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Licenciement « abusif » à la mairie de Tsingoni : un employé administratif fait un recours devant la justice

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Depuis son refus de soutenir le maire de Tsingoni, Mohamed Bacar, à l’occasion des élections municipales de 2020, Daoud Haoussidine, adjoint administratif en poste dans la commune depuis 2005, vit une véritable descente aux enfers. Au point de recevoir une lettre de radiation le 20 novembre pour abandon de poste. L’agent tente de faire lumière sur cette affaire et vient de saisir le tribunal administratif dans le but d’annuler cette décision.

Derrière son masque blanc et son imposante carrure, Daoud Haoussidine cache une tristesse profonde. Voire même encore quelques signes d’une dépression, stigmates de cette dernière année bouleversante. « Cette radiation est abusive… Pourquoi ? Parce que je n’ai pas voulu rentrer dans son jeu », indique-t-il, d’un air désabusé. Dans sa ligne de mire : les pratiques du maire Mohamed Bacar lors des élections municipales de l’an dernier.

Tout commence le 14 janvier 2020 avec la réception d’un courrier l’accusant d’absentéisme depuis décembre 2019, suivie du non-versement de ses primes. Ce à quoi s’ajoutent trois arrêtés en date du 12 mai, du 15 juillet et du 28 octobre : le premier pour l’affecter aux services techniques sans aucune procédure disciplinaire ; le second pour geler sa rémunération ; le troisième pour le virer, purement et simplement (un arrêté du 20 novembre officialise sa radiation à la préfecture pour abandon de poste). « Harcèlement, suspension de salaire, puis radiation », résume-t-il, la gorge nouée. Une véritable descente aux enfers qui s’explique pour une raison simple, selon Daoud Haoussidine. Dans son dossier adressé le 28 avril 2021 au président du tribunal administratif, l’ancien fonctionnaire relate des intimidations avant le premier tour ainsi que le 17 mars lors de réunions privées et la promesse d’une grosse somme d’argent (8.000 euros) en cas de révision de sa position. « Le DRH me mettait la pression : soit je servais la cause du maire sortant, soit j’étais mis à pied. »

 

Déçu par Mohamed Bacar

 

Soutien de poids de Mohamed Bacar lors de sa première élection en 2014, Daoud Haoussidine se rend compte au fur et à mesure du mandat « qu’il n’était pas à la hauteur » des responsabilités qu’exige une mairie. Entre un « déficit » abyssal, plusieurs fois pointé du doigt par la cour des comptes au cours des dernières années, et le recours à des « emplois fictifs », il décide de soutenir un autre projet politique en 2020. « Si des choses ne vont pas dans la commune, j’ai le droit de donner mon avis en tant qu’administré », fait-il valoir pour défendre sa position. Et, selon lui, d’autres personnes se trouvent dans le même cas que lui, à l’instar de l’ancien directeur du centre communal d’action sociale démis de ses fonctions car « sa femme était candidate dans une liste d’opposition ».

Aux yeux de Daoud Haoussidine, trop c’est trop. « Cette mentalité est inadmissible. Il faut changer cela, nous ne vivons pas dans une République bananière. Si nous n’allons pas dans leur sens, nous sommes pénalisés ! », s’insurge-t-il. Après avoir « seulement reçu sa lettre de décharge le 12 avril », le quadragénaire espère voir que la justice fera son travail. Et si le tribunal lui donne raison, il compte bien retourner travailler à la mairie, pour reprendre un train de vie normal. « Elle n’appartient pas à Mohamed Bacar », conclut-il. Prêt à en découdre !

Joint par téléphone, le maire de Tsingoni, Mohamed Bacar, n’a jamais donné suite à nos sollicitations.

“Un réseau ferroviaire à Mayotte : un projet sur les rails ?”

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* Photo d'illustration

Une centaine de personnes étaient réunies ce mardi 4 mai au Lycée des Lumières de Kawéni pour la première conférence portant sur le projet d’un réseau ferroviaire à Mayotte. Deux experts de Capgemini étaient présents afin de présenter l’étude préalable de treni bile ou train bleu.

Le treni bile n’est pas une simple annonce, mais un projet réfléchi.” affirme la vice-présidente, Fatima Souffou, chargée des infrastructures et des transports de Mayotte. L’entreprise Capgemini, géant du transport ferroviaire mondial, a réalisé à la demande du Département une étude préalable à l’implantation d’un réseau ferré sur l’île aux parfums. Afin de connaître et de concevoir un projet réalisable et viable à Mayotte, leurs experts ont travaillé sur différents domaines. “Nous avons d’abord étudié la demande, pour comprendre pourquoi et à quelles conditions l’insertion du train est possible à Mayotte. Nous avons ensuite mis en place une équipe pluridisciplinaire et intégré les équipes du CD dans les échanges techniques. Enfin, nous avons réalisé une synthèse technique ainsi qu’une maquette virtuelle pour évaluer la faisabilité du projet et projeter un chiffrage de celui-ci”.

 

Mais alors pourquoi un train à Mayotte ?

 

Les représentants de Capgemini ont détaillé comment le treni bile pourraient offrir aux Mahorais un nouveau moyen de transport “performant” qui offre “sécurité, rapidité et fiabilité« . “Si nous considérons l’aspect économique, le train est multi utilisateurs, petits et grands peuvent profiter de ce moyen de transport simple d’accès. De plus, il peut également permettre le transport des marchandises, notamment entre le port de Longoni et le reste du territoire mahorais”, explique Olivier Mériot, l’un des experts présents en visioconférence depuis Toulouse. Avant de continuer à énumérer les aspects positifs d’un réseau ferroviaire pour Mayotte. “Par ailleurs, la création d’une voie ferrée permettrait un rééquilibrage et une valorisation du territoire. Il desservirait à la fois les écoles et les lieux de vie des Mahorais qui n’auraient plus besoin de prendre leur voiture pour se déplacer”.

“Deux boucles pour parcourir Mayotte”

Le cabinet d’expertise de Capgemini a également présenté un premier tracé de ce qui pourrait être le futur réseau ferré mahorais. Deux grandes boucles devraient desservir le territoire d’Est en Ouest et deux plus petites donneraient accès au Nord et au Sud de l’île. Un tracé hypothétique pour l’heure qui permettra aux responsables du projet de décider de la nécessité de construire des ouvrages, tels que des viaducs ou des tunnels. Deux gares multimodales devraient également voir le jour et faire le lien entre les réseaux ferroviaire et maritime et les transports en commun.

“Les conclusions de l’étude préalable”

D’après l’étude préalable réalisée par Capgemini, la topographie du territoire mahorais ne comporte “pas d’obstacles techniques identifiés”. Selon David Pontal et Sébastien Nicolaut de chez Capgemini, “ce projet s’élèverait à 1,7 milliard d’euros selon la première estimation financière”. Un investissement important pour le 101ème département français mais qui permettrait un gain de temps considérable pour les Mahorais et un désengorgement pérenne des axes routiers.

Projet de loi Mayotte : “Nous ne pouvons plus être la sous-région de La Réunion”

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Ce lundi 3 mai au lycée des Lumières de Kawéni avait lieu le séminaire de lancement du projet de loi “Mayotte”. Les représentants institutionnels présents ce jour sont revenus tour à tour sur les problématiques inhérentes au territoire mahorais. Le député Mansour Kamardine n’a quant à lui pas caché sa lassitude concernant la dépendance de l’île aux parfums vis-à-vis de sa voisine réunionnaise.

Mayotte est aujourd’hui dos au mur, l’État n’a pas à choisir ce qui est bon pour nous. Il faut que les Mahorais saisissent cette opportunité d’être entendus et que les choses avancent.” À l’occasion du lancement de la consultation pour le projet de loi Mayotte, le parlementaire Mansour Kamardine a rappelé que “l’égalité sociale” demeure pour lui un enjeu central à Mayotte. Afin de travailler sur cette thématique deux délégués choisis par la préfecture seront chargés de recenser les propositions traitant de « l’égalité des droits sociaux”. Leur objectif ? Le rattrapage général des cotisations sociales avec un alignement de celles-ci avec la métropole à l’horizon 2036. Une promesse qui ne date pas d’hier. En effet, dix ans après la départementalisation du territoire, de nombreuses divergences subsistent encore entre les prestations sociales en métropole et celles à Mayotte.

 

Traduire ce projet en article de loi

 

Nous sommes le ministère qui connaît le mieux les spécificités des territoires ultramarins. Nous sommes ici pour jouer un rôle d’avocat et convaincre les autres ministères. À terme, notre mission sera de traduire ce projet en article de loi.” Par ces mots, la directrice générale des Outre-mer, Sophie Brocas, affiche sa volonté d’agir pour l’avenir de Mayotte et de défendre les intérêts des citoyens de l’île. Pour rappel, le projet de loi “Mayotte” s’articulera autour de quatre autres thématiques : la sécurité et l’immigration, le développement accéléré du territoire, la jeunesse et l’insertion et le renforcement du conseil départemental. “Tout remontera à Paris, il y aura un énorme travail de synthèse.” Jean-François Colombet, préfet de Mayotte, s’engage avec ses collaborateurs à prendre en compte chaque idée, chaque projet, chaque proposition formulée par les citoyens du 101ème département…

À la suite de la proposition minimaliste du gouvernement d’ouvrir un seul créneau par semaine à la compagnie aérienne Air France à destination de Mayotte, celle-ci rebrousse finalement chemin. Selon le député Mansour Kamardine, encore une fois, l’État se plie aux désidératas de La Réunion et condamne Mayotte à devenir le seul département français à ne pas être desservi par la compagnie nationale. “Il y en a marre. Nous ne pouvons plus être la sous-région de La Réunion.” Reste à savoir si les habitants s’exprimeront en masse au cours de la concertation qui doit s’étaler jusqu’au 21 mai.

Rétrospective : La doyenne de France serait Mahoraise

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Originaire de Passamaïnty, Tava Colo serait la doyenne des Français, à près de 115 ans. En effet, d’après sa carte d’identité, la « coco » est née le 22 décembre 1902. Elle détrônerait ainsi la dernière doyenne de France connue, Honorine Rondello, née en 1903.

Dans l’une des coquettes maisons à l’entrée du village de Passamaïnty réside celle qui serait la doyenne des Français à bientôt 115 ans, Tava Colo. À l’intérieur, une quinzaine de personnes, de toutes générations, grands-mères, jeunes femmes et enfants m’accueillent chaleureusement.

Quand je demande combien d’enfants, de petits-enfants, d’arrière-petits-enfants, d’arrière-arrière-petits-enfants Tava Colo a eu, les femmes de la famille se mettent à compter sur leurs doigts, s’interpellent, rient, rectifient des oublis. Nous finissons par sortir un carnet et un stylo et notons de complexes ramifications généalogiques. Le résultat en vaut la chandelle : 2 filles, 9 petits-enfants, 40 arrière-petits-enfants et 53 arrière-arrière-petits-enfants. Avant de m’emmener dans la chambre où Tava Colo se repose, sa famille brosse un rapide portrait de celle qui serait l’aînée des Français : originaire de Passamaïnty où elle a vécu toute sa vie, Tava Colo a eu deux filles, aujourd’hui décédées, de son premier mari. Elle a été mariée plusieurs fois et aurait congédié les époux qui ne s’entendaient pas avec ses enfants.

Mais c’est évidemment la principale intéressée qui raconte le mieux. De son lit médicalisé, la doyenne décrit sa vie passée aux champs, à la pêche, à faire la lessive dans la rivière et à s’occuper de sa famille. Quand on lui demande ses secrets de longévité, l’auguste dame répond simplement qu’il faut être respectueux de tous, petits et grands, et qu’il est important de prendre soin de soi, d’être toujours très propre. « Ah ça oui, quand elle pouvait encore bouger toute seule, elle passait des heures dans la salle de bains », taquine très gentiment l’une de ses petites-filles.

Son souvenir le plus marquant ? Ce jour où elle a été déchue de son rôle de chef de village pour être allée au mariage d’un de ses petits-fils qui épousait une « serrez-la-main ». Mais Tava Colo ne regrette rien car pour elle, la famille est sacrée, bien au-delà des clivages idéologiques.

De manière générale, Tava Colo trouve que Mayotte a changé. « Avant, il n’y avait pas toutes ces tensions et les gens vivaient du strict nécessaire », remarque-t-elle.

En attendant, la « coco » est la mémoire du foyer, du village, voire de l’île. « À chaque fois qu’une copine vient à la maison, Tava nous raconte qui c’est et quel lien de parenté on a avec elle ! On a ainsi découvert qu’on avait de la famille jusqu’à Choungui, par exemple », s’amuse l’une de ses petites-filles. Tava Colo est l’une des rares femmes de Mayotte à faire des liens là où plus personne n’en est capable. Une véritable mémoire de l’île dont Mayotte peut être fière.

À la suite de son décès ce samedi 1er mai 2021 à l’âge de 118 ans, nous vous partageons un article publié sur elle dans le Mayotte Hebdo du 20 octobre 2017.

Jusqu’à 12 ans de réclusion criminelle pour les auteurs d’un caillassage visant le second de la gendarmerie

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Quatre ans après l’attaque qui a bouleversé sa vie, le lieutenant-colonel Olivier Pech, atteint gravement au visage, a obtenu justice devant la cour d’assises pour mineurs. Les deux accusés considérés comme les auteurs principaux de son agression ont écopé de 12 et 10 ans de prison ferme.

Les nombreux gendarmes présents ce lundi soir, en service comme en soutien, arborent le même sourire satisfait. Après quatre jours de procès “très denses”, et surtout quatre ans de reconstruction, le lieutenant-colonel Olivier Pech, commandant en second de la gendarmerie de Mayotte en 2017, a enfin obtenu justice. La cour d’assises pour mineur a prononcé des peines sévères pour les individus impliqués dans un caillassage, qui avait gravement blessé le militaire au visage : entre quatre mois et 12 ans de réclusion criminelle. “Je confirme la dimension thérapeutique de cette étape, ce ne sont pas des paroles toutes faites : le procès participe à cette reconstruction”, a insisté le militaire à la sortie de l’audience, entouré par ses proches venus spécialement à Mayotte pour assister aux audiences, qui se déroulaient à huis clos.

Le n°2 de la gendarmerie ne cachait pas son appréhension à l’idée de reposer le pied sur le sol mahorais, quatre ans après cette nuit fatidique, où il avait été blessé lors d’un caillassage en Petite-Terre. L’attaque avait eu lieu dans la nuit du 13 au 14 mai 2017. Après ce qu’il appelle “un périple anti-gendarmes”, où des bandes de jeunes avaient visé plusieurs lieux symboliques des forces de l’ordre, le lieutenant-colonel Olivier Pech, appelé en renfort, est à son tour pris à partie alors que le calme semblait revenu. Ciblé par des jets de projectiles, le militaire reçoit un pavé de près d’un kilo au visage. Transporté en urgence au centre hospitalier de Mayotte avec un traumatisme crânien, il est par la suite évacué vers La Réunion. Aujourd’hui encore, l’officier n’a pas retrouvé l’usage complet de son œil droit, dont l’acuité visuelle a diminué de moitié.

“Il faut qu’ils voient cela comme une dernière chance”

Pour son avocate, Maître Pauline Ragot, “la justice a pris la mesure de l’extrême gravité des faits commis par les deux auteurs principaux dans ce dossier”. Le meneur présumé a écopé de 12 ans de réclusion criminelle et d’une interdiction définitive du territoire français. Son complice, dont on a retrouvé des traces ADN sur le projectile qui a atteint le visage du lieutenant-colonel, prend 10 ans. En tout, huit accusés figuraient initialement dans le dossier, mais deux n’ont pas pu être jugés par la cour d’assises des mineurs : l’un, âgé de 13 ans au moment des faits, a été renvoyé devant le tribunal pour enfants, l’autre n’était pas apte psychologiquement à comparaître. Les autres s’en sortent avec des peines de quatre mois et un an de réclusion. “Il faut qu’ils voient cela comme une dernière chance, et qu’ils ne se fassent pas guidés par des mecs comme Foras et Bonobo (les surnoms des deux leaders présumés, NDLR), qui sont des cancers”, a souligné Olivier Pech.

Si l’enquête avait initialement été ouverte par le parquet de Mayotte pour tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique, c’est finalement le chef de “violences volontaires avec guet-apens ayant entraîné une ITT (incapacité temporaire de travail) supérieure à huit jours avec usage ou menace d’une arme sur personne dépositaire de l’autorité publique”, qui a été retenu. Les accusés risquaient jusqu’à 15 ans de prison. Après cette condamnation au pénal, reste désormais la partie civile, qui doit avoir lieu en juin pour statuer sur la réparation du préjudice. La famille du lieutenant-colonel Olivier Pech s’est constituée partie civile.

Mayotte, orpheline de son IRM pendant un mois

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À la suite d’un accident, l’image par résonance magnétique, plus connue sous l’acronyme IRM, est hors service depuis le 24 avril. Et cela pour une durée d’encore au moins deux semaines. Cette situation démontre la nécessité d’obtenir une seconde machine dans les plus brefs délais. Et pose aussi la question de la prise en charge des patients durant ce laps de temps.

Samedi 24 avril. Une procédure de désaimantation d’urgence a entraîné un « quench », ou plutôt un dégazage instantané de l’hélium liquide. Endommagée, l’IRM se retrouve depuis hors service, et ce pour une durée de quatre semaines, le temps de recharger le superfluide. « Ce sont des choses qui arrivent », relativise le docteur Saïd Soimihi Abdallah, le médecin radiologue gérant du centre d’imagerie médicale maorais, vacataire privé de la machine hébergée par l’hôpital depuis 2012. « Nous sommes en train de faire intervenir Philips pour le dépannage, mais cela prend du temps en raison de la distance qui nous sépare de l’Europe. » Pour une source proche du dossier, cet « accident » serait dû à « une erreur humaine lors de l’installation d’un patient de réanimation ». Plus de peur que de mal, aucune victime n’est à déplorer alors que le pousse-seringue magnétique attiré par l’aimant aurait pu causer un drame. « Nous avons évité un mort de justesse », poursuit-elle.

Se pose aujourd’hui la question de la prise en charge des patients d’oncologie. Quid alors de la recherche de métastases osseuses, de l’IRM cérébrale de contrôle, de tous les cancers du col utérin ou de l’ovaire qui nécessitent au diagnostic et lors de leur suivi une IRM pelvienne ? Sans compter les retards dans certaines pathologies et le manque de précision pour certains types d’accidents vasculaires cérébraux. Face à cet aveu d’impuissance, l’option la plus adéquate durant ce laps de temps serait d’avoir recours à des évacuations sanitaires vers La Réunion, qui détient 15 machines installées. Une nouvelle manière de mettre en exergue la différence de développement entre les deux territoires ultramarins.

 

Une deuxième IRM dans les cartons ?

 

En guise de réponse, le docteur Saïd Soimihi Abdallah dit actuellement constituer un dossier auprès de l’agence régionale de santé (ARS) pour « en obtenir une seconde dans le but d’éviter ce genre de désagrément ». Seul problème à ses yeux : « Nous n’avons pas beaucoup de personnes solvables sur le territoire pour l’entretenir ». Le cas échéant, l’idée sera probablement d’arrêter ce consortium privé-public, entre le centre hospitalier de Mayotte et le centre d’imagerie médicale maorais. De son côté, Thierry Pelourdeau, le chef du pôle médico-technique de l’hôpital, assure également travailler d’arrache-pied depuis près de dix ans avec la direction à cette possibilité pour faire face aux procédures longues et à l’accueil toujours plus massif de blessés. En vain pour le moment…

Le prix d’achat serait estimé entre un et deux millions d’euros. Une hérésie lorsque l’on sait que le CHM repose sur des dotations globales et bénéficie donc de davantage de marges de manœuvre que ses confrères métropolitains. « Encore faut-il que le projet soit porté efficacement par des administratifs, qui partent au bout de deux ans, et des élus locaux, qui jouent tout sauf la carte de l’unité… », déplore toujours cette même source. Hormis les maintenances d’une journée par an (la dernière en date remonte au 21 mars 2021), l’usure des pièces ou les casses, le pôle médico-technique vit sa première panne dite de longue durée depuis la mise en service de l’IRM en avril 2012. Toujours est-il que ce malencontreux incident coûte la bagatelle de 300.000 euros. Et quelques cheveux blancs au personnel soignant…

Police nationale : premier speed-recruiting pour les services civiques à Mayotte

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Ce lundi 3 mai était organisé pour la première fois à Mayotte et en France, un “speed-recruiting” entre plusieurs employeurs de l’île et les jeunes ayant fait un service civique au sein de la police nationale. Une manière efficace de chercher un emploi, ou de rencontrer des employeurs potentiels. Ils étaient tous réunis au lycée des Lumières.

Une quinzaine de tables, organisées comme dans un restaurant un jour de Saint-Valentin. Pourtant, ce ne sont pas des couples qui vont s’installer, mais des employeurs et des futurs employés. Ils sont 80, arborant fièrement leurs t-shirts “service civique – police nationale”, à avoir rejoint le réfectoire du lycée ce lundi matin, pour passer un ou plusieurs entretiens. Comma Ania*, ils viennent tout juste d’obtenir leur attestation, après un an de service dans les rangs des forces de l’ordre. “J’ai laissé mon CV à trois employeurs déjà, ils ont dit qu’ils me rappelleraient”, raconte timidement la jeune fille, pas peu fière d’avoir taper dans l’œil de certains recruteurs.

Ce speed-recruiting permet aux “jeunes services civiques de la police nationale de trouver un tremplin dans le monde du travail”, explique Thierry Lizola, responsable du bureau partenariat et prévention au sein de la police de Mayotte. Si une dizaine de jeunes a pu intégrer directement la police nationale en passant les concours, d’autres travaillent maintenant au rectorat. “Beaucoup de vocations se dessinent à travers ce service civique”, sourit Thierry Lizola. Mais certains se retrouvent aussi le bec dans l’eau, en raison du contexte sanitaire plutôt défavorable. D’où l’idée d’organiser cet événement et de créer des opportunités de premier choix pour ces jeunes mahorais.

 

Des employeurs dans tous les secteurs

 

Une trentaine d’employeurs, de Sodifram à Total en passant par Célio étaient présents. CV en main, les jeunes issus du service civique se sont armés de courage pour faire valoir leurs compétences. Pendant leur service, ils ont acquis rigueur, ponctualité mais aussi responsabilité ! Et comme la police a eu confiance en eux, les employeurs sont donc plus enclins à le faire eux aussi. Pour Adil*, le choix est vite fait. “Je suis passé à Douka Bé, à Sodifram et à Total. J’espère avoir Total !”, dit-il tout bas pendant qu’il fait la queue devant un nouveau bureau. Selon lui, c’est une chance d’être là : il n’aurait jamais eu accès à ces entretiens s’il n’avait pas, à la base, pu intégrer ce service civique.

Ania est elle aussi ravie. “C’est à toi de choisir qui tu veux aller voir, ensuite tu fais la queue et tu y vas”, déroule-t-elle. “Il va être 11h, je suis là depuis trois heures ! C’est long”, se plaint-elle en rigolant. Ils sont encore une trentaine d’attendre patiemment et ont tous bon espoir de ne pas repartir les mains vides. Plusieurs promesses d’apprentissage et d’alternance sont déjà avancées. Les masques ne cachent pas les yeux rieurs de ces anciens services civiques, profitant de leurs derniers instants tous ensemble. Thierry Lizola affiche lui aussi son plus grand sourire. Le dispositif sera reconduit l’année prochaine, il vient de l’apprendre de la bouche de Laurent Simonin, le directeur territorial de la police de Mayotte. Une nouvelle qui vient souligner le succès de l’opération, même si le nombre de jeunes qui auront un emploi n’est pas encore connu. “Mobiliser les employeurs, c’est déjà une réussite”, conclut Thierry Lizola.

Candidat à la présidence du Département, Issa Issa Abdou brigue la continuité

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Actuellement 4ème vice-président du conseil départemental, Issa Issa Abdou souhaite renouveler ses engagements avec le Département en montant d’un cran. Il vise cette fois-ci la présidence avec des projets ambitieux pour le développement du territoire. Autoproclamé candidat du parti MDM progressiste, il souhaite mettre de côté les divisions politiques et rassembler tout le monde autour d’un projet commun pour Mayotte.

Flash Infos : Vous êtes 4ème vice-président du Département, chargé de l’action sociale, de la solidarité et de la santé. Quel bilan faites-vous de votre mandature ?

Issa Issa Abdou : Que de chemin parcouru ! La lucidité commande de ne pas dire que nous avons tout réussi parce que nous ne réussissons pas complètement dans le social, les enjeux sont colossaux. Il y a beaucoup à faire, mais nous pouvons nous réjouir d’avoir mis en place tout ce que nous avons réussi à faire. S’agissant de l’aide sociale à l’enfance par exemple, nous avons renforcé les familles d’accueil, nous sommes passés d’une centaine au double aujourd’hui. Nous avons aussi crée des lieux de vie et d’accueil à travers les associations, nous avons créé les maisons d’enfants à caractère social (MECS) qui n’existaient pas jusque-là. En matière de PMI, nous av ons favorisé leur montée en puissance, et nous avons engagé la construction de 11 PMI et d’un centre médico-social. On nous reproche même de trop en faire, mais pour moi c’est un compliment. L’action sociale c’est aussi ce que nous avons fait pour les personnes âgées, à l’exemple des services d’aide à domicile et bien d’autres projets. Dans mon canton, nous avons fait des choses aussi, je pense aux deux routes agricoles de Mavigoni sous les hauteurs de Dembeni, au travail que nous avons fait en commun avec les maires, etc.

FI : Pour quelles raison avez-vous décidé de briguer la présidence du Département ?

I. I. A. : J’ai la naïveté de penser que nous pouvons continuer le travail commencé. Je considère qu’avec le président Soibahadine, en six ans, nous avons créé les conditions de développement de ce territoire. Il faut en finir avec le zapping politique permanent, il faut jouer la continuité lorsque nous le méritons. Il faut avoir le temps de poser les choses, en une mandature nous n’avons pas le temps de tout faire.

FI : Avec cette campagne, n’est-ce pas un moyen de tester votre popularité en vue des échéances électorales ?

I. I. A. : Croyez-moi, ce n’est pas une ambition personnelle. Je suis convaincu, avec des amis, qu’il faut préparer l’avenir. Nous avons un projet pour Mayotte, une vision pour ce territoire. Nous avons une vision de gouvernance qui va impliquer la population, les collectifs des citoyens, un conseil de sages, un conseil de jeunes, faire en sorte que ces outils de démocratie vivent. De la même manière, je pense qu’il faudra trouver un espace pour que l’ensemble des élus de ce territoire, les maires, les conseillers départementaux, se retrouvent lors des grandes décisions avec comme chef de file, le président du Département. Là nous pourrons parler au nom des Mahorais.

FI : Le Département consacre la plus grosse enveloppe de son budget au social. Allez-vous continuer dans cette lancée si vous êtes élu ?

I. I. A. : Nous avons mis un accent très fort sur le social, il faut continuer parce que tout n’est pas fait, notamment sur la question de la convergence et de l’alignement des droits sociaux. Nous ne sommes pas des sous-Français, nous ne sommes pas un sous-département français, donc la bataille doit continuer en ce sens. Mais la prochaine mandature sera surtout consacrée à tout ce que nous n’avons pas fait pendant les six ans qui viennent de s’écouler, c’est-à-dire le volet régional. La double loi de 2010 considère Mayotte comme un département mais aussi une région. L’autre volet région doit être développé, parce que nous exerçons les compétences, sans les moyens. C’est la région qui aménage le territoire et cela permettra de donner le coup de fouet au développement de Mayotte..

FI : Quels seront les projets qu’il faudrait développer en urgence au sein du Département ?

I. I. A. : La première urgence est d’en finir avec les embouteillages, je veux que cela soit un curseur important de la prochaine mandature. Ces embouteillages sont indignes d’un département français. Le contournement de Mamoudzou par le haut est une priorité absolue. Nous devons également faire la route entre Petite-terre et Grande-Terre. Les amoureux de la barge auront toujours la possibilité de la prendre, mais ceux qui veulent aller vite doivent avoir une autre alternative. La gare maritime d’Iloni est un projet qui me tient aussi à cœur et qui n’a pas vu le jour. Si nous voulons que ces projets aboutissent, il faut assurer une continuité.

Mayotte doit également intégrer l’espace Schengen pour en finir avec les séjours « made in Mayotte ». Ainsi, ceux qui ont un titre de séjour ici pourront circuler partout sur le territoire national et nous pourrons alors désengorger l’île. Sans oublier la circulaire Taubira : nous devons la faire jouer et permettre aux mineurs isolés d’être envoyés ailleurs. Mais nous ne pouvons pas oublier l’éducation et la formation, notre meilleur atout. J’adore l’idée des cordées de la réussite. Faire en sorte qu’un enfant de Mayotte, issu d’un milieu modeste, puisse viser les plus grandes écoles et lui garantir un emploi. C’est pour moi le rêve mahorais. Il faut aussi nous interroger sur les métiers de demain pour former utile et garantir un travail aux personnes formées.

Nous devons aussi aider les agriculteurs mahorais à produire plus, à écouler leurs produits, à les transformer, c’est ce qui nous permettra d’assurer une autonomie alimentaire. Il faut que le Département accompagne les agriculteurs et les pêcheurs pour que nous consommions local, tout en travaillant avec les pays de la région. Nous ne pouvons pas non plus passer à côté de l’insécurité. La question de la sécurité au sens stricte est une compétence de l’État, mais au sens large c’est la responsabilité de tout le monde. Beaucoup de caractéristiques entrent en jeu et nous pouvons développer un vrai pacte avec des partenaires. Je n’ai pas peur de dire que l’insécurité a un lien direct avec l’immigration clandestine.

FI : Vous considérez être membre du MDM progressiste alors que le MDM classique vous renie. Quelle est finalement votre couleur politique ?

I. I. A. : Je suis Mahorais, mon parti c’est Mayotte, c’est la meilleure couleur politique qui soit. Hassani Abdallah m’a investi, j’en suis honoré et heureux mais nous ne nous arrêtons pas à cela. Je veux rassembler le plus largement possible. Nous devons en finir avec les chapelles parce que c’est contre productif. J’appelle au rassemblement le plus large. C’est Mayotte qui doit être mis en avant.

Lycéen poignardé en Petite-Terre : les élèves crient leur colère devant les grilles

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Les lycéens et une partie des enseignants de l’établissement scolaire de Pamandzi ont à leur tour manifesté leur ras-le-bol vendredi, après l’agression, grave mais non fatale fort heureusement, d’un camarade de classe jeudi dernier, à la sortie des cours. Empêchés de sortir dans les rues de la commune, les élèves ont fait part de leur mécontentement devant les grilles.

Libérez, les élèves ! Libérez, les élèves !” Il est près de 10h ce vendredi en Petite-Terre et une foule se presse des deux côtés des grilles du lycée de Pamandzi. À l’intérieur, le gros des troupes patiente les bras croisés, l’air un peu las. Mais côté rue, les lycéens venus prêter mains fortes à leurs camarades entonnent des slogans au son du reconnaissable tamtam frappé sur le couvercle d’une poubelle. “Ils ne veulent pas les laisser sortir, alors que nous, on voulait aller manifester à la mairie de Labattoir et de Pamandzi”, explique Nazlie, une élève de seconde.

La raison de cette mobilisation, à la veille des vacances ? L’attaque, la veille, d’un des leurs, poignardé au thorax alors qu’il sortait de cours, jeudi vers 16h. “On en a marre, ce n’est pas la première fois… Leur discours, c’est juste de nous dire d’aller en cours et de trouver nous-mêmes des solutions. Mais quand on sort, on se fait tuer !”, déverse l’adolescente en colère, aussitôt approuvée par les hochements de tête énergiques de ses camarades.

 

Attendu à la sortie des cours

 

D’après la petite troupe, “Gaga”, élève en Terminale au lycée de Petite-Terre sortait tout juste de l’établissement quand il a été poursuivi par ses agresseurs. Lesquels l’attendaient visiblement à la sortie des cours. D’après le proviseur Didier Piolat, l’attaque s’est déroulée à une centaine de mètres du lycée. Lundi, le même jeune homme avait déjà reçu un coup de couteau, plus superficiel, dans le dos. Ce jeudi, il finira sa course au bloc, où il sera opéré en urgence. Son état était stable vendredi, d’après nos informations.

Reste que l’attaque a fait l’effet d’une goutte d’eau pour le lycée de Petite-Terre, après les décès de deux lycéens, Miki et Momix, à une semaine d’intervalle, les 9 et 15 avril dernier. “Ils viennent et ils attendent à la sortie du lycée. C’est ce qu’ils font tous les jours. On veut du changement !”, tambourine Maïssa, une élève de première. Dans son viseur : les forces de l’ordre, présentes “là, pour nous empêcher de sortir et faire semblant de faire la sécurité”, mais “jamais quand il y a des bagarres”.

 

Souvenir d’un weekend macabre

 

Sur ce petit morceau du département, ces agressions successives ont aussi ravivé le souvenir encore brûlant des violents affrontements entre La Vigie et Cetam, qui avaient provoqué la mort de trois personnes en janvier. “C’est pas que les gars qui sont dans des bandes qui se font tuer”, souligne Nazlie. “Quand il y a de la violence, soyez avec nous ! On a fait une minute de silence quand le jeune a été décapité”, renchérit avec une pointe d’amertume Maïssa, en référence au meurtre de Steven, tué d’un cou de couteau sur la gorge, lors de ce week-end sanglant.

 

Les enseignants débrayent, les élèves suivent le mouvement

 

Ce vendredi, “Bassi Ivo” était donc une fois de plus le maître mot, pour la quatrième fois au moins, en l’espace d’un petit mois. À l’origine, c’est un petit débrayage des enseignants, de 45 minutes, qui a donné le go de cette nouvelle matinée de mobilisation, à 7h. Une initiative suivie par une cinquantaine d’enseignants, confirme le proviseur Didier Piolat. “Moi, personnellement, en tant qu’enseignante, j’ai été choquée par cette agression, donc j’ai refusé de prendre mes élèves. En dix ans, c’est la première année où je ressens une telle tension”, explique une enseignante entre deux barreaux de fer.

Par la suite, des élèves, menés par leurs délégués, ont organisé un sit-in dans l’enceinte de l’établissement. “Certains se sont alors un peu agités, et ils ont fait pression pour sortir”, explique une autre professeure. C’est à ce moment-là que le principal a pris la décision de fermer les grilles. En tout, environ 400 élèves ont donc attendu patiemment la fin officielle des cours, à 11h05 pour s’échapper dans la nature. “En tant que responsable, je me dois d’assurer la sécurité des élèves, donc nous n’avions pas l’intention de les laisser sortir”, justifie le responsable, qui a proposé d’organiser une réunion avec les élèves, les parents, les enseignants et la gendarmerie, le mardi de la rentrée, à 16h.

Transport scolaire à Mayotte : « Nous ne partons pas au travail mais à la guerre »

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Vendredi dernier, les chauffeurs de bus scolaires ont une nouvelle fois usé de leur droit de retrait la veille des vacances scolaires. Leurs conditions de travail qui ne s’améliorent pas les ont poussés à prendre cette décision même si cela a un impact sur la scolarité des élèves. Beaucoup de jeunes n’étaient pas au courant du mouve-ment et se sont retrouvés démunis.

5h30, au point de ramassage scolaire de l’amphidrome à Mamoudzou, les élèves commencent à s’impatienter. Leurs bus ont quelques minutes de retard, et aucun ne se montre à l’horizon. « Ce n’est pas normal », dit un lycéen en secouant la tête. Les spéculations vont bon train, les jeunes s’interrogent entre eux et très vite, ils comprennent qu’aucun véhicule scolaire ne les emmènera jusqu’à leurs établissements scolaires respectifs ce vendredi 30 avril. Tous ignoraient l’information, une situation qui les exaspère particulièrement dans ce contexte tendu, où les élèves sont les cibles d’actes de barbarie. « Je ne comprends pas pourquoi nous n’avons pas été prévenus. Normalement, ils le di-sent partout dans les journaux et là, ce n’est pas le cas. Et si on se fait agresser dans la rue ? », s’agace Riziki, une lycéenne. Elle est particulièrement inquiète puisqu’elle est originaire de Doujani, une circonstance aggravante selon elle. « On sait tous ce qu’il se passe [là-bas] », ajoute-t-elle, sans en dire d’avantage. Riziki n’a pas voulu prendre de risque alors elle a pris un taxi depuis chez elle jusqu’au point de ramassage de Mamoudzou à côté des quais de la barge. Mais les quelques sous qu’il lui reste en poche ne lui permettent pas d’en prendre un deuxième. Elle décide donc de continuer son chemin à pieds jusqu’au lycée des Lumières.

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Un groupe d’une dizaine d’adolescents la suit, n’ayant pas d’autres alternatives. « Je marche jusqu’au lycée, parce que j’ai un examen aujourd’hui, alors je ne peux pas sécher les cours », explique Oumaya qui vient de Petite-Terre. « Je suis obligée d’aller à l’école, c’est pour cela que je marche, mais ça m’énerve un peu quand-même », ajoute l’une de ses camarades. S’ils longent le trottoir qui relie le centre de Mamoudzou à Kaweni, la marche semble moins pénible entre amis. Pour preuve, les jeunes rient entre eux et s’arrêtent même pour se prendre en photo.

Les élèves disent comprendre le droit de retrait des conducteurs de bus solaires, mais regrettent ne pas avoir été mis dans la confidence plus tôt. Alors si les plus déterminés vont à pieds jusqu’à leurs établissements scolaires respectifs, d’autres préfèrent tout simplement rebrousser chemin. À l’exemple d’Edanis qui habite à Kaweni et qui est scolarisé au lycée de Petite-Terre. « C’est en arrivant à Dzaoudzi que j’ai appris en même temps que les autres qu’il n’y avait pas de bus… Je préfère donc rentrer chez moi. » Le jeune homme est plutôt ravi d’être en vacances avant l’heure, comme les nombreux élèves qui manquent à l’appel dans les collèges et lycées ce jour-là. La valse des bus scolaires qui se joue tous les matins aux abords des établissements a laissé place au calme.

 

Des conditions de travail insupportables

 

Les bus tant attendus par les jeunes se trouvent aux remblais à M’tsapéré avec leurs chauffeurs. Pare-brises fissurés, vitres remplacées par du plexiglas, chacun est venu au point de rassemblement avec son engin caillassé pour prouver leur quotidien sur la route. Tous racontent leurs mésaventures, tous ont déjà reçu un jet de pierre alors qu’ils transportaient des élèves. « La question n’est pas de savoir si on a déjà été caillassés, la question est de savoir combien de fois on l’a été », relève l’un d’eux. Chacun y va de sa petite anecdote, certains plus touchés d’autres. Naouiroudine Maoulida, conducteur de bus scolaire depuis quatre ans, a vécu son premier caillassage il y a seulement quelques jours, et en est encore tout chamboulé. « Quand une vitre est cassée, les jeunes crient et ça perturbe beaucoup le chauffeur. Ce sont leurs cris qui m’ont déstabilisé, je ne savais pas quoi faire », raconte-t-il. Il s’en sort avec une simple vitre brisée à réparer et aucun blessé à déplorer.

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Mais les blessures psychologiques sont encore profondes. « Après ce qu’il m’est arrivé, j’étais désorienté. C’est un tel choc… », admet Naouiroudine Maoulida. Ces collègues auraient aimé être soutenus psychologiquement puisque le poids sur le moral est bien présent. Et toutes leurs familles en pâtissent. « Ma mère m’appelle tous les matins pour vérifier si tout va bien et si ma femme ne me voit pas à la maison à 7h30, elle s’inquiète », argumente un chauffeur. Les caillssages sont une chose, mais les professionnels redou-tent également les agressions à l’intérieur de leurs véhicules. « On ne peut pas fouiller les sacs alors que certains jeunes montent dans nos bus avec des armes », affirme l’un d’eux. « Nous ne partons pas au travail, mais à la guerre », lance un autre. Tous estiment être constamment en danger quand ils transportent les élèves, il est donc grand temps pour eux de mettre fin à ces conditions de travail insupportables.

 

Dernière mise en garde

 

L’année dernière, les chauffeurs de bus scolaires étaient déjà en grève pour dénoncer les mêmes problèmes. Différentes autorités avaient alors essayé de calmer le jeu. L’État, le Département, le rectorat, l’association des maires, et les entreprises de transports sco-laires avaient même signé un protocole de fin de conflit en novembre 2020 où chacun s’engage à des obligations pour assurer la sécurité des professionnels et des enfants. « Cinq mois plus tard, nous nous rendons compte que la plupart de ces mesures n’ont pas été respectées. À l’issue de la signature, il y a certaines choses qui ont été faites, par exemple la mobilisation des forces de l’ordre en zones police et gendarmerie, mais ça a été de la poudre de perlimpinpin, ça n’a duré que quelque temps », affirme Yasmina Ma-bouroukou, une membre du conseil syndical de l’UICFDT. Excédés de ne voir aucun changement au fil des mouvements, les organisations syndicales font une dernière mise en garde à travers ce droit de retrait. « Nous voulons mettre face à leurs responsabilités tous ceux qui ont signé ce protocole. Nous demandons juste qu’il soit respecté. Si nous n’avons pas de réponse d’ici deux semaines, la position de la CFDT est de ne pas effec-tuer le ramassage des élèves à la rentrée », prévient Yasmina Mabouroukou. Les autori-tés prendront-elles ces menaces au sérieux ? Réponse dans deux semaines.

Bijouterie de Mayotte : un trésor encore (trop) peu exploité

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La chambre des métiers et de l’artisanat, en partenariat avec son service de développement économique, a présenté en fin de semaine dernière un panorama du secteur de la bijouterie à Mayotte. Un constat clair en ressort : le secteur a besoin d’accompagnement pour se développer. Et pourrait ainsi devenir un secteur clé de l’île.

Bijoux en forme de fleur d’ylang, pendentifs représentant Mayotte, bagues fleuries, les bijoux dits de Mayotte sont très rapidement identifiés. Et si une grande partie des familles sur l’île en possède, il est difficile d’en trouver dans le commerce. Il existe en effet peu de vitrines où l’on peut retrouver le travail de l’or mahorais. Si le 101ème département compte pas moins de 25 entreprises de fabrication de joaillerie et de bijouterie, la majorité des bijoutiers n’ont pas de locaux. Les artisans travaillent de chez eux et n’ont pour la plupart pas les moyens d’exposer leurs créations. Cette absence de présentation fait que les touristes représentent une faible part des acheteurs de bijoux sur l’île. Seuls 15% des bijoux produits sont achetés par des visiteurs. Le service de développement de la Chambre des métiers aimeraient donc inciter les bijoutiers à s’exporter à l’international.

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Mettre le secteur au goût du jour

 

Maintenant que les bijoutiers et leurs problématiques ont été identifiés, un accompagnement adapté peut être mis en place. Pour se développer, ces professionnels ont besoin de se moderniser. Par exemple, peu d’artisans de l’île se trouvent sur les réseaux alors que ce moyen de communication pourrait leur permettre de les mettre en lumière à Mayotte et ailleurs… D’abord grâce à la diaspora mahoraise en métropole et ensuite pourquoi pas, au quatre coins du monde. Le développement du secteur passe aussi par une mise en commun du travail des bijoutiers de l’île. Une coopérative a déjà été instaurée pour permettre aux artisans de faire venir l’or, l’argent, et les pierres précieuses en gros, pour en réduire le prix. L’idée serait aussi d’investir dans des machines, notamment pour les finitions, pour baisser encore une fois les coûts.

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Un manque criant de formation

 

L’art des métaux précieux est culturel à Mayotte, c’est un métier qui se transmet de père en fils depuis des générations. Les techniques, les outils, les motifs, tout se répète au fil des décennies. Mais la profession est vieillissante : 95% des artisans ont plus de 40 ans et presque 40% ont plus de 60 ans. Pour ne pas perdre cet aspect de la culture mahoraise, la formation de jeunes bijoutiers doit être encadrée aussi bien par l’Éducation nationale que les professionnels du secteur. Ainsi, la CMA aimerait instaurer un CAP bijoutier sur le territoire, dans l’espoir d’éviter de perdre ce savoir-faire. “Si ce métier meurt, il y a une partie de Mayotte qui meurt”, utilise Ismael, chargé de projet à la CMA, pour traduire l’importance de la continuité du métier sur l’île. Le travail des bijoux sur l’île fait partie intégrante du patrimoine. Il est donc primordial de le conserver mais aussi de le consolider pour en faciliter le rayonnement et le développement. Bientôt, les parures d’or ne seront peut-être plus réservées qu’aux mariées et les fleurs d’ylang seront portées partout sur terre… Qui sait ?

“Réglez vos factures au plus près de chez vous” avec les nouvelles bornes de paiement EDM

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Trois nouvelles bornes “Paiement Express” d’EDM devraient voir le jour à Dembéni, Koungou et M’tsamboro d’ici la fin de l’année 2021. Vendredi matin, le directeur général d’Electricité de Mayotte, Claude Hartmann, a accueilli les maires de ces différentes communes afin de signer les conventions de partenariat pour l’implantation de bornes de paiement dans leurs localités.

L’enjeu d’EDM c’est d’être au plus près de son territoire”, affirme Nassim Saïd, chef de projet en charge de l’implantation des bornes EDM dans le 101ème département français. Depuis 2019, le fournisseur d’électricité a signé cinq conventions de partenariat pour la création de bornes à Chirongui, Combani, Dzoumogné, Mamoudzou et Pamandzi. À terme, l’entreprise espère en installer dix autres sur l’ensemble du territoire mahorais.

Parmis nos 48.000 clients, un particulier sur quatre paie en espèce au guichet. Le temps d’attente moyen aux caisses est de 66 minutes. Ce sont 66 minutes de trop !”, affirme Nassim Saïd. Avant de revenir sur les bienfaits de ce nouveau dispositif, dont le but consiste à offrir un gain de temps non négligeable à ses usagers. “Suite à notre expérimentation avec la première borne automatique mise en place sur notre site de Kawéni, nous observons aujourd’hui une baisse de fréquentation des caisses de Kawéni de -67% entre 2018 et 2020. La fréquentation de la borne quant à elle a connu une augmentation de +134% durant la même période”, se félicite-t-il au moment de détailler ces statistiques.

“Décentraliser les moyens de paiement pour nos clients”

Concernant l’installation de ces bornes, rien n’a été laissé au hasard. L’objectif ? Répondre aux besoins des Mahorais en limitant les files d’attente et les déplacements et ainsi faciliter le paiement des factures. Bientôt, tous les usagers d’EDM pourront se rendre à la borne la plus proche de chez eux pour régler leur redevance en électricité. Ils éviteront alors les frais de relance et les risques de coupures électriques dans leur logement en cas d’impayé ou de retard de paiement.

Et c’est au tour de Dembéni, Koungou et M’tsamboro de passer ce pas d’ici la fin de l’année 2021. “Nous avons choisi l’emplacement des bornes en fonction du bassin de population mais aussi des axes stratégiques (commerces, services publics, circulation…). Enfin, nous avons analysé l’origine des paiements des caisses et de la borne de Kawéni pour adapter au mieux les nouvelles bornes aux attentes de nos clients”, annonce Nassim Saïd, très fier de l’innovation portée par la compagnie et soutenue par les municipalités.

Au total, les huit bornes représentent un investissement de 640.000 euros d’achat et d’aménagement en dehors des frais d’exploitation et de maintenance. Les communes partenaires du projet s’engagent à “mettre à disposition du foncier” et à assurer la “construction du local”. L’entreprise EDM prend en charge quant à elle “la fourniture de la borne de paiement ainsi que des éléments de sécurisation de celle-ci, l’aménagement intérieur du local, l’installation et l’alimentation électrique, la fourniture et la pose de la signalétique, l’entretien de la borne et la gestion quotidienne de celle-ci.” Par ce projet, Électricité De Mayotte espère également participer à “l’effort environnemental du territoire” en limitant les déplacements, notamment vers son siège situé en plein cœur de Kawéni.

Au quartier M’Barazi, le temps venu des premiers logements moins chers mais décents

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Vendredi dernier, la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou a organisé une visite de projection pour évoquer le futur quartier M’Barazi à Cavani Sud. Un projet qui a pour but de lutter contre l’habitat insalubre. Les habitants ont pu découvrir les travaux qui les attendent dans six mois et imaginer leur avenir.

Vendredi. 9h. Le soleil fracasse la terre ocre du quartier M’Barazi à Cavani Sud. Assises sur un coin d’ombre devant des friandises et des boissons frelatées, de vieilles dames tendent péniblement l’oreille pour entendre les propos d’un agent de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, venu présenter les contours de l’opération de résorption de l’habitat insalubre. Le brouahah des allées et venues des deux roues saccadent la tenue des échanges. Au loin, les cris stridents des élèves de l’école maternelle résonnent sur les morceaux de tôle. Discrètement, la maman d’une petite fille s’approche alors de Jérémy et d’Alban, les représentants du bureau d’études ATU. « Ici, on ne touche pas hein Messieurs ?! », les alpague-t-elle, plan à l’appui entre les mains, histoire de s’assurer que son habitation ne s’écroulera pas comme un château de cartes lors des premiers coups de pelleteuse. Un balbutiement leur échappe, signe d’une réponse hasardeuse. Mais positive, semble-t-il, du moins sur le papier.

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Après la concertation, place à la visite de projection. La troupe, entourée des habitants, s’enfonce en plein cœur de ce « village » dans la ville. À quelques encablures de la mosquée où un homme passe la serpillère, un nouvel arrêt s’opère pour montrer l’emplacement des dix logements tiroirs. « Ce sera confortable, mais cela ne ressemblera pas à la SIM », souligne d’emblée Julien Beller, l’architecte gérant de la société à son nom. Avec un budget limité de 50.000 euros pour construire un T4 d’une superficie de près de 70 mètres carrés, il faut savoir réduire les coûts de manière drastique. « Il n’y aura pas de fenêtres mais des ouvertures en façade et des volets », précise-t-il, en observant les grands yeux de son auditoire. Le but de la manœuvre : instaurer une ventilation naturelle, tout en apportant un gage d’intimité pour les foyers. « Le gros enjeu est de bien définir les critères d’essences. »

 

Six mois de travaux à partir de septembre

 

Les travaux doivent commencer à partir de septembre pour une durée de six mois. Le temps nécessaire pour ériger ce premier bloc, mais aussi pour enfouir tous les réseaux nécessaires (électricité, eau potable, eaux usées, téléphone) et refaire un chemin d’accès digne de ce nom. « Pour avoir une route bien stable, cela va quelque peu déranger le voisinage », prévient Julien Beller, au détour d’une conversation avec quelques curieux. D’ici un an, viendra l’heure de la seconde phase, avec au total pas moins de 162 nouveaux logements collectifs sur deux ou trois étages, ainsi qu’une aire de jeux, un équipement petite enfance et des commerces.

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Si le projet global a de quoi faire saliver, plusieurs préoccupations occupent les pensées des uns et des autres. L’une d’elles revient couramment : « Y aurai-je droit ? » Une équation à plusieurs inconnues puisque tout dépend de la situation administrative de chacun. « Mes démarches sont en cours… Certains de mes enfants sont Français, d’autres non », s’inquiète un père de famille, effrayé à l’idée de se retrouver à la rue avec toute sa tribu. Seule certitude à l’heure actuelle : une équipe d’assistantes sociales doit procéder à un recensement pour déterminer leur devenir au sein de ce quartier. « Ce n’est pas la loi Elan, nous ne viendrons pas tout détruire du jour au lendemain », tend à rassurer Cathy Planty, de la Cadema.

Perché sur des pneus, Omar Abdallah écoute attentivement les annonces transmises au cours de la matinée et ne cache pas ses doutes. « On a tout compris ce que vous dites, mais on n’est pas tranquilles, on a peur », dit-il d’une voix tremblante. Avant que l’espoir d’un avenir plus radieux prenne le dessus sur ses craintes. « Ma mère est vieille, elle ne peut plus se déplacer… Ce serait merveilleux si on arrive à obtenir un logement », s’enthousiasme finalement le jeune homme. L’air songeur, il dévale la route à toute vitesse pour partager la (bonne) nouvelle entre deux sautillements.

Les Mahorais appelés à participer massivement à la loi programme

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Le projet de loi pour Mayotte annoncé par le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, fera ses premiers pas dès ce lundi 3 mai. Le calendrier s’étale sur un peu moins d’un mois. Toute la population de l’île aux parfums pourra contribuer à la concertation à travers différents forums. Cinq axes seront abordés, l’objectif pour le préfet est de rendre la copie le 1er juin.

« Le ministre souhaite que ce projet soit inspiré par les Mahorais pour qu’il corresponde aux attentes des Mahorais. » Le préfet Jean-François Colombet donne le la pour la fameuse loi programme annoncée par Sébastien Lecornu à l’occasion de la commémoration des dix ans de la départementalisation. La population de l’île est fortement conviée à prendre part aux échanges qui se dérouleront du 3 au 21 mai. Pour cela, la préfecture met en place des forums de concertation pour les citoyens lambda d’une part, et pour les institutions et les élus d’autre part.

Le premier sera un forum citoyen qui aura lieu ce lundi 3 mai à Dembéni. Le deuxième sera organisé à Sada le 14 mai et le troisième forum citoyen se tiendra à Tsingoni le 19 mai. Et pour s’assurer que chacun puisse réellement s’exprimer, il y aura des traducteurs de shimaoré et de kibushi. Plusieurs adresses mails seront également créees pour ceux qui ne pourront pas se déplacer. Les mairies et le lieu d’accueil de la préfecture à Mamoudzou seront également mis à contribution puisque les habitants pourront écrire leurs bonnes idées dans des cahiers installés dans ces différents lieux.

En parallèle, le délégué du gouvernement ira directement au contact de la population à travers cinq audiences libres dans différentes communes, où encore une fois chacun pourra faire part de ses ambitions pour Mayotte. L’objectif est de récolter toutes les bonnes idées, les regrouper afin d’en faire une synthèse. « Ce n’est pas un rendez-vous parisien en chambre, c’est Mayotte qui va se saisir et écrire ce projet de loi », martèle Jean-François Colombet. La dernière consultation aura lieu le 21 mai. Un gros travail de rédaction devra ensuite être effectué pour rendre le dossier des propositions le 1er juin au ministre des Outre-mer.

 

Un projet de loi qui s’articule autour de cinq axes

 

Si au départ, quatre thématiques avaient été évoquées pour ce projet de loi, le gouvernement a décidé d’en rajouter une cinquième. La consultation portera sur l’égalité des droits sociaux, le renforcement de l’état régalien, l’accélération du développement de Mayotte, le renforcement du conseil départemental, et la jeunesse et l’insertion. « Le ministre a parlé de projet sans tabou, inspiré, pensé et nourri par les forces vives de Mayotte », insiste le locataire de la Case Rocher. Et pour trouver cette force vive, le calendrier du préfet s’adapte à la réalité mahoraise. Pendant le mois de ramadan, toutes les réunions se dérouleront dans la matinée pour rassembler plus de monde.

Les projets visant à développer Mayotte ne manquent pas. Au fil des gouvernements, les Mahorais ont vu défiler plusieurs plans, mais peu de concret. Alors beaucoup de scepticisme rode autour de cette loi programme. Jean-François Colombet en est conscient et répond aux polémiques. « Ceux qui disent que ce projet de loi est de la poudre de perlimpinpin sont des gens qui ne connaissent pas la vie publique française, qui manquent de culture générale. » Il le sait, le calendrier parlementaire est saturé, le projet de loi ne sera jamais adopté avant la fin du quinquennat. « Ce qui nous intéresse est l’adoption au conseil des ministres. Parce que si un texte est adopté au conseil des ministres, il sera obligatoirement présenté au Parlement, même si ce gouvernement n’est pas reconduit », explique le haut fonctionnaire. Ce dernier espère un réel engouement autour de ce projet de loi qui est « une chance historique ». Attendons la concrétisation de cette loi pour l’affirmer.

En Petite-Terre, la brigade bleue au service de la préservation du littoral

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Il est 7h30 ce vendredi matin lorsque débute le travail de la brigade bleue. Accompagnés des employés du service technique de la communauté de communes de Petite-Terre, les membres de la brigade commencent le nettoyage des plages.

Chaque jour, l’équipe de la brigade bleue sillonne le rivage de la plus petite des deux îles de Mayotte et le débarrasse des déchets ramenés par la marée durant la nuit. “Notre action s’étend sur une douzaine de plages de la Petite-Terre. Aujourd’hui, les brigades ont pour mission de nettoyer la plage du Faré de 7h30 à 11h”, prévient, quelques minutes après le lever du soleil, Ismael Hassanali, le directeur du service technique de la communauté de communes de Petite-Terre. Matinale, ma brigade bleue se compose de trois membres en poste depuis septembre 2020. Des emplois spécifique pensés et créés il y a moins d’un an dans le cadre d’un projet de valorisation du territoire et d’insertion professionnelle des Petits-Terriens.

À la brigade bleue comme au service technique, les employés ont signé un contrat d’insertion d’un an renouvelable. L’intercommunalité s’engage également à offrir une formation professionnelle aux travailleurs qui le désirent. L’activité de valorisation des plages permet aux travailleurs de s’impliquer dans le développement économique de leur île en favorisant l’activité touristique. Cet emploi leur donne aussi une occasion de remettre le pied à l’étrier et d’accéder par la suite au monde du travail.

“Essentiel de valoriser les richesses naturelles du territoire”

Et les parcours de la bande de nettoyeurs varient du tout au tout. À l’instar de Karim Yasser, qui avait déjà connu une activité dans ce domaine par le passé. “J’ai postulé à la brigade bleue, car j’avais déjà occupé des postes similaires. J’ai travaillé en tant que volontaire en service civique. Je faisais des missions pour sensibiliser les administrés à la préservation de la nature et à la gestion des déchets.” Rien de bien nouveau pour ainsi dire, à l’exception qu’il met désormais davantage la main à la patte.

À l’inverse de son collègue Daniel Mkadara, qui a découvert ce métier sur le terrain en intégrant l’équipe. “J’ai pris conscience de l’importance de la sauvegarde des espaces naturels de Mayotte. Je souhaiterais continuer à travailler dans l’environnement, car c’est essentiel de valoriser les richesses naturelles pour développer le tourisme sur notre territoire. Lorsque les plages sont propres, on fidélise les gens. Ils reviennent aux mêmes endroits et profitent pleinement de la beauté de notre île”, argumente-t-il, visiblement satisfait de son expérience au sein de la collectivité.

 

Le tri des déchets, un enjeu fondamental à Mayotte

 

Mais ce n’est pas tout, la communauté de commune de Petite-Terre ne se contente pas seulement de redonner une seconde jeunesse aux plages. Elle peut également compter sur sa déchetterie à ciel ouvert, située non loin de l’aéroport et ouverte au public tous les derniers samedis du mois, pour que la population puisse venir y déposer ses encombrants, ses déchets verts et sa ferraille. L’entreprise Star se charge ensuite d’acheminer les déchets récoltées jusqu’à la déchetterie de Dzoumogné, sur Grande-Terre, afin de les recycler. Bientôt, les habitants pourront également venir déposer leurs huiles de vidanges et leurs batteries afin que celles-ci soient valorisées par le centre de tri des déchets.

Directeur Mlézi Maoré, Dahalani M’Houmadi devient délégué régional de la CNAPE

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La Convention nationale des associations de protection de l’enfant vient d’élire pour trois ans son premier délégué régional pour l’océan Indien, en la personne de Dahalani M’Houmadi, directeur général de Mlézi Maoré. Il aura pour mission de fédérer les acteurs de Mayotte et de La Réunion mais aussi de collaborer avec les institutions pour proposer un suivi et un accompagnement de la meilleure qualité possible.

Flash Infos : La semaine dernière, vous avez été élu pour une durée de trois ans aux fonctions de délégué régional de la CNAPE, la fédération des associations de protection de l’enfant pour l’océan Indien. Comment s’est actée cette nomination ?

directeur-mlezi-maore-dahalani-mhoumadi-delegue-regional-cnapeDahalani M’Houmadi : La CNAPE est une tête de réseau national, qui n’avait jusqu’alors pas encore de délégation dans l’océan Indien. Elle a rassemblée ses adhérents, qui interviennent dans la protection de l’enfance, le handicap, le pénal et la jeunesse, et a demandé de voter parmi eux un membre qui les représenterait devant les institutions. En tant que directeur général de Mlézi Maoré, j’ai décidé de me présenter car je suis très attaché à cette cause noble qui est la défense des enfants. Et pour une fois, ce n’est pas plus mal d’avoir une représentation régionale à Mayotte, alors que d’habitude, elle se situe toujours à La Réunion.

C’est une grande première ! Mercredi après-midi, j’étais encore en visioconférence avec la CNAPE nationale qui me disait que chaque entité régionale avait ses modalités de fonctionnement. Ce sera donc à nous de définir nos priorités et notre manière d’interagir.

FI : Concrètement, qu’est-ce que cette nouvelle corde à votre arc va changer dans votre emploi du temps ?

D. M. : Je vais, bien évidemment, devoir me dégager du temps chez Mlézi, peut-être une demi-journée ou une journée par semaine, pour m’occuper de mes nouvelles fonctions. Il y a déjà quatre rendez-vous annuels à Paris pour échanger avec l’ensemble des délégués régionaux sur nos pratiques respectives et redescendre ensuite à l’échelle locale les actualités nationales.

Dans l’océan Indien, j’ai en charge de réunir tous les acteurs de la protection de l’enfance. Une première réunion devrait se tenir au mois de juin pour indiquer les sujets prioritaires à porter sur les cinq prochaines années et la fréquence de nos rencontres. Au début, elles seront vraisemblablement soutenues pour trouver le bon rythme de croisière. L’autre élément important sera d’aller à la rencontre des différentes institutions, à Mayotte comme à La Réunion, telles que les conseils départementaux, les préfectures, les agences régionales de santé ou encore les protections judiciaires de la jeunesse, dans le but d’élaborer une politique publique locale.

Avant cette nomination, j’étais un simple gestionnaire dans le domaine du médico-social et je faisais ce que l’on me demandait. Avec cette nouvelle casquette de garant, j’aurai à cœur d’être force de propositions pour que les droits de l’enfant soient respectés dans ces deux territoires. En la jouant collectif, tout ce que nous arriverons à en tirer sera du bonus, aussi bien pour les associations compétentes que le public accompagné.

FI : Au cours de la dernière mandature, le Département de Mayotte a redoublé d’effort en matière d’action sociale. Alors que les élections approchent à grand pas, que comptez-vous faire pour que la prochaine majorité ne saborde pas tout le travail entrepris ?

D. M. : L’une des premières actions sera de rencontrer les candidats aux élections départementales et de leur présenter l’expertise du réseau de la CNAPE pour leur indiquer les points de priorité et les démarches à engager au profit des enfants. Je suis plutôt un homme de compromis et de dialogue. Par conséquent, je vais prendre mon bâton de pèlerin, faire des plaidoyers, défendre des principes forts, tout en considérant les contraintes du territoire. À Mayotte, nous partons de loin, nous ne pouvons pas tout changer du jour au lendemain…

Au cours des six dernières années, un important travail a été réalisé avec la construction de maisons d’enfants à caractère (MECS) et le développement de services d’action éducative en milieu ouvert (AEMO). Mais il en faut d’autres ! Mon souhait est que la prochaine équipe de la majorité s’inscrive dans la continuité et amplifie le processus déjà engagé.

FI : Selon vous, quelles sont les pistes de travail à mettre en lumière concernant l’aide sociale à l’enfance ?

D. M. : Si nous prenons l’exemple des mineurs non accompagnés, nous avons encore des milliers d’enfants sans aucune référence parentale sur le territoire. Il faut accentuer la politique à leur égard. Même constat pour l’errance des jeunes non scolarisés. Le Département doit pouvoir se saisir de ces sujets-là, car s’ils ne sont pas pris en charge et mis à l’abri, ils risquent de tomber dans la délinquance, de caillasser, voire même de commettre des actes irréparables.

Par ailleurs, de plus en plus d’enfants cumulent les difficultés, comme ceux qui souffrent d’un handicap (troubles du comportement, etc.). Il faut travailler avec l’ARS pour trouver des solutions pérennes à destination de ce public. Or, à Mayotte elles ne sont pas très développées… Il faut donc s’inscrire dans une logique de transversalité et de parcours. Toutes les structures compétentes doivent se réunir autour de la table pour permettre à ces jeunes de se retrouver et d’être dans une démarche de bien-être.

Drôle de manège au centre équestre d’Hajangua

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Entre les Cavaliers de Mayotte et le parc équestre d’Hajangua, les relations ne sont plus au beau fixe depuis plusieurs années. Après trois ans de collaboration entre 2014 et 2017, l’association ne voit “plus d’autre choix que d’aller devant la justice”. Selon l’une des bénévoles, le club hippique tenterait d’accaparer des biens et des subventions dues à la structure associative.

Remontée comme un coucou suisse, une bénévole, maman de cavalière, ne décolère lorsqu’il s’agit d’évoquer la tournure des événements qui se profile au club hippique d’Hajangua. D’un côté, l’association les Cavaliers de Mayotte en avait besoin pour pouvoir faire monter gratuitement la jeunesse mahoraise, n’y ayant pas vraiment d’accès. De l’autre, le centre équestre profitait de cette aubaine lorsqu’il était au plus bas, notamment financièrement, pour former aux métiers de l’éducation et payer la monitrice. Mais une volonté de vendre le parc aurait terni leurs relations… Pour les bénévoles, le gérant Alain Chartier tente de vendre des biens qu’ils ont pu acquérir en tant qu’association, c’est-à-dire avec de l’argent public. Tandis que le propriétaire clame haut et fort que tout est en règle et que l’ensemble du matériel ainsi que les chevaux ont été financé par lui, en toute légalité. “Nous avons tous les justificatifs de nos achats et j’ai confiance en la justice pour rétablir la vérité”, avance-t-il, sensiblement irrité face aux accusations portées.

 

Une ex-coquille vide ?

 

Selon la présidente des Cavaliers de Mayotte, qui souhaite garder l’anonymat, la vente au collège de Combani en 2017 n’aurait pas abouti car “ils n’ont plus de chevaux”. “C’est les subventions publiques qui ont permis d’apporter des poneys.” En d’autres termes selon elle, “c’est une coquille vide” sans l’appui de sa structure. Propriétaire du Parc équestre du Lagon depuis octobre 2018, Alain Chartier tient un tout autre discours. L’homme se serait arrangé pour faire venir des chevaux sur l’île, en payant lui-même, après le rachat du parc. Selon ses dires, les aides de l’association ne n’ont servi qu’à financer la venue des équidés jusqu’au 101ème département. « Ils ont eu des subventions pour le transport, du coup ils réclament la totalité du club. Mais tout leur appartient si on les écoute !” Pour résumer, chaque partie rejette la faute sur l’autre et s’accuse mutuellement d’être des voleurs.

 

Rendez-vous devant la justice

 

Ex-membre des Cavaliers de Mayotte, Alain Chartier regrette de se faire lyncher de la sorte après avoir mis toute son énergie et ses économies dans ce projet de reprise. “Je suis un professionnel du cheval et je suis entré dans l’association pour assurer la continuité de l’équitation à Mayotte”, rappelle-t-il. Aujourd’hui, l’homme de 74 ans compare les bénévoles à “des plaisantins, qui cherchent à s’accaparer des choses qui ne leur appartiennent pas” et laisse ses “avocats gérer l’affaire”. C’est la justice qui devra finalement mettre au clair cette affaire. Les avocats du centre et l’avocate de l’association seront reçus dès lundi au tribunal de grande instance pour trancher.

La nuit où tout a basculé pour le lieutenant-colonel Pech

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Accusés d’avoir grièvement blessé le lieutenant-colonel Pech, commandant en second de la gendarmerie de Mayotte, lors d’un caillassage en 2017, six accusés sur les huit impliqués dans l’affaire, étaient présentés ce mercredi devant la cour d’assises des mineurs. Leur procès, à huis clos, court du 28 avril au 3 mai. Venu depuis la métropole accompagné de sa famille, le gendarme doit revivre cette nuit de terreur qui a à jamais bouleversé sa vie.

Le sourire du lieutenant-colonel Olivier Pech est resté intact, mais il lui a fallu plusieurs mois de rééducation pour réussir à l’afficher. Il a frôlé la mort et aujourd’hui plus que jamais il veut vivre. Vivre pour sa famille, pour sa profession, mais surtout pour voir ses agresseurs payer pour avoir brisé sa vie. Ce mercredi, devant la salle d’audience du tribunal judiciaire de Mamoudzou, le gendarme est serein. Il est entouré de sa femme et de ses deux enfants qui ont tous fait le déplacement depuis l’Hexagone pour soutenir leur mari et père. L’enjeu est de taille puisque l’agression du commandant a bouleversé toute la famille.

Dans la nuit du 13 au 14 mai 2017, il est chez lui en train de préparer des burgers lorsqu’il reçoit un coup de téléphone. « Mon fils avait invité des copains pour fêter son pot de départ parce que nous allions quitter Mayotte deux mois plus tard. Je suis derrière la plancha en train de cuire des steaks puis on m’appelle pour me dire qu’il y a des caillassages en Petite-Terre, que les véhicules de la gendarmerie ont été dégradés et qu’on monte un dispositif de contrôle de zone », se souvient le lieutenant-colonel Pech. Une opération qui ne sort pas de ses habitudes : durant ses trois ans à Mayotte, le gendarme en a effectué une centaine.

Destin ou malchance, le père de famille de 46 ans n’est pas censé se rendre sur les lieux. Mais il insiste pour remplacer un collègue qui avait déjà eu une longue nuit. Il décide alors de former des troupes et de patrouiller dans les coins où se rassemblent les jeunes. À leur arrivée sur les différentes zones, surprise : c’est étonnamment calme… Mais alors qu’ils débarquent sur la dernière, les forces de l’ordre sont prises au piège dans un guet-apens. « De mon point de vue, il y a vraiment eu un plan échafaudé pour nous mener jusqu’au lieu de l’embuscade », déroule le lieutenant-colonel. Alors que le véhicule dans lequel il se trouve est en circulation, un groupe d’individus lance un pavé de 700 grammes qui atteint sa cible au visage. « À ce moment-là, je ressens un flash et une immense douleur. Je crois au début que j’ai un problème neurologique, puis je sens du sang couler sur mon visage. Je m’écroule sur le conducteur du véhicule et je ne me souviens plus de rien », raconte-t-il.

Le commandant vient de perdre connaissance. Le conducteur de la voiture fonce vers le dispensaire de Dzaoudzi, avant d’être transféré au centre hospitalier de Mayotte puis évacué à La Réunion. Inconscient durant tout ce temps, il sait qu’il doit lutter pour sa survie. « Je me disais que je ne devais pas m’endormir. J’ai lutté intérieurement pour maintenir une activité cérébrale en fredonnant en permanence une chanson de Katy Perry que j’avais écouté une semaine avant. J’ai également réfléchi au mail que j’allais envoyer à tous les gendarmes de Mayotte pour leur dire que je ne pourrai pas faire de pot de départ », sourit-il aujourd’hui. Des petites astuces qui portent leurs fruits puisqu’il ne sombre pas dans un profond sommeil. Surtout, il reste en vie. Réveillé quelques jours plus tard à La Réunion, commence alors la lente descente aux enfers.

 

Une vie volée en l’espace de quelques secondes

 

Gravement blessé au visage, le gendarme a un hématome cérébral qui engage son pronostic vital ainsi que plusieurs fracas osseux. Il passe trois mois à l’hôpital, subit des opérations chirurgicales, enchaîne les séances de rééducation, toujours dans une profonde douleur physique. « Quand je me brossais les dents, j’en pleurais de souffrance. Je ne pouvais pas le faire avec [celles] pour adulte, j’avais alors acheté celles des bébés », mentionne-t-il entre autres astuces de convalescent. Déterminé à s’en sortir, le lieutenant-colonel Pech redouble de volonté. De son propre chef, il effectue des exercices à la maison afin de pouvoir ouvrir la mâchoire, en complément de ses séances chez la kinésithérapeute. Et pour réussir à passer cette épreuve, il se fixe un objectif bien précis. « Mon but était de pouvoir à nouveau croquer dans un Bigmac », lance-t-il, d’un air bonhomme.

Mais derrière ses traits d’esprit, les séquelles sont réelles : il s’en sort tout de même avec 74 agrafes sur le crâne, et perd la moitié de son acuité visuelle de l’œil droit. Durant les premiers mois après l’agression, il voit double. Aujourd’hui, le phénomène s’est estompé, il voit toujours double mais seulement sur le côté latéral droit. Même s’il ressent encore des douleurs, le commandant est toujours apte à travailler. Il a d’ailleurs repris ses fonctions dans l’Hexagone et sera promu lieutenant dans quelques mois. Il a réussi à se remettre de ses blessures physiques, mais la douleur psychologique est encore trop vive. « Je vis avec, parfois je survis », admet-il, amèrement. Au-delà des traumatismes subis, il pense surtout à son entourage. « J’en veux à mes agresseurs parce qu’ils ont volé quatre ans de ma vie. Quatre ans de ma vie de papa. » Touchée par cet incident, toute sa famille est alors au bord d’exploser selon lui. « Mes enfants entraient dans l’adolescence et on se dit qu’on peut faire plein de choses avec ses enfants quand ils sont ados. Mes agresseurs m’ont enlevé ces années », souffle-t-il. Sa femme et ses deux enfants se constituent d’ailleurs partie civile et espèrent être dédommagés.

Malgré tout cela, le lieutenant-colonel Pech refuse d’être considéré comme une victime. « Victime, c’est juste pour le statut juridique. Mais moi, je préfère dire ‘‘blessé en intervention’’. Je me suis blessé en faisant mon métier qui est de protéger les personnes et les biens. Ce qui m’est arrivé est une richesse, le parcours de ma carrière. J’ai donné mon sang pour ce pays… Je me dis modestement que mon sang a un peu participé à rougir le rouge du drapeau tricolore. » Il réussit à donner un sens à cette mésaventure et son amour pour Mayotte n’a pas changé. Dès son retour dimanche dernier, il a pris la voiture pour aller faire un tour. Les émotions étaient intenses, mais le retour sur l’île était nécessaire pour lui. « Je suis mort à Mayotte ce jour-là. Mais depuis que j’ai posé mes pieds sur le sol mahorais dimanche, je renais », conclut-il. Le cœur un peu plus apaisé.

“Nous avons choisi le vêtement comme moyen de véhiculer un message”

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Depuis le mois de septembre, les élèves de 3ème du collège de Dembéni travaillent à la confection d’œuvres engagées sous la forme de salouvas de carton et de papier. Ces travaux mettent en lumière la lutte des mahorais contre le Covid-19. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un enseignement pratique interdisciplinaire qui a pour thématique le coronavirus et qui mêle des cours de sciences de la vie et de la terre, de français et d’arts plastiques.

Nous nous sommes inspirés des travaux de Mary Sibande, une artiste sud-africaine qui utilise le vêtement comme outil de dénonciation.” En prenant exemple sur des pièces déjà existantes, les collégiens de Dembéni abordent des notions artistiques et historiques afin de devenir eux-aussi des artistes engagés. “Je voulais leur montrer que l’art n’est pas seulement décoratif, mais qu’il peut aussi permettre de faire passer un message. Je voulais que ce projet puisse valoriser la culture mahoraise et le regard des élèves sur eux-mêmes. Leur montrer qu’à leur échelle, ils peuvent aider à lutter contre le coronavirus”, dévoile Nathalie Gyatso, enseignante d’arts plastiques, au moment d’expliquer l’objectif des travaux réalisés avec ses élèves.

 

Le salouva, une armure, une protection contre le Covid

 

Makis, hippocampes ou encore Ylang-Ylang, les salouvas des élèves de Dembéni mettent en lumière les richesses de Mayotte sur fond de Covid-19. “Le salouva, c’est un peu comme une armure, ça couvre notre corps et ça nous protège”, lâche fièrement l’un d’eux. Sur l’une de leurs œuvres exposées, une pieuvre retrace le combat mené depuis un an dans le 101ème département et ailleurs… “Elle entoure le corona, elle l’étouffe avec ses bras”, marmonne son voisin. Mais un autre détail, une écharpe sur laquelle est inscrit “Miss corona”, attire l’attention et a pour but de démontrer la force et le courage de toutes et ceux qui ont été touchés durant cette crise sanitaire sans précédent. “La banderole signale l’importance de la personne qui la porte. Ici, cette personne a su se battre contre le coronavirus, elle représente les citoyens de Mayotte qui luttent contre l’épidémie.

 

Des travaux divers et une prise de conscience collective

 

Après avoir étudié le Covid sous toutes ses formes grâce à leurs différents professeurs, ces élèves de 3ème affirment aujourd’hui connaître les dangers du coronavirus. “Avant, on ne portait pas forcément le masque et on ne respectait pas les gestes barrières. Maintenant, on fait attention et on essaie de sensibiliser nos familles.” Grâce à leurs cours, les collégiens se sentent responsables de la santé de ceux qui les entourent. Au point de se confronter aux deux injections lorsque les centres de vaccination seront ouverts aux moins de 18 ans ? Un “oui” unanime résonne dans la pièce de l’établissement scolaire. La prévention des risques sanitaires autour du projet “Mayotte se bat contre le corona’- Art engagé” semble fonctionner et offre la possibilité aux jeunes mahorais de s’exprimer par le biais de réalisations artistiques.

Assises de la sécurité et de la citoyenneté à Mayotte : dernière étape avant l’envoi au premier ministre

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Ce mercredi 28 avril, le comité de pilotage des Assises de la sécurité et de la citoyenneté s’est réuni à l’hôtel de ville de Mamoudzou pour valider le plan partenarial d’actions. L’occasion de peaufiner une dernière fois les 67 propositions recensées, avant d’envoyer le document au premier ministre. Si tous les acteurs veulent parler d’une seule et même voix, la décision finale revient au plus haut sommet de l’État.

« C’est l’ultime réunion de validation », annonce d’emblée le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, co-président du comité de pilotage des Assises de la sécurité et de la citoyenneté, réuni ce mercredi 28 avril 2021. Une manière d’apercevoir le bout du tunnel après le lancement de la démarche commune en novembre dernier, dans le but de « prévenir et sécuriser notre territoire ».

À ses côtés, la directrice de cabinet du préfet de Mayotte, Laurence Carval, évoque un « plan qui fait un consensus entre les différents participants ». Avant de prévenir les acteurs concernés. « Les mesures régaliennes sont souhaitables, mais je ne peux m’engager à leur mise en place. » En d’autres termes, la décision finale ne revient pas uniquement à la préfecture du 101ème département. « Votre appui pourra tout de même débloquer beaucoup de choses dans les administrations centrales », renchérit Mohamed Sidi, 6ème vice-président au conseil départemental. « Nous ne pouvons plus attendre que des jeunes s’entretuent pour avoir des réactions de la part de l’État. Les institutions doivent parler d’une seule et même voix ! »

Fini le temps de l’attentisme, place à celui de l’action. Comprendre : partir des réalités du terrain et être force de propositions, pour inciter le gouvernement à prendre des mesures drastiques. « L’urgence est maintenant », insiste Mohamed Moindjié, en tant que représentant de l’association des maires. Pour apporter des solutions rapides et pérennes, le comité de pilotage se base sur le recensement de 67 propositions et de 11 thématiques, déjà présentées le 15 décembre. L’idée de la rencontre du jour : débattre une dernière fois sur le plan partenarial dans le but que le dossier soit carré pour le remettre en mains propres au premier ministre.

 

Une évolution législative et une responsabilité des collectivités

 

Pêle-mêle. Le premier volet réunit des demandes au sujet des forces de l’ordre (prise en compte de la population réelle, pacte de sécurité), de l’administration judiciaire (cour d’appel, cité judiciaire, délinquance juvénile, TIG) ou encore de l’immigration (mineurs non accompagnés, interventions en mer), qui concernent directement les compétences de l’État. Un premier volet qui pourrait avoir peut-être comme conséquence « une évolution législative », selon Philippe Prudhomme, associé de la société Territoires Citoyens Conseils, en charge de la rédaction du document. Et qui rejoigne le projet de loi « Mayotte », annoncé par Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, à l’occasion des dix ans de la départementalisation. Suivi dans le même temps par l’envoi de deux missions sénatoriale et interministérielle à ce sujet.

Le deuxième volet concerne un plan d’actions dans lequel « les collectivités s’engagent à prendre leur responsabilité », rappelle-t-il. À l’instar de l’activation des CLSPD (conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance), que la ville chef-lieu a remis au goût du jour il y a de cela deux semaines, le développement de la médiation citoyenne (citoyens vigilants, comité des sages), l’éducation, l’insertion sociale, la parentalité, la culture et la religion (rôle des cadis, école coranique), la lutte contre la pauvreté et l’exclusion ou encore la politique d’aménagement de la ville (vidéoprotection, éclairage public).

 

Des actions mises en place, d’autres à revoir

 

Place ensuite aux réactions de l’assemblée. Avec en premier lieu, le député LR Mansour Kamardine qui débute sur une pointe d’humeur pour démontrer l’absence de stratégie de la part des gouvernements successifs au cours des dernières décennies : « Nous avons épuisé plus de 30 préfets. » Avant de souligner que « la délinquance à Paris n’est pas la même que celle à Mamoudzou ». Aussi plaide-t-il pour un renforcement des liens entre « les polices nationale et municipale pour apporter des résultats concrets ». Un souhait également valable « dans les zones gendarmerie ». En réponse à ces propos, le commissaire de police, Sébastien Halm, apporte quelques observations, notamment sur le fait que plusieurs actions sont déjà en ordre de marche, comme l’augmentation des effectifs au sein de la compagnie d’intervention ou l’accueil de 3.000 mineurs dans les centres de Kawéni et de Doujani pendant les vacances scolaires, qui « porte ses fruits ».

De son côté, le directeur de la chambre de commerce et d’industrie, Zoubair Alonzo, propose de mettre l’accent sur la coopération régionale à destination des jeunes sortis du système scolaire « pour les accompagner dans leur intégration ». Tandis qu’Ali Nizary, le président de l’union départementale des affaires familiales, s’attaque à la polémique des enfants placés et demande une révision du dispositif, mais aussi aux politiques publiques à l’égard de la prévention spécialisée. « Deux millions d’euros sont attribués à des structures auxquelles on ne demande pas de compte. » En ligne de mire : le Département. « Nous devons avoir une discussion franche avec les associations bénéficiaires », admet Mohamed Sidi. Qui tente de la jouer collectif. « Nous devons travailler en synergie et optimiser les moyens pour l’attribution des fonds européens. »

 

Attention à l’amnésie

 

En guise de conclusion, Ambdilwahedou Soumaïla prévient les acteurs présents : « Au-delà du nombre d’actions et de dispositifs déployés, à la fin, seule l’efficacité comptera », martèle-t-il. En ce sens, le comité de pilotage décide de se revoir le mardi 26 octobre prochain dans le but de dresser « un suivi et une évaluation pour veiller à nos engagements ». Alors au boulot, pour ne pas décevoir une fois de plus les habitants de l’île aux parfums ! Dernière mise en garde, signée l’écrivain Issihaka Abdillah : « À la fin de ces travaux, [en général], on est tous frappés d’amnésie et on recommence l’année suivante. » Du vrai Sisyphe !

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes