Chaharoumani Chamassi : « J’ai commencé comme gardien de la paix et j’ai fini comme capitaine, échelon exceptionnel »

Après près de 30 ans de bons et loyaux services, le capitaine Chaharoumani Chamassi est parti à la retraite mercredi dernier en recevant la médaille de la direction territoriale de la police nationale des mains du commissaire général, Laurent Simonin. Retour sur une carrière bien remplie au cours de laquelle il a fini chargé de mission auprès de la préfecture.

Flash Infos : Mercredi dernier coïncidait avec votre départ à la retraite, à l’âge de 57 ans. Comment avez-vous vécu cette journée qui marque la fin de votre carrière professionnelle au sein de la police nationale ?

Chaharoumani Chamassi : J’étais très ému, car ce n’était pas du tout prévu ! À l’origine, je passais simplement dire au revoir. C’était un honneur de recevoir cette médaille symbolique de la direction territoriale de la police nationale des mains de Monsieur Simonin, un haut fonctionnaire très engagé qui va changer beaucoup de choses à Mayotte. Même si elle est habituellement réservée aux personnalités qui arrivent sur l’île, c’est une grande fierté !

Beaucoup de mes collègues étaient à mes côtés. Certains me disaient leur regret de me voir partir aussi tôt, alors que je pars à l’âge légal selon nos statuts (rires). Mais je tiens à les rassurer, je ne vais pas me tourner les pouces, plein d’opportunités vont se présenter : je vais rester actif et contribuer à mon niveau au rayonnement et au développement de l’île. Je n’ai pas lu de critique à mon égard, je n’ai reçu que des messages de sympathie, c’était très touchant.

FI : Durant près de 30 ans, vous avez exercé au sein de la police nationale. Quelle image garderez-vous en tête ? Quels ont été vos meilleurs moments au cours de toutes ces années ?

C. C. : J’ai eu l’occasion d’exercer en métropole, en tant que CRS en région parisienne, dans des quartiers bien connus. Cela n’a rien à voir avec les petits cailloux que l’on lance ici lors des manifestations. Là-bas, c’était des boules de pétanque, des fers à repasser, des micro-ondes ! J’ai aussi eu la chance de travailler à Orly, à Melun… Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre le métier.

J’ai été le premier responsable de la brigade anti criminalité en 2001-2002. Avant de rentrer fin 2006 à l’École nationale de la police nationale, un passage obligé pour tous les officiers. J’étais face à des jeunes qui avaient la trentaine, alors que j’étais déjà père de famille. J’ai dû vendre l’une de mes parcelles de terrain pour emmener tout le monde. Je ne voulais pas laisser mes enfants seuls alors qu’ils atteignaient l’âge de l’adolescence. J’ai pu louer une maison et leur faire continuer leur scolarité en toute sérénité.

Ma formation était très lourde, mais elle m’a énormément apporté. En 2007, à mon retour à Mayotte, j’ai occupé des postes d’adjoint au commandant des unités de voie publique, Mogné Mali Hervé, avec le grade de lieutenant. Puis de 2014 à 2016, je suis passé chef du commissariat annexe, situé sur la place de marché.

Bien avant que j’aille en métropole, j’étais déjà gradé au sein du commissariat. J’ai commencé comme gardien de la paix et j’ai fini comme capitaine, échelon exceptionnel. Ce qui correspond à un commandant au 4ème échelon, c’est-à-dire avec huit ans d’expérience.

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FI : Vous avez exercé la majeure partie de votre carrière à Mayotte. Comment analysez-vous l’évolution de votre métier et comment sont perçus les policiers selon vous ?

C. C. : Vous savez, je suis rentré au sein de la police en 1992, après un bref passage dans les rangs de l’Éducation nationale. Et jusqu’à maintenant, la tenue est encore bien acceptée et respectée. Nous avons la chance de circuler seul sans nous faire agresser. Chose qui est pratiquement devenue impossible en métropole… Alors oui, nous avons quelques brebis galeuses, des jeunes délinquants qui copient ce qu’ils voient à la télé et dans les films. C’est bien dommage, mais ceux-là sont sous la responsabilité de leurs parents. Ce sont eux qui enfantent et qui doivent éduquer leurs enfants. S’ils rencontrent des difficultés, ils doivent demander de l’aide. Mais ce n’est en aucun cas la faute des collectivités et de l’État, qui arrivent en dernier ressort.

FI : Depuis 2016, vous étiez chargé de mission auprès de la préfecture. En quoi consistait votre rôle ?

C. C. : Mon poste exact était de gérer la coordination et la planification de la sécurité intérieure mais aussi la prévention de la délinquance. Sur ce sujet-là, nous avons travaillé avec les différents services de l’État, aussi bien les polices municipale et nationale que la gendarmerie et les mairies. J’ai réussi à mettre en place des réunions mensuelles de sécurité et de prévention de la délinquance dans les 17 communes de Mayotte. Elles ont changé les comportements entre les élus et les forces de l’ordre. À mon arrivée, le courant ne passait pas forcément, car nous n’avions tout simplement pas la possibilité de nous rencontrer régulièrement. Cela nous a permis de nous asseoir autour de la même table et de chercher des solutions ensemble sur le court terme.

FI : Comment comptez-vous occuper vos journées désormais ? Certaines rumeurs parlent de vous pour prendre la tête de la direction de la police municipale de Mamoudzou…

C. C. : Des propositions et des opportunités m’ont été offertes. Si le maire veut m’accorder la possibilité de partager mon expérience, pourquoi pas. Mais rien n’est officiel pour le moment. Quoi qu’il en soit, je vais me concentrer sur la jeunesse à travers mon association « 2 mains pour les enfants ».

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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