évolution majeure depuis le mois d’août, mais l’ensemble de la zone, dite « zone volcan », semble, elle, avoir bougé… 

E. R. : Effectivement, nous avons observé des modifications de signaux lors des relevés bathymétriques, dans la zone volcan et comme partout ailleurs, y compris à des endroits de référence que sont les plaines abyssales. En réalité, notre matériel a induit pas mal de bruit sur les signaux, particulièrement lorsqu’il se trouvait sur des structures pentues comme le flanc du volcan, donc ce bruit induit de fausses détections sur les mesures acoustiques. Nos collègues sont en train de travailler là-dessus : chaque point enregistré est retraité manuellement, et si l’on remarque une modification structurelle mise en jeu sur un seul passage de l’appareil, nous l’éliminons d’office. Mais lors des premières phases de traitement des données, nous n’avons pas vu de modifications significatives. 

FI : Quelles sont les prochaines missions scientifiques prévues à Mayotte ? 

E. R. : Il va y avoir de nouvelles opérations de relève et de mouillage des OBS, pour continuer de maintenir le réseau d’enregistrement en condition opérationnel. D’ailleurs, les données que nous venons de ramener concernant la sismicité sont de bonnes qualités, et tous les enregistreurs ont pu fonctionner convenablement, ce qui n’est pas toujours le cas. Le jeu de données est en cours de 

traitement pour repositionner les séismes correctement, en latéral et en profondeur. Une mission échantillonnage est aussi prévue pour récupérer des laves, faire des mesures dans la colonne d’eau afin de détecter d’éventuelles traces de gaz dissous. Nous projetions aussi pour le mois de mai une opération à bord du Marion Dufresne pour déployer un sismomètre spécifique à proximité des câbles de fibre optique (afin de mesurer les perturbations dans la diffusion de la lumière lors d’un séisme et donc de les étudier plus précisément, ndlr). Or, avec le contexte sanitaire, ça n’était plus réalisable. Mais ce sont des opérations que nous souhaitons refaire car d’un point de vue technique, c’est une expérimentation très intéressante. Cette mission devrait être reprogrammée en octobre si la situation le permet.

Reprise des vols et prolongement de l’état d’urgence : le grand flou à Mayotte

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Coup dur pour le département : avec l’annonce du prolongement de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 30 octobre inclus, Mayotte tombe de haut. Alors que chacun espérait entamer un retour à la normale, le gouvernement a choisi de lui appliquer les mêmes mesures qu’en Guyane. Incompréhension, agacement et nombreuses réactions, agrémentées d’un soupçon puisque l’aéroport de Mayotte rouvre dès cette semaine avec la reprise des vols commerciaux. 

Une fois n’est pas coutume ces temps-ci, une bonne nouvelle annoncée hier. Dans un communiqué, la préfecture annonce que « le président de la République a validé en Conseil restreint de défense et de sécurité nationale, tenu le vendredi 19 juin, la reprise des vols commerciaux depuis et vers Mayotte ». Mieux : « Dès cette semaine, une première liaison aérienne commerciale hebdomadaire aller-retour, avec l’île de La Réunion va être mise en place. Les fréquences entre Paris et Mayotte vont être progressivement augmentées. Elles seront au nombre de deux la semaine du 22 juin, quatre la semaine du 29 juin et cinq la semaine du 6 juillet. » 

De quoi soulager les questionnements quant à la capacité de se déplacer hors Mayotte ? Oui et non car « pour voyager depuis ou vers Mayotte, un motif impérieux d’ordre personnel ou familial, un motif de santé relevant de l’urgence ou un motif professionnel ne pouvant être différé est nécessaire. ». En somme, la mesure demeure très restrictive, d’autant qu’en plus de l’attestation dérogatoire nécessaire pour embarquer, un justificatif doit être fourni pour prouver ladite « impérieuse nécessité ». Autant dire qu’il ne s’agit pour le moment que d’une semi-réouverture même si la préfecture la qualifie, en substance, de « période de 15 jours de normalisation du trafic aérien ». Doit-on s’attendre à un assouplissement par la suite ? Difficile à dire. 

Un prolongement de l’état d’urgence qui fait du bruit 

L’annonce intervient quelques jours après la décision de prolonger l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 30 octobre inclus à Mayotte et en Guyane. Bien que les décrets d’application doivent encore être publiés, l’annonce a suscité moults réactions d’agacement dans le 101ème département, où l’épidémie de Covid-19 semble confirmer son retrait, au contraire de notre homologue outre-Atlantique. 

Parmi les premiers à réagir, le député Mansour Kamardine qui, dans notre édition du vendredi 19 juin, expliquait être « profondément déçu. (…) », estimant que « la perception que l’on donne à l’extérieur n’est pas à minimiser, elle peut réellement impliquer un véritable découragement. (…) Le discours du gouvernement n’est pas audible, il souffre d’incohérences majeures lorsque, dans le même temps, il demande la réouverture des écoles, que les gens retournent au travail, que les élections se tiennent et il prolonge l’état d’urgence sanitaire. Par ailleurs, je vois dans cette prolongation une atteinte extrêmement grave à notre liberté de mouvement alors que rien ne le justifie plus ». 

Le parlementaire n’a pas été le seul à s’insurger. Samedi, c’est le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, qui écrivait au premier ministre pour réclamer, à la suite de cette prolongation, un assouplissement des mesures liées à l’état d’urgence sanitaire. « Cette décision, si elle devait être confirmée, est un coup très dur porté à Mayotte, à un moment où il est pourtant primordial (…) de relancer l’économie locale et le tourisme très durement affectés par la crise 

sanitaire, économique et sociale liée au Covid-19″, réagissait le président en rappelant – citant une étude de l’agence de développement et d’innovation de Mayotte (ADIM) menée avec le comité départemental du tourisme, le MEDEF, la CCI et l’UMIH auprès de 75 entreprises du tourisme de l’hébergement marchand et de la restauration de Mayotte – qu’entre « mars 2019 et mars 2020, les entreprises interrogées ont par exemple perdu 60,6% de leur chiffre d’affaires ». L’élu estime enfin que « Mayotte ne peut se permettre de subir cette double peine imposée : celle de la pandémie du Covid-19, à laquelle viennent désormais se greffer des mesures très pénalisantes en termes de transport aérien, d’activité économique, conduisant à l’isolement de l’île ». 

Ô rage, Ô désespoir 

Plus récemment, hier, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Mayotte (UMIH 976) montrait également son mécontentement. Et elle commençait en soulevant les paradoxes d’un déconfinement qui ne dit pas son nom : « L’économie mahoraise plonge inexorablement dans une léthargie aux perspectives dramatiques. Le gouvernement a fait le choix de maintenir Mayotte et la Guyane en état d’urgence sanitaire jusqu’en octobre. Le monde économique s’interroge sur les éléments tangibles qui justifient un tel choix au regard de certaines exceptions : le maintien des élections municipales à Mayotte et une interdiction maintenue en Guyane [qui] démontre que la situation des deux territoires n’est en aucun cas comparable ; le maintien de l’interdiction aux restaurateurs d’exploiter leurs salles alors que des commerces accueillent du public dans des conditions totalement aléatoires en l’absence d’encadrement de proximité pour l’application des règles de distanciation et des gestes barrières ; [et] la forte restriction des vols commerciaux alors que des échanges entre régions beaucoup plus touchées par le Covid reprennent en métropole. » 

Et de préconiser, dans l’hypothèse où l’état sanitaire serait bel et bien prolongé, plusieurs solutions, parmi lesquelles « une reprise immédiate des vols commerciaux pour assurer le retour du tourisme d’affaire qui jusqu’alors était le dernier segment dont pouvaient profiter les acteurs du tourisme mahorais et la mise en place d’un avion-cargo pour assurer l’approvisionnement du monde économique ». « Sans la mise en œuvre de ces solutions », précise l’organisme, « nous entrevoyons des perspectives désastreuses pour l’économie en général et pour l’emploi en particulier ». 

Des préoccupations partagées par le Medef, ce dernier n’hésitant pas à implorer :  » Cet amendement ne doit en aucun cas être appliqué à Mayotte. (…) L’état d’urgence doit s’arrêter le 10 juillet 2020 à Mayotte. Entendez nos voix, nos entreprises se meurent et ne rouvriront plus jamais si cela se confirme, laissez-nous travailler et le peu d’espoir qui nous restait à l’approche du 22 juin et du 10 juillet 2020. » Dans le détail, « grâce aux mesures d’urgence, beaucoup survivent et tiennent encore le coup. Cependant, l’annonce du 17 juin sur le prolongement d’état d’urgence à Mayotte jusqu’au 30 octobre est lourde de conséquence », explique le syndicat. Il poursuit : « Alors que nous nous battons tant bien que mal pour relancer l’activité économique et éviter le marasme social et sociétal, cette décision vient amplifier nos inquiétudes et renforcer notre désespoir. Plusieurs entreprises ont dû se séparer de leurs collaborateurs malgré la mise en place de l’activité partielle. Plusieurs également, si ce n’est toutes, ont de graves problèmes de trésorerie et peinent à renouer avec leurs clients. (…) Nos entreprises ne se remettront pas de cette décision qui n’est pas justifiée comme en Guyane. Cet amendement ne doit en aucun cas concerner Mayotte. Avec 84% de la population sous le seuil de la pauvreté et 40% de chômage, que deviendront ces chiffres en 2021 ? Ainsi, nous demandons à tous nos élus et tous nos parlementaires de saisir le président de la République, le premier Ministre, la ministre de l’Outre-mer et le préfet de Mayotte. Nous demandons la réouverture au 22 juin 2020 de tous les vols commerciaux vers la France. » 

Quoi qu’il en soit quant à l’issue de cette prolongation, le flou général autour de la reprise des vols aura au moins eu le mérite d’unir nombre d’acteurs locaux autour d’un mot d’ordre : ne pas se contenter de déconfiner Mayotte, et assumer désormais de la désenclaver.  

Voyager ? Oui mais sous conditions ! 

Être autorisé à voyager pour motifs impérieux n’exclut pas de se plier aux mesures sanitaires imposées. Ainsi, si pour les voyageurs atterrissant en métropole en provenance de Mayotte, aucun test n’est exigé, ce n’est pas le cas pour ceux qui s’envolent vers La Réunion. Le département voisin impose en effet qu’un test soit réalisé 72h avant le départ et qu’un isolement de sept jours soit observé à l’arrivée. Si le test n’a pu être fait, une quatorzaine stricte devra être respectée à l’arrivée. 

Par ailleurs, le département de La Réunion mène actuellement un expérimentation « dont les résultats sont susceptibles d’inspirer les futures procédures de déplacements dans les DOM », précise l’ARS. Deux variantes : 

– Pour les personnes ayant réalisé un test avant l’embarquement : si le test est négatif, elles bénéficient d’une procédure accélérée d’accueil (file réservée). Il leur est demandé de rester isolées pendant 7 jours à l’endroit de leur choix (domicile, hôtel réservé par les intéressés ou leur employeur, location saisonnière, hébergement dans la famille ou chez des amis). Et, à l’issue des 7 jours, de subir un nouveau test réalisé sur prescription médicale ou sur présentation du billet d’avion. Si ce second test est à nouveau négatif, la quatorzaine est suspendue. 

– Pour les personnes n’ayant pas réalisé de test avant l’embarquement : Un test est proposé à l’aéroport, lors d’un accueil sanitaire standard (temps de parcours estimé à 3-4h en moyenne). Les personnes choisissant d’effectuer leur quatorzaine à domicile doivent suivre une quatorzaine stricte et sont suivies par l’ARS. Elles peuvent bénéficier d’un test sur prescription de leur médecin traitant.

Mayotte : les salariés des Douka Bé attendent toujours leur prime

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En première ligne durant toute la durée de l’épidémie de coronavirus, des employés des Douka Bé se sentent aujourd’hui au dernier plan des préoccupations de leur employeur, le groupe Bourbon distribution. En cause, des moyens de protection sanitaire très limités et une prime exceptionnelle qui ne tombe toujours pas malgré les promesses. 

« Regardez, on n’a rien pour se protéger, pas de masque, pas de gel, pas de gant, on a juste cette petite vitre devant la caisse, c’est n’importe quoi. » Le ton adopté par Mohamed* n’est pas, comme on pourrait l’imaginer, celui de la colère. L’employé d’un Douka Bé du grand Mamoudzou est dépité, « profondément déçu » par des « patrons face auxquels on ne peut rien ». « Je ne peux rien dire, j’ai dû accepter de venir pendant toute la durée de l’épidémie malgré les risques parce que je ne pouvais pas me permettre de perdre mon emploi », raconte ce père de trois enfants, et mari d’une femme qui « elle, a bien perdu son boulot » de serveuse dans un petit restaurant du chef-lieu. Malgré la crainte du coronavirus, Mohamed a donc continué à se rendre tous les jours dans la supérette de quartier pour y travailler « comme avant, parfois plus ». Et a bien cru que ce qu’il décrit comme un sacrifice paierait. « Au début, on nous a promis une prime pour les risques que nous prenons en travaillant mais ça fait plusieurs mois que l’on attend et rien ne tombe, je ne sais plus trop si je dois encore y croire », se désole l’employé qui vogue entre la mise en rayon et la caisse. « Je n’attends pas des millions d’euros mais au moins quelque chose qui pourrait un peu aider ma famille et me montrer un peu de reconnaissance », plaide Mohamed, qui n’a pas toujours été si pauvre en espoir. « Plusieurs fois, nous en avons parlé à notre directeur [de magasin], il nous a dit que ça arriverait mais on sait bien que ça ne dépend pas de lui, c’est des choses qui viennent de plus haut. » 

« On aurait pu mourir, ils n’en auraient rien eu à faire » 

Plus haut, c’est le groupe Bourbon distribution** qui opère sur le territoire à travers les Douka Bé, mais aussi les Score, Jumbo ou encore les Snie. Mais Bourbon distribution, c’est la propriété du groupe Vindémia, lequel appartient au groupe Casino, en passe de le céder au groupe Bernard Hayot, partenaire de Carrefour dans la distribution… Un colosse aux multiples bras, une hydre dont Mohamed ne croit plus qu’une des têtes daignera se pencher sur son cas. « Nous on n’est rien face à eux. Heureusement je crois que personne d’entre nous n’a été malade mais on aurait pu mourir, ils n’en auraient rien eu à faire », se désole-t-il. 

« Oui c’est dur, on a été très inquiets de venir travailler dans ces conditions, mais à partir du moment où on nous a promis quelque chose, on ne va pas le laisser filer », rétorque de son côté Fatima* entre deux congélateurs d’un autre Douka Bé. « C’est l’un des rares secteurs qui n’a pas beaucoup souffert de la crise mais il va falloir qu’ils se rappellent que c’est grâce à nous qui avons pris des risques », lance fermement l’employée qui malgré la fougue qui l’anime préfère « attendre, pour l’instant ». « On va bien voir ce qu’il se passe, nous sommes en bons termes avec notre directeur et je pense qu’il fait remonter les demandes… Mais c’est vrai que ça commence à faire long, on a vraiment l’impression d’être ignorés et qu’ils espèrent qu’on oublie les promesses », enchaîne Fatima dans un discours mi-figue, mi-raisin, malgré l’absence de quelconque fruit dans les étals de l’épicerie. Loyauté et solidarité figurent pourtant bien au rang « des cinq valeurs clefs » affichées fièrement par le groupe Vindémia sur son site internet. Fatima, Mohamed et les centaines de leurs collègues espèrent encore qu’elles n’ont pas, elles aussi, déserté les rayons. 

*Les prénoms ont été changés 

** Sollicitée à plusieurs reprises, la direction de Bourbon distribution n’a pas donné suite à nos demandes. Sa position sera publiée lorsqu’elle sera communiquée.

Santé à Mayotte : les associations d’usagers entendues par Dominique Voynet

Un courrier des associations mahoraises de France Assos Santé interrogeait l’agence régionale de santé sur sa gestion de la crise le 11 juin dernier. Sa directrice leur a répondu en détail et les représentants des usagers espèrent désormais pouvoir planifier une réunion prochaine avec l’ARS. 

Ils avaient adressé une lettre au vitriol à la directrice de l’agence régionale de santé le 11 juin dernier, en prenant soin de mettre la presse en copie. Dans ce courrier, les représentants mahorais des usagers mentionnaient plusieurs sources d’inquiétudes sur le coronavirus à Mayotte, parfois relayées sur les réseaux sociaux et qui interrogeaient “quant à la capacité des autorités sanitaires locales à gérer efficacement cette crise sanitaire”. Cinq jours plus tard, on peut dire qu’ils ont été servis, et même au-delà de leurs espérances. Dominique Voynet s’est fendue le 16 juin dernier d’un courrier au moins aussi direct. Et parfois presque un brin caustique tant l’ancienne ministre n’y va pas par quatre chemins pour dire son sentiment à la lecture des critiques qui lui ont été adressées, dans le courrier d’abord et au travers des relais effectués dans les médias. 

Absence de dialogue 

“Je me réjouis de cette missive, qui me rassure au fond : les associations membres de France Assos Santé, totalement absentes pendant la crise sanitaire, à l’exception notable de l’UDAF qui est intervenue utilement à plusieurs reprises dans le débat mahorais – sont toujours là”, envoie d’emblée la directrice en introduction de sa missive. Et de dérouler sur l’absence supposée des associations mahoraises de France Assos Santé pendant “les trois longs mois de cette crise sans précédent” alors qu’elle était prête, selon ses propres dires, “à accueillir – avec joie – tout renfort, toute aide, toute suggestion pour faire mieux encore”. Discrètes sur la place publique, les associations concernées, agréées pour représenter les usagers de la santé, assurent de leur côté avoir travaillé régulièrement avec le CHM par visioconférence pendant la crise. Et c’est un premier courrier, adressé à l’ARS et resté plusieurs jours sans réponse, qui les auraient poussées à emprunter voie de presse. Problème de coordination ou dialogue de sourd ? Toujours est-il que la directrice de l’ARS souhaite “surmonter l’irritation du moment pour avancer ensemble désormais”. C’est pourquoi elle invite les auteurs du courrier à se manifester directement à l’ARS pour mettre leurs propositions sur la table. 

Le mise au point exhaustive de l’ARS 

Mais avant cela, Dominique Voynet s’attache à répondre point par point aux questions soulevées par les associations dans leur courrier initial. En près de six pages, la responsable déroule et défend les actions menées par sa paroisse : actions de communication sur le terrain, traductions effectuées par “un éminent cadre mahorais de l’ARS” et relues par dix personnes, approvisionnements des professionnels de santé en équipements professionnels de protection individuelle (EPI), mais aussi des officines, des personnes dépistées et des cas contacts à titre gratuit – 332.000 masques ont été distribués par l’ARS depuis le début de la crise -, affrètement d’un avion sanitaire capable d’évacuer chaque jour des patients covid ou non covid, et d’un hélicoptère, lutte acharnée pour obtenir les médicaments rares et les réactifs de tests et ainsi poursuivre la stratégie de contact-tracing et casser les chaînes de transmission, mise en place de protocoles pour adapter au contexte local la gestion de la crise en matière de rites funéraires et de mariage… Tout y passe, et Dominique Voynet ne lésine pas sur les détails. Deux annexes exhaustives viennent même lister les actions de communication sur la dengue et le Covid, particulièrement dans le viseur des associations d’usagers. 

Faire vivre la démocratie sanitaire 

Et ces organisations réunies au sein de France Assos Santé n’en attendaient d’ailleurs pas moins. Si elles ne souhaitent pas répondre publiquement pour l’instant, elles confirment avoir bien reçu le courrier. Réunies ce jour, avec le coordinateur national de France Asso Santé, les associations mahoraises espèrent désormais pouvoir organiser une réunion formelle avec la directrice de l’ARS. “Notre but a toujours été d’entrer dans un dialogue constructif”, rappelle Joëlle Rastami, la représentante de l’association Le Lien, et signataire de la lettre. “Nous sommes dans notre rôle de représentants et en soulevant ces questions, nous faisons vivre la démocratie sanitaire”, souligne une autre de ces associations. À charge de revanche…

Une semaine de l’olympisme 100% digitale à Mayotte

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Ce lundi marque le début de la deuxième édition de la semaine olympisme en France. Le concept consiste à mettre en valeur les sports présentés aux Jeux Olympiques. Cette année tout se fera sur Internet en raison de la crise sanitaire. La population est donc sollicitée plus que jamais. 

Depuis plus de 60 ans, chaque 23 juin est consacré à la journée olympique. Le monde du sport, professionnels et amateurs, célèbre la création des Jeux Olympiques en 1894. Depuis l’année dernière, en France, la journée se décline sur toute la semaine. L’action est dirigée par le comité national olympique et sportif français (CNOSF). La journée olympique est célébrée à Mayotte uniquement depuis l’année dernière, et le public a été au rendez-vous. En raison des Jeux des îles 2019, la flamme olympique avait fait le tour des écoles du territoire. Des activités sportives et culturelles étaient également organisées un peu partout durant une semaine. Cette année, la crise sanitaire oblige les organisateurs à revoir l’intégralité de leur programme. Tout se fera sur les réseaux sociaux. “On a lancé un challenge où l’on demande aux ligues, aux comités, et à tous ceux qui souhaitent participer de nous envoyer des photos autour de l’aspect sportif. Ils peuvent faire une figure sportive ou mettre en valeur un objet sportif”, explique Irma Ali Soilihi, chargée de mission au CROS Mayotte. Il faudra ensuite publier la photo sur les réseaux sociaux et identifier le CROS de Mayotte et le CNOSF. Les photos seront par la suite publiées sur leurs comptes respectifs. Le thème de la journée olympique de cette année est Paris 2024. En raison des Jeux Olympiques qui se dérouleront en France, un défi est lancé. L’idée consiste à parcourir 2.024 mètres, en courant, en marchant, en faisant du vélo, en nageant. Les participants peuvent également se prendre en photo et la publier sur leurs réseaux sociaux. Durant cette semaine, le CNOSF souhaite plus que jamais véhiculer les valeurs “d’amitié, de respect et d’excellence” qui représentent l’esprit des Olympiques. 

Réitérer l’initiative tous les quatre ans 

La semaine de l’olympisme en 2019 avait un aspect particulier à Mayotte puisqu’elle coïncidait avec les Jeux des îles. Le CROS souhaite donc réitérer l’opération tous les quatre ans en perpétuant le relais de la flamme dans les écoles. Mais la perspective des JO 2024 n’est jamais bien loin. “Il y a des écoles qui sont labélisées Génération 2024. Ce sont des établissements qui s’engagent à faire vivre l’Olympique à leurs jeunes en vue des Jeux à Paris en 2024”, indique Émeline Froger, en charge de la semaine olympique au CROS Mayotte. Cette année, ces écoles sont invitées à faire des activités avec les élèves, si elles sont ouvertes et si les conditions le permettent. Le tout devra se faire toujours autour des valeurs d’amitié, de respect et d’excellence.

Il y a un an, Mayotte découvrait son volcan

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La découverte du volcan sous-marin au large de Mayotte célèbre sa première année. À cette occasion, et alors que les dernières campagnes scientifiques en date ont quitté le lagon le mois dernier, Flash Infos donne, tout au long de cette semaine, la parole à ceux qui, de près ou de loin, œuvrent pour une meilleure connaissance de ce phénomène naturel qui évolue, chaque jour, sous le regard des Mahorais. Mais avant cela, retour sur l’histoire d’une découverte exceptionnel. 

C’était il y un an, déjà. En mai 2019, la communauté scientifique annonçait à Mayotte et au monde la découverte d’un jeune volcan sous-marin, à seulement 50 kilomètres à l’est de Petite-Terre et à quelque 3.500 mètres de profondeur. Un « petit » nouveau-né de cinq km de diamètre – soit la moitié de la surface de Paris – pour 800 mètres de haut, qui se serait formé en cinq ans tout au plus, la dernière cartographie de cette zone remontant jusqu’alors à 2014. Pour la première fois de son Histoire, l’humanité assiste en direct à la naissance d’un volcan. Pour les Mahorais, c’est aussi, enfin, un début d’explication au phénomène d’essaim de séismes qui secoue le département depuis alors une année. Le 14 mai 2018, presque un an jour pour jour avant la découverte du volcan, un premier tremblement, de terre, de magnitude 5, avait frappé Mayotte, puis un second, le lendemain, avec cette fois une magnitude de 5,8, la plus puissante jamais enregistrée localement. Depuis, plus d’un millier de secousses, majoritairement imperceptibles pour la population, sont enregistrées chaque mois. 

Pourtant, dès le mois de janvier, les appareils déployés dans la région avaient détecté à une vingtaine de kilomètres de Mayotte des centaines d’ondes à basse fréquence qui, pendant 20 minutes, se sont propagées jusqu’en Afrique, puis en Amérique du Sud et même jusqu’à Hawaï. Le phénomène parti des profondeurs mahoraises a ainsi parcouru 18.000 km, sans que personne ne ressente la moindre secousse. Très vite, la communauté scientifique s’interroge quant à l’origine de ces ondes et à la cause de leur propagation à travers le monde. Pendant que, pour tromper la peur, la population ironise sur de possibles forages de pétrole aux Comores, l’hypothèse d’une éruption volcanique sous-marine grandit. Sans que nous le sachions encore, le volcan aussi. Dans le même temps, des émanations de gaz sont observées sur le littoral de Petite-Terre, et les pêcheurs constatent, au large, d’importantes quantités de poissons morts flottant à la surface ainsi qu’une odeur qu’ils comparent à celle du souffre. Déjà de possibles témoignages de l’activité volcanique en cours, à plusieurs milliers de mètre de profondeur. 

Dans ce contexte, la première mission scientifique Mayobs s’organise en février 2019 sur le Marion Dufresne, et embarque avec elle des chercheurs du monde entier. L’objectif : récupérer les six sismomètres de fond de mer déployée à l’est de l’île une poignée de mois plus tôt pour mieux comprendre l’origine de l’essaim de séismes. Finalement, des panaches de fluides volcaniques sont détectés, parfois même sur deux kilomètres de haut, mais sans jamais percer la surface de l’eau. Alors, les nouveaux relevés de fond sont comparés avec ceux acquis en 2014 dans le secteur, et le résultat est sans appel : un nouveau volcan est bel et bien en formation au large de Mayotte. 

Phénomène naturel de subsidence 

En formation, oui, mais surtout en activité. À tel point que le phénomène constitue la plus importante éruption sous-marine observée depuis plus de 200 ans. Si les analyses de la mission Mayobs 13 qui s’était déroulée en mai dernier sont toujours en cours pour mesurer le volume des récentes coulées, le volcan a, dans ses onze premiers mois de vie, produit « au moins 5 km3 de lave, soit un flux de 150 à 200 m3 par seconde », estime l’Ifremer, l’un des pilotes des missions Mayobs. 

À titre de comparaison, ce débit suffirait à remplir une piscine olympique en seulement 20 secondes. Avec un volume de 3,4 km3, nichés à 30 km de fond dans le manteau terrestre, la poche magmatique du volcan de Mayotte serait la plus profonde et la plus vaste jamais détectée dans cette couche, selon une étude allemande publiée dans Nature Geoscience. Problème, sous l’effet de la vidange de cette énorme poche, le phénomène naturel de subsidence l’île s’est considérablement accéléré. En un an, l’île s’est enfoncée, selon les sites, de 9 à 17 cm, contre 1 mm en moyenne avant que le volcan ne se forme. Dans le même laps de temps, Mayotte s’est déplacée vers l’Est à raison de 21 à 23 cm. Fait rassurant toutefois, la morphologie du volcan n’aurait pas connu d’évolution majeure depuis sa découverte, selon les premières conclusions de la dernière mission Mayobs. 

S’ils sont difficilement mesurables, les risques pour Mayotte et sa population sont toutefois réels. Bien que les séismes aient diminués à la fois en nombre et en puissance, ils demeurent susceptibles de provoquer des glissements de terrain sous-marins et peuvent ainsi former un tsunami. « Les configurations des fonds marins au large de Mayotte ne favorisent pas l’amplification d’éventuelles ondes de tsunamis (grâce à l’augmentation brutale de la profondeur de l’eau après la barrière de corail) », tempère tout de même le bureau d’étude géologique et minière. « Mais l’évaluation du risque tsunami est à l’étude en tenant compte des différentes sources envisageables. » Une mission confiée au réseau de surveillance volcanologique et sismologie de Mayotte, ou Revosima, créé en début d’année pour mieux suivre et comprendre le phénomène naturel exceptionnel apparu aux larges de nos côtes.

Organisation de l’offre de soins : la stratégie payante de l’ARS de Mayotte pour fluidifier la filière d’aval

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Organisation de l’offre de soins : la stratégie payante de l’ARS de Mayotte pour fluidifier la filière d’aval 

Si l’agence régionale de santé est énormément dans l’action sur le terrain, elle est aussi beaucoup dans la réflexion pour élaborer toute la stratégie à suivre dans le but d’éviter une catastrophe sanitaire. Mohammed Hamid Elarouti, directeur de l’offre de soins et de l’autonomie, et Mathilde Hangard, en charge de la préparation aux crises sanitaires, révèlent les coulisses de toute la partie invisible de l’iceberg. 

Flash Infos : Voyant le virus se propager à vitesse grand V en métropole, comment vous êtes-vous mis en ordre de marche à Mayotte pour lutter contre sa propagation ? 

Mohammed Hamid Elarouti : L’offre de soins a mis en place des dispositifs innovants et expérimentaux. Tout d’abord, dans le cadre de la phase pré-épidémique, nous nous sommes organisés selon les instructions nationales, avec l’identification de filières Covid. Il est de la responsabilité des établissements de santé, qui sont habilités pour encadrer des patients suspects ou classés cas probables pour la plateforme du centre 15 et les admettre dans des zones sécurisées pour éviter toute contamination. À ce titre, nous les avons constatées au CHM mais aussi dans les centres médicaux de référence. 

Compte tenu de la contagiosité, le risque était le tableau de détresses respiratoires aigües, dont des formes graves pulmonaires. Comment les accueillir tout en gardant ses capacités de prise en charge en réanimation ? Le CHM, en lien avec l’ARS, a upgradé des lits en réanimation, sachant que l’hôpital en comptabilise seize en temps normal. Puis il y a eu six lits supplémentaires de salle de surveillance post-interventionnelle avec du personnel dédié et des équipements spécifiques. Tout cela pour éviter une tension en lits réanimatoires. Et récemment se sont rajoutés, lors de la mission du service de santé des armées, dix modules militaires de réanimation au troisième étage, dans l’aile dédiée à la chirurgie ambulatoire. 

Force est de constater qu’au début de la crise, nous avons reçu une file active de patients, qui présentaient des pathologies nécessitant une hospitalisation en médecine. Ainsi, nous avons redéployé nos ressources pour avoir une capacité de cent lits dans ce service. 

Mathilde Hangard : Après, nous avions pressenti ces besoins par le biais d’une étude réalisée par un statisticien de l’ARS, qui s’appuyait sur l’âge de la population mahoraise. Pourquoi ? Parce que les gens se mettaient à décompenser au Sud de Mayotte. Le confinement faisait qu’ils ne pouvaient plus se déplacer à l’hôpital ou alors qu’ils tardaient à venir se faire soigner. Avec le déconfinement progressif, nous avions la certitude de prendre une vague de ces malades chroniques. 

FI : Justement, pour éviter une saturation des lits en médecine, vous avez décidé de fluidifier la filière d’aval en créant un centre d’hébergement spécialisé à l’internat de Tsararano… 

Mathilde Hangard : Pour bien comprendre les raisons de ce dispositif qui a ouvert le 14 avril, il faut savoir que des chambres de médecine servaient d’isolement pour ceux qui étaient en attente de résultat. Rapidement, nous sommes arrivés à saturation car les patients occupaient des lits alors qu’ils ne nécessitaient pas de soins à proprement parlé… Comment alors héberger des Covid+ sans signes de gravité ? De là est né le projet à l’internat du lycée de Tsararano. Il a une capacité de 110 places. Quotidiennement, nous avons une dizaine de personnes présentes et leur durée de séjour est de cinq ou six jours. Ça rentre autant que cela sort ! 

Mohammed Hamid Elarouti : Nous ne voulions pas que ce lieu soit un centre sanitaire. Car il aurait fallu recevoir une autorisation d’activité de soins qui est délivré sur décision administrative par un arrêté de la direction générale. Mais ce centre d’hébergement spécialisé a fait l’objet d’un cahier des charges, avec un conventionnement tripartite avec la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS), l’ARS et la Croix Rouge. Et nous avons fait une paramédicalisation. C’est-à-dire que des infirmières libérales sont mises à disposition sur la base du volontariat, de 8h à 18h. Après cette heure, il y a quand même des veilleurs de nuit qui tournent en cas de complications ou d’aggravations pendant la nuit. 

Mathilde Hangard : Nous savions que ce partenariat fonctionnerait à Mayotte car la difficulté de l’isolement est une réalité sur le territoire ! En se rendant à l’internat, ils sont logés, nourris, blanchis et surveillés d’un point de vue paramédical. 

FI : Au vue des capacités de la structure, vous attendiez-vous à recevoir plus de monde ? 

Mathilde Hangard : Oui ! Mais en même temps, la mission d’un tel centre repose sur le consentement de la personne. C’est vrai que cohabiter avec des Covid+ peut effrayer. Tout le monde préfère rester en famille et s’isoler chez soi. 

Mohammed Hamid Elarouti : Nous avons rencontré les représentants des collectivités territoriales pour les sensibiliser sur le fait que ce n’était pas un nid de concentration de Covid, parce que certains habitants étaient prêts à ériger des barrages de peur que nous déplacions des patients Covid+ vers cet internat. 

Mathilde Hangard : Après, les calendriers des projets se sont bien chevauchés. Grâce au montage de l’équipe terrain, nous avons procédé à des interventions dans des domiciles où l’isolement n’était pas possible pour de multiples raisons. Nous avons alors réalisé un suivi un peu plus poussé chez ce public qui ne souhaitait pas se rendre à Tsararano. En tout cas, nous avons essayé de ne pas le lâcher ! 

Paradoxalement, un autre phénomène s’est présenté après cette ouverture : des personnes qui n’étaient pas infectées voulaient simplement rejoindre le centre d’hébergement pour avoir la possibilité de manger à leur faim. Et d’autres faisaient le forcing pour rester plus longtemps alors qu’ils ne présentaient plus du tout de symptômes. 

Mohammed Hamid Elarouti: D’ailleurs, au 6ème jour, nous faisons une réévaluation médicale. En sachant que les critères pour quitter le centre sont l’absence de symptômes, notamment la fièvre (apyrexie) 48 heures avant la sortie. 

FI : Vous avez également mis en place un autre dispositif, qui est l’hospitalisation à domicile (HAD). En quoi consiste-t-il ? 

Mohammed Hamid Elarouti: L’hospitalisation à domicile concerne les patients qui requièrent des soins complexes, avec une prise en charge pluriquotidienne par une équipe pluridisciplinaire (médecin, infirmier, kiné, aide-soignant). Au lieu de les faire dans un secteur hospitalier, il y a la possibilité, si les conditions d’accueil le permettent, de pouvoir les réaliser directement chez le patient. Sur la base du volontariat, nous avons rencontré des représentants des syndicats des infirmiers libéraux pour trouver un accord de conventionnement avec le CHM dans le but de l’assurer. L’idée était de pouvoir intervenir dans des secteurs expérimentaux comme le centre de Mamoudzou et de se focaliser sur les endroits où il y a eu des clusters. Quinze infirmiers ont été mobilisés, avec une possibilité d’étendre le personnel à 50, voire 70. Il s’agit principalement de patients lourds ou qui peuvent bénéficier de soins palliatifs identifiés, d’enfants qui sont porteurs de maladies congénitales… L’intérêt est aussi de pouvoir couvrir l’ensemble de la population puisque nous prenons en charge des patients non affiliés sociaux. 

Nous comptons pérenniser cette activité puisqu’elle dépend d’une autorisation exceptionnelle de six mois qui rentre dans le cadre de la gestion de la crise. Elle sera vraisemblablement prorogée avec un arrêté en bonne et due forme. 

Ce dispositif permet aussi de fluidifier la filière d’aval. Lorsque des patients ont fait de la réanimation, ils ont besoin de rentrer dans un centre de soins de suite et de réadaptation. Or, nous n’en avons pas ici à Mayotte ! Par contre, des kinés habilités peuvent très bien poursuivre cette rééducation à domicile dans le cadre de cette prise en charge complexe. Même si les patients ne sont plus oxygéno-dépendants, ils ont besoin de récupérer et de retrouver une motricité et une tonicité musculaire. 

Nous sommes en cours de réflexion avec les réanimateurs en cas de deuxième vague de Covid. Plutôt que d’avoir un service de réanimation surdimensionné, l’idée serait d’avoir une unité de réanimation pure et dure et d’adapter l’emplacement où se trouvent actuellement les militaires en centre de post-réanimation. Avec cette organisation, nous pourrions raccourcir la durée de séjour en réanimation des patients. Il y a également des techniques, comme la trachéotomie qui permet d’avoir un sevrage plus rapide des respirateurs. 

FI : N’était-il pas possible de mettre en place ce centre de rééducation au tout début de la crise pour pouvoir gagner de la place en réanimation plus rapidement ? 

Mohammed Hamid Elarouti : Nous avançons en marchant ! Au départ, les patients embolisaient les lits de médecine. Puis après la période de Ramadan, il y a eu des formes d’embolie pulmonaire plus graves. Nous nous sommes adaptés en fonction de l’évolution épidémiologique… 

Mathilde Hangard : La crise essouffle tout le monde car il s’agit d’une course contre la montre ! Cela demande de l’endurance, mais en même temps toutes les dérogations exceptionnelles ont permis à des projets comme la HAD, qui était d’actualité depuis deux ans, de voir le jour en à peine deux mois. Après quand nous prenons la situation avec du recul, nous avons parcouru un sacré bout de chemin. 

Maintenant, les prochains enjeux vont être de rattraper tout ce qui a été mis sous le tapis pendant la crise, à l’instar des vaccinations. 

FI : Quels enseignements allez-vous tirer de la crise par rapport à l’offre de soins à Mayotte ? 

Mohammed Hamid Elarouti : Il faudrait équilibrer la gouvernance hospitalière, médicale et administrative, territorialiser et faire confiance aux collectivités. Créer du lien pour que les ARS soient aussi plus autonomes dans la gestion au quotidien des affaires sanitaires et ambulatoires. Effectivement, nous agissons dans l’urgence, mais il ne faudrait pas que les lourdeurs administratives viennent enrayer les initiatives ou les expériences de terrain. 

Ce qui est aussi très important est le décloisonnement, c’est-à-dire que l’offre de soins soit indifférenciée, que ce soit du sanitaire, du médico-social ou du libéral. Il va falloir créer des améliorations dans l’aménagement du territoire pour rendre Mayotte plus attractive. Sans oublier l’universitarisation du département pour que les Mahorais puissent suivre des études supérieures sur leur territoire et ainsi éviter une fuite des cerveaux de nos forces vives. 

La pierre angulaire du processus accélérateur est le projet médical, élaboré par la communauté hospitalière, en lien avec les professionnels libéraux. Dans le cadre d’un exercice mixte, ces derniers peuvent venir en appui à l’hôpital avec des modalités de rémunération qui soient inventives. 

Mathilde Hangard : La population a également acquis des notions sur les risques épidémiques. Je pense qu’il y a eu une prise de conscience sur ce qu’est la santé publique. Tout cela fait partie de la résilience et permet au territoire de se renforcer et d’adopter des gestes réflexes en prévision des autres crises qui sont susceptibles de nous tomber dessus à l’avenir.

Un partenariat avec les ambulanciers privés pendant la crise 

Une permanence de soin qui n’existait pas jusqu’alors à Mayotte a été créée avec l’association de transport sanitaire d’urgence médicale de Mayotte. L’ARS a signé une convention qui permet une rémunération via le fonds d’intervention régionale d’un montant de 135.000 euros pour la coordination de la garde ambulancière sur trois secteurs de l’île. Malheureusement, certains conducteurs certifiés ont contracté le Covid et ont dû s’isoler, obligeant l’agence régionale de santé à y mettre un terme le 6 juin.

Pompiers de l’aéroport de Mayotte : un pneu remet le feu aux poudres

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Un incident avec un véhicule du service de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs (SSLIA) pendant un exercice a remis sur la table les revendications du syndicat des pompiers, qui critique la logique gestionnaire de l’entreprise Edeis. 

Heureusement que les avions se font encore rares sur la piste de Pamandzi. Jeudi dernier, un accident sur l’un des véhicules des pompiers de l’aéroport a eu lieu en plein tarmac. “Nous avons fait un test de véhicule, dans ces cas-là on peut les faire rouler jusqu’à 100 km/h pour voir la performance”, relate Abdallah Bamana, responsable syndical des sapeurs-pompiers de l’aéroport. Tout à coup, le pneu explose. La roue est déchiquetée – et pas qu’un peu, d’après les photos publiées dans la foulée sur la page Facebook de la section syndicale. Il faut alors tracter le camion sur le bitume, et s’assurer qu’aucun débris n’a été oublié. “C’est un engin qui fait plus de 19 tonnes, nous sommes chanceux qu’il n’ait pas fait de tonneau, et qu’il n’y ait pas eu de blessés”, continue le sapeur-pompier. 

Plus de peur que de mal, donc, pour les deux agents qui faisaient rouler le véhicule. N’empêche, pour la section syndicale, cette affaire de pneu, c’est un peu la goutte d’eau. Ou plutôt l’étincelle. Car ce pneu avait été signalé il y a trois mois au chef de service du service de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs (SSLIA), en raison de sa surface trop lisse. Sans que rien ne soit fait, jusqu’à ce jour. Pour la section syndicale, c’est une preuve de plus à charge contre Edeis, le gestionnaire de l’aéroport, qu’elle accuse “de jouer sur la sécurité des agents juste pour se faire du profit”. 

Réduction d’effectifs 

Dans son post Facebook, le syndicat saisit la perche pour revenir sur la fin du détachement de quatre sapeurs-pompiers professionnels, renvoyés prochainement au SDIS, et qui devront être remplacés par trois sapeurs-pompiers volontaires. Une façon de réduire les effectifs et donc les coûts, car, écrivent-ils en citant la DGAC/DSAC : “Les SPP coûtent trop cher.” À la base, la convention qui lie le SDIS de Mayotte au gestionnaire de l’aéroport Edeis permet de détacher des sapeurs-pompiers professionnels pour assurer la sécurité de l’aéronef. En mettant fin à cette ancienne convention, le syndicat s’inquiète de voir débarquer des légions de nouveaux pompiers venus de métropole, à moindre coût. Il faut dire que la question de leur salaire, de 2.500 euros contre 1.500 euros dans le privé, avait déjà fait couler un peu d’encre il y a quelques mois. À ce moment-là, en décembre 2019, la présidente du SDIS avait obtenu un sursis pour prolonger l’ancienne convention jusqu’à fin juin. Mais le détachement des sapeurs-pompiers professionnels à Edeis est toujours sur la sellette. « Les discussions sont en cours pour établir une nouvelle convention, avec la volonté d’aboutir au 1er juillet. Elles devront acter un schéma de décroissance qui soit humainement acceptable », confie le colonel Fabrice Terrien au SDIS. 

Mais ce n’est pas là le seul grief des pompiers. Dans leur viseur, aussi, le respect des normes en fonction du niveau de sécurité de l’aéroport. « Déjà, d’après l’arrêté du 18 janvier 2007, nous devrions avoir des moyens nautiques en tant qu’aéroport côtier. Ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui, l’État ferme les yeux », dénonce Abdallah Bamana. Mais outre leurs effectifs réduits, ce sont aussi les véhicules qui commencent à manquer pour respecter le niveau de sécurité, minimum de 6, de l’aéroport. « Normalement, nous devons avoir quatre camions minimums, et deux sont HS », vitupère le responsable syndical. Qui n’hésitera pas à intenter une action en justice contre l’aéroport et le SDIS si un autre accident, plus grave, venait à survenir. 

Chaque pneu compte 

Contactée, l’entreprise Edeis a tenu à remettre les points sur les i. Sur le pneu, d’abord. « Il s’agit d’un incident regrettable, qui est dû en partie au fait que la période du Covid nous a fait prendre du retard sur le remplacement de ce pneu. Mais nous avons tout fait pour que le camion soit réparé, et nous avons un niveau de sécurité opérationnel aujourd’hui », détaille Cyril Godeaux, le directeur de la communication chez Edeis. Quant aux accusations sur la recherche effrénée de profit, elles sont inexactes, pour la simple et bonne raison que « les services des pompiers sont un service régalien. Même si ce sont des salariés de l’aéroport, ce sont des salariés pris en charge par l’État », explique-t-il. Les dépenses dans le cadre de ce service sont examinées à la loupe chaque année, pour déterminer le niveau de sécurité, en fonction des vols effectués sur l’année, et des prévisions pour l’année suivante. « Un camion représente un investissement minimum de 500.000 euros. Et la tendance globale au niveau de l’État ces derniers temps est plutôt à rester proche de ses sous », résume-t-il.

Une antenne de la lutte contre le travail illégal en Grande-Terre

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Vendredi 19, une antenne de la police aux frontières dédiée à la lutte contre le travail illégal était inaugurée en Grande-Terre. Implantée au cœur de Kawéni, celle-ci a vocation à rendre plus efficaces les investigations des policiers en charge de ce dossier déterminant contre l’immigration clandestine. 

« Les reconduites aux frontières, la surveillance en mer ou sur terre sont la partie visible de la lutte contre l’immigration clandestine, mais il y a aussi un travail de l’ombre qui agit dans la durée. La lutte contre le travail illégal, c’est cela. Et je sais pouvoir compter aujourd’hui sur ce nouveau dispositif pour lequel les policiers sont chaque jour sur le terrain », affirmait Julien Kerdoncuf, sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine (LIC), vendredi, lors de l’inauguration des locaux de la nouvelle antenne de la police aux frontières en Grande-Terre, dédiée à la lutte contre le travail illégal. Car si ce dernier ne concerne pas que les personnes étrangères dans la clandestinité, il est l’une des motivations qui les poussent à s’installer sur le territoire. 

Cette antenne, constituée de quatre policiers, est donc désormais présente à Kawéni. Un choix d’implantation qui ne doit rien au hasard. Le sous-préfet l’expliquait : « Nous sommes dans le poumon économique de Mayotte, le coffre-fort de l’île. En ayant notre antenne ici, nous sommes aussi au cœur du secteur informel. » Attention toutefois, leur secteur d’intervention reste départemental, comme celui de la brigade de Petite-Terre et sa huitaine d’effectifs. 

Pour illustrer ce choix d’implantation, un exemple mis en exergue par Julien Kerdoncuf, qui avait accompagné sur le terrain, la veille, les hommes de l’Unité de lutte contre le travail illégale de la brigade mobile de recherche. « Sur les 11 entreprises contrôlées à Kawéni [ce jour-là], huit employaient des étrangers en situation irrégulière, » soulignait-il, en constatant lors de discussions avec eux, que « tous ont invoqué, sans aucune exception, des raisons économiques [à leur venue à Mayotte], car la situation est compliquée aux Comores. Ils sont venus à Mayotte pour travailler. Or, s’ils peuvent travailler ici, c’est parce que des gens les emploient. À leur manière donc, même sans le vouloir, ces employeurs favorisent l’immigration clandestine en tirant bénéfice de ces personnes en situation irrégulière. » 

Et de l’affirmer : « La lutte contre l’emploi d’étrangers sans titre de séjour est une priorité de l’année 2020. » En 2019, 1,6 million d’euros d’amendes administratives ont été dressées contre des employeurs, soit 15.000 euros d’amende par étranger en situation irrégulière employé. « Un chiffre record pour Mayotte et j’ai la certitude absolue qu’il sera très largement dépassé en fin d’année », a annoncé le sous-préfet. 

Ce volet administratif n’est toutefois pas exclusif et complète le volet pénal, constitué « d’alternatives aux poursuites et de poursuites devant un tribunal », rappelait Tarik Belamiri, substitut du procureur en charge de la lutte contre le travail illégal. Un volet pénal sur lequel « nous essayons d’être le plus efficace possible, malgré le nombre de procédures qui retardent parfois les réponses. Mais il y en a toujours qui sont apportées à la fin. » 

Soutenir le secteur formel 

« L’économie informelle à Mayotte n’est pas une fatalité », affirmait également Julien Kerdoncuf, rappelant que la lutte contre le travail illégal était aussi « du soutien à l’économie formelle, car elle permet de lutter contre la concurrence déloyale ». Car si dans une enquête de 2018, l’Insee estimait le poids de l’économie informelle à 9% de la valeur ajoutée générée par les entreprises de l’île et à quelque 9.000 travailleurs concernés, « on voit aujourd’hui le travail illégal s’étendre à d’autres secteurs, notamment le commerce ». Un enjeu d’importance pour le soutien et la stabilisation économique du département, donc, qui devient urgent.

Réouverture du marché paysan de Coconi : des changements dans le panier

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L’attente a été longue pour les habitués mais il est de retour. Le marché paysan de Coconi a repris du service depuis le 13 juin, et ce pour trois samedis consécutifs jusqu’à la fin du mois. Tout au long de cette période, 10 exposants alternent leurs places chaque samedi. L’objectif est de réduire la densité sur le site et ainsi faciliter le respect des gestes barrières. 

Ce mois-ci, le marché paysan de Coconi a dérogé à l’un de ses principes fondamentaux. Habituellement, le marché est ouvert uniquement les premiers samedis de chaque mois. Covid-19 oblige, pour le mois de juin, le marché est ouvert sur trois samedis consécutifs. L’objectif est d’éviter une forte affluence et par conséquent les attroupements qui sont contraire aux gestes barrières. Pour cela, l’organisation du marché a totalement été modifiée. “Nous avons divisé le nombre d’exposants par trois. Chaque samedi est consacré à un groupe différent. L’idée est de permettre à chaque exposant de vendre au moins une fois par mois”, explique Laetitia Vannesson, responsable de l’exploitation du lycée agricole de Coconi. Cette nouvelle stratégie est payante puisqu’en effet, il n’y a presque pas eu de regroupements lors du marché de samedi dernier. À l’exception d’un stand de plats préparés très prisé, qui a eu plus de mal que les autres à faire respecter la distanciation physique. En temps normal, le marché paysan accueille jusqu’à 1.500 visiteurs en une seule matinée. Ils étaient à peine 500 les deux derniers samedis, selon les organisateurs. Si cela permet de respecter les mesures de sécurité, la situation n’est pas complètement avantageuse pour les exposants. “Les clients se font timides. Il y en a quelques-uns mais on pourrait mieux faire”, regrette Ismail Andaza, exposant et producteur. 

De nouvelles règles à respecter 

L’entrée du site est surveillée par un agent chargé d’appliquer du gel hydroalcoolique à tout le monde. Il doit également vérifier si chacun porte un masque et si la distance d’un mètre entre chaque personne est respectée. Le plus grand changement s’opère sur les stands. Les visiteurs n’ont pas le droit de toucher les produits, même s’ils ont l’intention de les acheter. Une règle pas toujours évidente à assimiler. “On leur explique qu’ils doivent juste nous montrer du doigt ce qu’ils veulent. La plupart des gens comprennent, mais il arrive tout de même que certains touchent par habitude”, indique Ismail Andaza, exposant et producteur. Malgré toutes ces nombreuses règles, les clients sont ravis de retrouver leur marché. “Je suis rassurée de voir que les gens respectent les gestes barrières. On peut même se laver les mains avec de l’eau et du savon à l’entrée, c’est parfait”, sourit une cliente. “Cela fait tellement longtemps que je ne suis pas sortie qu’aujourd’hui j’ai l’impression de renaître avec ce marché”, s’en émerveille une autre. Certains visiteurs ont traversé toute l’île pour venir au marché paysan de Coconi. “J’habite en Petite-Terre, et j’avais envie de venir car le marché a été fermé pendant trop longtemps”, selon un client. 

Un système qui ne va pas durer 

La prochaine ouverture du marché paysan de Coconi aura lieu samedi prochain, mais l’ancienne politique sera de rigueur à partir du mois prochain. Le marché ouvrira seulement le premier samedi du mois. Cependant, une petite nouveauté pourrait bien s’installer sur le long terme. “Le site est ouvert tous les mardis et jeudis pour le Banga des délices. Nous pouvons aussi inviter des producteurs pour qu’ils viennent vendre leurs produits comme cela a déjà été fait pendant le confinement”, annonce Laetitia Vannesson, responsable de l’exploitation du lycée agricole de Coconi. Cela permettra surtout aux producteurs locaux de vendre leurs invendus et ainsi éviter le gaspillage.

Un rare phénomène en cours dans le canal du Mozambique

Alors que la fin de la saison cyclonique dans l’océan Indien est prévue, comme chaque année, pour la fin du mois de juin, la météo des dix prochains jours ne sera pas pour autant au beau fixe à Mayotte. En cause, un rare phénomène climatique actuellement en cours dans le canal du Mozambique. Un fait exceptionnel oui, mais pas inquiétant. Directeur territorial de Météo-France, Laurent Floch fait le point. 

Flash Infos : Quel bilan dressez-vous de cette saison cyclonique, marquée en décembre par le passage de Belna ? 

Laurent Floch : En terme de nombre de système tropicaux, elle a été dans la norme. En revanche, les 11 systèmes que nous avons eu cette année ont eu une durée de vie assez courte. D’habitude, quand il y en a une dizaine, la moitié d’entre eux se transforment en cyclones. Si on se base sur cette échelle, c’est même une saison inférieure à la normale. On s’aperçoit que depuis quelques années on a des cyclones qui naissent et grandissent rapidement jusqu’à une forte intensité, voire une très forte intensité, puis qui redescende aussi vite. Ce qui fait que la puissance du phénomène est répartie sur un temps plus court. C’est typiquement ce qu’on a vu avec Hellen en 2014, qui est devenu le plus gros cyclone tropical jamais observé dans le nord du canal du Mozambique, et qui est mort en deux jours. On l’a vu aussi plus récemment avec Belna, le 8 décembre, à une centaine de kilomètres de Mayotte. C’était la première alerte rouge depuis 1986, et c’est quelque chose d’important. Le cœur d’un cyclone ne fait qu’entre 60 et 100 km de diamètre, si on compare ça avec le faible nombre de cyclones dans la région et leur courte durée de vie, on se retrouve avec de très faibles probabilités d’être touchés. Mais une probabilité reste une probabilité, et potentiellement un jour ça frappera Mayotte, comme c’est arrivé en 1985 et en 1986. 

FI : Quelles sont les prévisions pour la fin de la saison cyclonique, qui survient habituellement autour du 30 juin ? 

L. F. : Il y a encore deux semaines, on était quasiment sûrs qu’il n’y aurait rien. Mais là, il y a une petite anomalie, ce qu’on appelle un thalweg proche équatorial (une importante circulation dépressionnaire proche de l’équateur, ndlr), qui s’est mis en place sur une conjonction d’ondes dont je tairais les noms, parce que c’est un peu compliqué. Pour faire simple, il y a en permanence des courants, des ondes de fréquence différentes qui circulent autour de la planète, particulièrement autour de l’équateur, et elle ne sont quasiment jamais en phase, c’est-à-dire qu’elles ne tombent jamais au même endroit au même moment. Et c’est pourtant ce qui se passe actuellement sur le nord du canal du Mozambique ! Certaines ondes se dirigent vers l’Est, d’autres vers l’Ouest. Normalement, on a des courants anticycloniques qui repoussent ces ondes, mais là la rotation des vents se fait dans l’autre sens. Mais ce n’est rien d’inquiétant ! 

FI : Comment cela devrait-il se traduire dans les prochains jours ? 

L. F. : On aura peut-être quelques orages et quelques averses ce week-end, particulièrement dimanche. En ce moment, on a aussi un anticyclone très puissant au sud de Madagascar, et avec l’anomalie présente au Nord, ça devrait accélérer les alizés, avec des rafales jusqu’à 70 km/h. On est loin des valeurs de vigilance, mais ça n’empêche pas de conseiller la prudence aux personnes en mer, sur la plage ou dans le lagon, ça peut faire des vagues avec une mer forte, de l’ordre de trois mètres en dehors du lagon. 

FI : L’anomalie en cours devrait-elle influencer les températures, qui sont, chaque saison, plus élevées que l’an passé ? 

L. F. : Non, là on est sur un phénomène plus « classique ». Depuis 2017, on est dans une phase un peu particulière au niveau des températures de l’eau de mer, c’est le même phénomène qu’El Niño dans le Pacifique, mais rapporté à l’océan Indien, c’est ce qu’on appelle le dipôle de l’océan Indien. C’est juste une différence de température de l’eau entre l’est et l’ouest du bassin, parfois de l’ordre d’1,5 degré d’anomalie positive, et qui peut aussi influencer la température de l’air. C’est ce qu’on observe depuis plusieurs années, en été comme en hiver, et ça donne des records de température pour l’année, comme ce que nous avions eu en 2019. Et nous l’avons de nouveau observé cette année entre janvier et juin, avec là encore, 1 à 1,5 degré de différence positive. Mais ce n’est pas pour autant qu’on retrouvera ce phénomène l’année prochaine car ce dipôle de l’océan Indien a une fréquence de l’ordre de trois-quatre ans, donc on pourrait se retrouver, l’été prochain par exemple, avec une inversion de cette tendance. Mais en l’état, les chercheurs du monde entier sont incapables de prévoir la fin d’un phénomène de dipôle de l’océan Indien ! 

 

 

 

 

 

 

 

M. Kamardine, député mahorais : « Seul un développement social permettra de lutter durablement contre le virus »

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L’annonce d’une prolongation de l’état d’urgence sanitaire à Mayotte n’aura décidément pas convaincu le député Mansour Kamardine. Au contraire, le parlementaire voit plutôt là un écran de fumée aux effets délétères sur le plan économique et des libertés individuelles. Quand l’urgence serait, selon lui, de doter Mayotte de moyens sanitaires et d’un plan de rattrapage social. Entretien.

Flash Infos : Que vous inspire la prolongation de l’état d’urgence sanitaire sur le territoire ?

Mansour Kamardine : Je dois vous avouer que je suis profondément déçu. Ce n’est évidemment pas la première fois puisque s’agissant de Mayotte le gouvernement me semble toujours à côté du sujet mais ces derniers temps encore plus que par le passé. Je pense que cette mesure, à l’image d’autres montre bien que le gouvernement fait preuve d’une méconnaissance totale de la réalité du terrain puisque l’épidémie est en recul sérieux. Fort heureusement le virus ne circule plus comme il a pu le faire durant ces dernières semaines. Cette mesure me paraît donc en total décalage. Par ailleurs cette prolongation risque plutôt d’avoir un effet négatif sur le territoire. Je pense aux gens qui ont le regard tourné vers nous parce qu’ils auraient aimé participer au développement de l’île et qui se verront découragés par ce signal très négatif. Or il faut savoir que si l’épidémie a continué à circuler à Mayotte, cela est simplement dû à l’inanité des moyens, pour ne pas dire leur absence, qui ont été déployés ici. Nous avons déjà eu des moyens extrêmement limités et en décalage avec les besoins. Et les choses ne s’améliorent pas avec cette prolongation. Dans ce sens, prolonger pour prolonger, cela m’apparaît plus comme de la gesticulation, de l’affichage qui permet de dire que des mesures sont prises alors que les moyens ne suivent toujours pas. C’est tout simplement de la communication et ce n’est pas acceptable. La directrice de l’ARS le dit aujourd’hui ouvertement : les moyens ne sont pas là. Nous n’avons pas les automates, cantonnés à une capacité de 300 tests par jour etc. On pourra prolonger l’état d’urgence sanitaire aussi longtemps que l’on voudra, cela ne réglera pas le problème tant que les moyens ne seront pas là.

FI : Au-delà de l’effet de communication que vous dénoncez et d’un éventuel mauvais signal pour l’attractivité, quelles conséquences concrètes craignez-vous à travers cette prolongation ?

M. K. : La perception que l’on donne à l’extérieur n’est pas à minimiser, elle peut réellement impliquer un véritable découragement. De manière générale on pointe du doigt Mayotte sans concrètement l’aider. On cherche toujours à traiter Mayotte différemment des autres territoires alors qu’elle mérite d’être traitée sur un pied d’égalité. Par ailleurs le discours du gouvernement n’est pas audible, il souffre d’incohérences majeures lorsque, dans le même temps, il demande la réouverture des écoles, que les gens retournent au travail, que les élections se tiennent et prolonger l’état d’urgence sanitaire.

Par ailleurs, je vois dans cette prolongation une atteinte extrêmement grave à notre liberté de mouvement alors que rien ne le justifie plus. On tente de contraindre les gens à respecter une quarantaine alors même que le Conseil constitutionnel est venu rappeler que cela ne peut se faire sans leur accord. Cela pousse les gens à s’engager pour quelque chose qu’ils ne respecteront pas par la suite, parce qu’ils ne le peuvent pas forcément. Je trouve cela très peu moral.

Tout cela est donc grave de conséquence, d’un point de vue économique mais aussi sur nos libertés individuelles. Et pourtant rien ne justifie cela puisque l’épidémie recule et que les gens ont sur place repris une vie normale.

FI : Est-ce que l’on n’aurait pas tout de même là une sorte de soupape de sécurité si l’épidémie venait à reprendre ?

M. K. : Absolument pas. Les seules raisons pour lesquelles le virus a tant circulé est l’absence de moyens sanitaires comme le sous-développement chronique de Mayotte. L’état d’urgence

sanitaire n’a pas la capacité d’agir en tant que soupape de sécurité dès lors qu’il n’est pas accompagné de moyens d’action. Cela ne sert à rien. Le gouvernement arrive toujours après la bataille : quand je demande à ce que des contrôles stricts soient opérés à l’aéroport on me rit au nez pour finalement, une semaine plus tard, les mettre en oeuvre. Même chose avec les masques. Ce qui importe ce n’est donc pas l’état d’urgence sanitaire mais une prise de conscience de la réalité du terrain. Si l’on disait : prolongeons et testons massivement dans le même temps pour connaître avec certitude la circulation du virus, il y aurait de la cohérence mais force est de constater que cette dernière est aux abonnés absents.

Et cette incohérence est partout : comment faire pour se rendre à Paris ? Il faudrait un test au départ de Mayotte. Mais l’ARS ne cesse de le répéter, elle n’a pas les capacités pour tester tous les passagers. Ensuite, on nous dit qu’une fois à Paris, il faudra respecter une quarantaine. Mais qui peut se permettre de faire cela s’il a besoin d’effectuer un court voyage d’affaire par exemple ?

FI : Est-ce à dire que l’épidémie n’est plus la priorité dont devrait se préoccuper le gouvernement pour Mayotte ?

M. K. : La vraie priorité aujourd’hui, c’est de nous donner les moyens de notre développement économique et social. Le gouvernement ne veut pas l’entendre mais il faut que cela soit un sujet de premier plan. On ne peut pas accepter que 84% de notre population vive sous le seuil de pauvreté et que le gouvernement, lorsqu’il annonce un plan de rattrapage des droits sociaux qui devait voir le jour en décembre dernier, ne respecte pas son engagement. Nous avons pourtant bien vu les immenses difficultés causées et mises en exergue par ce coronavirus. Ce sont les conséquences du sous-développement chronique dans lequel nous stagnons. S’attaquer convenablement et durablement à cette épidémie se fait donc sur deux fronts : sanitaire mais aussi économique et social, c’est cela l’urgence ! Comment espérer lutter contre le virus quand une grande partie de la population ne peut pas s’acheter de savon ? Il nous faut en réalité un véritable plan de sortie de crise sanitaire d’urgence pour espérer s’échapper de la crise de manière durable et enclencher un développement.

FI : Vous évoquez un nouveau plan, c’est considérer que les efforts promis par le gouvernement, notamment à travers le contrat de convergence, ne suffiront selon vous pas ?

M. K. : Ils n’ont jamais suffi ! ce contrat de convergence, que je considère plus sous l’appellation de contrat de divergence n’a jamais répondu aux attentes des mahorais. Il ne répond pas à l’urgence sociale : on parle de construire des salles de classe, un deuxième hôpital et des logements sociaux mais tout cela à très long terme. Le seul aspect positif c’est qu’il peut fournir du travail à travers les chantiers, mais c’est tout. Au-delà d’une mesure que je conteste, les 500 millions d’euros prévus pour les salles de classe ne seront même pas consommés ! Partis comme nous le sommes, avec une telle centralisation des dossiers, c’est impossible. L’État a une défiance à l’égard des élus et se refuse ainsi à leur confier la responsabilité de ces constructions. Cela revient donc à la Deal, qui, de son côté, ne se donne pas les moyens de remplir les objectifs. Les 500 millions d’euros seront renvoyés à la fin de la convention et l’on tapera sur les élus alors même qu’on les aura empêchés de prendre en main le dossier. Je considère que ces créations de classe sont un appel d’air pour l’immigration clandestine et aurait donc préféré que l’on aide nos voisins à construire des écoles chez eux. Mais c’est l’option qui a été choisie alors pourquoi ne pas donner aux maires le pouvoir de la mettre en oeuvre ? J’ai l’impression que tout est fait pour que les choses ne se fassent pas.

Ce contrat n’est donc par l’urgence mais plutôt la mise sur pied d’un rééquilibrage social rapide. Il s’agit de permettre aux gens qui ont le droit de vivre ici de le faire dignement, tout simplement. Dans des conditions sociales acceptables. C’est plus que jamais le moment de le faire dans le sens où c’est un élément essentiel de la lutte contre l’épidémie. On ne lutte pas de manière durable contre le Covid dans la pauvreté généralisée. Un premier pas serait donc que le gouvernement respecte son engagement pris avec l’annonce d’un plan de rattrapage social. Il y a déjà six mois de retard dans le respect de cette parole. Seul un plan de développement durable permettra d’éviter une résurgence épidémique. En aucun cas le contrat de divergence qui ne comprend aucune mesure sociale pour les populations en grande difficulté ne le permettra.

Covid-19 à Mayotte : la peur de reprendre le cours de sa vie

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Officiellement Mayotte n’est pas totalement déconfinée. Le virus continue à circuler activement sur le territoire. Si beaucoup semblent l’avoir oublié, cette information n’est pas passée inaperçue auprès d’un certain nombre de personnes qui préfèrent prolonger leur confinement par peur. Peur de contracter le virus, peur de contaminer leur entourage, peur des autres… Les raisons sont multiples, et leurs réactions sont naturelles selon les professionnels.

“Même si tout le monde a repris une vie normale, il ne faut pas oublier que le virus circule encore activement chez nous.” Nouria* ne cesse de répéter cela à qui veut bien l’entendre, en espérant que les gens prennent conscience du risque qu’ils encourent en s’exposant. Depuis le début de la crise sanitaire, elle vit constamment avec une boule au ventre car elle a peur de contracter le virus. “Je vis avec des personnes jugées à risque. Si je prends autant de précaution c’est surtout pour eux,” explique-t-elle. Après avoir été obligée de se rendre à son travail pendant les deux mois de confinement, elle a finalement demandé à être mise en retrait à la suite de la découverte d’un cas positif parmi son équipe. Cet incident n’a fait que conforter son envie de rester cloîtrée chez elle. “Les gens ne sont pas conscients. J’entends encore certains dire qu’il n’y a que les personnes âgées qui meurent du virus. Comment voulez-vous avoir confiance et sortir ?” La jeune femme reconnait cependant vouloir retrouver une vie sociale, mais elle sait d’ores et déjà qu’elle ne sera pas comme avant. “J’ai évidemment envie de sortir et retrouver mes amis, mais seulement en petit comité. Il est hors de question de me réunir à l’extérieur avec des inconnus. Je préfère éviter les restaurants et les bars pour le moment, on a toute la vie pour le faire, on peut très bien se restreindre quelques mois.”

Nouria est loin d’être un cas isolé. Lina, partage son avis et va encore plus loin. Depuis le début du confinement jusqu’à aujourd’hui, elle n’est sortie que trois fois. Chaque sortie a été source d’angoisse pour elle. “J’ai beaucoup appréhendé la première sortie. Je ne savais pas si j’allais pouvoir respecter correctement les gestes barrières. Porter un masque, s’appliquer constamment du gel, garder une certaine distance… Tout cela n’est pas évident car ce n’est pas naturel”, selon la jeune femme. Lina appréhende d’autant plus car elle est mère d’un bébé de 7 mois et vit avec une personne asthmatique. Elle reconnaît que son contexte familial accentue sa peur de fréquenter le monde extérieur. Le confinement était pour elle une sorte de refuge. “Contrairement à beaucoup d’entre nous, j’ai très bien vécu le confinement. Je ne suis pas sortie pendant plus de deux mois et je ne me suis pas sentie frustrée. Maintenant quand on me propose de sortir je refuse car j’ai peur du comportement des autres et ce n’est pas supportable”, admet-elle. La jeune mère a même refusé de reprendre le travail en présentiel et préfère prolonger le télétravail tant qu’elle le pourra. Lina ne voit pas le déconfinement comme une libération. “On nous octroie un semblant de liberté. On peut sortir mais il y a tellement de contraintes qu’on n’a plus l’impression de vivre”, regrette-t-elle. Lina est déterminée à ne pas sortir tant que la situation sanitaire n’évoluera pas positivement sur l’île.

“Le confinement était beaucoup plus simple à vivre que le déconfinement »

La peur que ressentent ces deux jeunes femmes peut paraître extrême, mais elle est totalement fondée si l’on croit les explications du psychologue clinicien Fayum Ambdi. “La peur a été largement médiatisée partout dans le monde. Elle a été rattachée à la mort. Dès lors que l’on parle de la mort l’être humain est angoissé. Le fait d’avoir répété que ce virus peut mener à la mort a fait peur tout le monde.” Avoir peur de fréquenter le monde extérieur peut-être donc considéré comme une réaction naturelle et normale. La sociologue Maria Mroivili pousse la réflexion encore plus loin et compare cela à la situation d’un prisonnier. “Quand quelqu’un passe un certain temps en prison, il a besoin de suivre une formation de réinsertion sociale car il a perdu tous ses repères. La même chose devrait s’appliquer chez nous car nous avons été confinés pendant des mois et on ne sait plus comment reprendre une vie normale.”

Afin d’avoir le courage de fréquenter le monde extérieur, il faut avant tout avoir confiance aux autres. Le non-respect du confinement était sanctionné par une amende et les gens le respectait plus ou moins par peur de se faire verbaliser. Alors que le bon déroulement du déconfinement dépend de la bonne volonté de chacun d’entre nous. “Le déconfinement n’est pas surveillé. On ne met pas d’amendes à une personne qui serait trop proche d’une autre par exemple. On fait appel à la responsabilité de chacun mais tout le monde n’est pas responsable, certains ont des comportements à risque. Ce qui fait que le confinement était beaucoup plus simple à vivre que le déconfinement”, déclare Maria Mroivili. Finalement, aucune règle n’oblige les gens à sortir. Il est d’ailleurs même conseillé de limiter les contacts. Ceux qui ressentent encore le besoin de prolonger leur confinement n’ont donc pas à s’excuser. “On a été enfermés pendant plusieurs mois alors il faut y aller en douceur. La crise a changé nos vies. Les habitudes reviendront naturellement, il est inutile de se brusquer pour reprendre une vie sociale”, conclut le psychologue Fayum Ambdi.

* Le prénom a été changé

Sécurité privée à Mayotte : l’essor et l’adaptation

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Deux mois de confinement : un coup dur pour l’économie mahoraise. Mais si presque tous les secteurs sont touchés, l’un d’entre eux parvient à tirer son épingle du jeu. Contexte sécuritaire oblige, la sécurité privée se développe de plus en plus, mais doit s’adapter à une délinquance de plus en plus violente.

La période de crise sanitaire et de confinement aura aussi été, pour Mayotte, une période de crise sécuritaire. Affrontements entre bandes rivales, vandalisme et pillages de magasins ont en effet fait partie de l’actualité du moment. De quoi renforcer le ras-le-bol des habitants et l’agacement des entreprises, cibles idéales des vandales. Pourtant, si l’économie mahoraise a pâti de ces deux mois de disette, un secteur a pu tirer son épingle du jeu, celui de la sécurité privée.

Éprouvé par la période avec plusieurs magasins vandalisés ou volés, le groupe Somaco confirme un « besoin de sécurité très présent », par la voix de son responsable de la sécurité, Manda Rakotoniaina. « Comme tous les autres groupes, nous avons été touchés par ces cambriolages. Cela nous a en effet conduit à renforcer nos systèmes de surveillance », explique-t-il. Le groupe, qui dispose de sa propre entreprise de sécurité, a ainsi procédé à de nouveaux recrutements de vigiles et a investi dans la mise en place de caméra dans ses boutiques ainsi que dans le développement de la télésurveillance.

« Un métier d’avenir »

Mohamed Ousseni est directeur de la société GSPM, pour « gardiennage sécurité privée Mayotte ». En 2014, après 15 ans d’expérience dans le secteur ici, en métropole et à La Réunion, l’homme flaire l’importance que prend la sécurité privée sur le département. Alors, après s’être formé à la direction de ce type d’entreprises auprès de l’École supérieure de la police nationale (ESPN), il lance sa structure en 2014, filiale d’un groupe bi-régional, soutenu par des associés de métropole. Le succès est au rendez-vous compte tenu des besoins immenses.

Aujourd’hui, GSPM assure la sécurité pour des entreprises comme Total, Ewa, le groupe BDM, etc. « Mayotte est un marché très important. Compte tenu de tout ce qu’il se passe sur le département, notre métier est un métier d’avenir », confirme-t-il, soulignant qu’il a reçu des demandes supplémentaires durant la crise sanitaire : « Nous avons eu énormément de demandes pendant cette période. Des grosses entreprises comme Colas ou Total, qui ont souhaité mettre des gardiens en plus. » Et ce n’est pas tout : celui qui emploie 80 salariés sur 21 sites à travers l’île crée actuellement aussi son centre de formation. La raison est simple : « Nos sociétés sont de plus en plus demandées, et elles ont besoin de vigiles et gardiens bien formés, mieux formés. » Mieux formés, car dans une délinquance de plus en plus violente, les agents de sécurité sont désormais aussi pris pour cible.

Patron d’Artemis Technologies, qui œuvre dans le gardiennage et la télésurveillance, Michel Taillefer confirme la tendance générale. Si la crise sanitaire n’a pas amené une hausse fulgurante des demandes en télésurveillance pour son entreprise – au contraire de quelques demandes pour des besoins en gardiennage –, les besoins en sécurité sur Mayotte sont évidemment de plus en plus présents. « La situation devient très inquiétante, constate-t-il. Il y a 40 ans, il y avait peut-être un vol de sous-vêtement sur une corde à linge de temps en temps, mais rien de comparable à aujourd’hui où les délinquants mettent le feu à des cases, brûlent des voitures, violent, etc. Cela va très loin. Autrefois, jamais un agent de sécurité n’était attaqué, ou cela avait peut-être dû arriver deux ou trois fois pour des raisons personnelles. Mais c’est régulièrement le cas aujourd’hui, avec des bandes qui n’hésitent plus à attaquer des dépôts, des édifices, etc., et les gardiens qui s’y trouvent. »

La question de l’équipement de ces hommes devient dès lors prégnante. « Plusieurs entreprises le demandent à poser le débat », reprend Mohamed Ousseni, dont certains agents ont déjà été menacés avec des chombos, attachés ou séquestrés. Il poursuit : « Pour ma part, j’étais mitigé au départ, mais à la vue de ce qu’il se passe sur le département, je pense que permettre aux agents d’être armés d’armes non-létales – sous condition d’avoir suivi une formation – est une bonne idée. »

Une façon de rayonner au régional ?

Au-delà de la question sécuritaire mahoraise, la région porte aussi un certain nombre d’opportunités pour le secteur. Avec des pays d’Afrique de l’Est en plein développement, un vaste projet gazier au Mozambique et une demande croissante à Madagascar et aux Comores, le secteur de la sécurité privée à Mayotte pourrait facilement s’étendre à d’autres horizons. Sans en dire trop, Mohamed Ousseni ne s’en cache pas : « Mes associés regardent en effet chez nos voisins et me demandent d’être de l’aventure. Nous sommes donc en réflexion pour, un jour, nous implanter aussi à Madagascar et en Union des Comores. »

5,9 millions d’euros pour la formation à Mayotte en 2020

Le conseil départemental et l’Etat ont signé ce jeudi la convention 2020 du pacte pluriannuel ultramarin d’investissement dans les compétences (PUIC). En tout, 5,9 millions d’euros seront consacrés cette année à la formation professionnelle, dont 2,2 millions sont délégués à Pôle emploi et 1,9 million au Carif oref et à la plateforme de lutte contre l’illettrisme (PLIA). Ce montant s’inscrit dans un plan global de 68,3 millions d’euros sur quatre ans (2019-2022), abondé à hauteur de 21,3 millions d’euros pour l’Etat, et de 47 millions d’euros pour le Département. En 2019, année de lancement du PUIC, les fonds ont permis 600 entrées supplémentaires en formation, mais aussi d’accompagner la certification de tous les organismes de formation de l’île, de favoriser l’accompagnement médico-social, l’emploi de 40 bénéficiaires en situation de handicap, la mise en place des plateformes distancielles de formation sur les savoirs de base, ou encore de lancer un appel à projet sur le développement des nouvelles formes d’accompagnement à l’entrepreneuriat. Cette année, un objectif fixé de 935 entrées supplémentaires vient s’ajouter aux ambitions générales du plan, que sont le développement de l’approche du parcours individualisé ; la réponse aux besoins en compétences des entreprises et de développement de filières stratégiques pour l’économie du territoire ; et la transformation et la modernisation du système de formation professionnelle. Le PUIC vise à accompagner vers l’emploi un million de jeunes et un million de personnes à la recherche d’un emploi peu ou pas qualifiées.

Autant d’actions qui doivent donc permettre de répondre aux enjeux du territoire en matière d’insertion professionnelle et de formation. Et ils sont multiples, comme l’a rappelé le président du Conseil départemental dans son discours, devant l’hémicycle. “Qu’il me soit permis de donner quelques éclairage liés au contexte dans lequel se tient cette signature. Mayotte est, dois-je le rappeler, un département aux enjeux très marqués en matière d’éducation et de formation, dans un contexte socioéconomique difficile”, a-t-il déroulé. Croissance démographique, formalisation récente du marché du travail, illettrisme et précarité d’une frange importante de la population font de Mayotte un département “sensible à la qualité de la relation entre la formation et l’emploi, entre l’école et l’entreprise”, comme le caractérise Soibahadine Ibrahim Ramadani. Et la crise engendrée par le Covid-19 risque bien de rendre cette relation d’autant plus primordiale, tant elle pourrait “encore fragiliser nos dispositifs de formation et d’insertion”.

Les Salama Djema et le S 201 partent mouiller à Madagascar

Mis aux enchères, les Salama Djema I et II ainsi que le pont motorisé S 201 ont été vendues ce lundi. Les navires vogueront vers Madagascar où deux sociétés ont remporté les offres. Une plus-value de l’ordre de 583.000 euros pour le Département qui va permettre au service de transport maritime de poursuivre ses chantiers en cours.

Ce n’est qu’un au revoir… Bon nombre d’habitants rêvaient de voir ces monuments rester dans le giron mahorais, mais il n’en sera finalement rien ! Ce lundi était la date limite pour faire une enchère dans l’espoir de s’octroyer trois navires mis en service à la fin des années 80. Au total, pas moins de treize offres complètes ont été soumises au service de transport maritime. « Les investisseurs intéressés ont fait une proposition de prix sous pli fermé », souligne Jean-Luc Davatchi, le directeur technique. La commission d’attribution qui s’est tenue ce mercredi a décidé d’envoyer les bijoux de famille vers Madagascar. « Certaines personnes pensaient que le Département devait étudier des dossiers. » Que nenni. La collectivité pouvait simplement se réserver le droit de refuser la vente si le montant proposé était trop éloigné de la valeur réelle.

Et c’est une société mauricienne située à Majunga qui a raflé la mise pour la Salama Djema II, qui aura le loisir de sillonner la baie de Betsiboka pour se rendre jusqu’à Katsepy. « Elle va peut-être venir en soutien [des boutres] », nous souffle-t-on du côté du STM. Mais ce n’est pas tout, l’entreprise a également remporté le pont motorisé S 201, qui permet de transporter de la marchandise, des containers et des engins. « Il peut aller dans des zones où il n’y a pas de port. Avoir un bâtiment qui peut beacher est très utile. Ça correspondrait à ce que fait la Mahoraise III qui est déjà là-bas. » Prix de cette double opération : 502.000 euros. Concernant la Salama Djema I, son destin s’orientera plus au nord, vers Nosy Bé. Une société malgache se l’est approprié pour 81.000 euros. Avec vraisemblablement comme intention de réaliser des liaisons entre Hell-Ville et Ankify.

Une enchère qui va entraîner d’autres ?

Si le montant total perçu par le conseil départemental peut paraître insuffisant vu les estimations initiales, Jean-Luc Davatchi se montre relativement satisfait de la somme globale. « Ça reste un prix honnête pour la SD1, mais on a été assez épatés par la valeur atteinte pour les deux autres. » D’autant plus que ces deux transactions viennent clôturer un dossier vieux de trois ans… Une fois la facturation lancée par le trésorier payeur départemental, les acquéreurs ont une dizaine de jours pour s’acquitter puis un mois pour libérer l’emplacement à proximité d’Issoufali. Ce qui permettra alors à Polé et à Karihani de pouvoir mouiller en bonne et due forme.

Et à en croire le directeur technique, le service de transport maritime ne compte pas s’arrêter là. « L’idée est d’essayer aussi de se débarrasser des SD III et IV. Mais j’ai peur qu’il faille attendre deux ans de plus pour espérer cette deuxième vague. » En attendant cette possibilité, les habitants les plus nostalgiques pourront saluer une dernière fois ce patrimoine maritime, qui aura définitivement marqué les esprits, avant de le voir voguer vers de nouvelles aventures chez nos voisins malgaches.

Évacuations sanitaires à Mayotte : plongeon dans un service régulé comme du papier à musique

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Depuis près d’un mois, le service des évacuations sanitaires bénéficie d’un avion dédié pour réaliser cinq rotations par semaine jusqu’à La Réunion. Un dispositif dans lequel s’entremêlent anticipation et adaptation pour apporter une offre de soin de base aux patients du centre hospitalier. Flash Infos a pu suivre un transfert de Mayotte jusqu’à l’île Bourbon. Récit d’une journée épique.

Jeudi. 9h. Responsable des évacuations sanitaires, Ludovic réunit son équipe au pied levé pour préparer le vol du lendemain, comprenant treize patients dialysés, dont six ont besoin d’assistance. “C’est le plus important que l’on fait en termes d’effectif depuis qu’on a reçu l’avion le mois dernier”, souligne le médecin. Au total : pas moins de dix-neuf personnes à bord ! Raison de plus pour passer au peigne fin tout le dispositif – dossiers administratifs et médicaux — pour éviter une surprise de dernière minute. Le maître mot lorsqu’il s’agit d’un transfert vers La Réunion. Face à lui, un tableau blanc sur lequel il présente les spécificités de l’appareil. Velleda à la main, il pointe d’un rond bleu et vert les sièges des malades et ceux des personnels soignants, en respectant toujours les mesures barrières. “Les valides seront au fond. Les autres iront devant pour leur éviter de marcher.” Deuxième étape indispensable lors d’un tel déplacement, lister le matériel nécessaire (2 sacs adultes, 1 respirateur, 1 aspi, 5 PSE, 1 coquille, 1 DSA, 2 GSD, 2 kits d’oxygène, des draps, etc.) pour faire face aux imprévus. “On prévoit une civière si l’un d’eux est fatigué ou s’il ne se sent pas bien.” Autre point à ne pas oublier ? La collation préparée par la cuisine du CHM ainsi que les transports en ambulance jusqu’à l’aéroport de Mayotte et ceux jusqu’aux trois sites de prise en charge sur l’île voisine. “On décolle à 9h pour atterrir à 12h et on doit repartir à 16h max. En 4 heures, c’est largement faisable”, conclut Ludovic.

Vendredi. 6h. Alors que les premiers patients, entourés de leur famille pour certains, attendent déjà devant l’entrée des évacuations sanitaires, Fatima et Hadidja, deux assistantes sociales également du voyage, sortent à peine de la pénombre. Changées en deux temps trois mouvements, elles filent immédiatement dans le bureau pour un rapide briefing. Première surprise du jour avec la réduction du nombre de passagers : “on procède à un test obligatoire 24 à 48h avant le décollage. Trois d’entre eux, dont un qui s’était greffé au groupe, sont revenus positifs hier après-midi.” Les aléas de la crise sanitaire puisque le service préfère ne pas mélanger les Covid+ et les non-Covid… Ni une ni deux, tout le monde connaît son rôle en attendant le go. Clara et Antoine, deux internes en médecine générale débarqués dix jours plus tôt sur le territoire, ont pour mission de s’occuper du relevé des identités et des traitements des uns et des autres. Un recensement qui démontre toute son utilité au bout de quelques minutes. Deux malades n’ont en effet pas leur pièce d’identité avec eux. En charge de la logistique, Alan appelle en vain leurs proches pour les récupérer. “Tant pis, on tente avec les photocopies”, réagit immédiatement Ludovic, en pleine discussion avec les ambulanciers pour un dernier tour de chauffe.

Première tension avec la PAF à Mayotte

7h30. Heure du départ. Quatre véhicules décollent du CHM en direction de la barge. Puis, arrivés sur le tarmac, les patients valides grimpent fissa dans l’Embraer 145, suivis de près par deux dames assises sur une chaise portoir pour entrer dans l’habitacle, avant d’être allongées sur les civières homologuées. Et alors que l’avion s’apprête à refermer ses portes, un imbroglio administratif retarde quelque peu l’envol : le contrôle de la police aux frontières ! Soit il se réalise devant l’aéroport, pour des raisons pratiques comme l’exige l’officier un tantinet remonté, soit il se fait au pied de la piste, comme le recommande l’un de ses collègues par téléphone… Ce jour-là, aucune des options avancées ne se produit, en raison de cette incompréhension interne. Finalement, l’histoire se conclut par une vérification, sans accroc, à l’intérieur de l’appareil. À peine les roues hors de portée du sol, un vieil homme se penche tête la première sur le siège placé devant lui en serrant fermement le fauteuil de ses deux mains. Pris d’angoisse. Clara lui apporte son soutien psychologique. Une petite attention concluante.

9h. Dans les airs, Ludovic décompresse enfin, visiblement satisfait de la gestion des trois dernières heures. “Il y a toujours des petits couacs, mais ça fait partie de notre quotidien. On a bien géré”, précise-t-il. Un sang-froid qui s’explique grâce à la location de l’avion sanitaire par l’agence régionale de santé au groupe aéronautique Amelia. Qui lui offre de facto une certaine liberté dans les opérations. “On peut décaler les départs en cas de besoin. Et pour travailler, c’est plus confortable puisqu’on n’a plus de passagers qui circulent entre nous.” Et surtout, ce moyen de transport privé permet d’embarquer un nombre de patients bien plus conséquent que lors d’un vol commercial avec Air Austral. “On a été contacté dans la semaine pour emmener des dialysés qui doivent se faire poser une fistule artério-veineuse (une dérivation du sang de l’artère radiale dans une veine superficielle de l’avant-bras qui va s’hypertrophier, ndlr.). En prenant en compte le temps de la cicatrisation, on devrait les ramener d’ici une dizaine de jours.” Si le vol se passe sans encombre, le personnel soignant reste tout de même aux petits soins en raison des comorbidités lourdes (hypertension, diabète) des voyageurs. À l’instar de Clara et d’Antoine qui relèvent le taux de glucose dans le sang d’une personne âgée amputée et malvoyante. Verdict : elle se trouve en hyperglycémie.

Bis repetita à La Réunion

12h. Peu avant l’atterrissage, Alan revoit l’ensemble du dispositif avec ses collègues pour que le transfert jusqu’aux cliniques se déroule sans accroc. Une préparation et une anticipation mises à mal par le mille-feuille administratif propre aux évacuations sanitaires… En cause, cette fois-ci : un report par la PAF du contrôle d’identité initialement prévu à la descente de l’appareil, et un schmilblick avec le personnel de Réunion Air Assistance, qui fait preuve de mauvaise foi et d’irascibilité. Tandis que la situation se décante pour les valides qui empruntent le circuit dit classique pour sortir, c’est une autre paire de manches pour les trois autres malades, trimballés à droite à gauche, alors qu’ils présentent des difficultés pour se déplacer. La vérification pour deux d’entre eux se passe alors directement à l’intérieur de l’ambulance, le dernier étant tout simplement oublié par l’agent… “Il faut vraiment que je rencontre les directions de l’aéroport et de la sécurité pour fluidifier les démarches”, souffle Ludovic, relativement irrité par cette perte de temps.

13h30. Une fois les patients en route pour leurs établissements de santé respectifs, la mission du CHM s’arrête là. Ne reste plus qu’à recevoir le feu vert pour le renvoi vers l’île aux parfums. Mais avant cela, il faut tout d’abord attendre l’arrivée de Yannick, infirmier anesthésiste au SMUR, qui doit rapatrier deux jumeaux prématurés d’un mois, envoyés juste après leur naissance à La Réunion pour libérer de la place dans le service de néonatologie, et d’un dialysé évasané quelques semaines plus tôt pour les mêmes raisons que le transfert du jour. Quelques minutes de battement donc, le temps de souffler et de s’aérer l’esprit, avant de repartir dans le sens inverse aux alentours de 15h30. Un vol retour qui s’avère donc moins turbulent en termes de suivi, grâce au précieux conseil de celui qui a rejoint l’équipe en cours de route. “N’oublie pas les tétines pour que les bébés dépressurisent leurs oreilles”, confie-t-il à Clara, en bon père de famille. Noté ! À peine le temps de remarquer leurs yeux se plier que l’avion touche déjà le sol mahorais. 17h, timing parfait. Tout le cortège rentre alors tranquillement à bon port, exténué par ce voyage harassant, mais le sentiment du devoir accompli.

L’agence régionale de santé (ARS) veut un avion sanitaire pour Mayotte

En temps normal, le service des évacuations sanitaires passe par les vols commerciaux d’Air Austral pour envoyer des patients à La Réunion. Avec la fermeture du trafic aérien le 20 mars, toute l’organisation se voit complètement chamboulée. Devant bricoler en fonction de la disponibilité des vols mis en place dans le cadre du pont aérien, l’ARS de Mayotte réfléchit à une solution de repli pour maintenir ce dispositif dans le but de conserver la capacité d’hospitalisation du territoire. C’est alors qu’Amelia approche la structure pour proposer une offre de service de transport sanitaire, à un prix défiant toute concurrence. “On a pris attache avec le centre de ressources national en appui aux ARS ultramarines pour monter le dossier et passer un marché à bon de commande temporaire grâce à une certaine souplesse permise en période de crise sanitaire”, souligne Stéphanie Frechet, secrétaire générale de l’ARS. Le temps de formaliser le contrat et voilà qu’un avion Embraer 145 de la flotte d’Amelia, équipé de deux civières homologuées, débarque à Mayotte le 24 mai dernier. Coût de l’opération pour une collaboration de trois mois : 1.4 million d’euros, comprenant les frais de mise en place, les frais fixes (équipage, maintenance, hangar) et les frais variables qui correspondent à cinq rotations par semaine. Une dépense importante qui rentre dans les 23 millions d’euros de budget du fonds d’intervention régional de l’ARS pour l’année 2020. Étant aussi donneur d’ordre, l’établissement peut mobiliser l’appareil pour d’autres missions, comme pour récupérer des blouses lavables pour les professionnels de santé commandées à Madagascar.

Et visiblement, l’ARS ne compte pas rompre ce dispositif. Au contraire, elle veut lancer un appel d’offres en bonne et due forme, ouvert à la concurrence, dans le but de pérenniser ce moyen de transport. “Cette demande a été formulée au ministère de la Santé, on attend sa réponse”, confie Stéphanie Frechet, qui ne comprend pas qu’un tel outil ne soit pas encore opérationnel sur le territoire. “C’est de l’offre de soins de base d’avoir un avion sanitaire positionné à Mayotte. Je vois mal les arguments qui pourraient justifier un refus de Paris.” Prochaine étape en attendant l’aval : calibrer et ajuster l’offre en fonction des données engrangées au cours de ces dernières semaines pour savoir s’il est préférable de se doter d’un si gros appareil, “sachant qu’il est peut-être surdimensionné”, ou privilégier deux petits, “comme l’a fait la Guyane”.

Autre bonne nouvelle, la demande formulée auprès du ministère de la Santé concerne également l’hélicoptère, dont le montant du marché passé pendant la crise sanitaire s’élève à 440.000 euros.

Alternative Police à Mayotte : “Le ministère de l’Intérieur finit par nous stigmatiser”

Plusieurs semaines après la mort de Georges Floyd survenue aux États-Unis lors de son interpellation dans des conditions particulièrement violentes, Christophe Castaner a expliqué vouloir revoir les techniques de défense des forces de police. Une annonce qui a immédiatement fait monter au créneau tous les syndicats du secteur, parmi lesquels Alternative Police. À Mayotte, Aldric Jamey, gardien de la paix de la police nationale en poste à Mamoudzou depuis un an et demi, en est le porte-voix et le secrétaire départemental.

Flash Infos : Lundi, Christophe Castaner annonçait que la technique d’étranglement serait proscrite pour les forces de l’ordre lorsqu’une nouvelle méthode serait trouvée. Pourquoi Alternative Police défend, localement et nationalement, le maintien du recours à l’étranglement, pourtant très décrié ?

Aldric Jamey : Il faut savoir que c’est la technique la moins dangereuse et la plus efficace qu’on connaisse parce que ça permet d’éviter instantanément d’échanger des coups lors d’une interpellation, et ça permet aussi à l’interpellé de ne pas pouvoir atteindre son arme lorsqu’il en porte une. Aujourd’hui, il n’y a aucun fait de mort provoqué par la technique d’étranglement en elle-même lorsqu’elle est correctement pratiquée. Cette décision a été prise par des individus qui ne sont pas des policiers, qui ne sont pas de gens de terrain et qui ne connaissent pas la réalité d’une intervention avec un individu violent qui ne se laisse pas faire. Par exemple, lors de ma toute première opération de police, nous avons pu désarmer grâce à une clé d’étranglement un individu qui avait agressé plusieurs personnes au couteau. Il a pu être interpellé sans qu’il n’y ait eu de blessure. Le ministère de l’Intérieur explique ne plus vouloir faire enseigner la clé d’étranglement en école de police et envisage d’étudier d’autres techniques avec un groupe de travail sans même concerter ni les syndicats ni les formateurs de technique professionnels, qui sont les spécialistes en la matière… Il y a déjà beaucoup de gestes qu’on nous apprend à l’école de police et dont on ne se sert jamais sur le terrain. Certains sont presque irréalisables face à une personne forte, droguée ou alcoolisée, à moins de pratiquer des sports de combat depuis plusieurs années.

FI : Le remplacement de l’étranglement par l’usage du taser a été évoqué par le ministre de l’Intérieur. Pourquoi cette alternative inquiète-t-elle les syndicats de police ?

A. J. : L’étranglement est un geste technique, professionnel. Il permet de maîtriser un individu qui veut prendre la fuite ou tout simplement qui ne se laisse pas menotter et ça ne blesse personne. Le taser, c’est une arme que l’on doit employer en cas de légitime défense, car ça peut être dangereux, il y a un cadre légal, un protocole administratif à respecter, il faut faire intervenir les pompiers. Et surtout, ça coûte très cher. Je ne vois pas comment on pourrait équiper chaque fonctionnaire de police d’un taser.

FI : Dans ce contexte, Alternative Police, entre autres, a invité les policiers à ne plus intervenir sur des interpellations à risque. Le syndicat a également proposé aux agents de rédiger une main courante ou un rapport pour signaler leur incapacité à travailler en toute sécurité. Est-ce suivi à Mayotte ?

A. J. : En effet, nous avons proposé de ne plus interpeller un individu qui ne se laisse pas faire. L’idée c’est de dire que, puisqu’on veut nous retirer le droit d’utiliser des techniques qui ne blessent pas, on n’interpelle plus pour ne pas créer plus de problèmes. Aujourd’hui, les mouvements politiques

accordent beaucoup d’importance aux affaires comme celle de la mort d’Adama Traoré, même s’il s’agissait de gendarmes, et le ministère de l’Intérieur finit par nous stigmatiser. Notre ministre, qui est censé être le premier flic de France, ne nous protège pas, ne nous défend pas, mais pendant ce temps, le gouvernement ne fait rien dans les zones de non-droit où il y a régulièrement des actes de violence. Donc plusieurs collègues, partout en métropole, ont décidé que s’ils ne pouvaient pas interpeller un individu dans les bonnes conditions, ils rentreraient au service en laissant la personne partir. À Mayotte, où on est relativement peu touchés par le sujet du racisme et des violences dans la police, ça ne s’est pas encore fait pour l’instant parce que nous avons quand même une conscience professionnelle et que nous ne pouvons pas arrêter les interpellations.

FI : Justement, pour limiter les dérives et les violences lors des interpellations, Alternative Police milite pour que chaque policier soit équipé d’une caméra-piéton, à l’instar d’une poignée d’agents de la police municipale de Mamoudzou..

A. J. : Le problème aujourd’hui, c’est qu’on voit beaucoup de vidéos circuler sur Internet, mais elles sont tronquées. Oui, il y a des dérives et des violences. Concernant les États-Unis, je pense que comme tout le monde est armé, une personne qui ne se laisse pas interpeller peut devenir très dangereuse. En France, il y a aussi des fonctionnaires de police qui pètent des câbles et qui font n’importe quoi, ou simplement des mecs qui n’ont rien à faire dans la police, mais ça reste minime. Il y a plus de trois millions d’interventions de police en France par an, dont 1.400 signalements à l’IGPN chaque année. Si on équipait chaque agent de caméra-piéton, on pourrait garder une trace de chaque intervention. On pourrait voir du début à la fin le comportement de la personne interpellée, mais aussi celui du policier. Ça permettrait déjà d’empêcher certains comportements, d’un côté comme de l’autre, mais ça peut aussi permettre d’identifier plus facilement l’auteur de certains faits, notamment lorsqu’on arrive sur des barrages et que les jeunes prennent la fuite. À Mamoudzou, il y a sûrement déjà ce genre de caméras, mais je n’en ai jamais vu… Il faut dire que c’est de l’argent, du matériel à entretenir, alors que l’administration aujourd’hui regarde beaucoup les dépenses.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes