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« Je ne pouvais pas rentrer à Mayotte sans un film »

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À 30 ans, le Mahorais Nahid Abdourraquib rejoint la métropole pour réaliser le pari de réaliser un film. À 45 ans, après une formation et dix ans de tournage, « Le Grand Bluff » devrait être diffusé à la télévision dans les deux ans à venir. La bande annonce sera publiée sur YouTube le 18 avril.

Flash Infos : De quoi parle votre film « Le Grand Bluff » ?

Nahid Abdourraquib : C’est l’histoire d’une femme qui se fait agresser dans une partie de poker. Sa fille la rejoint à l’hôpital et décide de retrouver l’homme qui l’a agressée. Elle le séduit pour gagner sa confiance. Et ça se passe à Bordeaux. Normalement, la fin du fim devait se passer à Mayotte, mais c’était financièrement compliqué.

F.I. : Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire ce scénario et l’adapter en images ?

N.A. : C’est une mise en abîme de la vie. On n’a pas la même attitude quand on parle à son conjoint, son patron, un enfant… Le même acte peut être interprété différemment selon le contexte. J’ai une paire d’as, est-ce que c’est bien ? Tout dépend de ce qu’il y a sur le tapis. C’est comme au cinéma, vous pouvez avoir une belle caméra, mais si le scénario est mauvais, le film est mauvais.

F.I. : Dans ce film, vous réalisez, êtes acteur, vous vous occupez vous-mêmes de la musique, et même du montage… Pourquoi toutes ces casquettes ?

N.A. : Parce qu’un monteur n’osera jamais me dire qu’on a besoin de retourner des plans. Moi, si je vois que ça ne marche pas, je n’hésite pas à retourner. Les gens voient ça comme un poste technique mais c’est un poste d’auteur. Avec le montage, on peut dire le contraire de ce qu’on veut dire.

F.I. : De 2006 à 2011, vous travailliez au service culture du Département de Mayotte pour organiser des concerts, tels que Joey Starr, Morgane Héritage etc. Quel a été votre déclic pour faire du cinéma ?

N.A. : Dans le cadre de mon travail, je suis tombé par hasard sur une salle où il y avait du matériel audiovisuel. Alors en 2007, j’ai organisé un concours de rap et de danse, « le Festi rap », une émission diffusée à Télé Mayotte (N.D.L.R. ancien nom de Mayotte La 1ère). J’avais une très grosse pression parce que ce n’était pas mon corps de métier, mais j’avais carte blanche. Avant ça, je ne pensais pas à faire des films, j’étais plus porté par la musique, je sortais du conservatoire. J’ai fait d’autres émissions, des clips et de la publicité… Plus j’amassais d’expériences, plus c’était facile, plus j’en voulais. Il n’y avait pas de long-métrage, pas de série encore à Mayotte. Et, il y a eu un moment, un excès de confiance, où je me suis lancé dans la production d’un long-métrage. Là, j’ai compris que c’était un métier. J’ai démissionné et je suis parti en métropole étudier à l’école internationale de cinéma et d’audiovisuel (Eicar), chez mon oncle à Paris pour économiser.

F.I. : Comment en êtes-vous venu à réaliser un film qui sera diffusé par France Télévisions ?

N.A. : C’était clair que je voulais faire un film avant de revenir à Mayotte. J’ai fait un an d’école sur trois parce que c’était 7.000 euros l’année. Puis, j’ai déposé un DVD de ce que j’avais fait à Mayotte à France 3 Aquitaine. Le temps que j’arrive chez moi, j’ai reçu un message sur mon répondeur. J’ai intégré l’équipe de régie de Bordeaux. Et à chaque tournage, je venais avec des croquis que j’avais préparés la veille. Un jour, un réalisateur m’a laissé réaliser une scène de la série « Famille d’accueil ». Après une douzaine d’épisodes, j’ai finalement arrêté de renouveler mon contrat pour faire mon film. Le premier tournage s’est déroulé le 31 mai 2014. C’était un pari mais les comédiens étaient séduits. Il y a même Vanessa Feuillatte, première danseuse de l’opéra de Bordeaux, qui a le rôle principal. On a dû arrêter le tournage pour ses tournées et ses autres rôles. Et j’ai fini le film en 2017. Fin 2019, je suis allé voir la mairie de Mamoudzou, le Département de Mayotte pour dire que je revenais avec un film. Le directeur de Mayotte La 1ère l’a envoyé à Paris. Et en novembre 2023, France Télévisions m’a appelé pour dire qu’ils le prenaient.

F.I. : Vous parliez de pari. Avant cela, était-ce compliqué de convaincre ?

N.A. : Oui. Je ne viens de nulle part, je n’ai pas de famille dans le cinéma. C’était voué à l’échec. Mais j’ai mis beaucoup de volonté, je ne pouvais pas rentrer à Mayotte sans un film : je suis parti alors que j’étais bien au Département et à l’âge que j’avais, j’aurais dû fonder une famille, construire une maison… Le voyage n’a pas été aussi facile qu’il est facile de regarder un film. La peur de décevoir, de dire à tout le monde que je vais déplacer la tour Eiffel et que finalement non… Il y a de grosses productions qui peuvent arrêter un projet qui n’est pas rentable, alors ce n’est pas « un petit mec de Mayotte » qui n’a aucune attache dans le cinéma qui va faire un film. Mais j’y croyais. J’ai tout financé. Chaque pas difficile était un pas qui me rapprochait de mon but. J’ai connu les joies du RSA (revenu de solidarité active). Quand j’avais rendez-vous au Pôle emploi (France Travail maintenant) et que je disais que je voulais faire un film, eux me disaient que « les chômeurs avaient du mal à s’acheter un paquet de clopes et vous voulez faire un film ? ».  Je l’ai présenté à Cannes le film. Il n’a pas été sélectionné mais je l’ai fait.

F.I. : Vous êtes aussi directeur de la MJC de Tsoundzou et donnez des cours de cinéma à douze collégiens depuis 2021. Que leur dites-vous ?

N.A. : Qu’ils doivent travailler, que s’ils sont excellents dans un domaine, on peut les prendre partout. Ils ne réalisaient pas qu’ils pouvaient faire eux-mêmes des courts-métrages. Maintenant ils savent que c’est possible mais que c’est du travail. Ils demandent que les cours soient filmés pour qu’ils puissent les voir. On a un creux à Mayotte en matière de cinéma alors que ce n’est pas un monde hermétique. En 2019, quand je suis revenu vivre à Mayotte, j’ai eu de bonnes surprises : « Colocs » et « FBI Mayotte ». On devrait soutenir les réalisateurs et réalisatrices. Parce que là c’est vraiment beaucoup de sacrifices. Est-ce que je referais l’expérience ? Je ne suis pas sûr.

F.I. : Comment envisagez-vous la suite ? Comptez-vous faire un film sur Mayotte ?

N.A. : D’autres le feront mieux que moi. Mes parents sont ici, mais je n’ai pas grandi ici, je ne veux pas avoir la prétention de parler de Mayotte. C’est d’ailleurs ce que je dis à mes élèves, eux sont bien placés pour faire des films. Moi, comme sur le prochain dont j’aimerais démarrer le tournage cette année, ce sera plus le regard d’un Mahorais assimilé qui aime son île même s’il ne parle pas la langue, pour montrer à mes amis de métropole à quoi ressemble Mayotte. Et vice-versa, avec des tournages en métropole, à Paris, Bordeaux, mais aussi à Madagascar, parce que j’ai plus de moyens aujourd’hui. J’ai des ambitions internationales. J’ai une série de films pour progresser à faire, et j’espère à terme faire un gros carton.

« Le Grand Bluff » sera diffusé à la télévision « plusieurs fois » sur les deux ans à venir. Bande annonce sur YouTube, le 18 avril. Le film pourra aussi être aussi diffusé gratuitement pour les scolaires, en présence du réalisateur, comme il l’a négocié auprès de France Télévisions.

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