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Le centre pénitentiaire de Majicavo au bord du gouffre

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C’est un appel au secours que lance le personnel du centre pénitentiaire de Majicavo. Deux syndicats ont écrit des lettres ouvertes adressées à leur hiérarchie, dans les-quelles ils dénoncent leurs conditions de travail obligatoires. L’établissement est surpeuplé, les détenus se marchent les uns sur les autres. Une situation préoccupante puisque les employés redoutent une mutinerie imminente.

411. C’est le nombre actuel de personnes enfermées au centre pénitentiaire de Majicavo. Un chiffre bien trop élevé puisque l’établissement a une capacité de seulement 278 places. Conséquence : les prisonniers vivent à trois ou quatre dans une cellule de neuf mètres carrés… C’est cette surpopulation carcérale qui a poussé les syndicats FO et CGT à tirer la sonnette d’alarme à travers deux lettres ouvertes destinées à la directrice interrégionale de la mission des services pénitentiaire Outre-mer. « La gestion des détenus est devenue difficile puisqu’on doit jongler entre les mesures prises par la justice et notre réalité. On doit prendre en compte les séparations, ceux qui ne doivent pas communiquer en-semble, etc. Il faut constamment trouver des alternatives pour faire respecter les règles », s’inquiète Salimou Assani, trésorier de Force ouvrière centre pénitentiaire Majicavo.

Mais le respect des règles n’est pas toujours possible. La surpopulation pousse le centre pénitentiaire à les enfreindre pour accueillir plus de monde. L’exemple le plus inquiétant est celui du quartier des mineurs qui possède 30 places. Pourtant, 32 jeunes sont actuellement incarcérés. « On ne doit pas doubler les mineurs dans les cellules, sauf cas exceptionnel de tentative de suicide. Mais aujourd’hui, on a des cellules doublées chez les mi-neurs, on est donc hors la loi », pointe du doigt Salimou Assani. Également obligatoires, les promenades deviennent difficilement réalisables. Si chaque prisonnier a droit à une heure par jour, les conditions sont loin d’être optimales. « Les créneaux établis à la création de l’établissement sont caducs, on doit tout le temps rafistoler. Il y a des week-ends où les détenus se retrouvent entre 50 à 70 dans la cours de promenade, c’est dangereux parce que ce sont des cours qui font 20 à 30 mètres carrés », souligne le représentant de FO. Autant de paramètres qui laissent présager une mutinerie, selon les employés du centre pénitentiaire de Majicavo. La tension serait palpable dans l’enceinte et se serait même dégradée ces derniers mois avec l’arrivée de nouveaux profils de détenus.

« Tout ce qu’il se passe à l’extérieur se ressent au centre pénitentiaire »

La réalité sur l’insécurité grandissante à Mayotte a un impact sur la gestion du centre pénitentiaire. Ces derniers mois se caractérisent par une forte affluence des prisonniers, notamment depuis la fin de l’année dernière. « Tout ce qu’il se passe à l’extérieur se ressent au centre pénitentiaire », indique Salimou Assani. Les bandes rivales qui sèment la terreur sur l’île arrivent en prison et se reconstituent une nouvelle fois. « Pour l’instant, c’est calme mais cette situation est une cocotte minute qui peut exploser du jour au lendemain », prévient le trésorier de Force ouvrière à Mayotte. Une crainte justifiée par le pro-fil des délinquants qui a également changé : non seulement ils sont de plus en plus jeunes, mais les faits qui leur sont reprochés sont de plus en plus graves. « Il y a quelques années, plus de 70% des incarcérés relevaient des procédures correctionnelles, aujourd’hui on est à plus de 60% de procédures criminelles », rappelle Salimou Assani. En d’autres termes, des accusations ou des tentatives d’assassinat.

Et si à l’extérieur ces bandes ne portent que très peu d’intérêt au respect des lois et des personnes, la même chose se répète lorsqu’ils sont enfermés. À cela s’ajoutent les prisonniers qui ont des troubles psychiatriques. « On n’est pas formés pour nous occuper de ces personnes. Mais on le fait, on doit les surveiller, et nous assurer qu’ils prennent leurs médicaments », dévoile Salimou Assani, dont le son de la voix cri au ras-le-bol. Ce der-nier regrette presque ses débuts au centre pénitentiaire de Majicavo où les détenus étaient respectueux. Une période où il n’avait tout simplement pas peur de fréquenter les prisonniers.

 

Des pistes de solutions mais peu d’espoir

 

Force ouvrière CP Majicavo et la CGT Mayotte ont établi une liste de mesures à prendre rapidement pour améliorer les conditions de travail et de détention. La CGT demande par exemple la création d’une unité spécifique d’hospitalisation pour les cas psy, l’aménagement des chambres carcérales au centre hospitalier, l’aménagement sanitaire des cellules ou encore la formation des personnels. De son côté, FO exige l’extension du site avec la construction d’un bâtiment pour augmenter les capacités du centre pénitentiaire. « Un projet sur le long terme est plus que souhaitable, mais en attendant on leur donne des pistes qui ne demandent pas d’études. Le terrain est là, il faut juste construire maintenant », selon Salimou Assani.

Les deux organisations syndicales ont envoyé leurs lettres respectives à leur hiérarchie, mais ils semblent peu optimistes quant à la suite des évènements. Les agents disent n’avoir aucun retour malgré les alertes répétées au cours des dernières années. La dernière réponse qui leur avait été donnée date de 2018, et le site de Mayotte ne faisait pas partie du plan des nouvelles constructions. « On n’est pas sûrs d’avoir gain de cause cette fois-ci, mais on est obligés de tirer la sonnette d’alarme pour alerter. Un nouveau plan vient d’être établi, malheureusement aucun territoire d’Outre-mer n’est inclus », regrette Salimou Assani. Tout le personnel espère simplement que le fait d’avoir dépassé la barre fatidique des 400 détenus fera réagir la direction afin d’éviter une catastrophe qui semble inévitable pour eux.

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