Le concours mettant en avant le vêtement traditionnel mahorais n’a pas eu lieu depuis trois ans maintenant. Il est de retour, ce samedi 13 août, à 20h, sur le parvis du comité de tourisme, à Mamoudzou. La présidente de l’organisation, Hanafi Charfati, fait le point sur ce qui a changé pendant tout ce temps.
Flash Infos : Soulagés de cette reprise du concours ?
Hanafi Charfati : Ah oui, nous avons hâte de retrouver l’élection. Nous sommes impatients. Cela fait un an que notre équipe se prépare. Nous avons même vu sur les réseaux que des gens pensaient que miss Salouva, c’était fini. Ce n’est pas le cas !
FI : Pourquoi le retour de ce concours est si important ?
H.C. : Il l’est parce que les Mahorais sont fiers de voir des candidates dans cette tenue traditionnelle. Une petite fille, par exemple, peut tout à fait s’identifier à elles.
1 de 8
Salama Maoulida, 25 ans, Koungou
Kheyra Attoumani, 20 ans, Mamoudzou
Imna Daoud, 21 ans, Ouangani et Chirongui
Binti Laîlati Ali Bacar, 24 ans, Mamoudzou
Aïcha-Ben Kadafi Ali, 25 ans, Labattoir et Bandrélé
Oumaïrati Attoumani, 23 ans, Sada
Mounia Radjabou, 21 ans, M'Tsamboro
Radhua Rachid, 21 ans, Chiconi
FI : Ce retour se fera-t-il sous une autre formule ?
H.C. : Non, nous serons toujours sur la même organisation. Le seul changement notable, c’est qu’elles passeront trois nuits ensemble pour apprendre à se connaître. Cela va avec le thème de la famille que nous avons retenu cette année. Cela sera aussi la première fois que nous quittons le cocon de Cavani (N.D.L.R. les dernières éditions ont eu lieu sur le plateau) pour le comité du tourisme. Ce qui correspond à notre envie de grandir.
FI : Quelle incidence a eu cette absence de concours ?
H.C. : Rowena Montchéry a été élue miss Salouva en 2019 et l’est donc restée pendant trois ans. Cela a été particulier pour elle, elle n’a pas assisté à beaucoup d’événements. Mais elle sera quand même là samedi soir, pour remettre l’écharpe.
Présidente de l’association Miss Salouva depuis 2015, Hanafi Charfati est impatiente que le concours reprenne ses droits.
FI : Après un si long moment, est-ce qu’elle est prête à la rendre ?
H.C. : [elle sourit] Oui, absolument. Elle attend ça avec impatience puisqu’elle a des projets. Au cours des trois ans, elle ne pouvait pas trop s’y plonger, puisqu’elle était susceptible d’être appelée sur des événements. Aujourd’hui, elle veut donner sa chance à une autre jeune femme.
FI : Y a-t-il toujours autant de motivation chez les candidates privées de compétition pendant trois ans ?
H.C. : Bien sûr. Nous avons sillonné toute l’île et reçu des candidatures de La Réunion et de la métropole. Au total, il y en a eu 25, soit un nombre habituel, puis nous avons retenu huit filles après des entretiens. En effet, nous accordons de l’importance à leurs projets.
Les répétitions s’enchaînent avant le spectacle prévu samedi soir, sur le parvis du comité de tourisme.
FI : De quelle manière le salouva sera-t-il mis en valeur au cours de la cérémonie ?
H.C. : Il y aura quatre tableaux, donc quatre tenues différentes. Dans le deuxième tableau, les salouvas sont des créations spéciales réalisées par Asmir. Elles ne seront dévoilées que ce samedi. Si la troisième est une robe moderne, pour la dernière, les candidates pourront présenter le salouva de leur choix.
Élection de miss Salouva 2022, samedi 13 août, sur le parvis du comité de tourisme, à Mamoudzou. Lancement de la soirée à 19h30 et début du concours à 20h. Gratuit. L’événement est visible en direct grâce à Yatru tv sur la page Facebook Miss Salouva Mayotte.
Le gouvernement comorien a pris la décision d’annuler les conventions liant Mamoudzou à des villes comoriennes.
De nombreux citoyens et des associations de la société civile considéraient comme inconstitutionnelles les conventions de jumelage de Mamoudzou avec les villes comoriennes de Fomboni, Domoni et Mutsamudu, élaborées ou signées en juillet. En effet, la Constitution ne reconnaît qu’une seule Union des Comores composée de quatre îles, y compris celle de Mayotte. Si la décision de révoquer ces actes, ce lundi 8 août, a suscité des réactions mitigées, l’arrêté du ministre lui-même fait aussi l’objet d’un débat, notamment chez les hommes de droit. De son côté, la mairie de Mamoudzou n’a pas souhaité réagir.
Nouveau revirement sur les accords de jumelage de la ville Mamoudzou. Après un long silence, les autorités fédérales, par la voie du ministre de l’Intérieur, de l’Information, de la Décentralisation et l’Administration territoriale, ont décidé d’annuler les conventions ratifiées ou élaborées par Mamoudzou et les trois communes comoriennes de Domoni, Mutsamudu et Fomboni. Celle signée avec Tsidjé n’est pas concernée.
Le motif avancé par le premier flic du pays, Fakridine Mahamoud, dans son arrêté datant du 8 août ? Les accords ne sont pas conformes au cadre normatif et aux procédures applicables. « Toute lettre d’intention de jumelage et d’entente intercommunale avec la municipalité est annulée », précise l’article premier du document. Depuis fin juillet, ces conventions font des vagues autant du côté de Mayotte que de l’Union des Comores. À Mamoudzou par exemple, des manifestants avaient même bloqué la mairie le 1er août et exigeaient des explications. « Avec les Comores, c’est cinquante ans de batailles. On ne veut pas d’un jumelage qui met un coup d’éponge », dénonçaient-ils [lire Flash Infos du lundi 2 août]. Au sein de l’archipel, la société civile était également montée au créneau. Pour la plupart des associations, signer de tels accords avec Mamoudzou alors que la ville se réclame du département français voisin est une violation flagrante de la constitution comorienne.
« La stratégie française de passer en force a échoué lamentablement »
Celle-ci en son article 6 est claire. « Le territoire de l’Union des Comores se compose des îles et îlots de (Moheli), Ndzuani (Anjouan), Ngazidja (Grande Comore) et Maoré (Mayotte) ». Par conséquent, il est hors de question pour une quelconque commune comorienne de ratifier des conventions de jumelage avec Mamoudzou sinon cela reviendrait à renier le droit international et les résolutions des Nations Unies qui ont toujours reconnu la « comorienneté » de l’île de Mayotte. C’est peut-être la raison pour laquelle le ministre de l’Intérieur a sorti cet arrêté pour sauver les meubles comme l’écrivait avec ironie un internaute lundi, sur Facebook. Ce mardi, le président de la République, Azali Assoumani, a pour sa part reçu le comité Maoré à Beit-Salam, probablement pour faire taire la gronde. « Même si la réaction s’est fait attendre, force est de saluer la décision prise par les dirigeants du pays. La stratégie française de passer en force comme d’habitude a échoué lamentablement. Certains maires qui se réjouissaient des jumelages font grise mine », a réagi en début de semaine, Idriss Mohamed, défenseur de longue date du retour de Mayotte dans son giron.
L’arrêté stipule que « toute lettre d’intention de jumelage et d’entente intercommunale avec la municipalité de Mamoudzou est annulée ».
Cet ancien président du comité Maoré estime qu’il faut désormais se demander s’il s’agit d’un acte isolé ou d’un réveil dans la défense de Mayotte comorienne. « Car la stratégie française se poursuit et remporte des succès auprès de certains pays. Une forte délégation tanzanienne est attendue à Mayotte pour envisager une coopération étroite. Le gouvernement doit parler avec les autorités tanzaniennes en faisant valoir nos liens traditionnels», a ajouté le numéro un du parti Ukombozi. Au sujet des Jeux des îles de 2027, Idriss Mohamed rappelle que Mayotte ne peut pas les accueillir à cause de son statut. « Il faut que le régime d’Azali se dote d’un secrétariat d’État ou un commissariat dédié à la question de Maoré pour que notre pays puisse se doter d’une stratégie intelligente et la suive de façon cohérente. Tout en faisant en sorte à ce que la question soit réinscrite à la prochaine assemblée générale de l’ONU », a-t-il proposé.
L’arrêté du ministre lui aussi contesté
Sur l’aspect juridique de la décision du ministre de l’Intérieur, de nombreuses questions restent en suspens. Exemple : pourquoi la révocation ne concerne pas toutes les communes, y compris la ville de Tsidjé ? Quant à l’annulation des accords par arrêté, là encore les juristes sont divisés. Le premier à donner son avis est Mohamed Rafsandjani. « Aucune autorité de l’État, pas même le ministre, ne peut annuler un acte fait par des collectivités territoriales, dans la mesure où ces dernières jouissent du principe de libre administration. Les autorités de l’État peuvent les contester, mais par le biais du préfet en général qui saisit le juge administratif et lui demande de contrôler un acte qu’il considère illégal », a éclairé ce docteur en droit public à qui nous avons posé la question.
Un avis que maître Abdou Elwahab Msa Bacar, consultant du président de la République en matière juridique, ne partage pas. Ce dernier, au contraire, donne raison au ministre. Il cite l’article 82 alinéa 2 de la loi sur la décentralisation. « Il faut noter que la question revêt d’une haute importance juridique, politique et diplomatique liée à la sécurité et à la défense du territoire. La loi, bien qu’elle admette la libre administration des communes et autorise la coopération, ne fait pas obstacle à la prise des mesures conservatoires par le gouvernement », s’est-il défendu. Sauf que la mesure conservatoire n’a rien à voir avec l’annulation tente de rectifier Yhoulam Athoumani, docteur en droit public, installé en France. « Lorsque l’exécutif édicte une mesure conservatoire, il le fait de façon provisoire en attendant l’intervention du juge. Car celui-ci a le pouvoir d’annulation », a-t-il détaillé.
Mohamed Moindjié (au centre), entouré de son éditeur Foumo Silahi ( à d.) et de son diffuseur, le libraire Ben Amine Inssa, dont la librairie se trouve à Passamaïnty
Mohamed Moindjié, homme politique bien connu dans le 101ème département, vient de sortir un essai intitulé « Ha shibabu ya maore », qui pourrait se traduire en français par « L’espoir ensemble pour Mayotte ». Dans ce petit ouvrage de 73 pages, il dissèque les problématiques de l’île aux parfums et propose des pistes de solutions basées sur une redécouverte de l’identité mahoraise qui intégrerait harmonieusement les nouveaux modes de vie modernes liés à sa départementalisation.
Mohamed Moindjié n’en est pas à son premier coup d’essai dans le domaine de l’écriture. Il y a quelques années, il avait déjà publié un premier ouvrage, beaucoup plus long, intitulé « Aux noms de mes ancêtres qui ne sont pas des Gaulois ». « Cette fois-ci, j’ai voulu [en] écrire un plus court afin qu’il soit plus facile d’accès pour les personnes peu habituées à lire », déclare-t-il lors de la conférence de presse donnée le vendredi 5 août dernier au restaurant le 5/5. Cette fois-ci cependant, il ne s’est pas débrouillé seul : il a fait équipe avec Foumo Silahi, qui gère les éditions Hiziri Na Maore créées en 2022, et la librairie de Ben Amine Inssa, située à Passamaïnty, chargée de la diffusion du livre. Grâce à cette association, l’écrivain espère que son livre sera facilement accessible au plus grand nombre.
Objectif : donner de l’espoir aux gens concernant l’avenir de Mayotte
Cet essai part d’un diagnostique de la situation de l’île au lagon : il en dissèque les problématiques et en déduit que les solutions pour rétablir l’harmonie ne peuvent être les mêmes que celles qui étaient utilisées avant la départementalisation. « La société mahoraise a connu de grands bouleversements, qui ont généré certains problèmes, dont celui de la délinquance des jeunes », affirme-t-il. « La première étape est de prendre conscience de ce changement de société, induit notamment par la départementalisation de l’île et l’entrée dans la mondialisation qui s’en suit. Il nous faut faire avec ces évolutions, c’est inévitable. Mais, pour les intégrer harmonieusement, il me paraît essentiel de retrouver nos valeurs spécifiquement mahoraises. » Pour l’homme politique, il est primordial de rompre avec certaines pratiques qui ne collent plus avec le nouveau statut de Mayotte département tout en se réimprégnant de l’essence de la culture mahoraise, qui a eu tendance à se perdre ces dernières années, surtout chez la jeune génération.
Mohamed Moindjié s’est rapproché de quelques grands noms de la littérature mahorais dont Ambass Ridjali (à g.) et Bacar Achraf.
« Nous sommes une civilisation plurielle marquée par des influences multiples dont la civilisation arabe, swahili et occidentale. Il nous faut valoriser cette identité, même si celle-ci évolue inévitablement avec le temps », déclare l’essayiste. Ce dernier liste dans son ouvrage quelques spécificités de la culture mahoraise : plurielle certes, mais aussi imprégnée par le respect des aînés et de l’autorité. « L’une des grandes causes à mon sens du chaos actuel est l’absence de peur dont fait preuve la jeune génération face aux autorités quelles qu’elles soient », analyse-t-il. D’autre part, Mayotte mêle des valeurs issues de l’islam et de l’animisme avec celles de la France républicaine. Un curieux camaïeu qui forme la spécificité culturelle de l’île. « Il n’est pas rare de voir des Mahorais assister toute une soirée à un patrossi (cérémonie animiste) tout en allant prier Allah à la première heure le lendemain matin et saluer avec respect le drapeau français dans les cérémonies laïques », souligne-t-il. « Maintenant, il défi est d’intégrer la mondialisation sans déroger à notre identité. » L’autre grande valeur mahoraise selon Mohamed Moindjié est l’hospitalité. Traditionnellement, la « personne qui vient d’ailleurs » se doit d’être accueillie avec respect. « Mayotte a une histoire, une culture particulière qui est malheureusement en train de disparaître progressivement. Tout le défi est de réussir à conserver notre identité tout en l’adaptant au monde moderne. »
Encourager les Mahorais à écrire
Au-delà de son livre, l’écrivain a également pour ambition encourager les Mahorais à se tourner davantage vers l’écriture. Pour cela, il a réuni autour de lui plusieurs grands noms du monde de la littérature mahoraise tels que Ambass Ridjali ou encore Bacar Achraf, le pionnier de la création du centre universitaire de formation et de recherche de Dembéni. « Il est important de valoriser les écrivains mahorais et, d’une manière générale, les savoir-faire locaux », insiste-il. C’est la raison pour laquelle, les écrivains en herbe sont également les bienvenus au sein de cette société littéraire encore en cours de création. « Notre ambition est de préserver la culture mahoraise tout en se tournant vers l’avenir. Certes, la situation actuelle de Mayotte laisse à désirer, mais je suis persuadé qu’il y a matière à conserver de l’espoir pour le futur. C’est ce que je souhaite prouver à mes lecteurs au travers de Ha Sibabu ya maore », conclut-il.
Artistes et djs se relaieront sur la scène du festival 100% mahorais.
La seconde édition du Bambo beach festival aura lieu les 12, 13 et 14 août au snack de la plage de Bambo-Ouest, dans la commune de Bouéni. Organisé par le label Almawt Music, il réunira une douzaine de talents 100% mahorais, dont Patsaou, Komo ou LokyGramme, à partir de 16h. Chaf Masta, le président du label, mais également artiste mahorais, donne plus d’informations sur ce rendez-vous qui en a déjà séduit plus d’un l’an dernier.
Flash infos : Plus que quelques jours avant le Bambo beach festival. Comment est venue l’idée de cet événement ?
Chaf Masta : Ce festival est vraiment né d’une frustration. C’était une scène qui n’existait pas à Mayotte. Étant moi-même artiste mahorais, je trouve qu’il y avait un manque de considération de nos artistes locaux. Les gens favorisent plus ceux venant de l’extérieur, alors qu’on nous qualifiait de « jeunes artistes » et très souvent nous n’étions pas payés.
FI : Est-ce la première fois que vous organisez ce festival ?
C. M. : Non, il s’agit de la deuxième édition. Nous souhaitons réunir les grandes têtes d’affiches mahoraises. Comme la fois précédente, le festival aura lieu à la plage de Bambo-Ouest sur le site de Bambo Beach, à ne pas confondre avec Bambo-Est.
Président du label Almawt Music, Chaf Masta est l’organisateur de ce week-end dédié à la musique.
FI : Plusieurs artistes mahorais étant mis à l’honneur, comment faites-vous votre choix ?
C. M. : C’est simple, nous effectuons une veille informationnelle des artistes qui ont performé tout au long de l’année ou lors de l’année précédente. Et selon ce qu’ils produisent, nous mettons leur travail en considération. Nous ne faisons pas de préférences.
FI :Quel type de public ciblez-vous et combien de personnes attendez-vous ?
C. M. : Nous ne ciblons pas de public particulier. Nous sommes dans un esprit festival, et comme l’an dernier, les gens viennent comme ils veulent pour faire la fête, que ce soit en famille ou entre amis… Nous attendons le maximum de monde dans la limite de ce que nous pouvons accueillir légalement.
Je tiens également à préciser qu’il y a de quoi se loger dans le sud pour toutes les personnes qui font des trajets assez longs pour se rendre au festival. Il y a Sakouli, la Case Robinson, le Jardin Mahorais…
Bambo beach festival, du vendredi 12 au dimanche 14 août, au snack de la plage de Bambo-Ouest. Tarifs : 25 euros en prévente, 30 euros sur place. Tél. : 06.39.60.89.89. Les billets en prévente sont uniquement en ligne sur my.bizouk.com/bambo-beach-festival-2022.
Le 6 août, mécontente d’une interpellation effectuée la nuit écoulée d’un individu découvert en état d’ivresse sur la voie publique, une dame a proféré des injures publiques à l’endroit des militaires intervenus, à l’occasion d’un « direct » sur sa page Facebook. Entendue deux jours plus tard, la mise en cause fait l’objet d’une convocation pour l’audience correctionnelle du 24 janvier 2023 au tribunal judiciaire de Mamoudzou. Pour rappel, les injures publiques envers un corps constitué, un fonctionnaire, un dépositaire de l’autorité publique ou un citoyen chargé d’une mission de service public, par parole, écrit, image ou moyen de communication par voie électronique, constituent des délits et peuvent être réprimées par une sanction allant jusqu’à 12.000 euros d’amende.
Une délégation de Tanzanie, composée de sept personnalités avec à sa tête, Paul Koyi, président de la chambre de commerce et d’industrie, a été accueillie ce mercredi 10 août à l’aéroport de Pamandzi par diverses institutions locales. Parmi elles, le conseil départemental, représenté par le 3ème vice-président, Ali Omar, accompagné de la conseillère départementale de Pamandzi, Soihirat El Hadad, la présidente de l’agence de développement et d’innovation de Mayotte (ADIM), Zamimou Ahamadi et le maire de Pamandzi, Madi Souf Madi.
Ce partenariat s’inscrit dans l’objectif de mieux intégrer Mayotte dans son environnement géopolitique et d’orienter plus fortement la politique de coopération du Département en faveur de l’économie, de la culture, de la formation, du sport, de la recherche et de l’innovation. Des temps d’échanges sont prévus lors de cette visite dans lesquels plusieurs thèmes seront évoqués notamment les opportunités bilatérales de coopération entre Mayotte et Tanzanie.
Dans le cadre du lancement de la carte Namine prévu à la fin du mois de septembre, l’association des étudiants et des jeunes de Mayotte (AEJM) fait un appel aux acteurs économiques du territoire pour devenir partenaire de ce nouveau dispositif.
Celui-ci a pour objectif de lutter contre la précarité étudiante, de soutenir le pouvoir d’achat des jeunes et de participer à la promotion de la vie étudiante à Mayotte. Sur le même principe que les cartes étudiantes et autres cartes jeunes dans les grandes villes d’Europe, la carte Namine permettra à son détenteur de bénéficier d’une tarification avantageuse dans les commerces partenaires de l’ile.
Sur présentation de cette dernière dans un commerce partenaire, le détenteur de la carte Namine pourra bénéficier d’une tarification préférentielle sur un certain nombre de produits qui auront préalablement fait l’objet d’une convention entre le partenaire économique et l’AEJM.
Le dispositif carte Namine est ouvert aux étudiants scolarisés à Mayotte (étudiants de BTS, de classe prépa, du centre universitaire de formation et de recherche de Dembéni, de l’institut de formation en soins infirmiers et de l’institut régional du travail social), aux stagiaires du régiment du service militaire adapté et aux jeunes de 17 à 25 ans inscrits localement à formation professionnelle d’une durée supérieure à six mois. Pour la fin septembre 2022, ce seront près de 7.500 jeunes qui seront concernées par ce dispositif.
À l’horizon 2024, l’association ambitionne de faire de la carte Namine une véritable carte de bancaire afin de lutter contre la bancarisation des jeunes de Mayotte. Dans le cadre de ce dispositif, l’AEJM proposera aux partenaires économiques de relayer gratuitement leurs communications sur les différents réseaux sociaux de la carte Namine.
Les entreprises intéressées sont invitées à se manifester et à contacter l’AEJM à secretaire@aejm.fr ou au 02.69.66.68.16 pour toute demande d’information complémentaire.
Mardi 9 août, le Parc naturel marin de Mayotte et ses partenaires ont réitéré l’opération Premières bulles au pays du corail sur la plage de Mliha, dans la commune de M’Tangamouji. Cette 9ème édition comportait une dizaine d’ateliers. Les 80 participants, âgés de 12 à 18 ans, ont ainsi pu approfondir leur connaissance des oiseaux marins, des mangroves et des tortues en général avec les animations pédagogiques du GEPOMAY, de l’UICN et d’Oulanga Na Nyamba, appréhender les menaces sur l’environnement marin liées aux déchets et aux activités humaines non maîtrisées avec l’animation sur le bassin versant des Naturalistes, environnement et patrimoine de Mayotte et un atelier sur le tri des déchets animé par le Parc, se réapproprier la pêche traditionnelle au djarifa, pratique traditionnelle réalisé par les femmes de Mayotte, grâce à l’association des pêcheuses de Mtsahara, s’initier à la natation avec le Cercle des Nageurs de Mayotte, et s’évader dans les fonds marins pour découvrir, pour la première fois chez la plupart, les récifs coralliens et la vie marine associée avec des baptêmes de plongée réalisés par les clubs de plongées O°Bulles et Happy Divers. Un concours de land-art a permis aux équipes ayant réalisé les plus belles créations de gagner des agendas scolaires, abécédaires des mangroves et autres documents lié aux richesses marines.
En 2023, le Parc renouvellera l’opération « Premières bulles au pays du corail » sur une autre plage de Mayotte. Pour en faire bénéficier le plus grand nombre, chaque année, la manifestation se déroule dans une commune différente et a déjà été réalisée à Bandrélé, Bouéni, Labattoir, M’Tsangamouji cette année… À qui le tour ?
Les prochaines Journées d’Interco’ Outre-mer se tiendront les 7, 8 et 9 septembre 2022 à Chalon-sur-Saône. Elles sont accueillies par Sébastien Martin, président du Grand Chalon et d’Intercommunalités de France, et ont pour thème général « Les capacités et pouvoir d’agir des intercommunalités d’Outre-mer à l’aune des transformations des territoires ».
Se questionner et susciter le débat sur ce qu’est la mission d’un élu intercommunal aujourd’hui, aborder la complexité des sujets fonciers et de planification ou encore nourrir les réflexions sur les grands enjeux de la transition écologique et énergétique dans les territoires d’Outre-mer, le choix des séquences résonnent avec les préoccupations de premier ordre des intercommunalités ultramarines.
Alternant témoignages d’élus et techniciens des collectivités d’Outre-mer et du Grand Chalon et bénéficiant de l’appui d’experts (Intercommunalités de France, Cerema, Anel, …), les journées d’Interco’ Outre-mer mobilisent des intervenants aux profils divers qui contribuent aux réflexions à caractère politique et stratégique pour lesquelles une large place est laissée aux débats et à des temps de visites de sites d’intérêt communautaire du Grand Chalon.
La caravane du concours « Mon quartier entreprend » sillonnera les quartiers prioritaires de 11 communes (Mamoudzou, Dembéni, Kani-Kéli, Chiconi, Sada, M’Tsangamouji, Ouangani, Tsingoni, Acoua, Bandraboua et Koungou) du 23 août au 25 novembre dans le but de sensibiliser les populations les plus éloignées du monde de la création et gestion d’entreprise. La mission de cette tournée ? Susciter des vocations entrepreneuriales aux porteurs de projets, accompagner les très jeunes créateurs d’entreprise (moins de deux ans) à se professionnaliser entant que chef d’entreprise, et faire vivre une expérience enrichissante aux concurrents.
À l’origine de ce concours, il y a le dispositif Oudjerebou proximité. La première édition a mobilisé près de 37 candidats répartis sur trois communes (Kani keli, Koungou et Mamoudzou). Durant 96 heures, les équipes de Oudjerebou ainsi que ses partenaires vont challenger les porteurs d’idée en les mettant en situation de gestion de projet.
Par décret en date du 29 juillet dernier, le ministère du Travail a fixé le SMIC applicable en métropole et dans les départements d’Outre-mer, y compris Mayotte. Pour la confédération générale des travailleurs à Mayotte, les salariés de l’île aux parfums sont discriminés sur le taux de SMIC appliqué qui est de beaucoup inférieur au taux du SMIC horaire dans l’Hexagone et dans les autres territoires ultramarins.
Sachant que l’ordonnance du 25 octobre 2017 donne la possibilité au DOM-TOM d’appliquer un taux de SMIC supérieur au taux national, la CGT-Ma demande que « le préfet organise une commission consultative du travail en urgence afin de proposer un taux du SMIC pour Mayotte qui tiendrait compte à la fois de l’inflation locale et aussi du rattrapage que nous avons à faire pour aligner le taux du SMIC de Mayotte au taux national, soit 11.07 euros ».
La communauté de communes du Centre-Ouest en partenariat avec la ville de Sada et le syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (SIDEVAM 976) organisent ce samedi 13 août une opération de déchèterie mobile de 8h à 14h sur le parking du terrain de pétanque de Sada. L’occasion pour les habitants de se débarrasser de leurs encombrants (meubles, matelas, canapés, sommiers), ferrailles (vélos, pièces en fer, bouts de tôle), déchets verts (branchages, feuilles mortes, tontes de gazon), déchets électriques-électroniques (réfrigérateurs, micro-ondes, machines à laver, téléviseurs) ainsi que de leurs textiles, linge de maison, chaussures qu’ils n’utilisent plus. Adoptez les bons gestes et optez pour la déchetterie mobile !
Le placement en familles d’accueil des mineurs suivis au titre de l’enfance délinquante est l’une des modalités de prise en charge proposées par le ministère de la justice. L’idée est d’accueillir temporairement des jeunes ayant commis une infraction, de les accompagner, de participer à leur éducation et à leur insertion, mais aussi de leur offrir un cadre rassurant. Cela peut convenir à certains mineurs qui ont besoin d’un cadre rassurant, sûr, mais différent de leur environnement social ou familial.
L’essentiel de ce mode de placement est de disposer de qualités relationnelles, d’écoute, d’autorité et de patience. Les jeunes accueillis, âgés de 13 à 17 ans, ont avant tout besoin de personnes solides et disponibles, en mesure de comprendre leur situation et de s’y adapter. L’une des missions principales est de les aider dans des démarches administratives.
Être famille d’accueil, c’est aussi des responsabilités : collaborer avec une équipe de la protection judiciaire de la jeunesse au quotidien (éducateurs et éducatrices, psychologues, encadrement). Les accueils peuvent être modulables et adaptés aux contraintes de chacun (semaines, week-ends ou vacances scolaires uniquement). Les familles reçoivent une indemnité journalière de 40 euros, qui a été revalorisée en janvier 2020. Le reste des dépenses (transport, habillement, soins etc.) est pris en charge par la PJJ.
Pour candidater, il suffit de contacter l’unité éducative d’hébergement diversifié de Mamoudzou au 06.39.69.54.92 ou par email à uehd-mamoudzou@justice.fr.
Pour la 4ème année consécutive, l’événement intercommunal « Uzuri Wa Mwendro », les plaisirs de la marche, revient pour transporter les habitants de Mayotte à la découverte des richesses du coeur de l’île. Organisé en partenariat avec la communauté de communes du Centre-Ouest et son office de tourisme, l’objectif est de faire connaître les cinq communes du territoire, leurs atouts historiques et culturels, leur patrimoine ainsi que leurs acteurs touristiques. Du samedi 20 août au dimanche 18 septembre, les participants auront cinq week-ends pour explorer les cinq localités du Centre-Ouest entre randonnées pédestres et VTT, visites d’exploitations agricoles, activités nautiques, animations culturelles et gastronomiques.
Samedi 20 août : randonnée pédestre à Mtsangamouji de neuf kilomètres, départ à 7h du « Petit Banga ». Dimanche 21 août : randonnée VTT, niveau expert, départ à 7h du pôle d’excellence rurale de Coconi et visite de la ferme agricole de Boinahéry à Combani à partir de 8h30. Samedi 27 août : randonnée pédestre à Tsingoni, départ à 7h de la Mosquée. Dimanche 28 août : visite de l’exploitation de vanille de Foundi Madi à Tsingoni, rendez-vous à 8h30. Samedi 3 septembre : randonnée pédestre à Chiconi, départ à 7h de place Sicotram. Dimanche 4 septembre : randonnée VTT, niveau débutant et intermédiaire, départ du terrain de Bahédja et visite de l’exploitation de Dani Salime à Kahani, rendez-vous à 8h30. Samedi 10 septembre : randonnée pédestre à Sada, départ à 7h de la Maison de l’artisanat. Dimanche 11 septembre : visite de l’exploitation Maora Land à Kahani, rendez-vous à 8h30 et initiation à la pêche au djarifa à Chiconi et activité kayak à Tanaraki. Samedi 17 septembre : randonnée pédestre à Ouangani, départ à 7h du pôle d’excellence rurale de Coconi. Dimanche 18 septembre : immersion au pôle d’excellence rurale de Coconi – village agricole et exposition.
Afin de soutenir les agriculteurs locaux, cette année, les visites d’exploitations sont payantes. Pour s’inscrire, rendez-vous sur la page Facebook « Tourisme Centre Ouest Mayotte » ou appelez au 06.39.21.42.24. Les inscriptions sont possibles jusqu’à la veille de chaque sortie.
Le lundi 18 juillet, le commandant de police Frédéric Devise, le chef du service territorial du recrutement et de la formation de la DTPN 976, ouvrait la première promotion de la réserve opérationnelle de la police nationale, issue de la réforme de la réserve civile. Le 29 juillet, les dix élèves réservistes terminaient la première partie de leur formation, et tous validaient leur aptitude au port de l’arme. Ils poursuivront leur formation du 22 au 26 août par l’apprentissage des techniques d’intervention au cours de mises en situation. « Tous se sont montrés motivés et engagés à servir au sein de nos rangs. Rejoindre notre réserve opérationnelle, c’est être utile aux autres, c’est simple, rémunéré et près de chez soi, jusqu’à 90 jours par an. Vous serez formés à intervenir sur la voie publique, encadrés par des policiers, pour assurer, avec nous, la sécurité de la population. »
Avec toujours le bras en écharpe six semaines après les faits, la victime âgée de 15 ans a reçu 45 jours d’interruption temporaire de travail (ITT).
Deux jeunes hommes de 22 et 19 ans ont été condamnés à trois ans de prison, dont une année avec sursis, ce lundi après-midi, pour s’en être violemment pris à des adolescents de 15 et 17 ans. Les deux auteurs originaires de Doujani ont visé arbitrairement les seconds domiciliés à M’Tsapéré, blessant sérieusement le plus jeune à l’épaule avec un couteau.
« Je n’ai jamais compris pourquoi les gars de Doujani et M’Tsapéré se tapent dessus !» lance, perplexe, le président du tribunal, Laurent Ben Kemoun. Ce lundi après-midi, au cours d’une comparution immédiate, victimes comme auteurs des faits n’ont pas su l’aider sur ce point. Le 1er juillet dernier, devant le centre commercial Baobab, à Mamoudzou, c’est pourtant dans le cadre d’un énième conflit inter-villages que les deux prévenus ont pris à partie deux adolescents en plein milieu de l’après-midi. Alors que le plus jeune, âgé de 15 ans, était en train d’acheter à manger, son ami était devant, à l’attendre à côté de son vélo. « On m’a attrapé le t-shirt et on m’a demandé d’où j’étais. J’ai dit : « M’Tsapéré », et on m’a frappé », se souvient le jeune homme de 17 ans, à la barre. Plus grand et plus costaud que lui, son adversaire âgé de 19 ans lui a en effet mis un coup de poing dans le visage. « Un geste gratuit », selon le président du tribunal, qui serait une réponse à un caillassage qui se serait produit la veille entre des jeunes des deux villages.
Et l’agression ne s’est pas arrêtée là. Le plus jeune, qui est sorti du centre commercial, a tenté de s’interposer. Mais l’assaillant et l’un de ses amis l’ont poursuivi, cette fois-ci en sortant un couteau pour l’un et une machette pour l’autre. Le premier est arrivé à hauteur du jeune homme et l’a blessé gravement à l’épaule. « On m’a blessé comme si on me découpait », raconte la victime, avec toujours le bras en écharpe. Un autre coup a été aussi porté au bras. Courant pour échapper à ses agresseurs, la victime a réussi à se réfugier dans le Somaco à proximité, avant de s’évanouir.
« Soyez cohérent avec vous-même »
Reconnaissant le coup de couteau qui aurait pu être fatal si un organe vital avait été touché, le jeune de 19 ans ne présente aucune excuse devant le tribunal correctionnel. Au contraire, les juges ont rappelé que pendant son audition, il a dit aux enquêteurs : « Je m’en fous de lui », quand on lui a demandé sa réaction si la victime venait à décéder.
Le rôle attribué au second est plus flou, aucun témoignage ou vidéo ne démontre qu’il a porté des coups. Son défenseur, maître Soumetui Andjilani, demande même sa relaxe. « Il n’y a pas de preuves que la machette a été utilisée. » À 22 ans, ce rappeur connu localement pour des clips sur Youtube a déjà été condamné pour des vols avec violences. « J’ai simplement brandi ma machette pour leur faire peur », insiste-il, face à des juges qui lui rappellent que se balader avec une arme blanche, « après six mois à Majicavo », n’est pas la meilleure chose à faire. Le président du tribunal lui demande par exemple : « Dans vos chansons, vous n’incitez pas à la violence ? – Non. – Donc soyez cohérent avec vous-même. » Pour le procureur Yann Le Bris, l’utilisation de la machette au cours des événements ne fait aucun doute. « La victime a raconté que le couteau est resté planté dans l’épaule. Elle l’a attrapé et jeté par terre. Le deuxième coup est arrivé dans l’instant d’après », décrit le représentant du ministère public. Ainsi la machette serait, selon lui, à l’origine de la profonde entaille sur le bras du garçon.
Il requiert donc trois ans de prison, dont douze mois avec sursis, contre les deux prévenus, une interdiction de rentrer en contact avec les victimes et une obligation de les indemniser. Le tribunal correctionnel a décidé de suivre les réquisitions du Parquet, ajoutant une obligation de travail et une interdiction de port d’arme pendant trois ans. Concernant les sommes, 3.000 euros devront être versés au jeune de 17 ans pour préjudice moral, puis 5.000 euros à celui blessé gravement à titre de provisions. Une nouvelle expertise médicale suivie d’une audience sur les intérêts civils en février 2023 permettront de déterminer le montant de son préjudice.
Avec près de 115.000 réclamations en 2021, le Défenseur des droits est plus que jamais présent au contact des usagers, en particulier des plus vulnérables, qui font face à la déshumanisation et à l’éloignement des services publics. Dans le 101ème département, encore plus qu’ailleurs, les délégués se retrouvent surbookés face à des dysfonctionnements récurrents sur le territoire. Entretien avec Didier Lefèvre, le chef de pôle régional pour La Réunion et Mayotte.
Flash Infos : En 2021, vous avez reçu près de 800 réclamations. Comment évaluez-vous ce chiffre par rapport aux années précédentes ?
Didier Lefèvre : Il s’agit d’un chiffre plutôt stable d’une année sur l’autre. Nous tournons autour de 700-800 réclamations par an. Pour les traiter, nous nous reposons sur trois délégués qui tiennent des permanences au sein du réseau France Services et du CDAD (conseil départemental de l’accès au droit) sur Mamoudzou, sur Dembéni et sur Petite-Terre. Si cela nous permet de nous rapprocher du public, cela n’est pas suffisant ! Nos collaborateurs sont débordés… Raison pour laquelle nous sommes sur un processus de recrutement pour en embaucher un quatrième d’ici la fin de l’année afin de couvrir le plus largement possible le territoire, notamment dans l’Ouest et le Nord.
FI : La majeure partie des saisines concernent des dysfonctionnements des services publics et des questions liées aux droits de l’enfant. Quelles seraient les solutions selon vous pour améliorer la prise en charge et éviter les stigmatisations ?
D. L. : Nous ne sommes pas là pour trouver des solutions à proprement parler ou faire à la place de ! En effet, nous n’avons pas de pouvoir de contrainte. Notre rôle consiste simplement à intervenir lorsque des personnes, qu’elles soient étrangères ou françaises, s’estiment lésées dans leurs droits, par rapport à une décision d’une administration ou d’un service public. Mais attention, nous ne sommes en aucun cas leur ennemi. L’idée est de mettre de l’huile dans les rouages et d’agir en tant que facilitateur. Par exemple, en rappelant le cadre légal. Toutefois, nous pouvons également mobiliser nos pouvoirs d’instruction quand il y a un licenciement discriminatoire. Par ailleurs, nous menons des actions de sensibilisation et d’éducation aux droits, principalement dans les établissements scolaires.
FI : Comment avez-vous vécu le blocage de La Cimade pendant plusieurs mois ?
D. L. : Nous avons été interpellés par l’association et nous avons été saisis sur plusieurs champs (N.D.L.R. un groupe a empêché l’accès aux locaux de Cavani aux bénévoles et salariées de l’association de décembre 2021 à mai 2022), à l’instar de la déontologie des forces de sécurité ! Selon nos informations, certaines personnes auraient subi des propos incitant à la discrimination. Si le personnel de La Cimade a pu réintégrer ses locaux, l’instruction est toujours en cours auprès du Défenseur des droits.
FI : D’un point de vue plus général, comment analysez-vous la situation à Mayotte ?
D. L. : Au fil de nos années de présence sur le territoire, plusieurs rapports et recommandations ont été rédigés pour faire en sorte que les lignes bougent. Nous constatons un dysfonctionnement assez chronique et lourd… Est-ce que nous pouvons dire que les choses évoluent dans le bon sens ? Même si nous pouvons noter un certain nombre d’avancées, il est difficile pour nous de dire que cela va mieux. À travers nos rencontres fréquentes avec les différents interlocuteurs, nous voyons que certains points peuvent aussi bien avancer que reculer ! Ainsi, nous avons parfois le sentiment d’un éternel recommencement… Malgré tout, nous restons optimistes. Pour Claire Hédon (la Défenseure des droits depuis le 22 juillet 2020), qui souhaite dès qu’elle le peut venir à Mayotte, la présence des délégués et du dispositif Jade (jeune ambassadeur des droits auprès des enfants) reste une priorité.
Les thématiques dont les délégués sont les plus saisis
La majeure partie des saisines des délégués concernent en grande partie des situations liées aux dysfonctionnements des services publics, notamment dues aux difficultés d’accès au service des étrangers de la préfecture de Mayotte pour obtenir un rendez-vous en vue de la délivrance ou le renouvellement d’un titre de séjour et des questions liées aux droits de l’enfant.
Pour ces dernières, sont particulièrement visés les refus de scolarisation en raison de l’origine (exigences abusives de documents supplémentaires par certaines mairies), des situations de maltraitance ou des rattachements fictifs de mineurs à des adultes sans lien de famille dans le cadre de reconduites à la frontière. Les dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance (plusieurs mois à plusieurs années avant de prendre en compte une situation d’enfants en danger, manque de suivi des mineurs accueillis par des familles d’accueil…) sont aussi pointés. Ces difficultés sont renforcées en raison du fort turn-over des interlocuteurs au sein des différentes administrations.
La semaine dernière a été dramatique pour la communauté estudiantine mahoraise. En l’espace de quelques jours, deux étudiants originaires de Mayotte ont été retrouvés morts dans leurs logements. Les circonstances de leurs décès sont encore floues, mais une chose est sûre, l’isolement a joué un rôle prépondérant dans leur histoire, à l’image de nombreux étudiants mahorais.
Il avait 22 ans et était originaire de Chiconi… Étudiant à Montbéliard (Bourgogne-Franche-Comté), un jeune homme a été retrouvé sans vie dans son studio. Sa mort remontait à plusieurs jours et c’est l’odeur du corps en décomposition qui a alerté le voisinage. Un peu plus tôt, un autre étudiant originaire de Majicavo a été retrouvé pendu dans sa chambre à Lunéville (Lorraine). Deux drames successifs qui viennent rappeler à quel point les Mahorais qui partent étudier à l’extérieur sont vulnérables face à l’isolement et autres problèmes.
Les associations étudiantes mahoraises sont présentes et actives, mais semblent impuissantes. Même si elles multiplient les actions pour que les jeunes mahorais s’adaptent à leur nouvel environnement, ces derniers ont du mal à s’intégrer. « Nous les accueillons quand ils arrivent en métropole, nous les aidons à s’installer, mais une fois que c’est fait, ils disparaissent et ne donnent plus de nouvelles. Pourtant, les associations proposent différentes activités qui leur sont bénéfiques », assure Ibrahim M’colo, le président de Caribou Maoré. Malheureusement, force est de constater que cela ne fonctionne pas et certains étudiants se renferment sur eux-mêmes sans demander de l’aide lorsqu’ils en ont besoin. « Je pense que les associations font leur job, ce sont les jeunes qui doivent faire un effort », ajoute Ibrahim M’colo. Un effort pour s’intégrer, pour aller vers les autres ou encore pour chercher les informations qui leur seront utiles.
Différence de culture
Les structures mahoraises assurent faire le nécessaire pour aider les jeunes qui vont en Hexagone ou à La Réunion. Sachant cela, pourquoi assiste-t-on encore à des drames ? Pour quelles raisons certains ne vont pas jusqu’au bout de leurs études ? Selon le président de Caribou Maoré, cela est dû notamment à la différence culturelle. « Nous, Mahorais, avons tendance à être réservés, nous restons dans notre coin parce que les gens ont toujours fait à notre place. Nous ne prenons pas les choses en mains, nous attendons qu’elles viennent vers nous alors qu’en métropole chacun doit se débrouiller. » De plus, certains ne maîtrisent pas parfaitement la langue française et sont victimes de préjugés qui les incitent à s’isoler davantage. « Ils ont honte, mais cela ne devrait pas être un frein. Quand nous allons ailleurs, il faut s’adapter au territoire d’accueil », rappelle Ibrahim M’colo.
Les parents aussi ont un rôle crucial à jouer. Une fois que leurs enfants quittent le nid familial, beaucoup ignorent la réalité que leurs progénitures vivent à des milliers de kilomètres. « C’est primordial que les parents suivent leurs enfants dans leurs parcours. Ils doivent les encourager à adhérer à des associations, à participer à des activités afin de mieux s’intégrer et ne pas être seuls », martèle Ibrahim M’colo. Il tient ce discours à chaque forum étudiant, à chaque fois qu’il a l’occasion d’échanger avec les familles, mais là encore, toutes ne sont pas présentes quand il le faut. « Nous demandons aussi aux familles de toujours garder le contact avec leurs enfants et de connaître leur entourage. Si un parent n’a pas de nouvelles de son enfant au bout de deux, trois jours il doit contacter ses amis pour avoir des informations, et alerter en cas de problème », ajoute-t-il. Cela peut en effet éviter des drames ou des fins moins tristes que celles des deux étudiants mahorais décédés récemment, seuls chez eux.
Les travaux d’enlèvement du gabier n’étaient toujours pas terminés à 13h.
Le chantier pour mettre en place la ligne de bus Caribus a débuté depuis déjà quelques mois. Ce mardi 9 août, la société SMTPC a enlevé le gabier hors d’usage situé devant le bar-restaurant « Chez Cousin », situé au niveau du rond-point du Baobab. Problème : ces travaux ont été effectués sans aucune considération pour l’établissement qui en subit de plein fouet les désagréments.
« Je suis d’accord à 100% avec le fait de développer Mayotte, mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment des petits commerces », s’insurge Cousin, le patron du bar-restaurant du même nom. Le chantier de la ligne Caribus se déroule en effet juste devant son établissement, qui en subit de plein fouet les désagréments : poussière, destruction de son parking et abattage des palmiers qu’il avait planté de ses propres mains…
Le sol est recouvert d’une épaisse couche de poussière.
« Certes, une personne de la société SMTPC était venue me prévenir que le gabier hors d’usage situé devant mon établissement allait être détruit, mais il ne m’avait pas donné de détails sur le déroulement des travaux ni sur leur durée. Or, les ouvriers sont ici depuis 7h du matin (il était 13h au moment de l’interview, ndlr.). Je pensais que j’allais avoir à faire à de vrais professionnels qui allaient protéger mon établissement de la poussière à l’aide de bâches. Or là, ils s’en fichent complètement et cela fait fuir mes clients ! », s’exclame le restaurateur. Bruit infernal, plus de place pour se garer, poussière à outrance… Il est de facto difficile pour un client d’apprécier un bon repas dans ce genre de conditions et Cousin craint que cela ne fasse chuter significativement son chiffre d’affaires.
Un manque flagrant de communication
« Les ouvriers m’ont demandé d’enlever le fil permettant d’alimenter mon camion à sandwich (situé juste en face du bar) en l’électricité », explique Cousin. Une requête immédiatement refusée dans la mesure où il n’en a jamais été question. « On ne m’a prévenu qu’une semaine à l’avance sans me donner aucun détail, ce n’est pas normal ! », estime-t-il.
Cousin, patron du bar-restaurant du même nom, a tenu à signaler son mécontentement dans nos colonnes.
Ce problème illustre le manque de communication dont font régulièrement preuve les institutions publiques de Mayotte. Sans prendre la peine d’informer correctement les personnes impactées par les chantiers qu’ils mettent en place, ils envoient régulièrement leurs prestataires sans égard pour les commerces ou habitations alentours. Le même problème s’était posé en 2019 quand la mairie de Mamoudzou avait entrepris la refonte de la route principale de Passamaïnty : les petits commerces avaient vu leurs établissements envahis de poussière, dégradant même parfois certaines marchandises. D’autant plus que, pour d’obscures raisons, les travaux s’étaient éternisés.
Nous n’avons malheureusement pas réussi à joindre la Cadema (communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou) pour lui demander des explications sur cette absence de dialogue. À quand un partenariat véritablement harmonieux entre les différents acteurs économiques et politiques de l’île ? La question reste entière !
La jeune femme travaille actuellement au centre de loisirs de Passi-Kéli.
Employée depuis moins d’un an chez Hippocampe 976, Farida Fanida est en contrat PEC (parcours emploi compétence). À la fois animatrice et directrice stagiaire, elle travaille avec les enfants dans un centre de loisirs à Passi-Kéli avec l’objectif de les divertir lors des vacances scolaires. Sa structure, qui accueille des mineurs avec et sans hébergement, favorise également l’insertion professionnelle en proposant des formations telles que le brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur. Retrouvez tous les mercredis notre série sur les petites mains des associations ou des entreprises sociales et solidaires.
Basée sur plusieurs sites à Mayotte, Hippocampe 976 donne la chance aux jeunes de se divertir, mais aussi d’entreprendre des formations professionnelles. Après avoir effectué son brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur dans l’association en 2018, Farida Fanida y a ensuite enchaîné les jobs d’été qui lui ont permis de devenir salarié pour une durée d’un an. « J’ai travaillé avec euxen tant que saisonnier pendant les vacances et puis nous avons gardé contact. Ils m’ont ensuite proposé de signer un contrat en tant que PEC (parcours emploi compétences) », déclare la jeune femme. Directrice stagiaire en ce mois de juillet au centre de loisirs à Passi-Kéli, elle gère les équipes d’animatrices, ainsi que les groupes d’enfants. « Cette année, nous avons comme thème les cerfs-volants et on [leur] apprend à comment les fabriquer et quel est leur origine », souligne l’animatrice. En plus de cela, les jeunes sont également emmenés en plein air pour s’entraîner avec l’objet et faire des exercices sportifs.
Farida Fanida a commencé à travailler dans l’association Hippocampe en 2018 par l’intermédiaire d’un job d’été. Elle y est devenue directrice stagiaire.
« Le métier d’animatrice est évolutif, on ne stagne pas »
À l’approche des vacances scolaires, les animateurs se chargent de faire du porte-à-porte pour informer les parents de l’ouverture du centre et également de distribuer des fiches d’inscriptions. « Pour les enfants qui étaient précédemment dans le centre, nous avons déjà leur contact et nous les contactons tout naturellement », souligne la directrice stagiaire. En collaboration avec Famille Rurale, association qui agit en faveur des familles sur tout le territoire, Hippocampe 976 élabore les formations pour les jeunes adultes. « Nous sommes 75 personnes et même plus en contrat PEC. Certaines partent et d’autres viennent. Les contrats durent un an. Par exemple, le mien se termine en décembre », indique Farida Fanida.
Après avoir été renouvelé à plusieurs reprises, elle a évolué et est passée d’animatrice à directrice stagiaire. Un poste qui lui tient à cœur. « Le métier d’animatrice est évolutif, on ne stagne pas. On passe d’animatrice à formatrice ou directrice. Et moi, j’ai acquis les trois fonctions », affirme la jeune femme. Sa nouvelle fonction permet de rencontrer beaucoup de personnes et d’acquérir des compétences. Sur le plan personnel, elle a appris à être patiente et à travailler en équipe, alors qu’elle est d’habitude assez timide. De plus, ce qu’elle estime être le plus important c’est la tolérance. « Après mon baccalauréat littéraire, j’avais pensé à être institutrice, mais le métier d’animatrice m’est tombé dessus », affirme Farida Fanida.