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« Non, karivendzé ! Nous n’en voulons pas de votre réforme à la merde, à la con ! »

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“C’est par l’éducation que la femme mahoraise peut s’émanciper

Cela fait à peine deux mois qu’elle a pris ses fonctions et pourtant Taslima Soulaimana, la nouvelle directrice régionale aux droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes a de grandes ambitions pour la femme mahoraise. Elle est cependant consciente que la tâche ne sera pas si facile. 

Le viol, une perversion cachée dans la société mahoraise

Le viol est un mal invisible, et à Mayotte on profite de cette invisibilité pour ne pas en parler. Dans une société où le sexe est tabou, les victimes d’agressions sexuelles sont trop souvent réduites au silence. Cependant, les langues commencent à se délier, et les victimes veulent désormais se faire entendre malgré les nombreuses barrières qu’elles doivent franchir.

Pauvreté : La dichotomie mahoraise

Le chiffre est l’un des plus parlants pour décrire la situation de Mayotte. Régulièrement employé, il va désormais changer. La part de la population vivant sous le seuil de pauvreté national passe en effet de 84% à 77%. Une baisse qui ne doit pas masquer une autre réalité : les inégalités de vie se sont creusées.

Mayotte : “On veut que l’État nous prenne en charge comme tous les demandeurs d’asile qui vivent en France”

C’est un ras-le-bol qui a poussé les demandeurs d’asile africains à manifester ce lundi 20 juillet devant la mairie de Mamoudzou. Ils réclament de meilleures conditions de vie et une meilleure prise en charge de la part des associations et de l’État, mais les moyens mis à disposition à Mayotte ne sont pas suffisants. 

Au moins 500 personnes se sont réunies à Mamoudzou ce jeudi matin, pour prendre part à la mobilisation contre le projet de réforme des retraites du gouvernement français. Le cortège a défilé dans les rues du chef-lieu, jusqu’à la préfecture, où les représentants de l’intersyndicale ont remis en mains propres leurs revendications.

« Arrêtons cette mentalité de fatalité, tafadhali* !! ». Debout dans la benne d’un pick-up recouvert de drapeaux de divers syndicats, micro en main, Anli Rigotard, responsable organisation de la CFDT Santé-sociaux Mayotte, harangue la foule attroupée sur le parvis du comité de tourisme ce jeudi matin. Il exhorte les plus jeunes à la mobilisation : « ce pourquoi nous nous battons aujourd’hui, des gens bienveillants se sont battus pour auparavant ! Ce n’est plus aux vieux de se mobiliser pour nous ! » Devant lui, 500 à 600 personnes – selon les estimations des forces de l’ordre présentes sur place – ont répondu à l’appel à la grève de l’intersyndicale de Mayotte pour protester contre le projet de réforme Macron-Borne, et son report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans.

« Pas une année, pas un mois, pas un jour de plus travaillé pour les salariés ! », scande Laurence Pollozec, secrétaire académique de l’AI-UNSA, syndicat dont la présence – habituellement rare en manifestation – traduit la forte mobilisation du jour. Tous* ont en effet répondu à l’appel de l’intersyndicale : une unité inédite depuis plusieurs années. « Sur le reste on peut négocier, mais 64 ans, c’est non ! », proclame la gréviste au nom de son syndicat.

« Le combat que je mène, il est pour les jeunes ! »

64 ans, c’est justement l’âge de Jean Berthier, présent ce matin. Déjà retraité et enseignant contractuel, il n’est pas directement concerné par la potentielle réforme. « Le combat que je mène, à titre personnel, il est pour les jeunes ! ». Au lycée d’enseignement adapté l’Espérance de Kawéni,  Jean enseigne les matières professionnelles du CAP Accompagnant éducatif petite enfance ; il forme les futures Atsem et assistantes maternelles. « Ce sont des métiers qui sont physiquement engageants, et on peut se demander dans quel état elles vont finir ! Les troubles musculo-squelettiques, les maladies, la surcharge mentale… les métiers du service à la personne sont usants. Travailler jusqu’à 64 ans dans ce cas, c’est juste trop pénible… »

Ali Madi Saindou, trésorier adjoint de la CGT Pénitentiaire Mayotte, abonde : « Cette réforme est inadaptée ! Imaginez travailler jusqu’à 64 ans en milieu carcéral, avec des prisonniers à surveiller ! Au travail, on en rigole, on se dit qu’on a plus qu’à préparer nos déambulateurs et nos défibrillateurs ! », ironise-t-il. Il soutient que les agressions au travail et le stress sont autant de facteurs qui réduisent l’espérance de vie des matons. « C’est rare qu’on dépasse les 70 ans ! », déplore-t-il. Une étude de la mortalité des agents pénitentiaires, réalisée entre 1990 et 2008 par l’Institut de veille sanitaire sur plus de 40.000 agents ne démontrait pas de sur-mortalité, mais rapportait en revanche le « taux de suicide le plus élevé de la fonction publique ».

 

 

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La question de l’espérance de vie est toutefois pertinente sur notre territoire. L’Agence régionale de santé (ARS) rapporte ainsi une espérance de vie inférieure à la moyenne nationale de près de sept ans pour les hommes (72,5 ans à Mayotte contre 79,3 ans en Métropole) et de onze ans et demi pour les femmes (73,9 ans à Mayotte, contre 85,5 ans en Métropole). Mathématiquement, la retraite des Mahorais dure donc moins longtemps !

« On passe les mêmes concours, on fait le même boulot ! »

 Vers 10 heures, après quelques prises de paroles de représentants syndicaux, le cortège se met en branle. Les grévistes, drapeaux en main, traversent la zone des taxis à proximité de la barge, bloquent un moment le rond-point Passot, et remontent la rue de l’hôpital en passant devant le conseil départemental.

« Les contractuels du CHM !!! Sachez que l’Ircantec* n’existe pas pour vous ! », braille-t-on au micro en s’approchant du centre hospitalier. Les grévistes abordent alors la question de l’alignement des pensions mahoraises sur celles observées en métropole. « Imaginez les gens qui ne peuvent déjà pas vivre avec 1.200 euros… Ici, certains ne prétendent pas à plus de 200 euros par mois de retraite ! », scande un représentant de la CFDT en tête de file. Ainsi, sur l’île, « la retraite moyenne mensuelle ne s’élève qu’à 282,35 euros », indique un rapport de la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale, daté de 2020. « 617 euros pour un assuré ayant une durée d’assurance complète », précise le document. « On passe les mêmes concours, on fait le même boulot ! Quand il s’agit des sanctions, on est logés à la même enseigne. Mais en ce qui concerne les récompenses, là c’est différent ! », argue Maholyde Mohamed Toybou, surveillant pénitentiaire et trésorier général de la CGT Pénitentiaire de Mayotte.

 

 

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Dernier arrêt devant la préfecture, où l’intersyndicale ira déposer en mains propres ses doléances. « Non, karivendzé ! On n’en veut pas de cette réforme à la merde, à la con ! », scande au micro  Balahachi Ousseni, secrétaire général de la CFDT Mayotte, reprenant le slogan emblématique de Zéna Mdéré. Applaudissements de la foule, qui se dispersera quelques minutes plus tard.

 

* s’il vous plaît !

* CGT-Ma, UI-CFDT, UD-FO, CFE-CGC, FSU, CGT Educ’Action, SNUIPP, SNES-FSU, UNSA Éducation, SUD PTT, Sgen-Cfdt.

* Ircantec : Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités publiques.

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Mayotte Hebdo n°1086

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