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Les aventures de Toto au coeur d’un spectacle pour enfants à Mayotte

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Kris (en noir) et Mohamed (en blanc) s’entraînent pour le spectacle jeune public qui racontera les aventures de Toto.

Les artistes de l’association de danse, Uwezo, sont en pleine création. Ils ont un mois pour créer un spectacle entièrement dédié au jeune public mahorais. Et c’est tout naturellement qu’ils ont choisi de raconter les aventures du célèbre personnage de fiction Toto, en dansant. Leur première représentation est prévue pour le 6 août.

Toto, ce héros fictif qui incarne un enfant gaffeur et malin est connu de tous. Il fait rire les enfants, mais aussi les adultes. C’est la raison pour laquelle, il est au centre du prochain spectacle de l’association Uwezo, imaginé et mis en scène par deux danseurs professionnels, Fakri Fahardine, connu sous le pseudonyme de Kris, et Mohamed. « Les histoires de Toto sont universelles, mais nous avons remarqué qu’elles ne sont pas les mêmes selon les pays. Elles sont différentes à Mayotte, en métropole, en Amérique… Donc nous allons représenter tous les profils de Toto », explique Fakri Fahardine, également président de l’association Uwezo.

Les histoires farfelues de ce personnage seront racontées grâce à la danse, à travers cinq tableaux d’une durée totale d’une demi-heure. Les thèmes retenus sont : Toto en cours d’EPS, Toto en classe, Toto fait la vaisselle, Toto veut partir et Toto dans la rue. Les deux artistes sont encore en phase de création, ils s’entraînent dans les locaux du Royaume des fleurs, autre association artistique basée en Petite-Terre. « Cela fait une semaine que nous avons commencé les répétions, mais il reste encore beaucoup à faire. Il faut trouver les bons raccords, les enchaînements et assembler le tout », indique Mohamed. Trouver les pas de danse est une chose, mais choisir la musique en est une autre. Ce choix important n’est pas encore fixé, à trois semaines de la première représentation prévue le 6 août. Une situation qui inquiète les danseurs. Ces derniers souhaitent avoir des musiques et des bruitages comme dans les dessins animés, et pour cela, ils travaillent avec un musicien.

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La première représentation aura lieu le 6 août, dans les locaux du Royaume des fleurs en Petite-Terre.

Travailler pour des enfants, une première

Si Uwezo existe depuis trois ans, il s’agit d’une grande première pour la structure. Ses artistes ont plutôt l’habitude de faire des spectacles pour adultes. Fakri et Mohamed doivent donc changer leurs méthodes de travail afin de capter l’attention des enfants. « Dans la création pour les adultes, on code nos danses. On fait cogiter les esprits, quand les spectateurs viennent nous voir, ils se posent plein de questions et c’est ce qui est intéressant. Par contre, pour un spectacle pour jeune public, on ne peut pas faire cela, au risque de les ennuyer. Il faut que tout soit évident, sinon ils ne vont pas comprendre et vont rapidement se désintéresser », précise Fakri Fahardine. Pour s’aider, ils utilisent des objets tels que des ballons et des ustensiles de cuisine. Ils doivent également faire des mimiques, malgré eux. « On est obligés d’en faire pour que les enfants comprennent, même si je ne suis pas très fan. On doit trouver le juste milieu et ne pas trop en faire parce que nous ne sommes pas des clowns ! », lance Fakri Fahardine.

Le spectacle entièrement imaginé pour les petits a un objectif bien précis : faire comprendre aux enfants que la différence n’est pas une mauvaise chose. « Toto est un personnage qui ne réagit et ne pense pas comme tout le monde, mais cela ne veut pas dire qu’il est bête, au contraire, il est très malin ! On veut que les jeunes comprennent que même si on est différent des autres, on ne doit pas être mis de côté », souligne le président de l’association. Une leçon de vie qui sera également utile aux adultes.

 

Carnet de voyage : L’association La Maternelle de Ramena : une chance inouïe pour 230 enfants

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Soutenue par des structures partenaires, telles que le Lions Club Oulanga Maoré, l’association La Maternelle de Ramena accueille pas moins de 230 élèves, dont la moitié est parrainée. Si l’école privée rencontre quelques difficultés logistiques, elle peut se targuer de bénéficier de moyens humains et matériels plus conséquents que dans le public.

C’est le genre de belle histoire qui redonne foi en l’humanité ! Tout remonte à 2008 avec la création de l’association La Maternelle de Ramena par Dadapierre, un ingénieur à la retraite. Près de quinze ans plus tard, l’école comptabilise 230 enfants répartis sur trois niveaux de maternelle et cinq de primaire. Parmi les dates clés, on retient l’accueil de 19 élèves de CP par la maîtresse Aretha en septembre 2010, la construction de cinq salles de classe financées par le Lions Club Oulanga Maoré de 2011 à 2014, mais aussi de quatre autres grâce à Isabelle Becker en 2015. Le tout sur un terrain mis à disposition par la famille Kha.

Une longévité louable malgré les nombreux soucis matériels rencontrés : menuiserie, serrurerie, maçonnerie, ferronnerie, couvertures, peintures, panneaux d’affichage, plomberie, pompes, installations sanitaires… « Le varazatra et les cyclones ne nous font pas de cadeaux », ajoute Jean-Claude Jorgensen, le secrétaire de la structure sœur basée à La Réunion, qui vit dans le village situé à quelques kilomètres de Diego-Suarez huit mois par an. « Nous gérons aussi au jour le jour les relations avec les parents d’élèves. De temps en temps, nous butons sur un grincheux ou deux, mais le dialogue résout tout ! »

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75 donateurs pour un montant total de 12.800 euros

Tout cela sans aucune subvention publique malgache, mais avec un soutien indéfectible de 75 donateurs (un en Allemagne, un en Italie, un en Belgique, un en Martinique, un en Nouvelle-Calédonie, deux en Espagne, deux à Mayotte, six vazahas résidents et vingt à La Réunion), dont un tiers sont déjà venus sur place au moins une fois. « La plupart ont un filleul, une douzaine en ont deux, voire trois, et quelques-uns en ont douze, vingt, vingt-cinq… » Au total, 118 élèves (que l’on appelle communément des Lionceaux) sont aujourd’hui parrainés, ce qui représente 55% des effectifs ! En 2021, le montant total des parrainages s’élève à 12.800 euros, soit la même somme reçue par les frais de scolarité et les inscriptions payés par les parents.

Dans son fonctionnement, l’association emploie quatorze salariés : deux directrices, dix enseignants, un gardien et une femme de ménage. « Jusqu’en 2017, certains faisaient la route Diego-Ramena chaque jour », se rappelle Jean-Claude Jorgensen, qui fait partie du jury de recrutement, aux côtés de Mickaël, le président, et de Zina, la directrice. « Depuis 2010, nous avons toujours exigé le baccalauréat, un diplôme difficile à obtenir à Madagascar ! » Une exigence qui ne se retrouve pas toujours dans les écoles primaires publiques… « Plus de la moitié sont des maîtres FRAM, ils sont recrutés et rémunérés par les associations de parents d’élèves. » Ce décalage se ressent aussi dans les équipements à en croire l’ancien professeur de lettres dans le second degré. « C’est la misère par rapport à nous », confie-t-il. Résultat : les redoublements sont peu nombreux au sein de La Maternelle de Ramena.

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Aujourd’hui, l’association est à la croisée des chemins. Si son budget est à l’équilibre, elle aspire à réunir toujours plus de financements privés pour continuer à faire vivre l’héritage de Dadapierre. Un nouveau souffle qui pourrait venir de Fabrizio, le frère de Giorgio, l’ancien trésorier adjoint décédé le mois dernier, qui souhaite s’investir dans un projet scolaire. « Notre réflexion ne fait que commencer, mais nous rêvons déjà d’ouvrir une classe de sixième ou bien de disposer d’une seconde salle polyvalente. » Quoiqu’il en soit : moramora ! Il s’agit d’abord de consolider l’existant, dans l’intérêt de tous ces enfants.

Un dauphin péponocéphale retrouvé mort dans la mangrove de Passamaïnty

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Le 8 juillet au soir, le réseau échouage mahorais des mammifères marins et de tortues marines a été alerté par un passant de la présence d’un dauphin péponocéphale mort dans la mangrove de Passamaïnty, près de la rocade.

Constituée de membres du centre universitaire de formation et de recherche, du Parc naturel marin et des associations Les Naturalistes et Ceta’Maore, l’équipe s’est rendue sur place le lendemain matin de l’alerte. L’examen externe a permis d’identifier le sexe de l’animal (une femelle) et de déterminer que le décès remontait à plus de trois jours. « Il ne semble pas avoir subi de mutilation. Aucune preuve de collision avec un bateau, de capture accidentelle liée à la pêche ou de braconnage n’est identifiée. » Bien qu’assistée par les experts de l’Observatoire Pelagis, l’équipe manque encore d’éléments pour définir précisément la cause de la mort. Des analyses sur les tissus prélevés lors de l’intervention pourront peut-être apporter des réponses dans le futur.

Le péponocéphale fait partie de la dizaine d’espèces de dauphins observés à Mayotte. On peut l’observer toute l’année au large, souvent en groupe de 100 à 500 individus. Il se distingue notamment par sa tête en forme de melon et sans bec et mesure entre 2 et 2.8 mètres.

Le ministre de l’Éducation nationale en visite fin août

Le sénateur Thani Mohamed Soilihi a indiqué sa page Facebook que son groupe Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants avait reçu ce lundi après-midi au Palais du Luxembourg la première ministre Élisabeth Borne ainsi qu’une vingtaine de ministres et le président du Sénat Gérard Larcher. À cette occasion, Pape Ndiaye, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, a annoncé sa prochaine visite à Mayotte et à La Réunion pour fin août.

Trois lauréats mahorais de l’appel à projets « Jeunesse Outre-mer »

Lancé le 17 mars 2022 par le Ministère des Outre-mer, l’appel à projets « Jeunesse Outre-mer » a désigné ses lauréats. Parmi les 32 actions des structures sélectionnées, trois sont mahoraises : Régie de territoire de Tsingoni : pôle socio-culturel/bonus inclusion ; WebCup : webcup campus Mayotte ; Oudjerebou : concours de jeunes entrepreneurs.

L’enveloppe globale dédiée s’élève à un total de 500.000 euros pour les lauréats, financée par le Ministère des Outre-mer. Cet appel à projets qui s’articule autour de trois axes (insertion sociale, insertion économique et accompagnement de ceux domiciliés dans l’Hexagone en vue de favoriser le retour vers leur territoire d’origine) permettra d’accompagner efficacement des projets prometteurs en faveur des jeunes ultramarins.

Estelle Youssouffa reçue par Ambdilwahedou Soumaïla

Le mercredi 13 juillet, le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla a rencontré la députée nouvellement élue Estelle Youssouffa pour aborder les grands enjeux comme l’insécurité afin de rapporter à Paris les nombreux freins au développement de l’île aux parfums. L’édile a remis à la parlementaire les dossiers cruciaux à défendre à l’Assemblée nationale tels que la synthèse des Assises de la sécurité et de la citoyenneté auxquelles citoyens, forces vives du territoire, institutions et élus ont contribués ainsi que le dossier d’extension des quartiers prioritaires de la politique de la ville au canton 1 dans le but que tout Mamoudzou soit reconnu par ce dispositif. Ensemble, ils ont également évoqué la loi Mayotte, le plan de convergence et sa programmation, les Jeux des Îles de l’océan Indien en 2027 et la nécessité de développer la formation, notamment en médecine afin de pallier au manque de professionnels de santé.

Les cadets citoyens encouragés par le général Olivier Capelle

Le 15 juillet dernier, une cérémonie de remise de récompenses a été organisée au commandement de la gendarmerie de Mayotte au profit des cadets qui ont obtenu leur baccalauréat en 2022, en présence du général Olivier Capelle, commandant la gendarmerie de Mayotte, de Tahamida Ibrahim, 2ème vice-présidente du conseil départemental, de Soihirat El Hadad, conseillère départemental de Pamandzi, de Marie Grosgeorge, directrice de cabinet du préfet, et de Larissa Salim Bé, Miss Excellence France 2021 et marraine de la promotion Souprit.

En effet, sur les 22 cadets citoyens de la gendarmerie qui étaient candidats pour le bac 2022 (dont deux volontaires du service national universel ayant effectué leur mission d’intérêt général au sein de la gendarmerie), 20 sont admis dont huit l’ayant été avec une mention. Ce résultat traduit l’appropriation par les volontaires des valeurs d’engagement, de rigueur et de discipline transmises.

Le général Olivier Capelle a félicité les lauréats et leur a exprimé ses plus vifs encouragements pour la suite de leurs parcours. Ce fut également l’occasion pour lui de remercier les partenaires institutionnels et associatifs, les parents ainsi que les membres de l’encadrement qui ont solidairement œuvré pour aboutir à ce succès.

La deuxième édition du marché paysan du Grand Nord

Fort du succès de la première édition, la communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte et son partenaire le MODEF (confédération syndicale agricole des exploitants familiaux) renouvelle le marché paysan du grand nord pour un second rendez-vous.  Il se tiendra cette fois-ci dans la commune de M’tsamboro.  Ce sera l’occasion de rencontrer les artisans et les producteurs, d’acheter les meilleurs produits locaux, de pouvoir les consommer sur place et ainsi de découvrir les spécialités mahoraises et les atouts du Grand Nord. Si vous souhaitez vous familiariser avec la richesse agricole, artisanale et culinaire de cette zone, venez nombreux le 23 juillet de 8h à 18h au plateau de la commune.

Le dojo de Koungou et le centre de formation maritime de Pamandzi sur les rails

Le conseil départemental poursuit son engagement dans la mise en œuvre d’infrastructures sportives liées notamment aux Jeux des Îles de l’océan Indien en 2027 et plus largement à l’équipement du territoire. Après le bassin olympique de Kawéni, le centre de formation sportif de Miréréni dans la commune Chirongui, le gymnase de Mtsangamouji, ou la future cité régionale de Mamoudzou, place au futur dojo de Koungou et au centre de formation maritime de Pamandzi, en Petite-Terre.

Le 7 juillet dernier, le marché de maîtrise d’œuvre pour la construction de la salle des arts martiaux a ainsi été notifié au groupement de maîtrise d’œuvre composé de AMA (mandataire, architecte et économiste), EGIS bâtiments océan Indien (bureau d’études structures, fluides, VRD et économiste), ARBORESCENCE (bureau d’études structure bois), JNC SUD (paysagiste) et ACOUSTB (acousticien).

Le projet, situé sur la commune de Koungou, comprend notamment une salle de compétition polyvalente avec quatre aires de combat et des tribunes 400 places assises, une salle d’échauffement avec vue panoramique sur la zone de combat, une salle de musculation, des vestiaires et divers locaux (sportifs et arbitres, administratifs, stockage). L’équipement permettra d’accueillir les activités scolaires et associatives ainsi que les compétitions de toute l’île. L’enveloppe prévisionnelle affectée aux travaux est d’environ 6.5 millions d’euros. La livraison de l’opération est prévue au premier semestre 2025.

Autre équipement important : le centre de formation maritime de Petite-Terre, situé à Pamandzi, représente la première étape d’un ambitieux projet qui s’ouvrira à la formation des professionnels de la mer. Ce centre se voudra une réponse aux besoins du territoire sur les filières identifiées prioritaires. Il entend représenter une référence régionale et internationale en la matière et offrira une ouverture aux stagiaires et professionnels de tous les bords, en particulier ceux de la région. La structure comprendra notamment des locaux pour l’administration générale et ses services rattachés (bureaux, salle des professeurs, salle de réunion, salle de repos, etc.), des locaux d’enseignements (salles de cours, ateliers, laboratoires, salle de conférence…), une restauration et des locaux techniques. Le marché de maîtrise d’œuvre a été notifié le 6 mai dernier au groupement composé de CO-ARCHITECTES (mandataire, architecte), INTEGRALE INGENIERIE (bureau d’études d’ingénierie), CiEA (économie de la construction) et ATELIER JUNO (BIM manager). Le futur projet privilégie une architecture s’inspirant du monde maritime, une image et une lisibilité assumée et se veut un levier de développement et de rayonnement pour Mayotte, qui entend investir les métiers de la mer et l’économie bleue. Prévu à l’horizon 2025, il correspond à un investissement en travaux estimé à 5.5 millions d’euros.

FBI Mayotte, la fin brutale de la série

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Il y a cru jusqu’au bout, mais la réalité l’a rattrapé. Naftal-Dylan Soibri, producteur et réalisateur de la série mahoraise FBI Mayotte, a annoncé son arrêt, faute de financement. La nouvelle en a surpris plus d’un puisqu’un réel engouement s’est créé autour du projet. Dans cette interview exclusive, Naftal-Dylan Soibri nous explique en détails les raisons de cette fin soudaine et nous parle de son avenir.

Flash Infos : Comment s’est passé le tournage de la saison une de FBI Mayotte ?

Naftal-Dylan Soibri : C’était une belle expérience, mais en même temps très éprouvante pour toute l’équipe car avec les moyens que nous avions, nous devions être efficaces et organisés. Nous avons eu de grosses journées parce que nous ne pouvions pas nous permettre de mobiliser beaucoup de jours puisque chacun d’entre nous a sa vie à côté et son travail. Nous avons eu en tout deux semaines de tournage pour les cinq épisodes.

FI : Quels types de moyens aviez-vous ?

N-D. S. : Au début, nous n’avions pas la capacité de faire une telle production, mais ensuite nous avons bénéficié de la solidarité de la population, des entreprises privées et de certaines structures publiques. Je ne peux pas tous les citer, mais chacun nous a proposé ses services pour nous faciliter la production de la série. Il y a aussi des entreprises qui m’ont aidé financièrement ainsi que la préfecture pour la deuxième année consécutive. La première fois, elle m’avait subventionné pour acheter du matériel, et cette année, c’était pour payer les acteurs. Grâce à cela, j’ai également pu acheter des caméras professionnelles.

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FI : Vous avez annoncé récemment l’arrêt de la production de FBI Mayotte. Pour quelles raisons ?

N-D. S. : Tout simplement parce que je n’ai plus les moyens de produire la série, j’ai zéro euro au compteur. Mon plan était de diffuser la première partie pour attirer l’attention de certains qui auraient vu le potentiel, le talent, et qui auraient eu envie d’investir. Je pensais qu’avec l’engouement des cinq premiers épisodes, ils auraient fait le nécessaire pour que nous puissions produire la deuxième partie.

FI : Et cela n’a pas été le cas ?

N-D. S. : Non, pas du tout ! On m’a fait des promesses de subventions, d’accompagnement financier qui n’ont pas été tenues. J’y ai cru et j’ai avancé de l’argent et aujourd’hui, je me trouve dans une situation difficile. Je suis obligé d’arrêter la série et de me concentrer sur des productions qui seront plus rentables pour moi et ma société. C’est dommage parce que je faisais cela pour Mayotte et les Mahorais. C’est la population qui m’a motivé à mener ce projet. Je me suis dit que j’allais faire un sacrifice pour montrer de quoi nous sommes capables aussi à Mayotte.

FI : Est-ce donc une fin définitive de FBI Mayotte ?

N-D. S. : Malheureusement oui… La deuxième partie est plus ambitieuse que la première donc elle nécessitera plus de moyens, elle coûtera beaucoup plus cher. Maintenant, si dans les prochains jours, les personnes capables de me soutenir financièrement me disent qu’ils vont m’accompagner, nous pourrons reprendre le tournage. Pour l’instant, ce n’est pas possible, même si je créais une cagnotte comme certains me le suggèrent, il n’y aurait pas assez.

FI : Pourquoi la série n’a pas été diffusée sur la chaîne Mayotte la 1ere comme vous le souhaitiez ?

N-D. S. : La raison principale c’est que nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord sur la date de diffusion. Ils voulaient la diffuser en septembre et moi en juin. Ma stratégie était de la sortir en juin pour que je puisse démarcher les investisseurs cet été et enchaîner les cinq autres épisodes à la fin de l’année. Nous n’étions pas d’accord non plus sur le temps d’exclusivité ni sur le prix. Avec tout le travail que j’ai fait, ils m’ont proposé une somme que j’estime dérisoire pour la diffusion.

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FI : Quels retours avez-vous eu des téléspectateurs ?

N-D. S. : Ils ont été au rendez-vous, mais le fait que cela soit diffusé sur Youtube les a perturbés parce qu’ils n’ont pas l’habitude de regarder des séries sur cette plateforme. Au début, ils ont eu du mal, mais ils ont fini par s’y habituer. Pour l’instant, le nombre de vues est satisfaisant, mais je pense que cela va nettement augmenter parce que je sais que beaucoup de personnes attendaient que tous les épisodes soient disponibles pour tout regarder d’une traite. Pendant ces vacances, je sais que beaucoup vont regarder, je ferai donc le point vers septembre.

FI : Cela fait un an et demi que l’aventure FBI Mayotte a commencé, quel bilan faites-vous aujourd’hui ?

N-D. S. : C’était une expérience très enrichissante pour moi. J’ai dirigé une trentaine de personnes, nous sommes devenus une famille. La série a permis de créer des vocations, de faire rêver les gens et je suis triste que tout cela s’arrête de cette manière. Ce que je trouve dommage, c’est qu’il y a de nombreux jeunes mahorais qui me disent qu’ils veulent se lancer dans le cinéma à Mayotte, mais cela va être compliqué pour eux.

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FI : Comment se dessine l’avenir pour vous ?

N-D. S. : Je suis obligé de partir pour faire du cinéma ailleurs. C’est dommage parce que je suis rentré pour Mayotte, mais aujourd’hui je réalise que le territoire n’est pas prêt et n’a pas les fonds nécessaires pour soutenir les projets cinématographiques. Je vais donc arrêter le cinéma mahorais et me tourner vers l’étranger. Cela sera beaucoup plus compliqué pour moi de mettre en valeur Mayotte si je travaille à l’extérieur, c’est ce qui me rend triste.

FI : Avez-vous un regret ?

N-D. S. : Je ne regrette rien parce que j’ai essayé. Tout le monde a vu que j’ai fait tout mon possible pour sortir les cinq épisodes. Je suis fier du travail que mon équipe a accompli. Je suis aussi content d’avoir pu offrir ces épisodes aux fans de la série. J’avais l’espoir de créer de l’emploi, de faire uniquement de la production cinématographique, de faire connaître l’île à travers le cinéma, et d’exporter notre culture, mais il aurait fallu que je sois soutenu financièrement. Cependant, je remercie tous ceux qui m’ont aidé de quelconque manière.

La pharmacie des Badamiers officiellement fermée depuis le vendredi 15 juillet

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Malgré la solidarité des habitants du quartier, la pharmacie des Badamiers a dû fermer ses portes ce vendredi 15 juillet.

Si Mirasse Gataa, la pharmacienne titulaire des Badamiers, a longtemps espéré que l’agence régionale de santé de Mayotte lui redonne une nouvelle licence afin d’éviter de devoir fermer son officine, elle s’est malheureusement heurtée à la lenteur de l’administration française. Faute du précieux sésame pour exercer, l’ordre des pharmaciens l’a radiée de son annuaire le 6 juillet dernier, la forçant cette fois-ci à rendre les armes. C’est donc avec une grande tristesse qu’elle a dû se résoudre à baisser le rideau de fer ce vendredi 15 juillet.

« L’ordre des pharmaciens a radié ma pharmacie de son annuaire au cours d’une réunion qui s’est tenue le 6 juillet dernier. Je n’ai donc plus le choix, je suis obligée de fermer », regrette Mirasse Gataa, la pharmacienne titulaire des Badamiers, qui s’est fait retirer sa licence en mars dernier à la suite d’une décision du tribunal administratif de Bordeaux en 2ème chambre. Bref rappel des faits : depuis 2017, Samir Charafoudine, le pharmacien titulaire des Orchidées, contestait l’autorisation de création de la pharmacie des Badamiers par l’agence régionale de santé de l’océan Indien (l’ARS de plein exercice à Mayotte remonte à janvier 2020). À l’époque, l’ARS-OI avait jugé le dossier de Mirasse Gataa (ex-Boussaïdi) complet et avait autorisé sa création. Les créations d’officine obéissant à un quota de population par commune (7.000 habitants à Mayotte), le pharmacien titulaire des Orchidées n’avait donc pas pu réaliser son projet à Labattoir, le dossier des Badamiers étant arrivé plus rapidement que le sien.

Cependant, à force d’acharnement judiciaire (sa requête a été rejetée deux fois par le tribunal administratif de Mayotte et une fois par le conseil d’État de Paris), les avocats de Samir Charafoudine ont fini par trouver un oubli de documents dans le dossier de Mirasse Gataa. Oubli lié au code de l’urbanisme. En bref, il lui a été reproché d’avoir transformé un local d’habitation en local commercial sans avoir fait au préalable les demandes d’autorisation nécessaires. « Je ne suis pas en faute, c’est l’ARS-OI qui aurait dû constater cet oubli et ne pas autoriser la création de ma pharmacie », clame Mirasse Gataa qui se retrouve dans une situation désespérée depuis mars dernier. Le tribunal de Bordeaux en 2ème chambre a en effet cette fois-ci accédé à la requête de Samir Charafoudine et a fait annuler la décision de création de la pharmacie des Badamiers datant de 2017. Ni une, ni deux, ce dernier a redéposé son propre dossier de création d’officine… qui a été refusé par l’ARS ! Cette longue bataille judiciaire n’aura donc servi qu’à nuire à Mirasse Gataa, à son équipe et à sa patientèle, sans pour autant en faire profiter le titulaire de la pharmacie des Orchidées.

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Une grande quantité de médicaments va être détruite, dont les vaccins et l’insuline, pourtant fondamentaux pour les habitants de Mayotte.

Un silence radio de la part de l’ARS de Mayotte

La pharmacie des Badamiers étant déjà ouverte depuis cinq ans, sa titulaire espérait se voir redonner sa licence par l’ARS de Mayotte afin de pouvoir continuer à exercer. Dans ce but, elle a reconstitué tout son dossier de création sans omettre, cette fois-ci, aucun document. Mais la réponse de l’institution sanitaire se fait attendre. « D’autres dossiers de création nous sont parvenus entre temps, nous devons donc les examiner », a-t-elle stipulé à Mirasse Gataa sans donner d’autres détail. « Le pharmacien inspecteur de l’ARS est incapable de me renseigner et l’on m’a fait savoir que le directeur était en vacances ! », s’indigne la jeune femme, obligée de fermer boutique ce vendredi 15 juillet après que sa pharmacie s’est fait radier de la liste de l’ordre des pharmaciens. « Cette fois, je n’avais plus le choix. Déjà que nous exercions sans licence depuis le mois de mars dernier, je ne pouvais pas continuer sinon je m’exposais à de graves poursuites. ». En effet, une fois qu’une pharmacie est radiée de la liste de l’ordre, il lui est formellement interdit de continuer à vendre des médicaments.

« Je ne comprends pas que l’ARS de Mayotte ne me soutienne pas davantage alors que le territoire est pourtant considéré comme un désert médical ! », s’indigne Mirasse Gataa qui avait une patientèle fidèle. Plusieurs patients sont d’ailleurs venus lui témoigner son soutien dans cette épreuve qui, si elle ne s’arrange pas, la laissera couverte de dettes. Quant aux huit salariés de la pharmacie, leur patronne ignore pour le moment quel sera leur sort. « J’aimerais évidemment être le plus possible dans la solidarité vis-à-vis de mon équipe, mais il faut voir si je vais pouvoir suivre financièrement », déclare la titulaire, visiblement désemparée par la situation.

Une grande quantité de médicaments détruits

Si la pharmacie des Badamiers va rendre ses médicaments « standards » aux grossistes de l’île, elle est obligée en revanche de détruire tous les médicaments thermosensibles (vaccins, insuline, produits dérivés du sang) et les médicaments stupéfiants comme les anti-douleurs dérivés de la morphine. « C’est un gaspillage épouvantable car ces médicaments sont chers et arrivent par voie aérienne à Mayotte, ils sont donc plus compliqués à acheminer », déplore encore la mère de famille qui garde cependant en elle un petit espoir de voir sa situation s’éclaircir au retour du directeur de l’ARS de Mayotte mi-août. La fermeture de la pharmacie des Badamiers est en tout cas une grosse perte pour les patients de Labattoir qui seront obligés de se tourner vers la pharmacie de Petite-Terre, située rue du Commerce, saturant ainsi le système de soin de la commune.

Un réseau d’arnaqueurs aux « faux billets » devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou

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À l’ouverture du sac, stupeur, il n’y avait que du papier en mauvais état à la place des billets promis.

Six personnes étaient jugées, ce mercredi 13 juillet, pour avoir escroqué leurs victimes avec la technique dite du « wash-wash ». Promettant une multiplication des billets par une technique bien à eux, ils prétextaient ensuite que le premier essai n’avait pas marché pour demander davantage d’argent.

Ils sont que trois sur le banc des victimes, ce mercredi 13 juillet, au tribunal correctionnel de Mamoudzou, mais ils pourraient être bien plus. Tous ont croisé la même bande de six prévenus (l’un étant absent et sous mandat d’arrêt) jugés pour « escroquerie ». Ces derniers proposaient une multiplication des billets par un procédé réalisé dans « leur laboratoire ». Les victimes n’avaient qu’à leur prêter une forte somme d’argent et le tour était joué. La complexité du processus repose sur le fait qu’il n’y ait pas de véritables « faux billets » dans cette histoire. Il s’agit à chaque fois de vrais fournis délibérément. Les escrocs leur appliquent alors une encre rouge dessus, préviennent les victimes que la manœuvre n’a pas marché cette fois et en profitent pour demander davantage pour qu’ils puissent rattraper le coup. Inquiets de l’état de leur investissement, ces dernières ne se méfient pas et rajoutent une nouvelle somme. En tout, plus de 80.000 euros (au moins) sont ainsi subtilisés sur la période 2019-2020.

« C’était comme de la magie », explique un jeune homme qui s’est fait avoir. Entré en contact avec la bande au moment de vendre son scooter, il ne s’est pas méfié quand on lui a promis de « fortifier (sic) son argent ». Désirant rejoindre sa compagne à La Réunion, il donne une première fois 8.000 euros, puis 8.500 euros à quelques membres du réseau. Ce n’est qu’à l’instant où il ouvre le dernier sac poubelle qu’il se rend compte de la supercherie. Des liasses de papiers en très mauvais état se trouvent en lieu et place de son argent promis. « Comment un garçon honnête comme vous peut croire qu’on peut multiplier son argent comme ça ? » demande Chantal Combeau, la présidente du tribunal correctionnel. « Je ne sais pas, je suis méfiant d’habitude », reconnaît la victime, penaude.

Des indépendants qui travaillent ensemble

Le pilier du réseau, selon les écoutes téléphoniques et les auditions, serait un Camerounais de 42 ans, arrivé à Mayotte en 2017. Plutôt costaud, mais obligé de comparaître assis à cause de problèmes de santé, celui-ci a admis aux enquêteurs avoir arnaqué « une dizaine de personnes ». Il s’est d’ailleurs fait pincer en premier lors d’un contrôle routier en juin 2020 en transportant une glacière remplie de billets sur son scooter. Il avait alors demandé à l’une de ses victimes qui était assise derrière lui de dire à la police que c’était à elle. Cette dernière avait bien évidemment refusé. La compagne du Camerounais, une Malgache de 45 ans, trempait aussi dans la combine, se faisant passer pour la secrétaire du « laboratoire ».  Celle qui est déjà en prison depuis le mois de janvier pour une affaire de faux papiers ne manquait pas d’initiatives puisqu’outre les loyers qu’elle percevait pour des appartements à Pamandzi, elle souhaitait doubler son compagnon, indiquent les écoutes. Un Congolais de 34 ans devait l’y aider, même si lui clame n’être que « le chauffeur » par intermittence.

Les trois autres, deux Comoriens de 37 et 28 ans et un Camerounais de 29 ans (cousin du premier), intervenaient également dans les opérations, voire en montaient de leurs côtés. « On était des indépendants », clame la tête du réseau. Un argument retenu par le substitut du procureur, Max Goldminc, au regard des faits. Dans ses réquisitions, il a souhaité que soit retiré le qualificatif de « bande organisée ». Puis, il a demandé que le tribunal condamne le Camerounais de 42 ans à deux ans de prison ferme, l’ex-compagne à dix-huit mois, le Comorien absent du procès à quinze mois, puis les trois autres à un an de prison. Le délibéré est attendu ce mercredi matin.

Yasmine Daoud, étudiante à Vatel : « L’accueil est à améliorer à Mayotte »

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Première école de management de l’hôtellerie et du tourisme sur l’île aux parfums, Vatel donne la chance à ses élèves d’acquérir de nouvelles compétences et surtout de les renforcer en leur accordant la possibilité de voyager. Trois jeunes étudiantes mahoraises – Yasmine Daoud, Léa Youssouf et Siti Boina – sont parties à la rencontre du monde hôtelier dans l’Hexagone dans le cadre d’un stage. Cinq mois de découverte, d’apprentissage et d’enrichissement professionnel. Retour sur leurs expériences respectives dans cette série.

En stage au Novotel à Clermont-Ferrand depuis le mois d’avril, Yasmine Daoud se sent comme un poisson dans l’eau au sein de l’hôtel du groupe Accor. Une immersion rendue possible après avoir rejoint en octobre 2021 la première promotion de la prestigieuse école Vatel. « Au début, je me suis beaucoup sous-estimée… Si j’en avais écouté certain, je ne serais peut-être pas là où je suis aujourd’hui », confie la jeune demoiselle. Un manque de confiance en elle dissipé en un claquement de doigts à en croire l’assurance affichée au bout du fil au moment d’évoquer son aventure professionnelle en plein cœur du centre de la France.

À plus de 8.000 kilomètres de sa terre natale, Yasmine Daoud s’intègre parfaitement à son nouvel environnement grâce au soutien inconditionnel de ses collègues ! « À mon arrivée, j’avais très peur, mais je suis entourée d’une équipe formidable et j’ai des formateurs bienveillants qui font très bien leur travail », affirme la réceptionniste. L’angoisse et le stress du départ ne semblent désormais être qu’un lointain souvenir…

Être attentif et au petit soin

Dès lors, la stagiaire a pour ambition de mettre à profit toute l’expérience acquise en Hexagone pour mettre en lumière le 101ème département. Un territoire aux multiples avantages et au potentiel reconnu, malheureusement trop souvent pointé du doigt en raison de ses aspects négatifs. « Les gens de l’extérieur ont souvent une mauvaise image de Mayotte alors que nous avons une très belle île qui mérite d’être exploitée », insiste l’apprentie. D’où son intention de faire bouger les lignes ! À commencer par l’accueil. « C’est ce qui donne envie aux clients de revenir. Il faut être attentif et au petit soin, mais aussi et surtout savoir mettre ses problèmes de côté le temps du travail… Ce qui n’est pas toujours le cas. »

Forte de cette approche différente et de cet enrichissement personnel, Yasmine Daoud souhaite donner l’exemple aux futurs étudiants de l’école Vatel et impulser une dynamique positive. « L’hôtellerie nous permet de découvrir du monde, d’autres cultures, d’échanger… À travers cette expérience, j’espère que je pourrais inspirer mes frères et mes sœurs. » Des propos qui ont de quoi motiver ceux qui veulent suivre ses traces ! C’est en tout cas l’objectif de l’ancienne élève du lycée du Nord, qui rêve d’ouvrir son propre hôtel de luxe à Mayotte. En attendant, la passionnée par la langue de Shakespeare compte bien bourlinguer aux quatre coins de monde et emmagasiner un maximum de « tips ».

Comores : Les sextapes d’un enseignant français divulguées sur internet embrasent la toile

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En guise de protestation, le Gouverneur de l’île autonome de Moheli a ordonné la fermeture de l’Alliance française de Fomboni, où était affecté l’enseignant soupçonné d’avoir publié ses ébats avec des jeunes filles comoriennes. Pour le moment, une enquête a été ouverte, mais il y a peu de chance qu’elle aboutisse à un procès étant donné que le mis en cause est déjà rentré chez lui en France.  

Quatre mois après le renvoi en France d’un enseignant pour des propos homophobes tenus à l’endroit de ses élèves du lycée français Henri-Matisse de Moroni, voilà un autre ressortissant français qui se trouve dans la tourmente. En effet, l’apparition depuis une semaine de nombreuses sextapes impliquant un ancien enseignant qui travaillait à l’Alliance française de Fomboni fait beaucoup parler en ce moment dans le pays. Dans ces vidéos, l’auteur filme ses ébats avec des jeunes filles comoriennes, dont certaines seraient des anciennes élèves. À Moheli où les faits se seraient produits, l’histoire scandalise.

Interrogée par le site Comores Infos qui est le premier média à révéler l’affaire, l’ambassade de France aux Comores a seulement réagi de façon évasive. « Nous venons d’apprendre l’existence de vidéos à caractère sexuel qui mettent en cause un ancien enseignant de l’Alliance française de Moheli. Il est important que soit procédé l’établissement des faits dans le respect de la présomption d’innocence et de la vie privée de chacune et chacun. Si comportements inappropriés ou pénalement répréhensibles, il appartient à la justice de se prononcer qu’elle soit comorienne ou française », écrit la chancellerie dans son communiqué du 12 juillet. Mais comment la justice comorienne peut-elle organiser un procès alors que le présumé auteur ne se trouve plus sur le territoire ? En effet au moment où les films sont apparus, l’enseignant incriminé, un certain Pascal Solet, avait déjà regagné son pays, la France. « Même s’il n’est plus là, la procédure peut aller jusqu’au bout. L’enseignant, s’il est reconnu coupable, pourrait être condamné par contumace », fait-on remarquer dans le sérail judiciaire.

Arrêt des activités de l’Alliance

Dans le pays, la fuite de ces vidéos a créé un scandale. Le 13 juillet, en signe de protestation, le Gouverneur de l’île autonome de Moheli, Mohamed Said Fazul a ordonné l’arrêt des activités de l’Alliance française de Fomboni jusqu’à nouvel ordre afin de clarifier la situation. Une manifestation pour condamner la publication de ces sextapes devait également avoir lieu sur l’île vendredi, mais elle a été annulée deux jours plus tôt. Aux dernières nouvelles, nous avions appris par la voix du substitut du procureur de l’île de Moheli, Djanfar Mouhoudhoir, qu’une enquête avait finalement été ouverte.

C’est le ministère public qui s’est autosaisi a déclaré le magistrat, samedi. « Certes le mis en cause n’est pas comorien et ne se trouve pas non plus au pays, mais si les faits s’avèrent, la justice comorienne est compétente. Le problème, la France n’extrade pas ses citoyens. Cela constituera automatiquement un obstacle pour la partie comorienne si elle souhaite organiser un procès », note Abdoulabstoi Moudjahidi. Cet avocat au barreau de Moroni a en revanche souligné que la justice française peut de son côté appréhender l’inculpé et mener ses propres enquêtes. Obtenir des éléments depuis les Comores ne sera toutefois pas possible puisque la convention d’entraide judiciaire en matière pénale liant les deux pays n’a été ratifiée que par la France.

Convention d’entraide judiciaire

En effet, Moroni et Paris n’ont jamais réussi à trouver un terrain d’entente sur le statut de Mayotte dans ladite convention. Voilà pourquoi cet accord judiciaire datant de 2014 n’est toujours pas entériné par les parlementaires comoriens a glissé un juriste. « Or, si la convention était ratifiée par les deux pays, cela aurait permis par exemple que des témoins qui se trouvent ici puissent être auditionnés soit par un juge français qui se déplacerait jusqu’aux Comores en présence bien sûr d’un homologue comorien, soit par un magistrat ici qui le ferait à sa place en envoyant des éléments à la justice française », a poursuivi Me Abdoulbastoi Moudjahidi. Ce dernier a également énuméré d’autres avantages qu’offrirait la convention si elle était entrée en vigueur des deux côtés.

Selon lui, en cas de procès, des personnes clés restées aux Comores auraient pu se rendre en France pour une comparution. « La convention d’entraide judiciaire a en gros inclus tous les aspects sauf l’extradition. Un tel accord permet d’éviter aussi les longues procédures. Les deux ministères de la justice peuvent communiquer sans passer par la voie diplomatique », a conclu, Me Abdoulbastoi. Au moment où nous écrivions ces lignes, la brigade de recherches avait seulement confirmé l’ouverture d’une enquête sans pour autant donner d’autres détails. De nombreuses informations relayées par la presse, notamment un article de Comores Infos publié jeudi décrivent cet enseignant comme un « prédateur sexuel », habitué à des attouchements sur mineures. Des parents ont même interpellé dans le passé la direction de l’Alliance pour ces comportements. La hiérarchie l’a seulement changé de classe. Selon certaines informations, pour obtenir des faveurs sexuelles, le mis en cause promettait des visas pour la France et des bonnes notes à ses proies. Pour l’heure, l’institution a fermé ses portes et sa directrice se trouverait même à la Grande Comore.

Inauguration de l’espace numérique de Poroani

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Une nouvelle plateforme numérique a été inaugurée ce mercredi 13 juillet à Poroani, en présence de la 2ème vice-présidente du conseil départemental, Tahamida Ibrahim, du 6ème vice-président en charge de la formation professionnelle et président du groupement d’intérêt public CARIF-OREF, Daoud Saindou-Malidé, ainsi que du maire de Chirongui, Bihaki Daouda.

C’est la 12ème plateforme numérique fonctionnelle que le GIP CARIF-OREF déploie dans les communes. Ce projet porté en collaboration avec la commune reçoit un très fort appui du Département, de l’État et des partenaires de l’orientation, de la formation et de l’inclusion du numérique. Symbole du service public de proximité, cette plateforme numérique décentralisée fonctionne dans l’esprit de la cité des métiers, c’est-à-dire un espace intégré de conseils et de ressources au service du public en recherche de repères, d’orientation et d’information sur les métiers, la vie professionnelle et l’accès aux droits. Elle aura pour mission d’aiguiller les usagers vers tous les moyens d’élaboration et de réalisation d’objectifs professionnels, mais aussi de les accompagner dans leurs choix en y associant l’ensemble des acteurs de l’insertion.

L’accompagnement à l’orientation sociale et professionnelle des jeunes et des publics très éloignés de l’emploi restant l’une des priorités de la collectivité, celle-ci fait le choix de poursuivre cette politique d’installation et de renforcement de l’offre de services des espaces numériques sur Mayotte. « Cela vient compléter l’un des objectifs que nous affichons dans notre projet pour Mayotte 2021-2028, qui est de favoriser l’accès au numérique pour tous et de simplifier le parcours de l’usager », a déclaré la vice-présidente.

 

Une campagne d’appels à candidature de conciliateurs de justice

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Le tribunal judiciaire de Mamoudzou lance une campagne d’appels à candidature de conciliateurs de justice. Cette institution présente un intérêt majeur dans le fonctionnement de la justice civile du quotidien, permettant aux justiciables d’avoir l’opportunité de mettre fin à leur litige plus rapidement et avec accord homologué par le juge ayant force exécutoire.

Plusieurs conditions sont à remplir pour être nommé conciliateur : il faut être majeur, il faut jouir de ses droits civiques et politiques, il ne faut être investi d’aucun mandat électif dans le ressort de la cour d’appel où il exerce, il ne faut pas exercer d’activité judiciaire à quelque titre que ce soit (délégué du procureur, médiateur, assesseur, gérant de tutelle, etc.), il faut justifier d’une formation ou d’une expérience juridique et faire état de compétences qualifiant particulièrement le candidat pour exercer ces fonctions.

Le candidat adresse au magistrat coordonnateur de la protection et de la conciliation de justice du tribunal judiciaire dans le ressort duquel il souhaite exercer ses fonctions : une lettre manuscrite indiquant les motifs qui le déterminent à se porter candidat, un curriculum vitae, ou encore une attestation sur l’honneur. Les candidats intéressés peuvent adresser leur candidature par voie électronique à recrutement.tj-mamoudzou@justice.fr.

À réception de la lettre de candidature, le magistrat coordonnateur de la protection et de la conciliation de justice du tribunal judiciaire saisit le procureur de la République pour recueillir son avis sur le candidat (casier judiciaire, enquête de moralité, jouissance des droits civiques et politiques, etc.). Il vérifie également que le candidat respecte les règles d’incompatibilités. Pendant l’instruction de la candidature, le magistrat coordonnateur de la protection et de la conciliation de justice peut proposer au candidat d’effectuer un stage de découverte auprès de conciliateurs de justice en exercice.

De manière à permettre au candidat de rencontrer plusieurs conciliateurs de justice et de les accompagner lors de leurs permanences, il est préconisé une durée de stage de deux mois minimums. Le magistrat coordonnateur de la protection et de la conciliation de justice sollicite, s’il l’estime nécessaire, l’avis du ou des conciliateurs de justice ayant accompagné le candidat sur l’opportunité du recrutement. Ces vérifications effectuées, le magistrat coordonnateur de la protection et de la conciliation de justice convoque le candidat à un entretien à l’issue duquel il transmettra le dossier de candidature accompagné de son avis, au premier président de la cour d’appel.

Opération de destruction de charbonnière illégale au lieu-dit « Mlima Mahojani »

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Le 11 juillet dernier, la direction départementale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) avec l’appui de la gendarmerie, a procédé à la destruction au lieu-dit « Mlima Mahojani », commune de Dzoumogné, d’une charbonnière illégale d’un volume initial de 60 mètres cubes dans le cadre du plan d’actions de la mission inter-service de l’eau et de la nature de Mayotte (MISEN 976).

La DAAF rappelle que la pratique du charbonnage est strictement réglementée et que les contrevenants à la réglementation s’exposent à des poursuites au titre du code forestier. Des actions de surveillance sont régulièrement menées par les services de l’État. Elles visent à préserver l’environnement et à sanctionner toute action illégale constatée.

Le pôle agricole de Mro Mouhou à Bandrélé prend forme

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Yves-Michel Daunar, directeur de l’EPFAM (à d.) aux côtés de l’un des agriculteurs.

Ce mercredi 13 juillet, une visite du pôle agricole de Mro Mouhou (commune de Bandrélé) a été organisée par la municipalité et l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM). La mairie et le conseil départemental ont réussi à réunir 19 hectares de terrain pour y installer 11 agriculteurs soigneusement sélectionnés sur dossier. Ces derniers sont d’ores et déjà en cours d’installation même s’il reste encore beaucoup à faire pour que le pôle soit totalement opérationnel.

Consciente des problématiques de disponibilité du foncier agricole pour les porteurs de projet et du frein que cela représente pour l’agriculture, la mairie de Bandrélé a décidé de « prendre le taureau par les cornes ». Elle a ainsi récupéré 13 hectares de terrain auprès des personnes qui les occupaient illégalement, mais à l’amiable et en leur versant une

indemnité. « Les négociations ont quand même duré près d’un an », précise Élodie Chêne, la directrice de communication de l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM) avec lequel la mairie collabore sur ce projet de pôle agricole. Le foncier municipal a été enrichie de 6 hectares de foncier départemental pour un total de 19 hectares de surface agricole mise à la disposition de 11 agriculteurs. Ce projet s’inscrit dans la politique de la commune de Bandrélé et de la communauté de communes du Sud de mettre en œuvre un système alimentaire ancré dans le territoire, résilient et durable. La municipalité s’est d’ailleurs déjà engagée dans la construction de marchés couverts à Bandrélé et à Hamouro et souhaite en permettre un approvisionnement en produits issus de l’agriculture locale.

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Les parcelles sont d’ores et déjà en cours d’exploitation.

Un pôle totalement opérationnel d’ici un an

Lors de la visite, seuls cinq agriculteurs ont pu être présents, mais tous se sont réjouis de voir enfin le projet prendre forme. Il faut dire que la convention entre la mairie de Bandrélé et l’EPFAM date d’avril 2018, que les agriculteurs ont été sélectionnés en juin 2020 et que ce n’est que depuis mai 2022 qu’ils ont pu commencer à s’installer sur les terrains mis à leur disposition au travers de baux ruraux. En octobre 2021, le conseil départemental a financé la construction de réserves d’eau individuelles pour quatre d’entre eux. L’EPFAM, maître d’ouvrage et maître d’œuvre pour l’installation des agriculteurs, prévoit la construction d’équipements collectifs (bâtiment commun, réserves d’eau communes, etc.). Mais des études de faisabilité sont encore à prévoir pour cela. Le coût global de ces équipements s’élève à six millions d’euros et l’EPFAM est encore à la recherche de financements. L’établissement accompagnera également les agriculteurs dans leurs demandes de prêts pour leurs équipements individuels. Pour le moment, leur organisation n’est pas encore fixée. « Le système de coopérative peut être une piste pour eux, mais il y en a d’autres. Ce sera à eux d’en décider en temps et en heure », souligne la directrice de communication de l’EPFAM.

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Quatre agriculteurs ont obtenu un financement du conseil départemental pour la construction de réserves d’eau individuelles.

Dans l’ensemble, les agriculteurs sont très satisfaits du projet, même si certains se plaignent de la lenteur de l’avancée de l’aménagement. En particulier ceux qui se sont installés loin de la route et qui ont hâte que des pistes d’accès à leurs parcelles soient enfin tracées. Maraîchage, bananes, manioc, papayes et ananas constitueront les principales cultures même si l’une des agricultrices a parié sur les plantes d’ornements. Côté élevage, les poulets ont le vent en poupe, ce qui n’étonnera personne à Mayotte, même si canards et bovins feront également partie du programme. Plus original, Assani Boinaïdi a décidé d’ajouter des ruches pour produire du miel local même s’il prévoit aussi des poules pondeuses et des canards. « Je suis agriculteur professionnel depuis 2017 et, jusqu’à présent, j’exploitais une parcelle familiale et faisais du maraîchage sur mon toit. Le fait d’avoir un terrain au pôle agricole de Mro Mouhou est une grande avancée pour mon activité ! Je vais pouvoir produire plus et satisfaire davantage de clients », s’enthousiasme le jeune homme qui souhaite également solliciter l’aide de l’EPFAM pour obtenir sa certification agriculture biologique.

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Les agriculteurs et les officiels ont suivi la visite avec une grande attention.

Si beaucoup de travaux restent encore à faire, l’EPFAM estime que le pôle agricole de Mro Mouhou sera totalement opérationnel d’ici un an. Une bonne nouvelle pour l’agriculture locale et pour la santé des Mahorais qui pourront ainsi bénéficier de produits locaux et biologiques vendus dans les marchés couverts de la commune de Bandrélé.

Dawiya Abdou, l’enfant prodige du handball mahorais

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Dawiya Abdou a été élue meilleure ailière droite lors de l’European Open Championship de handball en Suède au début du mois de juillet. ©FFHB

La jeune handballeuse de 16 ans a été élue meilleure ailière droite lors de l’European Open Championship de handball en Suède au début du mois de juillet. Une consécration de plus dans sa courte carrière déjà bien remplie. Déterminée à intégrer l’équipe de France de handball, l’adolescente met toutes les chances de son côté pour y arriver, avec le soutien de toute sa famille.

À première vue, Dawiya Abdou est une jeune fille comme les autres qui aime passer du temps avec ses amies et qui profite de son adolescence. Cependant, à la différence des autres, elle est une talentueuse handballeuse qui ne peut se permettre de faire des écarts ou de faire la fête comme les adolescentes de son âge. Elle a un planning qu’elle doit respecter à la lettre pour progresser. « Je suis en sport étude, donc je vais au lycée et je m’entraîne tous les jours pendant la pause déjeuner ou en fin de journée et je fais aussi de la musculation », raconte-t-elle. Pas le temps donc s’ennuyer.

La sportive est ravie de la vie qu’elle mène car elle a un objectif précis : celui d’intégrer l’équipe de France de handball. Pour l’heure, elle joue en national 1 à Bruguières (Haute-Garonne) près de Toulouse et fait également partie de la sélection de l’équipe de France féminine des moins de 16 ans. C’est ce qui lui a permis de prendre part à l’European Open Championship de handball en Suède au début du mois de juillet. Son équipe a décroché la troisième place, mais Dawiya Abdou a été élue meilleure ailière droite de la compétition face à toutes les autres joueuses européennes présentes. « Quand on m’a annoncé la nouvelle, j’étais bien évidemment contente, mais je ne m’y attendais pas », avoue-t-elle. Compétitrice sur le terrain, elle se dit modeste et fair-play en dehors. Serait-ce la recette du succès ?

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Dawiya Abdou et son père également ancien coach Ahmed Abdou.

Baignée dans le handball depuis l’enfance

Dawiya Abdou n’a pas choisi le handball par hasard. Elle évolue dans ce monde sportif depuis son plus jeune âge. Sa mère, ses tantes, ses oncles… Tous pratiquent la discipline. Elle a donc fréquenté les terrains depuis sa plus tendre enfance. Elle a commencé à jouer alors qu’elle n’avait que cinq ans, et son coach n’était autre que son père Ahmed Abdou, entraîneur du Combani Handball Club. « Elle passait tout son temps au terrain pour s’entraîner. Parfois, sa mère n’était pas contente, d’autres me disaient que c’est une fille et qu’elle devrait faire autre chose, mais Dawiya insistait », dévoile son papa. Ce dernier est fier du parcours de sa fille et des choix qu’il a dû faire pour sa réussite.

Dawiya Abdou a été formée à Mayotte au Combani Handball Club jusqu’à l’âge de 11 ans. À cause de l’insécurité grandissante sur l’île, ses parents décident de l’envoyer vivre dans l’Hexagone avec sa tante et sa soeur cadette. « Au départ, elle n’y est pas allée pour le handball, mais plutôt pour avoir un meilleur cadre de vie. Mais elle suivait sa tante, qui joue aussi, aux entraînements, et elle a rapidement été repérée par les clubs », indique Ahmed Abdou. Même si l’éloignement avec sa famille a été dur à vivre selon la principale concernée, son père et ancien coach est persuadé d’avoir fait le bon choix. « À Mayotte, elle n’aurait pas progressé parce qu’ici on a nos limites. En métropole, il y a toutes les structures nécessaires, un réel accompagnement. Le fait d’être partie lui a permis de réaliser son rêve », assure-t-il. Dawiya Abdou est du même avis que lui et elle compte saisir toutes les opportunités qu’elle aura. « Il faut toujours s’accrocher et ne pas abandonner. Avec beaucoup de travail, on peut tout faire », clame-t-elle. Une chose est sûre, la jeune handballeuse a un avenir prometteur. Lors de la prochaine rentrée, elle souhaite intégrer un centre de formation pour se perfectionner.

La policière faisait des faux pour toucher 25.000 euros

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En arrêt maladie et habitant en métropole, la brigadière continuait d’obtenir le versement de prestations sociales propres à Mayotte.

Le SATPN, le service administratif et technique de la police nationale, s’est rendu compte que le versement de prestations sociales à une brigadière de Mamoudzou jusqu’en septembre 2021 posait question. Celle-ci était en arrêt de maladie depuis janvier de la même année, date à laquelle elle et sa famille ont quitté le territoire mahorais. Plus grave, tous les justificatifs présentés par la mère de famille s’avèrent être des faux. Elle a été condamnée par le tribunal correctionnel de Mamoudzou au remboursement d’une partie de la somme et à un an de prison avec sursis, ce mercredi 13 juillet.

Le petit jeu aurait pu continuer longtemps si les ressources humaines de la police nationale n’avaient pas flairé l’embrouille. Entre janvier et septembre 2021, une brigadière du commissariat de Mamoudzou a sollicité plusieurs dispositions propres au statut des fonctionnaires à Mayotte comme la sujétion géographique (l’augmentation de 40% du salaire) et le supplément de traitement familial. Toutefois, ces demandes interrogent. La mère de famille de 46 ans avait, en effet, sollicité des billets d’avion sans retour pour la métropole, en janvier 2021. En arrêt maladie, elle s’est installée avec mari et enfants en Dordogne.

L’affaire aurait pu être qu’une banale erreur administrative ou un oubli, mais ces prestations sont versées sur la base de justificatifs. Et c’est là le hic, aucun document présenté n’était vrai. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a pu le vérifier. L’attestation d’employeur du mari au centre hospitalier de Mayotte s’avère bidonné par exemple. Le CHM le confirme, tout comme ledit époux ayant quitté l’établissement en décembre 2020. Informé de la supercherie, ce dernier n’en revient pas, son épouse a imité sa signature sur le document. Même chose pour les preuves de la scolarité de deux des trois enfants du couple, l’un et l’autre ont déjà quitté le territoire mahorais avec leurs parents. Enfin, les quittances de loyer ne manquent pas non plus d’irrégularités. Elles mentionnent deux adresses successives, alors qu’il s’agit en réalité du même logement à Tsoundzou 1. En outre, l’ancien mandataire du couple a déclaré que les loyers du premier bail ne lui étaient pas versés, tandis qu’aucun mandataire n’a été retrouvé pour la deuxième adresse, où le loyer est de 1.500 euros, soit plus cher que l’autre. En tout, 25.000 euros ont été ainsi versés par l’État à celle qui est dans la police depuis novembre 2000.

« Aucune espèce d’impunité »

Ces petites combines, le SATPN les a déplorées et a demandé le remboursement des sommes indues, le mardi 28 juin, lors de l’audience correctionnelle, au tribunal de Mamoudzou. Le procureur Yann Le Bris a lui requis, dans un ton plus grave, « aucune espèce d’impunité ». « Je ne voudrais pas qu’on salisse la maison police, alors que ça démontre justement la transparence de celle-ci », a-t-il fait observer. Pour lui, le tribunal doit condamner la brigadière au remboursement des sommes indues, à dix mois de prison avec sursis et qu’une mention de la condamnation soit bien inscrite sur son casier judiciaire.

Absente pour raison médicale lors du procès, la policière était défendue par maître Aurore Baudry. L’avocate a rappelé que sa cliente a toujours clamé que les faux présentés ne sont pas de sa main, hormis l’attestation d’employeur de son mari. « Son casier est vierge. Elle n’avait jamais aucun problème avec la hiérarchie », rappelle-t-elle, avant de noter que le montant relevé au cours de la prévention manque de précisions. Pareil pour les quittances de loyer, si l’un des deux mandataires n’a pas été trouvé, « ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas », argue son conseil.

Le tribunal correctionnel a donné son délibéré, ce mercredi 13 juillet. La policière a été condamnée à un an de prison avec sursis et au paiement de 3.675 euros. En outre, il lui est interdit dorénavant d’exercer la profession de policière.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes