Dans sa relation avec les collectivités territoriales et les acteurs socioprofessionnels, l’objectif du préfet est d’alléger les démarches administratives, de réduire les délais de procédure et de favoriser l’accès aux aides publiques.
Ce mois de juillet est marqué par deux événements : l’élection de Ben Issa Ousseni à la présidence du conseil départemental, jeudi dernier, et l’arrivée prochaine du nouveau préfet, Thierry Suquet. Ces deux personnalités vont jouer un rôle décisif dans l’élaboration de la future Loi spécifique à Mayotte. Le premier est élu pour six ans, le second nommé par le gouvernement pour un séjour de deux ans. Leur relation va déterminer l’avenir de l’île, qui dépend de l’efficacité des politiques publiques financées et mises en œuvre par l’État, le Département et les collectivités territoriales (communes et intercommunalités), avec la participation des organisations socioprofessionnelles, des associations et des représentants de la société civile.
Le système de gouvernance mis en place par le président du conseil départemental, assis sur une majorité stable ou bancale, aura forcément des répercussions sur l’action du préfet, dont les attributions sont désormais inscrites dans le cadre de la territorialisation et de la simplification administrative.
De la centralisation à la déconcentration
Pour Henri Bouillon, Maître de conférences en droit public, la fonction première du préfet est d’appliquer localement les politiques du gouvernement, dont il est en quelque sorte « le bras armé territorial ». Cependant, les attributions des préfets ont été redéfinies par des décrets successifs. Le système administratif français est historiquement centralisé : l’impulsion politique émane du pouvoir central, de l’État. Cette organisation protège de grands principes issus de la Révolution. Elle assure d’abord l’indivisibilité de la République : les décisions adoptées au niveau central prévaudront dans toute la République, assurant ainsi l’unité du territoire et de la population par un droit uniforme.
La centralisation préserve aussi l’égalité des citoyens devant la loi : tous seront soumis au droit unique édicté par l’État central. L’unité de décision de l’État garantit la cohésion sociale et l’identité du droit applicable à tous. La centralisation engendre toutefois le risque d’une déconnexion entre le niveau central, qui adopte les décisions, et le niveau d’exécution, aux prises avec les réalités de terrain. En effet, un État centralisé où toutes les décisions seraient prises depuis la capitale et appliquées uniformément sur le territoire aurait une grande rigidité bureaucratique, en faisant abstraction des particularités locales. Les autorités dites déconcentrées furent instituées pour préserver ces principes, tout en remédiant à cette difficulté. La déconcentration se définit comme le fait d’octroyer des compétences aux services de l’État placés sur le territoire (services déconcentrés) plutôt qu’à ses services centraux. Le préfet est la figure de proue de ces autorités déconcentrées. Il est l’État au cœur du département. Il garantit donc les principes de l’État unitaire.
Réorganisation des administrations de l’État
À partir de 1982, avec les lois de décentralisation, les fonctions de préfet ont été marquées par la réorganisation des administrations au sein de l’État. La déconcentration devient la règle. Les administrations centrales ne sont plus chargées que des missions qui présentent un caractère national ou dont l’exécution ne peut être déléguée à un échelon territorial. Les services déconcentrés ont donc une compétence de principe, et ce n’est que par exception qu’agissent les autorités centrales, même si, dans la pratique, les outils numériques facilitent et multiplient leurs interventions.
Cette répartition des compétences a été confortée par le décret n°2020-412 du 8 avril 2020, qui confère au préfet un droit de dérogation dans certaines matières. Le décret du 29 décembre 2017 autorise les préfets à déroger, à titre expérimental, aux normes réglementaires dans sept domaines (aménagement du territoire, construction, emploi et activité économique, etc.). Les dérogations doivent être justifiées par un motif d’intérêt général et par l’existence de circonstances locales. Elles doivent avoir pour effet d’alléger les démarches administratives, de réduire les délais de procédure ou de favoriser l’accès aux aides publiques.
Dans cet objectif de simplification, le préfet peut dispenser des particuliers, des entreprises ou des associations de certaines obligations administratives. L’évolution est importante : elle rompt avec la stricte uniformité du droit sur tout le territoire, en laissant le préfet moduler les actes du gouvernement dans son département. Faute de réduire la complexité des règles, le préfet peut l’atténuer lors de son application.
Un président décomplexé face au préfet
La fonction de préfet est ainsi revalorisée par la République décentralisée. Il conquiert une nouvelle liberté d’initiative. Mais il ne faut pas s’y tromper. Il reste représentant du gouvernement et, donc, subordonné à ses orientations politiques. Son autonomie est certes amplifiée, mais bornée par la loyauté politique dont il doit faire preuve à l’égard du gouvernement. Sa marge de manœuvre ne s’épanouit que dans le cadre défini par les politiques gouvernementales.
Pour éviter tout abus de cette liberté accordée au préfet, le conseil départemental doit assumer pleinement les compétences qui lui sont dévolues, notamment au niveau de l’échelon régional. Cette exigence suppose que le président nouvellement élu, Ben Issa Ousseni, joue le rôle d’exécutif du territoire avec une grande rigueur, sans réserve et sans complexe vis-à-vis du représentant de l’État et des directeurs des services déconcentrés.
Mahoraise, originaire de Mamoudzou, Malika Djoumoi vise l’excellence. Elle fait partie des rares jeunes diplômés qui ont réussi à intégrer un cabinet d’audit du groupe Big Four. Un groupement des quatre cabinets d’audit et de conseil les plus influents au monde. La jeune femme est actuellement en poste au Luxembourg où elle compte se perfectionner avant de rentrer dans son île natale, Mayotte.
À seulement 23 ans, Malika Djoumoi a déjà atteint ses objectifs et est même allée au-delà. Elle a intégré l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Poitiers et en est ressortie diplômée d’un Master 2 comptabilité contrôle d’audit. Dès la fin de ses études, elle tombe sur une opportunité qu’elle ne peut laisser passer. « J’ai vu qu’un cabinet du groupe Big Four recrutait un comptable au Luxembourg. J’avais l’intention de travailler en région parisienne, mais j’ai immédiatement postulé lorsque j’ai vu l’annonce », se souvient la jeune femme, âgée de 22 ans à ce moment-là. Considérée comme junior, elle réussit tout de même à obtenir le poste. Les cabinets d’audit Big Four sont réputés pour être les meilleurs au monde, Malika Djoumoi a donc parfaitement conscience de la chance qu’elle a.
Cette expérience rend son curriculum vitae plus qualitatif et lui permet de s’exporter au-delà des frontières françaises. « Le Luxembourg est arrivé par hasard et je m’y sens très bien. L’audit au Luxembourg est quelque chose de très réputé et il y a plein d’opportunités. C’est bien aussi parce que je ne suis pas dépaysée. Les gens parlent français, allemand et luxembourgeois donc je ne me sens pas à l’étranger, mais je sais que je ne suis pas en France », souligne-t-elle. L’aventure européenne plaît d’autant plus à Malika Djoumoi qu’elle s’accompagne d’une très bonne rémunération ! « Pour quelqu’un qui sort du public et non du privé comme moi, c’est plus intéressant de commencer dans un grand cabinet au Luxembourg plutôt que dans un grand cabinet en métropole. Je suis au même niveau que ceux qui font HEC ou d’autres grandes écoles », assure-t-elle. La comptable a commencé à travailler en octobre 2020, et elle a l’intention d’y rester quelque temps pour se forger et gagner en expérience.
Rigueur et détermination, les clés du succès
Malika Djoumoi a obtenu son baccalauréat économique et social à seulement 16 ans. Comme la grande majorité des bacheliers mahorais, elle quitte Mayotte pour poursuivre ses études en métropole. « C’était un peu compliqué, parce que j’étais très jeune et la métropole était un vrai changement pour moi. J’ai donc choisi d’aller à Saint-Nazaire parce que j’avais de la famille là-bas et ça me rassurait », indique-t-elle. Elle s’entoure également d’étudiants mahorais pour se sentir moins seule. Un entourage qui a joué un rôle déterminant dans sa réussite, insiste-t-elle. Mais si la jeune femme a réussi à gravir les échelons, c’est surtout parce qu’elle a fait du travail son meilleur allié. « Les études de comptabilité ne sont pas difficiles, mais cela demande beaucoup de rigueur. Il faut se donner un cadre et faire le travail demandé. » Elle était également motivée à mettre en application le plan de carrière qu’elle avait élaboré dès le début de ses études. « Je savais où je voulais aller, et le fait d’avoir un objectif très clair m’a aidée à me motiver », assure Malika Djoumoi.
À l’obtention de son diplôme, elle se dit heureuse de ne pas s’être éloignée de sa famille « pour rien », mais elle est aussi contente de pouvoir tordre le cou aux préjugés qui l’ont suivie durant ses études supérieures. « Quand on vient de l’Outre-mer, parfois on subit du mépris de la part des professeurs et des élèves. Il est donc important d’avoir confiance en soi, en ce que l’on a appris, et continuer à travailler », déclare la comptable. Elle parle en connaissance de cause puisqu’elle affirme avoir subi cette arrogance. « Durant mes premières années à Saint-Nazaire, je n’étais pas major de ma promo, mais j’avais eu les meilleures notes dans quelques matières et une professeure m’a dit que connaissant le niveau de Mayotte, elle ne s’attendait pas à ça. C’est une remarque qui m’avait surprise, car j’avais un très bon dossier. Il ne faut pas oublier qu’il y a des éléments très bons chez nous aussi. »
Un manque de considération qu’elle remarque également auprès de ses camarades, mais qu’importe ! Elle ne perdra jamais de vue ses objectifs. Aujourd’hui, la carrière de Malika Djoumoi n’en est qu’à ses débuts, mais elle dépasse déjà tout ce qu’elle avait espéré. Si pour l’instant, elle se plaît au Luxembourg, elle envisage de rentrer chez elle à Mayotte. Un jour. Car si elle veut se mettre « au service de son île et faire quelque chose de bien », l’heure est encore aux rêves de sommets et d’aventures.
Après une année éprouvante marquée par un nouveau confinement de cinq semaines, ce jeudi 7 juillet marque le début des vacances scolaires. Si le recteur Gilles Halbout se satisfait globalement des progrès réalisés, il revient pour Flash Infos sur le dossier épineux des constructions scolaires, promesse de campagne du président de la République, Emmanuel Macron. Le chantier a beau être en bonne voie pour l’horizon 2025, le responsable de l’académie ne relâche en aucun cas la pression.
Flash Infos : Quel bilan général tirez-vous de cette année scolaire, entre les grèves des transporteurs, les barrages inopinés et le nouveau confinement, qui pour ce dernier peut avoir des conséquences désastreuses sur un territoire comme Mayotte ?
Gilles Halbout : Nous avons fait deux choses à la fois : nous avons tenu et nous n’avons rien lâché ! Dès que nous en avons eu les capacités, nous avons toujours privilégié l’enseignement. Nous n’avons été ni moins bien ni mieux par rapport à la métropole… Dans beaucoup d’académies, le baccalauréat s’est mal passé, ce n’est pas notre cas. Il y a eu une grosse mobilisation des équipes pédagogiques et des chefs d’établissements pour atteindre ce résultat.
Après, nous ne sommes pas allés aussi loin que je l’aurais voulu sur le plan des constructions scolaires, sur le travail de différenciation, notamment entre la 6ème et la 5ème, ou encore sur les questions d’orientation. Mais petit à petit, nous notons l’émergence de filières d’excellence et de parcours de réussite. Et en même temps, nous avons mis l’accent sur des dispositifs conséquents pour faire de la remédiation, comme les petits lecteurs et scripteurs. Nous avons mis des briques et des pierres pour pouvoir avoir un rythme de croisière dès la rentrée prochaine. Nous avons posé les jalons, même s’il nous faudra encore quelques années pour converger vers le régime métropolitain.
Après, nous avons tellement de retard que je ne me satisferai pas de ce que nous avons réalisé… Néanmoins, tout le monde – les personnels et les parents – a joué le jeu, je suis confiant. Nous allons y arriver, j’en suis intimement persuadé !
FI : Vous évoquez quelques regrets concernant les constructions scolaires. Nous le savons tous, un long chemin reste à parcourir de ce côté-là. Où en sommes-nous un an après l’installation des nouveaux conseils municipaux ?
G. H. : Nous constatons une volonté commune d’avancer ! Mais tout le monde n’est pas encore au même niveau… Plutôt que de crier partout que nous devons ou allons reprendre la compétence, il faut les accompagner. C’est un travail partenarial avec la préfecture et l’agence française de développement (AFD) pour aider les communes les plus en difficulté et en retard à se structurer pour qu’elles franchissent les étapes.
Aujourd’hui, elles font face à des doubles difficultés. Non seulement, elles sont en retard structurellement parlant car elles n’ont pas toujours les équipes techniques. Mais en plus, elles doivent « corriger » 10, 20, voire 30 ans d’arriérés en matière de constructions. Si nous devions prendre n’importe quelle commune de France pour procéder au même réajustement que Koungou, elle n’y arriverait pas non plus ! Ces municipalités doivent vivre la décentralisation et effectuer ce rattrapage. Nous sommes en train de finaliser une convention avec l’AFD, l’association des maires, la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) et la préfecture pour apporter des moyens supplémentaires.
Nous allons avoir quelques mois cruciaux, il va vraiment falloir que ça décolle. Si nous avons réussi à sécuriser la rentrée scolaire de 2021, je suis plus inquiet pour celle de 2022 ! Après, de toute façon, ce sera compliqué jusqu’en 2025… Dans le premier degré, nous avons scolarisé 2.000 nouveaux élèves cette année. Ils seront 2.500 supplémentaires en août prochain. Au bout d’un moment, nous voyons bien que toutes les solutions trouvées – les classes itinérantes, le passage en rotation, les modulaires – atteignent leur limite. Alors oui, cela ira mieux à partir de 2025. D’ici là, il ne faut pas se louper, il faut mettre un coup d’accélérateur maintenant, sinon nous sommes foutus.
FI : Grosso modo, il manque encore 800 salles de classe à Mayotte. Un chiffre abyssal au vu de la vitesse démographique sur l’île avec presque 10.000 naissances par an…
G. H. : C’est l’hypothèse idéale ! Si nous sortons de terre la moitié, nous pourrons a minima scolariser tous les enfants. L’autre moitié servira pour faire de vrais dédoublements en CP et en CE1. Nous arrivons à un plateau démographique : l’immigration clandestine d’un côté et le taux de natalité de l’autre commencent à se stabiliser, voire même à régresser. Il faut éviter que des familles ne puissent pas scolariser leurs petits de quatre ans. Et il faut surtout être prêt à absorber la même vague dans les collèges.
FI : Justement, le rectorat a la compétence pour gérer la construction des établissements du second degré, alors qu’elle repose sur les départements et les régions ailleurs. La nouvelle majorité de la collectivité vient d’être élue jeudi dernier. Bonne ou mauvaise nouvelle, tant certains dossiers structurants de l’Éducation nationale dépendent d’elle ?
G. H. : Avec le nouveau président, Ben Issa Ousseni, nous nous sommes croisés samedi dernier à l’occasion de l’inauguration de la Maison de la jeunesse et de la culture de M’Tsapéré. Nous sommes plutôt en phase ! Reste maintenant à s’assurer que l’opposition ne soit pas systématiquement opposée aux projets pour lesquels le foncier peut être un enjeu de taille. Il ne faut pas que la politique vienne interférer dans les projets de l’Éducation nationale… Chaque semaine perdue peut avoir des répercussions énormes. Nous l’avons vu à M’Tsangamouji où nous avons tergiversé pendant un an pour la viabilisation et l’aménagement autour de la parcelle que nous voulions acheter.
Nous avons lancé tous les projets de lycée. Et nous sommes sur la bonne voie pour un tiers, voire la moitié, des collèges. Sur les huit, nous avons encore quelques incertitudes pour deux ou trois d’entre eux par rapport au foncier. La grande difficulté est de les inscrire dans un projet urbain. L’exemple typique se trouve à Kahani : l’établissement se situe au milieu de nulle part et devient une forteresse assiégée. Ces enceintes doivent s’inscrire dans une politique de la ville. À l’instar du projet du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, qui propose d’implanter un collège dans un nouveau quartier situé à Tsoundzou 2. C’est exactement comme cela qu’il faut penser.
Aujourd’hui, je n’ai pas de véritable alerte. Mais cela se surveille comme le lait sur le feu ! Pour les collèges, nous allons gagner un an et demi en faisant un marché global de performance. Je ne suis pas inquiet… Disons que je serai plus tranquille à la fin de l’année 2021 avec le lancement de l’ensemble des chantiers.
L’indexation des salaires, bientôt réhaussée au niveau de La Réunion ?
C’est le cheval de bataille des organisations syndicales. Dans un post Facebook publié ce lundi, le secrétaire départemental du SNUIpp-FSU, Rivomalala Rakotondravelo, annonce l’aval du ministère des Outre-mer concernant l’alignement du taux de l’indexation des salaires sur La Réunion. Minute papillon ! Interrogé sur ce sujet, le recteur calme le jeu. « Il faut tempérer cela », explique Gilles Halbout, avant de préciser qu’il s’agit bel et bien d’une demande de l’académie dans le cadre du projet de loi Mayotte. « Tout cela va être discuté, cela va prendre du temps… » Fausse joie pour le moment, donc.
Mansour Kamardine, ici avec le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, se lance dans une deuxième bataille électorale après les législatives de juin.
Il visait la présidence du Département, il devra se contenter du siège de conseiller départemental du canton de Sada-Chirongui. Le député Mansour Kamardine n’a pas fait l’unanimité lors du fameux troisième tour et a dû revoir ses ambitions à la baisse. La campagne et l’élection n’ont pas été de tout repos pour celui qui en ressort avec des regrets. Il dénonce certains acteurs économiques d’avoir influencé les votes. Alors que d’autres accusent son parti d’être à l’origine de nombreuses irrégularités. Mansour Kamardine revient pour Flash Infos sur cette période électorale qui lui laisse un goût amer.
Flash Infos : Dans vos communiqués, vous affirmez que des « puissances finan-cières » ont mené un combat contre vous afin d’influencer les votes et vous empê-cher de les gagner. À qui faites-vous allusion ?
Mansour Kamardine : Je n’ai cité personne en particulier, mais je parle d’acteurs économiques influents qui cherchent à influer sur un vote démocratique dans un pays démocratique. Ce n’est pas acceptable. Nous le voyons, nous avons plusieurs témoignages de gens, soit des bénéficiaires des généreuses donations soit des acteurs qui sont sur le terrain et que nous avons vus devant les bureaux de vote en train de distribuer des billets pour acheter des électeurs. L’achat d’électeurs est une réalité que personne ne peut soupçonner.
Nous avons vu également les primo votants, des Français d’origine étrangère, qui ne résident pas forcément dans certaines communes et qui sont pourtant inscrits dans ces communes là. Ils prétendent demeurer chez un tel, sans que nous ne vérifions jamais si ces jeunes habitent réellement à l’adresse indiquée. C’est une véritable fraude électorale organisée, qui n’est pas de nature à respecter les règles électorales et démocratiques.
FI : Une plainte et un recours ont été déposés par vos adversaires, dénonçant des irrégularités de votre côté. Allez-vous faire la même chose ?
M. K. : Nous, nous n’avons pas à porter plainte. On nous a annoncé un contentieux parce qu’on nous accuse d’avoir triché et notamment d’avoir refusé de faire voter les ordonnances. Nous attendons avec beaucoup d’intérêt le recours parce que ce sont des affabulations. Et puis il y a effectivement une plainte, toujours concernant ces fameuses ordonnances et nous allons nous associer à la plainte pour demander au procureur de vérifier qui a triché. Rira bien qui rira le dernier.
FI : Ben Issa Ousseni vous a accusé à la télé de vouloir l’« assassiner politique-ment ». On vous pensait broyés, mais finalement lors du troisième tour vous avez décidé de vous rallier à lui. Pour quelles raisons ?
M. K. : Je ne sais pas si c’est moi qui me suis rallié à lui ou si c’est lui qui s’est rallié à moi… Ce qui est certain, c’est que pendant la campagne, je m’étais battu pour dire toute mon opposition à l’idée de voir le port entre les mains d’acteurs économiques qui font la loi. Je ne voulais pas que le conseil départemental tombe dans le même panneau que le port. Je souhaitais avoir une collectivité qui soit lucide, responsable, capable de porter les intérêts de Mayotte. J’ai constaté que je n’avais pas les moyens de constituer une majorité la plus large possible comme je l’avais souhaité, compte tenu des enjeux du territoire. Et entre les différents candidats qu’il y avait, j’ai accepté et appelé à ce que nous nous mobilisions tous pour Ben Issa Ousseni. J’ai considéré que les propos qu’il avait tenus retournaient de l’émotion de son succès. Il n’avait pas su les gérer et il a dit des choses que personne ne pouvait croire. J’ai apporté la démonstration en votant pour lui et en demandant à tous ceux qui pouvaient me suivre de voter pour lui. Nous ne construisons pas un pays avec des rancœurs et des haines. Il faut savoir tourner les pages en politique. J’avais souhaité construire un projet qui parle à l’ensemble des Mahorais. Le président Ben Issa Ousseni s’inscrit dans cette direction donc je me retrouve pleinement dans son discours.
FI : Alors pourquoi ne faites-vous pas partie des vices-présidents ?
M. K. : Parce que la majorité est à quatorze et il y a sept vice présidents. Nous avons con-venu que chaque binôme désigne un vice-président. J’ai souhaité donné la primauté à ma binôme, Tahamida Ibrahim. C’est une femme douée d’intelligence avec des capacités de développement considérables. Elle doit s’affirmer et je lui ai laissé la chance de pou-voir le faire. Durant toute ma carrière politique, à chaque fois que j’ai eu l’occasion de favoriser l’émancipation de la femme mahoraise, je l’ai fait. C’était un moyen de prouver que je peux me mettre derrière Tahamida Ibrahim et participer à cette aventure.
FI : Le parti des Républicains avait investi neuf binômes à Mayotte, seulement trois sont élus. Est-ce que les LR, tel qu’ils sont actuellement, ont encore leur place à Mayotte ou envisagez-vous des changements ?
M. K. : Seuls les LR étaint un parti organisé. Nous avons certes perdu les élections, nous ne pouvons pas dire le contraire, mais nous avions un projet commun qui pouvait parler à l’ensemble de Mayotte. Alors que les autres n’avaient pas véritablement de projet. Sur ce territoire, les partis politiques sont éclatés, nous nous résistons, et il faudra que nous continuions à faire de la résistance et à nous organiser davantage. Même si nous avons perdu, nous sommes de loin la seule formation politique organisée et ce n’est pas par hasard si nous avons réussi à construire cette majorité. Le rôle des LR au sein de cette majorité a été extrêmement bénéfique pour l’ensemble du groupe parce que dans les allers et venus de certains, ceux qui sont restés ensemble et soudés étaient les LR.
FI : Entre les trahisons et les coalitions, quels enseignements retenez-vous des semaines de campagne et des résultats des élections ?
M. K. : Nous avons eu un environnement malsain composé de gens et d’acteurs économiques qui n’avaient rien à voir dans cette campagne. C’est un regret. J’observe égale-ment que la quasi totalité des candidats soutenus par les maires élus il y a un an ont été battus. C’est surprenant, et c’est sujet à des interrogations. Je regrette également les valses des élus du troisième tour. Nous avions la majorité le matin, nous la perdions l’après-midi, avant de la récupérer le soir… Et ainsi de suite. Ce troisième tour a été un véritable naufrage de la démocratie locale. Cette situation ne doit plus se reproduire. Pour cela, il faudrait modifier le mode de scrutin de façon à être plus transparent auprès des électeurs. Dès le départ, ils doivent savoir qui sera président si telle liste gagne.
J’ai également un sentiment de regret, car les jeunes nous ont épatés pendant la campagne en parlant d’intérêt général, et par la suite nous avons constaté que la traduction de l’intérêt général était de savoir s’ils allaient être président ou vice-président. En réalité, l’intérêt général était de l’intérêt personnel. Je souhaite appeler solennellement cette jeunesse à redéfinir l’intérêt général. Dès mon jeune âge, j’avais acquis comme leçon de principe que lorsque mon intérêt personnel était en conflit avec l’intérêt général, ma personne devait passer en second plan. C’est ce que j’ai fait en portant mon soutien à Ben Issa Ousseni. Il ne peut avoir d’intérêt général quand chacun pense uniquement à soi, c’est ce qui a causé le naufrage électoral.
L’autre leçon que doivent retenir les jeunes c’est qu’une démocratie vivace et vivante se traduit par une majorité et une opposition. Une majorité qui décide et une opposition qui rend compte à la population des décisions prises par la majorité. Hors, ce que nous avons vu dans les valses politiques, c’est que tout le monde veut être dans la majorité simple-ment parce qu’on a peur de son électeur. Je n’ai pas peur d’être dans l’opposition, pendant très longtemps je l’ai été et j’ai construit des choses. Si nous voulons construire Mayotte, il faut que nous acceptions qu’il y ait une majorité et une opposition. Malgré tout ce qu’il s’est passé, je tiens à remercier toutes celles et ceux qui nous ont soutenu. Ma binôme et moi étions surpris, mais heureux de voir cet engagement de jeunes qui nous ont accompagnés.
Coincés d’abord à Madagascar, puis à Mayotte, crise sanitaire oblige, Tom et Emma cherchent à nouveau à former leur équipage pour reprendre le large. Une invitation au voyage qui veut avant tout promouvoir un autre mode de vie. Au grand air.
Vendredi, 10h, le vent souffle fort sur le lagon. À bord du Karaka, qui mouille à quelques encablures de l’école de voile de Petite-Terre, l’on entend presque craquer les mâts, comme si l’on voguait déjà vers le grand large. En descendant les marches en bois qui mènent à la cabine, il flotte dans l’air un parfum d’encens et d’aventure. Les instruments de musique qui recouvrent le plafond, les livres qui tapissent les moindres centimètres des étagères… Tous les bibelots dont regorge l’embarcation semblent être le souvenir d’un pays lointain, récolté au gré des océans. “Ça, c’est quand on a sauvé 45 gamins à bord d’une petite barge, dans un atoll du Pacifique (au Kiribati, à mi-chemin entre Tahiti et Hawaï)”, se remémore Tom, le capitaine, en désignant une broderie qui orne un pan de mur. Sur le chemin de l’école, la barque de fortune se trouve emportée par le courant, direction la haute mer ! “On est allé les récupérer, et au village, ils ont organisé une grande fête pour nous remercier. Ils nous ont couverts de cadeaux !”, complète Emma, ancienne experte de la data et du marketing à Paris, reconvertie en équipière depuis sept ans.
1 de 9
Un bateau à un dollar
Des récits comme ceux-là, les deux navigateurs les collectionnent. L’histoire même du Karaka, vieux rafiot acheté pour un dollar symbolique par Tom en 2004 alors qu’il “rouillait au « Causeway Bay Typhoon Shelter » sur l’île de Hong Kong”, vaut le détour. Construit en Nouvelle-Zélande par un mécanicien de la banlieue d’Auckland, derrière chez lui, le voilier fait le tour du monde depuis les années 70 ! Trois propriétaires plus tard, le Karaka échoue à Hong-Kong, avant d’être récupéré par son actuel capitaine, alors que les autorités locales menaçaient de détruire ce qu’ils voyaient comme une épave. À l’époque, Tom a 24 ans et a déjà “pas mal bourlingué”, retrace ce titulaire d’un BTS tourisme, passé par l’étape backpacker avant de travailler sur des charters. Quand il tombe sur le Karaka, le moussaillon y voit assez naturellement l’occasion de poursuivre sa découverte du monde, sur la mer plutôt que sur terre. Le concept ? Trouver des équipiers prêts à partager ses aventures.
Co-living en mer
Attention, rien à voir avec une croisière ! “C’est un peu comme le concept de coopérative, c’est du co-living en mer, de la co-navigation en gros. Il y a d’autres bateaux qui fonctionnent sur le même principe, chacun contribue. Parce que ça coûte quand même cher d’entretenir un bateau de cette taille, qui plus est assez vieux. Mais on essaie de rester sur un but non lucratif, parce qu’on ne fait pas du charter”, développe le propriétaire, en caressant nonchalamment Plume, le troisième occupant – félin, celui-là – du navire. Il faut donc compter environ 150 euros par mois de contribution financière par équipier. Et quelques donations sur Internet “permettent de faire tourner le site”. Pour le reste, il suffit de mettre la main à la patte. Créatifs, aventuriers, débrouillards sont les bienvenus à bord. Et pas besoin de CV ! “C’est plus une histoire d’attitude, on ne veut pas des gens expérimentés, mais plus des gens qui cherchent à s’initier à ce mode de vie”, expose Tom, qui cherche justement ces perles rares, en ce moment à Mayotte.
Le Covid réduit la voilure
Coincé par la crise sanitaire, l’équipage du Karaka trépigne à l’idée de reprendre le large. “On est d’abord resté pendant quelques mois à Madagascar l’année dernière, avant de devoir partir. Mais on a peut-être dû passer un mois et demi à bord, tous les deux, sans voir personne, ça nous a fait bizarre”, sourit Emma en jetant un œil nostalgique au planisphère derrière elle. À la base, plusieurs équipiers devaient venir les rejoindre des quatre coins du monde pour naviguer sur l’océan Indien, mais le Covid les a stoppés en plein vol. Objectif, aujourd’hui : reprendre la course et profiter des alizés pour filer vers la Tanzanie, avant de redescendre vers l’Afrique du Sud puis de traverser l’Atlantique, vers l’Amérique du Sud.
Si le Covid le permet ! “Vu la situation, on cherche plutôt des Français vaccinés, cette fois-ci”, précise le couple de marins. Pour se lancer dans cette traversée, mieux vaut donc aussi avoir prévu du temps, au moins un mois, si ce n’est six. En tout, Tom et Emma recherchent aujourd’hui quatre équipiers motivés. “Pour partir de Tanzanie, la fenêtre est assez petite, maximum jusqu’à octobre novembre pour éviter les tempêtes”, rappellent-ils. Même si, “aujourd’hui, avec les technologies, il faut vraiment rater son coup pour tomber sur une tempête. En général, on se débrouille pour mouiller quelque part le temps que ça passe”. Mais entre la menace terroriste au Mozambique et la possible fermeture de Madagascar à cause du coronavirus, mieux vaut éviter la saison cyclonique pour passer dans le bras de mer en direction du Cap de Bonne Espérance… Sinon ? Retour à la case départ à Mayotte, le temps de laisser passer des cyclones… et une pandémie. Avant de répondre à nouveau à l’appel du large.
Après des années de préparation, Lidie Ousseni-Ali a enfin pu se lancer dans son projet de transformation agricole spécialisée bien-être. De quoi rappeler les bienfaits de la nature pour le corps et aussi promouvoir sa philosophie d’entrepreneure accomplie. Le tout à découvrir en ce moment au comité du tourisme pour la 8ème édition de l’exposition Made in Mayotte. Garantis sans conservateur !
“Tu sais que le baobab disparaît ? En ce moment, le moringa est en vogue, tout le monde en parle dans la cosmétique. Ça m’énerve, parce qu’en réalité, le baobab concentre beaucoup plus de vitamines !” Quand il s’agit de parler des plantes et des fruits de son île, Lidie Ousseni-Ali est intarissable. C’est que l’artisane, qui a lancé il y a deux mois L.O.A Cosmétique et tient un blog spécialisé sur le sujet, connaît la nature sur le bout des doigts. Surtout quand elle frotte avec énergie son gommage coco curcuma sur les bras des curieux. Huiles et gommages parfumés au coco, curcuma ou gingembre trônent depuis ce lundi sur son stand à l’expo Made in Mayotte au Comité du tourisme.
1 de 3
“Moi, j’ai eu la chance d’avoir un père, un oncle, une famille d’agriculteurs qui aiment le plein air, qui sont très sensibles à la nature. Mon père faisait de la plongée, c’est lui qui a fait notre combat aujourd’hui. Dans les voulés, on regardait, on prenait le manioc, le fruit à pain, et quand tu es enfant, je pense que tu emmagasines beaucoup de choses”, raconte la jeune femme originaire du sud de Mayotte pour tenter de retracer l’origine de sa passion. Un savoir qu’elle cultive aussi quotidiennement pour entretenir son blog. “Quand je dois faire un article, c’est simple, je suis obligée de lire les cinq premières pages de Google”, résume l’entrepreneure qui ne recule devant rien.
Trois ans pour monter son projet
Car pour en arriver là, ça n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. De retour à Mayotte après avoir grandi en métropole, la mahopolitaine ambitionne de devenir consultante en leadership pour les femmes, après des études centrées sur le développement personnel. Mais arrivée sur place, première tuile : difficile de faire bouillir la marmite pour ses deux petites filles et son mari avec ce projet-là ! Forte d’une formation d’aide-soignante et dans la petite enfance, Lidie intègre alors le centre hospitalier. Mais sur son temps libre, elle garde dans un coin de sa tête l’idée de monter son projet de transformation agricole spécialisée dans le bien-être. “J’ai galéré pendant deux ans, avant de finalement obtenir le SIRET. Heureusement, j’étais soutenue par le GIASM, le groupement intercommunal des agriculteurs du sud de Mayotte”, sourit-elle avec reconnaissance. De quoi tester son idée sur des marchés, et attirer une première clientèle. “Après tout s’est fait par du bouche à oreilles et grâce aux réseaux sociaux.”
Agro-tourisme et environnement à l’honneur
Son carnet de commandes commence à s’étoffer et L.O.A Cosmétique peut enfin voir le jour en 2021. Désormais, Lidie est présente tous les dimanches au marché de Chirongui et reçoit des demandes via Facebook et Instagram. Pas de boutique en revanche, ni de livraison. “Déjà parce que j’ai mes deux petites filles, mais aussi parce que l’idée, c’est de venir chez nous dans le sud. Le concept c’est aussi de développer l’agro-tourisme”, ajoute la confectionneuse qui débite une nouvelle idée à la seconde. Comme elle aime à le rappeler, L.O.A Cosmétique se base sur quatre volets : la production et agriculture ; la transformation ; l’agro-tourisme ; et enfin l’environnement, fer de lance de cette mère de famille sensibilisée tôt à la protection de la nature. “À Kani Bé, ils sont très branchés environnement, tu peux voir une coco s’énerver parce que t’as jeté un truc !” Face à la disparition de la mangrove, Lidie et ses partenaires, son mari et son frère, ont donc décidé de travailler main dans la main avec l’AME, l’association mangroves environnement, pour planter des palétuviers.
Si son projet a franchi une belle étape cette année, le combat de Lidie Ousseni ne s’arrête pas là. Objectif : sensibiliser en rappelant les bienfaits pour la santé de “toutes ces choses que l’on a ici, mais dont on n’exploite pas le plein potentiel”, explique-t-elle. Une logique qui dépasse le simple produit pour devenir chez cette pro du développement personnel une vraie philosophie. “J’ai le droit de réussir en étant une femme épanouie, c’est ça, le message que je souhaite faire passer.” Surtout à ses filles, ses “deux pépites d’or à qui je veux donner des ailes”, conclut-elle.
20 artisans à l’honneur pour la 8ème édition de Made in Mayotte
C’est reparti pour un tour ! Depuis ce lundi 10h et jusqu’au 17 juillet, les artisans vous donnent à nouveau rendez-vous au Comité du Tourisme pour découvrir leurs créations. Confections en tissu, céramique, bijoux, bois et produits de beauté et du terroir sont à l’honneur pour cette 8ème édition de l’exposition Made in Mayotte. “Cette fois-ci, nous avons centré l’expo sur la valorisation du bien-être avec L.O.A Cosmétique ou Hippocampe Nature, et sur l’ylang-ylang”, souligne Marlène Fraytag, la coordinatrice de l’événement qui tient le stand Touch’du Bois. Au total, une vingtaine d’entreprises et associations d’artisanat se sont regroupées dans le petit hall du comité pour mettre en lumière leurs productions. “On a de plus en plus d’artisans qui participent, c’est très encourageant !”, se réjouit la créatrice. En prime, un invité d’honneur a investi l’entrée, avec ses meubles en bois de récupération : l’association Wenka Culture de Kawéni, “qui organise entre autres des ateliers créations poterie pour le retour à l’emploi des jeunes et la préservation d’un savoir-faire ancestral”.
Ce lundi 5 juillet, le recteur Gilles Halbout est venu personnellement donner un recueil des Fables de La Fontaine à quelques élèves de CM2 de l’école élémentaire de Doujani 1. Pas moins de 8.500 exemplaires doivent être distribués aux futurs collégiens. Un geste symbolique qui a pour but de faire la transition entre le 1er et le 2nd degrés mais aussi le lien avec le français et la culture humaniste.
« Maître Corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l’odeur alléché… » La voix tremblante, Nadiurou prend son courage à deux mains. Une récitation d’autant plus stressante qu’elle se passe sous le regard averti de Gilles Halbout, le recteur, venu ce lundi offrir un recueil des Fables de Jean de La Fontaine à 20 élèves de CM2 de l’école élémentaire de Doujani 1. Puis vient le tour d’Himidat, avec cette fois-ci Le lion et le rat. « Je les connais presque toutes », sourit fièrement la jeune fille de 11 ans.
1 de 5
Une opération devenue récurrente à quelques heures des vacances scolaires depuis l’arrivée du responsable de l’académie sur le territoire. « J’ai accueilli cette annonce très favorablement. Pour 90% d’entre eux, c’est leur premier livre », se réjouit Mohamed, le directeur de l’établissement. Qui considère le choix de l’auteur comme tout sauf anodin. « Les contes traditionnels mettent aussi en scène des animaux et accouchent d’une morale à la fin. Donc les enfants ne sont pas perdus quand ils les lisent. Cela ne peut être que bénéfique ! »
Des élèves au niveau à la veille de leur entrée au collège
D’autant que les principaux intéressés ont l’habitude de manier les mots, avec leur professeur Clément, un adepte des moments littéraires au retour de la récréation et des jeux de langage le matin « pour les faire parler ». Ou encore de « l’apprentissage des poèmes à l’occasion de la fête des mères ». Une méthode de travail qui porte ses fruits aux yeux de Gilles Halbout, convaincu des progrès réalisés au cours de l’année. « Mine de rien, ils savent lire ! Pas tous avec la même exigence, mais ils ont le niveau. » Une bonne nouvelle à l’approche de leur grand début au collège de Kwalé pour certains et de Doujani pour d’autres…
Cette distribution a également un objectif pédagogique : ne pas perdre le rythme durant la coupure « estivale » ! « La majorité vont le feuilleter, et surtout il va passer de main en main. Une seule personne ne va pas le lire. Ce sera une petite victoire pour la lecture », s’enthousiasme leur enseignant. Et avec cette version illustrée par Rébecca Dautremer, « c’est beaucoup plus coloré et imagé », poursuit Mohamed, persuadé que ce bouquin va faire la transition entre le CM2 et la sixième. Sans oublier « le lien avec le français et la culture humaniste », ajoute le recteur.
Alors pour pimenter le tout, le responsable de l’académie lance même un défi à ses interlocuteurs du jour. « Maintenant, il faut les apprendre par cœur car vous allez les étudier à la rentrée. Vous avez toutes les vacances pour vous préparer. » Un défi largement réalisable selon Himidat. « Cela prendra deux jours, tout au plus », s’amuse-t-elle, sûre de pouvoir réaliser le challenge en un temps record. Rendez-vous fin août pour l’interro surprise.
Depuis la mi-mai, l’association Saveurs et Senteurs utilise un séchoir confectionné sur-mesure et installé au pôle rural d’excellence. Grâce à cet outils, pas moins de 750 kg de vanille verte, collectés auprès de 26 agriculteurs du territoire, ont été transformés. Une évolution exponentielle au regard de la relance de la filière commencée en 2018.
Derrière les 40 tiroirs en bois d’acajou rouge se cachent des milliers de gousses de vanille. « Quand elles roulent, elles sont prêtes à passer au séchage à l’ombre », confie Julie Moutet, coordinatrice au sein de Saveurs et Senteurs, à l’initiative de ce nouveau séchoir confectionné sur-mesure – « au millimètre près » – par Agrikagna dans un container « dernier voyage » pour la somme de 26.000 euros. Avec ce nouvel outil « emblématique » reçu mi-mai, la filière fait un bon en avant et passe dans un autre monde. Ou plutôt celui de la voie de la professionnalisation ! D’où l’embauche en alternance d’Ediamine, qui suit une formation au lycée agricole, pour assurer tout le processus.
1 de 6
Première étape : la collecte hebdomadaire chez les agriculteurs de l’île pour trier et peser la vanille verte avant de la ramener au pôle rural d’excellence. « Nous leur garantissons un prix minimum variant de 35 à 50 euros le kilo », se félicite l’unique salariée de l’association. Et en échange de 20% minimum de leur production annuelle, les amoureux de la terre peuvent même recevoir des formations et des conseils complémentaires. « Pour nourrir un pied de vanille, il faut lui donner du compost », donne pour exemple le futur conseiller agricole au termes de ses deux années d’apprentissage.
Échaudage, étuvage, séchage, affinage…
De retour à Coconi pour débuter l’échaudage, qui consiste à plonger les épices dans une eau à 65 degrés durant trois minutes. En d’autres termes, il s’agit de créer un choc thermique. « La difficulté varie en fonction des gousses. Quand elles sont mûres, c’est plus facile. Si elles sont trop cuites ou crues, ça peut vite pourrir », déroule le gaillard de 25 ans, au moment de vérifier la température à l’aide d’un thermomètre. Au bout du temps imparti, place à l’étuvage, qui revient à faire monter et à maintenir le cœur de la gousse à 50 degrés dans un caisson enroulé d’une couverture pendant 24 à 48h. Une opération primordiale en soi dans le but de déclencher une réaction enzymatique avec la chaleur et ainsi permettre la transformation de la glucovanille en vanille.
Direction ensuite le fameux séchoir, d’une surface totale de 50m2, en version déplié. « Nous sortons les tiroirs entre 1h30 et 3h par jour, les UV ont une action désinfectante », précise Julie Moutet, un brin nostalgique du système D élaboré sur sa terrasse avant le récent déménagement en plein cœur du site départemental, inauguré en fin d’année dernière. Un confort de travail non négligeable et un outil beaucoup plus adapté aux aléas climatiques. « Et en cas de pluie, nous pouvons tout remballer en deux minutes. » Avant d’envoyer tout le bardas au séchage à l’ombre puis à l’affinage, considérée comme une période de maturation pour permettre le développement des arômes au cours des six prochains mois. « Nous avons mis en place un cahier des charges pour garantir une qualité homogène. »
Une collecte multipliée par 10 en 3 ans
Grâce à ce parcours mené d’une main de maître, les partenariats se multiplient aux quatre coins du territoire, dont une majeure partie entre Combani et Bouyouni. En 2021, Saveurs et Senteurs comptabilise dans ses rangs 26 producteurs sur les 85 recensés, contre seulement 7 en 2018, année de la relance de la filière. Et forcément la quantité achetée explose elle-aussi, passant au cours de ce laps de temps de 65 à 750kg. « En moyenne, nous collectons entre 80 et 100kg chaque semaine. » Une méthode de travail qui fonctionne et qui réjouit les professionnels agricoles, à l’instar de Mohamadi Ahamada. « Que l’association en arrive là aujourd’hui, c’est une fierté pour moi car elle s’est beaucoup investie. Elle a un rôle primordiale, elle nous accompagne de la plantation à la transformation », souligne l’instituteur à la retraite, surnommé Foundi. De quoi le rendre plus efficace confie sa fille, Mariama, qui ne réchigne jamais à lui donner un coup de main, avec sa sœur Salimati. « Il a reçu des formations de la part des anciens, mais aussi des techniques plus récentes pour améliorer sa vanille. C’est super pour lui ! »
Aujourd’hui, tous les voyants sont au vert pour que l’île au lagon redevienne avant tout l’île aux parfums. « L’ylang et la vanille peuvent redorer le blason du territoire », assure le sexagénaire, qui accueille régulièrement de jeunes curieux sur les trois hectares familiales dans le but de transmettre sa passion. « Faire rêver » cette nouvelle génération, c’est également tout l’objectif de Julie Moutet. À l’image d’Ediamine, pour qui « cette aventure a complètement changé ma vie ».
La vanille demande de prendre son mal en patience
La saison de fécondation se déroule d’août à novembre, tandis que celle de la récolte débute à partir du mois de mai. « La vanille produit ses premières gousses au bout de trois ans de plantation », confie Julie Moutet. Avant d’ajouter que « le pic de production est atteint à partir de sept ans ». Un calendrier bien souvent obscure aux yeux du grand public, comme le confirme Mariama, la fille du producteur Mohamadi Ahamada. « Des amis pensent que nous cueillons la vanille lorsqu’elle est noire », sourit celle qui suit actuellement une formation pour devenir professeur des écoles, mais qui n’hésite pas à dévoiler au grand jour son savoir transmis par son père.
Si le préfet est toujours le dépositaire territorial de la puissance étatique, sa fonction a évolué sous l’influence de la décentralisation ou de la modernisation de la gestion publique. À Mayotte, un gros travail reste à faire pour la transformation de l’État, en particulier dans ses relations avec les acteurs locaux.
Ancien préfet de Mayotte, Jean-François Colombet quitte l’île lundi. Son successeur, Thierry Suquet, nommé le 23 juin dernier, hérite de l’élaboration de la future Loi Mayotte voulue par le ministre de l’Outre-mer dont la visite est annoncée courant juillet. Ce dossier n’est pas anodin puisqu’il comporte un volet décentralisation, le département de Mayotte étant la seule collectivité de France où cette réforme n’est pas achevée. L’État y exerce toujours la compétence en matière de gestion des collèges et des lycées. Il a aussi la main sur les routes nationales. Le transfert de ces compétences au département et à la région est une des revendications formulées pour la rédaction définitive de la Loi Mayotte.
La feuille de route de Thierry Suquet doit donc comporter une discussion sur ces sujets sensibles, intéressant les secteurs de l’éducation, notamment le second degré, et des transports. À cet égard, deux grandes thématiques seront sur la table de travail du délégué du gouvernement. D’une part, la maîtrise de la démographie scolaire explosive, qui rend prioritaire la concrétisation du projet immobilier du rectorat, y compris dans le premier degré où persiste le déficit en salles de classes. D’autre part, le désengorgement de la capitale, la fluidification de la circulation routière, thème récurrent compte tenu des conséquences néfastes des embouteillages sur le dynamisme de l’économie locale. Pour tous les citoyens, lancer le chantier du contournement de Mamoudzou est une urgence signalée.
Ces deux domaines, éducation et transports, ont attisé les tensions entre le préfet Colombet et les collectifs, tensions qui, bien souvent, sont attribuables à la méconnaissance du rôle et des attributions du préfet. Il n’est donc pas inutile de rappeler ses fonctions, pour éclairer la société civile.
Changer les mentalités coloniales
Le préfet est un haut fonctionnaire nommé en conseil des ministres, par décret du président de la République, sur proposition du premier ministre et du ministre de l’Intérieur. Selon l’article 72 de la Constitution, il a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois. Chef de l’administration préfectorale, le préfet met en œuvre les politiques gouvernementales. Il est garant de l’ordre public et de la sécurité.
Traditionnellement, les préfets remplissaient une double mission à la tête du département : ils représentaient l’État et détenaient le pouvoir exécutif. Depuis la loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions nouvellement créées, la fonction exécutive a été transférée aux présidents de conseil général (devenu « départemental » en 2015) et régional. À Mayotte, la bascule a eu lieu tardivement, en 2014.
Ce retard explique le comportement hautain de certains hauts-fonctionnaires affectés dans l’île, qui se croient revêtus de pouvoirs omnipotents, à l’exemple des gouverneurs d’ancien régime, de l’époque coloniale. À l’inverse, la décentralisation tardive, encore inachevée, explique l’attitude soumise de certains Mahorais à l’égard du représentant de l’État, posture obéissante observée aussi chez certains qui pensent, à tort, que le préfet est leur supérieur hiérarchique. Cette image paternaliste, persistante, ajoutée à la peur de l’uniforme, nuit au bon fonctionnement des institutions, à l’exercice des responsabilités locales. Le séjour de Thierry Suquet peut contribuer à instaurer des relations plus saines avec les acteurs locaux. Un changement de conduite, de part et d’autre, est nécessaire pour faire évoluer les mentalités et mettre un terme aux rapports de domination coloniaux.
Jusqu’en 1982, la fonction de dépositaire de l’autorité étatique avait créé une relation particulière entre le préfet et les collectivités territoriales (communes et départements). Ce dernier exerçait une tutelle sur elles. Cette tutelle avait un but politique : de crainte que les collectivités n’acquièrent trop de puissance et n’empiètent sur les attributions de l’État, la tutelle visait à les soumettre aux décisions et réglementations nationales. L’objectif était de maintenir la supériorité de l’intérêt général national sur des intérêts locaux. Les collectivités ne pouvaient donc délimiter l’intérêt public local que dans le respect des politiques étatiques.
Dans la pratique, ce système n’était toutefois pas aussi vertical. Dans ses relations avec les élus locaux, le préfet a toujours essayé de collaborer et de négocier avec eux plutôt que de leur imposer unilatéralement ses décisions. Son ascendant tenait ainsi davantage à son prestige et à sa compétence technique qu’à ses prérogatives juridiques. Ce système centralisateur fut profondément réformé.
Une fonction moins autoritaire
En effet, la décentralisation consiste à conférer et à renforcer les compétences dévolues à des collectivités territoriales indépendantes de l’État, c’est-à-dire essentiellement les communes, les départements et les régions. Le centre, l’État, est ainsi délesté de certaines prérogatives remises aux collectivités. Le processus de renforcement des compétences locales se poursuit aujourd’hui et nécessite une reconfiguration continuelle de l’organisation administrative.
La fonction du préfet, en tant que représentant territorial de l’État, se trouve modifiée par ce partage de compétences avec les collectivités décentralisées. Le préfet est de moins en moins une autorité confinée à l’exécution passive des directives gouvernementales et à la surveillance des collectivités territoriales, émancipées par la décentralisation. Au contraire, il s’érige en partenaire des collectivités. Il doit davantage initier des projets ou aider les collectivités à porter les leurs que censurer leurs actes ou comportements illégaux. Sa fonction est moins autoritaire.
Les missions du préfet ont ainsi été re-délimitées, par opposition à celles que l’État a transférées aux collectivités. Les fonctions préfectorales se sont resserrées sur leurs fondamentaux, tout en conservant un champ d’application relativement important, compte tenu des intérêts essentiels que les préfets sont chargés de préserver. Elles maintiennent ainsi la prépondérance du préfet sur les collectivités territoriales, dans le but d’assurer le respect de la loi et de préserver les principes d’indivisibilité de la République et d’égalité devant la loi, que l’on ne saurait sacrifier à la décentralisation.
Réalisée par les lycéens de Chirongui, l’exposition « Artistes en herbe » présente une série d’affiches, planches et photographies destinées à la prévention des comportements à risque. Le fruit d’un partenariat entre la mairie, le pôle culturel et le corps enseignant, qui ont dévoilé le résultat de leurs efforts lors du vernissage ce vendredi.
« La femme n’est pas un tamtam. » Disposés sur les murs du pôle culturel, les messages des lycéens de Chirongui vont droit au but. Violences, comportement addictif, conduites à risques… Leur exposition « Artistes en herbe » pointe du doigt les maux du quotidien. Présenté au public vendredi dernier, son objectif vise à valoriser le travail des élèves au travers de messages de prévention.
1 de 5
« Ce sont des problèmes qu’on peut constater à Mayotte« , glisse timidement Oumadi, élève en seconde parcours au lycée général de Chirongui. Durant toute l’année scolaire, ses camarades et lui du lycée professionnel ont travaillé en groupe sous la direction de leur professeur. « C’est un très beau projet qui a permis à nos élèves de s’exprimer sur des sujets sensibles qui leur tiennent à cœur« , se réjouit Robert Varga professeur de lettres au lycée général. « On a voulu alterner entre des messages chocs et des concepts plus doux« , décrit de son côté Damanti, élèves en terminale AMA (artisanat et métiers d’art). « Certaines photos sont difficiles à regarder, mais nous avons également proposé des dessins avec des animaux et des personnages dans un registre plus léger« , complètent ses camarades de classe.
L’art au cœur du lien social
Dans les cartons de la mairie de Chirongui depuis 2017, le projet « Artistes en herbe » a été repris en main dès 2018 sous la coordination de Madi Nadhoimati, coordinatrice du CLSPD (conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance). « Face aux affrontements entre les jeunes du lycée professionnel et ceux du lycée général qui sont situés sur un même site, le but était de travailler sur un projet commun« , rembobine-t-elle. Des grèves et des confinements plus tard, le concept finit par se concrétiser dans un sentiment de fierté général. « Il y a certes un travail sur l’image, le texte, le développement d’une thématique… Mais l’objectif est surtout dans la valorisation d’élèves qui sont en difficulté avec l’école ou la représentation d’eux-mêmes. Au-delà de la visée pédagogique, c’est la question humaine qui est en jeu« , sourit Éric Keiser, proviseur du lycée Tani Malandi.
Pour le corps enseignant, l’ambition est également de parvenir à croiser les niveaux comme les disciplines. « Nous avons pu créer un lien entre les spécialités art graphique, l’infographie et le français. Les secondes et les terminales ont travaillé sur des projets communs. C’est aussi la première fois que nous avons des aller-retours entre les établissements sur ce genre de travaux« , apprécient respectivement madame Ruiz, enseignante en arts graphiques, et madame Blondy, enseignante en communication visuelle.
La prévention avant la répression
Face au problème endémique de la violence sur le territoire, chacun demeure conscient de la portée symbolique de ce type d’action. « La violence n’est pas réservée à quelques jeunes délinquants à Mayotte. Elle nous concerne tous. N’importe qui peut rapidement être emporté par une bande et être impliqué dans des comportements déviants. On ne peut pas être systématiquement dans la répression. Voilà pourquoi il est nécessaire de passer par la prévention« , insiste Éric Keiser. Un sentiment partagé par Madi Nadhoimati. « Quand on passe au stade de la répression, c’est qu’on a laissé traîner les choses. La prévention commence dès le plus jeune âge. Raison pour laquelle j’interviens même dans les établissements élémentaires« , martèle-t-elle. Devant le succès de l’opération, l’ensemble des acteurs tourne désormais les yeux vers l’année prochaine avec de belles productions en perspectives. D’ici là, le public est invité à apprécier celles de cette année jusqu’au 18 juillet au pôle culturel de Chirongui.
L’association Ngizi Ya Nyoshi rassemble le deuxième dimanche de chaque mois sur le site Valarano, agriculteurs et passionnés autour de l’abeille mahoraise. Son but ? Développer la filière apicole sur l’île. Si du chemin reste à parcourir pour professionnaliser la filière, les projets ne manquent pas. Une miellerie doit prochainement voir le jour.
Suivez le guide ! Éric Bellais, apiculteur amateur et trésorier de l’association Ngizi Ya Nyoshi, nous ouvre les portes du rucher. « Notre but est d’accompagner les Mahorais au développement de la filière apicole sur l’île. Leur donner les clés afin qu’ils puissent par la suite créer et entretenir les ruches et leurs essaims, mais aussi récolter le miel que ce soit à des fins personnelles ou professionnelles« , détaille-t-il. L’association travaille en lien avec le lycée agricole de Coconi dans le cadre des réseaux d’Innovation et de transfert agricole (RITA). Ce dispositif vise à soutenir le développement local des productions animales et végétales dans les départements d’Outre-Mer. L’objectif commun est alors de recenser tous les apiculteurs de Mayotte, réaliser une cartographie des ruchers et amener les apiculteurs à collaborer avec les acteurs associatifs et institutionnels pour protéger et promouvoir l’abeille mahoraise sur l’île aux parfums.
Une espèce endémique
Présentation de ces demoiselles à la robe rayée. L’abeille mahoraise est plus petite que ses congénères métropolitaines et possède un temps de travail plus long. À l’heure actuelle, cette espèce reste encore très largement méconnue, car très peu étudiée. Néanmoins aucune hybridation n’a été réalisée sur l’abeille mahoraise, ce qui a permis de la préserver des maladies. “Nous réfléchissons actuellement sur un arrêté pour interdire l’introduction d’abeilles et de matériel usager à Mayotte afin de protéger les essaims des pathologies externes. Nous travaillons également sur le type de ruche le plus adapté à l’abeille mahoraise. Ou encore sur les périodes de récoltes, mais aussi les fleurs mellifères de Mayotte. Cela fait quatre ans seulement que des études structurées sur l’abeille mahoraise ont été initiées. Il nous reste encore beaucoup à apprendre sur cette espèce”, confie Éric Bellais.
Le miel et les abeilles
Mais alors ce miel comment est-il ? À en croire notre apiculteur amateur, il est “excellent, assez fort et très parfumé”, s’extasie-t-il. Un met rare qui se vend 50 euros le litre. De quoi inciter les amis de la nature à se lancer. “Nous invitons tous ceux qui souhaitent faire de l’apiculture à nous rejoindre. Chaque dimanche a sa thématique. Nous commençons par l’ouverture d’une ruche, afin de vérifier son état et réaliser un cours pratique à nos adhérents. Ensuite, nous travaillons la théorie, sur l’abeille et la réglementation. Puis nous mettons en place des ateliers de fabrication de ruches”, détaille Éric Bellais. Le futur projet de l’association ? La création d’une miellerie avec un extracteur produit de manière locale. Un défi pour la petite structure qui veut montrer à tous qu’à Mayotte il est possible de faire du miel tout en respectant “la philosophie de l’abeille mahoraise”.
L’association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) et le centre communal d’action sociale de Mamoudzou ont signé vendredi dernier une convention visant à faciliter l’insertion professionnelle des personnes prises en charge par l’APAJH. Un partenariat sur trois ans qui fait partie des grands projets de l’association à Mayotte.
Nul doute qu’il reste encore beaucoup à faire pour les personnes en situation de handicap en France, et particulièrement à Mayotte où les préjugés leur mènent la vie dure. Alors afin de faciliter leur quotidien et leur permettre une meilleure insertion professionnelle, le centre communal d’action sociale de Mamoudzou et la fédération APAJH ont signé une convention pour une durée de trois ans. Le but ? Créer un partenariat entre la plateforme de parcours renforcés d’accès à la professionnalisation (PPRAP) et le CCAS de la ville chef-lieu pour faciliter la collaboration entre les deux structures. La PPRAP, qui se trouve à l’espace Corralium à Kaweni mais qui sera prochainement déplacée au centre Kinga, existe depuis bientôt un an. Elle fait de l’insertion pour les personnes en situation de handicap qui sont capables de travailler.
« À Mayotte, nous avons du mal à insérer ce public parce que même si ces personnes ont des compétences, nous avons des préjugés et avons du mal à les accepter. La plateforme sert à sensibiliser et à mobiliser les partenaires pour qu’ils aillent chercher des compétences », précise Soumaïla Soula Madi, directeur du pôle adulte de la fédération APAJH Mayotte. La convention engage donc le CCAS de Mamoudzou à rendre plus fluide les démarches administratives des stagiaires de la PPRAP. Cela passe en premier lieu par une mise à disposition de moyens de locomotion pour une meilleure mobilité. « Nous devons également les aider à construire les dossiers d’aides, ou encore à recenser sur le terrain les personnes qui sont en situation de vulnérabilité, fusionner des listes entre le CCAS et l’APAJH pour que nous puissions les accompagner », détaille Zaïtouni Abdallah, vice-présidente du CCAS de Mamoudzou. Cette convention ne concerne que le public de la commune chef-lieu qui représente néanmoins « 70% des personnes accompagnées », souligne Soumaïla Soula Madi.
De grands projets pour Mayotte
La fédération APAJH existe en France depuis bientôt soixante ans, mais elle n’est arrivée à Mayotte que depuis le début de la départementalisation. Et a commencé à créer des structures uniquement depuis trois ans. Le retard à rattraper est donc colossal, alors l’APAJH multiplie les projets sur le territoire. Elle veut signer d’autres conventions avec les autres communes de l’île. « Plus nous aurons de points d’accroche sur le terrain, plus les choses avanceront facilement. Nous avons commencé à discuter avec plusieurs municipalités », indique Jean-Louis Garcia, président de l’APAJH qui est actuellement en visite à Mayotte. À l’exemple de la ville de Bandrélé qui devra également établir un partenariat avec la fédération. « À la rentrée prochaine à Bandrélé, nous allons ouvrir une unité d’enseignement élémentaire pour les enfants autistes et pour cela, nous avons besoin de la ville pour qu’elle puisse ouvrir une classe », souligne-t-il encore.
Lors de la signature de la convention à la mairie de Mamoudzou, les représentants de l’APAJH ont également annoncé la création d’une entreprise adaptée avant la fin de l’année 2021. « C’est un intermédiaire entre le monde ordinaire de production et le monde protégé des ESAT (établissements et services d’aide par le travail). Les travailleurs qui seront dans cette entreprise auront droit à un contrat de travail ordinaire, sauf que l’État aidera au poste », éclaire le président de l’APAJH. L’État va compenser les structures qui embaucheront ces personnes en situation de handicap car il considère qu’elles ne peu-vent pas travailler aussi vite que les autres et apporter la même part de productivité. Pour rendre les choses plus faciles et sécuriser les travailleurs, la fédération a cherché des partenaires pour rendre une prestation de services. « Nous allons travailler avec l’agence régionale de santé de Mayotte. Nous allons former une petite équipe qui participera à la démoustication. Le deuxième partenaire est le CHM qui a accepté d’intégrer une équipe dans le cadre de l’hospitalisation à domicile. Elle viendra en renfort pour faire le ménage, les courses, aider les patients, etc », déclare Jean-Louis Garcia. L’APAJH prévoit de mettre en route l’entreprise adaptée avec une quinzaine de personnes, mais elle ambitionne déjà de doubler les effectifs l’année prochaine car ce ne sont pas les aides qui manquent. « Tous les ans arrivent à Mayotte des aides au poste et comme il n’y a pas de porteur de projet d’entreprise adaptée, à la fin de l’année les aides retournent à Paris », déplore le président de l’APAJH. Ce dernier promet de rattraper le retard cumulé dans le départe-ment. « Il faut donner plus à ceux qui en ont le moins et donner moins à ceux qui en ont le plus », affirme-t-il. Une manière pour lui d’assurer l’égalité républicaine. Il ne reste plus qu’à voir de quelle manière cette vision s’articulera à Mayotte.
À peu de chose près, le conseil départemental aurait pu élire ce 1er juillet sa première femme présidente en la personne de Maymounati Moussa Ahamadi. Mais c’était sans compter le retournement de veste de certains élus dans les dernières heures précédant le scrutin. Finalement, c’est le vice-président en charge des finances sous l’ancienne mandature, Ben Issa Ousseni, qui remporte la victoire 14 voix contre 12. Récit d’une matinée qui rappelle à quel point la politique à Mayotte n’a pas d’égale en France.
« On l’a fait ! La droite reste au pouvoir ! » À la lecture du 26ème et dernier bulletin de vote, Abdoul Kamardine, élu dans le canton de M’Tsamboro, ne peut cacher sa joie à l’annonce de la victoire de Ben Issa Ousseni. L’ancien vice-président en charge des finances sous la mandature de Soibahadine Ibrahim Ramadani succède à son mentor, au nez et à la barbe de Maymounati Moussa Ahamadi. « La démocratie a parlé… », avoue, quelques minutes après le dépouillement, celle qui avait remporté sa place dans l’hémicycle au soir du premier tour sur Dzaoudzi-Labattoir. Si la directrice de la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire la joue fair-play à l’égard de son adversaire, elle analyse tout de même ce résultat final avec une certaine amertume : « Peut-être que Mayotte n’est pas encore prête à avoir une femme à la tête de son territoire. »
1 de 12
En face, la coalition de droite et de centre-droite, porté par 14 voix contre 12 pour l’opposition, exulte. Les scènes de liesse et les embrassades se multiplient. À l’image de Rossette Vitta et Madi Velou qui se ruent vers le nouveau chef de l’exécutif pour lui tomber dans les bras. « C’est une première dans l’histoire de Mayotte depuis l’avènement de la décentralisation que nous avons une majorité cohérente. Au lendemain de cette séance de droit, il va falloir construire le projet de mandature et fixer un cap », récapitule le duo de Zouhourya Mouayad Ben. Le programme territorial annoncé par Les Républicains durant la campagne risque de revenir sur un coin de table, histoire de poser quelques bases pour les six prochaines années.
« Un véritable capharnaüm »
Pourtant, dix heures encore avant le dépouillement, aucune majorité claire et précise ne se dégageait… « Je ne sais pas si nous sommes dans la surprise. En tout cas, l’organisation pour arriver jusque-là a été un véritable capharnaüm », se désole Mansour Kamardine, abasourdi de toujours constater que « les puissances visibles de l’argent s’immiscent dans le jeu démocratique et prennent en otage le conseil départemental ». Et modifient ainsi à leur guise un échiquier politique fébrile tout au long des quatre derniers jours. Dans sa ligne de mire ? Ida Nel, pistée lors de visites domiciliaires nocturnes, qui « a contacté les environnements des conseillers » pour arracher ces derniers des griffes de son groupe. « Je demanderai de nous pencher très sérieusement sur l’intérêt de Mayotte vis-à-vis du port de Longoni. Il en va de l’économie de ce territoire. » Des accusations lourdes de sens qui risquent de faire couler beaucoup d’encre !
Face à ces délations, Elyassir Manroufou défend les agissements du MDM au sujet des retournements de veste qui ont fait pencher la balance. « Certains binômes n’ont pas été soudés et n’ont pas parlé d’une seule et même voix. » Exemple avec Omar Ali et Daoud Saindou Malide qui ont préféré les rangs de la majorité pour devenir respectivement 3ème et 6ème vice-présidents. À l’inverse de Maymounati Moussa Ahamadi et d’Echati Issa. Une « trahison » visible avant même le début du scrutin au regard du plan de table. Toujours selon lui, le coupable se nomme Ambdilwahedou Soumaïla. « Nous trouvons regrettable que le maire de Mamoudzou n’ait pas saisi cette opportunité de travailler avec les trois cantons (les candidats LR ont tous perdu le 2nd tour). Il a préféré faire élire un président issu davantage de sa famille politique, en oubliant la proximité et le choix des électeurs de sa commune. »
Boycott au retour de séance
Dans ces conditions et avec deux camps bien distincts, comment envisager la suite ? « Nous assumerons la responsabilité d’avoir fait le choix de porter la candidature d’une femme. Mais cela ne nous empêchera pas de travailler. Nous sommes là pour l’intérêt des Mahorais et rien d’autre », assure le vainqueur sur M’Tsapéré et Doujani. Même son de cloche pour la candidate malheureuse du jour. « Ce n’est pas ce qui va m’arrêter et m’empêcher de porter haut et fort les engagements pris auprès de la population de Dzaoudzi-Labattoir. Au contraire, cela me donne la force d’aller voir tout ce que nous pouvons faire pour développer Mayotte et surtout donner de l’espoir », assure la Petite-Terrienne.
Nouveau retournement de situation inattendu à l’issue de la suspension de séance. Pendant cette pause d’une heure, chacun détermine et propose sa liste des membres de la commission permanente. Mais patatra ! Le temps est écoulé et les élus de l’opposition boycottent leur présence. « Ils viennent ou ils ne viennent pas », s’impatiente Ben Issa Ousseni, en se tournant vers quelques agents administratifs de la collectivité. Plus de 15 minutes s’écoulent avant qu’ils ne pointent le bout de leur nez… « Il n’y a que les Mahorais pour faire la politique de la chaise vide », chuchote Bahati Houmadi, suppléante de « Fifi » sur Koungou. Un retard assumé aux conséquences non négligeables ! Avec une seule note en sa possession au bout du temps imparti, le chef de l’exécutif n’a pas d’autre alternative que de constituer le nouveau bureau du Département avec les sept premiers noms de la liste présentée (voir encadré), à savoir Salime Mdéré, Tahamida Ibrahim, Ali Omar, Zouhourya Mouayad Ben, Bibi Chanfi, Daoud Saindou Malide et Madi Vélou.
Entre espoir et désespoir
Place enfin au premier discours de Ben Issa Ousseni. Au cours de celui-ci, le nouveau responsable de la collectivité rabâche les indispensables défis de la jeunesse, de la formation, de la précarité sociale, du renforcement des soins médicaux de proximité, de l’économie, de l’aménagement. « Pour les relever, nous devons travailler en synergie », prône-t-il. Avant d’insister sur l’utilisation à bon escient du plan de relance, des fonds européens et du contrat de convergence. « Nous voulons un territoire fort qui s’affirme davantage dans la région de l’océan Indien et le canal du Mozambique. Restons unis et solidaires pour conforter Mayotte dans un élan social et économique. »
Des mots forts qui n’attendent que des actes concrets. Mais en ce 1er juillet, reste surtout l’espoir déçu pour certains de voir une femme accéder pour la première fois à la présidence du Département. « La difficulté est que ce n’était pas [Maymounati Moussa Ahamadi] qui était candidate. C’est ça le problème, elle a été mise comme un paravent. Elle était avec nous jusqu’à hier [mercredi 30 juin]. À 14h, elle était première vice-présidente… Quelqu’un l’a arrachée pour la présenter en face et la faire reine. Était-ce vraiment une façon de promouvoir la femme ? », confie et s’interroge Mansour Kamardine. De quoi nourrir de profonds regrets pour la principale concernée. Qui a raison, qui a tort dans tout ce schmilblick ? C’est toute la singularité de la vie politique dans le 101ème département…
La répartition des sièges de la commission permanente
Aussitôt après l’élection du président et sous sa présidence, le conseil départemental fixe le nombre des vice-présidents et des autres membres de la commission permanente. Ces derniers sont élus au scrutin de liste. Chaque conseiller départemental peut présenter une liste de candidats, qui doit être composée alternativement d’un candidat de chaque sexe.
Les listes sont déposées auprès du président dans l’heure qui suit la décision du conseil départemental relative à la composition de la commission permanente. Si, à l’expiration de ce délai, une seule liste a été déposée, les différents sièges de la commission permanente sont alors pourvus immédiatement dans l’ordre de la liste et il en est donné lecture par le président. Dans le cas contraire, le conseil départemental procède d’abord à l’élection de la commission permanente, à la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel. Les sièges sont attribués aux candidats dans l’ordre de présentation sur chaque liste. Si plusieurs listes ont la même moyenne pour l’attribution du dernier siège, celui-ci revient à la liste qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages. En cas d’égalité de suffrages, le siège est attribué au plus âgé des candidats susceptibles d’être proclamés élus. Si le nombre de candidats figurant sur une liste est inférieur au nombre de sièges qui lui reviennent, le ou les sièges non pourvus sont attribués à la ou aux plus fortes moyennes suivantes.
Après la répartition des sièges de la commission permanente, le conseil départemental procède à l’élection des vice-présidents au scrutin de liste à la majorité absolue, sans panachage ni vote préférentiel. Sur chacune des listes, l’écart entre le nombre des candidats de chaque sexe ne peut être supérieur à un. Si, après deux tours de scrutin, aucune liste n’a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un troisième tour de scrutin et l’élection a lieu à la majorité relative. En cas d’égalité de suffrages, les candidats de la liste ayant la moyenne d’âge la plus élevée sont élus.
Les femmes n’ont pas emboîté le pas de Maymounati
À l’issue du scrutin, Said Omar Oili ne remet aucunement en cause le choix de la désormais opposition d’avoir présenté Maymounati Moussa Ahamadi au poste de présidente du Département. « Le combat de Mayotte a été mené par des femmes, donc nous avons voulu [en] présenter [une] qui a la tête sur les épaules et les compétences », précise le maire de Dzaoudzi-Labattoir. « Les élus n’ont pas voulu rentrer dans l’histoire, c’est dommage… » Celui-ci fustige surtout les autres élues qui ont préféré jouer la carte politique plutôt que de saisir la balle au rebond. « J’avais l’espoir qu’elles auraient une réaction. Certaines ont rejeté cette candidature. Il y a à méditer. » S’il dit n’avoir « ni frustration ni déception », il regrette « cette continuité dans l’incertitude ».
Le choix de la continuité pour Soibahadine Ibrahim Ramadani
Soibahadine Ibrahim Ramadani est un ancien président de Département heureux. Pour lui, l’élection de Ben Issa Ousseni est « le choix de la continuité ». « D’autant plus qu’il a fait pour l’essentiel sa campagne sur le bilan et les projets de cette mandature. » Une manière de légitimer ses réalisations. « Si ce bilan était si mauvais que cela, il aurait dû être victime de dégagisme. Or, les électeurs lui ont renouvelé leur confiance et ses pairs l’ont choisi majoritairement. »
Le désormais retraité de la vie politique a également un œil très averti sur la vision des femmes dans le milieu. « Malgré leurs compétences, les Mahoraises et les Mahorais ne sont pas encore prêts à les placer à la tête des grandes institutions et entreprises. Mais cela ne les déclasse pas. » Avant d’adresser un message à Maymounati Moussa Ahamadi. « Elle fait partie de ces femmes qui ont crevé l’écran pendant la campagne. Nous pouvions penser qu’elle était prédestinée à un avenir au plus haut sommet du Département. Il y a peut-être un moment où il faut enrichir l’expérience, se faire connaître, entretenir des relations encore plus fortes et convaincre les réticences. »
Ce jeudi 1er juillet, les élèves du lycée des Lumières de Kawéni ont pu rencontrer et échanger avec différents acteurs tels que la police, le RSMA, Pôle Emploi ou encore des associations et des entreprises à l’occasion d’une journée sur le thème de l’insertion professionnelle et le recrutement. Dans l’optique de ne pas se retrouver le bec dans l’eau une fois l’obtention du baccalauréat.
Youpi c’est les vacances ! Enfin presque… À peine les premiers résultats du baccalauréat annoncés, les terminales doivent déjà penser à leur avenir. BTS, service civique, premier emploi, le monde du post-bac leur ouvre grand les bras. Seul problème, comme chaque année, beaucoup de lycéens peinent à trouver une formation sur Parcoursup. Alors pour ne pas les laisser livrés à eux-mêmes, la direction du lycée des Lumières a décidé d’organiser un événement ce jeudi 1er juillet afin de présenter aux élèves les différentes solutions qui s’offrent à eux après le lycée.
“Lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre ailleurs”
“Qu’ils aient ou non leur bac, nous ne voulons pas qu’ils se retrouvent lâchés dans la nature sans activité”, affirme Marine Boulakhras, professeur de lettres et d’histoire-géographie au sein de l’établissement scolaire. “Notre objectif avec cette journée est de leur présenter des possibilités d’avenir à Mayotte”, poursuit-t-elle. Dans l’amphithéâtre du lycée, les élèves de Bac Pro accueil et relation clients et usagers (ARCU) et Bac Pro gestion-administration (GA) assistent toute la matinée à une présentation générale des différents acteurs venus les rencontrer. Police, GRETA, RSMA ou encore Pôle Emploi proposent aux jeunes des solutions concrètes d’insertion dans le monde du travail. Au cours de l’après-midi, direction les stands afin de rencontrer les associations et les entreprises qui ont fait le déplacement. “Les élèves peuvent à la fois prendre des renseignements mais aussi laisser leur contact à de potentiels employeurs. Cela leur permet de voir que lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre ailleurs et des solutions existent sur leur territoire”, souligne Marine Boulakhras.
Un suivi post-bas de trois ans
Tout juste bachelière, Fatima Hattime se retrouve pour l’heure sans solution. D’où sa présence aux côtés de ses camarades pour tenter de dénicher une porte de sortie. “J’ai intégré le bac pro ARCU pour devenir hôtesse d’accueil. Malheureusement, à l’heure actuelle, je n’ai été admise dans aucun des BTS que j’avais demandé. Je m’oriente alors vers une remise à niveau en restauration avant d’intégrer un BTS dans ce secteur. Ce n’était pas mon premier choix, mais cela me permettra d’intégrer le monde du travail”, détaille la lycéenne. “Cette journée est importante en particulier pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’être pris dans l’une des formations qu’ils avaient choisi sur Parcoursup.”
Comme pour elle, la plateforme numérique a fait beaucoup de déçus. Pour Patrick Loval, le proviseur au lycée de Kawéni, l’objectif à court terme est le suivi des jeunes et leur insertion dans la vie professionnelle. “Nous voulons mettre en place dès cette année un suivi post-bac de nos élèves pendant les trois années qui suivent la terminale. L’idée est de mesurer notre impact sur l’insertion de ces jeunes et de mener une enquête via un questionnaire que nous enverrons aux élèves par mail ou par téléphone afin de continuer à les accompagner après le lycée”, explique le responsable de l’enceinte. Une manière aussi de repêcher certains bacheliers perdus en cours de route et pourquoi pas, de les remettre dans le droit chemin, le cas échéant.
L’association départementale des Pupilles de l’enseignement public, qui prend en charge des enfants en situation de handicap, a organisé des sorties en mer pour permettre à ces jeunes de découvrir le lagon. Un moyen d’éveiller leurs sens et de les sortir de leur quotidien.
Gonzales, le pilote maritime du bateau Némo, accueillait un public pas comme les autres dans son navire ce jeudi matin. Neuf enfants en situation de handicap, pris en charge par l’association départementale des Pupilles de l’enseignement public, ont eu le privilège de monter à bord de l’engin de 12 mètres de long à la découverte des merveilles qui se cachent dans le lagon de Mayotte. La structure s’occupe d’une soixantaine d’enfants vivant avec un handicap. Ils ne vont pas à l’école et sont isolés, alors les membres leur apprennent les bases du français et organisent des activités pour éveiller leurs sens.
1 de 6
Durant trois jours cette semaine, les enfants volontaires ont pu faire une sortie en mer. Une première pour eux. Arrivés au ponton de Mamoudzou à 9h, le petit groupe découvre la surprise qui les attend. « Ils pensaient sûrement qu’on allait prendre la barge. Ils ne savaient pas qu’ils allaient monter sur un bateau », indique Taoidoudi Chamssidine, l’accompagnant éducatif et social (AES) de l’association. Malgré l’appréhension, ils grimpent tous dans l’embarcation de manière volontaire. Sans plus tarder, le navire se dirige vers la passe en S, site de plongée connu pour sa richesse d’espèces sous-marines. L’association a expressément choisi le bateau Némo de l’opérateur nautique Randonnée palmée car il est doté d’une immense bulle. Les passagers peuvent ainsi observer les fonds marins sans plonger dans l’eau. Les enfants s’y approchent, craintifs. « Ils pensent qu’ils vont tomber dans l’eau », explique l’AES.
Après quelques mots rassurants, les jeunes acceptent de se pencher pour admirer les différentes espèces de poissons, les tortues ainsi que les coraux. « On peut manger le poisson ? », interroge l’une d’entre eux. Si le guide donne des informations et anime la sortie, force est de constater que son discours n’atteint pas sa cible… La plupart des enfants ne parlent pas français, alors les accompagnatrices essayent de traduire en langue locale, mais même ainsi, certains jeunes préfèrent regarder la toiture du bateau plutôt que d’écouter et regarder les spécimens qui défilent sous leurs yeux. « C’est compliqué de s’adapter à la clientèle, surtout à des enfants qui ont des problèmes. On n’y connait rien, on n’est pas formés pour cela. On ne sait pas si notre discours sert à quelque chose mais dans tous les cas, il faut le faire », selon le pilote du bateau.
« Ils peuvent vivre ce que les autres enfants vivent »
Après l’observation des poissons et autres espèces sous-marines, les enfants sont invités à aller dans l’eau un par un avec une bouée, un masque de plongée et le moniteur à leur côté. Contrairement à ce qu’avaient pensé les accompagnatrices, presque tous acceptent d’y aller. Seulement deux préfèrent rester sur le banc. Certains relèvent le défi avec le sourire, d’autres sont en panique une fois dans l’eau. « Ils n’ont jamais fait cela donc for-cément ça les secoue un peu. Mais on s’attendait à ce type de réactions. Malgré tout, ils ont fait un gros effort et ont été très courageux », soutient Halima Ali Youssouf, l’enseignante des jeunes.
L’équipe pédagogique est convaincue des bienfaits d’une sortie comme celle-ci pour ces enfants atteints d’autisme, de trisomie ou de problèmes mentaux en tout genre. « Même s’ils ne disent rien, je sais qu’ils sont contents. Ce sont des enfants qui ne quittent pratiquement jamais leurs domiciles. Une activité comme celle-ci les fait sortir de l‘ordinaire et ils peuvent vivre ce que les autres enfants vivent », précise Taoidoudi Chamssidine, l’AES. Et pour les aider à se surpasser davantage, une visite au centre équestre de Hajangua est prévue dans les prochains jours. Il s’agira également d’une première pour ces jeunes de l’association les Pupilles de l’enseignement public. Une chance pour les principaux concernés mais également un soulagement pour leurs parents qui « n’ont pas les moyens de payer des sorties comme celles-là ». Une chose est sûre, tous les enfants ont quitté le bateau les yeux émerveillés et le sourire aux lèvres. Mission accomplie pour l’association !
Ce jeudi, une trentaine de jeunes recrues étaient présentées au drapeau après leur premier mois de formation initiale tandis qu’une quinzaine de volontaires se voyaient remettre leur certificat d’aptitude personnelle à l’insertion (CAPI). L’occasion de faire le point sur le dispositif du service militaire adapté, qui fête cette année ses soixante bougies dans les départements d’Outre-mer. À Mayotte, face au chômage et à la délinquance, le régiment confirme sa place dans l’insertion des jeunes.
“Volontaires de Mayotte, souviens-toi de ce nom, défile la tête haute !” Les paroles chantées en chœur résonnent depuis l’arrière du RSMA à Combani. Ce refrain, entonné distinctement par les jeunes recrues, est rapidement rejoint par le reconnaissable son des rangers qui battent le bitume en ordre serré. Ils sont un peu plus d’une trentaine ce jeudi à avoir défilé derrière le drapeau bleu blanc rouge, à l’occasion d’une cérémonie qui acte la fin de leur formation militaire initiale (FMI). Après trois semaines intensives, une nouvelle promotion, débutée en juin 2021, rejoint ainsi le circuit du RSMA de Mayotte, qui forme chaque année près de 600 jeunes et les accompagne vers l’insertion sociale et l’emploi. Seule condition pour intégrer le dispositif : être Français et avoir entre 18 et 25 ans.
1 de 4
“Vous avez fait le choix d’entrer au RSMA. C’est un choix respectable, courageux et digne”, salue en introduction de cette cérémonie de présentation au drapeau le Lieutenant-Colonel Pierre-Louis Dubois, commandant du régiment. “Vous avez renoncé à la facilité, à l’oisiveté et vous avez choisi la droiture du comportement plutôt que la délinquance”, ajoute-t-il avant de leur rappeler la devise du régiment. “La réussite par l’effort et le travail !”, clament d’une même voix les jeunes en rang dans leur treillis.
“Au bout de deux mois, ils ont les idées claires”
Réveil matin 4h, travaux d’intérêt général, apprentissage des codes de l’armée, savoir-vivre… Au cours de ce premier mois de formation, les volontaires du RSMA apprennent le bé-a-ba de la vie en communauté et de la cohésion, enjeux clé de toute formation militaire. Sans oublier les “factures”, punitions et pompes, qui tombent sur tout le groupe si l’un d’entre eux fait une bourde. De quoi rééduquer des jeunes en pertes de repères, souvent éloignés des circuits de formation et de l’emploi. “Quand ils arrivent ici, ils sont perdus. Et au bout de deux mois, on le voit, ils ont les idées claires”, souligne le sergent Jean Youmouddine, sous-officier adjoint au chef de section VSC (volontaires service court). “J’ai vu le RSMA se construire et venir faire de l’insertion ici, c’est un honneur”, ajoute le militaire originaire de Mayotte qui a passé 22 ans à Angoulême.
Grâce aux encadrants, les jeunes recrues peuvent en effet s’orienter vers l’une des 19 formations proposées par le régiment. Neuf d’entre elles concernent le bâtiment, avec des ateliers dédiés directement sur le site de Combani. Mais les volontaires peuvent aussi s’orienter vers le tertiaire : restauration, sécurité, commerce, aide à la personne, transport routier… En bonus ? Le permis, qu’ils passent gratuitement et un petit revenu de quelque 300 euros par mois payé à tous les volontaires stagiaires. À l’issue de la formation, qui peut s’étaler sur dix mois, le jeune peut directement postuler à un poste ou tenter de rejoindre une formation qualifiante.
80% d’insertion à Mayotte
Ce jeudi, une quinzaine de recrues se voyaient ainsi remettre leur CAPI, certificat d’aptitude personnelle à l’insertion, après dix mois passés entre ces murs. De quoi garantir à leur futur employeur la validation des “compétences nécessaires et attendues : un savoir-être, un savoir-faire, un savoir, et un savoir secourir”, rappelle le Lieutenant-Colonel Dubois. “Quand vous serez seuls face à votre employeur, face à votre famille, vous devrez vous rappeler d’être à l’heure, la bonne tenue, le goût du travail en équipe, le respect de son chef. N’oubliez pas les valeurs qui vous ont été inculquées.” Un volontaire est considéré comme inséré quand il décroche un contrat de plus de six mois. Face à la jeunesse de la population et le chômage de masse, ce dispositif dédié aux Outre-mer, devenu officiellement un régiment du service militaire adapté en 2018 et qui fête ses soixante bougies en France (33 années d’existence sur le département), confirme son implantation sur le territoire. À Mayotte, 80% des jeunes trouvent une sortie positive, dans l’emploi ou dans la poursuite d’une formation.
La pharmacie à usage intérieur du centre hospitalier de Mayotte a un fonctionnement bien particulier par rapport au reste de la France. Elle développe une ribambelle de projets, comme la fabrication de sirops pédiatriques, de gélules et de poches de nutrition parentérales standardisées, pour répondre aux spécificités du territoire. Pour autant, elle tend aussi vers la normalité en modernisant son unité de stérilisation. Entretien avec Makrem Ben Reguiga, le chef de service.
1 de 3
Flash Infos : Le mois dernier, vous avez annoncé la modernisation de l’unité de stérilisation de la pharmacie à usage intérieur du CHM, un projet d’établissement en attente depuis quelques années. Expliquez-nous les contours de ce chantier.
Makrem Ben Reguiga : Il s’agit d’une exigence réglementaire en termes de qualité et de sécurité des soins. Le matériel chirurgical qui est souvent précieux et rare nécessite d’être stérilisé après chaque utilisation. Il y a tout un processus qui est normalisé. Des normes internationales auxquelles nous devons répondre sans aucune dérogation. Dans ce processus là, nous avons des équipements vieillissants et des locaux non conformes. Nos demandes de remise à niveau depuis des années n’ont jusqu’alors pas été suivies d’effet. Il faut savoir que l’unité de stérilisation a été créée en 2003 avant l’achat de laveurs en 2007, qui ont une durée de vie de dix ans. À ce jour, nous les utilisons encore en raison des aléas qui ont empêché leur remplacement. Et nous sommes arrivés à un point de non retour. Les équipements sont fatigués, désuets… Et ne répondent plus aux besoins ! À titre d’exemple, nous avons dû arrêter plusieurs jours en avril dernier la production, ce qui a grandement impacté les blocs opératoires, les maternités et l’obstétrique.
Comme je le disais, l’ensemble de la chaîne de stérilisation n’est plus conforme en termes de qualité et de sécurité. À chaque fois, cela nous impose de procéder à énormément de vérifications et de contrôles et à redoubler de vigilance et d’efforts pour aboutir à un produit fini, conforme à la législation. Typiquement, nous sommes obligés de réaliser un bionettoyage des locaux quasiment quotidiennement, alors qu’en métropole ce n’est le cas qu’une fois par semaine, voire une fois par mois… Pourquoi ? Parce que nous avons des doutes sur la qualité de l’air et de l’eau.
FI : Comment se fait-il qu’au cours de toutes ces années aucune autorité ne vous ait jamais rappelés à l’ordre ?
M. B. R. : Depuis 2003, nous n’avons jamais été inspectés, donc nous n’avions pas le pouvoir de demander des travaux. Dans ces conditions, impossible que l’autorité suprême ne vienne démontrer par A + B qu’il faut les faire. En septembre 2019, nous avons eu nos premiers contacts avec le pharmacien inspecteur avant que celui-ci ne se rende sur place un an plus tard. Dans son rapport d’inspection, il a indiqué nos efforts pour répondre à ces normes, mais il a souligné l’importance de renouveler le matériel mais aussi de nous doter d’outils pour laver les équipements de transport qui prennent la barge et qui transitent entre les blocs opératoires dans le but de limiter la transmission des germes.
Le soutien de l’agence régionale de santé et cette inspection pharmaceutique nous ont permis d’être visibles aux yeux de la direction et d’avoir une certaine écoute. Le projet, qui est écrit depuis 2018, a eu un coup d’accélération avec l’arrivée de Christophe Blanchard à la tête de l’établissement. Il est dans le tiroir, il faut simplement effectuer quelques mises à jour. Nous avons déjà les devis, il suffit simplement de passer à l’acte, d’engager la dépense et de qualifier les travaux. Nous sommes sur un chantier d’un peu moins d’un million d’euros, financé par le CHM sur fonds propres.
FI : Dites-nous en plus sur les équipements que vous allez recevoir… Et que vont-t-ils apporter dans la prise en charge des patients ?
M. B. R. : Nous sommes en contact avec le fournisseur suédois Getinge, qui est le numéro un mondial en stérilisation et qui a une qualité incomparable C’est la meilleure marque internationale. Nous allons donc nous doter d’équipements de dernière génération. Autre avantage avec cet équipementier : il a un service après-vente local pour Mayotte et La Réunion, ce qui nous permet de bénéficier d’une réactivité et d’une prise en charge rapide. Nous allons acheter trois laveurs-désinfecteurs – pour laver et désinfecter les matériaux avant stérilisation qui se fait sous condition de humide à haute température- et une cabine de lavage, qui sera une nouveauté sur le territoire et qui assure une désinfection à haut niveau des équipements de transport et de stockage.
En résumé, nous aurons du matériel et du contenant stériles. Cela va énormément limiter le nombre d’infections nosocomiales. Au cours des dernières années, nous avons eu une hausse importante du nombre de cas épidémiques liés à un portage manuel. Cela va permettre de casser cette chaîne de transmission. Nous rentrerons alors dans les standards nationaux. Et avec le projet de traçabilité des quelque 10.000 dispositifs médicaux réutilisables, nous allons pouvoir suivre les maladies infectieuses qui pourraient être liées aux patients précédents. C’est le principe de ceinture-bretelle : d’un côté, nous stérilisons correctement, de manière robuste, de bout en bout, de l’autre, nous n’aurons plus de croisement des instruments. Sans présomption, nous serons meilleurs que bon nombre d’hôpitaux métropolitains de ce point de vue-là.
FI : Sur quel calendrier tablez-vous pour ces deux projets transversaux ?
M. B. R. : Sur la traçabilité, nous avons reçu les équipements. Malheureusement, la personne censée paramétrer les logiciels et former les collègues a eu un aléas de santé. Nous espérons pouvoir commencer au mois de juillet. C’est en bonne voie.
Sur la grosse cavalerie, il s’agit d’un projet multidisciplinaire : il y a l’équipementier Getinge, la direction des travaux du CHM qui est actuellement très prise avec l’hôpital de Petite-Terre, mais aussi nous, la pharmacie. Car durant le chantier, il va falloir trouver des solutions alternatives pour stériliser. Aujourd’hui, où en sommes-nous ? Le matériel a été commandé et la fabrication a commencé, nous avons eu la confirmation il y a quinze jours. Ce sont des produits dédiés à une installation donnée donc forcément cela prend trois à quatre mois. Auxquels il faut ajouter trois mois de transport maritime. Nous pensons recevoir les équipements vers mi-décembre et les installer fin février 2022. Entre-temps, en interne, nous devons, avec le bureau d’études que nous allons engager, planifier les travaux et la transition de quatre à six semaines.
FI : De tels outils vont demander une montée en compétences des agents de la pharmacie. Comment va se dérouler ce volet formation ?
M. B. R. : Nous avons commencé depuis 2020 à former neuf personnes sur la conduite d’autoclaves. Et en novembre prochain, nous allons entamer la partie lavage et désinfection pour l’ensemble de l’équipe. Un prestataire, le centre national d’enseignement hospitalier, va rester trois semaines à Mayotte et attribuer in fine l’équivalent d’un diplôme universitaire. Je tiens à remercier la direction qui a été très réactive, car en temps normal, les demandes de formation se font l’année précédente. Mais comme le projet a été validé début mai, il a fallu aller vite.
FI : La pharmacie est une véritable usine avec plus de cent salariés. Quelles sont vos particularités par rapport aux autres territoires d’Outre-mer et à la métropole ?
M. B. R. : À Mayotte, la pharmacie hospitalière a évolué. Il faut savoir que notre cœur de métier est de tout faire pour que le patient hospitalisé reçoive le traitement adapté. Nous sommes responsables juridiquement et pénalement de la rupture d’approvisionnement si nous n’arrivons pas à proposer un équivalent thérapeutique.
Depuis trois ans, nous essayons de développer de nouvelles solutions appropriées au territoire. Par exemple, nous produisons nous-mêmes notre oxygène médical, ce qui fait de nous la troisième pharmacie de France dans ce domaine. En 2021, nous allons multiplier par 2.5 notre capacité et allons devenir la plus importante production hospitalière.
Depuis un an, nous avons aussi monté une unité de production de sirops pédiatriques pour faire face au nombre important de naissances, de cardiopathies (maladies héréditaires du cœur) et de spécificités liées au bassin océan Indien. Précédemment, nous préparions des médicaments à la demande, c’est-à-dire des préparations magistrales. Aujourd’hui, nous procédons à des séries semi-industrielles. À moyen fixe, cela nous permet de répondre plus facilement aux besoins des patients, notamment des enfants en pédiatrie. Par ailleurs, les maladies rénales nécessitent de faire venir des gélules extrêmement onéreuses de la métropole. Nous allons investir d’ici juillet-août dans un gélulier semi-automatique pour les réaliser nous-mêmes sous forme semi-industrielle. L’ambition consiste vraiment à devenir autonome !
Le troisième projet que nous menons avec la médecine néonatale est la production de poches de nutrition standardisées afin de prendre en charge rapidement les enfants prématurés très fragiles, qui ont besoin d’alimentation par voie sanguine. Nous allons démarrer avant la fin de l’année. Ce sont des activités très techniques dans lesquelles la marge d’erreur n’est pas du tout acceptée. En gros, si nous avons des valeurs avec 1% d’écart par rapport à la cible, cela peut être délétère pour le patient.
Pour revenir sur l’organisation générale, nous sommes une structure multi-site avec une pharmacie centrale et cinq autres périphériques ainsi qu’un site logistique à Longoni qui concentre quasiment 5.000 mètres carrés de stockage, soit 3.000 palettes. Ce qui nous permet d’avoir une autonomie, en cas d’aléas, de cyclones, de poussées épidémiques. C’est une fourmilière, même si nous sommes toujours en sous-effectif, car nous avons une file active de patients indéfinie… Il nous faut plus de moyens : nous n’avons qu’un poste et demi pour l’approvisionnement en médicaments, un seul pour le dispositif médico-stérile et 0.5 pour les chimiothérapies. Mais ce n’est pas tout. En métropole, nous parlons de rupture lorsque le médicament n’est pas reçu sous trois jours. En 2020, mon délai moyen d’acheminement maritime est de 110 jours ! Sans parler des contraintes et plafonds financiers, qui nous imposent d’avoir un pilotage financier et à prioriser les dépenses.
FI : Mayotte connaît son lot de spécificités… La pharmacie y échappe-t-elle ? Par exemple, quels médicaments génériques sont plus utilisés ici qu’ailleurs ?
M. B. R. : Dans notre pharmacie, un quart de nos dépenses, hors médicaments onéreux, repose sur les vaccins alors que nous ne sommes pas censés vacciner le couple mère-enfant, c’est à la charge des 22 PMI ouvertes en théorie. Ce ne se fait nulle part ailleurs, c’est typique à Mayotte ! En 2018 et en 2019, nous avons vécu des épidémies de coqueluche et de rougeole par défaut de vaccination… Nous prenons aussi en charge le VIH. Habituellement remboursés à l’hôpital, ces produits ne le sont pas chez nous car la majorité de nos patients sont non affiliés sociaux. Sans oublier les antibiotiques courants, pour l’angine par exemple, qui représentent une part non négligeable de notre ligne budgétaire. L’état socio-économique de la population et les conditions de vie soumettent les patients à de fortes pressions infectieuses. Ces trois caractéristiques-là sont censées être dépendantes du circuit officinal. Or, c’est une empreinte du CHM ! Nous devons assumer cette part pour garantir un minimum de santé publique conforme.
Après 20 ans au service de la rédaction RFO, puis Mayotte la 1ère, Toufaili Andjilani, l’actuel rédacteur en chef de la chaîne publique à Mayotte, quitte son île et son équipe pour la Nouvelle-Calédonie. Un départ qu’il prend avec sérénité, mais non sans une pointe de nostalgie.
Confortablement assis sur son siège, ses doigts pianotent le clavier d’ordinateur. Le regard rivé sur l’écran, Toufaili Andjilani prend à cœur son rôle de rédacteur en chef de Mayotte la 1ère jusqu’aux derniers instants. Avant de quitter son poste et son équipe de toujours, il tient à finir sur un coup de maître ! « Nous avons une grande cérémonie qui nous attend, nous devons couvrir l’élection du futur président du Département », indique-t-il. Ce dernier grand évènement marque la fin de son aventure à Mayotte pour de longues années. Car celui qui a porté la rédaction commune de Mayotte la 1ère durant deux ans a accepté une mutation à l’autre bout du monde, plus précisément en Nouvelle-Calédonie. De nouveaux horizons et challenges qu’il a hâte de découvrir. « C’est un autre pays avec des enjeux importants. Il y a le 3ème référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie prévu au mois de décembre. Tous les projecteurs de la France seront braqués là-bas, et nous relèverons le défi », assure-t-il, impatient de rentrer dans le vif du sujet.
Mais si Toufaili Andjilani quitte Mayotte, c’est également pour pouvoir se confronter à une autre réalité. Dans un territoire où tout le monde connaît tout le monde, il est parfois difficile de prendre du recul « Parfois, il faut prendre des décisions tout en sachant qu’ici, toutes les familles se connaissent. C’est donc difficile d’avoir le rôle de chef objectif. Il faut préserver les liens tout en imposant une certaine rigueur au travail », dévoile-t-il. C’est donc tout naturellement qu’il se dit heureux de vivre une nouvelle expérience à plusieurs milliers de kilomètres de son île natale, même s’il ne s’en cache pas, il aura toujours une pensée pour ses collègues de Mayotte la 1ère avec qui il a tout vécu. Les bons comme les mauvais moments.
En évoquant ces instants, il a immédiatement une pensée pour la regrettée Anliat Boina Issa, journaliste pionnière de Mayotte qui nous a quittés il y a quelques mois. « Sa mort m’a complètement bouleversé, c’est le moment le plus difficile de ma carrière. Je me suis beaucoup questionné. Elle était quelqu’un qui m’a toujours soutenu, elle était bienveillante et travaillait beaucoup. Son absence est un vide au sein de la rédaction que nous ne pourrons pas combler », avoue-t-il encore ému. Il n’oublie pas non plus les moments intenses qu’il a vécu depuis qu’il est à la tête des trois rédactions – télé, radio et Internet -, à l’exemple de la visite du président Emmanuel Macron en octobre 2019. Ses équipes et lui avaient assuré sept heures de direct, sans oublier la couverture des dernières élections municipales et départementales.
Le journaliste de terrain face aux postes à responsabilités
Toufaili Andjilani a intégré la rédaction de RFO au début des années 2000. Il a gravi les échelons grâce à sa détermination et son acharnement pour le travail. Le métier de journaliste, il en rêvait depuis son adolescence. « J’avais vu un reportage sur la guerre du Golfe avec Bertrand Cocq qui faisait un plateau de situation et c’est ce qui m’a donné envie de faire ce métier », se souvient-il. Si ce dernier a adoré être au cœur de l’actualité et aller au contact des gens, tout cela n’était plus possible depuis sa promotion en tant que rédacteur en chef. « Je suis partagé parce que plus j’évolue, plus je m’éloigne du terrain. Je veux garder ce lien avec le journalisme aussi longtemps que je pourrai », affirme-t-il. Son ascension laisse croire qu’il vise le poste de directeur régional d’une station de France Télévisions, mais la réalité est loin de ce que l’on peut imaginer. « En tant que rédacteur en chef, je fais encore du journalisme même si je ne suis pas sur le terrain. Le poste de directeur, c’est autre chose… Tu es plus administrateur ! Et je n’ai pas envie de faire ça, ce n’est pas mon métier », déclare le futur rédacteur en chef de Nouvelle-Calédonie la 1ère.
Qu’importe ses choix, il sait qu’il pourra compter sur son épouse qui accepte le rythme de travail intense qui s’accompagne avec son statut. « Quand nous faisons ce que je fais, nous travaillons sept jours sur sept, quasiment 24heures sur 24. Nous nous levons tôt et nous nous couchons très tard. C’est important d’avoir quelqu’un dans sa vie qui puisse comprendre cela et c’est le cas de ma femme. Elle ne me fait jamais culpabiliser mes absences », dit-il fièrement. Son départ signe le fin d’une époque au sein de la rédaction de Mayotte la 1ère, mais aussi le début d’une nouvelle ère. Tous ses collègues l’affirment, il sera fortement regretté. Bon vent Toufaili !
Depuis lundi 21 juin, 42 jeunes participent à la première phase du Service National Universel à l’internat du lycée de Dembéni à Tsararano. En 2021, ce dispositif national rassemble 17.000 volontaires, âgés de 15 à 17 ans en France métropolitaine et dans les départements d’Outre-mer. À Mayotte, ils sont 43 lycéens à y prendre part. Cerise sur le gâteau, l’un d’eux se rendra même à Paris à l’occasion du défilé du 14 juillet.
Dring, dring ! 5h10… Le réveil sonne. Les yeux des 43 jeunes volontaires du service national universel s’ouvrent péniblement, au gré des premières lumières du jour. Pas le temps toutefois de somnoler et de retomber dans les bras de Morphée. Ni une ni deux, les lycéens s’activent et revêtent leur uniforme pour hisser le drapeau tricolore dans la cour du lycée polyvalent de Tsararano, à 6h pile. Hors de question d’arriver en retard ! “Après la levée des couleurs, nous leur apprenons un peu d’ordre serré tous les matins. Ce sont eux qui ont insisté afin de pouvoir participer au défilé du 14 juillet à Dembéni”, précise Marie Charifou, la cadre de compagnie.
Un programme chargé jusqu’au dodo
Place ensuite aux tâches ménagères avec le rangement des chambres, moment durant lequel ils font leur lit au carré, et le nettoyage de tout l’étage de l’internat où ils logent. Un réveil pour le moins militaire ! À 7h, direction le self pour la collation, qui coïncide avec l’un des seuls temps mort de la journée. Parfait pour se remplir le ventre avant la répartition des volontaires en deux groupes pour une séance de sport et de sophrologie. Ce mercredi matin, c’est l’occasion pour eux de prendre soin de leurs corps et de leur mental. Au programme ? Différentes thématiques telles que la cohésion, la découverte du patrimoine culturel, de l’engagement, la sécurité, l’autonomie en lien avec l’accès aux droits et la connaissance des services publics, la défense sécurité et les résiliences nationales ainsi que le développement durable.
Bis repetita l’après-midi, après la pause déjeuner. Les ateliers redémarrent sur les chapeaux de roue, histoire de brasser, en long, en large et en travers, tous les sujets à l’ordre du jour. Quatre heures intenses au bout desquelles s’enchaînent le temps libre de 17h à 18h pour profiter des derniers rayons de soleil, puis le dîner jusqu’à 19h30. Pas le temps de réellement relâcher la pression qu’arrivent le brief sur la démocratie et les activités du soir. Le coup de grâce intervient avec l’extinction des feux à 22h. Exténués, les jeunes peuvent enfin profiter d’une nuit de sommeil bien méritée.
Moustoihi, symbole de Mayotte le 14 juillet
Une routine quotidienne qui se répète inlassablement depuis le 21 juin. Avant la cérémonie de clôture organisée ce jeudi 1er juillet avec l’ensemble des volontaires, des encadrants, des personnalités et des membres du comité de pilotage. À l’approche du bilan, les retours s’avèrent plus que positifs. Depuis le début de leur formation, les 43 participants au séjour de cohésion font preuve d’un enthousiasme sans faille. Et une petite surprise de dernière minute s’invite même à la partie. “Le président de la République, Emmanuel Macron, a demandé pour le 14 juillet la création d’une chorale engagée de 132 jeunes, parmi lesquels 12 jeunes volontaires en service national universel pourront participer. Nous avons alors été contactés pour savoir si nous avions une perle à présenter dans nos rangs », confie la directrice déléguée aux formations professionnelle et technologiques au lycée de Tsararano. « Nous avons fait passer des auditions et l’un d’entre eux a été retenu. Il va alors intégrer le chœur de la chorale et chanter place de la Concorde. C’est vraiment une expérience formidable pour ce jeune qui a été félicité par tous ses camarades.” Élève au lycée Younoussa Bamana, Moustoihi représentera donc fièrement le 101ème département français dans quinze jours lors de la fête nationale dans la capitale.
Le SNU quésako ?
Le service national universel était l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron en 2017. Une session test avait été mise en place en 2019 et avait rassemblé 2.000 volontaires. Cette année, le nombre de ceux-ci a été multiplié par 8.5. Le SNU se présente comme un dispositif qui vise à faire découvrir aux jeunes de nouveaux horizons. Il ne veut en aucun cas être perçu comme un retour du service militaire, suspendu en 1997 par Jacques Chirac, mais comme “une aventure inclusive et universelle pour donner aux jeunes les clés de leur avenir commun”.
Une nouvelle enquête de l’Institut national de la stastiques et des études économiques (INSEE) analyse les lieux d’achats à Mayotte en 2018. En une petite dizaine d’années, les supérettes des grands groupes comme Sodifram et BDM (Bourbon Distribution Mayotte, qui détient les Douka bé) se sont développées, attirant davantage de consommateurs que les grandes surfaces. Lesquelles restent essentiellement prisées par les ménages à plus hauts revenus. Des disparités de consommation qui confirment les inégalités sociales et économiques du 101ème département.
Le paysage de la distribution évolue à Mayotte et avec lui, les habitudes des consommateurs. C’est ce qu’analyse une nouvelle publication de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) sur les lieux d’achats en 2018. Première conclusion : les Mahorais effectuent 55% de leurs courses alimentaires en grandes surfaces, soit nettement moins que leurs voisins de La Réunion (77%) ou que dans l’Hexagone (69%). Entre 2011 et 2018, cette part diminue même de trois points.
Les gagnants de cette tendance ? Les petites surfaces alimentaires de moins de 400 m2, qui voient quant à elles défiler quatre fois plus d’achats alimentaires qu’en France. Et parmi elles, les “petites surfaces alimentaires d’enseignes locales” se développent fortement depuis 2010. Il faut y voir sans surprise l’œuvre de Sodifram et BDM, et sa chaîne de Douka Bé, qui ont maillé le territoire avec des supérettes plus petites et plus accessibles pour tous. Ces nouvelles enseignes ont été “développées dans le courant de la décennie par les grands groupes pour atteindre davantage les populations les plus pauvres”, confirme l’étude.
Les épiceries indépendantes à la peine
Et elles commencent ainsi à faire de l’ombre aux “doukas”, ces 2.000 petites épiceries indépendantes qui détiennent en 2018 12% des parts du marché alimentaire. “Les petits doukas se font un peu manger, car ils ont une offre de produits très concentrée : quatre produits représentent 70% de leur chiffre d’affaires, or les gens ne consomment pas que ces produits-là, donc ils vont naturellement se fournir ailleurs”, développe Bertrand Aumand, chef du service régional de l’INSEE à Mayotte. Une concentration du marché qui pourrait augurer une hausse des prix ? “C’est une possibilité”, concède avec prudence le Monsieur Statistiques de l’île aux parfums. “Il ne s’agit pas là d’une enquête sur le niveau de prix, que l’on fera par ailleurs. Mais le prix n’est pas le seul facteur de détermination du choix, et là, c’est plutôt un facteur de proximité.”
Des inégalités qui se creusent
Une habitude de consommation qui découle naturellement du niveau de vie des Mahorais. “Si les gens sont plus pauvres et n’ont pas de voiture, ils vont au plus près”, résume Bertrand Aumand. Seulement un ménage pauvre sur dix dispose d’une voiture, contre huit sur dix pour les ménages plus aisés. Les familles les plus précaires vont donc faire leurs courses à pied ou en taxi, ce qui limite les déplacements. Et c’est l’une des autres clés de lecture de l’étude : si les ménages consacrent en moyenne 24% de leur budget en produits alimentaires – huit points de plus qu’en France métropolitaine et dans les autres DOM, mais aussi trois points de moins qu’en 2011, en lien avec l’élévation du niveau de vie -, ceux à très bas revenus y sacrifient deux fois plus de leur budget que les ménages non pauvres : 36% soit 210 euros par mois, contre 17%, qui représentent 410 euros par mois pour les plus riches.
En gros, les écarts de richesse restent considérables – et se creusent d’ailleurs, comme l’avait déjà démontré une enquête antérieure en juillet 2020 – et cela se traduit dans les types de consommation. “Les plus aisés vont plus facilement faire leurs achats en grande surface, c’est quasiment trois points de plus que les plus bas revenus, c’est énorme !”, souligne le chef de l’INSEE Mayotte. Des ménages plus riches, qui vont aussi pouvoir effectuer leurs achats hors alimentaires à l’extérieur du département, en France ou à l’étranger. C’est notamment le cas pour les téléphones portables, qui étaient encore deux fois plus chers à Mayotte que dans l’Hexagone en 2015. De même pour l’habillement, qui représente une part deux fois plus élevée du budget de ménages mahorais qu’en métropole ou dans les autres DOM.
Quant aux produits frais, poisson, fruits et légumes, manioc et fruit à pain, ce sont encore les marchés ou marchands ambulants des bords de route qui sont les plus prisés, même si l’enquête note un léger infléchissement depuis 2011, au profit des petites surfaces alimentaires. Une donnée qui illustre la difficulté à formaliser certaines filières.