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Philippe Vigier : « Accordez au moins que le chemin on l’emprunte »

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En visite à Mayotte pour la première fois en tant que ministre délégué aux Outremer, Philippe Vigier a fait plusieurs annonces en rapport avec la crise de l’eau, ce samedi matin, dont la distribution de deux litres d’eau par jour aux plus vénérables (voir encadré). Il a répondu également à nos questions sur le prix des bouteilles d’eau, en promettant « de faire pression sur les distributeurs ». Côté syndicat des Eaux de Mayotte, le débat est toujours « ouvert », apparemment, sur la question des factures d’eau (voir encadré).

Flash Infos : Vous avez annoncé que des bouteilles d’eau seront distribuées aux personnes vulnérables (voir encadré). Les Mahorais vous attendent sur un autre point important, c’est le prix des bouteilles d’eau. Le pack de bouteilles de 1,5 litre est souvent entre cinq et six euros. Est-ce que l’État fera un effort là-dessus ?

Philippe Vigier : Merci d’avoir souligné ce premier effort. 60.000, voire 70.000 litres par jour, vous savez ce que ça représente en termes d’efforts financiers. On le fera pour tous les publics vulnérables. Il n’y en aura pas un qui n’aura pas de l’eau de qualité à boire pour ces prochaines semaines. Concernant les prix des bouteilles, vous savez qu’ils sont bloqués [N.D.L.R. depuis un décret du 18 juillet, les prix ne peuvent grimper au-dessus de leurs niveaux en juin]…

F.I. : Mais à des prix indécents.

P.V. : Il y aura un nouveau décret préfectoral qui devrait minorer ce coût [N.D.L.R. ce futur décret étendra le premier à d’autres marques, mais il ne fera pas baisser les prix]. J’en appelle à l’esprit de responsabilité. L’État fait tout son chemin. Lorsqu’on met onze millions d’euros pour un osmoseur, trente millions d’euros pour des travaux. C’est nous qui payons, c’est vous, c’est moi. Chacun doit faire un effort de responsabilité. De même ceux qui sont en gestion de l’ensemble des services de l’eau sur ce territoire. Il y a des engagements que je prends et je tiendrais, et d’autres que je ne peux pas prendre parce que je ne suis pas le seul décisionnaire.

F.I. : Vous savez combien coûtent ces packs en métropole (entre 1,05€ et 1,30 € pour les moins chers). Ici, nous sommes dans le département le plus pauvre de France et nous sommes en pénurie d’eau.

P.V. : Vous m’accorderez que je ne suis pas le distributeur. Je le répète fortement. On va faire en sorte de faire pression sur les distributeurs. Comme je le dis dans les outre-mer, avec Bruno Lemaire [ministre de l’Économie et des Finances], on a lancé une mission contre les monopoles, pour lutter contre la vie chère. Vous pouvez compter sur moi là-dessus. Mais je ne vais pas vous apporter une réponse aujourd’hui que je ne peux pas honorer. On ne peut pas mentir aux Mahorais. Je suis là pour leur apporter des mesures concrètes. Accordez au moins que le chemin on l’emprunte. Vous ne pouvez pas tout balayer d’un revers de main. Quarante millions d’euros mis sur une table, je veux bien que vous me disiez dans les dix dernières années, si ça a été fait ou pas.

F.I. : C’est du rattrapage. Ce sont des choses déjà envisagées qui auraient dû sortir bien avant. Et ce ne sera pas prêt tout de suite. On va passer à des coupures d’eau de 48 heures et j’imagine que l’osmoseur ne sera pas prêt lundi (il est prévu pour janvier 2024).

P.V. : Je vais vous rappeler une chose, ce sont les collectivités qui sont responsables de l’eau. L’État vient soutenir. Ce n’est ma responsabilité, la délivrance de l’eau. On est là pour aider techniquement et je crois très largement financièrement, avec un plan qu’on va vérifier. J’espère que vous serez présents à chaque fois que je revendrais. Mon conseiller spécial eau sera là dans quinze jours, trois semaines, j’espère que vous l’accompagnerez. Et vous verrez qu’à partir d’aujourd’hui, ça va changer. On va surveiller, contrôler. J’espère que vous direz bien aux Mahoraises et Mahorais que jamais tel plan n’a été lancé. L’effort que nous faisons sur l’eau, ce sont plusieurs millions d’euros. Il y a eu une décision au plus haut niveau, on a pris en compte totalement ces questions-là. D’autant que le réchauffement climatique est là, donc ça exige d’être à la hauteur de ce font les Mahoraises et Mahorais en étant résilients, courageux et en acceptant encore qu’on leur coupe l’eau.

Deux litres par jour distribués aux plus vénérables

A peine descendu de l’avion, Philippe Vigier a annoncé plusieurs mesures à la presse pour répondre à la crise de l’eau. Il y a d’abord la décision de distribuer deux litres d’eau par jour « aux personnes les plus vénérables », notamment les personnes âgées. « 30.000 bénéficiaires sont déjà identifiés par l’Agence régionale de santé », précise le ministère des Outre-mer. La mesure pourrait mise en place « le 25 ou 26 septembre ». C’était déjà annoncé, mais le coût de l’osmoseur de 1.000 m3 d’eau (dans un premier temps) et son installation à Sada seront entièrement pris en charge par l’État. Le montant est fixé à onze millions d’euros et le début de la production en janvier 2024. Il y aura aussi « une aide pour les entreprises afin de compenser leurs coûts fixes sera mise en œuvre par la direction des finances publiques de Mayotte. Celle-ci concernera les entreprises dont l’activité est significativement empêchée ou dont l’activité est complètement arrêtée en raison des coupures d’eau ». Concernant les rampes, elles ne seront pas ouvertes 24h/24h suivant le souhait des élus mahorais. Elles ne devraient pas être en service la nuit par exemple. Enfin, le ministre promet d’être très vigilant sur à la fois la qualité de l’eau et sur le respect du contrat de progrès de 411 millions d’euros signé en 2022 entre l’État et le syndicat des eaux de Mayotte.

« Tous les élus sont favorables à la révision des factures »

Autre sujet qui intéresse les Mahorais, le paiement des factures alors que les foyers sont privés d’eau, soit de manière régulière, soit par des coupures anticipées comme ça a été le cas toute cette semaine à Mamoudzou. Le jeudi 24 août, Ibrahim Aboubacar, le directeur du syndicat de Mayotte, a reconnu que « le débat est ouvert » sur la question des factures. Interrogé ce samedi, Yanis Souhaili confirme que celle-ci se pose toujours au syndicat dont il est vice-président et à la Société mahoraise des eaux (SMAE, filiale de Vinci), le délégataire du syndicat. « Tous les élus sont favorables à la révision des factures », confirme l’avocat, arguant toutefois que le gel total des paiements est à exclure. Des négociations doivent avoir lieu avec la SMAE pour voir si une mesure au moins de réduction soit mise en place. Du fait de son importance, nous serons vigilants là-dessus.

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