Les magistrats sont pourtant à l’heure, les prévenus et les victimes aussi, dès 8h dans la salle. Mais l’appel des affaires prend beaucoup de temps en raison de nombreuses demandes de renvoi, d’interruptions de séance, de carences dans l’envoi des convocations, dans la constitution des dossiers.
Ce qui mobilise finalement des magistrats, greffiers et les justiciables pour des affaires renvoyées parfois plusieurs fois. Par exemple, hier matin, le juge Lameyre était saisi d’une demande de renvoi pour un jeune homme poursuivi pour violence aggravée par deux circonstances avec plus de 8 jours d’ITT. Un délit relativement grave qui l’oblige à rester sous contrôle judiciaire en attendant son procès.
Or, cette demande de renvoi fait suite à d’autres renvois précédents, cela fait un an que le jeune homme attend son jugement. Pour l’instant, il est tenu de ne pas approcher sa victime et a pour interdiction de se rendre dans le village où sa famille réside, Acoua.
Suivi par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip), il a été autorisé par son contrôleur judiciaire à retourner dans son village. En conflit avec son père au moment des faits, il entretient désormais des relations apaisées avec lui et s’est inscrit en 1re année de droit au CUFR de Dembéni. Mais le souci dans ce dossier, c’est que l’appareil judiciaire réclame une expertise psychiatrique. Or, selon l’avocate du jeune homme, maître Journiac, “l’expert ne fait pas son travail”. Elle dénonce la situation dans laquelle son client se retrouve, “1 an de contrôle judiciaire sans être jugé”. Pendant ce temps, sa vie reste en sursis. À la barre, elle souligne, “la carence extrêmement grave de l’expert”, qui a été sollicité trois semaines auparavant pour produire un rapport d’expertise, et qui n’a toujours rien rendu.
Ce mercredi, le juge a pourtant la possibilité légale de juger cette affaire, mais finalement Xavier Lameyre décide de procéder à un renvoi contradictoire “en attendant le rapport de l’expert”. Le jeune homme et son avocat devront donc revenir devant la barre au mois de mai prochain.