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Retard dans les comptes de campagnes : Anchya Bamana bientôt fixée sur son sort

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Hier, le tribunal administratif de Mayotte étudiait les dossiers de campagne en retard pour les élections municipales et communales de 2020. Plusieurs candidats étaient concernés, notamment Anchya Bamana, qui pourrait être déclarée inéligible à la veille des départementales, en fonction de la décision du tribunal.

retard-comptes-campagnes-anchya-bamana-bientot-fixee-sortVoilà qui devrait ajouter du piment dans cette campagne des élections départementales parfois un peu médiocre, il faut le dire. L’ex-maire de Sada Anchya Bamana, candidate dans le canton Sada – Mangajou, comparaissait ce mardi devant le tribunal administratif de Mayotte. Réunis en audience collégiale, les magistrats devaient statuer sur les dossiers transmis par la Commission nationale des comptes de campagne et des finances publiques (CNCCFP) qui a récupéré les comptes de certaines personnalités en lice lors des dernières élections municipales. Les candidats dans les communes de plus de 10.000 habitants sont en effet astreints à la transmission de leurs comptes de campagne, pour récapituler leurs dépenses – et bien sûr prétendre à un remboursement, s’ils ont gagné au moins 5% des voix. Pour les dernières élections, les aspirants maires avaient jusqu’au 11 septembre 18h.

Oups ! Certains candidats ont loupé la date limite et les sanctions risquent de pleuvoir. Outre le rejet du compte et le non-remboursement des frais engagés, les retardataires s’exposent à une peine d’inéligibilité pouvant aller jusqu’à 18 mois ! Et c’est là que le bât blesse, car Anchya Bamana, expulsée du parti Les Républicains, se présente aux prochaines élections sous la bannière de son nouveau parti “Maore Solidaire”, en binôme avec Adams Ridjali. Or, dans son fief, son principal adversaire, le député Les Républicains Mansour Kamardine, qui vise jusqu’à la présidence du département, se lèche déjà les babines… À noter que la décision du tribunal administratif ne privera pas de facto une potentielle candidature d’Anchya Bamana, qui dispose d’un mois et demi pour faire appel. Mais elle risque fort de peser dans les débats.

C’est donc une audience bien politique qui avait lieu hier dans la petite salle d’audience. Vêtu de sa robe noire, l’avocat de Mme Bamana s’est présenté à la barre. Une salutation au président, présent sur place, et au rapporteur public, lui en visioconférence, et il a entamé son plaidoyer sans s’attarder davantage sur cette configuration exceptionnelle, crise sanitaire oblige. Comment défendre l’ex-maire de Sada, accusée d’avoir rendu ses comptes de campagne hors délai, le 30 septembre 2020 ? Mme Bamana, qui travaille à l’ARS en parallèle de sa carrière politique, aurait été débordée par la situation sanitaire et aurait donc pris du retard dans ses comptes, fait-il valoir.

 

La crise sanitaire dans le viseur

 

Mayotte était en zone rouge pendant des semaines”, entame son conseil. L’homme insiste : la situation était “compliquée” et l’accusée “assume totalement” son erreur quant au délai. Toutefois, elle demande une vague d’indulgence de la part du tribunal, face aux difficultés mentionnées. Pire encore, Mme Bamana, avant d’être complètement dans le jus, avait engagé un mandataire financier, qui n’aurait pas correctement fait son travail ! L’élue a donc dû s’en occuper seule en catastrophe, rassemblant les différentes factures pour préparer ses comptes. “C’est la première fois que ma cliente avait des comptes de campagne à faire !”, s’exclame l’avocat, qui tente par tous les moyens d’amadouer l’assistance. Si des difficultés supplémentaires sont évoquées, comme l’incompétence, selon la robe noire, du mandataire financier, sa défense est avant tout basée sur la gestion de la crise sanitaire.

 

Des anomalies dans les comptes

 

Problème : certaines anomalies ont aussi été relevées par la commission. L’avocat persiste et signe : Mme Bamana s’est retrouvée seule pour établir ses comptes de campagne, pour la première fois. Erreurs de débutante, plaide-t-il. Sans compter le stress de cette période de crise. Ces étourderies peuvent toutefois induire un remboursement partiel des dépenses de campagne, reconnaît l’avocat.

L’affaire est mise en délibérée et il n’y a plus qu’à attendre la décision du tribunal, qui devrait être rendue d’ici la fin de semaine. L’avocat saute sur l’occasion pour défendre sa cliente une dernière fois. “Vous voyez cette crise sanitaire nous empêche même de faire des audiences classiques !”, adresse-t-il au président, en faisant référence au rapporteur public présent derrière un écran. Une manière de soutenir une nouvelle fois que si les comptes de campagne ont eu du retard, ce n’est que la faute du virus… Nous qui croyions qu’il s’attaquait aux bronches !

Journée des partenaires avec Nayma, la nouvelle association environnementale dans le paysage de Mayotte

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La jeune association Nayma, créée en août 2020, a convié mardi 25 mai, l’ensemble de ses partenaires. L’organisation pour la préservation de l’environnement a présenté ses différents pôles d’action et leur mise en place dans les mois et semaines à venir.

Nayma s’inscrit dans un élan, une prise de conscience qui nous met aujourd’hui face à nos responsabilités. Nous devons agir vis-à-vis de cette île. Nayma va nettoyer les rivières, Nayma va nettoyer la mangrove, Nayma va nettoyer les fonds marins, afin de préserver le cycle de l’eau et la richesse rare de notre lagon”, scande la présidente de l’association Hanima Ibrahima, fière de voir aujourd’hui son projet se concrétiser après une première semaine d’actions de nettoyage dans la mangrove de Majimbini.

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“Créer, former, insérer”

Nayma prévoit de concentrer ses activités autour de quatre pôles. La coopération régionale, la solidarité, la formation et enfin l’insertion et l’environnement qui est le premier à voir le jour. Emmanuelle Martin, vice-présidente de Nayma en charge de l’insertion et de l’environnement rappelle le contexte dans lequel est née l’association. “Nous sommes partis d’un constat social et économique. Sur un territoire où l’on observe des taux de pauvreté et de chômage records mais aussi un très grand nombre de jeunes de moins de 25 ans, nous bénéficions aussi d’un environnement remarquable, avec l’un des hotspots de la biodiversité Française, de nombreuses espèces endémiques de Mayotte et un rôle crucial des rivières et des mangroves. Malheureusement cet environnement est fortement menacé par la pollution directe des milieux naturels.” Afin de répondre à ces différents enjeux du territoire mahorais, Nayma prévoit de créer 250 emplois d’ici à la fin de l’année. Parmi eux, 204 contrats d’insertion et 46 salariés permanents. À l’heure actuelle l’association a déjà recruté 72 personnes chargées d’assurer les missions de nettoyage des milieux aquatiques de l’île.

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“Un engagement concret pour Mayotte”

La pollution exerce une forte pression sur le territoire et l’environnement à Mayotte. Les dernières épidémies de dengue et de leptospirose constituent un signal d’alerte quant aux conditions sanitaires sur l’île. Grâce à ses équipes, Nayma entend bien lutter contre la prolifération des déchets sur l’île et sensibiliser la population aux risques sanitaires liés à l’accumulation de ces détritus. “L’objectif, c’est que demain les personnes qui sortiront de nos chantiers d’insertion aient appris les valeurs du monde du travail. Nous voulons accompagner des personnes motivées, régulières et productives. Montrer que la protection de l’environnement paye et leur offrir un emploi durable”, souligne la vice-présidente.

“Je suis fier de mon travail”

Cette volonté de faire évoluer les mentalités à Mayotte, Mradabi Mahamoud, nouvelle recrue au sein des équipes de Nayma en fait l’expérience chaque jour. “Je me sens responsable pour ma santé et celle des autres. Je suis heureux de pouvoir agir pour l’environnement, pour préserver toutes nos richesses”, témoigne cet ancien agent de tri. Et d’ajouter : “La mangrove c’est notre santé. Les déchets finissent dans l’eau puis dans les poissons et au final nous nous empoisonnons nous-mêmes en jetant nos poubelles n’importe où. Je suis fier de mon travail. Si nous ne donnons pas l’exemple, comment allons-nous éduquer nos enfants ? Mais aussi, comment allons-nous développer notre île si personne ne veut s’y rendre à cause de la saleté ? J’aimerais que tous les Mahorais prennent conscience de cela et qu’ensemble, nous puissions faire changer les choses” conclue-t-il. Heureux de pouvoir protéger à son échelle le havre des palétuviers, qu’il affectionne tant.

Loi Mayotte : Titre de séjour au mérite, régularisation; la place des étrangers s’invite au dernier round pour la loi programme

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Vendredi, le préfet Jean-François Colombet a animé l’ultime forum institutionnel dédié à la loi spécifique au département annoncée par le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. Le 1er juin, les plus de 230 propositions formulées doivent atterrir sur son bureau pour une première mouture attendue au mois de juillet. Lors de cette dernière consultation, les responsables présents ont tenté d’apporter leur dernière touche, sur l’égalité en matière de droits sociaux, mais aussi sur la place de la culture et les freins à l’insertion des étrangers.

Ambiance intimiste pour le dernier rendez-vous de la loi Mayotte, qui signe la fin d’une consultation de près de trois semaines des “forces vives” du territoire. Une cinquantaine de participants ont répondu présents à la mairie de Koungou, pour ce forum institutionnel axé sur le thème de l’égalité en matière de droits sociaux. Mais comme poussés par la fièvre de la dernière chance, les citoyens, administrateurs de collectivité ou représentants de la voix politique réunis ce vendredi ont brassé large pour tenter d’apporter une touche finale aux quelque 230 propositions qui doivent atterrir sur le bureau du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu le 1er juin. Prochaine étape au mois de juillet, où le locataire de la rue Oudinot viendra peut-être sur l’île aux parfums pour présenter le projet de loi ficelé, avant son passage en conseil des ministres. “Tout le monde sait que la loi ne sera pas adoptée avant la fin du mandat, mais ce qui est important, c’est que le projet soit approuvé pour que les Mahorais aient un moyen de faire pression, même s’il y a un changement de majorité”, a martelé le préfet Jean-François Colombet.

 

230 propositions, 1.000 participants

 

Alignement des minima sociaux, relèvement du plafond de la sécurité sociale, mais aussi titres de séjour des étrangers, accès au logement, valorisation de la culture, statut des intermittents, prise en charge du handicap et même l’inévitable question de l’insécurité sont revenus sur la table des débats, dépassant souvent le thème fixé par l’ordre du jour. Peu importe. “Tout sera remonté, nous allons être fidèles à notre engagement”, a réitéré le délégué du gouvernement, qui a salué la participation des Mahorais à cette grande consultation. “Ces échanges ont été très intéressants, depuis le 6 mai, nous avons entendu des choses très pertinentes”, a-t-il souligné en guise de conclusion. Bilan préliminaire : le travail préparatoire pour cette loi programme aura permis de faire le tour de 13 communes, avec seize forums et événements distincts, pour un total de 1.000 participants.

 

L’égalité en matière de droits sociaux pour le dernier forum

 

Pour rappel, cette consultation annoncée par Sébastien Lecornu le 31 mars dernier à l’occasion des dix ans de la départementalisation, devait s’articuler autour de cinq thèmes : l’égalité en matière de droits sociaux ; le renforcement de l’État régalien afin de faire face aux enjeux sécuritaires, migratoires et de sécurité civile ; l’accélération du développement de Mayotte ; le renforcement du Conseil départemental ; la jeunesse et l’insertion. Et si c’est le dernier qui aura davantage fait travailler les méninges, avec plus de 80 propositions reçues, c’est le premier axe qui devait clore les débats ce vendredi.

Un enjeu tout aussi crucial pour Mayotte, comme l’ont exposé la commissaire à la vie des entreprises et au développement productif (CVEDP) Marjorie Paquet, ex-directrice de la DIECCTE (direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), et la directrice de la CSSM (Caisse de sécurité sociale de Mayotte), Ymane Alihamidi-Chanfi. Malgré l’entrée en vigueur du code du travail de droit commun depuis 2018, le montant du SMIC à Mayotte reste inférieur à celui de l’Hexagone ou des autres Outre-mer, a rappelé la commissaire. Et “il n’y aura d’égalité en matière de droits sociaux que quand le code de la sécurité sociale s’appliquera à Mayotte”, a souligné pour sa part la patronne de la CSSM.

“Il faut aussi soutenir des valeurs”

Mais très vite, les échanges ont dépassé le cadre initial de ce forum. Les titres de séjour trop restrictifs accordés dans le 101ème département se sont ainsi invités à cette dernière consultation. “Quelqu’un qui a un titre d’un an ne bénéficie pas des aides au logement, alors qu’en métropole, il suffit d’un an. Ces titres de séjour temporaires ne permettent pas aux gens de partir mais pas non plus de bénéficier des droits… Et on bloque les gens, ici à Mayotte”, a par exemple déploré un éducateur sportif et chargé d’insertion et d’emploi à la municipalité de Koungou. “On a besoin que ces personnes puissent accéder à des titres de 10 ans pour pouvoir évoluer dans le parc social”, a abondé une autre administratrice de l’intercommunalité du nord.

Et plus largement, c’est la place des étrangers à Mayotte, source de crispations quotidiennes, qui a alimenté les échanges. “Il faut aussi soutenir des valeurs. À Mayotte, les étrangers ne sont pas suffisamment protégés. On parle beaucoup d’immigration clandestine mais il est urgent de poser les bases : si Mayotte se développe, Mayotte attire autour de soi et les populations qui viennent chez nous ont le droit à une protection, tout cela contribue à la cohésion sociale et à la paix”, a-t-on pu entendre, de même qu’une proposition pour régulariser massivement certains étrangers en situation irrégulière sur le territoire depuis des dizaines d’années. “Je ne pense pas qu’on soit à la veille d’une régularisation massive, je vous le dis franchement”, a rétorqué le préfet Jean-François Colombet en mentionnant entre autres les 150 visas bricolés chaque année par la préfecture pour des jeunes étrangers afin de leur permettre de poursuivre leurs études. Et de rappeler une proposition déjà formulée pendant les deux semaines passées : celle d’un titre de séjour au mérite pour les étrangers qui n’ont, en substance, “pas fait de vagues”. Prêt à distribuer les bons points !

À Bouéni, le SOS des habitantes de Mavadzani

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La mairie de Bouéni a été brièvement bloquée vendredi par des habitantes de Mavadzani, un quartier de Hagnoundrou particulièrement précaire et enclavé. Une rencontre a été organisée dans l’urgence avec le maire de la commune qui promet son implication dans le dossier.

« Pendant les campagnes on connait Mavadzani, une fois au pouvoir Mavadzani est oublié« . Sur le parvis de la mairie de Bouéni, un groupe de cinq femmes affiche sa colère. En cette dernière matinée avant le weekend prolongé, les manifestantes préviennent les usagers. « Aujourd’hui la mairie est fermée« , assurent-elles dès 8h. « Nous sommes venues rencontrer M. le Maire qui n’était apparemment pas disponible. Nous avons donc décidé de bloquer la mairie car nous sommes fatiguées d’attendre« , justifie une manifestante. Au cœur de leur indignation : la situation préoccupante de leur quartier de Mavadzani. Un territoire particulièrement isolé et vulnérable aux aléas.

 

Des maux cumulés

 

A l’image de nombreux territoires mahorais en souffrance, les maux de Mavadzani reposent sur trois problématiques : « l’eau, la route, et les poteaux électriques », résume une habitante. « Les canalisations installées il y a quelques années ne fonctionnent pas. Les tranchées n’ont pas été bouchées. On peut tomber dedans !« , introduit-elle. Creusées par la pluie, les éboulements et l’érosion, ces installations constituent en effet des cavités dangereuses pour les enfants et personnes âgées. Conséquence de ces infrastructures défaillantes : « Nous sommes une vingtaine sans compteur d’eau. On doit faire du bricolage avec des voisins pour raccorder nos habitations« , déplore une manifestante.

Également érodés par les éléments : Les poteaux électriques. Une source d’inquiétude particulièrement vive chez les familles exposées à la menace d’une chute. « La base sur laquelle reposent les poteaux est rongée. C’est particulièrement visible pour deux installations qui risquent de tomber sur les habitations« , s’inquiètent les habitantes.

Si tous les foyers du quartier ne sont pas exposés aux mêmes enjeux, chacun se réunit autour d’une revendication commune : l’accessibilité. Laura, une professionnelle de santé de 31 ans résume le problème : « Il faut traverser une rivière pour accéder au quartier. C’est impossible par temps de pluie. Un jeune homme a récemment été emporté par le courant avant d’être sauvé. On ne doit pas passer par de tels risques pour rentrer chez nous« .

Dans ce petit territoire construit en pente, la route principale devient également un torrent de boue en saison des pluies. Ce danger conduit certaines familles à l’isolement. « Un enfant en situation de handicap habite sur les hauteurs. Il n’est quasiment jamais sorti du quartier car nous sommes obligés de le porter pour descendre« . Une fois la tempête passée, c’est aux habitants de mettre la main au portefeuille : « Nous avons plusieurs fois financé un tracteur pour aplanir la route. Cela coûte entre 300€ et 400€ à chaque fois« .

 

Le maire monte au créneau

 

Rares sont les employés municipaux qui ont opposé une résistance : « Nous sommes rentrés dans chaque bureau pour demander aux agents de quitter la mairie. À l’exception d’un employé, tous ont accepté« , rembobine une manifestante. Le but : faire réagir le maire de la commune, Mouslim Abdourahaman. « Ils nous avait promis dès sa campagne de 2016 que les choses allaient changer. Aujourd’hui nous en sommes au même point« , déplore une administrée particulièrement remontée. Après plusieurs heures d’attente sous la surveillance d’un véhicule d’un gendarmerie, l’assemblée est enfin rejointe par l’homme fort de Bouéni.

« J’ai dû avoir une cinquantaine de coups de fils en moins de deux heures !« . Débarqué en vitesse pour apaiser la situation, Mouslim Abdourahaman s’est dépêché d’interrompre son footing matinal sans passer par la case vestiaire. Une séance de débat est ainsi improvisée dans la mairie fraîchement rouverte. Face à l’édile en survêtement et quelques membres de son équipe municipale, les mères de famille ne décolèrent pas. Pas de quoi décontenancer Mouslim Abdourahaman qui avance tant bien que mal sa vision des choses. « J’ai une vision globale de ce quartier concernant les trois problématiques qui sont évoquées« , avance-t-il. “J’ai introduit il y a trois ans un dossier RHI (Résorption de l’Habitat Insalubre), un dispositif d’État qui nous permet d’affronter ces enjeux. Dans la mesure ou n’avons pas la maîtrise foncière, nous avons diligenté l’EPFAM (Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte) pour organiser les négociations avec les habitants et les élus. Nous avons également déposé un dossier il y a trois ou quatre mois auprès du Conseil départemental pour aménager la route. Malheureusement, ce dossier n’a pas été retenu.

Une heure de négociation plus tard, les deux parties se quittent avec l’objectif de se revoir mardi. « Je vais personnellement me déplacer mardi pour échanger avec les élus locaux et les propriétaires des terrains concernés. À l’appui des conventions signées, nous pourrons renforcer notre demande de subventions et le dossier RHI« , se réjouit le maire de la commune. Un optimisme plus nuancé côté manifestantes : « Nous avons entendu beaucoup de promesses. Trop de temps a déjà été perdu. Même si nous nous réjouissons de cet échange, nous attendons de voir ce que tout cela va donner« .

Habitants, élus, institutions et propriétaires fonciers doivent désormais trouver un terrain d’entente pour sauver leur quartier. Une opération complexifiée par la présence d’une opposante politique au sein des propriétaires concernés. Dans les travaux d’infrastructures comme dans les liens sociaux, l’enjeu est plus que jamais de partir sur de nouvelles bases. Plus solides.

Daniel Zaïdani, en totale rupture avec la politique de l’actuel exécutif

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Ancien président du Département, actuellement conseiller départemental du canton de Pamandzi, Daniel Zaïdani brigue un nouveau mandat au sein du conseil départemental. Membres du parti du mouvement MDM progressiste, le candidat et son binôme Soihirat El Hadad, se positionnent en totale rupture avec l’actuelle majorité. Très critique envers le bilan de ces six dernières années, Daniel Zaïdani prévoit une toute autre stratégie pour le développement de Mayotte.

Flash Infos : Pour quelles raisons avez-vous déposé votre candidature pour ces élections départementales ?

Daniel Zaïdani : J’ai milité l’année dernière pour apporter le changement à Pamandzi. Après 12 ans de continuité municipale dans ma commune, qui n’ont pas apporté grand-chose, nous avons enfin réussi à opérer un changement municipal. Les mêmes qui ont perdu les élections municipales se sont empressés de supporter la commune adverse (Dzaoudzi-Labattoir) et faire en sorte que Pamandzi se trouve en minorité dans l’intercommunalité. La motivation de l’opposition de Pamandzi est de nuire au bon fonctionnement de la mairie de Pamandzi et donc au bien-être des Pamandziens. Aujourd’hui, ces mêmes personnes prétendent vouloir aller au conseil départemental, et ce qui est certain c’est qu’ils n’y vont pas dans la perspective de travailler avec la commune. Il me paraît donc pertinent et important de mettre à profit mon expérience du conseil départemental au bénéfice de la commune de Pamandzi. Si je me présente, c’est parce que j’ai réuni les conditions nécessaires pour qu’il n’y ait qu’une seule candidature MDM à Pamandzi. Nous avons fait en sorte avec mon binôme que notre candidature soit portée par l’équipe municipale de Pamandzi. Nous estimons avoir réuni les conditions du rassemblement et des soutiens indispensables pour amener une candidature parfaitement crédible dans le cadre des départementales.

FI : Vous étiez président du Département entre 2011 et 2015, est-ce que vous visez une nouvelle fois la présidence du Département ?

D. Z. : Ce qui m’intéresse aujourd’hui est de me positionner en rupture avec la continuité actuelle. J’estime que le bilan global de l’exécutif n’est pas satisfaisant. Mais ma priorité n’est pas la présidence. Si certains estiment que le plus important c’est d’être le président du Département pour agir c’est bien triste. Parce qu’il y aura 26 élus, et un seul sera président. Et si l’élu qui n’est pas président estime qu’il ne pourra pas agir ni parler, où allons-nous ? En étant dans l’opposition ces six dernières années, j’ai mené une opposition constructive et combattante. Je suis intervenu dans tous les sujets qui ont été abordés à Mayotte. Je n’ai jamais attendu d’être président ou dans la majorité pour agir. Ma priorité c’est de constituer une majorité alternative à l’exécutif actuel parce que le bilan n’est pas bon, il faut le dire. Aujourd’hui, on veut mettre la charrue avant les bœufs : certains oublient qu’on ne peut pas parler de présidence tant qu’on n’a pas de majorité. Et avec plus de 70 candidats, on ne peut pas imaginer de majorité pour l’instant.
Maintenant est-ce que j’ai les qualités requises pour être président du Département ? Je l’ai été pendant quatre ans, et après les six années qui viennent de s’écouler, je n’ai pas à rougir. Si demain, on me demande dans la majorité d’être celui qui va rassembler tout le monde et d’être président du Département, je ne me défilerai pas. Et il est évident que je serai un meilleur président qu’en 2011, parce que j’ai plus d’expérience, j’ai gagné en compréhension des différentes problématiques du territoire.

FI : Qu’est ce qui peut faire croire aux électeurs que vous allez faire mieux que l’actuel exécutif ?

D. Z. : Il ne peut pas avoir de doute. Je dis toujours ce que je pense. On peut ne pas être d’accord avec moi mais au moins ma vision des choses est claire. C’est ma qualité. Le défaut de l’exécutif actuel, c’est qu’il tergiverse. On l’a vu sur le port de Longoni où ils ne font rien pour améliorer la situation de travail au port et ne font que des procès à Mme Nel. Ils disent qu’ils veulent un marché de transports solaires mais ils ne font que des avenants qui mènent à la catastrophe. Ils veulent désengorger les routes mais ne font rien pour. Et à la fin du mandat, ils nous parlent de train bleu qui ne verra le jour que dans 25 ans. Si c’est ça la continuité, je n’en veux pas. Les Mahorais devraient me faire confiance parce que je suis un élu qui prend des décisions quand bien même il sait qu’elles ne feront pas plaisir à tout le monde. Parce qu’être élu c’est savoir décider.

FI : Quelles sont les mesures phares qu’on peut retrouver dans votre programme ?

D. Z. : Nous voulons un conseil départemental qui soit ambitieux. Nous devons réunir les élus de Mayotte dans le cadre de la loi Notre : les maires, les conseillers départementaux, les parlementaires et nous pourrons à ce moment-là définir une orientation politique. Pendant six ans, nous avons parlé de toilettage, de réforme territoriale. Beaucoup de bruit pour finalement accoucher d’une souris. Et pourquoi ? Car une fois encore, nous ne prenons pas de décision. Nous devons être à l’initiative de notre propre loi programme. Le conseil départemental doit s’accaparer de ce projet, organiser les débats, en faisant appel à un cabinet juridique et différents experts. Cette loi programme aura été vue et travaillée par tous les élus de Mayotte, ce sera véritablement une loi pour Mayotte faite par les Mahorais, pour ensuite être transmise au gouvernement.
En termes de politique générale, le sujet qui met tout le monde d’accord, c’est le Jeu des îles. Le conseil départemental a formulé son souhait d’organiser les Jeux depuis 2018 mais rien n’a été fait en ce sens pour y arriver. Si nous voulons le faire, nous devons avoir la capacité d’hébergement pour accueillir un millier de personnes. Aujourd’hui, même en réunissant tous les hébergements de l’île nous n’arrivons même pas à 700. 2027 me paraît irréaliste, mais c’est raisonnable de penser que nous pourrions y parvenir en 2031. Et nous devons mettre les moyens dans la construction d’un site d’hébergement. Le conseil départemental doit construire une cité universitaire à Dembeni pour le centre universitaire de Mayotte. C’est-à-dire 10 bâtiments avec 100 chambres. 100 millions d’euros permettraient de construire ces bâtiments. Si nous sommes accompagnés par l’État tant mieux, si nous ne le sommes pas, nous devons quand même le faire, parce que presque tous les étudiants qui vont à l’université passent par les bus scolaires et c’est donc le Département qui paye. Ces bâtiments scolaires peuvent être utilisés de septembre à juin pour les étudiants et de juillet à septembre ils pourraient être libres pour loger l’ensemble des délégations sportives et journalistiques qui seront à Mayotte dans le cadre des Jeux des îles. Cela serait plus utile d’utiliser l’argent du Département dans cette cité universitaire au lieu d’avoir 57 millions d’euros qui dorment. L’exécutif actuel considère que c’est très bien d’avoir 57 millions d’euros qui ne servent à rien, peut-être qu’à Mayotte, il n’y a plus grand chose à faire… Mais pour ma part, je considère que l’argent ne doit pas dormir, il doit être utilisé pour le territoire.

FI : Le Département consacre la plus grosse enveloppe de son budget au social, allez-vous continuer sur cette lancée ?

D. Z. : Je ne suis pas favorable à la politique du billet brûlé. Un euro dépensé doit être fait pour Mayotte. Je suis profondément départementaliste et ma première priorité est de m’occuper des personnes qui ont lutté pour que Mayotte soit un département c’est-à-dire les personnes âgées qui méritent notre attention. Il n’y a eu aucune revalorisation des allocations vieillesse de la part du conseil départemental, ce que j’estime totalement inacceptable. En revanche, il y a eu plus de 80 millions d’euros dépensés en faveur des mineurs isolés à travers des associations. Et nous ne comprenons pas trop ce qu’elles font… Depuis ces six ans, il n’y a jamais eu autant de violence à Mayotte impliquant des mineurs isolés. Le conseil départemental doit réclamer de manière inconditionnelle la solidarité nationale. La loi Taubira permet d’envoyer les mineurs isolés dans les départements qui ont la capacité d’accueil. Chose que nous n’avons pas. Nous n’avons pas de place dans les écoles, ni à l’hôpital ni de logement pour eux. Certains vont parler d’appel d’air. Mais cela fait longtemps que l’appel d’air souffle en direction de Mayotte !

Bivouac à Saziley et sensibilisation à l’environnement avec les jeunes de M’tsamoudou

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Pour le deuxième événement du projet « asso-ambassadrices du lagon« , la Fédération Mahoraise des Association Environnementales (FMAE) et l’Association Villageoise de M’tsamoudou (ASVM) avaient réuni samedi 22 mai les élèves bénévoles de M’tsamoudou pour une action de nettoyage et une nuit de bivouac à Saziley.

L’objectif de ce programme consiste à sensibiliser les jeunes mahorais aux enjeux environnementaux de leur île. Au total, dans le cadre du projet d’ambassadeurs du lagon soixante actions de préservation de l’environnement doivent être menées au cours de l’année. Chaque association membre organise dix activités. Parmi celles-ci, nettoyage des espaces naturels, reboisement, sensibilisation à la biodiversité ou encore bivouac. A terme, tous espèrent que les jeunes sensibilisés aujourd’hui aux problématiques environnementales deviendront les acteurs de demain dans la lutte pour la préservation de la biodiversité.

 

Une cohésion entre acteurs associatifs et institutionnels

 

Nous portons avec le Parc Marin de Mayotte un programme pour améliorer la qualité de l’eau. Le projet d’ambassadeur du lagon rentre alors dans le cadre de notre programme et permet de lutter pour la préservation des ressources naturelles de l’île. Aujourd’hui le tissu associatif est en train de se mettre en place. Je pense que c’est ce qui sauvera Mayotte et impulsera une prise de conscience de la société mahoraise”, témoigne le directeur du Parc Marin, Christophe Fontfreyde, présent lors de l’événement. En attendant la venue des tortues sur la plage de Saziley, le directeur du Parc Marin a également pu rencontrer les six volontaires services civiques des associations partenaires du projet et discuter avec eux des actions mises en œuvre sur le terrain.

 

Convivialité et pédagogie

 

Après un repas au coin du feu, les enfants ont pu découvrir le travail des membres de l’ASVM. “Nous organisons des sorties de surveillance des plages trois à quatre fois par semaine pour lutter contre le braconnage des tortues”, affirme Ali Mohamed, président de l’ASVM. “Les tortues vertes et les tortues imbriquées viennent pondre trois à quatre fois par an sur notre île. Nous avons cette chance incroyable, il ne faut pas la perdre. Si on continue ainsi, les générations futures ne connaîtront jamais les tortues. Il faut qu’on se mobilise, qu’on protège cette richesse” , insiste le président de l’association, conteur d’un soir pour les jeunes de M’tsamoudou.

Première Fête de l’Eau Libre à Sakouli

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Dimanche 23 mai avait lieu la première course de nage en eau libre de Mayotte. 110 participants étaient réunis pour 2,4 km de course avec ou sans palmes.

9h. Rassemblement des concurrents sur le sable noir de la plage de Sakouli. Attribution des numéros de dossards et dernières consignes de sécurité. Il est 10h45 et les nageurs sont fin prêts. Un quart d’heure plus tard, c’est parti ! Les premiers concurrents prennent le départ, suivis cinq minutes plus tard par les nageurs en palmes, masque et tuba. Le défi du jour ? Réaliser 1,2 km de natation puis 10 m de course sur la plage avant de replonger pour 1,2 km dans les eaux du lagon.

L’Escape Bandrélé constitue une première à Mayotte. Jamais auparavant un événement de la sorte ne s’était tenu sur l’île aux parfums. Connu pour ses trois traversées de la Manche à la nage, le nageur de l’extrême Philippe Fort, l’organisateur de cette compétition inédite, espère bien, par le biais d’événements comme celui-ci mais aussi par les cours de natation qu’il donne aux petits et aux grands nageurs de l’île, démocratiser sa discipline à Mayotte. “Notre club de natation Phil Ô Libre Entraînement a été créé en janvier à Sakouli. Nous proposons des entraînements tous les samedis et je dispense également des cours de natation dans les collèges et écoles de l’île. L’objectif est de permettre aux Mahorais d’oublier leur appréhension du milieu aquatique. Ici, beaucoup d’enfants ont peur d’aller dans l’eau à cause de légendes qui diabolisent la mer. Grâce aux cours de natation, une fois leur peur surmontée, ils sont ravis d’aller à l’eau”, expose le maître nageur.

 

Comme des poissons dans l’eau

 

Pour assurer la sécurité des participants, le parcours balisé par deux bouées était également surveillé par 11 kayaks et deux jetski qui dirigeaient et encadraient les nageurs. Les concurrents ont relié les 2,4 km du parcours en 38 min pour le nageur le plus rapide et 1h41 min pour le doyen de l’événement, accueilli sous un tonnerre d’applaudissements. L’autre résultat, à couper le souffle : celui du meilleur temps réalisé par une femme. Juliette Counil a bouclé le parcours en à peine 41,50 min, à seulement 15 ans !

Et les autres participants qui ont terminé la course n’étaient pas en reste : tous ont été récompensés par une médaille et une collation bien méritée. Pour l’heure, il ne reste plus aux organisateurs et aux participants qu’à se préparer pour la prochaine course en eau libre prévue en octobre prochain. Alors si vous voulez tenter l’expérience, une seule chose à faire : attraper son maillot et se jeter à l’eau !

Un plateau sportif haut en couleurs pour Bouéni

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Le nouveau plateau polyvalent de Bouéni a été inauguré ce weekend en présence du préfet et de nombreux élus. Un événement historique pour la commune comme pour le village, qui a rassemblé sa jeunesse autour de compétitions sportives jusqu’à la tombée du jour.

Réputé pour son calme, le petit village de Bouéni était en ébullition ce samedi. Au cœur de l’excitation : l’inauguration de son nouveau plateau polyvalent. Vaste, équipé et haut en couleurs, l’édifice a suscité la joie des habitants qui ont accouru assister à l’événement. Lequel a rassemblé un gotha d’hommes forts de l’île tels que le préfet Jean-François Colombet, le président de l’association des maires Madi Madi Souf, le sénateur Thani Mohamed Soilihi et le président du Conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani. Absent à l’événement, le recteur Gilles Halbout était représenté par son chef de cabinet Anli Bedja.

 

Une fierté pour la commune

 

Pour le maire de Bouéni Mouslim Abdourahaman, les deux années d’attente nécessaires à la concrétisation du projet sont récompensées. « Après avoir passé tant de temps à évoluer sur un terrain en sale état durant ma jeunesse, je peux dire que je suis plus qu’ému aujourd’hui« , assure celui que l’on surnomme localement « tchenga » (feinte de corps : NDLR) en raison de son passé de sportif. « Je ne peux malheureusement plus m’investir dans le sport comme avant, mais mes enfants prendront la relève« , promet-il. À voir la jeunesse de sa commune taper la balle sur le terrain flambant neuf, force est de constater que la concurrence s’annonce déjà rude.

1.300.000 € ont été déboursés, majoritairement par le Conseil départemental et le CNDS (Centre national pour le développement du sport), afin de rénover cette infrastructure. Objectif : créer un espace d’expression pour les athlètes locaux tout en permettant l’organisation d’événements d’envergure. Volley, handball, football, tennis, basket… La plupart des compétitions sont représentées. Un moyen de renforcer la « cohésion intercommunale« , au sein d’un territoire qui tient à conserver sa qualité de vie. « Ce qui se passe aujourd’hui s’inscrit dans une longue dynamique de paix. Nous étions encore préoccupés par des conflits intervillageois il y a six ans. Aujourd’hui chacun accepte de jouer chez l’autre« , se réjouit Mouslim Abdourahaman.

 

En route vers la deuxième phase

 

Si le sentiment de réussite est lisible sur le visage des élus, la route est encore longue pour revendiquer une victoire totale. Désormais, la population comme les pouvoirs publics sont tournées vers la phase 2 du projet : le couvrement du stade. Ce travail colossal permettra au terrain de concourir au sein des plus belles compétitions. Coût de l’opération : 1.500.000€. Un moyen de viser à terme l’organisation des Jeux des îles de l’océan Indien, en dépit des contraintes imposées par le contexte géopolitique.

En attendant sa concrétisation totale, le plateau polyvalent conserve sa capacité d’accueil pour le public et les joueurs. Son accès est réservé aux membres d’associations ou d’institutions conventionnées. Pour veiller à l’entretien et la sécurisation des équipements, un référent communal sera prochainement formé. D’ici là, le public est invité à découvrir sa qualité d’accueil et son potentiel le 19 juin au travers d’une finale de basket.

Une reprise des compétitions sportives tant attendue à Mayotte

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Après plus de trois mois sans poser un pied sur les terrains compte tenu de la situation sanitaire, les sportifs ont enfin pu retrouver la compétition. Un plaisir partagé par les joueurs, les arbitres et, bien sûr, le public.

Les sports collectifs ont pu retrouver leurs droits ce weekend. Les chiffres du covid étant en nette amélioration sur l’île, les compétitions, en pause depuis février, ont pu reprendre. En effet, peu après le déconfinement, le ramadan a commencé, une période pendant laquelle toutes les compétitions sportives mahoraises sont à l’arrêt. Pour les basketteurs, c’est le retour de l’adrénaline. « Les entraînements ont repris cette semaine et qu’est-ce que ça fait du bien », souffle Fayna*, meneuse à Pamandzi. Elle n’avait pas touché un ballon depuis février, alors qu’elle s’entraîne habituellement deux fois par semaine. Si la reprise était compliquée, elle est clairement appréciée par tous.

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Le public au rendez-vous

 

Les stades et terrains de basket à Mayotte sont plus que des lieux de pratique sportive. Ils sont des lieux de regroupement et d’amusement pour les habitants des quartiers. Avec la construction des plateaux couverts à Mtsapéré et à Kawéni, les équipes sont délocalisées. Certains jouent à Cavani et d’autres jusqu’à Passamainty. Les ambiances ne sont donc pas aussi intenses que si les équipes jouaient sur leurs terrains. Le même schéma se retrouve à Mgombani où un gymnase est en construction. Pour les volleyeurs, handballeurs et basketteurs, il faudra attendre la fin des constructions pour retrouver les sensations de jouer « à domicile ». Pour les footballeurs cependant, le public était au rendez-vous pendant ce long weekend. Les bords des stades étaient à nouveau bondés, le public ravi de retrouver leurs joueurs favoris.

 

Une organisation différente selon les villages

 

À Dembéni, faute de match prévu, un tournoi est rapidement organisé entre quelques équipes. « Ceux qui ont des t-shirts rouges, là, mettez-vous ensemble », lance l’un des « grands », vêtu lui de vert. Deux groupes se retrouvent rapidement au centre du terrain et un coup d’envoi fictif est sifflé. Jeu de jambes, passes et petits ponts sont rythmés par les rires des joueurs, heureux de retrouver des sensations. Quelques mots durs sont échangés, les esprits s’échauffent. Sur le bord du terrain, on rigole en attendant de pouvoir jouer. « Lui, de toute façon, il veut toujours se battre, on le connaît », s’esclaffe un passant, venu pour regarder. Il n’a pas pris ses chaussures aujourd’hui, n’étant pas sûr que les joueurs seraient au rendez-vous.

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À Mamoudzou, les joueurs de basket se retrouvent eux aussi sur les terrains. Si les premiers matches en retard devaient se jouer ce weekend, ils ont finalement été déplacés à samedi, ou dimanche prochain. Ayant déjà repris les entraînements pendant la semaine, ils tentent de retrouver un rythme. « Au moins on sait que ce sera dur pour tout le monde », dit un des joueurs en jetant son t-shirt sur son épaule et en soufflant, visiblement épuisé par la reprise.

Les joueurs sont tous d’accord sur un point, ce retour des compétitions leur fait un bien fou, au corps mais aussi au moral. « C’est déjà un vrai plaisir de jouer, vivement de retrouver l’adrénaline des matches samedi prochain », conclut Fayna.

L’Institut régional des travailleurs sociaux prend ses quartiers à Kawéni, une étape avant le plein exercice

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Créée en 2016, l’antenne locale qui doit former les futurs travailleurs sociaux de Mayotte a enfin inauguré ses propres locaux. De quoi accueillir des effectifs toujours plus nombreux, alors que le territoire est confronté à de multiples problématiques dans ce domaine.

Une salle informatique bientôt équipée de 19 postes, un coin bibliothèque où les étagères presque vides attendent de recevoir pas moins de 70.000 euros d’ouvrages, et plusieurs salles réparties sur deux étages, pouvant accueillir chacune 30 apprenants. Voilà en gros pour le tableau d’ensemble. Le nouveau nid douillet pour l’antenne locale de l’Institut régional du travail social a été inauguré ce jeudi, devant les représentants institutionnels, la vice-présidente du Département en charge de l’éducation, la formation, de l’insertion professionnelle Mariame Saïd, le recteur Gilles Halbout, le directeur de la DEETS (ex-DJSCS) Patrick Bonfils ou encore le secrétaire général de la préfecture Claude Vo-Dinh.

Après cinq ans, l’existence de l’IRTS de Mayotte a pris corps et est devenue une réalité”, souligne Jacqueline Pajaniandy, la présidente de l’ARFIS – OI, l’association de recherche et de formation en intervention sociale – océan Indien, qui assistait à l’événement en visioconférence. Il aura fallu quelque 500.000 euros pour aménager ce bâtiment de 400 mètres carrés à Kawéni, destiné à former les futurs travailleurs sociaux de Mayotte. “Ça a pris le temps, mais on est content d’être enfin là, d’avoir nos propres locaux, plutôt que le centre d’affaires, où c’était toujours la croix et la bannière pour avoir des salles”, souffle une responsable de formation, la mine réjouie.

 

100% d’insertion sur le marché de l’emploi à Mayotte

 

Cette inauguration marque en effet une étape clé dans le développement de l’IRTS de Mayotte. “Nous avons ouvert la première filière avec 20 étudiants. En cinq ans, nous sommes passés à six filières”, félicite Mariame Saïd, avant de rappeler l’investissement du conseil départemental. “Chaque année, nous mettons plus d’un million d’euros pour former ces étudiants au travail social, car nous savons ce qui se passe à Mayotte : nous avons besoin de travailleurs sociaux pour lutter contre la délinquance”, souligne l’élue et candidate, décidément présente sur tous les fronts cette semaine. 56 étudiants ont déjà obtenu leurs diplômes, avec 100% d’insertion sur le marché de l’emploi à Mayotte. “On me dit souvent, élue à l’insertion, oui mais elle insère qui ? Eh bien, voilà ma mission ! C’est accompli !”, scande encore la vice-présidente. La plupart des diplômés sont venus gonfler les rangs de l’aide social à l’enfance, au Département, ou encore de Mlézi Maoré, Solidarité Mayotte, ou les Apprentis d’Auteuil.

 

Direction le plein exercice ?

 

En France, chaque région dispose d’un IRTS, censé délivrer des certificats d’études ou des diplômes d’Etat après des formations initiales, continues ou en apprentissage, dans le champ du social, du médico-social ou du sanitaire. Tous les publics peuvent s’inscrire à ces cursus, demandeurs d’emploi, salariés, étudiants, ou encore stagiaires de la formation professionnelle. Mais à Mayotte, pourtant confrontée à d’innombrables défis sociaux, l’antenne locale créée en 2016 dépend encore et toujours de l’Institut de La Réunion. “À quand le plein exercice ?”, n’a pas manqué de relever Gilles Halbout. “C’est en cours”, assure Mariame Saïd.

Sensibiliser les plus jeunes à la cause des tortues à Mayotte, l’objectif de l’association Oulanga Na Nyamba

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Tortue verte ou imbriquée ? Mâle ou femelle ? Vous ne savez pas différencier les tortues ? Les élèves de l’école élémentaire de Labattoir 7 vont vous expliquer ! Depuis le mois de septembre, l’association Oulanga Na Nyamba réalise des ateliers de sensibilisation sur le thème de la tortue auprès des écoliers mahorais. Résultat, à tout juste dix ans, les enfants sont devenus de véritables ambassadeurs de l’animal marin.

Ma tortue préférée, c’est la tortue olivâtre ! Parce qu’elle est belle, elle a des écailles pointues”, glisse joyeusement Bennaseb, élève en école primaire à Dzaoudzi-Labattoir. Avant de participer à cet atelier, l’écolier confie qu’il ne s’intéressait pas aux tortues, mais aujourd’hui, son rêve serait d’en observer une vraie, en chair et en carapace. Animateur auprès des jeunes mahorais pour l’association Oulanga Na Nyamba, Hamidani Saindou réalise différents ateliers dans le but de sensibiliser la population à la préservation des tortues. “Les séances que nous organisons se déroulent durant les horaires de périscolaires. Avec les élèves d’écoles primaires, nous animons sept séances autour de la tortue, plus une sortie sur le terrain, afin de présenter aux enfants l’habitat naturel de cet animal protégé”, précise-t-il.

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“Tortue verte ou tortue imbriquée ?”

Au centre de la table, une tortue en résine. Synonyme du début de la séance. Première question : “Comment reconnaît-on la tortue verte et la tortue imbriquée ?”, les deux espèces de tortues qui viennent se reproduire à Mayotte. Après une brève réflexion, les enfants ont la réponse. « La tortue verte a deux écailles entre les yeux et la tortue imbriquée quatre”. Trop facile ! Mais pour la deuxième énigme, il va falloir se creuser davantage les méninges… “Pourquoi la tortue imbriquée a un bec crochu et la tortue verte un bec arrondi ?”, demande Hamidani Saindou. Après quelques tâtonnements, les écoliers décident de se lancer. “La tortue imbriquée se sert de son bec crochu pour casser le corail et les coquillages alors que la tortue verte utilise son bec arrondi pour se nourrir d’algues.” Par le biais de ces ateliers, les frimousses apprennent de manière ludique l’importance de la préservation des tortues.

 

Un peu d’Histoire, de biologie et de travaux manuels

 

Le saviez-vous ? Les premières tortues terrestres ont vécu il y a 230 millions d’années et une tortue faisait la taille d’un terrain de foot ! Ou encore, les ancêtres des tortues marines que l’on connaît aujourd’hui sont, quant à elles, apparues 100 millions d’années plus tard ! Autant d’informations qu’apprennent les enfants lors des interventions d’Oulanga Na Nyamba. Entre dessins, collages et quizs sur le thème des tortues, les petits mahorais semblent ravis d’en apprendre davantage sur le patrimoine naturel de leur île.

Mourchidi Imamou : « Je suis artiste peintre daltonien »

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Son amour pour la peinture,n’a d’égal que son amour pour son village natal : Sada. Son nom d’artiste « 640 » fait référence au code postal de la ville. Mourchidi Imamou est un artiste peintre amoureux de la nature. Ses tableaux dévoilent une facette de Mayotte qu’il aimerait faire découvrir au monde entier. Mais l’artiste souffre de daltonisme, et ses œuvres d’art sont parfois décalées.

mourchidi-imamou-artiste-peintre-daltonienLa passion de Mourchidi Imamou, plus connu sous le pseudonyme 640, trouve son origine en l’ilot de Sada. Enfant, la fenêtre de sa chambre donne pile poil sur le petit caillou. Les couchers de soleil qui s’enchaînent l’envoutent et le petit garçon peut rester de longues minutes à contempler le paysage qui s’offre à lui. « C’est l’ilot de Sada qui a fait de moi l’artiste peintre que je suis aujourd’hui », réaffirme Mourchidi. Sa mère lui offre alors un appareil photo jetable pour qu’il puisse immortaliser ce qu’il voit et le partager avec son entourage. À l’époque, il le trimbale partout avec fierté, pour montrer à qui veut bien sa perception de la beauté de la nature. Mais l’appareil photo finit par rendre l’âme… C’est alors que l’enfant s’initie au dessin. « J’ai toujours eu la main pour dessiner depuis la maternelle. Dès que j’avais un instant, je prenais un crayon pour dessiner ou colorier », raconte-t-il. Il commence à se familiariser avec la peinture au lycée en cours d’art plastique. À l’instant où son pinceau touche le papier, c’est le coup de foudre. L’adolescent qu’il était sait que la peinture sera son amour éternel. « Je me suis focalisé dans la peinture, car pour moi c’est la meilleure façon de jouer avec toutes les couleurs que nous offre la nature », explique l’artiste.

Pourtant, sa perception des couleurs est bien différente des autres, puisqu’il est atteint de daltonisme… « Eh oui je suis artiste peintre daltonien ! », avoue-t-il, avec sourire en coin. Il découvre sa différence grâce à sa femme. « C’est elle qui m’a fait réaliser que les couleurs que je voyais n’étaient pas celles que tout le monde voyaient. C’est à ce moment que j’ai compris que je ne maîtrisais pas vraiment les couleurs que j’ai toujours aimées. » Mais cette révélation n’arrête pas l’artiste, au contraire, Mourchidi Imamou en fait sa force. « Mes tableaux se démarquent des autres peintures. On aime ou on déteste, mais je prends le risque de me démarquer », assure-t-il. Ce qui le démarque justement est aussi son sens de la perfection qui peut lui faire défaut. Habitué à prendre en photo les paysages avant de les peindre, on a parfois du mal à faire la différence. « Ce n’est pas ce que je recherche, mais j’ai un côté perfectionniste. Quand je fais un tableau, je perds un temps fou à rajouter des détails », précise 640.

 

Mayotte, sa source d’inspiration

 

Si Mourchidi Imamou est capable de peindre tous types de paysages issus de différents pays, le 101ème département reste son terrain de jeu préféré. « Ce qui me motive le plus ? C’est de montrer la richesse que la nature nous a offert à Mayotte. On a le plus beau lagon du monde, certaines personnes ne le savent pas encore, alors je me suis dit que j’allais leur montrer », poursuit-il. En plus de revenir régulièrement à son premier amour, en l’occurrence Sada, l’artiste essaye de peindre des endroits improbables à Mayotte que peu de gens connaissent, sans oublier les plus connus à l’instar de l’ilot sable blanc. « Je veux que les gens voient la beauté de mon île. Cela peut contribuer à son développement, parce que les touristes peuvent acheter un tableau de Mayotte et le ramener avec eux. S’il est vu par d’autres, ça leur donnera envie de venir chez nous. » C’est la raison pour laquelle l’artiste souhaite absolument stimuler son art par tous les moyens.

« L’art n’est pas assez valorisé à Mayotte »

Aujourd’hui, le peintre gagne désormais sa vie grâce à ses tableaux. Toutefois, il déplore le fait que les artistes ne soient pas assez accompagnés sur le territoire. « L’art en général n’est pas assez valorisé. Pourtant, on devrait accepter que c’est une partie intégrante de notre culture », regrette Mourchidi Saindou. Il se bat pour donner à l’art la place qu’il mérite au sein de la société mahoraise. Cela commence par l’initiation aux enfants. Il intervient dans les écoles et les centres de loisir pour leur apprendre quelques techniques et transmettre sa passion. « Quand je peins, je suis dans un autre monde. La peinture est thérapeutique, ça ne peut que faire du bien aux enfants », ajoute-t-il. L’artiste souhaite donc aller plus loin et donner la possibilité à d’autres jeunes de pouvoir gagner de l’argent grâce à la peinture. « Je prendrai ces jeunes sous mon aile et surveillerai leur travail. Ils pourront ensuite vendre leurs tableaux à petits prix, mais ça sera un travail de qualité », explique le principal intéressé. Une stratégie qui évitera aussi de voir ces jeunes dans les rues. En attendant de finaliser son projet, Mourchidi Imamou alias 640 continue de peindre sa perception de la beauté qu’il n’hésite pas à partager sur ses réseaux sociaux.

Non renouvellement des contractuels : baliverne pour le recteur de Mayotte

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La fin de l’année scolaire approche, et avec elle, son lot de problèmes. Comme chaque année, les professeurs contractuels sont évalués, pour une reconduite ou pas de leurs contrats. Mais un intersyndical est monté au créneau dénonçant des pratiques visant à ne pas les renouveler. Des accusations réfutées par le recteur.

Un secret de polichinelle : dans le 101ème département, les professeurs contractuels sont majoritaires. « Ils représentent 57% du corps enseignant selon le rectorat, mais nous pensons qu’ils sont beaucoup plus », précise Yacouba Galledou, secrétaire générale de Sgen-CFDT Mayotte. Aux yeux des organisations syndicales, ils sont tout simplement devenus indispensables à l’Éducation nationale qui peine à embaucher des titulaires. Pourtant, selon l’intersyndical qui s’est créé sur l’île, certains contractuels vivraient des situations d’injustice. C’est la raison pour laquelle il a sollicité le recteur, Gilles Halbout, pour une réunion qui aura lieu le 27 mai. « Nous constatons que les conseillers pédagogiques et certains inspecteurs outrepassent leur rôle d’accompagnateur. Ils [leur] mettent beaucoup de pression. Ils essayent de briser nos collègues, c’est à la limite du mépris alors qu’ils doivent les accompagner », dénonce encore Yacouba Galledou.

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Et l’année 2020-2021 serait particulièrement difficile pour les enseignants contractuels. « Nous avons observé un nouveau phénomène, nos collègues contractuels qui travaillent dans l’enseignement depuis quatre ou cinq ans ne sont pas renouvelés. Les conseillers pédagogiques qui les ont suivis depuis toutes ces années leur disent soudainement qu’ils ne sont pas bons pour ne pas renouveler leurs contrats », accuse le représentant de l’intersyndical. Car au bout de cinq ans de contrat en tant que contractuel, la sixième année est synonyme de contrat à durée indéterminée pour l’enseignant ! À condition d’être bien évalué par l’inspecteur.

Ce sentiment d’injustice s’accompagne à celui de l’abandon. Les contractuels sont des enseignants non formés avant leur prise de fonction. De ce fait, ils doivent passer une série de formations qui les préparent au métier. Et se voient encadrer par un tuteur pour les accompagner. « C’est comme cela que ça passe partout en France, sauf à Mayotte où nous [les] faisons travailler par manque de tuteurs et d’inspecteurs. Et la crise sanitaire a profondément perturbé ce fonctionnement », continue le secrétaire général de Sgen-CFDT Mayotte. Alors ce dernier n’a qu’un seul souhait : que les contractuels soient tous « exceptionnellement » renouvelés pour l’année prochaine. Une requête qui fait doucement rire le recteur…

« Il faut faire ses preuves ! »

À quelques de sa rencontre avec les syndicats, Gilles Halbout sait déjà à quoi s’attendre. « C’est un sujet qui revient chaque année. Nous avons toujours des contractuels qui considèrent avoir été mal évalués. Alors comme les fois précédentes, nous allons étudier tous les dossiers et nous prendrons des décisions au cas par cas », annonce-t-il, en réponse aux désidératas de ses détracteurs. Selon le responsable de l’académie, ces contractuels non renouvelés représentent seulement 2,5% de leur groupe, soit une infime minorité. Si certains seront probablement repêchés, il est hors de question de renouveler la totalité pour le recteur. « Est-ce que c’est souhaitable ? C’est du n’importe quoi ! Je ne veux pas stigmatiser les contractuels, mais certains chefs d’établissements nous disent qu’ils sentent la différence », avoue-t-il. Il n’est pas contre l’idée de donner une nouvelle chance à ceux qui n’ont pas de dossier totalement négatif, quitte à les renvoyer en formation, mais une chose est claire, tout le monde n’aura pas cette chance. « Pour le bien de l’Éducation nationale, il faudra se séparer des autres, parce que tout le monde n’est pas fait pour enseigner. Il faut faire ses preuves ! », martèle Gilles Habout.

Quid alors de la supposée manigance du rectorat pour ne pas attribuer de CDI aux anciens contractuels ? « C’est faux, archi faux ! Nous n’avons aucun intérêt à faire cela, parce qu’à Mayotte, nous avons besoin d’enseignants. Nous avons déjà du mal à recruter alors nous n’allons pas nous amuser à ne pas reconduire ceux qui ont de l’expérience », s’emporte le recteur. Sa politique de fonctionnement est même à l’opposé de ce qui est dénoncé par l’intersyndical puisque depuis sa prise de fonction, les contractuels ont eu la possibilité d’avoir des contacts de deux à trois ans, selon leurs compétences. La réunion prévue jeudi prochain risque de faire des déçus.

Quand l’angle d’une rue se transforme en un atelier de tailleur de bois à Mayotte

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Un des arts traditionnels de l’archipel consiste à tailler le bois. Portes, coffres, sièges… Tout peut être sculpté par les mains des menuisiers comoriens. Installé à Mayotte, Marouf continue à faire perdurer cet art unique.

atelier-tailleur-bois-mayotteTac, tac, tac, outils en main, Marouf sculpte avec précision un coffre haut d’un mètre cinquante. Son stagiaire, assis en face de lui, le regarde, d’un air très concentré. Les gestes du menuisier sont secs et précis. Cela fait presque 20 ans maintenant qu’il fait ce travail. Ainsi, il maîtrise chaque technique à la perfection et se dit lui même passionné. « J’ai voulu passer le concours pour être gendarme, mais je n’ai pas eu cette chance… Du coup je me suis dis que je connaissais ce travail d’artisnat et que j’aimais ça, alors pourquoi pas en faire mon métier », retrace l’homme, toujours les yeux focalisés sur son œuvre en préparation.

Marouf touche le bois avec douceur, ses doigts suivant les lignes dessinées sur le bois, qui n’attendent qu’à être sculpté. L’homme d’une cinquantaine d’années a appris le métier de son père, à Domoni. Malheureusement, les jeunes mahorais n’ont pas la passion qui l’habite. « J’ai des stagiaires, mais ils ne sont pas tous motivés, ils disent que c’est trop dur », sourit-il, un brin taquin. Il donne toutefois des cours à trois métropolitains, qui souhaitent apprendre. Pourtant,vivre de sa passion est un luxe auquel beaucoup n’ont pas accès. « Il n’y a pas énormément de travail, mais assez pour vivre », résumet-il avec philosophie, avant de souffler sur les copeaux devant lui. Marouf se contente de vivre de ce qu’il a, et semble en être très heureux.

 

Un travail de patience

 

« Pour un coffre de cette taille, c’est trois semaines de travail, tous les jours, sauf le dimanche », explique-t-il. Après avoir travaillé toute la surface, il vernit la pièce unique pour la protéger. Avant de passer à cette étape, il lui reste un côté à sculpter. Pendant ce temps, le mouvement ne faiblit pas à l’angle de la rue. « Salam Alikoum », lui dit un passant. Il connaît tout le monde dans le quartier et vice versa. Les plus jeunes s’arrêtent un instant pour lui dire bonjour et admirer sa dextérité. Les plus anciens le saluent chaleureusement, lui souhaitant du courage pour sa journée de travail. Sa bonne humeur réchauffe les cœurs. Très humble, et plein de bienveillance, Marouf travaille soigneusement, sans oublier d’échanger avec les uns et les autres. S’il trouve que Mayotte a quelques inconvénients, il aime « le travail manuel artisanal » et se plaît à embellir chacun des morceaux de bois qui passe dans ses mains. Il sera sûrement posé au niveau du même angle de Cavani pendant encore de longues années, distribuant des sourires et partageant son savoir-faire.

Avec 1.500 tonnes par an, l’abattoir de Kahani donne des ailes à Mon Pouleti

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Lancée à l’initiative d’éleveurs et d’industriels en 2017, la SAS Abattoir de volailles de Mayotte (AVM) vient de sortir de terre son outil. Forte du succès de sa marque 100% locale, la société entend multiplier par dix sa capacité de production. Et ainsi donner un coup de boost à la filière.

Cot-cot codêêêt !… Sous le haut plafond du hall de réception, l’on devine presque les piaillements des milliers de poulets qui passeront bientôt la patte dans l’étrier. Accrochées en rang les unes derrière les autres, les suspensions flambant neuves attendent patiemment leur cargaison, prêtes à emporter leurs victimes de chair et de plumes jusqu’au poste de saignée. Plouf ! Un stop dans l’eau pour les étourdir – l’électronarcose, dans le jargon – et schlack, un cou tranché en direction de la Mecque, et les voilà bonnes pour passer à la casserole, ou presque. Bon, pour l’instant, ce sont surtout quelques notes de cornemuse qui résonnent dans l’imposant bâtiment de Kahani, où des ouvriers s’attellent encore à peaufiner les derniers détails. “Je ne suis pas sûr qu’il y aura de la musique pour les poulets”, souligne avec esprit Guillaume Rubin, le directeur d’AVM, qui guide les visiteurs sur ce chemin de la mort.

Non sans fierté. Car avec ce tout nouvel abattoir de volailles, l’entreprise mahoraise qui commercialise depuis déjà deux ans la marque “Mon Pouleti” va bientôt pouvoir multiplier par dix sa capacité de production. Dans ce bâtiment grand de 2.200 mètres carrés, AVM entend en effet faire défiler un million de poulets, soit 1.500 tonnes de viande, contre les 120 actuellement produites sur le petit outil de Coconi, destiné davantage à un usage pédagogique. “Depuis 1986, il y a eu beaucoup de tentatives de structurer la filière poulet de chair, qui se sont heurtées à de nombreuses difficultés. Nous avons donc voulu être prudents et commencer avec une petite production”, rappelle le patron en retraçant l’historique de la boîte, créée en 2017. Pour éviter d’y perdre des plumes, la SAS a associé tous les acteurs de la chaîne, des éleveurs, aux industriels, parmi lesquels on retrouve notamment AFICAM, AEM et Ekwali Couvoir. De quoi structurer la filière, de l’amont à l’aval.

 

Une étape du développement agricole de Mayotte

 

L’objectif, à terme ? Doubler la production. “Mais il faut aussi créer cette demande”, concède Guillaume Rubin. Pas de quoi dégonfler Elhad-Dine Harouna, son président. “On m’a toujours dit que les Mahorais veulent manger moins cher. Moi je crois qu’ils veulent manger moins cher mais de qualité !”, avance l’éleveur qui s’est lancé dans l’aventure agricole en 2013. “Depuis, nous avons gravi les échelons, c’est un travail de 30 ans. J’ai vendu des poulets abattus sous le manguier, puis en sac plastique, jusqu’à la barquette avec Mon Pouleti. Et ce n’est qu’un début dans le développement agricole de notre territoire”, se targue le président d’AVM. Pour autant, pas question de tomber dans un modèle hyper-productiviste, “comme ce qu’ils ont fait en Bretagne”. Leur philosophie : préférer des éleveurs “familiaux mais performants”, actuellement au nombre de 12, plutôt que dépendre de “trois grosses exploitations”. Et surtout, les rémunérer au juste prix.

 

Une offre 100% locale, par et pour les Mahorais

 

Offrir aux Mahorais une offre locale, et de qualité, voilà la promesse de ce nouvel abattoir, qui doit accueillir ses premières volailles à la mi-juillet, pour une inauguration officielle prévue le 27 août. L’autre plus ? Un atelier de découpe, pour empaqueter ailes et cuisses à foison, ce que ne permettait pas l’actuel outil de Coconi. Disponibles en grande surface comme dans la boutique de l’usine, Baraka Frais, les poulets, mais aussi du canard, de la pintade, et de la charcuterie de volaille pourront être achetés à un prix abordable, garantit-on. Le tout 100% local, et “local de Mayotte”, insiste Amélie Tassin, responsable de production et de commercialisation. “Nous n’arriverons pas à concurrencer les mabawas importés à 2,50 euros, mais sur des marques type Label rouge, importées de métropole, nous pourrons peut-être être concurrentiels, avec une qualité locale”, explicite Guillaume Rubin. Tout dépend in fine des volumes. Et justement, pour mutualiser les coûts d’une telle structure et faire des économies d’échelle, AVM compte s’associer à d’autres acteurs, comme la Laiterie de Mayotte, pour stocker et livrer les produits partout sur l’île. “Nous ne voulons pas faire un produit élitiste, mais au contraire, un produit achetable par le plus grand nombre”, martèle le directeur.

 

L’Europe s’engage, le conseil départemental aussi

 

Un enjeu de taille, compte tenu des problématiques de vie chère qui asphyxient l’île, encore trop dépendante de ses exportations. D’où la participation du conseil départemental, dont les élus étaient présents en nombre pour cette première visite. “Après mon élection, c’est peut-être la deuxième délibération qui a été votée à l’unanimité, c’est pas beau ça ?”, évoque le président de la collectivité Soibahadine Ibrahim Ramadani. En tout, il aura fallu une enveloppe de huit millions d’euros pour mettre sur pied cet outil, qui offre, une fois n’est pas coutume, une réalisation concrète de l’utilisation des fonds européens. 5.36 millions d’euros du FEADER sont en effet venus abonder l’opération, auxquels le conseil départemental a ajouté de sa poche 680.000 euros supplémentaires. Petits grincements de dents dans l’assistance. “Dans l’enveloppe FEADER, il y a aussi la participation du conseil départemental”, piaffent les élus en insistant pour corriger leur ligne dans le tableau. Pas de panique ! L’équipe d’AVM s’empresse d’exécuter un rapide calcul mental. “Oui au total, cela fait plutôt 1.18 million d’euros de subventions du Département. Bon, ce n’est pas non plus très exact de présenter les choses ça, mais bon…” Gare aux coups de bec !

Avec Transdev, la gestion du réseau a pour objectif de monter en compétences

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Depuis le début du mois de mai, la société Transdev s’occupe de la partie gestion du réseau de transports scolaires pour le compte du Département. Son rôle pour les six prochaines années : s’assurer de superviser toute la partie exploitation, de gérer des inscriptions, d’accompagner les véhicules et d’apporter toute son expérience. Entretien avec le directeur Outre-mer de Transdev, Julien Tenenbaum.

Flash Infos : Pourquoi Transdev a-t-il décidé de se positionner sur le marché de transport scolaire mahorais ?

transdev-gestion-reseau-objectif-monter-competencesJulien Tenenbaum : Transdev jouit d’une présence très forte en Outre-mer depuis une trentaine d’années. Jusqu’à il y a encore deux ans, nous intervenions comme actionnaire minoritaire de la société Matis, donc nous avons une certaine connaissance du territoire. Lorsque le Département a décidé de réallotir le marché de transport en distinguant les parties exploitation et gestion du réseau, nous nous sommes positionnés sur la seconde, parce que cela rentrait exactement dans la lignée de ce que nous faisons actuellement dans les autres territoires ultramarins.

Nous n’avons pas de bus, nous n’avons pas pour vocation à exploiter directement des lignes, mais nous apportons différentes fonctions supports. Notre rôle consiste à superviser pour le compte de la collectivité les six lots d’exploitation, et à nous occuper de la gestion des inscriptions et de l’accompagnement des véhicules. C’est ce que nous aimons faire !

FI : Quelle est la particularité de cette convention signée pour les six prochaines années avec le Département ?

J. T. : Même si nous avons officiellement débuté ce mois-ci, nous n’avons pas encore de rôle exécutif sur le réseau, puisque notre mission démarrera réellement à la fin du mois d’août à l’occasion de la rentrée scolaire. L’une des principales fonctions sera l’accompagnement des transporteurs locaux et des services du Département pour une logique de montée en compétences. À titre d’exemple, nous avons prévu une série d’actions pour ces premiers telles que de la formation et du conseil.

Nous avons prévu de nouveaux outils qui permettent d’organiser le réseau pour faciliter la vie et le travail des différents services. Le but étant d’arriver petit à petit à son amélioration, sachant toutes les difficultés rencontrées. Nous arrivons avec beaucoup d’humilité par rapport à cela. Nous ne révolutionnerons pas tout, mais nous souhaitons faire front commun avec les différents partenaires pour y contribuer au fil des six prochaines années.

FI : L’été dernier, le conseil départemental avait modifié une clause de l’appel d’offres de marché public du transport scolaire. Dans le dernier texte, l’entreprise qui remportait la délégation ne serait plus obligée de reprendre les 80 employés du délégataire sortant. Qu’en est-il ?

J. T. : Pour notre part, nous reprenons une vingtaine de personnes : ceux qui encadrent les accompagnateurs, ceux qui gèrent les inscriptions, ceux qui assurent le contrôle de la bonne exécution des services et ceux qui planchent sur les études et la réorganisation du réseau. Vous n’êtes pas sans savoir que 200 à 300 véhicules circulent au quotidien. Et ce chiffre peut être, bien évidemment, amené à évoluer en fonction des nouvelles constructions scolaires. Il ne s’agit pas des conducteurs et des mécaniciens qui dépendent de la partie exploitation. En parallèle, le Département mettra à notre disposition des accompagnateurs du transport scolaire. Cela représente une centaine de personnes qui sont présentes aux différents hubs de l’île, le matin et le soir. Et nous allons également recruter localement pour constituer notre équipe pour la partie marketing, ressources humaines, formation, etc.

FI : Les chauffeurs de bus expriment régulièrement leur ras-le-bol. Dernièrement, ils ont notamment demandé l’installation de vitres blindées pour les protéger. Quelle est votre position sur ce point ?

J. T. : Nous allons essayer d’être force de propositions auprès du Département, des forces de l’ordre, du rectorat et des transporteurs. Nous n’allons pas directement équiper les véhicules, mais nous allons réfléchir à la mise en place de systèmes de vidéosurveillance. Nous arrivons avec des méthodes de travail, en nous disant que nous avons besoin de discuter avec l’ensemble des partenaires locaux dans le but de construire une amélioration des conditions sur le réseau.

Séance d’échanges entre le recteur et les lycéens : la violence au cœur du débat

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Un conseil académique de la vie lycéenne s’est tenu ce mercredi après-midi au lycée des Lumières. Le recteur et son équipe sont partis à la rencontre des élèves élus des établissements scolaires pour échanger avec eux, écouter leurs doléances et leurs propositions.

Chaque année, environ trois conseils académiques de la vie lycéenne se tiennent pendant l’année scolaire. Si tous les sujets peuvent être abordés, cette dernière séance a été une nouvelle occasion d’évoquer les questions de violence. Dans un premier temps, les élèves ont fait part de leur quotidien au sein de leurs établissements respectifs. Face à eux, le recteur Gilles Halbout, la déléguée académique à la vie lycéenne, et le conseiller technique établissement et vie scolaire du rectorat. Après des échanges autour de l’insécurité, l’égalité fille/garçon, ou encore le rôle des EMS (équipes mobiles de sécurité), des propositions sont soumises par les élèves élus au conseil académique de la vie lycéenne de leurs lycées.

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Formation des élèves pairs

 

L’un des sujets sur la table ? Le rôle des élèves pairs, ces jeunes formés par la gendarmerie pour repérer les situations critiques. En deux séances, une théorique et une pratique, ils sont mis en situation. « Le rôle de l’élève pair est d’être en lien avec ses camarades. Nous ne sommes pas des minis policiers, nous devons juste observer ce qu’il se passe à l’école et alerter quand il y a un problème », précise l’une d’entre eux. Sensibilisés sur les questions de violence et de harcèlement, ces observateurs doivent s’impliquer bien au-delà des frontières de l’établissement scolaire, puisqu’on leur de-mande de rester attentif à ce qu’il se passe dans les quartiers. Le but : repérer les potentiels règlements de compte. Une mécanique déjà bien huilée, avec un groupe WhatsApp, qui mêle forces de l’ordre et élèves pairs. En cas de problème, ces derniers peuvent envoyer un message pour alerter directement les policiers.

 

Renforcer l’implication des parents

 

La question de la parentalité a longuement été évoquée lors de cette séance. Les élèves n’ont pas hésité à pointer du doigt leurs géniteurs, trop peu disponibles. « Souvent quand il y a des réunions parents/profs, la moitié des parents ne viennent pas », soulève une lycéenne. Les raisons sont multiples, manque de temps, barrière de la langue, aucun moyen de se déplacer… C’est la raison pour laquelle une élève a proposé de mettre des bus à disposition des parents, par exemple. Une solution qui les incitera peut-être à s’impliquer davantage dans l’éducation de leurs enfants.

 

Lettre au ministre des Outre-mer

 

Autre point clé : les lieux de rassemblements. L’équipe du rectorat, tout comme les élèves, n’ont pas manqué de relever le manque d’espaces communs et publics en dehors des établissements scolaires. « L’idée serait de créer des endroits où les adultes et les enfants pourraient se retrouver pour échanger », indique la déléguée académique à la vie lycéenne. « C’est bien de créer ces endroits mais encore faudrait-il les sécuriser », rétorque un élève. D’autres n’y croient tout bonnement plus, à force d’entendre le même discours. « Depuis que je suis petite on réclame ça à Mirereni et on n’a rien. C’est ce qui favorise la délinquance, parce que quand on n’a rien à faire, certains se tournent vers la violence. À chaque élection, les candidats nous promettent un stade et nous n’avons toujours rien », tempête Souraya Souffou, la représentante du lycée de Kahani.

 

Création d’une vidéo contre la violence

 

Pour trouver un écho salvateur, les lycéens ont aussi lancé un projet de vidéo. Le petit film s’intitule « stop à la violence » et il a été initié par les élèves élus au Conseil national de la vie lycéenne qui sont à Mayotte. « On a parlé de notre situation à Mayotte au sein du CNVL et les autres étaient choqués. Ils ont tout de suite voulu nous épauler et ont envoyé des vidéos de soutien », explique Sarah Adam, déléguée de l’académie de Mayotte. Les élèves qui ont participé sont originaire de la métro-pole mais également de l’Outre-mer. Une fois finie, elle sera publiée sur le site du rectorat et sur ceux des autres académies qui souhaitent la partager afin de rendre plus visible la situation de l’île aux parfums.

 

Des collations qui posent problème

 

Le sujet de la collation a aussi été évoqué. Les élèves se sont plaints des sandwichs qu’on leur donne. « Il y a des aliments non identifiés », grimace une élève. L’équipe pédagogique rappelle tout de même que malgré les critiques, des nutritionnistes sont là pour composer ces collations. « Il faut trouver une bonne alternative entre les aliments bons et pas chers pour les familles », propose la dé-léguée académique à la vie lycéenne. D’autres aimeraient bien que les mamans puissent venir préparer les repas dans les établissements. Toute solution est bonne à prendre pour éviter que les élèves quittent les lycées pendant les heures de pause pour acheter à manger. « C’est durant ces moments là qu’on se fait agresser et que les bagarres éclatent », évoque Souraya Souffou, représentante du lycée de Kahani.

Autant de propositions et d’échanges qui sont appréciés par les élèves. « Cela nous aidera à trouver des solutions contre la violence », espère l’élève du centre. « Grâce à cette réunion, on a pu discuter avec les élus des autres lycées et c’est une bonne chose parce que c’est rare qu’on puisse se réunir et parler des problèmes de nos lycées », ajoute Nahed Issilamou, élu au CNVL. Les adolescents ont l’impression d’avoir été entendus, et repartent la tête pleine d’espoir. Le recteur et ses collaborateurs ne sont pas en reste. En quittant la séance, Gilles Halbout tient entre ses mains un carnet noirci par les propositions qui ont émergé de tous ces cerveaux à instruire. « Je retiens pas mal de bonnes idées… Il faut qu’ils échangent entre eux parce qu’il n’y a pas de solutions miracles. Il y a des propositions auxquelles on avait déjà pensé, d’autres qu’on va mettre en place », déroule le recteur de Mayotte. Action, réaction ! L’année scolaire s’achève dans quelques semaines. Gageons que ces idées seront bénéfiques, si ce n’est tout de suite, au moins aux lycéens de l’année prochaine.

Un webinaire pour donner aux jeunes mahorais l’envie d’entreprendre

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* Photo d'illustration

Le 19 mai avait lieu la réunion autour d’une table virtuelle des acteurs économiques de la Réunion et de Mayotte. L’objectif ? Favoriser des échanges entre les entrepreneurs et les institutions afin de valoriser le potentiel mahorais et ainsi encourager la création de réseaux et d’écosystèmes.

Notre but commun est de favoriser la dynamique de réseau, d’être au service du développement de l’emploi. Nous souhaitons identifier les entrepreneurs comme personnes ressources pour qu’ils deviennent des ambassadeurs de leur territoire« , rappelle en introduction Marie-José Karake, chargée du marketing territorial au Département de l’île aux parfums. Les différents acteurs connectés lors de cette visioconférence organisée par la délégation de Mayotte à La Réunion (DMR) souhaitent promouvoir le 101ème département et les travaux mahorais sur le territoire, mais aussi à La Réunion et en métropole.

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Expérience large de la culture de l’océan Indien

 

À l’occasion de cet événement, différents entrepreneurs présentent leur activité. À l’instar de Mariama Baro, à la tête d’un snack sur l’île Bourbon. “J’ai réalisé des études en lien avec la petite enfance et le service à la personne, puis un jour j’ai décidé de me lancer et de monter mon entreprise. Aujourd’hui, je fais découvrir au travers de mes plats la cuisine mahoraise, mais aussi d’autres spécialités réunionnaises afin d’offrir à mes clients une expérience large de la culture de l’océan Indien”, affirme fièrement la jeune femme. De quoi faire saliver de jeunes mahorais, qui auraient l’idée de se lancer dans une aventure entrepreneuriale.

Sitti Batoule Said Ali, fondatrice des entreprises Mayotte développement (MayDev) ainsi que l’agence Inadcom, raconte comment après avoir grandi en région parisienne et réalisé ses études d’expertise comptable en métropole, elle a souhaité revenir à Mayotte et y construire une carrière professionnelle. “J’avais cette soif de rentrer au pays et je me suis tournée vers le monde de l’entreprise. Cela fait neuf ans que j’accompagne, que j’assiste et que j’oriente des entreprises. Je pense que l’entrepreunariat demande une réelle projection, un état d’esprit, une philosophie. Aujourd’hui, je souhaite être actrice du développement de notre territoire et poursuivre mon aventure en installant également MayDev à La Réunion.

 

Un avenir entrepreneurial possible

 

Parti à La Réunion il y a quelques années, Zaidou Assani a décidé de faire le grand saut en 2021 et de créer son entreprise de services dans le domaine du bricolage. “J’ai toujours aimé le travail manuel. Avec mon entreprise Z Services, je réalise des petits travaux à domicile. Mon travail se caractérise par des interventions rapides de deux heures maximum. Je réalise des travaux sur de la plomberie, des boiseries, des terminaux électriques, des serrures, ou encore de la rénovation de peintures. Mes clients apprécient ma réactivité : en une heure je suis chez eux et moins d’une demi-journée après, leurs petits travaux sont réalisés. À terme, je souhaiterais pouvoir financer un fourgon et avoir mon propre atelier mobile de réparation.

Directeur général de la SIM, Mondroha Ahmed Ali salue les initiatives, comme celle de Zaidou Assani, et en profite pour pointer du doigt le manque d’entreprises sur le territoire mahorais, notamment dans le domaine du BTP. “Lorsqu’on lance une opération de construction, on n’a que quelques entreprises qui répondent à nos appels d’offres. Aujourd’hui, il y a un réel besoin de structuration chez les PME. Il faut que les entreprises puissent se développer et embaucher.” En effet, lorsqu’il s’agit de travaux de grande et moyenne envergure, les sociétés sont bien souvent contraintes d’avoir recours à des travailleurs venant de métropole. Par ailleurs, Maymounati Moussa Ahamadi, directrice de la CRES de Mayotte, évoque à ce sujet l’importance de l’Économie Sociale et Solidaire afin de permettre à tout un chacun de bénéficier de la dynamique de l’entrepreneuriat. “On ne peut pas se développer en attendant des investisseurs extérieurs. Il faut créer des entreprises à Mayotte pour répondre aux besoins locaux et ainsi dynamiser le territoire par l’emploi.

Par le biais de ce webinaire, les différents acteurs présents ce jour espèrent inciter les talents et les jeunes mahorais à entreprendre à Mayotte.Et de rappeler l’importance de les informer des opportunités qui peuvent s’offrir à eux sur le territoire du 101ème département français.

Les pirogues : un art qui perdure malgré la modernisation

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A Mayotte, si un grand nombre de pêcheurs ont aujourd’hui des bateaux à moteurs, la pirogue traditionnelle mahoraise, à un balancier, a été pendant longtemps le moyen préféré pour aller pêcher. Et elle a toujours quelques adeptes. La preuve ? On en fabrique encore, dans le nord et le sud de l’île, mais aussi en Petite-Terre.

Vêtu d’un pantalon de survêtement et d’un t-shirt jaune, un homme se penche sur une pirogue pour attacher une cordelette. L’Africain, comme il est surnommé en raison de sa couleur de peau très foncée, se concentre pour fixer le balancier, l’une des dernières étapes de la construction. C’est avec son père que ce Grand Comorien d’origine, arrivé à Mayotte il y a vingt ans de cela, a appris à construire des pirogues, lorsqu’il était jeune. Un art qu’il a su maîtriser avec le temps, sans être pour autant sa vocation première. « Je le faisais d’abord sur mon temps libre, avec un de mes voisins », explique l’homme aux mains marquées par les années et la mer. “Puis les gens ont commencé à me dire qu’ils aimaient quand j’avais travaillé sur leurs pirogues, j’ai donc décidé d’en faire mon métier”. Ce savoir-faire, il l’exerce donc toujours aujourd’hui, à Pamandzi, sur la digue, au plus proche du ressac. Les chanceux peuvent l’apercevoir, les mains occupées à fixer les derniers détails.

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Un business en chute libre

 

C’est que les pirogues se font rares dans les eaux du lagon. « Les Mahorais ont perdu cet amour de la mer et de la pêche », soupire l’Africain, comme résigné. Pour cet amoureux des vieilles choses, la barque en bois de badamier ou de manguier, creusée à même le tronc, surpasse encore toute autre embarcation. L’arrivée en masse des bateaux à moteurs, plus puissants et moins éprouvants pour les bras tannés des pêcheurs, a presque fait couler les ventes de l’africain. Il y a dix ans, l’artisan vivotait tranquillement de sa petite affaire.“Je pouvais en vendre 10 dans le mois ! Aujourd’hui, c’est seulement une ou deux”, compte-t-il, en se remémorant la belle époque. Pas question pour autant, de faire bouger le prix d’un centime : une pirogue vaut toujours 1000 euros. Tout rond !

Bon, il y a bien une chose qui est venue chahuter un peu les habitudes de ce grand nostalgique. La technique. Avant l’arrivée des machines, la construction d’une pirogue prenait environ un mois. Il s’agissait de creuser puis de laisser sécher la résine, à l’air libre, afin de s’assurer que le bois soit bien protégé. Aujourd’hui, une pirogue se fait en moins d’une semaine ! De quoi booster la production. Mais la demande, elle, ne suit pas. La suite du processus n’a pas changé. Une fois la coque et le balancier sec, ils sont fixés entre eux grâce à du fil. L’Africain attrape justement le fil dans ses mains en même temps qu’il parle, mécaniquement, et relie les deux morceaux de l’embarcation. La technique est maîtrisée, répétée des centaines voire des milliers de fois, l’artisan n’a même pas besoin d’y réfléchir, ses gestes sont enregistrés à la perfection.

Quand il s’exprime, c’est la passion qui parle. Même si la construction est bien plus rapide avec les machines, il préfère la méthode traditionnelle. “Les pirogues sont plus résistantes comme ça, avec la méthode d’avant”, assure-t-il. Malgré les difficultés, l’Africain aime profondément son métier et à 50 ans passés, il n’a plus envie de changer. Il pense qu’il pourra toujours trouver des amoureux de la mer. Les vrais, ceux qui préfèrent les douces ondes de la pirogue sur la surface au vrombissement hurlant d’un bateau à moteur.

Le marché couvert Boura Mouta de Tsararano abrite désormais l’hôtel de police municipale

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Ce mardi 18 mai, le maire de Dembéni, Moudjibou Saidi, et le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, ont inauguré l’hôtel de police municipale dans l’enceinte du marché couvert Boura Mouta, situé à Tsararano. Une cérémonie qui s’est soldée par la signature du pacte de sécurité entre la commune et l’État dont l’objectif consiste à renforcer les moyens humains et matériels.

Face à la porte blindée de l’armurerie, le chef de la police municipale, Said Soule, tourne délicatement la clé dans la serrure. Un déclic et s’ouvre alors la caverne d’Ali Baba du nouveau lieu de travail dédié aux forces de l’ordre de la commune de Dembéni. « Chaque agent a son petit casier », précise-t-il au préfet, Jean-François Colombet, présent pour l’inauguration du bâtiment cinq étoiles situé à Tsararano. Avant de sortir une arme de poing et de la tendre au locataire de la Case Rocher. « Fermez les yeux », murmure celui-là à l’égard du Père Bienvenue et du Grand Cadi, en s’emparant du calibre. Une seconde plus tard, le voilà qui se retrouve avec celui du lieutenant-colonel de la gendarmerie, Bruno Fhima, un dans chaque main, à comparer le poids des deux modèles… C’était l’anecdote Far West de ce mardi 18 mai !

Retour en arrière, quelques minutes plus tôt lors de la cérémonie officielle pour le nouvel hôtel de la police municipale de Dembéni, donc. Symbole d’une « promesse de campagne qui voit le jour » aux yeux de Moudjibou Saidi, le maire de la ville, pour qui « les questions de sécurité sont l’une de nos priorités ». Devant le contingent de policiers municipaux, le premier magistrat rappelle les investissements consentis par la municipalité afin de pouvoir exercer leur mission 24 heures sur 24, sept jours sur sept. En ligne de mire : la sécurisation et l’équipement des locaux, dans une aile du marché couvert Boura Mouta, pour la somme de 876.000 euros.

 

Cinq agents supplémentaires d’ici la fin de l’année

 

Organisé au début du mois d’avril, ce déménagement complète surtout la signature du pacte de sécurité, intervenue peu après les prises de parole de la matinée dans la salle de formation flambant neuve. « Que pourrait faire l’État, seul, s’il n’avait pas à ses côtés des élus engagés et des associations attentives ? », s’interroge le délégué du gouvernement pour défendre la nécessité de ce « travail partenarial » et de ces « initiatives de médiation ». Selon lui, si « la délinquance ne s’arrête jamais, nous pouvons y être confrontés de jour comme de nuit », « les rencontres intervillages permettent de montrer que les voisins ont les mêmes problèmes et qualités ».

Ainsi, à travers cette collaboration avec la préfecture, la collectivité s’engage à porter son effectif de 16 à 21 agents d’ici la fin de l’année. En retour ? « Nous avons obtenu une dotation de 65.000 euros pour équiper les policiers », se réjouit Jean-François Colombet. Mais le lot de bonnes nouvelles ne s’arrête pas là. « Nous allons concourir à tous les travaux que vous avez en projet, qui visent à garantir et à améliorer la sécurité des habitants. » Exemples avec l’installation d’une vingtaine de caméras de vidéoprotection sur « des endroits stratégiques » et le branchement de l’éclairage public sur « les zones les plus criminogènes ».

 

Le maire et le préfet, main dans la main

 

Que ce soit dans le discours du maire ou du préfet, que le premier qualifie de « parrain de la commune », la ligne directrice ne change pas d’un iota. « Nous faisons front uni », assure le représentant de l’État dans le 101ème département. « Rien n’est pire que de parler sans rien faire. En inaugurant ces bureaux, nous allons poser un jalon pour nous mobiliser tous ensemble et regagner de la fraternité. » Portée par « l’une des polices les plus efficaces de Mayotte » selon l’état-major de la gendarmerie, Dembéni montre la voie de la tolérance zéro. Même s’il lui reste encore quelques points à peaufiner, comme la formation au tir et la mise en place d’une communication digne de ce nom avec les forces de l’ordre. Qui en coulisse ne cachent pas leur envie ou plutôt leur admiration face à ces conditions de travail.

 

Quelques heures plus tard, c’était au tour de Chirongui de signer le pacte de sécurité

 

marche-couvert-boura-mouta-tsararano-hotel-police-municipaleAprès l’inauguration de l’hôtel de police municipale de Tsararano et la signature du pacte de sécurité avec la ville de Dembéni, le préfet a filé tout droit vers Chirongui pour parapher la même convention avec la municipalité de la commune, « qui va permettre à [vos] efforts de se conjuguer à ceux de l’État ».

De son côté, le capitaine de la police municipale, Cédric Maleysson, a rappelé que cette griffe en bas de page marque un pacte fort mais aussi un travail « main dans la main » des deux acteurs afin de lutter contre l’insécurité et la violence sur le territoire mahorais. « Le pacte de sécurité se traduit concrètement sur le terrain par plus de présence, plus d’effectifs, de plus grandes plages horaires et un armement des forces de police municipale. »

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes