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Violences sexuelles : l’inceste à Mayotte, Saïrati Assimakou ose l’écrire

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Samedi dernier, au Mermoz, avait lieu la présentation officielle du premier ouvrage de Saïrati Assimakou, Ose et ça ira. La jeune femme, qui était déjà la première Mahoraise à prendre publiquement la parole au sujet de l’inceste, est aussi à la tête de l’association Souboutou ouhedzé jilaho, « Ose libérer ta parole » en français, prônant la libération de la parole des victimes de violences sexuelles. Un combat incessant pour l’auteure aux cheveux rouges, dans lequel la rejoignent chaque jour femmes et hommes sensibles à la cause.

Mayotte Hebdo : La parution de votre ouvrage est une nouvelle étape pour la libération de la parole à Mayotte. J’imagine que l’on peut dire que c’est un succès, vu le nombre de personnes présentes ce samedi ?

Saïrati Assimakou : Oui, totalement. C’est vraiment avec beaucoup de plaisir que nous avons accueilli les personnes qui sont venues nous soutenir aujourd’hui. Parce qu’en vérité, cette action n’a pas permis de ne soutenir que Saïrati, ça n’en était surtout pas l’objet. Nous voulions vraiment soutenir la libération de la parole, montrer symboliquement que parler libère, mais pour que ça libère, il faut être entendu par toutes et tous. Et toutes les personnes qui sont venues ici, que ce soient des particuliers, associations ou institutionnels, ont prouvé cela.

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M.H. : Ce rendez-vous n’est donc pas une finalité. Quelle est la suite pour le livre comme pour l’association ?

S.A. : La promotion des deux. Parce qu’en vérité, à chaque fois qu’il y aura la promotion de ce livre, ce sera surtout l’occasion de rappeler à quel point il est urgent de parler de ces questions-là. Donc, dès la fin de la semaine, je repars pour une tournée de quinze jours sur l’île de La Réunion. C’est le moment idéal de parler de ces questions en dehors de Mayotte, parce qu’on le sait toutes et tous, ce n’est pas un problème spécifique à Mayotte. Il faut être entendu partout, jusqu’à la métropole et bien au-delà, en espérant que cela fasse changer les choses.

M.H. : Où votre ouvrage sera-t-il disponible ?

S.A. : Normalement, à partir de la semaine prochaine, le livre sera disponible sur toutes les plateformes de commande en ligne. On est en train de travailler pour que ce soit également disponible dans les différentes librairies. Nous avons déjà la mairie de Mamoudzou qui s’engage à le mettre à disposition. Il faudra suivre les réseaux sociaux, où nous communiquerons sur ce sujet, mais aussi à propos de l’association, sur laquelle nous allons faire un point régulier.

M.H. : Lors de votre première prise de parole, vous aviez déjà récolté des témoignages de Mahoraises victimes de violences sexuelles. Cette parution permet-elle à de plus nombreuses personnes d’oser, comme vous le préconisez ?

S.A. : Le livre a énormément aidé. Nous avons notamment eu l’immense honneur de participer à la libération de la parole d’une femme tellement courageuse, Yasmina, qui nous a parlé de son vécu. Ça vient encore montrer, si besoin était, à quel point parler encourage les autres à avoir cette force, à se sentir légitimes dans cette souffrance qui ne doit absolument pas se transcrire dans la solitude. Aujourd’hui, on a aussi eu le témoignage d’un homme, d’un mari, qui est venu parler de sa femme, qui est passée à l’acte il y a plusieurs années de cela. Il nous rappelait à juste titre que ce n’est pas un combat de femmes. C’est un combat d’hommes et de femmes, mais surtout et avant tout un combat de société.

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