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TME 2024 : Catégorie bâtisseur

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Terrain de foot, front de mer, centre commercial si le secteur de la construction a connu un temps d’arrêt au début de l’année 2024, il sort d’une année 2023 où des constructions ambitieuses ont vu le jour. Cinq d’entre elles ont retenu l’attention du jury pour la catégorie de Bâtisseur de l’année de notre dixième édition des Trophées mahorais de l’entreprise. Votez pour désigner les lauréats jusqu’au dimanche 21 avril sur le site entreprise.yt.

Mairie de Sada, le stade de football

Devenu l’un des plus beaux terrains de football de l’île, celui de Sada fait la fierté de la ville et a déjà accueilli son lot de rencontres importantes pour sa première saison. L’AS Rosador de Passamaïnty y est allé chercher son titre en Coupe régionale de France en octobre 2023 contre l’ACSJ Mliha (3-0) et le FC M’tsapéré a fait de même en Régionale 1 en battant les rivaux de l’ASC Kawéni (3-2) en janvier dernier. Doté de tribunes et surplombant la ville, ce nouveau carrefour du sport mahorais était particulièrement attendu par les clubs locaux et leurs joueurs condamnés jusque-là à jouer dans la poussière ou la boue. « Nous avons opté pour du gazon synthétique pour limiter la poussière et pouvoir organiser des matchs à tout moment, même en saison des pluies », soulignait Ismaël Chakrina, adjoint au maire chargé des équipements sportifs, avant l’inauguration officielle, le samedi 4 février 2023. L’élu indiquait également que tous les matériaux installés ont été importés de métropole et que c’est la société de travaux publics MCTP qui a été sélectionnée pour le gros œuvre.

Sur le terrain financier, 2,6 millions d’euros ont été investis dans ce projet, avec un soutien assuré à 35 % par le rectorat de Mayotte, 30 % par l’État et 14 % par le conseil départemental de Mayotte. Il vient valider une politique axée sur le sport, puisque la municipalité s’active aussi dans les autres villages de la commune. « Il y a aussi le stade et le plateau de Mangajou », fait remarquer Houssamoudine Abdallah, le maire de Sada, qui attend désormais un hôtel de ville pour le début d’année 2025.

En attendant, c’est sur son gazon que la municipalité entend se faire remarquer, car le stade et son terrain synthétique retrouveront les joies de la première division régionale avec la promotion de l’Union culturelle et sportive de Sada pour la saison 2024.

CBo Territoria, le centre commercial Ylang

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Permettant à une partie de l’île de s’épargner des inévitables bouchons du lundi au samedi à Mamoudzou, le promoteur réunionnais CBo Territoria a porté le projet du centre commercial Ylang à Combani, dont l’inauguration a eu lieu le mercredi 4 octobre 2023. Installé dans la commune de Tsingoni, ce pôle d’activité tertiaire est au croisement des axes routiers reliant le sud au nord et l’est à l’ouest. Treize enseignes ont pris place parmi ses 7.000 m2 dont Carrefour Market, C’Tam et Mr Bricolage pour les plus gros. SFR, Bébé 9 et Canal+ étaient également là au top départ, alors que Sketchers, Okaïdi, OVS, Orange, Océan’Or, Beauty Succes, The Body Shop et Burger Yatrou ont suivi ou sont prévus. « On avait dit 17 enseignes, mais on a rassemblé des lots. Il nous en reste donc deux à commercialiser, mais on a déjà des touches », précise Cédric Giraud, directeur de développement de CBo Territoria.

Le chantier, réalisé par le groupe Colas, avait démarré en fin d’année 2021. « Deux ans, ça peut paraitre long, mais en réalité, c’est très court pour les travaux que nous avons menés », expliquait alors Géraldine Neyret, directrice générale de CBo Territoria, le jour de l’inauguration. Cette première phase de travaux, comprenant le centre commercial, le local de stockage de Distrimax et le parking de 165 places, représente un budget de plus de 24 millions d’euros. 130 emplois directs sont ainsi créés. « L’aspect formation est très important pour nous. Le recrutement s’est fait à Tsingoni, mais aussi à Sada et Chiconi, des bassins très proches », complète le directeur de développement.

Au global, le projet de pôle économique pensé par l’opérateur réunionnais s’étend sur cinq hectares. D’autres bâtiments verront le jour dont la construction de nouveaux commerces, un bâtiment de 1.130 m² pour France travail et d’un immeuble de bureaux de 2.100 m². Un autre ensemble plus petit, qui englobera des services comme une banque ou une assurance, s’est même ajouté au projet.

Mairie de Bandrélé, le front de mer

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À Bandrélé, on regarde désormais vers le littoral et sa mangrove. Inauguré le 30 juin 2023, le nouveau front de mer au cœur du village se compose d’aires de jeux, d’une large promenade, d’équipements sportifs et d’un terrain de pétanque. « Cet espace favorise les échanges entre enfants, mais également entre adultes. Il donne un supplément d’âme au quartier », notait le maire de la commune, Ali Moussa Moussa Ben, lors de l’inauguration. Les travaux ont également permis de protéger et aménagement l’environnement, avec la conservation d’un accès à la mer pour les pêcheurs, ainsi que la plantation de plantes et arbres, dont certaines espèces endémiques.

Au total, ce projet représente un budget de près de trois millions d’euros, dont 1,28 million d’euros financé par l’État via le fonds exceptionnel d’investissement. Le reste du financement étant réparti entre la commune de Bandrélé, la communauté de communes du Sud de Mayotte et le conseil départemental de Mayotte. Mais l’aménagement du front de mer de Bandrélé ne s’arrête pas là. En 2024, des travaux vont avoir lieu pour construire une passerelle au-dessus de la rivière, depuis le siège de la communauté de communes du Sud, jusqu’au quartier Gnambotiti. « Après cette passerelle, nous allons aménager le quartier », a annoncé le maire. Des aménagements paysagers et un terrain de pétanque verront notamment le jour, tout comme un nouveau plateau sportif à côté du front de mer, dont le financement est déjà assuré par l’Agence nationale du sport. Enfin, la dernière étape de l’aménagement du quartier sera de relier le comité du sel au collège, avec la réalisation d’un parc botanique urbain.

Rectorat de Mayotte, la halle sportive de Labattoir

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Lancé dans une politique de constructions à travers toute l’île, le rectorat de Mayotte a enregistré en décembre 2023 la livraison de la halle sportive du collège Bouéni M’titi à Labattoir.  « Conçue par l’architecte local Endemik – Sandra Mesa et livrée pendant les vacances scolaires après 18 mois de travaux, la halle est constituée d’un volume simple rectangulaire de 20 mètres par 40 m et d’une toiture à un pan d’une hauteur minimale de 7 m, permettant d’accueillir diverses activités sportives tels que la gymnastique, la danse, ou le volley, mais aussi un mur d’escalade situé à l’extérieur sous un large débord de toit », explique Jean Bondu, directeur de l’immobilier de la logistique au rectorat de Mayotte. L’intérêt, mais ça a été aussi la difficulté lors du chantier, est que l’équipement sportif est situé dans l’enceinte même de l’établissement scolaire. Car, outre les activités sportives, il peut accueillir des évènements ou spectacles grâce à un sol en résine « conforme à un usage sportif mais qui résiste également au poinçonnement pour un usage en salle polyvalente ».

S’agissant des éléments techniques, la halle « a été conçue et orientée de manière à offrir un maximum de confort pour les élèves pratiquant les diverses activités sportives. Ainsi, les peaux Nord et Sud sont réalisées en moucharabieh de blocs de terre comprimée (BTC), ces façades ajourées permettent d’apporter une lumière naturelle filtrée. Elles permettent également aux vents principaux d’irriguer le bâtiment. Les pignons Est et Ouest qui assurent le contreventement sont en structures béton et remplissage de briques pleines », détaille le cadre du rectorat. Ainsi en choisissant la BTC, comme il le fait pour d’autres projets, le rectorat veut promouvoir une filière locale et moins énergivore car les briques sont fabriquées directement en Petite-Terre.

CCI Mayotte, la Technopole

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Elle trône déjà fièrement sur les hauteurs de Dembéni. La Technopole, projet porté par la Chambre de commerce et d’industrie depuis 2014, n’a pas été encore inaugurée du fait des barrages. Mais la « Silicon Valley mahoraise » – pour reprendre les mots de Soibahadine Ibrahim Ramadani, ancien président du conseil départemental – est bien là. Les travaux débutés en septembre 2021 ont pris fin en novembre 2023. Laboratoires, espaces de coworking, bureaux, résidence de chercheurs, et même espace événementiel prennent place dans le bâtiment de plus de 3.000 m2. Le nouvel outil, qui a coûté 18,3 millions d’euros, a vocation à être une plateforme opérationnelle : un lieu de rencontre pour scientifiques, étudiants et chefs d’entreprises destiné à structurer le tissu économique mahorais. Sa structure innovante – tout en courbes de bois et de béton – a poussé Colas, en charge des travaux, dans ses retranchements.

À la manœuvre, de nombreux partenaires financiers et institutionnels participent au projet repris en 2022 par l’association Mayotte Technopole (AMT) présidée par Madi Velou. On y trouve aussi la Banque des Territoires, Département, l’État via la préfecture et le ministère des Outremer, la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadéma), l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim), l’Agence française de développement (AFD), la Caisse des dépôts, l’Université de Mayotte, le groupement d’intérêt public « L’Europe à Mayotte », et bien entendu la ville de Dembéni.

« Notre objectif sera d’accompagner les entreprises mahoraises naissantes, ou désireuses de se développer, sur un ensemble de secteurs clés – juridique, financier, technique et technologique – pour leur permettre de rayonner plus largement aussi bien localement que dans la région », nous confiait Yannick Mahé, directeur général de l’AMT, en décembre 2022.

Tous les portraits et toutes les catégories sont à retrouver sur le site entreprise.yt

« Ce que je voulais voir, c’est la réalité »

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La délégation sénatoriale de gauche à droite : Audrey Belim (La Réunion), Marion Canalès (Puy-de-Dôme), Annie Le Houérou (Côtes-d’Armor), Viviane Artigalas (Hautes-Pyrénées), Thierry Cozic (Sartre), Rémi Féraud (Paris) et Lucien Stanzione (Vaucluse). Le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi a joué les guides pour ses collègues.

Une délégation de sept sénateurs socialistes a passé un peu plus de vingt-quatre heures sur le territoire mahorais, ces dimanche 14 et lundi 15 avril. Un temps court, mais utile aux parlementaires pour se rendre compte des problématiques locales.

C’est le pantalon plein de boue que les sept sénateurs sont revenus du quartier de Manga Télé à Kawéni en compagnie de l’association Wenka, ce lundi matin. Alors que l’actualité législative concernera forcément Mayotte après la présentation de deux projets de loi au conseil des ministres du 22 mai, cette visite sénatoriale sert davantage à connaître les problématiques mahoraises que de défendre une opinion. La veille, les parlementaires ont commencé leur visite par un passage au centre de rétention administrative de Pamandzi, à La Vigie, puis une rencontre avec des élus et une autre avec les services de l’État. Ce lundi, c’est davantage dans le quartier de Kawéni que la délégation s’est attardée. Outre Manga Télé, les sénateurs ont vu l’association Wenka culture, l’école T12, le collège Kawéni 1 ou le restaurant d’application du lycée professionnel de Kawéni.

Lui-même ancien socialiste, le sénateur Thani Mohamed Soilihi (Renaissance) a loué la venue de ses sept collègues, pour qui il a servi de guide avec Nadjayedine Sidi, le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 3. « A force de parler de Mayotte, les collègues sont curieux et veulent venir visiter », constate-il. « Ce que je voulais voir, c’est la réalité. Parce qu’on entend, on lit des choses. On entend nos collègues mahorais à l’Assemblée nationale ou au Sénat. On peut être dans l’interprétation de ce qu’on nous dit. Le fait de voir le bidonville, l’école, le collège, le lycée, on voit le parcours d’un gamin qui a envie de réussir ou qui se lève à 4h du matin pour aller à l’école », complète Audrey Belim, sénatrice réunionnaise.

« C’est déjà une première victoire »

S’en rendre compte par soi-même en se allant sur place, c’est un point sur lequel tous les parlementaires mahorais semblent s’accorder. « Dans le cadre de ce projet de loi Mayotte, je souhaiterai que lorsque nous serons amenés à en discuter, les prises de parole des uns et des autres se fassent en connaissance de cause. Qu’il n’y ait pas de collègues qui s’expriment sans repères », émet comme vœu celui qui doit faire entendre au Sénat la voix de Mayotte aux côtés de Saïd Omar Oili. « Avec deux sénateurs sur 348, autant dire, on ne pèse pas. Le fait que les collègues aient envie de venir, c’est déjà une première victoire. Là, on nous prend au sérieux », espère-t-il. Il attend également que d’autres parlementaires s’emparent du rapport fait suite à cette visite pour apprendre à connaître Mayotte. Et peu importe si le groupe n’est constitué que de sénateurs socialistes, cette fois-ci. « Depuis 2011, je mets un point d’honneur à m’entendre avec tous les groupes », rappelle-t-il, alors que sa formation, Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, n’est que la quatrième du Sénat (Républicains, socialistes et Union centriste sont les trois plus importantes).

Pour les visiteurs, hors de question toutefois de s’octroyer une légitimité pour parler de Mayotte. Même la benjamine du groupe, la sénatrice réunionnaise, le reconnaît. « En tant que Réunionnaise, je ne serais pas très content qu’un Corse ou un Breton parle pour mon territoire », admet-elle, avant de dire qu’elle se rangerait derrière les deux sénateurs mahorais concernant les dossiers mahorais.  Celle qui été élue en septembre 2023 a été très émue de voir les enfants de l’école T12 reprendre avec force « la Marseillaise ». L’établissement, comme tous ceux de primaire à Kawéni fonctionne sur le système de rotation de classe avec des cours le matin pour une partie des élèves, et l’après-midi pour les autres. Un turnover important chez les professeurs, une restauration limitée, des enfants en manque de sommeil ou qui mangent peu, une insécurité aux abords des établissements, le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, n’a pas caché pas les difficultés du système éducatif mahorais devant les sénateurs. « Les parents et les élèves mahorais ont beaucoup de courage », assure-t-il, lors d’un échange avec eux dans une des salles du collège K1 à Kawéni.

Avec moins de 1.200 élèves, il s’agit d’un des plus petits collèges de Mayotte, rappelle le principal Jean-Jacques Ewané face à des parlementaires surpris.

« Défends-toi Mayotte » : Un milieu du sport plus propice aux violences sexuelles

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Le groupement Profession sport et loisirs de Mayotte a organisé ce lundi matin une conférence débat autour du film documentaire « Suite » d’Emma Ouidou au sujet des violences sexistes et sexuelles dans le monde sportif.

Une conférence débat autour du film documentaire « Suite » d’Emma Ouidou a eu lieu, ce lundi, à l’hémicycle Younoussa-Bamana du conseil départemental de Mayotte, à Mamoudzou. Un événement organisé par Profession sport et loisirs (PSL) de Mayotte pour poursuivre la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le milieu sportif.

« C’était comme si j’avais perdu connaissance », raconte des années plus tard Sarah, répondant aux questions de la documentariste Emma Ouidou. Ce soir-là, celle qui était ivre et encore mineure lors d’une soirée entre athlètes, est d’abord victime d’un black-out. Puis, dans cette pièce à l’écart du groupe, elle se souvient d’elle contre une machine à laver. La culotte baissée et son violeur en elle. Mais, traumatisée, l’interviewée ne s’arrête pas là. Assise sur un canapé dans un climat de confiance, elle relate aussi la double-violence d’un harcèlement de la part des autres qui la considéraient comme une « briseuse de ménage ». « Or la question de base qui aurait dû m’être posée est « Est-ce que c’était consenti ? » » Et la gorge serrée : « On ne me l’a pas posée. »

Ce lundi matin, c’est avec cette première interview extraite du film documentaire « Suite » au sujet des violences sexistes et sexuelles dans le milieu sportif, que la conférence débat « Défends-toi Mayotte » a commencé dans l’hémicycle Younoussa Bamana du conseil départemental, à Mamoudzou. Organisée par Profession sports et loisirs (PSL) de Mayotte, la projection a permis aux différents acteurs du monde sportif, dont La ligue mahoraise de football, des professionnels dans la prise en charge de victimes ou d’auteurs de violences, et la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (Drajes) de Mayotte, de dresser un bilan. Le tout en continuant à sensibiliser un public composé de jeunes de la section sportive du collège de M’gombani autour de notions comme le consentement et la culture du viol. Chaque vidéo a permis de décortiquer les mécanismes mis en place par les auteurs et les victimes.

L’entraîneur, une figure paternelle

« L’environnement sportif est plus propice aux violences car il produit des situations de vulnérabilités », martèle Anne-Sophie Delarue, adjointe à la Drajes Mayotte. Cela s’explique par le fait que le sport conduit à un rapport particulier et plus proche au corps, par l’admiration que peut ressentir l’entraîné.e* envers son entraîneur, même si « c’est à l’adulte de poser les limites », ou encore par le conflit de loyauté qui complexifie encore plus la libération de la parole pour dénoncer des violences, détaille-t-elle.

Dans d’autres interviews, trois jeunes femmes témoignent de gestes de plus en plus permissifs d’un même entraîneur auprès de ses joueuses lors de « massages » après l’effort sportif et qui se déroulent toujours dans un lieu isolé. Jusqu’à commettre des abus punis par la loi. Cet entraîneur est aussi un ami de la famille, avec qui les jeunes peuvent partir en vacances, et qui pose des questions sur la présence ou non d’un petit-ami. « Que des signaux typiques du prédateur », observe l’adjointe : un lieu isolé discret, les propos à connotation sexuelle, la mise en place d’un système d’amitié et de confiance en demandant à la jeune de ne pas en parler, un rapprochement familial, une mise en concurrence des joueuses pour détourner du sujet…

Il s’agit d’un phénomène d’emprise et de manipulation aggravé par la figure paternelle que représente l’entraîneur, comme on l’entend dans une interview : « C’est difficile de se méfier de son père. Mon père, c’est la personne qui me protège. » « Parfois on peut voir un entraîneur comme un parent, que la jeune voit même souvent plus que ses parents, dans un moment de construction de soi où la figure parentale est importante », analyse Anne-Sophie Delarue.

Regarder l’autre et signaler

Une violence sexuelle, de l’ordre de l’agression ou du viol, « c’est subir un déni de son humanité, devenir l’objet dans les mains de l’autre. Psychiquement c’est extrêmement difficile à accepter », décrit Nathan Pinard, psychologue auprès de l’Association pour la condition féminine et l’aide aux victimes (Acfav), présent autour de la table. Il ajoute que le cerveau humain va toujours chercher à donner du sens et donc « compenser pour avancer ». D’où les mécanismes de sidération qui empêchent le corps de réagir au moment d’une agression, le déni, l’amnésie traumatique…

Aux autres (entourage sportif, scolaire, familial…) d’être vigilants et de ne pas minimiser les violences. Ce qu’Anne-Sophie Delarue résume en trois points pour agir : repérer (les changements de comportements tel que le repli sur soi ou excessifs, qui peuvent être un symptôme post-traumatique et amener à un comportement d’autodestruction voire le suicide, souligne le psychologue), accueillir la parole (écouter et croire) et signaler les faits auprès de la cellule du ministère des sports : signal-sports@sports.gouv.fr

Un manque de vestiaires

Mais il faut aussi « regarder comment est reçue » une remarque ou un geste potentiellement déplacé, si ça paraît « désagréable », indique l’adjointe. Et aux dirigeants de clubs sportifs d’être attentifs aux entraîneurs qui souhaitent par exemple toujours raccompagner les jeunes filles chez elles, ou rentrer dans les vestiaires du sexe opposé. Même si, comme signalé dans le public, par un éducateur sportif : « Il nous manque des vestiaires ! » Un frein dans la lutte contre les violences déploré par PSL et la Drajes. L’adjointe conseille alors de faire en sorte que les jeunes filles se mettent en tenue en amont ou bien de s’arranger en trouvant un coin isolé pour se changer.

Pour le président de PSL, Habid Ben Chadouli, ce genre d’événement est d’ailleurs un moyen de « mettre tout le monde autour de la table pour créer un espace de dialogue afin de ne pas seulement agir dans le théorique mais aussi dans l’opérationnel », comptant beaucoup sur les collectivités tels que le conseil départemental et l’état pour soutenir les actions. Des acteurs qui doivent permettre d’investir en matière d’infrastructures, afin, notamment, de garantir une égalité d’équipements entre les sexes.

L’occasion aussi, comme ce lundi matin, de rappeler l’obligation, systématique concernant les mineurs, de signaler tout crime ou agression sexuelle qui peut nous être rapporté, de la part de victimes ou d’auteurs. Une non-dénonciation est passible de 3 ans de prison et de 45.000 euros d’amende selon le Code pénal. Même si la victime ne souhaite pas porter plainte. Une consigne à retenir et réitérée par le gendarme Daniel Papa, présent dans le public et chargé d’intervenir dans les écoles pour sensibiliser aux violences : « Il ne faut pas banaliser. Ce n’est pas à vous de juger si c’est vrai ou faux. Il faut faire un signalement et après ce sera le rôle de l’enquête. […] La meilleure défense, c’est d’en parler. »

*L’auteur comme la victime, peut être un garçon, une fille, un homme, une femme.

Contacts utiles :

Page Facebook : Défends-toi Mayotte – Nouvelle page

Page Instagram : Défendstoimayotte

Acfav : tél. 55 55

Signal-sports@sports.gouv.fr

SOS enfants en danger : tél. 119

Brigade de prévention et de la délinquance juvénile : tél. 02 69 60 91 52

Sensibilisation et formations par un service dédié

Depuis 2021, année d’une première concertation ministérielle sur le thème des violences sexistes et sexuelles dans le milieu sportif, dans la mouvance de l’hashtag MeToo et un contexte démographique très jeune à Mayotte, le groupement Profession sport et loisirs de Mayotte a développé un nouveau dispositif : un service de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Il est financé par la Drajes, par la direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité et par l’Agence régionale de santé. Les deux chargées de mission du service, Mélanie Evain et Alizé Potié, interviennent auprès des joueurs pour les sensibiliser aux questions d’intimité, de consentement et donner les réflexes (1.293 joueurs sensibilisés et 1.034 joueuses sensibilisées).

Elles forment aussi les adultes (coachs, dirigeants de clubs etc.) sur ces thématiques et la posture professionnelle à adopter (414 bénéficiaires ont été formés) et tiennent des stands de prévention. Pour rappel, la loi du 2 mars 2022 a rendu obligatoire, dans le cadre de la formation des éducateurs sportifs, l’insertion d’un module de sensibilisation aux violences sexuelles. Une mesure censée renforcer la responsabilité des fédérations sportives en la matière. La loi du 8 mars 2022 visant à renforcer le contrôle de l’honorabilité des éducateurs sportifs systématise aussi la consultation par les autorités administratives du fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).

Le Beach-foot entreprises prêt à fouler la plage après quatre ans d’absence

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Le Beach-foot entreprises a été mis en sommeil depuis la crise du Covid-19. Photo d’archives

Organisé pour la dernière fois en 2019, le Beach-foot entreprises revient fouler le sable de la plage de Sakouli, dans la commune de Bandrélé, le dimanche 28 avril. Organisé par l’agence Angalia, le tournoi a vu ses poules être tirées au sort (voir tableaux), ce lundi, à l’hôtel Hamaha Beach, à Mamoudzou. L’occasion pour le directeur de l’agence, Laurent Mounier, de revenir sur cet événement inter-entreprises particulièrement attendu.

Flash Infos : Cela fait quatre ans que le Beach-foot entreprises n’a pas eu lieu. On imagine que son retour s’est fait attendre.

Laurent Mounier : En effet, la dernière édition a eu lieu en 2019. Puis en 2020, il y a eu le Covid-19, en 2021 et 2022, ça n’a pas pu se faire, et ensuite, il y a eu la crise de l’eau. Chaque année, on n’arrêtait pas de nous appeler pour nous demander si le tournoi allait avoir lieu. Donc cette année, c’est le retour, avec la dix-neuvième édition, le dimanche 28 avril à partir de 9h à la plage de Sakouli. Quarante entreprises vont être représentées (on n’a d’ailleurs pas eu de mal à atteindre les quarante malgré notre absence les années passées), comme Transdev, Corsair, Sodifram, Douka Bé ou encore Panima. Nous avons aussi des partenaires pour la logistique, comme l’Union nationale des arbitres de football (Unaf), qui va nous permettre d’avoir deux arbitres par terrain. Nikel Chrome va participer au nettoyage de la plage car cela est très important pour nous de laisser une plage propre. L’association 976 Bandrélé sera sur le parking, notamment pour surveiller et nous sommes également accompagnés par la mairie de Bandrélé et l’hôtel O’Lolo. On est très heureux que cette année fonctionne aussi bien. On avait un peu de craintes, mais tout le monde est là.

F.I. : Quels sont les objectifs de ce tournoi ?

L.M. : Le Beach-foot entreprises doit être un moment convivial et festif. Son but est de rassembler les salariés autour d’un projet commun consistant à défendre leur entreprise. On veut favoriser les échanges entre collaborateurs. Au sein d’une entreprise, le comptable et le livreur par exemple ne se connaissent pas forcément, mais là, ils vont défendre ensemble les couleurs de leur entreprise. On souhaite favoriser les échanges entre collègues. L’idée est aussi de confronter les entreprises dans un esprit bon enfant et fair-play. On sait que sur les quarante équipes, cinq ou six jouent la gagne, les autres viennent pour passer un bon moment autour des valeurs du sport, et c’est notre but.

F.I. : Quelles sont les priorités d’Angalia pour la compétition cette année ?

L.M. : Nous en avons trois. La première, c’est la propreté. Nous allons fournir des sacs pour les détritus à ramener dans des poubelles disposées par la Star Urahafu. Tout le monde a laissé un chèque de caution de 300 euros qui sera rendu en échange de la propreté de la plage. La deuxième priorité, ce sont les licences, qui sont nominatives et obligatoires. Des certificats d’appartenance à l’entreprise sont demandés. Le jour J, il faudra avoir ses papiers d’identité, qui permettront d’avoir la licence et le bracelet de participation. Il y aura des contrôles aléatoires pour éviter la triche. La troisième et dernière priorité, c’est le stationnement et la sécurité. Il y a un arrêté municipal qui permettra de se garer le long de la route nationale côté mer. Ce sera important de respecter cet emplacement. Niveau sécurité, la police sera présente, la gendarmerie également ainsi que des agents de sécurité. L’association 976 Bandrélé va aussi surveiller le parking.

F.I. : Pouvez-vous rappeler quelques règles du tournoi ?

L.M. : Le beach-foot et le football n’ont pas tout à fait les mêmes règles. Il y aura quarante équipes de huit joueurs, dont trois remplaçants clairement identifiés, qui pourront aller et venir dans le jeu autant de fois qu’ils veulent. Le bracelet obtenu après la présentation de la carte d’identité est obligatoire. Les équipes en retard seront déclarées forfait mais elles n’ont pas besoin d’être au complet pour commencer un match. Aucun tacle ne sera toléré (je m’adresse notamment aux joueurs de football) et pourra être sanctionné jusqu’au carton rouge. La plupart des participants vient pour passer un bon moment entre amis, pas pour se blesser. D’ailleurs, un carton rouge peut entraîner l’exclusion pour la journée et la non garantie que l’équipe soit reconduite l’année d’après. Il n’y a pas de gardien sauf pour les penalties, pas de hors-jeu. Les règles seront toutes rappelées aux participants le jour du tournoi.

F.I. : Comment va s’organiser le jour du tournoi d’ailleurs ?

L.M. : Il va y avoir huit terrains, donc huit poules au total, portant chacune le nom d’un des sponsors de l’événement. Il y aura cinq équipes par poule. Le matin sera consacré aux qualifications et chaque équipe jouera donc quatre matchs. La victoire permet de remporter trois points, un match nul, un point et la défaite, zéro point. Les deux premières équipes de chaque poule seront qualifiées pour la tableau final, l’après-midi, qui se déroulera par élimination directe durant les huitièmes, quarts de finale, demi-finales et finale. Les récompenses seront remises à 17h.

Les différentes poules sont désormais connues

 

Fabien Trifol retrouvé en mer à proximité des trois îlots entre Petite-Terre et Grande-Terre

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Fabien Trifol était porté disparu depuis la veille, 16h30.

Un bateau de particuliers a repêché Fabien Trifol dans le lagon, à proximité des trois îlots entre Petite-Terre et Grande-Terre, vers 17h, ce lundi. La veille, vers 16h30, le directeur Aménagement et environnement de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) avait quitté son domicile de Petite-Terre où il vit avec sa compagne pour une balade sans préciser son itinéraire ni prendre son téléphone portable. Il n’avait plus été revu depuis.

Le directeur général des services de la Cadema, Marcel Fortuné, se disait « être très inquiet » à son sujet. Celui-ci nous confirme l’avoir vu aux urgences de l’hôpital de Mamoudzou où il a été conduit. Il le décrit conscient, mais « très déshydraté ». La gendarmerie ajoute que le Breton d’origine présente une blessure au bras sans toutefois pouvoir donner plus d’indications sur l’origine.

[Mis à jour] Disparition inquiétante de Fabien Trifol, directeur Aménagement à la Cadema

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Cadre à la Cadema, Fabien Trifol n'a plus donné de signes de vie depuis dimanche, en fin d'après-midi.

Fabien Trifol retrouvé en mer à proximité des trois îlots entre Petite-Terre et Grande-Terre

Ce dimanche, vers 16h30, Fabien Trifol a quitté son domicile de Petite-Terre où il vit avec sa compagne pour une balade sans préciser son itinéraire ni prendre son téléphone portable. Il n’a plus été revu depuis. Le directeur général des services de la Cadema, Marcel Fortuné, confirme « être très inquiet » au sujet du directeur Aménagement et environnement de la communauté d’agglomération. Il ajoute que la communauté d’agglomération fait appel au volontariat parmi ses agents pour une battue, mardi matin, de 6h à midi, à l’entrée du lac Dziani.

Agé de 50 ans et originaire des Côtes-d’Armor, il mesure 1m76. Si vous l’avez aperçu, merci d’appeler la brigade de gendarmerie de Pamandzi au 02 69 60 10 48, ou le 17 après 18h.

Plusieurs affrontements ce week-end alors que Wuambushu 2 doit commencer cette semaine

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M’rowahandra 1
Un véhicule a été pris pour cible lors des affrontements à M'rowahandra samedi soir.

M’tsapéré, Majicavo-Koropa, Koungou, Tsararano, barrages et rixes entre forces de l’ordre et bandes de jeunes ont émaillé le week-end à Mayotte. A la veille du second volet de l’opération Wuambushu, ces dernières se lancent dans un baroud d’honneur, comme l’an dernier.

A l’approche d’une nouvelle opération Wuambushu, Mayotte ressort d’un week-end mouvementé. Dans la nuit de vendredi à samedi, des véhicules abandonnés ont été incendiés à Doujani 2, dans la commune de Mamoudzou, au niveau de la carrière, et des arbres abattus pour barrer la route. Des échauffourées qui se seraient produites en réaction à l’opération de décasage qui devait avoir lieu ce lundi, finalement repoussée. Ce lundi matin, un manguier barrait toujours le passage à la jonction de la rue du Collège et de la rue de la Carrière. Des affrontements ont également eu lieu dimanche dans le même secteur.

Depuis vendredi, des rixes entre policiers et bandes des jeunes ont eu lieu aussi à M’rowahandra, à M’tsapéré, dans la commune de Mamoudzou. C’était encore le cas, ce dimanche soir, aux alentours de 19h. La tension serait plus forte depuis que des interpellations lors d’une opération de la police aux frontières ont eu lieu dans ce secteur.

La nuit de dimanche à lundi a également été agitée du côté de Tsararano, dans la commune de Dembéni. A minuit, le village a vu une trentaine de jeunes dresser une barricade sur la route nationale 2. La gendarmerie est intervenue et a pu ramener le calme vers 3h du matin. Les forces de l’ordre n’ont procédé à aucune interpellation.

La semaine commence difficilement à Koungou

Ce lundi matin, la nuit n’avait pas encore fini lorsqu’une cinquantaine de jeunes ont dressé une barricade à Koungou, sur les coups de 4h50 du matin. Des jets de pierres ont été constatés là-bas et à Majicavo-Koropa, au niveau du hameau de Montlegun, entravant la circulation sur cet axe. Selon nos informations, la vice-présidente du conseil départemental Zouhourya Mouayad Ben en aurait fait les frais, un caillassage à Majicavo ayant provoqué son retard à un ciné-débat à l’hémicycle Younoussa-Bamana, à Mamoudzou. L’intervention de la gendarmerie a permis de ramener le calme vers 6h15. Au cours de la même matinée, trois interpellations ont eu lieu en rapport avec les attaques un peu plus tôt, précise son commandement.

Ces différents événements de violence surviennent après un mois relativement calme pendant le ramadan, et à l’orée du second volet de l’opération Wuambushu, qui doit commencer cette semaine. En avril 2023, les communes mahoraises avaient connu une semblable flambée de violences.

Choléra : un nouveau cas détecté à Koungou ce jeudi

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La préfecture de Mayotte et l’Agence régionale de santé (ARS) confirment qu’une nouvelle personne atteinte du choléra a été identifiée, ce jeudi 11 avril. Il s’agissait d’un habitant de Koungou revenant de l’Union des Comores, qui « présentait des symptômes caractéristiques de la maladie et s’est présentée spontanément aux urgences du centre hospitalier de Mayotte ». Il a été pris en charge au centre hospitalier de Mayotte et son état est « stable ».

Comme la première malade recensée à Passamaïnty, il y a un mois, une équipe de l’ARS s’est rendue au domicile de la personne infectée pour désinfecter l’habitation et identifier « des cas contacts pour leur délivrer le traitement. Des nouvelles interventions sont en cours, afin de compléter les investigations et de vacciner les personnes résidant aux alentours. La mobilisation sur le secteur se poursuivra pendant plusieurs jours, afin de partager largement les recommandations sanitaires (consommation d’une eau contrôlée, lavage des mains régulier) et éviter toute nouvelle transmission de la maladie ».

L’épidémie étant en cours dans l’Union des Comores, en Tanzanie ou au Kenya, il est recommandé aux personnes venant de ces pays et présentant des symptômes type diarrhée ou vomissements, mais c’est valable même pour ceux qui n’ont pas quitté Mayotte, de « s’isoler et contacter immédiatement le Centre 15 ».

Le maire de Koungou placé en garde à vue

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Assani Saindou Bamcolo, maire de Koungou depuis 2014, a été placé en garde à vue de vendredi à samedi soir, ainsi que son directeur général des services, Alain Manteau. Il est reproché à la municipalité le fractionnement de marchés publics, une méthode utilisée pour empêcher la concurrence sur des marchés publics qu’elle lance. La Chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte avait déjà tiré la sonnette d’alarme dans ses deux derniers rapports sur la gestion de Koungou. « Les carences relevées dans l’analyse des candidatures et des offres telles que la qualification erronée d’offres inacceptables, l’absence de vérification matérielle des prix, l’application de critères de sélection des candidatures non prévus au règlement de la consultation, la faiblesse de l’analyse du critère technique, allant jusqu’à le neutraliser constituent des irrégularités qui contreviennent notamment au principe d’égalité de traitement des candidats », était-il relevé dans son rapport établi en juillet 2023.

En fonction des différents éléments trouvés par la gendarmerie, l’élu et son bras droit pourrait être poursuivis pour « favoritisme », « prise illégale d’intérêts » et « détournement de fonds publics ». Assani Saindou Bamcolo n’est pas uniquement dans le viseur de la justice pour cette affaire. Le syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam) fait également l’objet d’une enquête du Parquet national financier pour les années durant lesquelles il en assuré la présidence.

La dotation globale de fonctionnement augmente en Outremer

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En 2024, pour la deuxième année consécutive, le gouvernement a décidé d’augmenter la dotation globale de fonctionnement (DGF) de 320 millions d’euros. En deux années, l’État a ainsi abondé la DGF de 640 millions d’euros, un niveau historique après treize années de baisse ou au mieux de stabilisation de cette dotation.
En outre, la progression de la dotation d’aménagement des communes d’Outre-mer (Dacom) de 21,1 millions d’euros permet à 93% des communes ultramarines (contre 82% en Hexagone) de bénéficier d’une progression de leur DGF en 2024. En moyenne, les communes ultramarines ont vu leur dotation progresser en moyenne de 90,4%.
Grâce à cette hausse, les communes ultramarines bénéficient ainsi cette année d’une DGF par habitant de 264 euros, contre une moyenne nationale de 171 euros. Sur décision du président de la République, Emmanuel Macron, les communes ultramarines ont également bénéficié d’une augmentation de la Dacom à hauteur de 150 millions d’euros depuis 2016. « Depuis 2017, sous l’autorité du président de la République, le Gouvernement a fait des Outre-mer une priorité de son action en faveur du développement économique et des territoires. Cet effort inédit de soutien aux collectivités reflète une nouvelle fois l’engagement de l’État à leurs côtés », défend Marie Guévenoux, la ministre déléguée chargée des Outre-mer.

Crise de l’eau : des coupures inopinées le centre et le sud de Mayotte

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Le réseau de la Société mahoraise des eaux (SMAE) a encore connu des difficultés dans le sud de Grande-Terre, ce week-end. Dès samedi, le réservoir de tête d’Ongojou étant à un niveau très bas, une fermeture de l’alimentation en eau a été décidée à 8h dans les communes de Dembéni et Ouangani (secteurs de Barakani, Hapandzo, Coconi Dembéni et Iloni). Le lendemain, ce sont les municipalités de Bandrélé, Kani-Kéli, Chirongui et Bouéni qui ont été affectées dans la matinée par « une casse sur la conduite de distribution du réservoir de Chirongui », a informé le délégataire du syndicat Les Eaux de Mayotte. La distribution devait revenir à la normale vers 18h.

Un homme frappé par la foudre à M’tsangoumouji

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Ce samedi après-midi, un homme a été touché par la foudre sur la plage Tanariki, au nord de la commune de M’tsangamouji, rapportent nos confrères de Mayotte la 1ère. La victime a reçu un massage cardiaque sur place, puis a été transférée à l’hôpital avec l’hélicoptère du Smur.

Boulevard urbain : Cap vers une validation du plan de financement

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Le conseil départemental de Mayotte maintient toujours son cap de décembre 2025 pour le début de travaux du boulevard urbain de Mamoudzou, qui contournera la commune par son flanc ouest.

Examen de passage réussi devant la Commission nationale du débat public (CNDP) à Paris. Le Département de Mayotte a reçu le feu vert il y a quelques jours pour poursuivre le projet du boulevard urbain de Mamoudzou, qui contournera le chef-lieu par l’ouest. L’heure est actuellement aux gros sous, les différents partenaires vont devoir mettre la main dans la poche pour sortir le milliard d’euros attendu pour financer cette opération.

https://www.mayottehebdo.com/abonnements/flash-infos/

TME 2024 : Catégorie Jeune entreprise

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Dernières pousses de l’économie mahoraise, les cinq nommés de notre catégorie Jeune entreprise montrent déjà toutes les qualités pour bien s’implanter dans le paysage local. Retrouvez ci-dessous la sélection du jury des Trophées mahorais de l’entreprise et votez pour désigner les lauréats jusqu’au dimanche 21 avril sur le site entreprise.yt.

Le Vide Dressing by Jane Jaquin

Jeune et talentueuse créatrice de mode, Jane Jaquin a passé son enfance entre Mayotte, La Réunion et la métropole. Des voyages, des rencontres et une vie cosmopolite qui lui ont donné le goût des couleurs et des tenues aux influences variées. Si la mode l’inspire en général, elle a une attirance particulière pour le style swahili, aux formes diverses et aux tons chaleureux. Elle a même entrepris un séjour de deux ans et demi en Tanzanie pour compléter sa soif d’en apprendre plus sur cette mode vestimentaire.
A son retour à Mayotte, la jeune femme s’emploie à structurer la mode locale et à développer la création en s’ouvrant à d’autres jeunes attirés par l’aventure de la mode féminine. Un travail qu’elle expose volontiers au grand public à travers le Vide Dressing by Jane Jaquin, créé en 2023, qui organise des événements inédits tous les mois dans le quartier de M’gombani, à Mamoudzou. Ces vide-dressings, fashion shows et expositions s’inscrivent dans une démarche novatrice économiquement et écologiquement, tout en offrant de la visibilité aux talents locaux. La créatrice compte notamment s’appuyer sur ces événements pour relancer l’activité après les barrages, mais aussi sur son concept de « shopping mode » nocturne, session durant laquelle elle vend à la fois du neuf et de la seconde main, parfois recyclée. Ce rendez-vous organisé à M’gombani est aussi l’occasion pour elle de récupérer des vêtements que le public souhaite donner pour les transmettre ensuite à une association de Longoni qui vient en aide à des personnes dans le besoin.

Monte à bord

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Les activités nautiques dans le lagon de Mayotte, c’est l’univers quotidien de Johan Avril, un passionné de l’île aux parfums depuis qu’il y a posé ses valises en 2006. Il y a seulement un an, il décide de créer Monte à bord, pour proposer des activités à la découverte de la mer, des îlots et des mangroves, à travers la location de kayaks et de paddles. La jeune entreprise a pris ses quartiers sur la plage de Hamaha, dans la commune de Mamoudzou, sur le site de l’hôtel du même nom avec une vue imprenable sur les îlots Quatre frères et les barges reliant Petite et Grande-Terre. Des endroits accessibles à moins de 25 minutes depuis la plage de Hamaha.

Le kayak et le paddle constituent également des activités physiques prisées par un large public d’hommes et de femmes de tous âges. La clientèle, qui est assujettie à un contrat de location classique, est entièrement libre de ses mouvements bien qu’il faille respecter un parcours identifié. En semaine, les tranches horaires les plus prisées sont celles de la matinée. C’est notamment le cas pour les scolaires, plusieurs établissements ayant trouvé dans le kayak et le paddle de nouvelles disciplines sportives à dispenser aux élèves dans le cadre de leurs cours d’éducation physique et sportive (EPS). Un vrai bonheur pour les enfants, qui découvrent les joies du lagon.

Jasmine Esthétique

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Jasmine Esthétique est un institut de beauté qui a ouvert ses portes à Cavani, dans la commune de Mamoudzou, il y a moins d’un an. Situé le long de la route des 100 Villas, le lieu est un havre de paix propice à la détente et à la décompression après une rude journée. Cet institut propose une multitude de prestations alliant l’épilation, les soins du visage, les massages et le bien-être du corps. Asmine Madi Matrassi Abdou Salam, la maîtresse des lieux, a créé cet endroit encore peu connu du grand public il y a moins d’un an. Elle y officie tous les après-midis avec une assistante et une stagiaire. Soucieuse du respect de certaines traditions locales, elle propose des kits d’épilation et des soins aux clientes désireuses de prendre soins elles-mêmes de leurs personnes à domicile. Des cours spécifiques d’utilisation des produits leurs sont alors dispensés. Outre l’aspect détente, Jasmine Esthétique propose d’autres prestations à sa clientèle et se veut notamment précurseure dans la lingerie fine et les objets érotiques. Un ensemble de prestations qui intéresse les femmes de tout âge, près de 80 % de la clientèle de Jasmine Esthétique étant âgée entre 25 et 55 ans.

Maison Surbon

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Hourmati Surbon propose une enseigne d’accessoires de créatrice mahoraise depuis 2023. Par créations, il faut comprendre la perpétuation d’un accessoire de mode local particulier, le kemba (foulard africain en shimaoré). Elément quotidien dans la toilette des femmes à Mayotte, le kemba se décline dans toutes les formes imaginables au sein de la Maison Surbon, anciennement MS Créations, grâce à l’utilisation d’un flexible qui lui permet de prendre un aspect traditionnel ou moderne. Le foulard mahorais est devenu un accessoire qui contribue pleinement au rayonnement mondial de notre île. Dans le secteur de la mode, on le désigne désormais sous l’appellation de « KembaFlex », car grâce à sa flexibilité, le foulard peut épouser n’importe quelle forme, avec pour seule limite l’imagination des femmes qui le portent. C’est grâce à cela que la Maison Surbon a pu forger sa renommée, qui dépasse depuis un moment les frontières de notre territoire.
En boutique, par correspondance ou sur les réseaux sociaux, le KembaFlex se vend à l’échelle régionale, nationale et internationale, jusqu’à cinq collections par an, entre La Réunion, la France métropolitaine, la Suisse et le Canada. Une dernière collection, exceptionnelle parce que dédiée à l’Aïd El-Fitr 2024, s’est écoulée en seulement quelques heures après son arrivée sur le marché, preuve de la place incontournable que cet accessoire a pris dans la vie des femmes à Mayotte. Son secret est simple, facilité et rapidité d’usage, ne nécessitant aucune coupe de cheveux particulière au préalable. Pour les fans de KembaFlex, la Maison Surbon est située à Passamaïnty à côté de l’hôtel Passamaïnty Lodge.

Ylanga

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L’aventure Ylanga a commencé avec Ylanga Ecoshop en 2022. Sur cette boutique en ligne, Anaïs Abdou, une des associées de l’entreprise, avait commencé par vendre des purificateurs d’eau de robinet pour éviter l’usage de bouteilles en plastique jetables. Puis, la philosophie du zéro-déchet s’est invitée dans l’inventaire de la marque : déodorant, savon, shampoing ou encore lessive naturels et sans déchet plastique sont autant de produits disponibles. Le concept a dépassé les frontières d’internet, d’abord avec des présences sur les marchés ou lors d’événements, mais surtout avec l’ouverture, en décembre 2023, du Ylanga Concept Store, à Chirongui. A côté de la banque postale, la boutique continue de proposer des produits respectueux de l’environnement, des articles fabriqués par des créateurs locaux, comme des accessoires et des bijoux, ainsi qu’un salon de thé. « L’idée est de proposer au Sud et dans un lieu convivial, des produits peu communs et souvent difficiles d’accès tout en valorisant les artisans et créateurs locaux », insiste Anaïs Abdou.
Ylanga collaborant avec d’autres entrepreneurs et distribuant leurs produits, comme les serviettes personnalisées par Les 2 makis, les sacs faits main de Karabela, les compositions florales de Jardin Coco, les quiches d’O’mtsina ou encore les plats vietnamiens de Cyclo-pousse, chacun est susceptible de trouver son bonheur dans ce concept store.

Tous les portraits et toutes les catégories sont à retrouver sur le site entreprise.yt

Désert médical : « Tant que le souci d’effectif ne sera pas réglé, les gens viendront mais ne resteront pas »

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Éric Bedeau de l’Écochère, consultant à l’agence May’Santé recrutement, est en déplacement en métropole pour une tournée des écoles d’infirmiers. Objectif annoncé : faire preuve de transparence sur les conditions de vie et de travail au centre hospitalier de Mayotte et espérer convaincre.

Dans sa stratégie d’attirer des professionnels de santé au centre hospitalier de Mayotte (CHM), l’agence May’Santé recrutement réalise depuis mars jusqu’au mois de juin une tournée dans plus d’une dizaine d’écoles d’infirmiers en métropole. Une opération séduction « transparente » sur les atouts et inconvénients à venir qui doit aussi s’accompagner, selon l’agence, d’un travail de fidélisation pour lutter contre le turnover et le manque d’attractivité.

« Ma compagne vend des motos. En trois ans, elle a eu trois bris de glace et un vol de scooter. Ça casse le mythe qu’on se fait caillasser tous les quatre matins. J’ai acheté ma maison à Mayotte, soit je suis débile, soit en métropole les médias amplifient la situation », juge sans passer par quatre chemins Éric Bedeau de l’Écochère, consultant à l’agence May’Santé recrutement en déplacement en métropole. Pour la toute première fois, depuis mars et jusqu’à juin, trois consultants s’y relaient pour intervenir dans différentes écoles d’infirmiers, quelques congrès, et ainsi parler de Mayotte, son hôpital, ses besoins et convaincre de venir y travailler.

Une quinzaine d’établissements a déjà été visitée, d’autres pourraient s’ajouter selon des invitations reçues pendant la tournée. « Une trentaine d’infirmiers est potentiellement intéressée », indique celui qui explique que l’objectif n’est pas « de mettre la pression » pour venir, mais de « planter une graine et la laisser germer ».

Pas d’intervention en amphithéâtre, le recruteur travaille à partir d’un stand, avec des flyers, pour discuter avec des personnes de première, deuxième ou troisième année d’études qui envisagent peut-être déjà de partir en Outremer.  « Ce qui les freine d’abord pour venir à Mayotte, c’est l’insécurité », rend-il compte. « Je les rassure sur les conditions de vie mais je suis très clair sur les conditions de travail : le manque d’effectifs, mais la grosse montée en autonomie et en compétences possible », décrit-il. Car, complète le responsable de l’agence à Mayotte, Yasser Moustoifa, qui insiste aussi sur la qualité du matériel hospitalier présente au CHM, « un candidat qui va s’installer à Mayotte et repartir deux mois plus tard n’a pas d’intérêt pour nous. »

« Les personnes viennent sur des petits contrats »

En 2022, l’agence, récompensée par le trophée de l’innovation RH la même année, a été créée par le CHM et l’Agence régionale de santé (ARS) pour pallier les difficultés de recrutement. Elle se focalise sur les métiers en tension (contrairement au service recrutement du CHM) : infirmiers, sage-femmes, médecins, infirmiers spécialisés (anesthésistes, blocs opératoires et puériculture), manipulateurs en radio, masseur-kinésithérapeutes…. C’est ainsi qu’en 2023, 346 infirmiers ont été recrutés, 400 médecins et un peu plus de 200 sage-femmes, indique, de tête, le responsable. « Ça peut paraître énorme mais il y a du turnover. La réalité est que les personnes viennent sur des petits contrats. »

Encore en 2024, l’hôpital cherche à pourvoir 160 postes d’infirmiers (contrat minimum d’un an) dont des spécialisés (contrat minimum de trois mois), des médecins etc. « On recrute partout », clarifie-t-il, citant tout de même deux secteurs en pénurie : le pôle gynéco-obstétrique (maternités, néonatalogie), où des sage-femmes ont même pu signer des contrats d’un mois, et le service des urgences.

Si une partie du problème vient de la « mauvaise image » exportée de Mayotte, voire une « pénurie nationale » concernant le recrutement de professionnels médicaux, ce responsable depuis un an explique qu’il faut aussi, en interne, « améliorer le processus de recrutement, de l’arrivée du candidat jusqu’à son départ » et travailler sur des « mesures de fidélisation ». Telles que : l’allongement de la durée de contrat (ne serait-ce que pour avoir le temps de former les nouveaux arrivants), une réflexion sur la qualité de vie au travail (par des journées d’intégration, de l’encadrement) et sur les avantages financiers comme les aides à l’installation « face à la pénurie immobilière » et un parc immobilier du CHM « restreint ».

« Le serpent qui se mord la queue »

« Jusqu’à présent, on était sur des contrats assez courts parce qu’on avait ce besoin continuel de combler et de renforcer les effectifs au risque de fermer par exemple des maternités. Aujourd’hui, c’est important de repartir sur des durées de contrat plus longues pour pérenniser les postes, pas parce que ça va mieux mais parce que c’est nécessaire », a -t-il suggéré à la direction du CHM, quitte à conserver une flexibilité pour les périodes creuses, sans que des décisions sur de nouvelles durées soient prises. « On réfléchit sur pas mal de choses en ce moment. L’idée est que d’ici peu on puisse avancer sur ces sujets. » Il table sur le fait de « recruter moins mais recruter plus long ».

Car pour lui, « c’est le serpent qui se mord la queue ». « Un bon encadrement pour monter en compétences est un argument pour attirer des candidats mais c’est aujourd’hui délicat à cause du manque d’effectifs. Et s’il y a un manque d’effectifs, vous tirez sur la corde des agents, ça créé de l’épuisement. Ajouté à cela le contexte extérieur de Mayotte, ça pousse les gens à partir. Tant qu’on n’aura pas régler le souci des effectifs, les gens viendront mais ne resteront pas », tranche celui qui évoque avoir parlé avec des personnes qui partent de l’hôpital, non pas uniquement pour des raisons d’insécurité mais aussi d’organisation en interne. « Quand il y a un manque d’effectifs, ça entraîne forcément une organisation qui n’est pas efficiente. Ça un impact sur les agents », détaille-t-il, sans jeter la pierre sur les responsables.

Or, dans le travail de recrutement, il y a certes la communication gérée par May’Santé recrutement, cette première tournée en métropole et « la chasse aux candidats » réalisée par les consultants tout l’année, mais il y a aussi la cooptation, le réseautage. « Les infirmiers et les médecins parlent autour d’eux. Ce sont les premiers ambassadeurs. Si une mauvaise image est véhiculée, ça va très vite se savoir et se répercuter. Tandis que si on travaille sur l’accompagnement, le professionnel partira avec une bonne expérience et aura envie de recommander Mayotte », juge Yasser Moustoifa.

Un pari sur le long terme qui reste à étudier pour combler l’hôpital actuel et peut-être aussi réussir remplir le second hôpital en projet à Combani dont la construction est annoncée en 2025… Et éviter la coquille vide.

« Je ne pouvais pas rentrer à Mayotte sans un film »

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A 45 ans, Nahid Abdourraquib a réalisé son premier long-métrage qui sera diffusé sur Mayotte La 1ère à une date qui n’est pas encore connue.

À 30 ans, le Mahorais Nahid Abdourraquib rejoint la métropole pour réaliser le pari de réaliser un film. À 45 ans, après une formation et dix ans de tournage, « Le Grand Bluff » devrait être diffusé à la télévision dans les deux ans à venir. La bande annonce sera publiée sur YouTube le 18 avril.

Flash Infos : De quoi parle votre film « Le Grand Bluff » ?

Nahid Abdourraquib : C’est l’histoire d’une femme qui se fait agresser dans une partie de poker. Sa fille la rejoint à l’hôpital et décide de retrouver l’homme qui l’a agressée. Elle le séduit pour gagner sa confiance. Et ça se passe à Bordeaux. Normalement, la fin du fim devait se passer à Mayotte, mais c’était financièrement compliqué.

F.I. : Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire ce scénario et l’adapter en images ?

N.A. : C’est une mise en abîme de la vie. On n’a pas la même attitude quand on parle à son conjoint, son patron, un enfant… Le même acte peut être interprété différemment selon le contexte. J’ai une paire d’as, est-ce que c’est bien ? Tout dépend de ce qu’il y a sur le tapis. C’est comme au cinéma, vous pouvez avoir une belle caméra, mais si le scénario est mauvais, le film est mauvais.

F.I. : Dans ce film, vous réalisez, êtes acteur, vous vous occupez vous-mêmes de la musique, et même du montage… Pourquoi toutes ces casquettes ?

N.A. : Parce qu’un monteur n’osera jamais me dire qu’on a besoin de retourner des plans. Moi, si je vois que ça ne marche pas, je n’hésite pas à retourner. Les gens voient ça comme un poste technique mais c’est un poste d’auteur. Avec le montage, on peut dire le contraire de ce qu’on veut dire.

F.I. : De 2006 à 2011, vous travailliez au service culture du Département de Mayotte pour organiser des concerts, tels que Joey Starr, Morgane Héritage etc. Quel a été votre déclic pour faire du cinéma ?

N.A. : Dans le cadre de mon travail, je suis tombé par hasard sur une salle où il y avait du matériel audiovisuel. Alors en 2007, j’ai organisé un concours de rap et de danse, « le Festi rap », une émission diffusée à Télé Mayotte (N.D.L.R. ancien nom de Mayotte La 1ère). J’avais une très grosse pression parce que ce n’était pas mon corps de métier, mais j’avais carte blanche. Avant ça, je ne pensais pas à faire des films, j’étais plus porté par la musique, je sortais du conservatoire. J’ai fait d’autres émissions, des clips et de la publicité… Plus j’amassais d’expériences, plus c’était facile, plus j’en voulais. Il n’y avait pas de long-métrage, pas de série encore à Mayotte. Et, il y a eu un moment, un excès de confiance, où je me suis lancé dans la production d’un long-métrage. Là, j’ai compris que c’était un métier. J’ai démissionné et je suis parti en métropole étudier à l’école internationale de cinéma et d’audiovisuel (Eicar), chez mon oncle à Paris pour économiser.

F.I. : Comment en êtes-vous venu à réaliser un film qui sera diffusé par France Télévisions ?

N.A. : C’était clair que je voulais faire un film avant de revenir à Mayotte. J’ai fait un an d’école sur trois parce que c’était 7.000 euros l’année. Puis, j’ai déposé un DVD de ce que j’avais fait à Mayotte à France 3 Aquitaine. Le temps que j’arrive chez moi, j’ai reçu un message sur mon répondeur. J’ai intégré l’équipe de régie de Bordeaux. Et à chaque tournage, je venais avec des croquis que j’avais préparés la veille. Un jour, un réalisateur m’a laissé réaliser une scène de la série « Famille d’accueil ». Après une douzaine d’épisodes, j’ai finalement arrêté de renouveler mon contrat pour faire mon film. Le premier tournage s’est déroulé le 31 mai 2014. C’était un pari mais les comédiens étaient séduits. Il y a même Vanessa Feuillatte, première danseuse de l’opéra de Bordeaux, qui a le rôle principal. On a dû arrêter le tournage pour ses tournées et ses autres rôles. Et j’ai fini le film en 2017. Fin 2019, je suis allé voir la mairie de Mamoudzou, le Département de Mayotte pour dire que je revenais avec un film. Le directeur de Mayotte La 1ère l’a envoyé à Paris. Et en novembre 2023, France Télévisions m’a appelé pour dire qu’ils le prenaient.

F.I. : Vous parliez de pari. Avant cela, était-ce compliqué de convaincre ?

N.A. : Oui. Je ne viens de nulle part, je n’ai pas de famille dans le cinéma. C’était voué à l’échec. Mais j’ai mis beaucoup de volonté, je ne pouvais pas rentrer à Mayotte sans un film : je suis parti alors que j’étais bien au Département et à l’âge que j’avais, j’aurais dû fonder une famille, construire une maison… Le voyage n’a pas été aussi facile qu’il est facile de regarder un film. La peur de décevoir, de dire à tout le monde que je vais déplacer la tour Eiffel et que finalement non… Il y a de grosses productions qui peuvent arrêter un projet qui n’est pas rentable, alors ce n’est pas « un petit mec de Mayotte » qui n’a aucune attache dans le cinéma qui va faire un film. Mais j’y croyais. J’ai tout financé. Chaque pas difficile était un pas qui me rapprochait de mon but. J’ai connu les joies du RSA (revenu de solidarité active). Quand j’avais rendez-vous au Pôle emploi (France Travail maintenant) et que je disais que je voulais faire un film, eux me disaient que « les chômeurs avaient du mal à s’acheter un paquet de clopes et vous voulez faire un film ? ».  Je l’ai présenté à Cannes le film. Il n’a pas été sélectionné mais je l’ai fait.

F.I. : Vous êtes aussi directeur de la MJC de Tsoundzou et donnez des cours de cinéma à douze collégiens depuis 2021. Que leur dites-vous ?

N.A. : Qu’ils doivent travailler, que s’ils sont excellents dans un domaine, on peut les prendre partout. Ils ne réalisaient pas qu’ils pouvaient faire eux-mêmes des courts-métrages. Maintenant ils savent que c’est possible mais que c’est du travail. Ils demandent que les cours soient filmés pour qu’ils puissent les voir. On a un creux à Mayotte en matière de cinéma alors que ce n’est pas un monde hermétique. En 2019, quand je suis revenu vivre à Mayotte, j’ai eu de bonnes surprises : « Colocs » et « FBI Mayotte ». On devrait soutenir les réalisateurs et réalisatrices. Parce que là c’est vraiment beaucoup de sacrifices. Est-ce que je referais l’expérience ? Je ne suis pas sûr.

F.I. : Comment envisagez-vous la suite ? Comptez-vous faire un film sur Mayotte ?

N.A. : D’autres le feront mieux que moi. Mes parents sont ici, mais je n’ai pas grandi ici, je ne veux pas avoir la prétention de parler de Mayotte. C’est d’ailleurs ce que je dis à mes élèves, eux sont bien placés pour faire des films. Moi, comme sur le prochain dont j’aimerais démarrer le tournage cette année, ce sera plus le regard d’un Mahorais assimilé qui aime son île même s’il ne parle pas la langue, pour montrer à mes amis de métropole à quoi ressemble Mayotte. Et vice-versa, avec des tournages en métropole, à Paris, Bordeaux, mais aussi à Madagascar, parce que j’ai plus de moyens aujourd’hui. J’ai des ambitions internationales. J’ai une série de films pour progresser à faire, et j’espère à terme faire un gros carton.

« Le Grand Bluff » sera diffusé à la télévision « plusieurs fois » sur les deux ans à venir. Bande annonce sur YouTube, le 18 avril. Le film pourra aussi être aussi diffusé gratuitement pour les scolaires, en présence du réalisateur, comme il l’a négocié auprès de France Télévisions.

Comores : La tension politique monte à un mois de l’investiture présidentielle

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L’opposition dénonce déjà une chasse contre ses leaders, à l’instar de son porte-parole, Ibrahim Abdourazakou alias « Razida », déjà inculpé et placé en détention provisoire. En manque de légitimité auprès d’une partie de la population, le président Azali Assoumani ne supporte plus la contestation de sa réélection entachée pourtant de multiples irrégularités.

Presque trois mois après le récent double scrutin présidentiel et gubernatorial qui s’est tenu, le 14 janvier, la tension est à nouveau montée d’un cran ces jours-ci aux Comores avec des arrestations d’opposants ou des intimidations. Tous les ingrédients sont là à l’instar du discours tenu, ce 11 avril, par le président comorien, Azali Assoumani à l’occasion des vœux de la fête d’Aïd-el-Fitr. Une allocution qui montre bien à quel point le pays risque de replonger dans une escalade de violence. L’évènement qui se trouve en ligne de mire est l’investiture du 26 mai prochain, date qui doit marquer la prise de fonction officielle du président de l’Union, ainsi que celle des gouverneurs des trois îles indépendantes, déclarés élus par la cour suprême comorienne, malgré les irrégularités qui ont entaché le processus électoral dans sa globalité. Pendant son discours qu’il prononçait à la mosquée de vendredi de son village natal, Mitsoudje, le président comorien a annoncé la venue à Moroni d’au moins cinq chefs d’État pour assister aux festivités d’investiture. Et il a mis en garde tous ceux qui seraient tentés de jouer les perturbateurs. « Les évènements qui ont suivi la proclamation des résultats ne doivent plus se reproduire. J’appelle mes frères vaincus de l’autre camp de venir s’asseoir pour discuter de l’avenir de ce pays, car je suis le président de tous les Comoriens même ceux qui n’ont pas voté pour moi », a d’emblée déclaré l’ex-putschiste, dont la réélection lors de la dernière présidentielle est toujours contestée.

Déloger

A propos de l’arrivée des délégations étrangères, Azali Assoumani dit espérer que l’hospitalité qui a toujours été collée à l’image du pays ne fera pas défaut et que ces invités ne regretteront pas. « J’entends des bruits ici et là. Quiconque voudrait initier des troubles, il ne pourra pas les lier aux élections. Non. Ce sont des manœuvres visant à me déloger. Pour ça, ils n’ont qu’à se préparer jusqu’en 2029. Que chacun prenne ses responsabilités », a-t-il prévenu, durant son allocution en langue nationale. Ce discours a fait réagir. Candidat malheureux à l’élection présidentielle du 14 janvier 2024, et par ailleurs doyen du collectif des candidats du dernier scrutin, Aboudou Soefo a été très critique. « Ces menaces ne sont pas destinées uniquement aux cinq candidats de l’opposition. Du tout. Elles sont adressées aux milliers de Comoriens qui aspirent à un changement et réclament des élections libres et transparentes », a répondu l’ancien ami d’Azali Assoumani, dont il fut ministre des Affaires étrangères de 2002 à 2006. « Un président de la République n’a pas à proférer des menaces. S’il le fait, c’est qu’il est à bout, donc incapable de convaincreé, a enchainé, l’opposant vendredi, dans une émission accordée à un média social appelé Chaîne libre des Comores.

Trouble à l’ordre public

Pour le coordinateur du collectif des cinq candidats, Mohamed Jaffar Abbas, ce discours d’Azali n’a rien d’étonnant. « Il nous a toujours habitués à l’écouter quasi quotidiennement avec ses discours inaudibles. Ce qui est dommage, c’est qu’il se présente comme un président toujours en train de courir pour une reconnaissance. Et il croit que pour y parvenir, il doit toujours menacer et perpétuer le droit de la force au détriment de la force du droit. La vérité est têtue. Donc il peut menacer tant qu’il a la voix à le dire, mais cela n’entame en rien notre démarche pour la cause juste, celle de son non-élection », a rappelé ce dernier à Flash Infos. Si des pays comme la Chine, la Russie et dernièrement la France ont félicité Azali Assoumani, d’autres puissances et organisations à l’instar des États Unis et l’Union européenne ne l’ont pas encore fait. L’opposition, elle, continue de dénoncer les dernières élections et menace l’investiture. C’est d’ailleurs pour cette raison que le porte-parole des candidats de l’opposition se trouve en prison depuis bientôt une semaine. Ibrahim Abdourazakou alias « Razida » est en effet inculpé depuis le 8 avril pour « incitation à la violence et au trouble à l’ordre public ». Son crime est d’avoir prévenu la veille, lors d’un iftar qu’il n’y aura pas d’investiture le 26 mai, tout en appelant le peuple à s’unir avec l’opposition. « Nous ne sommes pas du tout surpris car, nous savions que, pour un régime honni, seule l’inacceptable torture, – tant morale que physique -, semble être son système pour asseoir la terreur. Les prisons se rempliront des prisonniers politiques, et les cimetières ne sont pas aussi hélas remplis que des morts naturels et normaux. Mais nous serons toujours là à décrier sa dictature », a martelé, Mohamed Jaffar Abbas.

Sur place, personne ne doute que les arrestations se poursuivront dans les semaines à venir.

Un nouveau cas de choléra détecté à Koungou ce jeudi

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La personne est "dans un état stable". Une équipe de l'Agence régionale de santé s'attelle à la désinfection de l'habitation et à l'identification des cas contacts.

La préfecture de Mayotte et l’Agence régionale de santé (ARS) confirment qu’une nouvelle personne atteinte du choléra a été identifiée, ce jeudi 11 avril. Il s’agissait d’un habitant de Koungou revenant de l’Union des Comores, qui « présentait des symptômes caractéristiques de la maladie et s’est présentée spontanément aux urgences du centre hospitalier de Mayotte ». Il a été pris en charge au centre hospitalier de Mayotte et son état est « stable ».

Comme la première malade recensée à Passamaïnty, il y a un mois, une équipe de l’ARS s’est rendue au domicile de la personne infectée pour désinfecter l’habitation et identifier « des cas contacts pour leur délivrer le traitement. Des nouvelles interventions sont en cours, afin de compléter les investigations et de vacciner les personnes résidant aux alentours. La mobilisation sur le secteur se poursuivra pendant plusieurs jours, afin de partager largement les recommandations sanitaires (consommation d’une eau contrôlée, lavage des mains régulier) et éviter toute nouvelle transmission de la maladie ».

L’épidémie étant en cours dans l’Union des Comores, en Tanzanie ou au Kenya, il est recommandé aux personnes venant de ces pays et présentant des symptômes type diarrhée ou vomissements, mais c’est valable même pour ceux qui n’ont pas quitté Mayotte, de « s’isoler et contacter immédiatement le Centre 15 ».

Bâtiment : la fin du « CE » obligatoire en Outremer

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Le Parlement européen vient d’adopter en première lecture à une très forte majorité le projet de règlement révisé relatif aux produits de construction. Les autorités françaises ont obtenu l’insertion dans ce texte d’une dérogation pour nos Outre-mer. Ainsi, il permettra à la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte, La Réunion et Saint-Martin, de mettre en œuvre une solution alternative au marquage « CE », pour faciliter l’importation de produits de construction issus des pays de leur environnement géographique. Annoncée en juillet dernier lors du comité interministériel des Outre-mer (Ciom), cette adaptation du droit de l’Union européenne aux spécificités ultramarines, du fait notamment de l’éloignement avec l’hexagone, était fortement attendue par les acteurs ultramarins, et en particulier le monde économique et de la construction.

Obtenue grâce à la mobilisation des autorités françaises, cette dérogation permettra notamment aux acteurs de faire face à l’augmentation des prix du fret et de l’approvisionnement en matériaux de construction, grâce à un régime d’exception. Ce dernier sera élaboré au cours de l’année 2024 et permettra à nos territoires d’importer des produits de construction de pays tiers de leur zone géographique et donc de disposer de produits notamment adaptés aux caractéristiques locales, compétitifs et plus rapides à acheminer. Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer, salue « une évolution pragmatique et de bon sens des normes européennes, qui prennent en compte les spécificités ultramarines. Cette mesure contribuera positivement au développement économique de nos territoires et à leur intégration régionale ».

Prévention santé en marge de la finale des tournois ramadan à Bandrélé

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L’Office municipal de la jeunesse et des sports (OMJS) de Bandrélé, en partenariat avec la commune, son centre communal d’action sociale (CCAS) et différentes associations sportives, organise la finale des tournois villageois du ramadan, ce samedi 13 avril, au terrain de football de Dapani. Dans ce cadre, une opération de sensibilisation et de prévention concernant la nutrition et le dépistage du diabète se déroulera sur des stands tenus par Rediab Ylang, 976 Prévention et le Comité régional olympique et sportif (Cros) en marge des matchs. L’événement, qui s’étalera sur la journée, commencera à 8h30 avec le discours d’ouverture des élus, qui précédera le début des matchs à 9h. Pour plus de renseignements, il est possible de contacter le 06 39 03 74 39 ou bien écrire un mail à l’adresse ramafacri19@gmail.com

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes