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« Ce n’est pas possible d’avoir des activités à Mayotte sans corruption »

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Un vendeur de véhicules a truqué un marché public en 2012 avec l’aide du président et du directeur du Sivom centre.

Pour l’achat de deux camions-bennes par le Sivom centre en 2013, trois hommes ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mercredi. Le vendeur était un entrepreneur, passé plusieurs fois par la case prison, qui s’est arrangé avec le président du syndicat et le directeur pour obtenir le marché à 450.000 euros. Et les véhicules dans tout ça ? Ils sont bien arrivés, mais avec an de retard et beaucoup moins neufs que prévus (ils valaient environ 20.000 euros).

Au moment où les deux camions-bennes sont arrivés en février 2014, le président du Sivom centre, le syndicat en charge du ramassage des déchets, a vu rouge. « J’ai dit qu’on ne les prendrait pas. À ce moment-là, la guerre était déclarée », raconte celui qui est alors conseiller municipal de Tsingoni. Les véhicules censés être neufs datent en réalité de 2002 et coûtent environ 8.000 euros et 12.000 euros. Une somme bien loin du marché conclu 450.000 euros (avec la maintenance). Le coup était d’autant plus dur que le vendeur est un ami, un métropolitain de 61 ans, arrivé à Mayotte dans les années 90. « Je le connaissais depuis qu’il vend des voitures sur l’île », argue l’ancien élu, aujourd’hui âgé de 55 ans, au tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mercredi.

Mais leurs liens vont devenir un problème en 2012 quand le Sivom centre veut acquérir deux camions-bennes pour assurer le ramassage des déchets. Le vendeur de véhicules est intéressé. Mais pour avoir le marché, il faut passer par un appel d’offres, dans lequel figurent cinq propositions. C’est là que l’amitié va rentrer en jeu. Selon le gérant, une somme de 20.000 euros aurait été versée à l’élu mahorais. Un procédé normal a décrit cet ancien condamné à de la prison pour recel aux enquêteurs (absent du procès, il vit aux dernières nouvelles à Sada). « Ce n’est pas possible d’avoir des activités à Mayotte sans corruption. J’arrosais tout le monde », avait-il expliqué alors. À la barre, ce mercredi, l’ex-président du syndicat conteste toujours le versement quelconque d’argent, même s’il admet « des faveurs » entre les deux hommes. Le tribunal en veut pour preuve le 4×4 prêté par le vendeur à l’ancien élu et un autre acheté 20.000 euros (alors qu’il en vaut normalement le double). « Des faveurs » à la suite de l’appel d’offres certes, mais que les juges ont pris en compte dans le cadre du délit de corruption.

Une enveloppe de 2.000 euros pour le directeur

L’autre personne impliquée dans le trucage du marché public en 2012, c’est le directeur général des services. Selon les membres de la commission d’appel d’offres, il aurait été aussi insistant que son président pour que le marché soit attribué au « bon candidat ». Un avantage donné alors qu’il a reçu une enveloppe de 2.000 euros de son président et en présence dudit candidat.

Et « les faveurs » ne s’arrêtent pas là. Alors qu’il s’était engagé à livrer les camions « sous 45 jours », les véhicules du gérant tardent à arriver. Pas grave, en décembre 2012, il établit quand même deux bons de livraison. L’ex-président s’assure auprès de la trésorerie en février 2013 que le montant est bien viré. « Il m’avait dit qu’il avait besoin de l’argent pour faire sortir les camions des douanes », raconte l’ancien élu. « Quand c’est votre argent, vous payez sans avoir le véhicule ? », lui rétorque Chantal Combeau, la présidente du tribunal. « Et 450.000 euros, ce n’est pas un peu beaucoup pour payer la douane ? » Finalement, les deux camions arrivent bien à destination, mais seize mois en retard, en février 2014. Et alors qu’ils devaient être neufs, ils coûtent en réalité 20.000 euros et datent de 2002.

Alors que l’ombre de l’entrepreneur plane sur toute cette affaire, ce sont les deux Mahorais qui ont dû répondre aux questions du tribunal. Le DGS, qui travaille dorénavant sur un autre poste au Sidevam, dément l’enrichissement personnel. Selon lui, il a bien reçu une enveloppe de 2.000 euros, mais « pour la mort de son neveu ». « Il a eu le malheur d’accepter une tradition locale », ajoute son avocate, Fatima Ousseni, qui fait référence ici au versement d’argent lors d’un décès et pas à la corruption. Comme maître Jean-Paul Ekeu, avocat de l’ancien élu, elle pointe un dossier qui repose uniquement sur les déclarations du vendeur. « Aucune infraction n’a été constatée », tente-elle auprès des juges.

Le tribunal correctionnel a condamné l’entrepreneur de 61 ans à un an de prison ferme, 25.000 euros d’amende et une interdiction de gérer une entreprise commerciale pendant quinze ans. L’ancien élu devra s’acquitter de 20.000 d’euros et reçoit une peine d’inéligibilité de cinq ans. L’ex-directeur obtient la même peine d’inéligibilité et 5.000 euros à régler à la justice.

Défilé du 14-Juillet : les troupes à l’honneur pendant près de deux heures

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L’un des moments poignants de cette cérémonie : le passage tout en chant du régiment du service militaire adapté.

L’avenue Andriantsouli à Mamoudzou a été prise d’assaut, ce jeudi matin, à l’occasion du défilé du 14-Juillet. Sous le regard avisé de la population venue en masse, les troupes – gendarmerie nationale et maritime, détachement de la Légion étrangère de Mayotte, régiment du service militaire adapté, police nationale et municipale, service départemental d’incendie et de secours et administration pénitentiaire – ont paradé pendant près d’une heure, quelques minutes après la remise de sept décorations au cours de la prise d’armes.

L’homme soupçonné des viols de Bonovo abattu à Tsararano

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Les policiers de Mamoudzou sont intervenus exceptionnellement en zone gendarmerie pour procéder à l'interpellation du principal suspect dans les affaires de viols à Bonovo.

Au cours d’une intervention, ce mercredi, vers 16h, à Tsararano, le principal suspect dans des affaires de viols sur mineurs à M’Tsapéré a été tué par des policiers, après s’être lui-même porté des coups de couteau au niveau du ventre. Agé de 37 ans, cet habitant de Doujani tentait de quitter Mamoudzou à bord d’un véhicule.

Le contrôle routier effectué par des policiers de la brigade anticriminalité avant le rond-point de Tsararano, ce mercredi, à 16h, n’était pas le fruit des hasards. « L’un des occupants de ce véhicule était en effet soupçonné d’être l’auteur de plusieurs viols, pour certains commis sur des mineurs », indique le procureur de la République, dans un communiqué. Selon nos informations, et alors que le Parquet n’a pas encore confirmé l’identité, il s’agirait bien d’un habitant de Doujani, âgé de 37 ans, soupçonné des viols commis début juin dans le quartier Bonovo à M’Tsapéré. Nous rapportions à l’époque des enlèvements au milieu de la nuit, puis des viols sur deux jeunes filles de 8 et 9 ans (voir Flash Infos du 16 juin), mais son ADN figure dans cinq autres affaires du même type.

Il a blessé un policier

Il était activement recherché par le commissariat de Mamoudzou, qui en avait fait l’une de ses priorités. Ce mercredi, il était à l’arrière d’une voiture qui se dirigeait vers le sud, quand le contrôle a mis fin à sa fuite. À la vue des policiers, les deux personnes à l’avant sont parties en courant et sans demander leur reste. « Son véhicule étant immobilisé, le suspect se donnait alors immédiatement plusieurs coups de couteau au niveau du ventre, se blessant très grièvement. Les forces de l’ordre tentaient immédiatement de le désarmer, sans y parvenir. Le mis en cause retournait alors son couteau contre les policiers, et blessait l’un d’eux au bras », détaille le procureur.
Un autre policier présent a alors fait usage de son arme. Le principal suspect a succombé ensuite à ses blessures avant l’arrivée des secours. « Les investigations à venir permettront notamment de connaitre les causes du décès, les coups de couteau portés pouvant en être la cause. L’autopsie de la personne décédée interviendra samedi prochain », annonce le Parquet.

Cérémonie des diplômés pour les néo-bacheliers de l’association MESSO

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À la date du vendredi 29 juillet, l’association MESSO ainsi que ses partenaires organisent la cérémonie des diplômés des néo-bacheliers 2022 à la médiathèque Poroani à partir de 9h. Créée en 2017, la structure a gagné le soutien de plusieurs acteurs du territoire du fait de son savoir-faire et de la pertinence des actions menées. Aujourd’hui, c’est toute une ingénierie de projet, des offres de services et des assistances à maitrise d’ouvrage qui y sont proposées aux collectivités dans l’optique de mettre le développement de l’île au centre de ses préoccupations.

Cette cérémonie des diplômés est l’occasion de célébrer les efforts des jeunes en situation de vulnérabilité pour leur travail effectué tout au long de l’année scolaire. Au cours de cette journée, il y aura diverses animations (théâtre, concert, danse et chant traditionnel) des jeunes de chaque lieu de vie MESSO. Un grand nombre de prix seront remis aux nouveaux diplômés. En effet, l’association MESSO souhaite récompenser tous les jeunes qui ont été assidus, travailleurs et engagés au cours de cette année scolaire. Différentes catégories seront récompensées : Baccalauréat, CAP, Brevet, BTS.

Une nouvelle gouvernance pour le Parc naturel marin de Mayotte

Mercredi 6 juillet, le conseil de gestion du Parc naturel marin s’est réuni au centre d’affaires de l’aéroport à Pamandzi pour procéder aux élections du président, des quatre vice-présidents et des membres du bureau. Le quorum était largement dépassé avec 39 membres présents (en salle et en visioconférence) sur les 46 membres dont le conseil est composé.

La séance a commencé sous la présidence des délégués du gouvernement, Maxime Ahrweiller, secrétaire générale des affaires régionales, représentante du préfet de Mayotte et Patrick Musique, commandant de la base navale de Mayotte, représentant du préfet de La Réunion. À la suite de l’élection du président, celui-ci a pris la présidence de la séance afin de procéder aux votes suivants.

Abdou Dahalani a été réélu président du conseil de gestion du Parc avec 72% des voix. Né à Mayotte en 1960, il est un témoin actif qui œuvre pour le développement du territoire depuis 1986.  Ses différentes fonctions lui ont permis de contribuer aux travaux relatifs aux évolutions institutionnelles, législatives et réglementaires de l’île et à l’élaboration des politiques publiques des territoires.

Membre du conseil de gestion du Parc depuis sa création, il siège en tant que président du conseil économique, social et environnemental de Mayotte (CESEM), aujourd’hui dans la catégorie des collectivités territoriales.

Régis Masseaux a été élu à l’unanimité comme vice-président issu de la catégorie des organisations professionnelles. Pêcheur professionnel, il siège au conseil de gestion en tant que représentant des syndicats locaux de pêche professionnelle.

Madi Saindou a été élu à l’unanimité comme vice-président issu de la catégorie des associations d’usagers de loisirs. Pêcheur et fabricant de pirogues, il siège au conseil de gestion en tant que représentant local des pêcheurs en pirogue.

Naïlane Attibou a été élu par la majorité comme vice-président issu de la catégorie des associations environnementales. Membre de la fédération mahoraise d’associations environnementales (FMAE), il siège au conseil de gestion en tant que représentant d’association ou de fédération de protection de l’environnement.

Éric Bellais a été élu à l’unanimité comme vice-président issu de la catégorie des personnalités qualifiées. Directeur de l’école d’apprentissage maritime (EAM), il siège au conseil de gestion en tant qu’expert dans le domaine de la formation maritime.

Le bureau est composé du président et des quatre vice-présidents auxquels s’ajoutent six autres membres choisis au sein de leurs catégories respectives. Les représentants qui ont été ainsi élus sont

Laïthidine Ben Saïd, maire de Mtsamboro dans la catégorie des collectivités, Pierre Baubet, représentant de coopérative de pêche dans la catégorie des professionnels, Joris Condro, représentant local des apnéistes dans la catégorie des usagers de loisirs, Jeanne Wagner, représentante de l’association Oulanga Na Nyamba dans la catégorie des associations et fédérations de protection de l’environnement, Esméralda Longépée, experte dans le domaine des sciences humaines et sociales dans la catégorie des personnalités qualifiées. Parmi les représentants de l’Etat, les délégués du gouvernement ont désigné la direction des affaires maritimes (DMSOI) pour siéger aux réunions du bureau du Parc.

Mansour Kamardine demande l’envoi d’une inspection de l’institution judiciaire

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Dans un communiqué envoyé, le député LR Mansour Kamardine souligne que l’activité des forces de l’ordre en matière de police aux frontières est littéralement anéantie depuis plusieurs semaines par la remise systématique en liberté d’immigrés clandestins par la Justice. « Au sein de l’institution judiciaire même, il semblerait que les règles du droit soient écartées au profit de la philosophie personnelle d’acteurs de l’institution judiciaire. C’est inacceptable ! »

 

Pourtant, le parlementaire rappelle que la lutte contre l’immigration irrégulière est bien une priorité affichée du gouvernement et l’un des trois axes de la circulaire de politique pénale territorialisée pour Mayotte signée par le Garde des sceaux le 11 mars dernier.

De plus, en matière de délégations de l’autorité parentale, de nombreuses décisions de Justice sont prises selon lui sans respect des règles de droit, mettant en péril l’avenir de jeunes personnes et par conséquences, à terme, la sérénité publique.

C’est pourquoi, Mansour Kamardine a demandé au Ministre de la Justice d’envoyer, en urgence, à Mayotte, une inspection de l’institution judiciaire portant sur l’application par les acteurs du droit en matière de lutte contre l’immigration clandestine et sur les délégations de l’autorité parentale. « L’institution judiciaire ne peut être le lieu d’où certains organisent la fabrique des clandestins à Mayotte et la couveuse des bandes barbares qui terrorisent la population ! »

 

Derniers préparatifs avant le défilé du 14-Juillet

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Les automobilistes coincés dans les embouteillages, ce mardi matin, ont pu le remarquer. L’avenue Andriantsouli, à Mamoudzou, a servi à la répétition générale du défilé du 14-Juillet, pendant plus d’une heure. Légion étrangère, régiment du service militaire adapté, marine nationale, gendarmes départementaux ou mobiles, policiers nationaux et municipaux, mais aussi pompiers et surveillants de prison y ont pris part. Ils reviendront à Mamoudzou, ce jeudi, à 8h, pour le véritable défilé.

 

Treize étudiants mahorais obtiennent leur diplôme d’État d’infirmier

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Treize des vingt-six étudiants de la promotion 2019-2022, appelée « Hippocampe », sont diplômés.

Treize étudiants de l’institut de formation en soins infirmiers de Mayotte viennent d’obtenir leur certificat d’État d’infirmier. La cérémonie de remise de diplômes a eu lieu à l’institut de formation de soins infirmiers ce mardi. L’heure était à la fête, avant que ces « petits » nouveaux soient plongés dans la réalité du travail.

Sourires aux lèvres, larmes aux yeux… L’émotion est à son comble ce mardi 12 juillet dans le patio de l’institut de formation en soins infirmiers de Mayotte. Encensé tour à tour, chaque diplômé récupère son attestation de réussite. Ce petit bout de papier symbolise l’aboutissement de trois années d’études à l’IFSI Mayotte ! Sur les 26 étudiants inscrits en septembre dernier pour le compte de cette troisième année, la moitié seulement a le bonheur de recevoir le précieux sésame ce jour-là. « Nous avons plusieurs sessions pour présenter le diplôme d’État et certains vont le repasser en décembre parce qu’il leur manque certaines choses comme des stages, le travail de fin d’étude, etc. D’autres vont aussi redoubler, mais nous continuons à les accompagner jusqu’au bout », assure Carine Piotrowski, la directrice de l’école.

La crise sanitaire intervenue dès le deuxième semestre peut justifier ce taux de réussite de 50% au sein de la promotion 2019-2022, appelée « Hippocampe ». « L’institut a été fermé du jour au lendemain, l’équipe pédagogique a alors essayé de rebondir sur l’enseignement à distance. Et les terrains de stages ont accepté de les prendre, ils ont pu continuer leur formation. » Les principaux concernés gardent un souvenir amer de cette période, à l’instar de Latuf Dhoifir, l’unique garçon diplômé. « C’était compliqué, notamment en stage car j’étais en médecine, le service qui accueillait les patients atteints du Covid. C’était très intense ! » Une situation pas facile à gérer, mais c’était sans compter sur la volonté intacte du jeune homme, passionné par le métier. « Je voulais faire quelque chose de polyvalent et qui bouge beaucoup : cela correspond totalement à ce que je veux. » En immersion dans différents pôles à Mayotte, à La Réunion et en Hexagone, il affiche clairement une préférence pour la réanimation. « J’espère qu’ils vont me prendre là-bas », croise-t-il les doigts.

Un poste à la clé

Fraîchement diplômés, ces nouveaux infirmiers ont de fortes chances de rapidement mettre le pied à l’étrier… En effet, leur avenir, du moins pour les premières années de leur carrière professionnelle, semble tout tracé. Présents tous deux à cette cérémonie, le directeur du centre hospitalier de Mayotte, Jean-Mathieu Defour, et le recteur, Gilles Halbout, souhaitent déjà les embaucher ! « Même s’il y a de la concurrence ailleurs, venez à l’hôpital ! Nous nourrissons de gros projets et nous avons besoin de vous », lance le premier. Rapidement rejoint par le second : « Nous recrutons aussi à l’Éducation nationale. Il y a encore des postes vacants donc vous êtes les bienvenus. »

Malgré l’offre du responsable de l’académie, l’hôpital reste la première option pour une grande majorité d’entre eux. « Je veux faire évoluer mon île, nous avons besoin d’infirmiers ici. Nous les faisons venir de la métropole ou de l’étranger alors nous, Mahorais, devons rester travailler ici. Je veux commencer au CHM, avant peut-être d’évoluer vers le libéral. Mais nous verrons cela en temps et en heure », indique Faizina Djanffar. La jeune femme est impatiente de commencer le travail malgré une certaine appréhension. « C’est un métier qui demande beaucoup de responsabilités car nous avons la vie des patients entre les mains alors que je suis quelqu’un de très stressée. J’ai peur des erreurs médicales, mais j’ai bien été formée, je me sens prête », ajoute-t-elle, avant d’affronter la dure réalité du travail d’infirmier à Mayotte. Fait non négligeable, la profession offre également de nombreuses opportunités. Il suffit de regarder les échelons gravis par le directeur du CHM, lui-même infirmier à ses débuts !

Rania Saïd, de son rêve d’hôtesse de l’air à directrice de Vatel Mayotte

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Rania Saïd est à l’origine de l’ouverture le 11 octobre 2021 de Vatel Mayotte.

Passionnée de tourisme depuis son plus jeune âge, Rania Saïd est une femme d’opportunité et d’inspiration. Forte de ses expériences au sein de la compagnie aérienne Air Austral, du Groupe Marriott, de la SIM et du comité du tourisme, la quadragénaire est aujourd’hui à la tête de l’école Vatel. Un parcours atypique pour celle qui entend former les futurs managers des grands établissements de demain.

 « Nos jeunes ont besoin de rêver et de se projeter ! » Rania Saïd ne manque jamais l’occasion de prendre exemple sur son parcours pour ouvrir le champ des possibles. Diplômé d’un bac littéraire au lycée de Mamoudzou, la native de la ville chef-lieu sait déjà ce qu’elle veut : devenir hôtesse de l’air dans le but de travailler dans le tourisme. Mais rapidement c’est la douche froide. « J’étais trop petite, il faut mesurer au minimum 1m70 », sourit-elle plus de vingt ans plus tard. Sa mère malgache l’invite alors à s’orienter vers des études d’infirmière.

En 2000, Rania Saïd intègre l’institut de formation aux carrières administratives, sanitaires et sociales de Dieppe au sein de laquelle elle ne côtoie que des jeunes issus des territoires ultramarins. Le concours en poche, l’habitante de Cavani s’envole pour l’institut de formation en soins infirmiers en Seine-Saint-Denis. « Mais ce n’était pas pour moi », admet-elle. Son style naturel et son excentricité ne collent pas avec la rigueur de la profession. « J’aime être coquette alors qu’il faut être dans la discrétion à l’hôpital. Les blouses blanches, ce n’était pas moi ! »

Six années chez Air Austral

Ni une ni deux, elle traverse la métropole et atterrit à Nice où sa tante travaille à l’aéroport. « Cet univers du voyage qui me plaisait tant est finalement revenu au galop. » Rattrapée par ses souvenirs, elle rejoint un centre de formation, « pas loin de Roissy », pour évoluer comme agent de comptoir. Et c’est à la suite d’un stage de quatre mois chez Air Austral que son aventure professionnelle débute réellement. « J’ai passé six années féériques au service commercial et marketing. » Hasard de la vie ou non, la compagnie aérienne lui propose même de réaliser son rêve d’enfance. Trop tard ! « Je voulais voir autre chose. »

Sa soif de découverte l’envoie à Londres. « J’avais eu la chance de nouer beaucoup de partenariats avec les hôtels, notamment durant les eductours. » Au pays de Shakespeare, Rania Saïd fait face à un nouvel affront : la barrière de la langue. Durant quatre mois, elle suit des cours d’anglais intensifs avant de rejoindre les rangs du célèbre Groupe Marriott, comme « executive lounge ». « J’avais notamment en charge la grande clientèle du Moyen-Orient. Mon job consistait à la fidéliser et à la connaître au détail près. »

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À travers son parcours inspirant, Rania Saïd veut inviter la jeunesse mahoraise à croire en ses rêves.

Vatel Maurice de 2013 à 2016

Ce n’est qu’en 2012 que la mère d’une petite-fille de trois ans repose enfin ses valises sur son île natale. Direction la société immobilière de Mayotte. « Beaucoup de biens ne trouvaient pas preneurs, il fallait donc les valoriser », indique celle qui se voit en ce temps-là créer un poste taillé sur mesure pour mener à bien sa mission. Puis intervient sa première rencontre avec Vatel. Alors président du conseil général, Daniel Zaïdani veut former des cadres mahorais en lien avec le tourisme avec l’école de l’Île Maurice. Comme à son habitude, Rania Saïd fonce sans remords. Et parmi la dizaine de postulants, elle est la seule sélectionnée. Une nouvelle fois, elle prend ses cliques et ses claques pour suivre le programme Bachelor avant de sortir avec un master en 2016. « Durant quelques mois, j’ai développé une activité de tourisme culturel qui rentrait dans le cadre de mon projet de fin d’étude. »

Une rencontre fortuite au festival Liberté métisse à La Réunion avec Michel Ahmed la rapatrie à Mayotte au début de l’année 2018. Responsable communication et promotion au comité du tourisme du 101ème département pendant trois ans, elle se rend très vite compte des carences en termes de compétences, mais aussi du manque de professionnalisme dans le milieu. Poussé par son mentor mauricien, Rania Saïd profite de l’apparition du Covid-19 pour chapeauter son projet d’école Vatel Mayotte jusqu’à son ouverture officielle le 11 octobre dernier !

Les managers de demain à portée de mains

Alors que la première promotion, composée de six filles et deux garçons, se trouvent actuellement en stage depuis avril pour une durée de cinq mois, la directrice tire un premier bilan positif. « Nous ne pouvions pas nous rater ! La présence de Salomé, une collègue sortie de Vatel Paris, est une chance inouïe », insiste celle qui gère principalement le volet administratif. Preuve de ce lancement réussi, l’entité mahoraise jouit déjà d’une belle renommée. « Plein de professionnels et d’intercommunalité sont au taquet pour collaborer avec nous, c’est une grande fierté. Ils sont ravis de la formation pratique et théorique qui fait découvrir les quatre services opérationnels tels que la réception, la salle, la cuisine et la house keeping, et surtout, ils ont conscience qu’ils ont à portée de mains les managers de demain. » D’où l’importance du recrutement en cours pour la prochaine rentrée prévue en octobre. « La sélection des élèves est importante car elle joue sur notre réputation. » C’est en tout cas le cheval de bataille de Rania Saïd : mettre au service du territoire des diplômés munis d’une solide expérience et d’une ouverture vers l’international. La crème de la crème !

Cinq Comoriens décèdent dans un violent incendie en métropole

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Le feu s’est propagé dans les quatre studios au dernier étage d’un immeuble du centre-ville de Bressuire.

La communauté comorienne de Bressuire (Deux-Sèvres) est endeuillée depuis la mort de cinq de ses membres, vendredi matin, vers 5h. Le feu a dévasté quatre studios du centre-ville où ils se logeaient. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances.

Le violent incendie de vendredi a laissé des traces à Bressuire (Deux-Sèvres). Les flammes ont ravagé quatre studios situés sous les combles d’un immeuble du centre-ville. Après un bilan comptabilisant quatre victimes, dont une jeune mère et son enfant, un autre corps a été retrouvé le lendemain. Deux jeunes hommes dans la vingtaine ont pu sortir à temps et sont indemnes. Tous sont issus de la communauté comorienne. En effet, cette petite ville de Nouvelle-Aquitaine à la particularité d’accueillir de nombreux ressortissants de l’Union dans son quartier Valette. À nos confrères du Courrier de l’Ouest, ce dimanche, le procureur de la République Julien Wattebled a confirmé le bilan de l’incendie : « Les cinq victimes que les secours et les gendarmes avaient repérées dans les décombres, parmi lesquelles on compte une femme et un enfant, ont désormais toutes été évacuées vers l’Institut médico-légal de Poitiers. Leur identité doit maintenant être confirmée par des examens techniques et des rapprochements ADN. »

« Il voulait une vie meilleure en allant en Europe »

Joint par téléphone, Cheikh Hodari est l’oncle d’Ali Youssouf, 27 ans, qui a péri vendredi. « Mon neveu était comme de nombreux Africains, il voulait une vie meilleure en allant en Europe », raconte-il. Poussé par des amis, le jeune homme avait choisi de quitter Poitiers (Haute-Vienne) pour les retrouver en Deux-Sèvres, une soixantaine de kilomètres plus loin. Il était avec plusieurs d’entre eux quand l’incendie s’est produit. L’oncle a dû attendre qu’un rescapé confirme la mort de son neveu afin qu’il prévienne sa demi-sœur aux Comores. C’est bien sûr la tristesse qui domine aujourd’hui. Célibataire, le jeune homme n’avait pas encore trouvé de travail en métropole.

Des semaines, voire des mois seront nécessaires pour connaître les raisons de l’incendie. Une longue attente avec laquelle les familles devront composer. Le propriétaire de l’immeuble s’est déjà défendu de toute insalubrité auprès de La Nouvelle république. « J’attends de la justice qu’elle nous permet de savoir ce qu’il s’est passé. On veut la vérité, même si je sais que celle-ci ne nous rendra pas mon neveu », espère Cheikh Hodari, en rentrant à Poitiers avec Saïd Larifou, un avocat qui défend plusieurs familles. À Bressuire, habitants et membres de la communauté comorienne se sont retrouvés pour partager leur douleur. Une marche blanche sera d’ailleurs organisée, ce samedi, a annoncé la mairie.

Athlétisme : Kamel Zoubert s’incline en demi-finale du 100m

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Concourant dans deux épreuves différentes, le 100m et le 200m, Kamel Zoubert était à Albi, le week-end dernier, pour les championnats de France espoirs. Après des excellents temps au cours des meetings précédents, le Mahorais arrivait avec de l’ambition. Au 100m, il sort des séries avec un 10 »58 en adéquation avec ses performances récentes. Cependant, le niveau étant assez élevé (N.D.L.R. le Bordelais Pablo Matéo remporte la finale en dix secondes pile), il a dû s’incliner en demi-finale avec le dixième temps (10 »46, son meilleur temps).

En 200m, c’est la douche froide par contre. Il réalise un temps de 21 »66, insuffisant pour espérer arriver en finale. Mercredi pourtant, il avait terminé deuxième du meeting de Vénissieux (Rhône) en 20 »93. Toujours dans cette catégorie, c’est le Mauricien Noa Bibi et donc probable futur adversaire de Zoubert aux Jeux des Îles de l’océan Indien qui été de loin le plus rapide (19 »89), devant Maxime Lancelot (20 »65), le nouveau champion de France.

Marcel Rinaldy, nouveau président du conseil d’administration de Transitions Pro Mayotte

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Le 24 juin dernier, Transition Pro Mayotte a confirmé son bureau dans le cadre de l’alternance prévue à mi-mandat. Marcel Rinaldy a été nommé président du conseil d’administration tandis que Ali Abdou (CFDT), Ben-Zayadi Hamada (CPME), Combo Abdallag Combo (CFE CGC), Mogné-Souffou Babou (CGT) et Fahar Madi (U2P) ont pris les fonctions de vice-président, de secrétaire, de secrétaire adjoint, de trésorier et de trésorier adjoint. Ils sont rejoints par quatre membres supplémentaires : Anli Djoumoi (FO), El-Anzize Hamidou (FO), Fahardine Mohamed (MEDEF) et Samira Ait Abdeslam (MEDEF).

Il s’agit d’une nouvelle étape pour le développement de l’association, notamment avec la nomination de Daoud Abdou en la qualité de chargé de mission responsable du déploiement des missions et l’installation de la structure dans ses locaux situés au 2 rue école Louis Le Pensec à Dembéni.

Transitions Pro est le seul organisme habilité à financer les reconversions professionnelles des salariés du privé. Cette mission, confiée par l’État, s’appuie sur cinq dispositifs principaux : le projet de transition professionnelle (PTP) qui permet aux salariés de suivre de façon individuelle une formation en vue de changer de métier ; le dispositif transitions collectives qui favorise la reconversion professionnelle des salariés dont l’emploi est fragilisé, vers des métiers qui recrutent près de chez eux ; le dispositif démissionnaire qui permet au salarié démissionnaire de bénéficier de l’allocation chômage soit pour préparer un projet de création ou de reprise d’entreprise, soit pour suivre une formation en vue de changer de métier ; la validation des acquis de l’expérience (VAE) qui permet au salarié de faire reconnaître leur expérience professionnelle par un diplôme ; le certificat CléA, qui est la reconnaissance d’un socle commun de compétences nécessaires à l’exercice de tous métiers.

« M’sikano, solidaire pour l’emploi » recherche des demandeurs d’emploi

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L’association « M’sikano, solidaire pour l’emploi », spécialisée dans l’accompagnement et l’insertion sociale et professionnelle durable des personnes sans emploi, recherche des profils qualifiés ou expérimentés, ou encore à la recherche d’un emploi dans les domaines du BTP (tous métiers confondus), de la manutention et de la logistique, des espaces verts et jardinages, de l’environnement et du nettoyage, et enfin de l’agriculture pour les futures missions de ses clients.

La structure invite donc tous les demandeurs d’emplois répondant à ces profils ou souhaitant être formés sur ces métiers dans ces secteurs énoncés, à venir constituer un dossier et à s’inscrire dans ses locaux situés au Carrefour de Coconi du lundi au jeudi, de 8h30 à 12h et de 13h30 à 16h. Il est demandé de se munir d’une photo d’identité récente, d’une pièce d’identité en cours de validité ou d’une carte de séjour en cours de validité ou récépissé autorisant le travail sur le travail, d’une attestation de sécurité sociale ou une copie de la carte vitale, des coordonnées téléphoniques et/ou email, la carte d’inscription à Pôle emploi, d’un CV et d’une lettre de motivation, d’un RIB, d’un numéro allocataire, d’une copie des diplômes et certificats de formation ainsi que du permis de conduire.

Une aide financière de l’État jusqu’à 600 euros pour un accès au très haut débit

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Afin de renforcer l’accès effectif au très haut débit pour les Français ne disposant pas de la fibre dans leur commune, le gouvernement a renforcé son dispositif intitulé « cohésion numérique des territoires ». L’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) pilote ce dispositif afin d’apporter une solution performante d’accès à Internet (par des technologies sans fil ou par le biais d’antenne) pour chaque citoyen.

Les particuliers et entreprises pourront ainsi bénéficier d’une aide financière étatique sur le coût d’équipement, d’installation ou de mise en service de la solution sans fil retenue. Concrètement, les bénéficiaires peuvent bénéficier jusqu’à 150 euros pour les offres labellisées proposant du Bon Haut Débit, jusqu’à 300 euros pour les offres labellisées proposant du Très Haut Débit et jusqu’à 600 euros sous conditions de ressources.

Afin d’obtenir cette aide financière, les foyers doivent se rendre sur le site https://www.amenagement-numerique.gouv.fr/fr/bonhautdebit-aidefinanciere, en indiquant le nom de leur commune ou de leur département pour connaître les opérateurs proposant des offres labellisées. Une fois l’opérateur choisi, il suffit de le contacter pour savoir si le logement et/ou l’entreprise est bien éligible à ce dispositif. Si c’est le cas, il est possible de choisir un opérateur et de souscrire à une solution d’accès Internet sans fil la plus adaptée. Deux solutions sont disponibles sur Mayotte. Premièrement, la boucle locale radio peut être proposée qui est un ensemble de technologies permettant d’accéder à Internet par un réseau d’antennes déployées par un opérateur spécialisé, solution nécessitant cependant la pose d’une antenne placée sur le bâtiment à raccorder. Deuxièmement, la 4G fixe peut être proposée par le biais d’une box dédiée à cet effet pour permettre l’accès à Internet de chez soi.

À travers son plan « France Très Haut Débit », le gouvernement a pour objectif de couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit (> 30Mbit/s) d’ici 2022. Le chemin est encore long. En effet, au 31 mars 2022, selon les données de l’autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP), à Mayotte seulement 39,9 % des locaux permettent de bénéficier du Très Haut Débit, toute technologie confondue.

« Il me restait un CV quand je suis passé devant le tribunal »

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Ancien militaire, Ibrahim Ahamada a trouvé comment « rendre service ». Il est devenu interprète au tribunal de Mamoudzou.

Les interprètes du tribunal judiciaire de Mamoudzou permettent aux personnes jugées ou aux victimes ne parlant pas le français de communiquer lors des audiences. Ibrahim Ahamada est l’un d’entre eux. Cet ancien militaire assure la traduction au tribunal correctionnel.

Chemise et badge pendu à son cou, Ibrahim Ahamada fume sa cigarette pendant que l’audience correctionnelle tarde à reprendre. Les juges sont en train de se concerter, ce qui lui laisse un peu de temps pour souffler. À 56 ans, le natif de Pamandzi est expert interprète/traducteur auprès du tribunal correctionnel de Mamoudzou depuis 2016. Pendant les procès, il s’assure que victimes et prévenus comprennent le débat tenu en français. À l’inverse, il peut les aider en traduisant aux juges leurs différentes déclarations. Un rouage essentiel au sein d’une machine judiciaire qu’il n’a intégré que tardivement. Dans sa famille, c’est plutôt l’uniforme qui prévaut. Fils de gendarme et neveu du commandant Ali Boina (N.D.L.R. un des rares militaires de l’île à avoir fait la guerre d’Algérie), il a intégré l’armée en avril 1988 en tant que grenadier voltigeur, après avoir fait son service militaire à La Réunion. Le Mahorais sert ensuite sur plusieurs fronts, Koweït, Tchad, Gabon, Centrafrique et Balkans. En France, il voit du pays en fonction de ses mutations, Castres (Tarn), La Réunion, Nouvelle-Calédonie et Guyane.

En 2012, il prend sa retraite de l’armée, après 25 ans de service. Mais ayant anticiper son retour au monde civil, une formation lui permet de se reconvertir en comptable. Ce père de cinq filles opère alors quatre ans dans sa branche, puis c’est le chômage. Munis de plusieurs CV, il démarche plusieurs entreprises de Mamoudzou. « Il m’en restait un quand je suis passé devant le tribunal », se souvient-il. Qui ne tente rien n’a rien, il le dépose sans savoir au juste à quel travail auquel il peut prétendre. « Je suis arrivé à la barge pour rentrer chez moi quand on m’appelé et demandé de venir rencontrer le procureur de l’époque. » Impressionné par les états de service du Pamandzien et sa détermination (il a rejoint en courant le tribunal), Joël Garrigue lui propose un poste d’interprète en tant que vacataire. Une semaine de formation plus tard et il commence au tribunal de Mamoudzou. « Ce métier me plaît. Je rends service aux gens », fait valoir celui qui s’investit autant auprès des anciens combattants que de son camp politique, Les Républicains.

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Les juges demandent à chaque début d’audience si les victimes ou les prévenus ont besoin des services du Pamandzien.

« Je maîtrise les quatre langues comoriennes »

Outre l’arabe, l’anglais et l’espagnol « scolaire », Ibrahim Ahamada parle le shimaroé, une langue comprise par une partie des avocats, mais pas par les magistrats souvent originaires de métropole. « Ma chance, c’est que je maîtrise les quatre langues comoriennes », admet-il. Le grand comorien par exemple, il le parle depuis qu’il a suivi ses 6ème, 5ème et 4ème à Moroni, du temps où Mayotte n’avait qu’un collège. Seule langue qu’il ne maîtrise pas, le kibushi. « On a deux autres interprètes qui me remplacent dans ce cas-là », reconnaît-il. Outre la correctionnelle, il est amené à intervenir lors des comparutions immédiates, au tribunal pour enfants et même « parfois au centre pénitentiaire ». « On accompagne les avocats, les psychologues ou les psychiatres », énumère ce connaisseur dorénavant du fonctionnement de la justice française.

Pour ce qui est du vocabulaire juridique, en revanche, les interprètes doivent apprendre sur le tas. « Je lis beaucoup », reconnaît le Pamandzien. « Il y a des mots qu’on ne peut pas traduire, qui n’ont pas d’équivalents. Mais à force, on arrive à faire comprendre ce que ça veut dire. » Amené à intervenir lors des audiences du tribunal correctionnel, il a une façon bien à lui de remplir son rôle d’interprète. Il reprend souvent le ton des avocats, du procureur ou des juges quand il traduit les questions. « Il faut que la personne sente qu’elle est face à la justice. Il y a une dimension verbale et gestuelle.  C’est comme du théâtre, on joue sur l’émotion », décrit-il, avant de se rallumer une autre cigarette. Ce jour-là, ses services seront requis pour chaque affaire.

Mansour Kamardine : « La reconnaissance de Mayotte française à l’international se dessine »

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En déplacement au Rwanda pendant trois jours dans le cadre de la 47ème session de l’assemblée parlementaire de la francophonie, le député LR Mansour Kamardine revient sur cette mission au cours de laquelle il a pu prendre la parole à plusieurs reprises pour défendre les intérêts de Mayotte française. Entretien.

Flash Infos : Vous vous êtes déplacé à Kigali en votre qualité de rapporteur de la commission de la coopération et du développement. En quoi consiste l’assemblée parlementaire de la francophonie et quel est votre rôle à travers ce poste ?

Mansour Kamardine : L’assemblée parlementaire de la francophonie regroupe un peu moins de 90 pays francophones dans le monde et est un élément complémentaire à l’organisation internationale de la francophonie. À travers ces réunions de travail, nous faisons de la diplomatie parlementaire, avec les députés et les sénateurs présents, pour insuffler des réformes qui peuvent intéresser l’ensemble de l’espace francophone, mais également pour évoquer un certain nombre de sujets transversaux.

Sous l’ancienne mandature, le poste de rapporteur de la commission de la coopération et du développement m’a permis d’effectuer plusieurs déplacements à l’étranger : à Phnom Penh (Vietnam), à Rome, au Québec, aux Émirats Arabes Unis, en Côte d’Ivoire… Durant ces quelques jours au Rwanda, j’ai pris la parole à trois reprises ! C’est un honneur pour moi de porter la voix du Parlement français.

FI : Durant l’une de vos interventions, vous en avez profité pour rappeler le différend territorial avec l’Union des Comores qui concerne tous les Mahorais depuis maintenant 47 ans.

M. K. : Disons que ce genre de rendez-vous me donne toujours l’occasion d’expliquer ce combat noble pour la reconnaissance de Mayotte française à l’échelle internationale. Vous savez dans la diplomatie, il faut savoir apprécier d’avancer nos billes par petites touches… Quand nous sommes aux côtés des collègues africains et qu’ils ne crient pas au scandale, cela veut dire que l’idée continue de progresser. Petit à petit, ils commencent à l’intégrer !

Il y a trois ou quatre mois, je me suis rendu au Botswana où j’ai été reçu par la SADC (communauté de développement de l’Afrique australe). À la surprise générale, celle-ci m’a expliqué que ses dispositions ne concernent pas Mayotte car il la considère comme française ! Autre exemple : vous ne pouvez imaginer ma fierté lorsque l’on m’a dit « Bonjour la France » à la sortie de l’ascenseur au Rwanda…

Tout ce chemin parcouru ne se fait pas en un claquement de doigts. Cela demande du temps, nous venons de très loin ! Il y a encore cinq ans, il était inimaginable que les élus mahorais accèdent au Quai d’Orsay. Aujourd’hui, nous y avons un contact permanent ! Nous déployons notre plan au fur et à mesure pour que le monde entier comprenne que Mayotte est française par la volonté de ses habitants. Nous devons continuer en ce sens. Il s’agit d’un travail colossal qui se dessine sans bruit. Le Département doit pouvoir avoir la capacité d’ouvrir des postes diplomatiques en Afrique.

FI : Justement, d’un point de vue partenarial, quelles sont les opportunités possibles entre Mayotte et le Rwanda ?

M. K. : Je ne peux parler au nom du Département dans le sens où je me cantonne à la mission parlementaire qui est la mienne. Mais ce déplacement m’a permis de nouer des relations avec les députés rwandais que j’ai par ailleurs invités à Paris. Si le conseil départemental le souhaite, je peux utiliser cette carte pour m’y rendre à nouveau, mais cette fois-ci avec ma casquette d’élu du CD. Toutes ces relations se construisent et se nourrissent. Avec l’aide du Quai d’Orsay, nous avons réussi à briser ce plafond de verre ! Désormais, nous diversifions nos relations pour exister dans la zone et la sous-région. Les choses évoluent, même si ce n’est pas encore tout à fait ça. Raison pour laquelle nous souhaitons que cette dynamique s’amplifie.

L’intrusion d’une bande de jeunes dans la caserne des pompiers de Kawéni provoque la colère du syndicat

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Relayé sur la page Facebook du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels de Mayotte (Snspp-Pats), un incident s’est déroulé dans la caserne de Kawéni ce vendredi soir. Une quinzaine de jeunes se sont introduits au sein des lieux, furieux du retard présumé de la prise en charge de l’un de leurs camarades, blessé au cours d’une bagarre. Un fait que condamne avec force le syndicat des pompiers.

Il ne s’agit dans les faits que d’un incident sans grande conséquence, mais cela a suffi à provoquer l’ire du Snspp-Pats Mayotte dont les responsables ont pris la peine de le mentionner sur la page Facebook du syndicat. À la suite d’une bagarre entre jeunes devant le Sodicash de Kawéni, l’un d’entre eux a été blessé et ses camarades ont appelé les pompiers. Considérant que ces derniers tardaient trop à intervenir, ils ont, ni une ni deux, décidé de s’introduire dans la caserne de Kawéni.

Malgré les insultes, les soldats du feu ont néanmoins fait leur travail et ont pris le jeune homme en charge. Calmée, la bande s’est dispersée, mais une autre est arrivée peu après, cailloux à la main, prête à en découdre. La brigade anti-criminalité est alors intervenue et a interpelé l’un des jeunes présents sur les lieux de l’incident. Il s’est cependant rapidement avéré que ce dernier était justement l’un de ceux qui n’était pas armé et venait simplement prendre des nouvelles de son camarade. Il a donc rapidement été relâché.

« Petit incident sans importance » ou « véritable scandale » ?

Contacté par nos soins, Olivier Neis, le directeur du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) considère l’incident comme étant « sans grande importance ». Ce n’est toutefois pas l’avis du Snspp-Pats de Mayotte qui voit là « un acte de délinquance perpétré par les jeunes de Kawéni ». « Une quinzaine d’individus ont fait irruption dans la caserne et nous ont menacé verbalement et violemment », peut-on toujours lire sur leur page Facebook dont la publication évoque également des « bousculades », mais aussi des provocations plus graves telles que « nous allons incendier votre centre ».

Tout cela alors que les jeunes avaient appelé les pompiers seulement deux minutes auparavant, selon leurs dires eux-mêmes. « Deux minutes et on vient s’attaquer à [nous] ? C’est un scandale, une véritable honte », s’indigne le syndicat sur les réseaux sociaux. « Ce comportement est inadmissible et au nom du Snspp-Pats Mayotte, nous condamnons fermement ce genre d’acte. Nous demandons à la direction que des mesures soient prises avec un dépôt de plainte pour que les auteurs soient recherchés, poursuivis et condamnés », conclut l’organisation syndicale. Reste à savoir si la direction du SDIS finira par prendre l’affaire au sérieux pour que les pompiers soient davantage respectés sur l’île aux parfums et surtout qu’ils puissent travailler dans des conditions sécurisées.

L’exposition Made in Mayotte de retour pour une 10ème édition

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Elle est devenue incontournable. L’exposition « Made in Mayotte », existe depuis maintenant cinq ans et à chaque édition son lot d’artisans et de savoir-faire mahorais. Elle revient pour la période estivale, du 5 au 16 juillet, dans le hall de l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte. Mais après cinq ans d’existence, l’évènement a besoin de grandir.

Accessoires de mode, objets en bois ou céramique, produits du terroir… L’artisanat mahorais est représenté sous toute ses formes à l’occasion de la 10ème édition de l’exposition « Made in Mayotte ». Depuis maintenant cinq ans, l’évènement revient deux fois par an : en juillet et en décembre. « Quand on a commencé c’était en phase d’expérimentation. On voulait faire des expositions plus longues où les visiteurs viendraient découvrir le savoir-faire et les créations de Mayotte », précise Marlène Fraytag, la présidente de l’association Made in Mayotte à l’origine de l’évènement.

Aujourd’hui, il est devenu incontournable, notamment pour les voyageurs qui veulent offrir un petit bout de l’île aux parfums à leurs proches. La mutualisation est le mot clé pour l’association. Mutualiser les moyens pour mettre en valeur le travail des artisans mahorais, trop souvent méconnus du grand public, c’est l’objectif recherché. « En organisant l’exposition, on a l’impression de répondre à un réel besoin, parce que l’artisanat de l’océan Indien est magnifique et très développé, mais celui de Mayotte est encore une petite famille malgré tout le savoir-faire qu’il y a sur l’île », explique Marlène Fraytag.

Mettre plus de moyens pour un évènement plus grand

Le concept de l’association Made in Mayotte est de mettre en place des boutiques éphémères le temps de quelques jours. Cela permet de réunir les artisans adhérents afin qu’ils puissent échanger sur leur quotidien, leurs obstacles et réussites en tant qu’entrepreneurs. « C’est aussi stimulant et motivant pour nous car on voit tel ou tel collègue qui a fait une création et ça peut nous donner des idées », rapporte la présidente.

C’est également un booster économique pour les exposants car l’évènement a pris de l’ampleur au fil des années. On enregistre près de 2.000 clients par exposition, selon Marlène Fraytag. « Au niveau du chiffre de vente, c’est en constante évolution. Il y a une bonne progression, on arrive à de très bons résultats. On sent qu’il y a une clientèle locale qui cherche à valoriser notre travail. »

Mais après cinq ans d’existence, les organisateurs ont soif de renouveau et de grandeur et pour cela, « il va falloir mettre plus de moyens », reconnaît la professionnelle. Cela passe principalement par les partenaires. Pour l’instant, ils sont peu nombreux… On compte le conseil départemental, l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte et les médias locaux. Grâce à cela et les ventes des produits, l’association peut financer l’exposition et payer le personnel engagé pour l’occasion, mais Marlène Fraytag le sait, il faut désormais plus que cela. « Notre objectif est d’aller à la recherche de sponsors et de subventions locales pour créer un plan de communication plus fort et des évènements plus grands », assure-t-elle.

Cela a commencé depuis la structuration de l’association en 2021. Une avancée qui leur a permis d’obtenir leur première grosse subvention de la part de la mairie de Mamoudzou. « Elle nous a financé à hauteur de 10.000 euros pour organiser le salon du mariage en mai 2022. » En plus des deux expositions annuelles, l’association prévoit d’organiser d’autres évènements ponctuels, des boutiques éphémères à des périodes précises pour mettre en valeur l’artisanat mahorais et peut-être donner envie aux plus jeunes de s’engager dans ces métiers.

Les Jeunes talents mahorais à l’honneur

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La cérémonie de réception des Jeunes talents mahorais (JTM) s’est déroulée vendredi dernier au conseil départemental, sous l’égide de la 4ème vice-présidente en charge des sports, Zouhourya Mouayad Ben, des représentants du monde sportif et des familles des sportifs.

Cela a été l’occasion de présenter le bilan Excellence, les athlètes et la plateforme de demande de subvention mise à leur disposition. L’élue a tenu à saluer les performances des sportifs et à rappeler la volonté du Département d’accompagner les sportifs mahorais vers le haut niveau à travers les différentes filières et compétitions emblématiques comme les Jeux des Îles de l’océan Indien, notamment ceux de 2023 à Madagascar.

Elle a souligné le fait que la collectivité a consacré plus de 774.629 euros au titre de l’accompagnement des 48 jeunes talents mahorais dans leurs cursus vers le haut niveau. « Aujourd’hui, nous aidons 12 sections sportives réparties entre le football, le handball, le basketball, le rugby, le judo à raison de 1.100 euros par jeunes et 500 euros en plus pour ceux qui sont à l’internat d’excellence. Les dépenses sont versées directement aux ligues et comités pour le fonctionnement des sections. » À noter aussi que des primes (d’un montant total de 30.000 euros) sont octroyées pour récompenser les sportifs médaillés aux championnats de France.

Schéma d’aménagement régional : clôture des ateliers des territoires

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Les ateliers des territoires relatifs au schéma d’aménagement régional (SAR) se sont clôturés vendredi matin dans l’amphithéâtre du centre universitaire de Dembéni. Lors de ces quatre ateliers, les concepts porteurs pour l’aménagement de Mayotte ont été mis à l’ordre du jour et débattus pour contribuer à l’élaboration du futur programme de développement opérationnel adossé au SAR. Il a été surtout question de dresser une synthèse globale avec les cinq intercommunalités, les communes, les administrations sur les principes d’aménagement durable, les besoins en termes de logements, les capacités d’accueil de l’île et la visualisation des projets structurants relatifs au développement économique.

Ainsi, plusieurs objectifs ont été identifiés et rappelés : projets agricoles et environnementaux (autosuffisance alimentaire, développement agricole…) ; renforcement du développement des filières et de création d’activités économiques ; partage des objectifs d’accueil démographique et de production de logements à l’horizon 2035 dans le cadre des PLU et 2050 pour le SAR… D’autres ateliers sont d’ores et déjà prévus les 19, 20 et 21 septembre pour élargir encore plus le débat.

D’ici là, les collectivités sont appelées à remonter toutes leurs informations essentielles pour qu’elles soient prises en compte dans les documents d’élaboration. Salime Mdéré, le 1er vice-président du Département, a notamment souligné qu’il « compte faire aboutir les SAR dans des délais raisonnables et avec des engagements concrets ».

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes