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Djemilah Hassani, un patchwork plein de vie

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Il y a encore quatre ans, son blog, The Patchwork Life, était exclusivement tourné vers la cuisine végétarienne. Mais, depuis son retour à Mayotte, Djemilah Hassani n’hésite plus à y aborder ses réflexions sur la société mahoraise, et notamment sur son aspect traditionnel. Par sa créativité, la jeune femme pousse à s’interroger sur la place que chacun y occupe et la façon dont chacun est perçu et accepté.

Elle dépeint les différentes facettes, “les différentes réalités” de la vie mahoraise et de ceux qui la rythment à la façon d’un patchwork. Sur son blog, naturellement intitulé The Patchwork Life, Djemilah Hassani partage ses réflexions, ses inspirations, ses anecdotes et ses idées. Voyage, musique, gastronomie… Un contenu que certains pourraient qualifier de “lifestyle” ou “feel good”, mais où légèreté et divertissement riment aussi avec militantisme et engagement.

djemilah-hassani-patchwork-plein-de-vieEn 2017, la jeune femme, végétarienne et gourmande, crée son blog depuis la métropole, où elle vit alors, afin d’y partager ses recettes végétales, et conseiller ceux qui voudraient à leur tour franchir le pas du végétarisme. Puis, elle décide d’ouvrir sa chaîne YouTube afin d’ajouter de la vidéo à son contenu. En 2018, Djemilah rentre à Mayotte, où elle n’a pas posé le pied depuis 15 ans. “J’ai voulu parler de l’île,de mes impressions lorsque je suis arrivée.” Dès lors, son blog s’ouvre à une nouvelle dimension.

Je me suis vite rendu compte qu’en termes de représentation en ligne, c’était très limité.” Car en ligne, justement, Mayotte est systématiquement associée à l’insécurité ou à la beauté de son lagon. “Mais c’est tellement plus que ça !”, fait-elle remarquer. Concernant la représentation de la femme, le constat apparaît, là encore, bien manichéen : “il y a d’un côté l’image de la femme très traditionnelle, et de l’autre, celle de la Mahoraise qui a quitté le territoire pour découvrir autre chose au point de devenir une ‘bounty”, s’exclame la blogueuse pleine de vie. De quoi lui inspirer un nouveau contenu sur la place de la femme, des femmes, quel que soit leur parcours, dans la société mahoraise.

Montrer Mayotte “sous un autre prisme

Au départ, il y a eu pas mal de résistance, comme à chaque fois qu’on essaie d’apporter du changement, un nouveau point de vue”, retrace Djemilah. À propos du végétarisme qu’elle dévoile et développe sur son blog, d’autres réticences émergent. “On me disait que c’était impossible d’être Mahoraise sans manger de viande, que je rejetais ma culture, que je ne l’aimais pas”, s’indigne-t-elle. “Mais justement, l’idée est d’explorer de nouvelles recettes avec ce que l’île peut offrir”, comme une allégorie de son contenu et de sa philosophie.

Puis vient une nouvelle vidéo, celle “qui a vraiment changé les choses” : un vlog sur le quotidien à M’tsapéré, dans son quartier. “Elle a reçu un gros écho à Mayotte comme à l’extérieur.” Au Nord, au Sud, Djemilah est invitée à venir filmer un contenu similaire dans d’autres localités mahoraises. “C’est là que j’ai réalisé que les gens, surtout ici, avaient besoin d’être vus pour ce qu’ils étaient. Pour une fois, on montrait Mayotte sous un autre prisme, on était vu pour autre chose !

Montrer Mayotte à l’extérieur, oui, mais aussi à ceux qui y sont déjà, comme une invitation à ouvrir son horizon culturel, questionner la tradition. “Même s’il y a un côté hyper fun et ludique dans ce que je crée, il y a quand même quelque chose de très engagé derrière”, défend la chef de projet dans le milieu associatif. Preuve en est, sa prochaine vidéo devrait aborder l’épineux sujet du retour au pays des jeunes mahoraises ayant quitté le territoire. “Est-ce qu’on peut se réhabituer à Mayotte, à cette société traditionnelle ?”, interroge Djemilah. Bien consciente du fait de son “statut” de jeune femme mahoraise, nombre de pressions pèsent encore sur ses épaules. Une problématique abordée par la nouvelle série Colocs !, dont la sortie n’a pas manqué de faire éclater une petite polémique. “Cette série montre bien que beaucoup de challenges s’imposent à nous lorsqu’on rentre, mais aussi que l’on peut apporter une nouvelle identité au paysage. Il était temps que l’on puisse enfin en parler !” Parler, parler pour briser les tabous, et surtout, pour que toutes les individualités puissent être représentées, de façon juste et équitable. Parler pour exister, se rendre visible et se faire accepter.

Djiha, chanteur de Miréréni au clip provocateur, sort du silence

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Le clip intitulé « deuxième acte » sorti il y a dix jours fait couler beaucoup d’encre. On y voit des jeunes hommes et des femmes d’un certain âge arborer fièrement des armes blanches. Si certains dénoncent un appel à la haine, l’interprète de la chanson réfute ces accusations et ne comprend pas le manque d’indulgence de l’opinion publique.

Il avait fait parler de lui lors de la sortie de son premier clip il y a sept mois, qui comptabilise à ce jour près de 200.000 vues. Djiha revient sur le devant de la scène avec son nouveau clip, encore plus provocateur. Sorti il y a dix jours, « Deuxième acte », qui dépasse les 45.000 vues, est le nouveau projet musical du chanteur en herbe originaire de Miréréni.

Depuis, le clip essuie les critiques négatives puisqu’il met en scène des jeunes tenant fièrement des couteaux, haches, et autres armes blanches. Mais ce qui interloque particulièrement est la présence des femmes qui jouent le jeu et imitent les jeunes avec des armes blanches. Selon Djiha, il s’agit de mères en colère qui ont voulu participer au tournage. « Je sais que beaucoup de gens veulent donner une mauvaise image de ces mamans alors qu’ils ignorent la réalité. L‘une d’entre elles a une douleur immense, son fils a été blessé au pied à Combani. Il est devenu handicapé à cause de ça et ça l’attriste. Cette mère est en colère et c’est sa manière de le montrer, mais elle ne ferait jamais de mal à une mouche », assure le jeune homme.

Ce nouveau clip se veut en réalité une réponse pour les jeunes de Combani qui en auraient aussi tourné un, visant ceux de Miréréni. Djiha l’assume pleinement, il s’agit d’une riposte qu’il veut menaçante. « Ils ont fait une chanson pour nous provoquer, donc je devais répondre. Ce n’est pas du tout pour faire la paix, c’est pour sauver notre honneur », lance-t-il. Ce dernier refuse cependant d’être catalogué comme un délinquant. « J’ai mis des chombos dans mon clip parce que c’est la mode en ce moment à Mayotte, non ?! Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis pas comme ça, je ne fais de mal à personne. On a juste fait ça pour s’amuser », rétorque le jeune chanteur. Le rameau d’olivier ne sera pas pour maintenant visiblement…

« À Miréréni, on est discriminés »

Djiha est parfaitement conscient des vives critiques à son encontre, mais il les essuie d’un revers de la main. « Chacun est libre de dire ce qu’il veut, mais je me fiche de ces commentaires. Je ne veux même pas répondre à ces gens », indique-t-il avec nonchalance. Il ne veut pas non plus entendre parler de réconciliation lorsqu’il s’agit des deux villages de la commune de Tsingoni. « Certains veulent la paix entre nous deux, mais c’est une grande ambition ! Je ne pense pas que ça arrivera un jour. »

Pour qu’il y ait une entente entre les deux camps, encore faudrait-il connaître l’origine du problème… Et à l’image de nombreux jeunes de Miréréni et de Combani, Djiha ignore pour quelles raisons ils se battent depuis des années. Il est seulement persuadé que son village est délaissé par les autorités. « À Miréréni, on est discriminés. Il n’y a rien, aucun projet n’est fait chez nous. Pour acheter la moindre chose, on doit aller jusqu’à Vahibé. On ne peut pas aller à Combani parce qu’on se fait agresser, on est fatigués », admet-il dans un moment d’émotion. Les affrontements à répétition entre les deux villages seraient-ils un appel au secours ? L’hypothèse n’est pas exclue, mais elle mérite que les autorités compétentes se penchent réellement dessus puisque certains jeunes ne demandent qu’à s’en sortir, à l’exemple de Djiha. « Je suis allé à l’école et j’ai eu mon bac, mais ensuite je ne savais pas quoi faire », raconte-t-il. À 20 ans, il est aujourd’hui sans formation ni emploi et met tous ses espoirs dans la musique. « J’espère en faire mon métier parce que je ne me vois pas faire autre chose. Malheureusement, je n’ai personne pour m’encadrer, je me débrouille tout seul », dit-il. L’avenir nous dira si Djiha fera tout pour réussir dans ce domaine ou si cela ne restera qu’un rêve.

Le lycée de Kahani mué en champ de bataille

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Ce lundi 15 novembre, le lycée de Kahani a connu un épisode d’une violence inédite. Dès 6h30, les rixes entre élèves ont commencé, se transformant en véritables émeutes. Peu avant 8h, les forces de l’ordre sont intervenues et près de 80 gendarmes ont été déployés pour sécuriser l’établissement et tenter d’apaiser les tensions.

« Ça a été la pire journée dans l’établissement depuis que j’y travaille”, se désole Jérémie Saiseau, enseignant de Français au lycée polyvalent Gustave Eiffel de Kahani et secrétaire CGT, pour évoquer son premier jour de la semaine. Une fois de plus, l’enceinte a été le théâtre de terribles scènes de violences. Loin du calme nécessaire à l’apprentissage, les cours ont été une nouvelle fois perturbés par des bagarres et des actes de vandalisme à répétition. Des événements qui ont provoqué la fermeture des grilles par le rectorat pour deux jours et une réunion d’urgence du corps enseignant ce mardi 16 novembre. Conséquence : le retour des élèves, en jauge réduite à 50%, n’est prévu que ce jeudi.

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Confinement dans les classes

Des mesures drastiques en réponse à ce lundi noir. À peine le soleil s’était levé sur la malavoune que déjà les grenades lacrymogènes claquaient dans la cour du lycée de Kahani. “Les pierres pleuvaient de toute part, les jeunes sortaient des tiges en métal et chumbo de leur sac, c’était le KO total”, affirme le professeur, encore sous le choc. Un sentiment partagé par un collègue de mathématiques et sciences. “Dès lors qu’on entend la sonnerie de confinement, un sentiment de panique envahit les élèves. J’étais en classe avec dix élèves de seconde qui étaient terrifiées et m’ont demandé paniquées de les protéger et de ne pas quitter la classe.

Un climat de tension insoutenable pour les lycéens, les professeurs, mais aussi les parents d’élèves qui s’inquiètent chaque matin de laisser leurs progénitures prendre le chemin de l’école. “Tout le monde a le droit à l’éducation et à cause d’événements comme ceux-ci, celle de nos enfants est en péril« , s’insurge Rafza Youssouf Ali. La présidente de l’union départementale de la confédération syndicale des familles demande un dialogue entre les différentes institutions de l’île et une table ronde afin de penser ensemble à un avenir meilleur pour les jeunes du 101ème département français.

Des effectifs renforcés

Sur ce véritable champ de bataille, la gendarmerie nationale a déployé ses équipes ainsi qu’un hélicoptère. “Nous avons calmé la situation et sécurisé la zone afin que les élèves enfermés dans les classes depuis le début de matinée puissent regagner les bus et leurs domiciles à midi”, témoigne un officier de gendarmerie, sur le terrain au moment des faits. Des forces de l’ordre présentes quotidiennement devant l’enceinte de l’établissement comme le rappelle le recteur, Gilles Halbout. “Notre objectif à présent est de renforcer les équipes mobiles de sécurité, mais aussi le nombre de personnels scolaires, comme les assistants d’éducation et les assistants de conseiller principal d’éducation.

Malgré ces renforts, le responsable de l’académie privilégie avant tout un travail de fond avec les élèves dans le but d’éviter que les querelles extrascolaires ne se cristallisent au sein du lycée. “Lorsque les jeunes reprendront les cours jeudi, des professeurs et des professionnels habilités réaliseront un travail avec eux. Ainsi, ceux qui ont été choqués auront un espace de discussion et ces temps d’échanges permettront de rappeler les règles du vivre ensemble et les valeurs de la République.” En effet, la seule multiplication des forces de sécurité ne permet plus d’enrayer la violence à Mayotte. À ce stade, une véritable mobilisation des associations de parents d’élèves et de quartiers semble pouvoir inverser la tendance et aider à déconstruire ce modèle de réponse à toutes les situations par la violence… Qui n’est, on le sait, jamais la solution.

Les enfants prématurés, l’autre enjeu des 10.000 naissances annuelles

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Chaque année, quelque 1.000 prématurés naissent au centre hospitalier de Mayotte. Si ce chiffre est semblable aux autres territoires d’Outre-mer, il met surtout en lumière les multiples facteurs de risque, le difficile suivi de grossesse et les conséquences néfastes pour les nouveau-nés. Un enjeu de santé publique rappelé à l’occasion de la journée mondiale de la prématurité, qui repose sur la nécessaire coordination des actions.

« Il s’agit d’un enjeu de santé publique. » Président du réseau périnatal de Mayotte (Répéma) depuis quatre ans, le docteur Soumeth Abasse ne cache pas son inquiétude au moment d’évoquer les quelque 1.000 prématurés annuels du 101ème département. « Dans les Outre-mer en général, ici comme en Guyane ou chez nos voisins de La Réunion, nous sommes aux alentours de 10 ou 11% contre 7% en métropole… C’est énorme ! » Un pourcentage qui se justifie notamment par la présence plus nombreuse de maladies maternelles, telles que le diabète et l’hypertension artérielle, mais aussi d’infections utérines ou urinaires dans les territoires ultramarins.

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Des facteurs qui s’ajoutent à un suivi de grossesse local moins complet qu’ailleurs… « Il est conseillé que les femmes enceintes puissent voir mensuellement leur sage-femme, leur gynécologue ou leur médecin pour faire le point et prendre part aux trois échographies », poursuit le professionnel de santé à l’occasion de la journée mondiale de la prématurité qui se déroule ce 17 novembre. Or, bien souvent, ce quota est loin d’être respecté. Pour une raison principalement socio-économique : un accès à la santé limité pour certaines, une arrivée à la dernière minute sur le territoire pour d’autres. Sans oublier l’âge puisque celles qui ont moins de 18 ans ou plus de 35 ans multiplient les risques.

Des altérations sur le développement psycho-moteur

Si les bébés proches du terme – après la 33ème semaine d’aménorrhée – présentent des complications mineures après la naissance, c’est une autre paire de manche pour les extrêmes prématurés (nés à partir de 25 semaines ou avec un poids de 500 grammes), susceptibles de subir des séquelles et des altérations sur le développement psycho-moteur, telles qu’une paralysie cérébrale, des troubles d’apprentissage et de langage, etc. Selon les données présentées lors du colloque sur la grande prématurité de 2016, leur durée d’hospitalisation en néonatologie varie d’un à quatre mois. Pour un coût annuel de prise en charge dans le service de l’ordre de cinq millions d’euros.

Une fois sorti du système hospitalier, il est indispensable qu’il y ait « un suivi médical et éducationnel jusqu’à 7, 8 ou 9 ans », insiste le docteur Soumeth Abasse. Et sur ce point, les réponses apportées restent encore en-dessous des attentes… Heureusement, le réseau périnatal de Mayotte peut toutefois compter sur le centre d’action médico-sociale précoce pour assurer, par exemple, le dépistage. « Nous partions de loin lors de mon arrivée il y a dix ans. Désormais, il faut que tout le monde, pas seulement le centre hospitalier de Mayotte, tire dans le même sens pour suivre l’évolution de ces enfants vulnérables et avoir une homogénéité. »

Un long chemin reste donc à parcourir, notamment en termes de ressources humaines, de concertation et de coordination. « Il faut faire en sorte que les PMI (protections maternelles et infantiles) puissent recevoir sans difficultés les femmes enceintes et que les médecins libéraux apportent les bons conseils », martèle le praticien en néonatologie, tout en évoquant les tournées du camion mobile du Répéma aux quatre coins de l’île pour se rendre dans les quartiers reculés et rencontrer une population de plus en plus précaire. « Il n’y a que de cette manière que nous arriverons à lutter contre ce taux élevé. Certes, nous avons l’impression qu’il y a un petit mieux depuis 2010, mais nous pouvons faire beaucoup plus ! »

La laïcité à Mayotte, une problématique qui interpelle le gouvernement

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Une vingtaine d’auditeurs de l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation passent une semaine à Mayotte pour comprendre de quelle manière la question de la laïcité et des valeurs de la République est abordée dans les établissements scolaires de l’île. De ce voyage d’étude devra résulter un rapport qui sera ensuite remis aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, tous deux à l’origine du projet.

La laïcité dans les écoles à Mayotte est-elle un leurre ou une réalité ? C’est ce que les 23 cadres issus de l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation (IH2EF) vont tenter d’analyser pendant une semaine. Proviseurs, éducateurs, enseignants et autres professionnels issus de domaines très divers dans l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la société civile… Ils ont été reçus ce lundi par le recteur Gilles Halbout qui leur a présenté les projets académiques de Mayotte et qui a surtout évoqué des difficultés que l’on peut trouver sur l’île.

Leur mission s’inscrit dans une série de dix sessions en dix mois portées sur la laïcité et les valeurs de la République, de l’école à l’université. Le choix de Mayotte a été comme une évidence pour l’IH2EF, puisqu’ici se mêlent religion et tradition. « Il y a deux complexités dans les territoires ultramarins, c’est la Guyane et Mayotte. L’année dernière, nous avions choisi la Guyane pour le rapport entre l’éducation et le territoire. Et donc naturellement, nous sommes venus à Mayotte où il se trouve que la problématique de laïcité est très intéressante ici », explique Pascal Lalanne, le chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF. Intéressante parce que le 101ème département est le seul de France à avoir une population majoritairement musulmane.

Et comme l’Islam est présent dans chaque aspect de la vie d’un mahorais, les enfants ne sont pas épargnés. Il est d’ailleurs courant de voir les jeunes filles se rendre à l’école la tête couverte. Une particularité qui peut porter à confusion lorsque l’on ne connait pas la culture mahoraise. « Comment est abordée la question du voile à Mayotte ? », questionne à ce sujet l’un des auditeurs au recteur. Ce dernier distingue le voile du kichali. « Une fille qui arrive avec un kichali, qui ne couvre pas le visage, mais qui le porte comme on porterait un bandana, c’est tout à fait admis », répond Gilles Halbout. Cependant, certaines portent tout de même le voile comme on l’entend en métropole et dans ces cas-là, les équipes pédagogiques se chargent de « discuter avec l’élève ». « Nous lui parlons des valeurs de la République, ce que cela implique, et invitons l’élève et la famille à s’intégrer dans ces règles républicaines, parce que souvent c’est une méconnaissance de ces règles », argumente le représentant de l’académie.

Sur le terrain pour mieux s’imprégner de la réalité

Même si la religion est très présente dans les mœurs mahoraises et peut parfois s’insérer dans les écoles, l’île aux parfums n’est pas un cas isolé en France. « La question de la laïcité mérite d’être posée à Mayotte, mais elle se pose aussi en Bretagne avec l’enseignement catholique par exemple. Les auditeurs vont ensuite de rendre à Strasbourg pour étudier le Concordat. Mais ici, il y a des particularités qu’il faut comprendre », souligne Pascal Lalanne. Pendant une semaine, les 23 auditeurs vont passer de la théorie à la pratique en allant sur le terrain pour analyser de quelle manière la laïcité est traduite dans les établissements scolaires à Mayotte. « Nous allons rencontrer des associations et des représentants du préfet, nous allons aller dans des établissements du premier et second degré, et nous allons surtout discuter avec les cadis et visiter deux écoles coraniques », annonce Pascal Lalanne, le chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF. Des rencontres qui seront riches en informations puisque les membres de l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation découvrent en même temps Mayotte et ses particularités.

À l’issue de leur session, ils devront rédiger des rapports détaillés à remettre aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur qui sont à l’origine de ce projet. Cependant, on ignore encore l’influence que peuvent avoir ces rapports sur la politique des deux ministères. « Mais c’est l’occasion d’avoir une approche un peu transversale, externe sur une problématique de l’Education nationale et de la rendre compte à un ministre. C’est quelque chose dont nous n’avions pas l’habitude de faire », assure le chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF.

L’emploi pour tous à Mayotte : un objectif en passe de devenir une réalité

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Du 15 au 21 novembre a lieu la semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap (SEEPH). Pour l’occasion, l’association pour les déficients sensoriels de Mayotte (ADSM) organisait ce lundi une matinée “handicap et emploi” afin de présenter les dispositifs existants à Mayotte. Et ainsi mettre le pied à l’étrier à ce public ainsi qu’aux employeurs.

Depuis 1978, Said Youssouf réalise des charpentes. Menuiserie, charpente, métal et soudures, c’est ainsi qu’il a nommé son entreprise fondée en 2001 à Bonovo, dans le quartier de M’tsapéré. Sourd et muet, le cinquantenaire honore seul les différentes commandes de particuliers et d’institutions publiques. “Quand j’étais petit, je ne suis pas allé à l’école… Pendant mon temps libre, je passais de longues heures à regarder les hommes travailler sur les chantiers. Un jour, l’un d’eux m’a proposé de me montrer comment réaliser des travaux de menuiserie et c’est ainsi que j’ai tout appris”, raconte-t-il en langue des signes et d’un large sourire, ce lundi 15 novembre sur la place de la République à Mamoudzou.

Accueillir, échanger et orienter, tel était l’objectif de la matinée “handicap et emploi”. Un rendez-vous au cours duquel les institutions et les associations de l’île présentaient les dispositifs d’accompagnement à l’emploi à destination des personnes en situation de handicap. “Ces personnes ont des compétences et des qualifications. Les différents établissements publics présents aujourd’hui sont là pour les aider à les mettre en avant et ainsi les amener vers l’embauche”, relate Tanzilou Chanfi, cheffe de service au pôle adulte de l’association ADSM. À l’image de Said Youssouf, dont le parcours tumultueux est un exemple pour tous. Une fois les compétences pratiques acquises, l’artisan s’est fait aider d’un ami pour monter sa société. “Il m’emmenait dans différentes institutions et faisait l’interprète. Ainsi, j’ai pu obtenir des financements et acheter des scies et du matériel pour lancer mon activité”, témoigne l’entrepreneur, qui accueille à son tour depuis un mois un jeune stagiaire sourd et muet afin de lui apprendre le métier. Un excellent moyen de transmettre son savoir-faire et de partager son expérience de vie.

Le duoday pour créer des vocations

Sur le parvis de l’agence d’attractivité et de développement touristique, la maison départementale des personnes handicapées, Pôle emploi ou encore la Mission locale de Mayotte étaient réunis pour renseigner les personnes en situation de handicap ainsi que les entrepreneurs. “Beaucoup de dispositifs à destination des demandeurs d’emploi et des employeurs existent, mais bien souvent ils ne connaissent pas ces outils”, témoigne Allaoui Attoumani, référent travailleurs handicapés au Pôle emploi de Dzoumogné. En effet, en France, toute entreprise de plus de vingt salariés a l’obligation d’employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6% de l’effectif total. Bien trop souvent encore, les personnes atteintes de handicap se retrouvent éloignées de l’emploi. À l’occasion de la semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap se tiendra le Duoday ce jeudi 18 novembre. Le principe de la journée : une entreprise, une collectivité ou une association accueille une personne en situation de handicap, en duo avec un professionnel volontaire. Dans l’optique de créer des vocations et pourquoi pas une collaboration.

Coupe de France de football : Les Jumeaux de M’Zouazia créent l’exploit contre le CS Plédran (5-1)

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Samedi après-midi, la rencontre du 7ème tour de Coupe de France opposant le club breton du CS Plédran aux Jumeaux de M’Zouazia a vu ces derniers l’emporter largement. Plus que la qualification pour le 8ème tour, l’histoire retiendra que l’équipe mahoraise devient la première à vaincre un club métropolitain.

Cinq buts à un. Le score est sans appel, autant que la domination des Mahorais sur le terrain de Saint-Brieuc. C’est dans le froid breton que l’équipe des Jumeaux de M’Zouazia (Régionale 1) affrontait ce samedi 13 novembre le CS Plédran (Régionale 3), dans le cadre du 7ème tour de la Coupe de France, compétition permettant aux clubs amateur de se frotter aux gros calibres du football français. Si le club mahorais n’en est pas encore là, il avait tout d’un cador, ce week-end. Devant des tribunes emplies de la diaspora mahoraise bretonne, les Jumeaux l’ont remporté 5-1, avec des buts d’Ymadoudine Abdou (28′), Adifane Noussoura (43′), Antoissi Loutoufi (53′), Belayd Dina Kamal (62′) et Saindou Bamdou (93′). Pasco (86′) a sauvé l’honneur pour Plédran, qui a vu son gardien se faire exclure à la suite d’un carton rouge à la 39ème minute.

Avec cette large victoire, l’AJM devient la première équipe mahoraise de l’histoire à triompher d’un adversaire de métropole. Un exploit retentissant qui devrait faire tourner les têtes des footballeuses et footballeurs de l’île au lagon, à l’image du parcours exceptionnel du FC Mtsapéré la saison dernière. En effet, le club de la commune de Mamoudzou avait passé les 7ème et 8ème tours de la compétition pour atteindre les 32èmes de finale, une première pour un club mahorais. Si les Jumeaux de M’Zouazia veulent égaler ou surpasser cette performance, il faudra déjà sortir victorieux du 8ème tour de la Coupe de France, qui les opposera à Trouville-Deauville (R1, Normandie) ou à Plancoët-Arguenon (R2, Bretagne). C’est dans deux semaines, le week-end du 27 et 28 novembre plus exactement, que la rencontre aura lieu.

Un match gâché par des heurts en tribune

Malheureusement, la victoire historique de M’Zouazia restera ternie par des événements ayant eu lieu en dehors du terrain. Après l’expulsion du gardien de Plédran et le deuxième but des Jumeaux, un homme s’est introduit sur la pelouse, obligeant l’arbitre à brièvement interrompre le match. Mais le pire s’est produit en seconde mi-temps, aux alentours de la 70ème minute. Alors que l’AJM mène déjà 4-0, les esprits des nombreux supporters bretons et mahorais s’échauffent. Selon les sources locales, certains soutiens du club de Mayotte auraient chambré leurs adversaires, leur arrachant des mains un drapeau du CS Plédran.

Une bagarre aurait ainsi éclaté par la suite, impliquant plusieurs dizaines de personnes. Entre deux et huit individus, dont des Mahorais, ont été interpellés par les agents de police. Deux blessés sont à déplorer, dont une jeune femme ayant fait un malaise dans les tribunes au moment des affrontements. Ne reste qu’à espérer un apaisement lors du prochain match de coupe de M’Zouazia, dans deux semaines. En attendant, les joueurs et le staff se prennent à rêver d’un 32ème de finale, stade de la compétition voyant l’entrée en lice des clubs de Ligue 1, durant lequel ils pourraient affronter le Paris-Saint-Germain ou l’Olympique de Marseille.

Inauguration de la première unité d’enseignement pour enfants autistes à Mayotte

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Depuis la rentrée 2021, les jeunes autistes mahorais âgés de 6 à 11 ans peuvent bénéficier d’une scolarisation adaptée. À Bandrélé, cinq enfants ont déjà rejoint l’unité d’enseignement qui leur est dédiée au sein de l’école élémentaire de la commune.

Mal diagnostiquées, isolées, stigmatisées… Les personnes atteintes d’autisme se retrouvent bien trop souvent en marge de la société. Pour éviter cela, le gouvernement, l’agence régionale de santé et la fédération association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) ont travaillé main dans la main pour créer une unité d’enseignement destinée à ces jeunes enfants. “Notre objectif est de favoriser l’inclusion, le vivre ensemble, l’autonomie, mais aussi la tolérance et la connaissance des personnes qui ne sont pas atteintes de ces troubles”, affirme Patrick Boutier, directeur de l’offre de soins et de l’autonomie au sein de l’ARS.

Une classe comme les autres

Dans la salle aménagée pour accueillir les jeunes enfants autistes : des tableaux, des jeux, des bureaux… Rien de bien différent de la bonne vieille salle de classe que nous connaissons tous. Ce qui change ici c’est l’accompagnement et l’attention qui est portée aux jeunes élèves. “En tout, nous sommes quatre à travailler avec les enfants. Il y a un accompagnant d’élèves en situation de handicap, une éducatrice spécialisée, une accompagnante éducative et sociale et moi-même qui suit enseignante spécialisée”, déroule Angélique Pochon, leur maîtresse. Au sein de la classe, l’éducatif se réinvente et les apprentissages sont adaptés à chacun. “Les niveaux sont très différents d’un élève à l’autre et notre but principal est avant tout de socialiser ces jeunes enfants”, détaille l’enseignante avant d’ajouter : “C’est très encourageant, dans la cour, nos élèves commencent à jouer avec les autres et les enfants qui ne sont pas en situation de handicap apprennent la différence et l’accepte.

Un plan national

En France, les troubles du spectre de l’autisme (TSA) représentent entre 0.9 % et 1.2 % des naissances. Chaque année à Mayotte, entre 88 et 117 bébés naissent avec cette pathologie. Afin que ces personnes soient diagnostiquées et accompagnées dès leur plus jeune âge, des dispositifs comme celui-ci luttent pour l’inclusion des autistes au sein de l’école et de la société, ce qui permet de changer le regard sur le handicap, de sensibiliser et d’informer. “Tous les hommes naissent libres et égaux en droit et cette notion d’égalité doit se traduire par un accompagnement spécifique”, affirme le recteur de l’académie de Mayotte, Gilles Halbout. À l’échelle nationale, 45 unités spécialisées devraient voir le jour d’ici 2022-2023. Un grand pas dans l’évolution du regard porté sur le handicap et un réel bon en avant pour l’inclusion des personnes atteintes de pathologies.

Avec sa nouvelle agence, Proman veut désacraliser l’intérim à Mayotte

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Mercredi 10 novembre, Proman Mayotte fêtait l’inauguration de sa seconde agence mahoraise située en Petite-Terre. L’occasion pour le groupe de réaffirmer sa place dans l’océan Indien.

660 agences situées dans 15 pays différents, un chiffre d’affaires de 2.9 milliards en 2021, 31 ans d’expérience et une volonté de s’étendre dans la région. Vous l’aurez deviné, avec l’ouverture de sa toute nouvelle agence en Petite-Terre, Proman n’en est pas son coup d’essai. “Nous avons été les premiers à nous positionner sur le marché de l’intérim à Mayotte, dès son autorisation en 2018”, rappelle Nicolas Puluhen, le responsable de secteur océan Indien chez Proman. Grâce à ses implantations à La Réunion, à l’île Maurice et à Mayotte, le groupe emploie quotidiennement 220 à 250 personnes sur l’île aux parfums.

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Petite agence mais grand projet

Avec ses cinq mètres par trois, l’agence Proman de Petite-Terre est la benjamine du groupe.
En effet, bien loin de ses racines, l’entreprise française spécialisée dans le domaine du travail temporaire et dans le recrutement en CDD/CDI compte bien se développer durablement sur l’île aux parfums. Mais pas que ! “Notre volonté est d’avoir une grande légitimité dans l’océan Indien, de nous installer, de rester et de mailler tout le territoire avec notre savoir-faire« , détaille Nicolas Puluhen. Bâtiment, industrie, services, transport, logistique… L’intérim a de multiples facettes. Pour gérer leurs agences, les responsables de Proman peuvent compter sur une équipe de cinq salariés permanents, répartis entre les deux agences.

Pour célébrer l’ouverture de cette nouvelle antenne de l’entreprise, le groupe n’a pas fait les choses à moitié. Après-midi jet-ski, réception avec plus de 150 personnes, privatisation du Faré et même la présence de Nassur Attoumani, venu spécialement pour dédicacer son dernier ouvrage “Mayotte rencontre de peuples et de civilisations”. Pas de doute, Proman affiche sa réussite et espère bien étendre son activité dans la région.

La prise en charge des élèves primo-arrivants par le rectorat pour une meilleure insertion

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Savoir lire et écrire français dans l’école de la République est un idéal qui n’existe pas dans les écoles mahoraises. Nombreux sont les enfants scolarisés qui ne maîtrisent pas la langue de Molière. Une partie d’entre eux sont ceux que l’on appelle les primo-arrivants, c’est-à-dire des étrangers qui suivent leur scolarité en France. Le rectorat de Mayotte a mis en place tout un dispositif permettant de suivre ces enfants grâce au centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés, plus connu sous l’acronyme CASNAV. S’ils sont évalués pour connaître leur niveau, les professionnels analysent également leurs comportements afin de s’assurer que ces enfants ne soient pas un danger lorsqu’ils intègrent les établissements scolaires.

L’élève accusé d’avoir poignardé son camarade au collège de M’Gombani lundi dernier est un primo-arrivant. Il s’agit d’un enfant comorien âgé de 12 ans qui est arrivé dans l’établissement quelques semaines après la rentrée. Les spéculations vont bon train concernant ce jeune garçon. Enfant harcelé par ses camarades ? Élève ayant des lacunes à l’école ? N’aurait-il pas réussi à s’intégrer ? Beaucoup de questions restent pour l’instant sans réponses, et ses motivations ne sont toujours pas connues. Il est cependant exclu à titre conservatoire du collège. Et après l’effervescence qu’a généré son acte, se soulève la problématique de la prise en charge de ces jeunes qui arrivent, souvent des pays voisins, et qui doivent être absolument scolarisés. Le recteur de Mayotte, Gilles Halbout, se veut rassurant : ses équipes mettent tout en œuvre pour permettre aux primo-arrivants de s’insérer au mieux dans leur nouvel environnement.

Flash Infos : Quand les enfants étrangers arrivent à Mayotte et qu’ils doivent être scolarisés, de quelle manière sont-ils pris en charge par le rectorat ?

Gilles Halbout : De manière générale, ils sont pris en charge par le centre académique pour la scolarisation des allophones nouvellement arrivés. Tous les rectorats en ont un ! Ces équipes sont chargées de l’accueil et du suivi des enfants détectés avant de les inscrire à l’école. Ils sont évalués : nous regardons par exemple s’ils n’ont pas de problèmes comportementaux et de troubles psychologiques, en collaboration avec les associations et l’agence régionale de santé. L’objectif est qu’ils rentrent très rapidement dans des structures éducatives adaptées quand il n’y a pas de souci.

Le Casnav se rend sur le terrain à la rencontre des familles et de ces enfants pour faire ces évaluations et les orienter. Nous développons en même temps les enseignements de français en tant que langue seconde pour ceux qui ne le parlent pas. Mais nous sommes très vite dépassés par le nombre et c’est aussi une population qui est difficile d’accès. C’est pour cela que les associations nous aident.

FI : Une fois que le travail du CASNAV est fait et que les élèves sont scolarisés, ces enfants sont-ils encore suivis ?

G.H : À l’intérieur des établissements scolaires, le travail continue avec tout le dispositif de la mé-diation sur la langue française. Mais à Mayotte, il y a aussi des jeunes qui ne viennent pas d’arriver, qui sont là depuis longtemps et qui ont aussi des difficultés d’apprentissage. Donc nous utilisons la deuxième partie de la mission du Casnav, c’est-à-dire l’apprentissage du français quand ce n’est pas la langue première pour des enfants qui ne sont pas des primo-arrivants.

FI : Les jeunes passent des tests d’évaluation mais sont parfois placés dans des classes qui ne sont pas à leur niveau. Pour quelles raisons ?

G.H : Ils passent des tests de niveau, même si la logique dans l’Éducation nationale est d’orienter les élèves selon leur âge. Un jeune de 15 ans ne peut pas être en primaire… Nous militons plus pour travailler par groupe de compétences. Il peut y avoir des niveaux très hétérogènes dans une classe et les enseignants ont du mal à avancer car ce n’est pas évident de gérer l’hétérogénéité. En plus, cela tire tout le monde vers le bas, parce les difficultés ne sont pas traitées. L’enseignant essaye de faire comme il peut, mais globalement il ralentit les uns et ne comble pas les lacunes des autres !

FI : Ils sont orientés selon leur date de naissance, mais comment pouvez-vous être sûrs qu’ils ont l’âge annoncé ?

G.H : Nous ne pouvons pas faire des tests osseux aux élèves ! Nous prenons les informations qu’on nous donne… Nous pouvons émettre des doutes, et lorsque c’est le cas nous les faisons remonter, mais cela prend du temps pour vérifier les informations. Il y a vraiment un souci de suivi alors que l’âge est important. Toutefois, ce n’est pas à nous de certifier l’âge. D’autant plus que les représentants légaux ou les parents sont souvent absents. Nous les voyons à l’inscription, mais ensuite c’est difficile de les revoir. Pour y remédier, nous mobilisons énormément nos assistantes sociales sur ce sujet.

FI : Finalement quel est l’objectif du rectorat ? Est-ce seulement de scolariser en masse ces enfants qui arrivent ?

G.H : Non ! C’est aussi d’être vigilant sur leur suivi de santé et social. Nos services sont toujours en alerte, nous nous assurons qu’il y ait un référent, un parent… À la sortie de l’école, nos personnels n’ont pas à suivre les enfants, mais à l’intérieur, nous sommes vigilants. Il est vrai que beaucoup de choses remontent : malheureusement, nous ne pouvons pas tout traiter !

Lionel Canesi : « Il ne faut pas se cacher derrière la facilité comme les réductions et les avantages fiscaux »

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En visite à Mayotte pendant deux jours, les 9 et 10 novembre, à l’occasion de l’assemblée générale du comité départemental des experts-comptables, Lionel Canesi, le président de l’ordre national de la profession, a profité de son séjour pour rencontrer différents acteurs économiques et politiques afin de dresser un constat de la situation locale. Entretien.

Flash Infos : Vous êtes le président de l’ordre national des experts-comptables depuis le 15 décembre 2020. Une organisation pas forcément très connue sur l’île aux parfums. Concrètement, en quoi consiste-t-elle ?

Lionel Canesi : Les experts-comptables ont aujourd’hui un rôle essentiel qui est d’accompagner les entreprises, à la fois pour trouver les aides et les préparer à la relance dans le but de sauver les TPE. C’est capital, c’est ce qui nous anime tous depuis le premier confinement, qui a mis en valeur notre métier qui était parfois méconnu.
Je profite de l’assemblée générale du comité départemental des experts-comptables de Mayotte, dont le président est Djoumoi Ramia, pour rencontrer des interlocuteurs du monde économique et politique et pour venir porter la parole des experts-comptables sur cette sortie de crise. C’est un message qui est important à nos yeux.
Quand j’ai débuté ma mandature, j’ai commencé par faire 50 propositions de relance de l’économie, que j’ai portées dans les différents ministères, dont une quinzaine ont été reprises par le gouvernement, comme certains fonds de solidarité, le coût fixe, les procédures de sauvegarde simplifiées…

FI : Certaines de ces propositions étaient-elles spécifiques aux Outre-mer ?

L. C. : Très peu, seulement une ou deux… Originaire de Corse, je connais ces problèmes d’insularité, mais aussi ces particularités et ces complexités. Donc nous avons décidé de rédiger un livre spécifique de propositions ultramarines qui est porté par Abdoullah Lala, le président du comité Outre-mer. D’ici une dizaine de jours, je rencontrerai Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, pour lui présenter ces mesures.

FI : Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous avant cet entretien ?

L. C. : Si nous n’essayons pas, nous n’y arriverons pas ! Il faut que les mesures viennent du terrain : ce n’est pas depuis Paris que nous allons trouver des solutions pour les territoires ultramarins. Nous allons les défendre et expliquer leur intérêt pour les entreprises. Après il ne faut pas se cacher derrière la facilité comme les réductions, les avantages fiscaux, etc. Au vu du contexte actuel et de l’endettement du pays, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne stratégie à adopter.

FI : Selon vous, quelle position devrait défendre le 101ème département ?

L. C. : Mayotte a plein d’atouts, mais ce n’est pas en attribuant encore et encore des subventions et des réductions fiscales que l’économie et la mobilité vont se développer. Comment voulez-vous tirer le territoire vers le haut avec de tels bouchons ? Je me mets à la place des artisans qui doivent se déplacer pour se rendre sur un chantier, c’est invivable… Il faut aussi mettre le paquet sur l’éducation en faisant en sorte que les élèves aient des débouchés économiques.

FI : Justement, en parlant d’éducation, vous avez au cours de votre séjour rencontré le recteur, Gilles Halbout, ainsi que des étudiants en Petite-Terre. Un moyen de mettre en lumière la voie de la comptabilité et de la gestion.

L. C. : C’est une profession qui ne connaît pas la crise en termes de chômage et qui a des besoins de recrutement non pourvus. Rien qu’à Mayotte, il y a 150 postes vacants… Et 10.000 au niveau national ! En clair, les étudiants sont sûrs et certains de trouver un boulot à la fin de leurs études. C’est aussi une formation qui mène à beaucoup de choses : si nous préférons lancer notre entreprise plutôt que de travailler dans la branche, c’est toujours mieux d’avoir des notions de comptabilité et de gestion. Sans omettre l’ascenseur social. Il y a très peu d’experts-comptables qui sont fils d’experts-comptables.
Pour revenir au recteur, je l’ai trouvé très à l’écoute des besoins des entreprises. Il a envie de mettre en place les formations en fonction des demandes pour faire rayonner le territoire. De notre côté, nous lui avons fait part de notre volonté de proposer un bac+3 car une grande partie de notre métier se digitalise et doit monter en compétences. Banco, la licence débute à partir de la rentrée prochaine !

FI : Parmi vos autres rendez-vous, il y a eu celles avec le président du conseil départemental et le secrétariat général des affaires régionales pour échanger sur le plan de relance et la situation économique. Qu’en est-il ressorti ?

L. C. : Par rapport aux aides à la crise, je défends leur territorialisation, leur sectorisation et leur temporalité. Nous ne pouvons pas traiter de la même manière un restaurant à Marseille et à Mayotte. La courbe de l’épidémie n’est pas la même !
Après, il y a le plan de relance et d’investissement qui arrive. Il faut en profiter pour que les territoires portent des idées et des projets structurants. Il y a des secteurs d’activités porteurs à pousser, comme ceux de la biodiversité, du transport, de la construction, du numérique… Il faut que les acteurs du territoire s’unissent ! La période actuelle demande de la solidarité. C’est le moment de récupérer des fonds : il reste 50 milliards d’euros sur la table.

FI : Vous avez également rencontré le président de la CPME (confédération des petites et moyennes entreprises) pour évoquer les difficultés et le quotidien des petites entreprises. Une étape incontournable pour pouvoir assimiler les subtilités locales.

L. C. : Quand je rencontre Bruno Le Maire ou Alain Griset, c’est important de porter les revendications des différents territoires. Une TPE reste une TPE, mais chacune a ses complexités locales. C’est nécessaire de comprendre pour pouvoir aider. Je l’ai fait pour La Réunion, la Martinique et la Guadeloupe, au tour de Mayotte !
Comme je le disais précédemment, il faut flécher la fiscalité et les réductions d’impôts vers les secteurs incitatifs. De cette manière, nous pouvons influencer les dirigeants à se tourner vers ceux qui sont l’avenir de l’île, plutôt que d’aider des entreprises qui font des bénéfices. Or bien souvent, pour se donner bonne conscience, il suffit de saupoudrer…

FI : Le prix annuel de suivi des cabinets d’experts-comptables s’élève en moyenne 1.500 euros en métropole contre 2.900 euros à Mayotte pour une entreprise individuelle. Comment l’expliquez-vous ?

L. C. : Pour le national, cela ne veut strictement rien dire ! Une entreprise individuelle peut y avoir une facture client par mois, comme mille… Il faut juste savoir qu’il n’y a ni de numerus clausus chez les experts-comptables ni de tarifs fixés. Nous sommes en totale concurrence, donc il n’y a aucune raison que les montants appliqués soient plus élevés d’un territoire à l’autre.
La moyenne nationale d’un dossier est à peu près de 2.400 euros. Je vous mets au défi de rencontrer tous les cabinets de Mayotte : vous verrez qu’ils ne sont pas plus chers qu’en métropole. Les experts-comptables sont les seuls autorisés à tenir des comptabilités. Les autres, ceux que l’on appelle les comptables « marrons », sont dans l’illégalité. Ce n’est pas du corporatisme : comme ils n’ont pas les compétences, ces derniers font prendre des risques aux entreprises ! Après, nous pouvons toujours trouver qu’un expert-comptable est onéreux, mais sa plus-value est bien plus importante que le coût en face.

En plus des 240 nouveaux logements sociaux, le maire de Labattoir rêve encore plus grand

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Trois ans après le début des travaux des lotissements Marzoukou situés à Labattoir, la moitié des appartements sont prêts à accueillir leurs locataires. 117 familles devraient recevoir les clés de leurs nouveaux logements d’ici la fin du mois de novembre. Ils font partie du projet de construction de la société immobilière de Mayotte qui doit fournir 6.000 logements en dix ans.

Dans les lotissements Marzoukou à Labattoir, les ouvriers s’affairent encore pour le crépissage des murs, la pose du carrelage et l’installation des fenêtres. Alors que de l’autre côté, 117 appartements sont déjà prêts à accueillir leurs tous premiers occupants. « Nous allons enfin donner de la dignité à ceux qui vivent dans des conditions difficiles », se réjouit Said Omar Oili, le maire de Dzaoudzi-Labattoir. Qu’il s’agisse de T3 ou de T4, les habitations sont spacieuses et chaque famille pourra trouver son bonheur.

À termes, 240 logements doivent sortir de terre : « une grande première pour le territoire de Mayotte », selon Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat. Mais trois ans après le début des travaux, il reste encore beaucoup à faire et le contexte mahorais n’est pas toujours favorable. « Construire à Mayotte ce n’est pas simple, c’est plus compliqué et plus long qu’ailleurs parce qu’il faut d’abord maîtriser le foncier et avoir tous les titres de permis… Malgré tout, ce lotissement a été fait en trois ans, ce qui est plutôt une très belle performance », assure la responsable de la filiale immobilière de la Caisse des dépôts. Il faudra faire encore mieux dans les prochaines années puisque la société immobilière de Mayotte doit construire 6.000 logements en l’espace de dix ans, au rythme de 600 par an.

Un défi de taille qui se confronte aux difficultés liées à la construction à Mayotte. La SIM n’a d’autre choix que de s’appuyer sur les collectivités pour espérer mener à bien ses projets dans les temps. Pour cela, elle a d’ailleurs paraphé mardi dernier une convention avec la ville de Mamoudzou pour la construction de 1.500 logements au cours des cinq prochaines années. Un engagement partenarial réédité le lendemain avec la commune de Dzaoudzi-Labattoir. « Notre rôle est de faciliter les opérations de la SIM pour que tout aille plus vite. Nous devons aider le groupe à acquérir les terrains et en parallèle, nous devons recenser les personnes qui ont besoin d’être relogées de manière urgente », détaille à l’image d’une feuille de route Said Omar Oili.

L’État finance mais cela ne suffit plus

La question du logement est toute aussi cruciale qu’urgente à Mayotte. Les habitats in-dignes font toujours partie du paysage mahorais, dix ans après la départementalisation de l’île… Dans ces conditions, l’État met les bouchées doubles pour rectifier le tir. Reste aux différentes municipalités à prendre leur part de responsabilité face à la manne financière allouée par le gouvernement ! « Nous n’avons engagé que 600 millions d’euros sur le milliard six destiné aux logements des Outre-mer. C’est paradoxal car nous avons des problèmes de logements, et l’État n’a jamais autant accompagné les collectivités à Mayotte », regrette le maire de Dzaoudzi-Labattoir, non sans une pointe de provocation à l’égard de ses confrères. « Si nous ne les utilisons pas maintenant, ils ne vont pas disparaître. Ils peuvent être réaffectés à l’Outre-mer. Maintenant, c’est à la préfecture, avec les élus et les opérateurs locaux, de faire en sorte de consommer [l’enveloppe] mise à disposition », indique Claude VoDinh, le secrétaire générale de la préfecture de Mayotte. Hors de question pour Said Omar Oili de voir cette somme filer entre les doigts des mahorais. « Il faut transformer ces nuages d’argent pour qu’ils arrosent Mayotte, sinon ils iront arroser d’autres territoires et cela serait vraiment dommage pour notre département. Que les élus prenons les choses en main ! » lance-t-il plein d’entrain et d’espoir.

Vouloir construire est une chose, mais encore faut-il que les collectivités aient l’espace nécessaire pour loger ou reloger toutes les familles qui en ont besoin. Et à Dzaoudzi-Labattoir, les ambitions sont grandes. Mais à première vue, les terrains disponibles pouvant accueillir des projets de construction de grande envergure se font de plus en plus rares… Cela étant, pour le maire de la ville, ce problème a une solution. « Il faut que nous changions nos modes de vie parce que le monde évolue. Nous allons trouver là où il y a de la place et construire en hauteur. C’est tout l’objet de la convention avec la SIM. Nous allons discuter en amont et voir dans notre PLU (plan local d’urbanisme) jusqu’à combien de mètres nous pouvons monter », indique Said Omar Oili. Avec cela, ce dernier espère éradiquer les habitats indignes de son territoire. Seul hic : les logements ne sont pas ac-cessibles aux personnes en situation irrégulière. De fait, la solution se trouve probablement ailleurs…

Après la ZAC du Soleil Levant, Mamoudzou veut construire 1.500 logements sociaux en 5 ans

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En déplacement à Mayotte, et plus particulièrement sur la zone d’aménagement concertée dite du Soleil Levant, Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat, a signé une convention de partenariat avec la ville de Mamoudzou, dans laquelle le groupe s’engage, à travers la société immobilière de Mayotte, à construire 1.500 logements sociaux sur cinq ans dans la ville chef-lieu.

9h53. Deux femmes de ménage s’activent pour faire briller de mille feux le mur vert extérieur du bâtiment Juwa. D’une minute à l’autre, Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat, Ahmed Ali Mondroha, le directeur général de la société immobilière de Mayotte, et Hamidani Magoma, le 2ème adjoint à la mairie de Mamoudzou en charge des projets structurants, doivent débarquer pour sillonner la zone d’aménagement concertée Hamaha dite du Soleil Levant dans le prolongement des Hauts-Vallons.

Un rendez-vous à marquer d’une pierre blanche près de dix ans après le lancement de cette vaste opération de plus de 22 millions d’euros et de 12 hectares qui porte sur la transformation d’un secteur à dominante d’exploitation de carrière de pouzzolane et agricole en un quartier de ville mixte. « Cela va être une référence pour nos concitoyens qui vont commencer à y croire », s’emballe l’élu de la ville chef-lieu, au moment de découvrir un T4 situé au quatrième étage, dans lequel vit depuis juillet dernier la famille d’Abdouramane Mbaé.

Un air de vent frais dans les immeubles et les logements

Depuis 2018, le chantier bat son plein pour sortir de terre les 185 logements locatifs très sociaux. « Nous essayons de proposer différentes typologies pour que les habitants s’y retrouvent », décrypte Stéphane Aimé, le cogérant de Tand’M Architectes, avant de présenter une varangue traversante aux invités du jour pour amener de la fraîcheur naturelle et ainsi éviter la prolifération des climatiseurs. Car oui, le projet urbain et social s’inscrit dans la perspective d’un développement durable et solidaire, en cohérence avec les engagements pris dans le dispositif d’approche environnementale de l’urbanisme.

D’où « l’accent mis sur la végétalisation aux abords des habitations pour diminuer la température ». « Y’a plein d’air », opine le père de quatre enfants. Une réflexion d’ensemble qui justifie l’utilisation de fibrociment très résistant pour éviter les noircissements ainsi que l’achat de bardages de meilleure qualité pour proposer une protection supplémentaire. Si les immeubles Hawa et Mwezi accueillent déjà leurs premiers occupants, il va falloir attendre un peu – « entre trois et six mois » selon Estelle Rousseaux, en charge de l’aménagement de la ZAC pour la SIM – pour que Juwa et Nyora en fassent de même. Pour l’heure, on note tout de même un taux d’occupation de près de 70%.

Du tertiaire, des commerces et des équipements structurants

Et ce n’est pas tout : 78 logements en accession sociale à la propriété doivent s’y greffer autour d’ici les quatre prochaines années. « Une dizaine de lots vont débuter leur construction dès 2022. » Dans le même temps, « place aux privés » qui vont également pouvoir investir puisqu’une cinquantaine de parcelles libre (à bâtir et intermédiaires) les attend de pied ferme, dans l’optique d’ajouter 250 logements. Sans oublier les 3.000 mètres carrés dédiés aux activités, notamment tertiaires, et la vingtaine de rez-de-chaussée commerciaux. Le site a également vocation à accueillir des équipements culturels et publics structurants sur près de 6.000 mètres carrés, tels qu’un groupe scolaire, une maison de quartier, un plateau sportif, ou encore une mosquée. De quoi améliorer « le cadre de vie de la population », assure Hamidani Magoma.

1.500 logements sociaux à construire d’ici 5 ans

D’ailleurs, la municipalité ne compte s’arrêter en si bon chemin. Preuve en est avec la signature ce mardi matin d’une convention de partenariat avec CDC Habitat. Le but ? Que sa filiale mahoraise depuis 2017, à savoir la SIM, construise 300 logements sociaux par an au cours des cinq prochaines années sur le territoire communal. « Nous apportons notre pierre à l’édifice pour atteindre l’objectif affiché », poursuit l’adjoint en charge de l’aménagement. Une excellente nouvelle pour Anne-Sophie Grave tant les contraintes en matière « de foncier aménagé » sont récurrentes sur l’île. Ainsi, cet engagement va rapidement augmenter de moitié le parc locatif de la SIM, composé de 2.107 logements fin 2020. Et par la même occasion réduire le temps d’attente entre le dépôt de dossier et le passage en commission d’attribution. « Il n’y a pas assez d’offres par rapport à la demande sur Mamoudzou, ce n’est pas un scoop », confirme Ahmed Ali Mondroha, le directeur de la société immobilière de Mayotte. Bientôt de l’histoire ancienne ?!

Émanciper Mayotte envoie les étudiants mahorais au Québec

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Connue pour accompagner les jeunes mahorais en dehors du département, l’association Émanciper Mayotte passe à un autre niveau. Elle vise désormais le continent américain avec une nouvelle antenne au Québec. Dans quelques mois, des étudiants mahorais pourront aller étudier outre-Atlantique pendant trois ans. Un projet rendu possible grâce au soutien de la fondation La France s’engage.

Les représentants de l’association Émanciper Mayotte en avaient rêvé… C’est désormais gravé dans le marbre ! Ce lundi 8 novembre, la fondation La France s’engage a affirmé son soutien total envers la structure en la désignant lauréat Outre-mer de son concours annuel qui soutient les projets d’innovation sociale. « Le prix que nous avons reçu permet à Émanciper Mayotte d’être accompagné par la fondation grâce à un montant de 60.000 euros », indique Houssaini Assani Tafara, le directeur de l’organisation. Et si cette somme est la bienvenue, ce qui l’intéresse réellement est le réseau de la fondation.

emanciper-mayotte-envoie-etudiants-mahorais-quebecEt pour cause ? Émanciper Mayotte a l’intention d’emmener les jeunes mahorais au Québec afin qu’ils puissent faire leurs études pendant trois ans. « Quand nous avons commencé à parler du sujet au niveau local, on nous a dit que c’était impossible, et quand nous sommes arrivés à la France s’engage, ils nous ont écoutés », raconte Houssaini Assani Tafara. Ce soutien a permis la création de deux nouvelles antennes de l’association au Québec et à La Réunion. Et ce n’est pas tout ! Deux autres devraient voir le jour : l’une à Paris avant la fin de l’année, l’autre à Saint-Martin d’ici le deuxième trimestre 2022. « Il nous a semblé nécessaire de développer nos antennes dans les quatre coins du monde pour améliorer la mobilité des jeunes mahorais », explique Abdou Said Gaba, le directeur adjoint d’Émanciper Mayotte. Et le choix du Québec ne s’est pas fait par hasard. Il peut être le nouvel Eldorado des jeunes mahorais. « Nous les envoyons sur un territoire où il y a plus d’opportunités d’emplois. Le Québec recrute 30.000 personnes par an dans les professions où il y a un besoin de mains-d’œuvre important », rappelle Houssaini Assani Tafara.

Objectif : 50 jeunes envoyés tous les ans

Le projet d’Émanciper Mayotte n’est pas nouveau dans la région. En effet, cela fait des années que des étudiants réunionnais sont envoyés sur l’île canadienne pour continuer leurs études. « La Réunion envoie 150 jeunes au Québec tous les ans depuis 20 ans. Nous nous sommes dit que nous aimerions faire la même chose au départ de Mayotte et envoyer une cinquantaine de jeunes mahorais tous les ans », précise le directeur de l’association. Ils devront cependant se soumettre à une phase de préparation sur le 101ème département avant de s’envoler. Une fois sur place, ils seront épaulés par les partenaires choisis soigneusement par les porteurs de projet. « Nous nous appuyons sur des personnes qui sont déjà dans ces lieux, qui connaissent bien les territoires et qui sauront accompagner les jeunes. Ces collaborateurs bénéficient eux aussi d’une formation en interne pour mieux guider les étudiants », annonce Abdou Said Gaba, le directeur adjoint d’Émanciper Mayotte.

Le projet a séduit la fondation La France s’engage, mais également le rectorat de Mayotte qui « a compris l’intérêt ». « Il nous a approchés pour travailler ensemble », confie Houssaini Assani Tafara. Il espère que le changement s’opérera auprès des politiques. « Nous essayons de les mobiliser. Nous attendons de voir si au niveau local, ils vont revoir leur copie », ajoute-t-il. C’est une autre paire de manche qui s’annonce donc pour Émanciper Mayotte. Quoi qu’il en soit, avec ou sans le soutien des élus, une poignée d’étudiants mahorais aura l’opportunité d’aller au Québec pour la prochaine rentrée scolaire en septembre 2022.

Réduire et améliorer l’utilisation des pesticides, l’objectif du plan Ecophyto

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Du 5 au 10 novembre, sur le parvis de l’office du tourisme de Mamoudzou, l’équipe Ecophyto Mayotte reçoit petits et grands pour découvrir et apprendre à reconnaître les ravageurs, les auxiliaires et les plantes de services que l’on croise tous les jours.

La chouette : amie ou ennemie des cultures ? Et le tangue ? Et la guêpe ?” Face à son petit public de CE1, venu du quartier de Cavani, la chargée de mission animation pour le plan Ecophyto à Mayotte, énumère les différents habitants des jardins mahorais. “On les connaît peu et pourtant, ils sont partout”, s’amuse Sarah Bunel. Des petits voisins discrets, mais qui jouent un rôle essentiel dans l’équilibre des systèmes agricoles, parfois même à l’échelle microscopique.

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Maquettes, affiches, jeux interactifs… Tout est fait pour capter l’attention du public et le sensibiliser aux problématiques environnementales induites par l’usage des produits phytosanitaires. Des écoliers aux professionnels de l’agriculture, tout le monde peut venir se renseigner et découvrir des solutions innovantes. L’objectif du plan Ecophyto à terme ? Réduire de 50% l’utilisation des pesticides à l’horizon 2025. “Notre but à Mayotte est de proposer plus d’alternatives pour utiliser le moins possible les produits phytosanitaires sur les cultures”, explique Loïc Larroche, chef de projet Ecophyto. Un travail de longue haleine qui se fait en réseau avec les cultivateurs et qui passe surtout par la sensibilisation de la population.

De la documentation à destination de tous

En tête de gondole sur le stand Ecophyto se retrouvent étalés des manuels d’utilisation, des flyers et des plaquettes de communication expliquant comment manipuler et appliquer les produits phytosanitaires en réduisant les risques pour l’Homme et la nature. Préférer des intrants produits de bio-contrôles aux produits chimiques de synthèse, lire les étiquettes, mettre des gants, des masques, des lunettes… Le traitement des cultures n’est pas un jeu d’enfants et nécessite des précautions encadrées par la règlementation. “La formation certiphyto pour les agriculteurs permet de leur apprendre comment utiliser ces intrants sur leurs parcelles et comment se protéger, mais aussi trouver des alternatives grâce aux auxiliaires de culture par exemple”, détaille Loïc Larroche.

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Plan d’action national et spécificités régionales

Porté par les ministères de l’Agriculture et de l’alimentation, de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la santé, et de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le plan Ecophyto s’est structuré en quatre pôles d’activités à Mayotte. Tout d’abord, l’animation régionale. Avec la mobilisation des acteurs et la communication sur la réduction des produits phytosanitaires. Puis, la surveillance biologique du territoire. “Nous produisons chaque mois un bulletin de santé du végétal afin de réaliser un suivi des bioagresseurs au fil de l’année”, précise l’ingénieur spécialisé en protection des plantes en horticulture. Ensuite, on retrouve les réseaux Déphy Ferme qui accompagnent des agriculteurs volontaires afin d’éprouver, valoriser et déployer des systèmes de cultures durables économes en pesticides. Enfin, l’action transfert à travers le projet « A-PIC » permet de diffuser vers des groupes plus larges des techniques qui ont fait leurs preuves dans le cadre de programmes de recherche et développement.

Mayotte Agri’Coop : un engrais local, 100% naturel… grâce aux fientes de poules

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Créée officiellement en 2021, une nouvelle coopérative veut revaloriser, dans un premier temps, les déjections des milliers de poules pondeuses de ses adhérents, grâce à une station de séchage. AVIMA a investi plus d’un million d’euro pour ce projet, qui entend bien séduire les agriculteurs de l’île, contraints par les prix élevés des fertilisants importés.

On arrive à l’entrepôt par une petite route terreuse qui serpente la colline depuis les locaux d’Avima-Ovoma, la société mahoraise de production d’œufs locale. Sur les hauteurs, une fois n’est pas coutume, pas de vue imprenable sur le lagon ni d’effluves d’air marin, les deux souvent à couper le souffle. Mais il y a bien une chose qui prend le nez, là-haut. “Ça, c’est l’odeur de l’élevage !”, glisse avec un clin d’œil Baptiste Judek, le coordinateur de Mayotte Agri’Coop. En contrebas, trois bâtisses alignées abritent en effet quelque 50.000 poules pondeuses à l’ouvrage, dont les émanations s’échappent par d’imposants ventilateurs, en direction de la brousse.

Comme les rails des montagnes russes, de drôles de structures métalliques relient ces bâtiments à l’entrepôt de séchage, où s’achemine chaque jour l’autre fruit du dur labeur avicole : près d’1,8 tonne de fientes fraîches ! Soit un beau stock de 650 tonnes chaque année au total, à écouler où c’est possible. Or, la réglementation qui entoure l’épandage de ces excréments pour les besoins de l’agriculture est justement très stricte. “C’est un maximum de 40 tonnes par hectare, autant dire qu’il n’y a pas de champ assez spacieux à Mayotte”, explique le président de cette société coopérative d’intérêt commercial (SCIC), créée officiellement en 2021 sous l’impulsion d’Avima-Ovoma. “80% des agriculteurs de l’île travaillent encore avec le coupe-coupe”, évoque le patron.

Du diméthoate retrouvé sur des tomates

C’est donc pour cette raison qu’est née la coopérative Mayotte Agri’Coop, autour d’une poignée d’éleveurs. Son objectif ? Retraiter les matières organiques agricoles (MOA), effluents d’élevages et autres déchets compostables, dans une visée de revalorisation. En l’occurrence, transformer les fientes des poules d’Avima-Ovoma et des autres adhérents en engrais. Le bonus : le produit fini est 100% naturel et local. “Aujourd’hui, il n’y a pas de production d’engrais locale à Mayotte. Or pour un agriculteur, s’acheter un sac de fertilisant importé représente une vraie fortune !”, présente Baptiste Judek, qui chapeaute le projet. “Comme beaucoup d’agriculteurs font l’élevage et le maraîchage, ils vont épandre des fientes sur leurs cultures, mais sans maîtrise concrète du procédé, parfois avec le risque de stériliser leur sol ou de détruire un écosystème.” Sans compter les éventuels pesticides plus ou moins illégaux qui se retrouvent parfois sur les fruits et légumes écoulés en bord de route… En 2019, un contrôle de la Daaf (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la Forêt) avait révélé la présence sur les tomates de diméthoate, un insecticide dangereux interdit en France depuis 2016, à un taux 17 fois supérieur à la norme autorisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

1,4 million d’euros d’investissement

Pour éviter un empoisonnement malheureux, Mayotte Agri’Coop entend donc proposer cette nouvelle solution, fiable et bon marché, et qui respecte un cahier des charges strict, aux agriculteurs de l’île aux parfums “désireux d’avoir cette approche responsable”, développe le coordinateur. Concrètement, les déjections transitent par un séchoir, composé de plusieurs niveaux. Le procédé permet d’évacuer l’ammoniac et l’humidité des fientes, qui passent cinq jours étalées sur un tamis au premier étage de l’entrepôt, avant d’atterrir quelques tapis plus tard dans des big bag de 600 kilos. Un produit qui a l’avantage de pouvoir être déversé facilement, à la main ou au seau, par les agriculteurs. “La poudre contient aussi une bonne quantité de calcium, un élément très important pour les sols et plutôt absent ici, en raison de la terre volcanique de Mayotte”, ajoute Baptiste Judek.

Lancé en 2019, l’entrepôt de séchage a nécessité un premier investissement d’1,4 million d’euros, à la charge d’AVIMA. Pour l’instant, la coopérative, qui souhaite aussi accompagner ses adhérents dans le développement de leur activité par du conseil technique, offre les sacs en échange de leurs propres déchets organiques. Mais à terme, la société espère bien tirer un petit pécule de ses déjections en poudre, notamment en favorisant un modèle de consigne. De quoi éviter que les gros sacs en résine de plastique ne finissent leur course dans l’estomac d’une tortue ! “On pourra garder les sacs chez nous, et vendre l’engrais au seau consigné par exemple”, imagine le coordinateur. Le produit lui-même est appelé à évoluer : aujourd’hui sous forme de poudre, il sera à terme proposé en granulé, plus facile à épandre au pied des bananiers. Et la société compte s’équiper d’un hygiéniseur, pour garantir une qualité optimale. “On veut vraiment s’inscrire dans une démarche responsable.” De la poule à la fiente !

Lancement du Challenge Startupper par TotalEnergies : les jeunes entreprises mahoraises, tentez votre chance

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Le groupe TotalEnergies lance cette année la troisième édition de son concours « Challenge Startupper » consacré au continent africain. Mayotte et La Réunion sont les seuls territoires français qui peuvent participer grâce à leur localisation. Toutes les jeunes entreprises ayant moins de trois ans, peuvent déposer leur candidature sur le site dédié jusqu’au 23 décembre et espérer gagner la coquette somme de 7.000 euros et six mois d’accompagnement.

32 pays africains, plus Mayotte et La Réunion. Ce sont les territoires qui participent cette année au Challenge Startupper organisé par TotalEnergies depuis 2016. La précédente édition était ouverte au monde entier, mais pour cette troisième – deuxième pour Mayotte – le groupe se concentre sur l’Afrique. Le principe est simple : accompagner des jeunes entrepreneurs dans la création d’entreprise ou dans le maintien d’entreprise. Les candidats doivent avoir entre 18 et 35 ans et avoir une société de moins de trois ans. « Le con-cours s’adresse à tous les secteurs d’activités, mais les entreprises doivent répondre à un objectif commun qui est le développement durable. Elles doivent aussi avoir un caractère innovant, et enfin le troisième critère porte sur la faisabilité du dossier », rappelle Karine Poisson, la directrice de TotalEnergies Mayotte. Les candidats pourront s’inscrire dans les trois catégories désignées cette année, une sur le projet de création d’entreprises, une sur la startup qui a moins de trois ans et une autre sur l’entrepreneuriat au féminin.

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À la clé ? La somme de 7.000 euros et un coaching pendant six mois d’une valeur de 3.000 euros. « S’il n’y a pas d’accompagnement, le jeune créateur d’entreprise est perdu dans les démarches à suivre, et sur la priorisation des actions. On les accompagne pour que leurs entreprises durent dans le temps, qu’elles continuent à se développer », indique Karine Poisson. Mais avant de faire partie des lauréats, les entrepreneurs ont jusqu’au 23 décembre pour s’inscrire sur le site startupper.totalenergies.com/fr . À l’issue de cette période, les quinze premiers dossiers seront choisis pour faire un pitch devant un jury local, qui aura ensuite la responsabilité de sélectionner les trois gagnants.

Un coup de pouce grandement apprécié

Lors de la première édition à Mayotte en 2019, la société Maybio faisait partie des lauréats. Nassure Maliki, le gérant du magasin spécialisé dans les produits alimentaires et non alimentaires labellisés bio avait remporté 5.000 euros qui ont immédiatement été dépensés. « J’ai acheté une balance qui coûte 6.000 euros que je ne pouvais pas me permettre à ce moment-là. Cette balance m’a permis de développer mon rayon de produits en vrac », raconte-t-il. Cela lui a également apporté plus de visibilité médiatique et lui a ouvert de nouvelles opportunités. « Je suis content car j’ai rencontré des personnes avec qui je collabore en ce moment. »

Selon la marraine de cette nouvelle édition de Challenge Startupper, Maymounati Moussa Ahamadi, ce concours est le facteur qu’il faut pour motiver les jeunes et futurs entrepreneurs. « Pour créer son entreprise, on doit passer de l’envie à l’action, et on doit avoir beaucoup de détermination pour y arriver. Alors lorsqu’une structure comme TotalEnergies donne un coup de pouce en valorisant les projets c’est une bonne chose. Les entreprises se trouvent dans une communauté entrepreneuriale et sont les ambassadrices de leur île. »

En 2019, 42 dossiers avaient été déposés à Mayotte, un chiffre supérieur à celui de La Réunion. Cette année, TotalEnergies Mayotte espère dépasser les 42 candidatures et faire mieux que l’île voisine. Un objectif ambitieux quand on sait que Mayotte n’était pas censée faire partie du Challenge Startupper cette année à cause du changement de direction. « Quand je suis arrivée à Mayotte, j’ai découvert cela et j’ai directement appelé le siège pour leur dire qu’on voulait participer. Les autres pays travaillent dessus depuis mai et nous seulement depuis septembre. Mais on a tout rattrapé en deux mois », assure Karine Poisson. Raison de plus pour faire honneur à l’île et participer en masse. Jeunes entrepreneurs, à vous de jouer !

Cadre de vie et sécurité à Mayotte : « la délinquance affichée par le ministère de l’Intérieur sous-estime les chiffres »

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Ce lundi 8 novembre, Bertrand Aumand, le chef du service régional de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) à Mayotte, présentait les résultats de la première enquête « Cadre de vie et sécurité » conduite dans le 101ème département, en partenariat avec la direction générale des Outre-mer. Décryptage.

Sans grande surprise, la délinquance arrive en tête des problèmes cités dans leur village par 77% des habitants. Un sentiment qui se comprend au regard des atteintes aux biens subies par la population. En 2018 ou 2019, 18% des ménages déclarent avoir subi un cambriolage ou un vol sans effraction, soit quatre fois plus qu’en France métropolitaine (5%). À titre de comparaison, la part en Martinique et en Guyane s’élève respectivement à 7% et 13% pour les années 2013 et 2014.

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Pour encore mieux distinguer ce malaise, il suffit de s’attarder sur le nombre d’actes déclarés pour 1.000 ménages : 395 à Mayotte contre 65 en Hexagone. Détail à signaler, les logements en dur, principalement des maisons individuelles, sont le plus souvent la cible des cambrioleurs. Et surtout, « la présence des personnes ne dissuade pas les voleurs », précise Bertrand Aumand, le chef du service régional de l’institut national de la statistique et des études économiques au moment de présenter les résultats de la première enquête « Cadre de vie et sécurité », conduite l’année dernière dans le 101ème département.

Parmi les biens dérobés, on retrouve en tête les téléphones portables dans 31% des cas. C’est trois fois plus qu’en métropole ! Très prisés de l’autre côté du globe, les bijoux n’arrivent qu’en cinquième position, après par exemple l’argent (liquide, chèque, carte bancaire), le matériel informatique et les vêtements. Raison pour laquelle « 58% des victimes estiment le vol à moins de 1.000 euros ».

27% des ménages ont déposé plainte

Autre fait marquant : seulement 27% des ménages ont déposé plainte auprès de la police nationale ou de la gendarmerie… Le défaut d’assurance et la faible utilité ressentie par la population expliquent en partie ce faible niveau de signalement ! Par contre, trois personnes sur quatre (74%) décident de se déplacer lorsque le préjudice concerne un engin motorisé dans le but de toucher une indemnisation. De plus, trois ménages sur dix disent avoir connu un vol de végétaux et/ou d’animaux – « des fruits et une ou deux poules » – sur un terrain-hangar. Dans ce cas de figure, « le dépôt de plainte est proche de zéro ». De ce fait, « la délinquance affichée par le ministère de l’Intérieur sous-estime les chiffres ».

Mayotte connaît quatre fois plus de vols ou tentatives de vols sur les personnes par habitant (167) qu’en métropole (44). 11% des personnes âgées de 14 ans ou plus (souvent des jeunes hommes) en ont été victimes, soit trois plus que dans l’Hexagone. Là encore, le territoire ne recense que 6% de plaintes formelles ! Quatre sur dix déclarent que cela n’aurait servi à rien et deux sur dix invoquent la peur des représailles…

Dernier constat implacable : 48% des personnes interrogées se sentent personnellement en insécurité, souvent ou de temps en temps, à leur domicile, et 52% dans leur quartier. C’est cinq à six fois plus qu’en métropole). Et quatre habitants sur dix renoncent à sortir de chez eux… « Ce graphique donne de vraies indications », souligne Bertrand Aumand, certain que « les résultats ont dû remonter au-delà du préfet ».

Un échantillon de 1.112 ménages

L’enquête de victimation « Cadre de vie et sécurité » (CVS) s’est déroulée pour la première fois en 2020 à Mayotte en partenariat avec la direction générale des Outre-mer (DGOM). Elle vise à connaître les faits de délinquance dont les ménages et leurs membres ont pu être victimes durant les deux années précédentes (2018 et 2019) et permet de recueillir leur opinion concernant leur cadre de vie et la sécurité. L’échantillon porte sur 1.112 ménages répondants.

Hôtel Ibis de Mayotte : les difficultés de la construction

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Cela fait huit mois que les travaux de construction de l’hôtel Ibis à Mayotte ont commencé. Avec ses 3.000 mètres carrés, ses 80 chambres et ses trois étoiles, l’hôtel marque un nouveau départ pour le développement du 101ème département de France. Mais pour la société Makinen Suisse, en charge du projet, il reste encore beaucoup à faire. L’entreprise signe son premier contrat sur le territoire et doit composer avec les difficultés qui sont liées à l’île. Luigi Chiantella le directeur général du groupe, de passage à Mayotte, et Remus Jitaru directeur de Makinen Mayotte nous ont ouvert en exclusivité les portes du chantier du prochain hôtel Ibis Style.

Flash Infos : Votre société Makinen Suisse fait ses premiers pas à Mayotte. Qu’avez-vous réalisé avant ?

Luigi Chiantella : La société existe depuis 1995. On est basés en Suisse mais on travaille principalement dans les pays d’Afrique. On a construit beaucoup d’hôtels, on travaille avec les chaînes hôtelières et c’est comme cela que nous avons développé l’entreprise. On a notamment construit un Sofitel. Le projet de Mayotte est le cinquième hôtel Ibis que nous faisons dans le monde, Ibis nous connaît !
Notre stratégie n’est pas de travailler en Europe parce qu’il y a beaucoup de concurrence. Nous avons les capacités de travailler loin, en Afrique ou dans les îles. On cherche des endroits en développement ou un peu compliqués, là où tout le monde ne peut pas venir. Nous avons fait le Tchad, le Rwanda, l’Ouganda, l’Ethiopie etc.

FI : Depuis peu, vous avez créé une branche de votre entreprise à Mayotte. Pensez-vous vous installer dans le département ?

L.C : Au départ, nous ne sommes venus que pour cet hôtel mais ensuite nous avons vu une possibilité de travailler sur place et nous avons créé une structure locale de droit français avec des employés mahorais et métropolitains. 50% sont de Mayotte et 50% viennent de l’Hexagone.

Remus Jitaru : Nous essayons d’embaucher le maximum de Mahorais mais la quantité de travail est conséquente et il n’y a pas assez de techniciens ici. Nous sommes obligés de les importer depuis la Métropole. Il nous manque des employés dans tous les domaines, il nous faut des gens qualifiés. Actuellement nous avons trente personnes sur le chanter mais il faudrait que nous soyons une quarantaine pour être plus efficaces. Un projet de cette envergure en Afrique aurait mobilisé 80 à 120 personnes.

FI : Faire venir les employés depuis la Métropole est-il rentable pour vous ?

L.C : Les employés que nous faisons venir nous coûtent plus cher parce que nous devons leur payer le billet d’avion, la nourriture et le loyer pour certains, mais c’est normal.

R.J : Ils nous coûtent plus cher, mais leur déplacement est rentable parce qu’ils travaillent plus rapidement et nous font gagner du temps. Ils sont plus productifs et cela nous permet de respecter nos délais.

FI : Est-ce réellement la solution la plus pérenne ?

L.C : Non, mais pour l’instant nous n’avons pas le choix. Il faut former les jeunes d’ici aux métiers du BTP. Ce ne sont pas des métiers moins satisfaisants, moins payés ou moins intelligents que les autres. Si nous voulons tous rester dans les bureaux, qui va construire ? Les gens ne savent pas qu’un électricien, un plombier, un maçon, est parfois mieux payé que quelqu’un qui travaille dans un bureau.

FI : Comment se passe la réalisation des travaux depuis la pose de la première pierre en octobre 2020 ?

L.C : Les travaux ont réellement démarré en février 2021. Pour l’instant nous sommes dans les délais et nous pourrons livrer le chantier à temps, c’est-à-dire en juin 2022. Nous devons donner un produit presque prêt à être utilisé. La seule chose que nous ne faisons pas c’est l’achat du mobilier, mais nous nous occupons de tout jusqu’à la décoration.

FI : A quels types de difficultés faites-vous face ?

R.J : La première difficulté c’est le transport. Mais c’est surtout lié à la crise qui touche le monde entier. Cependant nous ne sommes qu’à notre premier essai et nous savons prévoir les difficultés, anticiper les choses. Presque tout notre matériel est sur place.

FI : Quelle sera la suite pour vous, une fois que ce projet de l’hôtel Ibis sera fini ?

L.C : Nous en avons déjà d’autres à Mayotte. Il n’y a pas beaucoup d’entreprises de BTP sur l’île. Il y a certes Colas mais c’est une entreprise énorme et nous ne rivalisons pas parce que nous ne pouvons pas faire ce qu’ils font et ils ne peuvent pas faire ce que nous faisons. On se place entre les grands et les petits, nous faisons des chantiers entre 5 et 40 millions d’euros. Colas s’intéresse aux marchés de 100 millions. Nous avons aussi créé une société à La Réunion et pour l’instant, nous n’avons pas l’intention de partir. Nous sommes là et nous allons rester.

FI : Lorsque vous avez gagné l’appel d’offre de l’hôtel Ibis, cela a fait grincer des dents. Selon vous, qu’est-ce qui a fait la différence entre vous et les autres entreprises qui se sont manifestées ?

L.C : Nous avions des prix compétitifs, ce n’est pas négligeable. Mais je pense surtout que c’est parce que nous avions une offre qui couvrait tous les aspects de la construction. C’est une solution plus facile et plus sûre pour le client (Eden Island).

R.J : L’avantage avec nous, c’est que nous sommes le seul interlocuteur de notre client. Ici c’est courant de voir dans un chantier plusieurs entreprises qui travaillent et c’est un vrai casse-tête. Avoir un seul interlocuteur coûte moins cher pour le client. Et puis je pense que l’avenir de Mayotte c’est permettre à d’autres entreprises de travailler aussi sur l’île. Le territoire ne peut pas se renfermer sur soi-même. La concurrence est bénéfique !

Le parc naturel marin s’engage pour la pêche durable à Mayotte

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Vendredi 5 novembre avait lieu la pose d’un dispositif de concentration de poissons (DCP) à l’extérieur du lagon au large du port de Longoni. Une action qui s’inscrit dans le cadre du renouvellement de ces dispositifs dont le parc naturel marin de Mayotte est à l’initiative.

Alors que le soleil se lève sur le lagon, les employés du Parc naturel marin prennent la mer à bord de leur navire Utunda. La mission du jour ? Rejoindre une équipe qui assure la pose de l’un des quatorze dispositif de concentration de poissons (DCP) au large de l’île aux parfums. “Aujourd’hui, nous sommes face à une surpêche des poissons à l’intérieur du lagon. Les stocks de mérous, carangues ou encore vivaneaux ont dû mal à se renouveler alors que le stock d’espèces que l’on retrouve au large se porte bien”, explique Cyrielle Jac, chargée de mission pêche et aquaculture au Parc naturel marin de Mayotte.

Avenir et pêche durable

Si les dispositifs de concentration de poissons existent déjà dans les autres départements d’Outre-mer français, à Mayotte, tout reste à faire. Lors de la départementalisation, la chambre de l’agriculture de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte avait commencé à déployer des DCP dans les eaux turquoises de l’île mais, aujourd’hui, difficile de dire si les dispositifs existent encore ou s’ils sont toujours utilisés par les pêcheurs. “Notre objectif avec ces quatorze DCP se décline en quatre points”, affirme le directeur du parc, Christophe Fontfreyde. “Tout d’abord, favoriser la pêche ciblant les ressources pélagiques hors lagon, puis, limiter le temps de recherche du poisson pour les pêcheurs, améliorer la sécurité en mer et enfin assurer durablement une sécurité alimentaire.” Une décision prise de concert avec les pêcheurs de l’île qui ont pu débattre de l’emplacement de ces futurs dispositifs tout autour de la barrière de corail.

Utilité et règles d’approche

Dès leur installation, les agents de terrains viendront régulièrement contrôler les DCP et travailleront en étroite collaboration avec les pêcheurs pour connaître les captures réalisées et évaluer l’efficacité du dispositif. “Il faudra attendre six mois pour que les animaux colonisent le DCP. D’abord il attirera de petits poissons, puis de plus gros comme les thons, les dorades et les marlins” , détaille Cyrielle Jac. Mais pour que ce système perdure dans le temps, les usagers devront respecter quelques règles : “Pas d’approche à moins de dix mètres des flotteurs, pas d’amarrage sur les bouées et pas de chasse sous-marine sous les DCPs”, martèle le docteur en écologie marine. De plus, si les professionnels peuvent se rendre chaque jour de la semaine sur ces points de pêche, les plaisanciers ne sont autorisés à y jeter leurs hameçons que les week-ends et jours fériés.

Mais alors un DCP à quoi ça ressemble ? Un DCP est tout d’abord composé d’un bloc de béton qui sert de point d’ancrage au fond de l’eau. Au-dessus de celui-ci, on retrouve un cordage relié à un système agrégateur constitué de lanières où les petits poissons et espèces marines pourront venir s’installer. A la surface, on retrouve un chapelet de flotteurs et un mât indiquant la position du DCP aux navires. Le dispositif sert à terme de lieu de vie aux espèces halieutiques et permet aux pêcheurs de venir prélever ces ressources sans parcourir de trop longues distances. Le tout dans le respect des quotas et des règles inhérentes à la pêche au sein du Parc naturel marin de Mayotte.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes