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07/05/2009 – Semaine du développement durable

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

 

{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}rgence. Le mot a été répété plusieurs fois par les intervenants de cette conférence, et il n'y a qu'à tenter de gagner Mamoudzou à 7h le matin ou de traverser Kawéni le matin, le midi ou en fin d'après-midi pour arriver à ce constat. Une population qui s'accroit et gagne en niveau de vie, un parc automobile qui grandit toujours plus, des auto-écoles toutes pleines de futurs conducteurs qui voudront acquérir un véhicule, et la très grande majorité des activités concentrées entre Mamoudzou et Longoni : organiser les déplacements dans l'île est devenu une urgence.

Dans cet esprit, le conseil général et la DE ont travaillé à l'élaboration d'un Schéma de déplacements, présenté lors de la Semaine du développement durable, une manière de montrer que cet aspect a également été pris en compte : le Grenelle de l'environnement prévoit de réduire de 20% les émissions de dioxyde de carbone dans le domaine des transports d’ici 2020. Le principe est évidemment de privilégier les transports collectifs, le covoiturage et le vélo, comme c'est le cas aujourd'hui dans plusieurs grandes villes de Métropole.

Principal axe retenu pour l'organisation des déplacements de Mayotte, en parallèle avec une décentralisation à mettre en place d'ici à 2015, la création d’un réseau de transports publics avec notamment le conventionnement des taxis urbains et interurbains et la définition d’un service performant entre Koungou et Passamainty.

S'y ajoutent la gestion du stationnement et la gestion globale des déplacements à Mamoudzou, la maîtrise de la pression démographique sur l’agglomération de Mamoudzou, le report d’une partie du trafic poids lourds sur un service maritime (voir encadré) et éventuellement l’accroissement de la capacité routière avec une déviation Mamoudzou-Koungou par les hauts, pour améliorer le transit et sécuriser les villages, et un axe Bouyouni-Combani déjà tracé.

"Ces propositions sont axées sur un postulat fort, l’action phare du Schéma de déplacements devant être la constitution d’un système de transports publics de personnes. Sans cette action, toutes les autres seraient vaines", averti M. Darkaoui, responsable du schéma pour le conseil général.

 

S'appuyer sur les taxis

 

Le service de transports en commun s'appuierait bien entendu sur les taxis déjà existants et qui, dans certaines communes, sont déjà organisés. Le conseil général leur proposerait conventions et professionnalisation. Une tarification sera à mettre en place afin de garantir à l’ensemble des usagers un accès aux transports, et aux exploitants une juste rémunération. Cette tarification devra être valable pour l’ensemble des transports publics et permettre les correspondances entre les différentes lignes et entre la barge et les transports terrestres. Comme dans toute collectivité, des tarifs sociaux seront mis en place avec une part prise en charge par la Collectivité, de même que des abonnements pour l'ensemble de l’île ou sur une zone particulière.

L'urgence est avant tout d'organiser ces transports dans l'agglomération de Mamoudzou, puis dans un second temps l'intercommunalité, notamment l'axe Koungou-Mamoudzou-Dembéni‏. Une étude technique doit déterminer les itinéraires des bus et les aménagements nécessaires pour prioriser leurs passages aux points stratégiques, et faire ainsi des transports en commun plus attractifs que le véhicule personnel.

Le schéma s'inspire de ce qui se fait déjà en Métropole et Outremer et propose la mise en place de "parkings relais", aux alentours de Jumbo et de M'tsapéré, des garages peu chers et surveillés où les usagers pourraient laisser leur véhicule toute la journée et emprunter les transports en commun à l'intérieur de Mamoudzou.

Le trajet entre l'aéroport et la barge, revenu principal des taxis urbains de Petite Terre, doit également être amélioré, dans la perspective d'un développement touristique.

 

Affiner les études et évaluer toutes les options

 

Un programme d'études nécessaires à la mise en place de ce schéma a été prévu, certaines sont déjà lancées : l'étude sur le stationnement (DE), une étude axée sur les transports scolaires (CG), ainsi qu'une étude sur les lignes de transport interurbain : affiner la définition, le phasage, les lieux d'interconnexion et lancement des démarches de consultation (CG). ‏D'autres sont à prévoir rapidement comme une étude des lignes urbaines : affiner la définition des services, les arrêts, fréquences, horaires, équipements… (mairie de Mdz)‏, une étude sur les aménagements nécessaires pour prioriser les transports en commun (CG ou Mdz), la tarification et billettique des transports publics (CG et Mdz)‏, l'accessibilité handicapé (Mdz, DE)‏.

Sont également prévues une étude sur les lignes maritimes voyageurs (notamment dans le cadre d'un schéma touristique)‏, ainsi que la poursuite des études sur le contournement de Mamoudzou par la construction de nouvelles routes par les hauts, bien que cette solution soit de moins en moins envisagée, essentiellement en raison de son coût, estimé à 100 M€ et malgré l'intérêt pour les décennies à venir et alors que ces terres aujourd'hui non urbanisées sont plus facilement disponibles et désenclaveraient d'importantes zones.

Certaines des actions proposées sont inscrites au Contrat de projet qui prévoit des financements spécifiques, par exemple pour les parkings relais. 15 M€ sont également prévus pour le développement des transports collectifs et de marchandises. Ces projets ne pourront néanmoins être mis en œuvre que grâce à une volonté politique forte et une prise de décision rapide des pouvoirs publics concernés.

 

Hélène Ferkatadji

 Semaine du développement durable : Enfin un Schéma de déplacements pour Mayotte…

 


 

Le cabotage maritime pour désengorger la RN1

En parallèle au développement des transports en commun, la DE étudie une solution de transport de marchandises par la mer, pour désengorger l'axe Longoni-Mamoudzou et préserver la qualité de la route (la pression d'un poids-lourd est dix mille fois supérieure à celle d'une voiture). De 166.000 tonnes en 1995, le transport de marchandise est passé à 500.000 tonnes en 2007. Il augmente en moyenne de 10% par an, pour l'essentiel de la marchandise conteneurisée.

85% de ces marchandises sont acheminées sur Kawéni, 5% vers Petite Terre et autant vers le sud de l'île. Avec l'augmentation du trafic sur la RN1, le DE estime que le transport de marchandises a déjà perdu en rentabilité, le temps de déplacement ne permettant plus que 2 à 3 rotations par jour entre Longoni et Mamoudzou, contre 3 à 4 il y a quelques années. Des rotations de nuit pourraient ainsi être envisagées, avec le plaisir que cela procurera aux riverains de tous les villages traversés.

D'après l'étude, le transport par la mer prendra plus de temps que par la terre, mais en évitant les embouteillages il permettra malgré tout un plus grand nombre de rotations par jour. L'idée est d'aménager trois plateformes, une à Kawéni, sur la zone du quai Colas (au départ de l'amphidrome), une à Petite Terre au départ sur le quai Ballou ou Issouffali, en attendant d'en aménager une vers Foungoujou, et une à Ironi Bé pour les marchandises destinées au sud. La plateforme pourrait être aménagée sur la pointe, ce qui nécessiterait la construction d'une voie d'accès mais pourrait, à long terme, devenir l'emplacement d'une nouvelle zone d'activités.

Les bateaux type barges achemineraient les conteneurs depuis le port du Longoni jusqu'à ces plateformes, qui seraient ensuite transportés via la route à leur destination finale. L'étude estime qu'il faudra au minimum deux barges dès le départ, d'une capacité de 60 conteneurs (de format 20 pieds), puis d'une capacité de 90.

Le tarif d'un tel transport devra bien entendu revenir moins cher que celui par la route, d'au moins 10%. Les calculs soulignent l'obligation de mettre en place une subvention d’équilibre pour les cinq premières années, avant que le projet ne soit rentable. Dans le cas d’un investissement privé, il est nécessaire que la Collectivité subventionne à hauteur de 80% les infrastructures. L’investissement concernant la plateforme de Kawéni est de l’ordre de 15 M€. Le scénario total revient à environ 25 M€.

Une analyse de rentabilité économique plus affinée doit encore être effectuée, en envisageant d'inclure dans le transport les matériaux du BTP. Les études techniques entrent dans le cadre du Contrat de projet Etat-Collectivité.

 

Les taxis très motivés

Venus en force à cette conférence, les taxis et transporteurs scolaires ont affiché leur motivation à participer à ce développement des transports en commun. "Ce sont toujours les mêmes beaux discours, mais on ne fait rien. Il y a urgence à solutionner les embouteillages dans Mamoudzou car les élèves du lycée qui viennent de brousse doivent partir très tôt et arrivent malgré tout en retard parfois", avertit un chauffeur de la ligne Dzoumogné-Mamoudzou.

Autre sujet de mécontentement des professionnels du transport : l'état "catastrophique" des routes. L'occasion pour le directeur de l'aménagement de la DE de préciser qu'un programme de réhabilitation des routes nationales et départementales, doté de 40 M€, débute cette année par l'axe Tsararano-Barakani et la RN1.

"Les artisans taxis sont préparés à l'organisation de transports en commun", annonce leur représentant Madi Baco. "Concernant les embouteillages, nous avons déjà pointé du doigt le fait que tous ces ronds-points entre Tsoundzou et Mamoudzou, ainsi que le dos d'âne, sont un frein à la circulation. Nous avons déjà proposé que cet axe soit refait en les supprimant et en intégrant une voie spécialement dédiée aux taxis et aux transports scolaires. Même chose à Kawéni, nous avons proposé de jouer sur les sens uniques entre la route des hauts et celle du bas. Nous sommes prêts, nous n'attendons que vous."

Réponse du conseil général par la voix de M. Darkaoui : si les finances étaient là, tout ceci serait déjà fait, malheureusement les temps sont durs… A quoi les taxis répondent avec un sourire que lors de sa visite à la CCI, le secrétaire d'Etat à l'Outremer a annoncé avoir beaucoup d'argent pour Mayotte, mais attendre de voir des projets concrets à financer. "Tout ça c'est du projet concret non ? Alors pourquoi ne pas demander à M. Jégo de nous donner de l'argent pour le mettre en place ?"

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