Dans un communiqué du 5 février, le député Les Républicains Mansour Kamardine annonçait vouloir déposer une proposition de loi de programme pour Mayotte en 2019. Celle-ci sera construite autour du développement des infrastructures, de l’égalité sociale, du rattrapage des dotations aux collectivités et de la préservation de l’environnement. Une première lecture est espérée avant le mois de juin.
L’idée de cette loi de programme a germé dans la tête de Mansour Kamardine (LR) lors du vote du rétablissement à cinq jours du délai d’intervention de saisine du juge des libertés et de la détention administrative, fin janvier. « Beaucoup de mes collègues ont dénoncé le retard économique et social de Mayotte », explique le député Les Républicains. L’élu de l’Assemblée nationale s’est alors engagé dans ce combat. Au fil de ses réflexions, quatre axes prioritaires se sont dégagés.
Le premier volet évoque le développement des infrastructures, notamment la piste longue, le troisième quai au port de Longoni, la mise à niveau du réseau routier ou encore la connexion haut débit pour tous. « Il est inacceptable que nous réfléchissions à des plans d’aménagement et qu’un seul fonctionnaire de la direction de l’Environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) puisse bloquer les projets comme bon lui semble », peste-t-il. Candidate aux Jeux des îles de 2027, Mayotte a besoin de mener une politique ambitieuse en termes d’équipements sportifs pour prétendre à l’organisation.
Le deuxième volet s’attarde sur la préservation de l’environnement. « Nous avons énormément d’espaces à protéger, comme le lagon, la faune et la flore, mais l’action publique est assez timorée… » Pour Mansour Kamardine, le territoire doit remettre au goût du jour le vaste programme ambitieux sur les énergies renouvelables qui avait été abandonné du jour au lendemain à la fin des années 2000. « Nous pouvons le regretter alors qu’il y a une réelle opportunité à saisir », insiste-t-il. Doit-on rappeler que Mayotte jouit d’un ensoleillement de près de 365 jours par an ? Ainsi, le député regrette que l’île aux parfums ne soit pas davantage intégrée dans le plan global de lutte contre le réchauffement climatique.
Le troisième volet entend définir un agenda clair vers l’égalité sociale. « C’est une honte de constater le niveau social ici. L’État refuse d’améliorer le sort de nos retraités, qui se retrouvent à vivre avec 200 euros par mois… », s’insurge-t-il. Avant d’ajouter : « Il y a un réel effort à réaliser au niveau des allocations sociales qui sont de 50 % inférieures à celles de l’Hexagone, de l’égalité salariale mais aussi de l’extension de tous les dispositifs qui existent en métropole. En clair, il faut mettre en place un plan de rattrapage de ces minima sociaux. » Pour rappel, plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté alors qu’en même temps, le panier moyen coûte 73 % plus cher que la moyenne nationale… « Nous ne pouvons plus fermer les yeux, cette politique conduit les Mahorais à l’exode massif pour laisser la place aux étrangers et aux clandestins », interpelle-t-il.
Enfin, le quatrième volet concerne les dotations de l’État. « Les budgets de nos collectivités sont à peu près à 60 % en dessous de ceux de métropole et des Outre-mer », rappelle-t-il. Le calcul est simple : lorsque les autres touchent un euro, Mayotte n’empoche que quarante centimes… « Le Département, les intercommunalités et les communes ont besoin de bénéficier de moyens budgétaires plus importants pour continuer leurs politiques d’équipement et d’amélioration du cadre de vie. »
Soutenu par Les Républicains, Mansour Kamardine pense que la France Insoumise et le parti Socialiste le suivront dans sa démarche, mais il rappelle qu’« elle sera ouverte à tous les groupes de l’Assemblée nationale […] Il y a eu un consensus sur l’état d’indigence dans lequel se trouve Mayotte. » Cette prise de conscience sera-t-elle suffisante ? Réponse peu avant juin pour savoir si cette proposition de loi de programme sera bel et bien examinée.
Ce mercredi, le syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels appelle tout le personnel au centre de secours de Kawéni dans la matinée pour évoquer le projet du directeur auquel il n’adhère pas. L’idée est d’échanger et de prendre une décision sur la suite à donner à cette mobilisation.
« Soit le directeur se remet dans les rangs, soit il peut aller demander une nouvelle affectation à la préfecture« , s’insurge Ahmed Allaoui, le président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels. « En seulement quatre mois de présence, il a adressé une synthèse au Département qui ne reflète en rien la réalité du terrain. » Dans son rapport, le directeur aurait dénoncé le manque d’expérience et de technicité des sapeurs-pompiers mahorais et aurait recommandé l’envoi d’un contingent de forces spéciales pour une durée de trois ans, dans le but de redresser la barre. « Écrire cela est une insulte à notre égard alors que nous avons fonctionné à plein temps durant les grèves de l’an dernier« , peste Ahmed Allaoui. Pour exprimer son mécontentement, le syndicat convie tout le personnel ce mercredi au centre de secours de Kawéni à 9h pour évoquer ce projet, « auquel nous n’adhérons pas« .
Mais ce n’est pas tout. Le syndicat exige une mutuelle labellisée pour couvrir les soldats du feu en cas d’arrêt maladie. « Il n’y a qu’à Mayotte que ça n’existe pas ! Nous ne demandons pas la lune« , déplore Ahmed Allaoui. Avant de lister les agressions, les violences, les insultes et les intrusions dans les casernes. « Un individu s’est introduit dans la chambre des filles à Longoni et des biens ont été dérobés à Chirongui… » Pour éradiquer ces fléaux, Ahmed Allaoui requiert l’activation du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail mais aussi une politique d’habillement digne de ce nom. « Comment est-il possible de garder une certaine hygiène corporelle avec deux pantalons et trois tee-shirts pour une année ?« , s’interroge-t-il. Enfin, il souhaite un traitement d’égalité concernant le versement de l’indemnité d’administration et de technicité. « Ceux dans les bureaux la reçoivent alors que nous jouons notre vie.«
En fonction des retours de cette mobilisation, le syndicat décidera de la suite à donner. Un préavis de grève ? « Nous n’excluons rien !« , répond d’emblée Ahmed Allaoui. En tout cas, le divorce entre les sapeurs-pompiers et sa direction semble consommé.
Le directeur de la Mission de coordination des organismes d’Outre-mer (Micor), Jean-Yves Casano, était en déplacement dans le 101ème département français du 24 février au 2 mars. L’occasion pour lui de faire un diagnostic de l’état d’avancée des dossiers gérés par la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) et surtout de bien « cranter » les projets importants pour l’avenir.
« Une différence est faite entre la métropole et Mayotte« , explique en préambule le directeur de la mission de coordination des organismes outre-mer, Jean-Yves Casano. En déplacement pendant une semaine sur le sol mahorais, le représentant du Micor a notamment abordé le sujet de l’exonération du « ticket modérateur sous condition de ressources« *. Il s’est également penché sur l’avenir du parcours de soins à Mayotte. « Nous avançons sur un certain nombre d’évolutions législatives ou réglementaires qui sont attendues sur le territoire depuis quelques temps déjà« , assure-t-il.
Selon lui, la question des droits sociaux à Mayotte est un sujet « complexe » puisque de nombreux cas de renoncement aux droits persistent, par méconnaissance. « C’est une problématique qui n’existe pas qu’à Mayotte, mais également en métropole. Nous avons l’enjeu de développer les communications et les stratégies marketing qui vont nous permettre, demain, de pousser l’information vers tous les assurés qui en ont besoin« , confirme le directeur de coordination. La trajectoire de l’évolution du financement des crèches sera également tracée. « Nous avons un travail qui est fait actuellement sur l’Allocation adulte handicapé (AAH) et l’Allocation enfant handicapé (AEH). Sur le cours terme, ce sont les grandes avancées attendues pour 2019/2020« , atteste Ymane Alihamidi-Chanfi, la directrice de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM).
Dans les années à venir, d’autres projets se mettront en place et principalement « Pajemploi » – destinée à simplifier les formalités administratives pour les parents employeurs qui font garder leur(s) enfant(s) par une assistante maternelle agréée ou une garde d’enfants à domicile – en 2021.
« Mayotte en ordre de marche«
Cependant, à Mayotte, un problème de divergence des droits demeure. « Notre rôle à nous, institution, est de s’assurer qu’il y ait bien une conscience du droit afin d’éviter le non-recours au droit, ce qui n’est actuellement pas forcément le cas« , annonce Ymane Alihamidi-Chanfi.
Une différence est donc faite entre la métropole et Mayotte liée au fait que le régime sur l’île aux parfums est basé sur la jeunesse. « Il y a 50 ou 60 ans d’écart avec la métropole« , déplore Ymane Alihamidi-Chanfi. « Cela veut dire qu’il faut progressivement que nous allions vers cette convergence des droits qui sera prochainement réalisée« , affirme le directeur de missions. Un plan pour l’avenir de Mayotte a également été élaboré. « Il y a tout un ensemble d’autres réflexions qui sont menées pour que, à une échéance qui pour moi reste encore un peu imprécise, il y ait une stricte égalité des droits et des devoirs. Les ministères suivent de très près les projets menés. Nous devons mettre Mayotte en ordre de marche« , indique Jean-Yves Casano.
Et de se dire « rassuré sur la capacité à porter les projets et les réformes, c’est un bilan extrêmement positif. Il faut encore que les caisses soient au rendez-vous des outils et des évolutions, d’analyses des moyens utiles à proximité pour que chaque acteur dans cet organisme soit en capacité de mener à bien sa mission« . Selon la CSSM, les préoccupations sur le territoire sont « évidemmentdans la ligne de mire » des directeurs généraux des Caisses nationales. « La CSSM est un organisme qui est très jeune à Mayotte au regard de ce qui existe en métropole et dans les autres territoires ultramarins. Pour autant, il y a une montée en puissance du pilotage et de la gestion de projets et de communication« , souligne la directrice de la CSSM.
Une branche famille
En outre, au regard du contexte particulier de Mayotte, la CSSM bénéficie d’une branche famille qui est propre au territoire. Comparativement à la population servie pour la branche maladie, Mayotte a près de 187.000 bénéficiaires de la sécurité sociale pour seulement 22.000 allocataires dans le département.
Afin d’analyser les spécificités du territoire et adapter au mieux la stratégie de la CSSM, l’organisme a décidé de faire appel à un sociologue afin d’avoir une analyse sociologique précise sur l’accès aux droits. Parmi les éléments retenus, le sociologue a identifié que le non-recours aux droits pouvait « certainement » s’expliquer du fait de démarches compliquées pour un montant parfois dérisoire. D’autres cas expliquent le faible taux de versement des prestations, comme le fait d’avoir des ruptures de droits. « Une personne peut avoir des droits à des prestations pendant un certain temps et puis, pour X raison, ne perçoit plus les droits« , explique Jean-Yves Casano. Enfin, le critère d’exigibilité de 15 ans de résidence régulière à Mayotte fixe des règles différentes de celle de la métropole. Effectivement, en métropole, la population peut être affiliée à la CSSM au titre du régime de l’assurance maladie dès trois mois de résidence régulière en France. « Dès le départ, nous avons cette distorsion« , soutien la directrice de la CSSM. « Je serai de nouveau en visite en mai ou juin de cette année. Dans mon plan de charges, j’ai au moins 40%, si ce n’est pas 50%, pour développer Mayotte. C’est ici où il y a le plus de projets nouveaux et je serai présent pour les réaliser« , conclut le directeur de la mission de coordination des organismes outre-mer.
*Il s’agit de la prise en charge par l’assuré de la dépense appelée « ticket modérateur » dont le montant varie en fonction de la nature des soins ou de la qualité du bénéficiaire.
En moins de 24 heures, la compagnie aérienne a dû faire face à plusieurs problèmes techniques sur deux de ses Boeing. Alors que l’un a fait demi-tour en plein vol pour rentrer à Paris, l’autre s’est retrouvé immobilisé une nuit à l’aéroport de Dzaoudzi, où ont été contraints de dormir des dizaines de passagers, sur des lits de camp ou dans les fauteuils de la salle d’embarquement.
Vent de panique dans le cockpit. Aux alentours de 2h du matin, dans la nuit de mercredi à jeudi, un dreamliner d’Air Austral parti de Paris quatre heures plus tôt vers Dzaoudzi, fait demi-tour alors qu’il survole le sud de l’Italie. L’équipe navigante ne dit rien aux passagers, tandis qu’ils voient la nouvelle trajectoire se dessiner sur leurs écrans. C’est l’incompréhension dans la cabine. Finalement, « Nous avons été informés par un message du commandant de bord un bon moment après avoir fait demi-tour« , raconte une passagère, contactée par téléphone ce jeudi. « Il nous ont seulement parlé d’un problème technique« .
Quelques heures après ce demi-tour et un atterrissage contraint, Air Austral expliquait à nos confrères du Journal de Mayotte qu’un problème moteur signalé par un voyant avait nécessité, en plein vol, l’intervention électronique du commandant de bord. Mais celle-ci n’aurait pas suffi. Comme le veut la procédure, le Boeing a été contraint de rentrer à Paris où il a été immobilisé pour réparation. Après quoi l’avion n’a pas pu repartir immédiatement, temps de repos réglementaire oblige. Un décollage dans l’après-midi n’était pas plus envisageable, dans la mesure où les passagers auraient été contraints de débarquer de nuit, à une heure où ils n’auraient trouvé ni taxi, ni barge, ni solution d’hébergement.
Alors, vers 4h du matin, jeudi, des bons d’hôtel ont été distribués à tous les voyageurs du vol UU976. Ceux-ci ignoraient alors encore quand ils repartiraient, sachant seulement qu’ils devaient libérer leur chambre pour 11h45. « Beaucoup [d’entre nous, ndlr] étaient très mécontents du manque de communication« , commente Aurore, seule avec son bébé de huit mois dont elle ne pouvait récupérer la poussette, restée en soute.
Pendant plusieurs heures, « j’appelle la réception de l’hôtel, ils ne savent rien », témoigne la jeune femme. Enfin à 7h30, sa famille – dont les coordonnées ne figuraient pas sur cette réservation – reçoit un texto d’Air Austral : elle apprend que le décollage est reporté au soir même, départ de Paris à 20h20. Faute de places disponibles, tous les passagers n’ont pas pu bénéficier de ce départ.
De salle d’embarquement à salle d’hébergement
Autre aéroport, autre chaos. À quelque 8.000 km de là, cette même nuit, c’est le logement qui pose problème à beaucoup de voyageurs, les hôtels de l’île affichant complet en cette période de vacances. Dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Dzaoudzi, dès 23h, des lits de camp servent de couche aux dizaines de personnes qui n’ont pas pu rentrer chez elles.
Pourtant ce matin-là, les choses ne s’annonçaient pas si mal. Mercredi, le vol UU275, prévu à 15h15 au départ de Mayotte et à destination de La Réunion était seulement « retardé« , en raison, là encore, d’un problème technique, indiquait le personnel aux passagers.
La réparation nécessite une pièce qui, l’espère l’équipage, doit arriver dans la matinée. Durée du retard estimée : une heure, puis deux, à la fin desquelles l’annonce est sans cesse réitérée tout au long de la journée. En salle d’embarquement, des agents déambulent pour tenter de répondre aux questions des passagers. Sous l’énervement, le ton monte parfois, racontent certains d’entre eux.
À 19h30, douche froide. Le vol est reporté au lendemain, annonce une voix dans l’aéroport. Certains rentrent chez eux, appellent des proches, pendant que les autres élisent déjà domicile dans l’espace VIP. « C’est le gros bordel« , tweete l’un d’eux, « Nous sommes pris en otages« , poste un autre. À 3h30 du matin, plusieurs portables se mettent à sonner : le vol, finalement, sera assuré le lendemain à 14h. Cette fois, tout se passe comme prévu.
En raison de ces perturbations, deux autres départs à destination de l’île intense et de Paris ont été reportés du 28 février à ce vendredi. Par la suite, les vols devraient reprendre leur activité normale.
Quid du dédommagement ?
Air Austral a d’ores et déjà entièrement pris en charge les frais de relogement de ses voyageurs à Paris. Néanmoins, le ministère de la transition écologique et solidaire indique que lorsque la destination est atteinte trois heures ou plus après l’heure d’arrivée prévue, « l’indemnisation forfaitaire accordée est de 250 euros pour les trajets de 1.500 km ou moins » (applicable pour Mayotte – La Réunion) et « 400 euros pour tous les vols intracommunautaires [en zone européenne, ndlr] de plus de 1.500 kilomètres« .
Concernant les passagers qui font le choix de ne pas prendre l’avion de remplacement proposé, le ministère explique que « si le retard au départ est d’au moins 5 heures, et seulement si le passager renonce à son voyage, il est en droit de se faire rembourser son billet« .
Contactée à plusieurs reprises par la rédaction de Flash Infos, la compagnie Air Austral n’a pas donné suite à nos appels.
Six sismomètres ont été déployés cette semaine au large de Mayotte, à grande profondeur. Cette opération est une des multiples missions scientifiques qui s’échelonneront sur les prochains mois afin de « mieux comprendre le phénomène » d’essaim de séismes qui frappe l’île depuis le 10 mai dernier, explique la préfecture. Détails.
Une première étape vient d’être franchie cette semaine, qui devrait permettre de « mieux comprendre le phénomène » de l’essaim de séismes ainsi « qu’avoir des résultats plus poussés« , a promis le directeur de cabinet de la préfecture lors d’une conférence de presse mercredi. Ainsi, deux ingénieurs et un sismologue de l’Institut physique du globe de Paris (IPGP) ont passé leur journée de samedi dernier en mer afin de larguer six sismomètres au large de Mayotte. Les appareils, déployés « tout autour » de la zone de l’essaim, sont situés entre 1.600 et 3.600 mètres de profondeur, explique le sismologue Wayne Crawford. Ils n’ont pas vocation à transmettre des données en temps réel mais seront « repêchés » dans six mois et livreront à ce moment-là leurs résultats.
Cette mission constitue l’une des pierres angulaires d’un projet plus vaste ayant pour finalité la triangulation des ondes sismiques. Pour ce faire, trois opérations sont nécessaires : le développement du réseau de sismomètres en mer, mais aussi sur les terres de Mayotte ainsi que l’installation d’appareils aux Glorieuses *. Du 4 au 8 mars, donc, une équipe de l’École et observatoire des sciences de la Terre (CNRS / Université de Strasbourg) interviendra à Mayotte pour conforter le système de sismomètres à terre de l’île et, entre mars et mai, des rotations de missions scientifiques permettront l’installation sur les îles Glorieuses d’une nouvelle station géophysique.
L’enjeu de cette triangulation est de collecter des données plus précises afin de mieux localiser l’essaim, les « failles en jeu« , voire la chambre magmatique, détaille encore Wayne Crawford – mais éventuellement aussi d’expliquer d’autres phénomènes telles que les remontées de gaz récemment rapportées par les pêcheurs, complète Étienne Guillet, le directeur de cabinet de la préfecture. Sur zone samedi, les scientifiques ont, en tout cas, témoigné qu’ils n’avaient rien vu de tel ce jour-là, que la « zone était très calme« . Une campagne océanographique à bord du navire Marion Dufresne et en partenariat avec l’Ifremer afin « d’observer les fonds marins, de détecter et de quantifier d’éventuels dégazages liés à un volcan sous-marin » est en cours de discussion, a d’ailleurs annoncé le CNRS vendredi dernier par voie de communiqué.
« Quand tout sera installé« , ce système de triangulation automatisé permettra d’obtenir en temps réel des données sur la magnitude et la localisation des secousses, à l’image de ce que l’on trouve actuellement sur les sites internationaux, souligne Frédéric Tronel, le directeur du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) à Mayotte. Le réseau qui est en train d’être installé aux alentours de Mayotte sera cependant plus précis.
Les trois missions d’instrumentalisation, d’un montant de 420.000 euros, coordonnées par le CNRS, sont intégralement financées par l’État. L’ensemble de ces projets impliquent 11 laboratoires et 44 chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens qui planchent âprement sur le phénomène en cours à Mayotte.
L’île se déplace toujours
Les dernières données collectées montrent que l’île aux parfums, qui bouge de manière importante depuis juin dernier, poursuit son déplacement vers l’Est et son affaissement. « Après 10 mois d’évènements« , le territoire s’est ainsi déplacé vers l’Est de 12 à 14 cm et s’est affaissé de 10 cm, a indiqué Frédéric Tronel, le directeur du BRGM à Mayotte. Le mouvement tectonique régional « naturel » implique un déplacement de l’île d’environ 2 cm par an, ce qui n’explique pas en totalité les 12 à 14 cm observés ces 10 derniers mois. Et si le déplacement de l’île peut se concevoir, l’affaissement est, en revanche, un phénomène inédit. Cependant, « on peut supposer qu’à l’arrêt de l’essaim de séismes, on ait un phénomène inverse » de l’affaissement et que l’île retrouve donc son niveau initial sur ce point, a précisé Frédéric Tronel.
À la suite du violent accident de la route qui a coûté la vie à leur fils, les parents de Romain Arabia, 17 ans, se trouvent dans l’impossibilité de financer seuls le rapatriement du corps de leur enfant et l’organisation des funérailles, dont le coût oscille entre 16.000 et 20.000 euros. Une amie de la famille a ouvert une cagnotte en ligne lundi sur le site Leetchi afin de leur venir en aide.
« Ce qui leur arrive est déjà suffisamment horrible pour qu’ils n’aient pas à devoir gérer des histoires de fric en plus de leur douleur. » Encore sous le coup de l’émotion après la mort du jeune Romain Arabia, 17 ans, dans un violent accident de la route survenu vendredi dernier, Lydie, proche de la famille, a décidé de lancer un appel à la solidarité pour aider les parents du jeune homme à assurer des funérailles dignes de ce nom à leur enfant. Aussi a-t-elle ouvert lundi une cagnotte en ligne [consultable sur ce lien : https://www.leetchi.com/c/romain-49792271] et déposé une caisse de collecte à la pharmacie des Ylangs, près du rond-point SFR à Kawéni, pour les aider à financer les frais funéraires élevés.
Installés depuis plusieurs années à Mayotte où ils tiennent un gîte hôtelier, les parents de Romain souhaitaient d’abord enterrer leur fils dans l’île aux parfums. Or, l’état d’entretien du cimetière chrétien de Grande-Terre, face au CHM, les en dissuade. Après réflexion, les parents décident alors de rapatrier le corps de leur fils en métropole pour le faire incinérer à Paris, avant de ramener les cendres à Mayotte, où ils résident.
« C’était un passionné de moto »
Au regard de la violence de l’accident, les soins funéraires s’avèrent lourds, et d’autant plus coûteux qu’ils nécessitent de faire venir un spécialiste de La Réunion. Il faut y ajouter le prix du cercueil, celui de la crémation et de l’aller-retour en avion. Au total, la facture des pompes funèbres s’élève à une fourchette comprise entre 16.000 et 20.000 euros. Incapable de payer une telle somme, la famille se renseigne actuellement auprès des assureurs et du conseil départemental pour en financer une partie, en complément de ses deniers personnels et de l’aide qu’elle pourra obtenir via l’appel à la solidarité. Avec plus de 80 participations de divers montants, celle-ci a déjà permis de recueillir près de 4.000 euros. Elle devrait rester ouverte jusqu’à dimanche ou lundi, indique son initiatrice.
Vendredi 22 février, en milieu d’après-midi, le jeune homme a percuté un bus scolaire vide de passagers alors qu’il roulait à scooter entre Tsararano et Ongojou. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes du drame, a-t-on appris auprès de la gendarmerie. Romain, qui aurait eu 18 ans en octobre prochain, était élève au lycée de Kahani où il étudiait notamment la mécanique. « C’était un passionné de moto« , ajoute Lydie à propos de ce jeune homme qui était aussi le meilleur ami de sa fille adolescente. Une cinquantaine de ses amis et de proches de la famille se sont déjà réunis samedi pour un lâcher de lanternes en son hommage. Une cérémonie à sa mémoire se tiendra jeudi, à 14h, en l’église catholique Notre-Dame de Fatima, à Kawéni.
Pendant deux jours, le candidat à l’élection présidentielle anticipée des Comores, Fahmi Said Ibrahim, est venu sur l’île aux parfums dans le cadre de sa campagne. Une présence qui a déplu au Collectif des citoyens de Mayotte mais aussi aux politiciens Daniel-Martial Henry et Kira Bacar Adacolo, qui ont déposé plainte au tribunal pour « trouble à l’ordre public ».
Samedi matin, scène insolite à l’aéroport de Pamandzi. Candidat à l’élection présidentielle anticipée aux Comores, Fahmi Said Ibrahim (Parti pour l’entente comorienne) a posé les pieds sur le sol mahorais dans le cadre de sa campagne. Sur son compte Facebook, la radio Djivani a publié le message de Kamal Ibrahim, l’un de ses fidèles partisans, relatant que l’homme politique y avait reçu « un accueil triomphal au milieu d’une foule en liesse. C’est bien rare pour mériter d’être souligné. […] Un geste significatif et un symbole fort qui traduit une volonté politique assumée et une ambition conquérante d’une autre dimension ». Sur une vidéo en ligne, on voit son arrivée se dérouler en musique et en chants, avant la réception des traditionnels colliers de fleurs de jasmin et une série de selfies. Durant ses deux jours de présence sur l’île aux parfums, il a notamment participé à une réunion à Pamandzi et a donné un meeting à Dzoumogné.
Mais cette venue n’a pas fait que des heureux. Au niveau du rond-point du Four-à-Chaux, des banderoles le priaient de plier bagage dans les plus brefs délais. Le soir même, le Collectif des citoyens de Mayotte a publié un communiqué pour exiger son départ immédiat : « Sa présence est une provocation et une insulte à tous les Mahorais, dont il nie le choix de rester Français. » Avant d’ajouter que « Fahmi Said Ibrahim participe au discours colonisateur comorien qui s’appuie sur l’immigration clandestine […] et ne peut être autorisé à faire campagne sur notre île en alimentant la haine et le mépris des Mahoraises et des Mahorais : il en va de la paix civile dans le 101ème département français. »
Des propos largement partagés par Daniel-Martial Henry et Kira Bacar Adacolo, respectivement président du Modem Mayotte et du Parti Radical de Gauche. Ce lundi après-midi, les deux politiciens ont décidé chacun de déposer une plainte au tribunal pour « trouble à l’ordre public ». Le centriste considère que l’ancien ministre de la Justice comorien et avocat au barreau de Moroni « voulait provoquer » en venant chez le voisin mahorais. Il explique que le candidat « confond la liberté publique et l’ordre public » mais aussi qu’il « met de l’huile sur le feu ». « Cette action va dans le sens de son idéologie ! Je vous rappelle qu’il revendiquait, il n’y a encore pas si longtemps, que Mayotte appartenait toujours aux Comores lors de conférences en Europe », souligne Daniel-Martial Henry.
Avec 48 % d’habitants de nationalité étrangère, dont une grande majorité de Comoriens, à Mayotte, Fahmi Said Ibrahim a en tous les cas joué une belle carte d’un point de vue politique.
Un salouva pour souligner les formes, une danse pour être sexy, des regards et des senteurs, ou encore des soins du corps : à Mayotte, la séduction est un art. Mais comme tout dans cette société en constante évolution, cette séduction change et s’adapte, tout en gardant ses caractéristiques. Une séduction qui s’encanaille aussi, car aujourd’hui le sexe est de moins en moins tabou sur l’île aux parfums. Et si la pudeur est encore de mise, on hésite de moins en moins à se faire plaisir avec des jouets coquins. À l’occasion de la Saint-Valentin, Mayotte Hebdo s’est penchée sur les petits secrets des unes et des autres. Croustillant !
Mlaili Condro, linguiste et sémioticien
« Le salouva révèle une promesse »
Le linguiste et sémioticien Mlaili Condro, bien connu pour ses travaux sociologiques, travaille actuellement sur le corps de la femme et la sexualité traditionnelle, il répond aux questions liées aux relations hommes-femmes à Mayotte. Quelle est la place dédiée à la séduction, qu’est-ce qui a changé ?
Mayotte Hebdo : Quelle est l’évolution de la séduction dans les relations hommes-femmes à Mayotte ?
Mlaili Condro : C’est un sujet vaste et complexe. Traditionnellement, les hommes et les femmes n’avaient pas beaucoup d’occasions pour se rencontrer, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les moments de séduction étaient vraiment rares dans la société traditionnelle mahoraise. Les manifestations s’offraient comme des occasions pour cela : à l’occasion de mariages, ces hommes qui dansaient le chigoma ou ces femmes qui dansaient le m’biwi. On peut même inclure des manifestations de type religieux comme le debaa, qui était l’occasion d’exposer les jeunes femmes prêtent pour le mariage. Les jeunes hommes venaient y assister exprès. Souvent d’ailleurs, des fiançailles se nouaient à ce moment-là. Chacun, chacune, en profitaient pour séduire, se montrer sous son meilleur jour.
Aujourd’hui, les occasions d’exposition et de rencontre sont nettement plus nombreuses. La séduction ne passe pas forcément par les mots. Avec les nouvelles générations on retrouve cet aspect-là, mais pas chez les femmes traditionnelles qu’on appelle souvent à la discrétion. La séduction est une sorte d’échange. À Mayotte, il y a toujours une médiation, pas de séduction immédiate. Une femme ne séduit pas ouvertement un homme. Elle va utiliser son salouva ou son masque de beauté. D’ailleurs la façon dont il est porté va plus marquer la sexualité. La femme joue sur cette séduction. Le masque mélangé aux fleurs a une connotation sexuelle.
MH : Qu’est-ce qui attire le plus les Mahorais ?
MC : La manière de porter le salouva, qui invoque un corps. Ce tissu que l’on considère souvent comme un vêtement traditionnel, plus en accord avec l’islam, ne l’est pas forcément tout le temps. Il peut être aussi un canal de séduction pour les femmes, surtout à l’occasion de manzaraka, de m’biwi. C’est tout un corps qu’on doit afficher : l’épanouissement d’un corps enveloppé dans un salouva, mais aussi la séduction. Le salouva ne joue pas dans le même registre qu’un pantalon moulant. Le salouva ne laisse pas voir un corps, mais laisse deviner ce qu’un corps peut faire. Par exemple, quand la femme va danser le m’biwi, en mettant en valeur une partie de son corps justement. Dans le mouvement de ce corps, le salouva va révéler une promesse. Celle d’une sexualité épanouie. Les hommes visent ça. Le salouva exige un corps pour le porter. Les femmes le savent très bien. Les hommes Mahorais ne vont pas rechercher de « taille fine » comme en Occident, mais un corps avec des rondeurs.
MH : Qu’en est-il de l’épanouissement sexuel après ce jeu de séduction ?
MC : Je ne me suis pas encore vraiment penché sur cette question, mais étant attentif, j’entends souvent des expressions que les femmes emploient et qui renvoient à des pratiques sexuelles appréciées. L’épanouissement sexuel n’est plus un tabou aujourd’hui à Mayotte. À l’époque il était réservé aux hommes. La femme devait satisfaire son homme. Aujourd’hui, il y a différentes pratiques sexuelles qui laissent entendre leur épanouissement, comme « la serpillère » (le cunnilingus, ndlr) par exemple. Et puis, il y a des femmes aussi qui recherchent des aventures extraconjugales. Récemment, un groupe de femmes m’a appris que la « tendance » actuelle est de fréquenter des hommes politiques pour partir à l’étranger et vivre des moments loin des regards indiscrets.
Femmes
S’embellir pour son mari, une tradition à Mayotte
La tradition mahoraise veut que les femmes s’embellissent pour elles, au quotidien, mais aussi et surtout pour leurs maris lors de moments intimes. Taambati Moussa, figure emblématique de la beauté naturelle et traditionnelle à Mayotte dévoile les secrets des rituels mahorais à effectuer pour séduire son conjoint. Msindzano, jasmin et bien d’autres sont au rendez-vous. L’heure est à l’exaltation.
Se laver de la tête aux pieds
Aussi évident que cela puisse paraître, « une bonne hygiène de vie » est primordiale indique Taambati Moussa, qui donne pour exemple l’utilisation du zoukouba. Ce soin souvent comparé à un pot-pourri n’est autre qu’un subtil mélange de jasmin porté la veille dans les cheveux et récupéré fané, puis séché, avec du mimosa, du patchouli et bien d’autres essences. La composition est ensuite pilée dans un mortier afin d’en extraire une poudre. Le zoukouba s’utilise également comme nettoyant intime. En effet, une cuillère à soupe de zoukouba mélangé à quelques gouttes d’eau sur une pierre de corail et du bois de santal forme une pâte lisse que les femmes appliquent sur tout le corps, spécifiquement sur les parties intimes pour les nettoyer. « Un point sur lequel les femmes doivent insister avant de se rincer « , explique Taambati Moussa. Eau chaude et hanga roulé – mélange de feuilles traditionnelles médicinales – sont également de rigueur pour la toilette intime. Cette étape est majeure « avant d’aller retrouver son mari », souligne l’experte. « Il faut ensuite se sécher avec une serviette exclusivement dédiée à cette partie du corps ».
Les cheveux, eux, se lavent avec des feuilles de roveni, – plante traditionnelle mahoraise – ou bien avec le jus des feuilles de kapokier. Pilées, puis filtrées, leur jus s’avère être un shampoing naturel. « C’est frais et lave bien les cheveux », s’exclame l’experte beauté traditionnelle qui indique la dernière étape : le rinçage avec du savon de Marseille. « À l’époque, nous n’avions pas encore de shampoing. C’est des pratiques qui se font encore aujourd’hui ».
Parfumer son corps et sa chambre conjugale
Pas de shampoings, de gels douches et de fragrances aux 1 000 parfums, la tradition mahoraise, elle, fait appel aux plantes et aux fleurs de l’île, et sélectionne les plus beaux effluves. Ainsi, jasmin, vétiver, patchouli et bien d’autres s’entremêlent au msindzano afin de constituer un gommage corporel naturel avant de procéder au rinçage. L’huile de coco parfumée avec du vétiver s’utilise quant à elle comme soin corporel. Une application quotidienne permet d’adoucir la peau et de déposer une odeur délicate sur le corps. Le zoukouba (voir encadré « Se laver de la tête au pied ») peut être aussi utilisé en guise de parfumeur naturel. Taambati Moussa préconise de le laisser poser dans un coin de la chambre conjugale.
Pour finir, après le rituel de la toilette intime, le ouvoumba – de petites boules d’encens chauffées traditionnellement au charbon – parfume non seulement les draps, mais aussi le salouva. On le pose notamment sous le salouva de la femme qui se laisse imprégner des ses effluves.
Orner son corps
Des bijoux, il en faut ! Discret, le hangué, une chaîne de taille, est « très conseillée par les parents aux jeunes filles », indique Taambati Moussa. Ornée de perles elle incarne la sensualité à la mahoraise. Portée sous la tenue, elle laisse le soin au mari de découvrir ce bijou qui souligne subtilement les formes de la femme.
Se farder et enjoliver son corps
Loin des fards colorés, irisés ou luisants, la femme mahoraise arbore souvent un maquillage naturel qui n’est autre que le msindzano. Ce masque traditionnel, issu du frottement du bois de santal contre la pierre de corail mélangé à quelques gouttes d’eau, constitue un élément essentiel dans son quotidien. Sa texture onctueuse et son odeur boisée permettent également une utilisation en tant que masque de beauté quotidien ou en protection solaire, mais pas uniquement. Mélangé au jasmin, il s’applique entièrement sur le corps en guise d’exfoliant. Quant aux dessins corporels au henné, ils demeurent un atout beauté « indispensable ». S’ils font souvent leur apparition à la saison des mariages, les mains, les avant-bras et les pieds peuvent également être mis en valeur quotidiennement.
Témoignage
L’idéal d’une jeune femme mahoraise
À 18 ans, Moina est dans la fleur de l’âge. Celui des premières histoires d’amour, surtout. De la rue jusqu’à la cour de son lycée à Chirongui, la jeune femme découvre la drague et ses petites spécificités locales. Au gré de ses premières expériences, elle affine ses préférences.
« Les Mahorais sont gentils et ils savent parler aux femmes, ils sont très forts pour ça ! Ils savent ce qu’il faut dire, ils savent séduire. Comme on dit, ils draguent n’importe quoi et n’importe où ! Chaque jour, les jeunes et surtout les plus vieux, des fois jusqu’à 50 ans, viennent te voir, te parlent d’argent, te disent « Je vais te donner ça », « Regarde comme j’ai une belle voiture ! » Mais souvent, les Mahorais ont un gros ventre, et ça je n’aime pas du tout. Il y en a des sportifs, mais ceux que je connais, ils ne font que manger. Surtout quand ils sont mariés ! Moi je préfère les garçons grands, costauds mais pas trop, et surtout métissés. J’ai l’impression que plus les générations s’enchaînent, plus les gens veulent autre chose. Les Mahorais aussi recherchent le métissage. Il y en a plein qui veulent des blanches, d’autres des Africaines, des Comoriennes, des Malgaches, etc. Moi aussi je suis métissée. Ma mère est Grande-comorienne et mon père est Mahorais et Malgache, donc j’aime le mélange. Je suis restée deux ans avec un Mahorais, il ne parlait presque jamais. Je préfère les garçons qui savent s’exprimer et qui cherchent à comprendre les choses. »
Trois questions à Myriam Cassim, Miss Prestige 2018
Les nouveaux préceptes de la séduction
Myriam Cassim, Miss Prestige Mayotte 2018 et première dauphine de Miss Excellence France 2019 (anciennement Miss Prestige National), traite des nouvelles formes de la séduction chez les jeunes femmes. Les temps ont changé, les méthodes aussi !
Mayotte Hebdo : Comment définir la séduction à la mahoraise ?
Myriam Cassim : C’est quelque chose d’assez subtil. Tout passe par le regard, le parfum, les couleurs de nos vêtements, les accessoires. On ne doit pas tout montrer, comme on aime nous le répéter. À Mayotte, on est assez pudiques. C’est les petits détails qui font toute la différence.
MH : Que font les jeunes femmes aujourd’hui pour se rendre plus séduisantes ? Le salouva est-il un élément de séduction ?
MC : Avec les réseaux sociaux, Youtube notamment, le monde du maquillage, etc., est devenu plus accessible. Une fille qui n’a aucune formation dans le domaine peut s’inspirer de tutoriels pour se maquiller comme une professionnelle. On reprend des codes d’ailleurs pour les adapter à Mayotte. Il peut également s’agir du style vestimentaire, comme le salouva. On s’habille de manière différente, on s’exprime même de manière différente. Chaque femme le porte différemment. Pour ma part, j’arrive à voir la personnalité d’une femme à sa manière de porter le salouva. Une femme avec son salouva, perchée sur ses hauts talons qui a une démarche affirmée, veut dire une chose plutôt qu’une autre. Ce n’est pas tant l’habit qui séduit mais la personne qui le porte. Le style du salouva, les couleurs, etc. Des femmes portent le salouva parfois pour cacher leur corps, d’autres pour se mettre en valeur et « matcher » avec leur maquillage, leur coiffure.
MH : Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui dans le processus de séduction ?
MC : On nous dit qu’il faut toujours cajoler l’homme. Je ne suis pas du tout d’accord. Je pense que nous sommes une génération qui s’affirme de plus en plus, qui peut vivre avec ou sans homme, ce qui n’était pas envisageable avant. La séduction se fait de manière plus directe. On peut dire à un homme qu’il nous plaît plus ouvertement, ce qui était très mal vu avant et encore aujourd’hui par certaines personnes. Aujourd’hui la femme est de plus en plus libre. Elle a le monopole sur son corps et ses envies. C’est ce qui fait la différence.
Hommes
Sensualité et performances
Si les femmes ont tendance à s’embellir pour leurs compagnons, ces derniers aussi vouent un culte à l’art de la séduction et ses astuces traditionnelles. Aiguiller son alimentation et choisir les bons aliments font partie des astuces masculines incontournables pour entretenir leur virilité. Mouhamadi, 32 ans reste à l’affût « d’astuces coquines », mais n’en a jamais essayé pour autant. Certains se reconnaissentils ci-dessous ?
Les cacahuètes, pour se revigorer
Si les arachides sont généralement dégustées lors de l’apéritif, Mohamadi souligne l’effet revigorant de ce « stimuli ». Pour un effet immédiat, « il faut manger beaucoup de cacahouètes », ajoute ce dernier. « Avant d’aller en action, mange des cacahuètes », lui a-t-on conseillé.
Le manioc cru et la chair de la noix de coco crue donnent la pêche
En voilà une astuce bien caractéristique de Mayotte. Consommer des tubercules de manioc réveillerait la libido chez les hommes. Une consommation quotidienne appréciée ici, explique Mohamadi. Il est également à noter que cet aliment fortement utilisé dans différents plats africains a la réputation d’être fortement aphrodisiaque. Le blogueur Brice Kemguem a souligné l’effet stimulant du manioc sur son blog*. Nous pouvons y lire : « Les femmes peuvent alors faciliter la libido de leur mari en y incorporant, du moins de manière hebdomadaire, du manioc dans leur repas ».
La chair blanche de coco crue, quant à elle, s’avère être une alliée de taille pour la gent masculine.
Méconnu dans la cuisine française, cet aliment se consomme facilement à Mayotte lors de « voulé » ou encore quotidiennement « pour le plaisir ».
Khat : interdit, mais aphrodisiaque
La plante du khat est couramment utilisée sur la grande île et dans la corne de l’Afrique, car réputée pour ses vertus stimulantes. Le principe est le suivant : « On la mâche, avale le liquide puis on recrache les feuilles », indique Mohamadi. À Mayotte, sa consommation serait en recrudescence, malgré son interdiction en France et les dangers qu’elle comporte sur la santé. À éviter, donc !
Témoignages
Des hommes attachés au charme traditionnel
Si aujourd’hui parfums, maquillage et autres astuces sont déployés pour l’embellissement de la femme, Mohamadi regrette que la modernité croissante à Mayotte fasse « oublier » les bases aux nouvelles générations qui manquent « d’hygiène ». « Aujourd’hui, les filles ne font aucun effort. Elles n’utilisent ni les nouvelles méthodes ni les anciennes. Quand tu passes à côté d’elles, elles sentent le « coumba » (la transpiration, NDLR) ». Mohamadi, souhaiterait que les femmes prennent davantage en considération les rituels traditionnels qui « mettent en valeur la femme mahoraise et la rendent séduisante ».
Même son de cloche pour Momo, 35 ans : « Les femmes aujourd’hui ne savent plus s’habiller : elles veulent du moderne alors que le salouva les rend vraiment jolies et attirantes », déplore le DJ attaché à sa culture locale. Là réside le charme de l’habit traditionnel : il souligne les courbes féminines sans les montrer, et « ça fait plaisir à voir ». Ce qui fait plaisir au Mahorais, aussi, ce sont les effluves du jasmin. « Pour moi, une fille qui en porte cherche à nous attirer. Cette odeur-là, on l’aime bien ! », lâche-t-il dans un large sourire.
La danse pour jouer de son corps
Si la tradition locale prodigue aux femmes nombre de secrets de séduction, il n’en va pas de même pour les hommes. Heureusement, à 35 ans, Momo, la drague, ça le connait. Pour charmer, « Danser ça marche très bien ! », avoue sans détour le DJ. « Un peu plus avec les Mahoraises qu’avec les mzunguettes ». Si les premières maîtrisient les danses traditionnelles et « chaudes » comme le M’godro, les secondes se tournent plutôt vers la kizomba, nouvellement en vogue et dont les cours se multiplient sur l’île. Mélange de zouk et de tango, cette danse de couple très sensuelle offre à l’homme l’avantage de pouvoir guider sa partenaire avec fermeté et fluidité.
Mais à quoi bon danser si la silhouette ne se dessine pas sous les vêtements en mouvements ? En boîte, « Il faut mouler le corps ! », insiste le Mahorais dans son pantalon slim et son t-shirt cintré. La technique semble payer : « C’est surtout quand je danse que je me fais draguer ! », sourit Momo, qui préfère souvent laisser les femmes faire le premier pas. « Et celles qui ne sortent pas en boîtes, je les invite en voulé ! »
Sextoys
Une vibrante histoire d’amour !
À Mayotte, les langues se délient autour des accessoires érotiques, et visiblement, les moeurs aussi. En matière de fétiches, l’île aux parfums ne fait pas dans la dentelle et affiche des penchants bien particuliers, pour les femmes… comme pour les hommes.
Vibromasseurs, boules de Geisha, ou encore oeufs vibrants : souvent, les sextoys sont exclusivement associés au plaisir féminin. À Mayotte, les hommes en sont aussi de grands consommateurs. Le site Plaisir de femme, l’un des leaders en la matière dans le 101ème département, affiche ainsi une parfaite équité entre acheteuses et acheteurs mahorais. À l’inverse, dans l’Hexagone où l’enseigne est également implantée, les femmes représentent près de 60 % de la clientèle. Au total, l’enseigne enregistre localement une moyenne de trois commandes par jour et jusqu’à cinq en période de Saint-Valentin.
Sur l’île aux parfums, exit les stimulants sexuels, très prisés en métropole qu’ils soient sous forme de gel ou de pilule. Figurent ainsi dans le top des ventes locales « les classiques godemichets, huiles de massage et, plus surprenant, beaucoup de produits pour hommes, particulièrement des cockrings (un anneau qui se place à la base du sexe pour prolonger l’érection et intensifier l’orgasme, ndlr) et des gaines pour grossir le pénis », s’étonne un représentant de Plaisir de femme.
Locaux et métropolitains : les préférences divergent
Si la taille du nkololo préoccupe effectivement les hommes, elles semblent compter tout autant pour les Mahoraises. Plusieurs vendeurs locaux soulèvent l’attrait des femmes natives de l’île pour les « très gros godemichets ». S’ils intéressent bien moins les métropolitaines, celles-ci demeurent toutefois amatrices de jouets érotiques, puisque originaires d’un territoire où ce marché est plus développé et peut-être moins tabou, relève un organisateur local de « réunions sextoys ».
Même constat du côté de la boutique de lingerie et d’accessoires érotiques Dessus Dessous, installée à Kawéni. « Les locaux s’orientent vers des produits plutôt classiques, comme des vibromasseurs réalistes », témoigne la gérante, Alexandrine Le Ray. « La clientèle mzungu, habituée à plus, recherche davantage d’originalité, comme des jouets à tête de lapin par exemple ou des anneaux phosphorescents ». Les mœurs évoluent donc.
Quelques années plus tôt, la clientèle de l’unique magasin local proposant des sextoys était essentiellement métropolitaine. « Aujourd’hui, j’ai de plus en plus de Mahorais », se réjouit Alexandrine Le Ray. Outre les très plébiscitées huiles de massage parfumées, les menottes et les jeux « actions ou vérités » à faire en couple, de plus en plus d’hommes natifs de Mayotte osent pousser la porte de Dessus Dessous pour venir se renseigner sur les nouveautés vibrantes découvertes sur Internet. Parmi elles notamment, les œufs masturbateurs pour ces messieurs, et ceux pour les femmes, actionnables à distance via une télécommande.
Depuis la mise en œuvre de réunions mensuelles de sécurité et de prévention de la délinquance dans chaque commune de l’île, début 2017, les maires prennent de plus en plus conscience qu’ils ont un rôle à jouer en la matière. La semaine dernière, la mairie de Chirongui a ainsi procédé à une opération coordonnée de contrôle des attroupements sauvages.
Les attroupements sauvages, ce sont « ces gens, pas forcément mineurs, qui se rassemblent sur un site public pour boire de l’alcool, fumer du bangué ou de la chimique et y créer des zones de non-droit« , explique le capitaine Chaharoumani Chamassi. « Les administrés ont peur d’y passer tout simplement parce que ces gens sont là« , déplore-t-il. Le policier, chargé de mission au cabinet du préfet pour la prévention de la délinquance, a pris l’initiative, avec le major Emmanuel Polpre de la brigade de Mzouazia et la maire de Chirongui, Hanima Ibrahima Jouawou, de mettre en place des opérations régulières et inopinées de contrôle dans le village, débutées le weekend dernier. Aussi, samedi 16 février, vers 16h, la gendarmerie a-t-elle effectué une première patrouille encadrée par onze gendarmes mobiles et départementaux. Partant de la mairie, les militaires ont sillonné, à pieds, le centre ville. Neuf véhicules étaient contrôlés ce samedi dans le village, pour un total de 27 personnes. « Des interventions de ce type auront lieu très régulièrement dans la commune de Chirongui pour la sécurité des citoyens« , assure la mairie de Chirongui dans un communiqué. Ce dispositif est le fruit d’une convention signée entre la ville et la gendarmerie de Mzouazia pour « articuler ces interventions visant la tranquillité publique« . Selon le capitaine Chamassi, ce partenariat démontre l’implication croissante des communes dans les efforts de sécurisation du territoire. « De nombreux maires ont pris conscience de leur rôle en matière de prévention de la délinquance. Auparavant, beaucoup considéraient que cela relevait d’une mission régalienne de l’État. Or, si c’est bien le cas pour les missions de lutte contre la délinquance, en matière de prévention, cela concerne aussi bien les maires que les citoyens lambda et les associations locales« , relève le policier.
Pas d’incident pendant les vacances
Les réunions mensuelles mises en place en janvier 2017, auxquelles participent le maire lui-même, le chef de la police municipale, les responsables d’établissements secondaires, et le représentant du cabinet du préfet en charge de la prévention de la délinquance, et la coordinatrice du CLSPD (Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance), permettent également de lancer d’autres types de dispositifs. Ainsi, dans l’intercommunalité du Sud, une opération visant à sécuriser les plages comme celle de Mtsanyounyi, à Bambo Est, où quelque 25.000 personnes se rassemblent entre le 28 décembre et le 2 janvier pour y célébrer la nouvelle année. En plus de missions de surveillance opérées par des policiers et d’un éclairage électrique, l’intercommunalité a fourni des agents de sécurité privée durant cette période sensible. Si Chirongui, Bandrélé, Bouéni, Sada, Dzaoudzi-Labattoir ou encore Tsingoni, font figure de bonnes élèves en termes de prévention, toutes les communes ont pris le pli, assure le capitaine Chamassi. Et d’ajouter que « nous sensibilisons les autres pour qu’elles communiquent plus, car ce qu’elles mettent en place n’est pas toujours visibles. C’est important pour rassurer la population« . Le résultat de cette politique commune ? « Il y a une espèce d’apaisement sur l’ensemble du territoire« , et il n’y a pas eu le moindre incident lors des dernières vacances scolaires de décembre.
Lancée en 2014 par la franco-comorienne Samirat Bacard à Moroni, Namujé est une société de transformation et de mise en boîte de thé traditionnel sise à Anjouan. L’entreprise rencontre un succès fulgurant à travers le monde, le gérant de Namujé France, Hamza Velo, se livre quant aux futurs marchés ciblés dont Mayotte fait partie.
Flash Infos : Namujé rencontre un franc succès aux Comores, en France, mais aussi à l’échelle internationale. Quel est l’objectif sur le long terme ?
Hamza Velo : Il y a effectivement de l’engouement autour de ce projet, et ce, depuis le début. Nous avons été très surpris d’ailleurs mais je pense que cela est favorisé par la présentation soignée de nos produits. Si Twabrane Damir, notre designer, n’avait pas fait autant d’efforts pour nous offrir un packaging aussi élégant, l’effet aurait sûrement été différent, surtout dans le reste du monde où les passionnés de thé sont plus nombreux. Mais aujourd’hui, nous voulons revenir aux fondamentaux, rendre à César ce qui appartient à César. Après avoir parcouru une partie du globe avec nos produits, nous voulons que notre thé soit aussi accessible aux habitants de l’archipel. Nous pensons qu’ils sauront l’apprécier davantage d’autant plus que son goût et ses bienfaits ne leurs sont pas méconnus. Ainsi, nous souhaitons améliorer notre productivité en nous équipant en machines et en renforçant notre réseau de distribution au niveau local. Ces deux facteurs sont très importants car notre activité pourrait avoir un réel impact dans la région.
FI : D’un point de vue économique, Namujé serait-elle un moyen de reconquérir la diaspora anjouanaise en l’incitant à venir travailler dans leur île et ainsi générer de l’emploi sur place ?
HV : En effet, en poursuivant son développement, Namujé aura notamment besoin de main-d’œuvre pour les futurs postes que nous souhaitons créer. Nous voulons recruter localement. Je pense que c’est un des seuls moyens que nous avons pour retenir les jeunes Anjouanais sur place : leur offrir un travail décent afin qu’ils se sentent utiles pour la société et qu’ils bénéficient de meilleurs conditions de rémunération et de travail pour qu’ils puissent prendre soin et profiter de leur famille. De manière plus générale, si ce genre d’initiatives se multipliaient, les impôts et les diverses taxes que nous reverserions à l’État en tant qu’entreprises pourraient être investies dans les secteurs de la santé et de l’éducation, par exemple. Choses qui pourraient freiner le flux migratoire et la dangereuse traversée entre les îles de l’Union des Comores et Mayotte.
FI : Qu’en est-il de la coopération régionale ?
HV : Prochainement, Namujé lancera une nouvelle gamme de produits. Et puisque la première fut découverte en Grande Comore, la nouvelle pourrait quant à elle, être disponible en avant première à Mayotte. C’est une idée à laquelle nous réfléchissons. Quant à la coopération régionale, elle devrait être plus effective en favorisant les échanges et en soutenant les jeunes porteurs de projets, notamment ceux de la diaspora. Il faut leur donner les moyens d’investir aux Comores car pour beaucoup c’est ce qui leur manque.
Ils ont tous essayé de prendre l’avion avec de faux papiers d’identité. Mercredi matin étaient jugées – en leur absence – huit personnes d’origine comorienne qui ont « tenté leur chance » à l’aéroport de Pamandzi. Les similitudes dans les dossiers dressent une histoire tristement ordinaire de faux papiers et de vraies espérances.
Dans la salle d’audience mercredi matin, une trentaine de lycéens de Mamoudzou Nord rient discrètement à chaque énonciation des faits par le juge Rodriguez. Ce dernier égrène les comptes-rendus des auditions de huit personnes d’origine comorienne, poursuivies pour avoir tenté de quitter le territoire par avion en utilisant de fausses identités. Il est vrai que les déclarations des prévenus pourraient paraître cocasses, si elles ne relataient pas en creux une triste réalité.
À la question des forces de l’ordre : « Oùavez-vous trouvé cette pièce d’identité?« , les réponses des sondés laissent perplexe : « Je l’ai trouvée à Mamoudzou, devant l’agence d’Air Madagascar« , « sur le trottoir à Combani« , « par terre vers la mosquée« , « sur la plage de Tsararano, à côté d’un arbre » ou encore « sur la zone des taxis à Mamoudzou« . Des déclarations qui ne convainquent pas la procureure, qui suggère, ironique, que « les pièces d’identité poussent sur les arbres » à Mayotte. Seule une inculpée reconnaît dans ses déclarations avoir acheté une pièce d’identité pour un montant de 300 euros à un Anjouanais « assez âgé » l’ayant abordée un jour au marché de Mamoudzou. « Comme je trouvais que la femme sur la pièce d’identité me ressemblait, je me suis dit que ça valait le coup [d’essayer]« . D’autres au contraire tentent sans trop y croire, en dépit du peu de similitudes physiques avec la photo du document d’identité, comme cet homme : « Je sais que je ne lui ressemble pas mais j’ai quand même essayé« . Résigné, ce Comorien a même ajouté, lors de son audition : « Je suis prêt à ce que vous me renvoyiez aux Comores car ici, il n’y a pas d’issue pour moi« .
Toujours la même histoire
Ainsi, le reste des récits ne prête plus du tout à rire. Ces « faits malheureusement quotidiens et spécifiques à Mayotte » sont narrés par le président d’audience en l’absence des prévenus – la plupart ayant déjà été expulsés du 101ème département français. Ils disent tous la même histoire : celle de Comoriens débarqués illégalement par kwassa sur l’île Hippocampe puis arrêtés par la police aux frontières à l’aéroport de Mayotte, souvent en raison de différences d’ordre physique entre la photo du document d’identité et l’apparence du candidat à l’embarquement d’un vol à destination de La Réunion ou de Paris. Tous reconnaissent les faits. « Je savais que c’était interdit mais j’ai voulu tenter ma chance (…) dans l’espoir d’une vie meilleure« , expliquent-ils. Certains parlent de problèmes de santé nécessitant de quitter Mayotte, d’autres de leur quotidien de femme de ménage gagnant 400 euros par mois et ayant tout misé sur l’achat d’une fausse pièce d’identité. La plupart avouent ne même pas avoir cherché à régulariser leur situation administrative. Mais les similitudes des différents témoignages – presque des éléments de langage – interpellent le juge Rodriguez : « Vous relèverez que les termes sont quasiment identiques« , souligne-t-il.
Tous ont été accusés « d’escroquerie » ou de « tentative d’escroquerie » sauf un prévenu pour qui la qualification retenue a été « utilisation du document d’un tiers pour entrer, circuler ou se maintenir sur le territoire français« . Si les faits reprochés sont similaires dans l’ensemble de ces dossiers, la différence de qualification dans ce dernier cas s’explique en raison d’évolutions du cadre législatif en septembre 2018. Désormais, « on va aller sur cette nouvelle qualification« , précise à Flash Infos la procureure présente mercredi à l’audience. Autre précision législative, expliquée par le président de séance, très pédagogue ce mercredi matin en la présence des lycéens : la simple existence de preuves d’une « manœuvre frauduleuse » permet de constituer l’escroquerie. En d’autres termes, « avoir trompé Air Austral est en soi un préjudice« , estime le juge Rodriguez, se référant à la jurisprudence.
La procureure a requis à l’encontre de chacun des prévenus quatre mois d’emprisonnement avec sursis ainsi que deux ans d’interdiction du territoire national. Le tribunal a condamné chacun à deux mois d’emprisonnement avec sursis.
Un avocat exerce sa clause de conscience
À la barre ce mercredi matin pour plusieurs faits de vol notamment avec violence, Tafikine S. s’est finalement retrouvé sans avocat. Sa défense, Maître Rahmani, a indiqué à la cour ne plus souhaiter être en charge du dossier, le prévenu étant également impliqué dans l’agression d’une de ses consœurs. En effet, il y a deux mois environ, une avocate du barreau de Mayotte a été violemment agressée et dépouillée par plusieurs individus. Faisant jouer sa clause de conscience, Maître Rahmani s’est donc dessaisi du dossier. Comparaissant mercredi pour « tentative de vol« , « vol aggravé par trois circonstances« , « vol avec violence » et « violence avec usage ou menace d’une arme« , Tafikine S. a demandé à être assisté dans sa défense. Ce sera donc à la bâtonnière, Maître Ousséni, de désigner un autre avocat.
Lundi soir, les habitants de Mayotte ont « tous entendu » le bruit d’une forte explosion, selon la préfecture. D’après plusieurs témoignages, « une boule de feu » aurait été aperçue dans le ciel avant de venir s’écraser à quelques kilomètres des côtes mahoraises. Contactée par Flash Infos, la préfecture a confirmé cette hypothèse.
Après les séismes, des météorites à Mayotte ! Cette « boule de feu » observée par certains, suivie d’une forte explosion – comme une déflagration – a été entendue « par tous », lundi soir vers 21h30. Il s’agit d’un phénomène « naturel » que les autorités de l’île aux parfums prennent toutefois très au sérieux. Dans la soirée de lundi, le préfet de Mayotte, Dominique Sorain, a admis sur Twitter que « à ce stade, aucune explication (n’avait) pu être fournie« . Pour autant, beaucoup d’habitants ont directement affirmé, sur les réseaux sociaux, avoir vu une météorite.
« La boule de feu est passée à côté de nous. Elle éclairait tout sur son passage. Elle est partie vers le large et puis elle a explosé. Nous sommes dehors, nous avons allumé la radio mais nous n’entendons rien« , témoignait un riverain de Mayotte lundi soir. « Il y a une météorite qui est tombée sur Mayotte je crois« , affirmait un autre. « Tout Mayotte vient d’entendre et ressentir une énorme explosion, sans explication, certains auraient vu une météorite s’écraser … impatient de savoir ! Ça commence à être vraiment étrange, ces phénomènes« , racontait un troisième.
Contacté par Flash Infos mardi en fin d’après-midi, le directeur de cabinet du préfet de Mayotte, Étienne Guillet, a confirmé cette hypothèse : « Nous avons fait un certain nombre de démarches auprès des services spécialisés, au niveau de la surveillance aérienne et maritime, afin de vérifier les vols aériens ou tout autre chose qui aurait pu expliquer cette explosion et cette boule de feu. Force est de constater qu’à l’occasion d’un phénomène naturel, une météorite est tombée dans l’océan Indien à quelques kilomètres des terres mahoraises« .
« À quelques milliers de mètres de profondeur«
Pour le moment, la préfecture s’efforce donc de définir avec plus de précision le point d’impact de cette météorite par le biais d’autres structures scientifiques comme les observatoires astronomiques de la zone. « C’est un peu compliqué de savoir exactement quelle est sa position, c’est donc tout l’intérêt de ce que nous sommes en train de mettre en place. Il se peut que l’impact soit suffisamment loin et la zone suffisamment vaste pour ne pas pouvoir avoir d’identification sur le point d’impact. Pour l’instant, je n’ai pas d’éléments pour orienter les recherches sur la zone potentiellement impactée« , regrette Étienne Guillet.
Joint par téléphone, le Centre national d’études spatiales (CNES) ainsi que l’Observatoire de Paris – plus grand pôle national de recherche en astronomie – ont préféré pour le moment réserver leurs commentaires, expliquant qu’ils étaient en train de prendre connaissance du phénomène. « Si nous avions des éléments concrets, évidemment, les services de l’État feraient le nécessaire pour retrouver cette météorite mais cela dépendrait également de la profondeur à laquelle elle se trouve. L’impact est en extérieur du lagon donc la profondeur potentielle doit se situer à quelques milliers de mètres de profondeur« , a annoncé le directeur de cabinet du préfet de Mayotte. De son côté, Dominique Sorain a tenu à remercier la population pour avoir su « garder son sang-froid » en n’encombrant pas les services de secours durant ce phénomène exceptionnel. La préfecture a affirmé que des précisions seront communiquées dans les prochains jours.
Qu’est-ce qu’une météorite ?
Quand il rentre dans l’atmosphère terrestre à des dizaines de milliers de kilomètres-heure, le météoroïde génère une spectaculaire trace lumineuse : le météore. Une fois sa course achevée sur le sol de notre planète, à environ 300 km/h, le météoroïde prend le nom de météorite. Chaque année, il tombe 50 tonnes de météorites pesant de 100 grammes à 100 kilos, et plus de 5.000 tonnes de micrométéorites, même si la plupart des météorites perdent plus de 90 % de leur masse pendant leur traversée de l’atmosphère. En France, 77 météorites ont été collectées depuis 1492, date de la chute de la météorite d’Ensisheim, la plus ancienne d’Europe.
La fin de semaine dernière a été agitée en mer. Cinq kwassas ont été interceptés en trois jours par la police aux frontières. L’intégralité des passagers, à une ou deux exceptions près, ont déjà été renvoyés vers leur pays d’origine. Une rumeur qui évoquait la présence d’un Syrien et d’Africains des Grands Lacs a été officiellement démentie.
La nouvelle est tombée ce lundi matin : cinq bateaux de fortune ont été interceptés ces trois derniers jours. Parmi ceux-ci, deux kwassas avec une trentaine de passagers en tout à leur bord interceptés vendredi en Petite-Terre ; une autre embarcation samedi vers Longoni transportant également une trentaine de personnes et une autre avec ses onze passagers ce même jour en Petite-Terre. Dimanche, enfin, treize étrangers ont été interpellés sur un bateau à l’ouest de Mayotte.
La rumeur de la présence d’un Syrien et d’Africains des Grands Lacs à bord des kwassas prend alors rapidement de l’ampleur. Une idée rapidement balayée par Julien Kerdoncuf, le sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine.« Tous les passagers étaient Comoriens », affirme-t-il. Cependant, selon nos informations, un Syrien aurait été aperçu en compagnie de deux autres compatriotes installés sur le territoire, à proximité de Solidarité Mayotte, une association qui accompagne les demandeurs d’asile (avant que leurs profils ne soient étudiés par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides). Toutefois, le secrétariat de la structure assure que cette personne ne s’est pas présentée jusqu’à présent.
Silence radio à la PAF
Sollicitée, la direction de la police aux frontières n’a pas pu se rendre disponible pour confirmer ou infirmer la présence de ces étrangers sur le territoire.
Un autre imbroglio vient s’ajouter à cette confusion. Une source de la police nationale dévoile avoir reçu l’ordre de remettre en liberté les personnes interpellées dimanche soir et de ne pas les envoyer au centre de rétention administrative, comme la procédure le prévoit normalement. Étrange, sachant que les Comoriens, ressortissants « d’un pays dit sûr« , voient leur procédure subir un traitement accéléré, « dans les cinq jours », rappelle le sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine. « Les personnes non éligibles à la protection internationale ont vocation à être éloignées vers leur pays d’origine », explique encore le sous-préfet. De ce fait, 99 % des passagers interpellés la semaine dernière, à une ou deux exceptions près, ont déjà été renvoyés, soit environ une centaine de personnes. « Ceux qui obtiennent une protection disposent d’un droit de circulation et rejoignent quasi systématiquement la métropole », conclut Julien Kerdoncuf. Un cas qui ne s’est « visiblement » pas présenté cette fois-ci.
Douze nouveaux trophées ont été décernés à l’occasion des 10 ans du Sportif de l’année, samedi soir. Réunis à la MJC de M’gombani, plus de 300 personnes ont assisté à la cérémonie, qui a notamment consacré le handballeur tsingonien Anli-Oireou Madi et la footballeuse de Bandrélé Bibi Sarah Boura.
Comme chaque année, le mystère est resté entier quant aux noms des lauréats : jusqu’à cette traditionnelle soirée de remise des trophées, samedi au cœur de la capitale.
À défaut de disposer d’une véritable salle de spectacle, la Société Mahoraise de Presse (Somapresse), organisatrice de l’événement avait fixé le lieu de rendez-vous à la MJC de M’gombani et sa capacité d’accueil de 300 places assises. 300 places peu à peu comblées par les sportifs, sportives, dirigeants, entraineurs, arbitres nommés, mais aussi par les partenaires institutionnels, partenaires privés de l’organisation et les nombreux invités.
Au fil de la soirée, ces partenaires ont levé le voile sur l’identité des lauréats dans les différentes catégories. Et à l’issue de la cérémonie, l’élection du Sportif de l’année 2018 a finalement sacré le handballeur et capitaine de l’ASC Tsingoni Anli-Oireou Madi.
« C’est un grand soulagement ! L’année dernière j’ai été nommé : j’imagine que mon C.V n’était pas suffisant alors j’ai dû déployer davantage d’efforts pour en arriver là cette année et j’en suis très fier », a-t-il réagi au micro de Youmna et Aurélien février, les animateurs de la soirée. L’autre catégorie phare a récompensé la jeune joueuse du Bandrélé Foot, Bibi Sarah Boura qui, submergé d’émotions n’a pu trouver les mots pour exprimer sa joie.
« C’était déjà une fierté pour nous qu’elle soit nommée : je n’en avais pas dormi en l’apprenant le premier soir… Je remercie tous ceux qui ont voté pour elle », s’est exprimée la grande sœur de l’attaquante.
« Un événement incontournable »
Habitués à récolter les trophées dans cette élection, le Basket Club de M’tsapéré a ramené deux nouveaux trophées chez lui : ceux de l’équipe masculine et de l’entraineur de l’année, attribué à Dhinouraïni El-Kader Ben, dit Mingo. Le trophée de la meilleure équipe féminine, lui, a été décerné aux handballeuses du Puedza Club de Bouéni.
Mariama Christin, pour ses différentes fonctions et actions à la Ligue mahoraise de football a été élue Dirigeante de l’année. Dhoimrati Salim Abdallah représentant le rugby et Ahmed Assane représentant le football ont été élus respectivement meilleure arbitre féminine et meilleur arbitre masculin de l’année 2018. Les trophées de Mahopolitaine et Mahopolitain sont revenus à la basketteuse Fayzat Djoumoi et au rugbyman Anzize Saïd Omar.
Le Centre Multisports de M’roalé est reparti avec le premier trophée de la catégorie Handisport. Un douzième trophée, le prix spécial du jury est revenu à Darouèche Dini, ex-joueur et dirigeant de tennis mahorais. Un trophée qui lui a été remis par le directeur de la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale État, Patrick Bonfils, membre du jury.
« Le prix spécial du jury, c’est avant tout la récompense d’un travail de longue haleine pour une personnalité du monde sportif. Le sport c’est la vie. Beaucoup de jeunes se lancent dans le sport pour pouvoir sortir, se socialiser, s’amuser, mais aussi pour être au haut niveau (…) Il y en a qui brillent sous les feux des projecteurs, mais derrière, il y a des petites mains qui font tout le travail : des trésoriers, des secrétaires, des présidents qui ne sont pas toujours mis à l’honneur… L’État est là pour les accompagner. »
Pour Madi Vita, président du Comité régional olympique et sportif, et également membre du jury, l’élection du Sportif de l’année doit subsister. « Le Cros apporte son soutien à l’élection depuis la première édition, et au fil des années, ce soutien est plus grand. C’est un événement incontournable pour le mouvement sportif mahorais, pour nos sportifs : on espère que ça va continuer. »
Toutes les réactions, tous les résultats et d’autres photos de la cérémonie à retrouver dans le prochain Mayotte Hebdo.
L’association Handicapable a officiellement lancé sa deuxième édition du Tour de Mayotte en fauteuil roulant, mercredi, à M’tzamboro. À un mois du départ, la structure espère mobiliser plus fortement la population et réunir de nouveaux partenaires autour de l’événement.
Médias, partenaires, sympathisants… Une trentaine de personnes ont assisté à la conférence de presse de l’association Handicapable de Mayotte (HDM), au restaurant Saveurs des îles à M’tzamboro, mercredi. Une conférence de lancement à un mois du top départ du Tour de Mayotte (TMF) en fauteuil roulant – programmé du 16 au 31 mars 2019.
Il s’agissait pour Ambdirazakou Ousséni Coco, dit Docteur Léo, Djadir Foundi et les membres de l’association de présenter l’événement et ses différents partenaires. Le samedi 16 mars aux aurores, le cortège des « Handicapables » partira du village de Hamjago pour seize jours et quatorze étapes sur les routes de Mayotte, à la rencontre des Mahorais. Ils doivent boucler la boucle dans l’après-midi du 31 mars.
Le principe est le même qu’en 2017 : les personnes en situation de handicap prévoient de traverser, aux côtés des valides, les villages de chaque commune, en fauteuil roulant et à pied, afin de sensibiliser les passants et les habitants. « Nous voulons leur dire que les personnes en situation de handicap ne méritent pas d’être abandonnées, qu’elles peuvent s’adapter aux situations et s’intégrer dans la société si on leur en donne les moyens« , indique Docteur Léo.
Déjà de nombreux soutiens
Pour ce projet, Handicapable a d’ores et déjà reçu le soutien de le Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). « Une telle action nécessite l’attention de toutes les institutions et il va de soi que la MDPH en soit l’un des partenaires principaux« , estime Fanja Youssouf Thany, responsable administrative et financière de la structure.
« Pour cette seconde édition, l’implication de la MDPH sera beaucoup plus conséquente avec une contribution financière, mais également une mise à disposition de son personnel, un appui matériel, un soutien logistique…« , précise-t-elle. Outre la maison mère des personnes en situation de handicap à Mayotte, l’association HDM sait qu’elle peut également compter sur de nombreux soutiens de première importance, « à l’instar du Centre communal d’actions sociales de Koungou ici représenté, les CCAS de Mayotte sont sensibles à notre Tour, et même très actives pour certaines qui préparent minutieusement notre passage au sein de leur commune« , affirme Djadir Foundi.
« Nous avons évidemment le soutien de plusieurs municipalités, parmi lesquelles celle de M’tzamboro ici représentée. Nous avons le soutien d’autres institutions essentielles à la réussite de notre projet tels que le conseil départemental, l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) ou le vice-rectorat, et des partenaires moins visibles avant et pendant le tour, mais tout aussi importants : je pense à Ambulance du Nord, Sud Ambulance, Transports du Nord… et d’autres« , ajoute le président de l’association.
Une faible prise de conscience des élus
Pour Docteur Léo, le Tour de Mayotte en fauteuil doit avoir un impact direct sur la société. « Nous souhaitons l’accessibilité, nous souhaitons l’insertion sociale, nous souhaitons l’insertion professionnelle… Certes, les personnes handicapées peuvent s’adapter comme le dit notre slogan, mais qu’est-ce qui est fait par nos décideurs pour que les personnes handicapées puissent ensuite s’adapter ?« , s’interroge le président d’honneur de HDM.
« Avec certains membres de l’association Handicapable de Mayotte, nous avons participé au Run Handi Tour, en mai dernier à la Réunion. Là-bas, les élus ont capté le message« , ajoute-t-il. « Dans la foulée du Tour, il y a eu du travail pour des personnes en situation de handicap, mais aussi des projets concrets sur l’amélioration de l’accessibilité. À Mayotte, deux années sont passées depuis le premier tour et, d’une manière générale, je regrette le manque de prise de conscience de nos élus. Pas grand-chose n’a bougé.«
À Fardati Djamali, en charge de l’organisation du TMF 2017 et du Tour 2019, de nuancer : « Il y a quand même eu dans certains villages des travaux en réaction à notre passage dans les villages concernés, il y a deux ans. Je peux citer quelques exemples (…) Mais il est vrai que ça a été de petits travaux, que c’est bien loin de nos espérances.«
Si l’association Handicapable de Mayotte bénéficie d’un certain nombre de soutiens, ses membres estiment devoir encore rassembler la somme de 100.000 euros – dont 22.000 pour l’achat et le transfert des fauteuils adaptés – d’ici le coup d’envoi du TMF, pour boucler le budget de cette édition.
« Nous ferons le Tour avec ou sans cet argent car nous sommes les Handicapables. Toutefois, nous devons donner toutes les chances au projet pour qu’il soit une réussite totale, dans la forme comme dans le fond. C’est pour cela que toutes les aides seront bienvenues« , conclut Djadir Foundi.
Généralement à huis clos, une affaire d’atteinte sexuelle sur mineure devait être jugée en public mercredi à la demande de la jeune victime présumée afin que « tout le monde sache ce qu’il lui a été fait ». Mais devant la gravité des faits relatés par l’adolescente, l’affaire a été renvoyée aux assises.
Au juge Ballu qui s’étonne ce mercredi matin de ce que le huis-clos n’ait pas été requis, l’avocate de la jeune fille explique : « Elle souhaite que tout le monde sache ce qui lui a été fait et que ce qui lui a été fait n’est pas normal« . À la barre, un quadragénaire, électricien de profession, qui comparaît à l’origine pour « atteinte sexuelle » sur cette mineure de moins de quinze ans « sans violence, contrainte, menace, ni surprise« .
Avec douceur, le juge demande à l’adolescente, qui a désormais 15 ans, de lui raconter sa version des faits. « Macousine m’a présenté [le prévenu]. Je lui ai demandé de l’eau, (…) il m’a emmenée chez lui, m’a emportée dans son lit et a couché avec moi. Je n’étais pas d’accord. » Le micro réverbère une voix tremblante, celle d’une jeune femme qui s’exprime avec émotion. De fait, avant que la victime présumée ne prenne la parole, le président d’audience venait de rapporter des détails particulièrement crus, issus d’une précédente audition au cours de laquelle la jeune femme avait expliqué avoir également été violée par un homme qu’on surnomme « Africa ». « J’ai essayé de m’enfuir (…) Il a mis son sexe dans ma bouche (…)« , retransmet le juge Ballu, relatant également une pénétration vaginale avec éjaculation. « Je n’avais jamais eu de rapport sexuel (…) J’ai pleuré« , cite-t-il toujours. L’homme lui aurait ensuite donné cinq euros pour qu’elle se taise mais elle aurait refusé.
« Pas 15.000 euros, 18.000 ! »
En désignant celui qui comparaît ce mercredi, la jeune femme explique qu’il aurait « demandé pourquoi je n’étais pas vierge (…) Je lui ai dit que j’avais été violée par +Africa+« . Se défendant seul à la barre, l’électricien donne sa version de l’histoire, reconnaissant avoir eu des relations sexuelles avec cette adolescence de 13 ans à l’époque des faits : « J’ai eu une relation sexuelle avec une personne consentante. Je ne l’ai pas forcée« . À la question du juge qui se demande comment un homme de 40 ans peut séduire une jeune fille de 13 ans, le prévenu répond : « C’est elle qui est venue chez moi. On a discuté. Elle s’est déshabillée elle-même (…) Au début, elle m’avait dit qu’elle avait 17 ans et demi« , justifie-t-il. Dans l’expertise psychiatrique à disposition du tribunal ce matin, « incomplète« , selon le juge, rien qui ne permette de se prononcer sur le discernement de cet homme. En outre, « le rôle de la famille est ambigu« , soulève le magistrat. En effet, celle-ci aurait proposé une transaction financière à l’électricien, de l’ordre de 15.000 euros, relate le juge avant d’être coupé par le prévenu : « Non, pas 15.000 euros, 18.000 !« , corrige-t-il.
« On est vraiment dans ce que Mayotte a de plus contestable aujourd’hui« , déplore le président d’audience, semblant reconnaître dans cette affaire les symptômes de pratiques amorales et illégales qui perdurent.
« La façon dont ma cliente raconte, ça me gêne« , intervient l’avocate de la partie civile, demandant au tribunal à ce que les faits soient requalifiés en viol et à ce que l’affaire soit en conséquence jugée devant la cour d’assises. « À aucun moment le consentement de cette jeune femme » n’est établi, abonde la procureure, soulignant la constance du témoignage de l’adolescente. Le tribunal a également considéré que les faits qui lui avaient été présentés ce matin étaient susceptibles « d’entraîner une peine criminelle« . L’affaire devrait donc être jugée devant les assises en juillet prochain.
Dans le cadre de l’essaim de séismes qui frappe actuellement Mayotte, deux nouveaux épicentres seraient apparus pour la première fois à 10 kilomètres des côtes mahoraises, indiquaient la semaine dernière plusieurs sites internationaux. Une information démentie par le Bureau de recherches géologiques et minières.
Mouvement de panique. Le 9 février dernier, plusieurs sites internationaux annoncent une secousse de magnitude 4,7 ressentie par la population de Mayotte. Rien d’inhabituel, jusqu’à ce que le centre sismologique euro-méditerranéen (CSEM) ne situe son épicentre à hauteur de la Passe en S, à seulement 10 km de Mamoudzou et 9 de Bandrélé. Cinq jours plus tôt, un autre séisme de magnitude 4,2 était enregistré dans la même zone, alors que les phénomènes habituels se forment quasiment tous entre 30 et 40 kilomètres du chef-lieu, contre 50 lors de l’apparition de l’essaim.
Mais finalement, pas de quoi s’inquiéter. Contacté par la rédaction, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) coupe court aux théories les plus fantasques apparues sur les réseaux sociaux : il s’agit là d’un calcul imprécis. « Cette localisation a été donnée par divers bureaux de recherche dont les sismographes sont situés loin de Mayotte et ne sont donc pas assez précis« , commente Frédéric Tronel, directeur régional du BRGM.
Les capteurs déployés à Mayotte ont effectivement enregistré ces deux secousses, les 4 et 9 février, mais ils situent en revanche leur épicentre entre une trentaine et une quarantaine de kilomètres de Mamoudzou, comme beaucoup d’autres. Sur le mois de janvier, le BRGM a recensé en moyenne cinq séismes par jour, dont une minorité entre 50 et 80 km du chef-lieu. Le phénomène le plus proche s’est formé à 33 kilomètres le 18 janvier.
Des alertes à relativiser
Le centre sismologique euro-méditerranéen figure parmi les premiers sites d’information en la matière. Le CSEM est capable de publier des rapports sur une grande majorité de secousses seulement quelques minutes après qu’elles ne soient survenues grâce au « flash sourcing« . Cette technique consiste à recouper les adresses IP de tous les témoignages recueillis en ligne pour situer dans un premier temps le phénomène, avant de le préciser grâce aux outils de mesure.
Concernant le séisme du 4 février dont l’épicentre était supposément situé vers la Passe en S, un membre du CSEM tempérait sur Facebook : « Ce séisme est à la limite en magnitude de ce qui peut être correctement localisé avec les instruments disponibles, sa localisation peut être imprécise de l’ordre d’une vingtaine de kilomètres » et de rappeler que l’antenne locale du BRGM située à Mayotte dispose d’un « plus grand nombre de données« .
À Mayotte, c’est effectivement cette structure qui est en capacité de situer le plus précisément possible les épicentres des séismes qui frappent l’île depuis le 10 mai. Le Bureau de recherches géologiques et minières prévoit d’ailleurs dans le courant du mois de février le déploiement des premiers sismomètres marins de l’île, entre 2.500 et 3.000 mètres de profondeur. Trois autres appareils terrestres seront installés au Nord, au Sud et en Petite-Terre. Actuellement, Mayotte est équipée de quatre capteurs, qui ont déjà permis d’enregistrer 1.549 secousses depuis l’émergence de l’essaim de séismes – 26 d’entre elles atteignaient une magnitude supérieure à 5.
Des habitants inquiets interpellent les institutions
« Votre population vit dans l’inquiétude, l’incompréhension voire l’angoisse« , signalaient vendredi dernier plusieurs dizaines de Mahorais dans un courrier électronique adressé au préfet de l’île, au président du conseil départemental, au directeur du BRGM, aux maires, à l’Assemblée nationale et au Sénat. En cause : la communication autour des consignes de sécurité en cas de séisme, qu’ils estiment insuffisantes. Ainsi, beaucoup s’interrogent sur la sécurité : « Comment est-il prévu d’alerter les populations [en cas de danger] ? », « Que prévoit le plan d’évacuation en cas de séisme majeur ?« , « Où en est-on [de] la venue d’experts en catastrophes naturelles ?« , s’interrogent les auteurs de la missive dont la rédaction s’est faite via le groupe Facebook « Signalement tremblement de terre Mayotte ! ». Des explications d’ordre technique y sont également demandées, notamment à propos des différences dans les données transmises par la préfecture, le BRGM ainsi que les sites et applications dédiées. D’autres points tels que les risques de glissement de terrain et l’éventualité de phénomènes sismiques à des magnitudes plus élevées inquiètent encore les signataires. À notre connaissance, aucune réponse n’avait, mercredi soir, été donnée par les institutions sollicitées. Seule la direction nationale du BRGM a indiqué donner suite « dès que possible« . Pour rappel, plusieurs consignes générales de sécurité sont déjà disponibles sur les sites de la préfecture, du BRGM et sur planseisme.fr.
Le ministère de l’Éducation nationale et l’Académie des arts et techniques du cinéma ont décidé de s’associer pour lancer ensemble le premier César des lycéens. Parmi les classes sélectionnées pour faire partie du jury, une classe mahoraise, seule représentante de l’Outre-mer dans ce projet d’envergure nationale.
Ils sont « particulièrement fiers de représenter leur lycée et Mayotte ! » C’est dans l’amphi bondé du lycée de Mamoudzou Nord que s’est déroulée vendredi, dans une ambiance survoltée, la cérémonie d’ouverture de la première édition des César des lycéens à Mayotte, dirigée d’une main de maître par Layane et Mounissa, élèves en Terminale L, spécialité « cinéma et audiovisuel », au lycée de Mamoudzou Nord.
Élaboré sur le même principe que le Goncourt des lycéens dans le domaine littéraire, ce nouveau prix sera remis le 13 mars prochain à la Sorbonne, un peu en marge de la cérémonie officielle. Au total, 55 classes de Terminale ont été sélectionnées pour participer au jury sur l’ensemble du territoire national.
D’après Didier Cauret, le directeur du cabinet du vice-recteur à Mayotte, ce type d’événement va permettre aux élèves mahorais de « s’inscrire dans un événement culturel majeur, sans compter le fait que (les lycéens) pourront exprimer et vivre pleinement leur passion pour le cinéma tout en développant un certain esprit critique ». Cerise sur le gâteau, les jeunes auront la possibilité de pouvoir rencontrer des professionnels du cinéma tels que des « producteurs, monteurs, régisseurs ou acteurs ».
« Bluffés » par le film d’Alex Lutz
Parmi les sept films en lice pour obtenir le César 2019 des lycéens cette année :
– Les Frères Sisters, Jacques Audiard
– Jusqu’à la Garde, Xavier Legrand
– En Liberté ! Pierre Salvadori
– La Douleur, Emmanuel Finkiel
– Le Grand Bain, Gilles Lellouche
– Guy, Alex Lutz
– Pupille, Jeanne Herry
Tous ces longs-métrages devront être visionnés par les jurés, qui ont d’ailleurs déjà commencé à organiser les projections. Ils ont notamment été bluffés par la performance d’Alex Lutz dans Guy. « Le maquillage et le jeu de l’acteur m’ont vraiment impressionné« , raconte Taourine. Vendredi après-midi, après la cérémonie d’ouverture, c’était au tour de Pupille, de Jeanne Herry, d’être projeté dans l’amphithéâtre du lycée. Les votes seront clos vendredi 22 février à 16h et rendus publics le 25 février. Jusque-là, patience donc, et rendez-vous d’ici la fin du mois.
Suite à la mission menée en octobre dernier en Union des Comores par une délégation de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, un compte rendu a été fait aux députés membres de ladite commission au mois de décembre. Un rapport sans concession sur l’état du pays et sur la politique qui y est menée. Morceaux choisis.
Au mois de janvier 2017, la Commission des Affaires étrangères examinait une convention d’entraide judiciaire en matière pénale entre la France et l’Union des Comores. « Beaucoup d’entre nous avait exprimé à cette occasion leurs inquiétudes à propos de Mayotte et la pression migratoire qui s’exerce sur l’île et ses différents services publics. Le rôle de notre aide publique au développement avait également fait l’objet de nombreuses interrogations », rappelle Marielle de Sarnez, présidente de ladite commission. En conséquence, une délégation de celle-ci, menée par les députées Laëtitia Saint-Paul, Monica Michel, Annie Chapelier, et Bérangère Poletti, s’est rendue en octobre dernier dans les îles voisines – à l’exception d’Anjouan, alors en situation quasi insurrectionnelle – pour se rendre compte de la situation du pays, et donc des rouages de l’immigration clandestine : « Nous avons souhaité bien comprendre la situation (…). Nous sommes allées partout : de la déchetterie à ciel ouvert à la prison, aux commissariats, aux hôpitaux », détaille Laëtitia Saint-Paul, rapporteure de la délégation dans le compte rendu fait à la Commission en décembre dernier*. Et le moins que l’on puisse dire est que les quatre responsables politiques ont été étonnées de ce qu’elles ont trouvé en Union des Comores.
« De surprise en surprise »
Un étonnement résumé par Annie Chapelier en une phrase : « À l’instar de mes collègues, j’ai été de surprise en surprise, et bien des choses se sont éclairées lorsque j’ai découvert certains fonctionnements. » En cause : une gestion calamiteuse et un flou artistique total dans les politiques menées par l’Union des Comores pour son propre territoire. « J’en suis revenue avec plus de questions que de réponses », concède également Bérangère Poletti, précisant : « C’était un déplacement difficile. On était confrontées à un territoire en grande difficulté. J’ai déjà fait un déplacement au Niger, un pays très pauvre, et j’ai trouvé que ce déplacement aux Comores était plus compliqué. » Autant dire que peu semblaient auparavant avoir conscience des défaillances de gestion qui ont cours dans le pays. Chose désormais corrigée : « Vous avez pu prendre la mesure de la situation aux Comores », a souligné Marielle de Sarnez après cette première visite d’une délégation de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale aux Comores. Manque de moyens, rôle insuffisant de la diaspora, mauvaise volonté, corruption, absence de qualifications : c’est un rapport sans concession à l’égard de nos voisins que dresse la Commission, en souhaitant que, sous peu, se mette en place un groupe d’étude qui dressera une feuille de route sur la conduite à tenir, notamment en termes d’aide au développement versée par la France. Le sénateur Thani Mohamed Soilihi, présent lors du compte rendu, a déclaré devant la Commission être « très content de ce que [qu’il a] entendu », saluant la « qualité, l’exhaustivité, et la rigueur intellectuelle » du rapport : « Vous permettez à la représentation nationale d’être éclairée. C’est ça la première lueur d’espoir, car cela n’était pas valable avant. Comment voulez-vous prendre les bonnes décisions si le bon diagnostic n’a pas été fait. Or, je viens d’assister à un excellent diagnostic sur la situation des Comores. » Et d’espérer qu’une « ère nouvelle s’ouvre dans les relations entre la représentation nationale et Mayotte, car des clichés existent encore », faisant référence à la question d’un député relatif à la « colonisation » de Mayotte : « Les bras m’en tombent », a illustré le sénateur, rappelant « qu’il n’y avait pas eu de colonisation [de Mayotte] par la France », mais une « demande de protection » de l’île.
Sur le soutien de l’Arabie Saoudite et les risques de radicalisation religieuse
« Les autorités considèrent le chiisme comme une menace plus importante que le sunnisme radical »
Parmi les constats faits sur place par la délégation : celui d’un soutien pécuniaire très présent et visible de l’Arabie Saoudite. « En matière d’aide financière, l’Arabie Saoudite jour un rôle indéniable pour les Comores, avec une aide budgétaire de l’ordre de 40 millions de dollars en 2017 », rappelle à ce titre la députée des Bouches-du-Rhône, Monica Michel. Une manne pour les Comores, mais aussi une source d’inquiétude pour les quatre élues françaises de la commission, notamment en ce qui concerne une possible radicalisation religieuse de la population comorienne, comme le détaille Monica Michel : « Les états du golfe, et particulièrement l’Arabie Saoudite, y exercent [aux Comores] une influence croissante. Alors que le président Sambi était tourné vers l’Iran, le président Azali est résolument aligné sur l’Arabie Saoudite, à tel point que les Comores ont rompu leurs relations avec l’Iran et plus récemment avec le Qatar. L’islam sunnite de rite chaféite est la religion de 98 % de la population et la révision constitutionnelle lui a conféré le rang de religion d’État. Dans les faits, il semblerait que les populations chiites, largement minoritaires, fassent l’objet de mesures répressives, portées au plus sommet de l’État. » Et d’ajouter plus largement : « On constate une tendance à la radicalisation de certains individus, devenue un sujet d’inquiétude aux Comores. Or, elle tient en partie à l’influence d’imams formés à l’étranger, dans les états du Golfe, au Soudan, ou encore au Pakistan. Compte tenu de la proximité de Mayotte, nous ne pouvons ignorer cette question, bien que l’on n’observe pas à ce jour de radicalisation violente. » Malheureusement, la délégation fait également le constat que faute de moyens nécessaires, peu de choses sont entreprises pour lutter contre ce phénomène, ce que souligne Laëtitia Saint-Paul, rapporteure de la mission : « Les Comores ne sont pas épargnées par la montée de l’extrémisme religieux. Rien n’a vraiment été entrepris dans le pays pour lutter contre la radicalisation. Les autorités considèrent en effet le chiisme comme une menace plus importante que le sunnisme radical.
Quelques actions isolées ont été entreprises, comme des campagnes de sensibilisation de la jeunesse, mais elles manquent cruellement de moyens [et] autant dire qu’elles n’en ont pas. Le ministère de l’Intérieur [des Comores] a récemment mis en place un dispositif de recensement des imams dont le but est à terme d’imposer la délivrance d’une carte pour autoriser les prêches. » Et puis, pour finir, cette présence saoudienne interroge quant à ses conséquences sur le développement du pays : « Cette influence a des effets discutables sur le développement des Comores. Par exemple, au nord de la Grande Comore, où nous nous sommes rendus, un hôtel qui était la source d’environ 400 emplois financés par le Qatar a été détruit », déplore Monica Michel. Les rivalités entre nouveaux et anciens soutiens : un problème dont l’Union des Comores gagnerait à éviter.
Sur les aides financières de la Chine
« Plusieurs interlocuteurs nous ont conseillé de prendre davantage exemple sur la Chine, qui fournit des aides sans condition »
Alliée de poids – elle a été un des premiers pays à reconnaître les Comores sur la scène internationale et les soutient dans ses revendications territoriales sur Mayotte –, la Chine est elle aussi très présente chez nos voisins. Une présence loin d’être désintéressée, évidemment, qui se traduit par des aides financières accordées sans condition. Pas de quoi encourager le développement du pays à long terme. La députée Monica Michel l’explique : « La Chine est un autre acteur désormais incontournable. Elle apporte une aide financière sans condition pour construire des édifices visibles, sans s’inscrire dans une approche durable du développement. La Chine a ainsi financé la rénovation de l’Assemblée des Comores [et] doit également reprendre le projet de port en eau profonde de Moroni, duquel l’Union européenne a du se retirer, faute de respect de la conditionnalité des aides. » D’ailleurs, « plusieurs interlocuteurs nous ont conseillé de prendre davantage exemple sur la Chine, qui fournit des aides sans condition. » Un exemple ? Celui de l’Assemblée nationale de l’Union des Comores, située avenue… de la République populaire de Chine : « [elle] a notamment investi dans le bâtiment de l’Assemblée nationale il y a une dizaine d’années (…) Ce bâtiment va faire l’objet d’une rénovation, a priori sans contrepartie d’après ce qu’il nous a été expliqué. Par ailleurs, la Chine est en train de déployer des travaux reliant Moroni à Mitsamiouli. (…)Il s’agit de dons, probablement, mais tout n’est pas gratuit. » En s’interrogeant : « Que se passe-t-il en matière d’échanges avec la Chine ? Ce que je comprends est que l’Union des Comores importe pas mal de produits en provenance de Chine. Ma conclusion est donc qu’à ce jour, la contrepartie se fait de cette façon-là ». De l’import oui, mais aussi peut-être des avantages accordés à l’Empire du Milieu. C’est par exemple le cas à Mohéli où, « comme le responsable du Parc marin nous l’expliquait, le gouvernement envisage d’offrir à des investisseurs chinois ce parc, qui est un parc de protection de l’environnement, pour exploiter le homard », remarque Annie Chapelier, députée du Gard et qui, pour l’anecdote, a vécu à Mayotte.
Sur la diaspora
« Nous avons vu des dizaines et des dizaines de personnes ne rien faire de la journée, attendre dans les rues devant Western Union. »
Énorme source potentielle de revenus pour le pays – « [Elle] représente 25 % du PIB, c’est vous dire l’importance que cela peut représenter » –, l’apport économique de la diaspora ne sert pourtant pas le développement du pays. Constat de la délégation sur place à travers la voix de Bérangère Poletti, députée des Ardennes : « On a entendu des commentaires de Comoriens qui étaient assez étonnants, puisque cette aide de la diaspora n’est absolument pas mise en réseau, absolument pas organisée. Elle est envoyée aux familles de chanceux, qui ont dans leurs familles des Comoriens à l’étranger qui envoient de l’argent et qui arrivent ainsi à se payer plus de frais médicaux, plus de scolarité, mais absolument pas pour organiser le territoire. On a entendu par exemple, sur la Grande Comore, que les gens ne se pressaient pas beaucoup pour aller travailler parce qu’ils avaient cette sécurité. » Une remarque partagée par Laëtitia Saint-Paul : « Avoir une diaspora aussi peu organisée fait que les envois financiers sont en ordre dispersé, et donc ne profitent pas au pays. (…) nous avons vu des dizaines et des dizaines de personnes ne rien faire de la journée, attendre dans les rues devant Western Union parce que si le salaire mensuel moyen est à 300 euros, et bien c’est plus simple d’attendre le chèque de la diaspora ». Plus largement, la question du retour de cette diaspora pour contribuer au développement du pays est abordée, notamment en ce qui concerne les étudiants : « Des centaines d’étudiants partent à l’étranger (…) et ne repartent jamais dans leur pays. Et comme ils n’y retournent pas, ils ne concourent absolument pas au développement des Comores. (…) L’une des clés de la réussite pour les Comores est d’imposer pour chaque étudiant qui va à travers le monde, de revenir dans son pays [pour] que ce soit un investissement. (…) L’une de nos conclusions est ce lien entre les étudiants comoriens et leur pays. Que ces personnes concourent au développement, qu’ils en soient acteurs. » Et puis, les binationaux sont eux aussi au centre des débats. « On estime à 500 000 les binationaux, qui sont en France ou en Grande Comore essentiellement – les Anjouanais et les Mohéliens ont peu de doubles nationalités franco-comorienne alors que les Grands Comoriens le sont quasiment tous. Cette situation n’encourage pas au développement des îles puisque les édiles et classes supérieures dirigeantes, qui sont principalement grandes comoriennes, font leurs études en France, viennent s’y faire soigner et ne voient pas pourquoi elles chercheraient à développer leur pays », est-il déploré.
Sur l’immigration à Mayotte
» Leurs moyens sont trop rudimentaires »
À l’origine de ce déplacement en Union des Comores : la situation de Mayotte et les flux migratoires que notre île connait. C’est donc tout naturellement que la problématique de l’immigration clandestine a été abordée : « 42 % environ de la population mahoraise serait d’origine étrangère, dont plus de la moitié, jusqu’à 80 %, serait en situation irrégulière. Les flux entrants sont estimés entre 25 000 et 30 000 personnes par an, pour 18 000 à 20 000 reconduites annuelles. Si les autorités comoriennes ont pu faire valoir la présence de migrants africains originaires des Grands Lacs, qui transiteraient par les Comores pour se rendre à Mayotte, les flux seraient essentiellement constitués de Comoriens, et notamment d’Anjouanais. » Des flux que rien ne semble pouvoir arrêter, faute de moyen nécessaire : « Sur Grande Comore, la police disposait d’un seul véhicule pour toute l’île, ils n’ont donc, aux Comores, absolument aucun moyen pour contrôler l’immigration irrégulière qui transite par leurs îles. Leurs moyens sont trop rudimentaires [et] ce ne sont donc là que des estimations. Je pense qu’elles peuvent assez honnêtement être revues à la hausse. Face à la situation de saturation des services publics à Mayotte, écoles et hôpitaux notamment, la problématique migratoire reste entière. Tout en sachant que, d’après le préfet de Mayotte (…), si la France fait un effort massif à Mayotte pour améliorer tous les services publics, cela aurait pour conséquence d’augmenter la pression migratoire, l’amélioration de la situation à Mayotte ne passe que par l’amélioration de la situation aux Comores. »
Sur la potentielle présence de pétrole
« Les Comoriens fondent de grands espoirs sur cette exploitation »
Source d’espoir pour nos voisins : la présence potentielle de pétrole dans leurs eaux territoriales. De quoi enrichir le pays : « Il s’agit de pétrole offshore essentiellement. Les Comoriens fondent de grands espoirs sur cette exploitation. Au vu de ce que nous avons pu entendre auprès de l’ambassade et des ministères [comoriens], cela repose pour le moment sur un espoir plus que sur une exploitation réelle à venir. Les ressources sont importantes, mais la difficulté d’exploitation en offshore fait que le rapport de revient n’est peut-être pas aussi intéressant que les Comores le voudraient », détaille la délégation qui complète : » S’il y a des signaux positifs, il y a tout de même une incertitude puisqu’il n’y a pas encore eu de forage (…) pour déterminer ce gisement et sa masse. Fait assez inédit, c’est une société britannique qui a été retenue pour conduire les explorations. C’est une société privée spécialisée dans les explorations en Afrique et en Amérique du Sud, ce quoi nous conduira à déterminer s’il y a ce gisement qui propulserait les Comores au sein des états plutôt riches. » Le 101ème département français pourrait d’ailleurs être concerné lui aussi puisque « Nous sommes sur un territoire ou Mayotte partage sa zone économique exclusive avec celle des Comores. La question se poserait à ce moment-là [de] l’implication de la France dans ce dossier. »
Sur les besoins en formation, notamment en médecins
« On voit qu’on est dans une véritable gabegie de l’enseignement »
Cela a été dit : faute de voir ses jeunes rentrer au pays après leurs études, les Comores manquent cruellement de personnels qualifiés pour se développer. C’est particulièrement vrai dans le secteur de la santé, où les besoins sont énormes. Pour autant, rien n’est vraiment envisagé pour y remédier, ce qu’illustre la délégation : « Nous sommes allées l’université où le fonctionnement est à l’image de tout ce qu’il se passe sur cette île, à savoir qu’ils sont dans une attente de l’extérieur. Tout ce qui est développement au niveau universitaire, même s’il y a parmi eux d’excellentes volontés(…), [connait] énormément de freins, tant au niveau administratif que politique. Les investissements sont détournés, les moyens sont pauvres, et il n’est pour le moment pas question de faire une fac de médecine. Je ne vous dirai pas quel est le nom de ce ministre, mais il m’a expliqué benoîtement que cela ne servait à rien de chercher à développer une fac de médecine pour former ses propres médecins sur place, puisque la France et les autres pays qui aident au développement des Comores feraient mieux de donner de l’argent pour offrir des billets d’avion et se faire soigner à l’extérieur, là où les systèmes de santé sont performants.(…) Par ailleurs, il y a des médecins qui sont formés essentiellement en France, mais qui ne reviennent pas; et puis d’autres médecins qui ont été envoyés (…) dans des pays d’Afrique anglophones, mais ne l’étant pas eux-mêmes [ils] n’ont pas pu suivre la formation. On voit qu’on est dans une véritable gabegie de l’enseignement. Ce n’est pas demain qu’il y aura une faculté de médecine à Moroni ou dans les autres îles. »
Sur la gestion du pays
« Il est difficile de ne pas être frappé par les problèmes de gouvernance et par la corruption que l’on devine très vite »
« Sur place il est difficile de ne pas être frappé par les problèmes de gouvernance et par la corruption que l’on devine très vite, qui mine le pays », entame d’entrée de jeu la délégation. Il faut dire que les situations ubuesques sont nombreuses : « Par exemple, on a vu deux choses un peu surprenantes. Nous sommes allées visiter une grande déchetterie au-dessus de Moroni, où parviennent tous les déchets d’une urbanisation de plus en plus importante, et dans cette déchetterie arrivent depuis deux ans tous les déchets hospitaliers également. Normalement, il y a un incinérateur à l’hôpital [mais] il est en panne. Cela nécessite une réparation qui doit coûter entre 200 000 euros et 400 000 euros, mais on ne le répare pas et on envoie les déchets hospitaliers sur la déchèterie. Ils sont mis à part, mais sont à ciel ouvert. C’est quand même assez étonnant. À côté de ça, nous sommes allées visiter l’Assemblée nationale et pendant [cette visite], on nous a reproché, à la France, de ne pas faire suffisamment, de ne pas être assez présents, tout en nous expliquant qu’on allait entreprendre pour l’Assemblée nationale des grands travaux de rénovation sur un bâtiment qui doit avoir une dizaine d’années. On est quand même frappés par la corruption, car cela ne peut pas être autre chose. Ce n’est pas possible quand on voit ce genre de choix d’aller réparer un bâtiment public qui n’a que 10 ans – il n’y avait pas la climatisation, c’est ce qu’ils nous ont expliqué –, alors qu’à côté il y a d’autres choses [à faire]. » Le sort de l’hôtel Galawa Beach est aussi remis sur la table : « Il existait un site touristique, un magnifique hôtel payé par le Qatar, où étaient salariées 400 personnes. Le jour où le Qatar est parti, personne n’a repris l’hôtel et l’État l’a démoli. On se demande pourquoi on n’a pas cherché à le remplacer ou même à le racheter, à le faire exister, etc. Il y a des décisions extrêmement étonnantes et surprenantes. » Quant au secteur de la santé, il n’est évidemment pas épargné par une gestion plus que douteuse des maigres fonds du pays : « S’il existe actuellement des hôpitaux et des infrastructures aux Comores, elles manquent cruellement de beaucoup de choses : de personnels qualifiés – il n’y a pas de faculté de médecine, juste des écoles de formation d’aides-soignants et d’infirmières qui sont bien en dessous du niveau requis –, et manque de moyens. Nous avons visité l’hôpital de Mitsamiouli. On ne peut pas imaginer un hôpital ainsi, pour une bonne raison : c’est un hôpital dépourvu de patients, dépourvu de médecins, et dans lequel il n’y avait pas d’eau, tout simplement. On imagine mal comment un hôpital aussi important, 600 places tout de même, peut fonctionner. Il n’y a pas de chirurgiens pour faire des césariennes alors qu’il y a une maternité, donc les patientes sont évacuées sur Moroni qui se trouve à plus de deux heures de route. Routes qui sont en partie refaites par les Chinois d’ailleurs. Et pourtant cet hôpital a reçu des fonds de façon régulière, entre autres de l’Agence française de développement. [Parmi] les médecins qui en font partie, il y a la ministre de la Santé, qui a en fait un cabinet privé. Les médecins étant très peu payés dans les hôpitaux, ils ont un exercice privé pour pouvoir tout simplement vivre, d’une part, mais également pour profiter de ce système. Les tarifs d’État, qui sont très bas, ne sont que très rarement appliqués et les patients doivent payer des suppléments qui rendent inaccessibles l’accès à ces soins. Le matériel médical est dans un état plus que déplorable. C’est une espèce de musée de l’histoire de la médecine lorsque vous allez d’une salle à l’autre. » Quant au tout récent hôpital de Bambao, à Anjouan, si la délégation n’a pu s’y rendre, elle se base sur le témoignage de Dominique Voynet, inspectrice générale des Affaires sociales, qui y a effectué une visite il y a quelques mois : « un hôpital tout neuf construit par les Chinois, clés en main, très performant. D’après le témoignage de Dominique Voynet, qui avait été mandatée et s’y était rendue l’été dernier, cet hôpital fonctionne a minima. C’est-à-dire que certains services dans lesquels il y a un matériel extrêmement performant ne sont pas utilisables car la maintenance n’est pas prise en compte. Ensuite il n’y a pas les personnes susceptibles de pouvoir les utiliser, et il y a un racket auprès des patients qui doivent débourser des sommes ne leur permettant pas d’accéder à cet hôpital. Il faut également signaler que s’il y a de l’eau dans cet hôpital, l’accès routier est extrêmement complexe. »
Mayotte Nature Environnement réalise plusieurs projets de sensibilisation à l’environnement et à la récupération de déchets sur le territoire. Parmi les plus probants, il y a la création d’un jardin pédagogique avec les élèves de l’école de Labattoir 7 mais aussi l’aménagement d’un terrain de football à Ongojou avec des jeunes en réinsertion. D’autres devraient suivre dans un avenir proche.
Chaque semaine, Théo, animateur Nature depuis le 1er septembre, se rend à l’école de Labattoir 7. Sur place, les élèves trépignent d’impatience à l’idée de le revoir. La raison ? Ils savent que ce jour-là, c’est un cours un peu particulier qui les attend. En effet, depuis le début de l’année, Mayotte Nature Environnement réalise un chantier grandeur nature avec les maternelles et les élémentaires de l’établissement. À savoir, la création d’un jardin pédagogique. « Non seulement, ça doit servir d’exemple mais aussi et surtout ça doit devenir un support scientifique pour les années à venir », explique le jeune homme. Au programme : la construction d’un mur végétal en bambous de sept mètres de haut sur vingt mètres de long, d’un composteur et de huit bacs d’un mètre carré en palettes pour faire pousser des plantes potagères et médicinales, fournies par le service des ressources forestières du conseil départemental. Environ treize classes d’une trentaine d’enfants prennent part à ce projet dans la cour de récréation. »Ils n’ont pas peur de braver la pluie et s’intéressent énormément au phénomène de récupération », sourit Manuella Grimault, coordinatrice au sein de la structure.
Ouvrir l’esprit de la génération future
L’objectif est d’ouvrir l’esprit de cette génération future mais aussi de l’aider à développer une conscience environnementale et collective. Et au vu de l’intérêt porté par les élèves au projet, le défi semble relevé. Au point que le lycée polyvalent de la cité du Nord, l’école Les P’tits Loups mais aussi les collèges de Chiconi et de Bandrélé viennent de faire appel à l’expertise de Mayotte Nature Environnement pour mener à bien des projets similaires jusqu’à la fin de l’année scolaire, toujours dans le but de « co-construire avec les établissements ».
En parallèle, le service de prévention spécialisée de la Croix-Rouge propose des chantiers d’insertion à des personnes en difficulté. Durant deux semaines, six jeunes âgés de 18 à 22 ans ont découvert les techniques de revalorisation des déchets. Après une séance théorique, ils ont pu mettre les mains dans le cambouis et s’atteler à la construction de bancs et de tables pour aménager le terrain de football au village d’Ongojou. « Avant, la plupart d’entre eux se levait à midi… Puis, ils ont décidé de devenir volontaires et au bout de trois jours, ils étaient déjà autonomes », se félicite Théo, fier du travail accompli et du résultat final. « C’était vraiment l’occasion de les responsabiliser et de leur prouver qu’on peut créer un mobilier sympa avec trois planches et trois clous. » Une vraie aubaine, d’autant plus que certains n’avaient jamais utilisé d’outils de leur vie. Preuve que ce projet est un succès, deux jeunes ont pris l’initiative, au cours du dernier débriefing, de mettre sur pied un tabouret. De quoi susciter des vocations, avec l’idée de rééditer plus tard l’expérience avec un nouveau groupe. L’inauguration prévue ce vendredi a de quoi leur donner sourire et mettre en lumière leur investissement.