Depuis la rentrée 2021, les jeunes autistes mahorais âgés de 6 à 11 ans peuvent bénéficier d’une scolarisation adaptée. À Bandrélé, cinq enfants ont déjà rejoint l’unité d’enseignement qui leur est dédiée au sein de l’école élémentaire de la commune.
Mal diagnostiquées, isolées, stigmatisées… Les personnes atteintes d’autisme se retrouvent bien trop souvent en marge de la société. Pour éviter cela, le gouvernement, l’agence régionale de santé et la fédération association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) ont travaillé main dans la main pour créer une unité d’enseignement destinée à ces jeunes enfants. “Notre objectif est de favoriser l’inclusion, le vivre ensemble, l’autonomie, mais aussi la tolérance et la connaissance des personnes qui ne sont pas atteintes de ces troubles”, affirme Patrick Boutier, directeur de l’offre de soins et de l’autonomie au sein de l’ARS.
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Une classe comme les autres
Dans la salle aménagée pour accueillir les jeunes enfants autistes : des tableaux, des jeux, des bureaux… Rien de bien différent de la bonne vieille salle de classe que nous connaissons tous. Ce qui change ici c’est l’accompagnement et l’attention qui est portée aux jeunes élèves. “En tout, nous sommes quatre à travailler avec les enfants. Il y a un accompagnant d’élèves en situation de handicap, une éducatrice spécialisée, une accompagnante éducative et sociale et moi-même qui suit enseignante spécialisée”, déroule Angélique Pochon, leur maîtresse. Au sein de la classe, l’éducatif se réinvente et les apprentissages sont adaptés à chacun. “Les niveaux sont très différents d’un élève à l’autre et notre but principal est avant tout de socialiser ces jeunes enfants”, détaille l’enseignante avant d’ajouter : “C’est très encourageant, dans la cour, nos élèves commencent à jouer avec les autres et les enfants qui ne sont pas en situation de handicap apprennent la différence et l’accepte.”
Un plan national
En France, les troubles du spectre de l’autisme (TSA) représentent entre 0.9 % et 1.2 % des naissances. Chaque année à Mayotte, entre 88 et 117 bébés naissent avec cette pathologie. Afin que ces personnes soient diagnostiquées et accompagnées dès leur plus jeune âge, des dispositifs comme celui-ci luttent pour l’inclusion des autistes au sein de l’école et de la société, ce qui permet de changer le regard sur le handicap, de sensibiliser et d’informer. “Tous les hommes naissent libres et égaux en droit et cette notion d’égalité doit se traduire par un accompagnement spécifique”, affirme le recteur de l’académie de Mayotte, Gilles Halbout. À l’échelle nationale, 45 unités spécialisées devraient voir le jour d’ici 2022-2023. Un grand pas dans l’évolution du regard porté sur le handicap et un réel bon en avant pour l’inclusion des personnes atteintes de pathologies.
Mercredi 10 novembre, Proman Mayotte fêtait l’inauguration de sa seconde agence mahoraise située en Petite-Terre. L’occasion pour le groupe de réaffirmer sa place dans l’océan Indien.
660 agences situées dans 15 pays différents, un chiffre d’affaires de 2.9 milliards en 2021, 31 ans d’expérience et une volonté de s’étendre dans la région. Vous l’aurez deviné, avec l’ouverture de sa toute nouvelle agence en Petite-Terre, Proman n’en est pas son coup d’essai. “Nous avons été les premiers à nous positionner sur le marché de l’intérim à Mayotte, dès son autorisation en 2018”, rappelle Nicolas Puluhen, le responsable de secteur océan Indien chez Proman. Grâce à ses implantations à La Réunion, à l’île Maurice et à Mayotte, le groupe emploie quotidiennement 220 à 250 personnes sur l’île aux parfums.
Petite agence mais grand projet
Avec ses cinq mètres par trois, l’agence Proman de Petite-Terre est la benjamine du groupe.
En effet, bien loin de ses racines, l’entreprise française spécialisée dans le domaine du travail temporaire et dans le recrutement en CDD/CDI compte bien se développer durablement sur l’île aux parfums. Mais pas que ! “Notre volonté est d’avoir une grande légitimité dans l’océan Indien, de nous installer, de rester et de mailler tout le territoire avec notre savoir-faire« , détaille Nicolas Puluhen. Bâtiment, industrie, services, transport, logistique… L’intérim a de multiples facettes. Pour gérer leurs agences, les responsables de Proman peuvent compter sur une équipe de cinq salariés permanents, répartis entre les deux agences.
Pour célébrer l’ouverture de cette nouvelle antenne de l’entreprise, le groupe n’a pas fait les choses à moitié. Après-midi jet-ski, réception avec plus de 150 personnes, privatisation du Faré et même la présence de Nassur Attoumani, venu spécialement pour dédicacer son dernier ouvrage “Mayotte rencontre de peuples et de civilisations”. Pas de doute, Proman affiche sa réussite et espère bien étendre son activité dans la région.
Savoir lire et écrire français dans l’école de la République est un idéal qui n’existe pas dans les écoles mahoraises. Nombreux sont les enfants scolarisés qui ne maîtrisent pas la langue de Molière. Une partie d’entre eux sont ceux que l’on appelle les primo-arrivants, c’est-à-dire des étrangers qui suivent leur scolarité en France. Le rectorat de Mayotte a mis en place tout un dispositif permettant de suivre ces enfants grâce au centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés, plus connu sous l’acronyme CASNAV. S’ils sont évalués pour connaître leur niveau, les professionnels analysent également leurs comportements afin de s’assurer que ces enfants ne soient pas un danger lorsqu’ils intègrent les établissements scolaires.
L’élève accusé d’avoir poignardé son camarade au collège de M’Gombani lundi dernier est un primo-arrivant. Il s’agit d’un enfant comorien âgé de 12 ans qui est arrivé dans l’établissement quelques semaines après la rentrée. Les spéculations vont bon train concernant ce jeune garçon. Enfant harcelé par ses camarades ? Élève ayant des lacunes à l’école ? N’aurait-il pas réussi à s’intégrer ? Beaucoup de questions restent pour l’instant sans réponses, et ses motivations ne sont toujours pas connues. Il est cependant exclu à titre conservatoire du collège. Et après l’effervescence qu’a généré son acte, se soulève la problématique de la prise en charge de ces jeunes qui arrivent, souvent des pays voisins, et qui doivent être absolument scolarisés. Le recteur de Mayotte, Gilles Halbout, se veut rassurant : ses équipes mettent tout en œuvre pour permettre aux primo-arrivants de s’insérer au mieux dans leur nouvel environnement.
Flash Infos : Quand les enfants étrangers arrivent à Mayotte et qu’ils doivent être scolarisés, de quelle manière sont-ils pris en charge par le rectorat ?
Gilles Halbout : De manière générale, ils sont pris en charge par le centre académique pour la scolarisation des allophones nouvellement arrivés. Tous les rectorats en ont un ! Ces équipes sont chargées de l’accueil et du suivi des enfants détectés avant de les inscrire à l’école. Ils sont évalués : nous regardons par exemple s’ils n’ont pas de problèmes comportementaux et de troubles psychologiques, en collaboration avec les associations et l’agence régionale de santé. L’objectif est qu’ils rentrent très rapidement dans des structures éducatives adaptées quand il n’y a pas de souci.
Le Casnav se rend sur le terrain à la rencontre des familles et de ces enfants pour faire ces évaluations et les orienter. Nous développons en même temps les enseignements de français en tant que langue seconde pour ceux qui ne le parlent pas. Mais nous sommes très vite dépassés par le nombre et c’est aussi une population qui est difficile d’accès. C’est pour cela que les associations nous aident.
FI : Une fois que le travail du CASNAV est fait et que les élèves sont scolarisés, ces enfants sont-ils encore suivis ?
G.H : À l’intérieur des établissements scolaires, le travail continue avec tout le dispositif de la mé-diation sur la langue française. Mais à Mayotte, il y a aussi des jeunes qui ne viennent pas d’arriver, qui sont là depuis longtemps et qui ont aussi des difficultés d’apprentissage. Donc nous utilisons la deuxième partie de la mission du Casnav, c’est-à-dire l’apprentissage du français quand ce n’est pas la langue première pour des enfants qui ne sont pas des primo-arrivants.
FI : Les jeunes passent des tests d’évaluation mais sont parfois placés dans des classes qui ne sont pas à leur niveau. Pour quelles raisons ?
G.H : Ils passent des tests de niveau, même si la logique dans l’Éducation nationale est d’orienter les élèves selon leur âge. Un jeune de 15 ans ne peut pas être en primaire… Nous militons plus pour travailler par groupe de compétences. Il peut y avoir des niveaux très hétérogènes dans une classe et les enseignants ont du mal à avancer car ce n’est pas évident de gérer l’hétérogénéité. En plus, cela tire tout le monde vers le bas, parce les difficultés ne sont pas traitées. L’enseignant essaye de faire comme il peut, mais globalement il ralentit les uns et ne comble pas les lacunes des autres !
FI : Ils sont orientés selon leur date de naissance, mais comment pouvez-vous être sûrs qu’ils ont l’âge annoncé ?
G.H : Nous ne pouvons pas faire des tests osseux aux élèves ! Nous prenons les informations qu’on nous donne… Nous pouvons émettre des doutes, et lorsque c’est le cas nous les faisons remonter, mais cela prend du temps pour vérifier les informations. Il y a vraiment un souci de suivi alors que l’âge est important. Toutefois, ce n’est pas à nous de certifier l’âge. D’autant plus que les représentants légaux ou les parents sont souvent absents. Nous les voyons à l’inscription, mais ensuite c’est difficile de les revoir. Pour y remédier, nous mobilisons énormément nos assistantes sociales sur ce sujet.
FI : Finalement quel est l’objectif du rectorat ? Est-ce seulement de scolariser en masse ces enfants qui arrivent ?
G.H : Non ! C’est aussi d’être vigilant sur leur suivi de santé et social. Nos services sont toujours en alerte, nous nous assurons qu’il y ait un référent, un parent… À la sortie de l’école, nos personnels n’ont pas à suivre les enfants, mais à l’intérieur, nous sommes vigilants. Il est vrai que beaucoup de choses remontent : malheureusement, nous ne pouvons pas tout traiter !
En visite à Mayotte pendant deux jours, les 9 et 10 novembre, à l’occasion de l’assemblée générale du comité départemental des experts-comptables, Lionel Canesi, le président de l’ordre national de la profession, a profité de son séjour pour rencontrer différents acteurs économiques et politiques afin de dresser un constat de la situation locale. Entretien.
Flash Infos : Vous êtes le président de l’ordre national des experts-comptables depuis le 15 décembre 2020. Une organisation pas forcément très connue sur l’île aux parfums. Concrètement, en quoi consiste-t-elle ?
Lionel Canesi : Les experts-comptables ont aujourd’hui un rôle essentiel qui est d’accompagner les entreprises, à la fois pour trouver les aides et les préparer à la relance dans le but de sauver les TPE. C’est capital, c’est ce qui nous anime tous depuis le premier confinement, qui a mis en valeur notre métier qui était parfois méconnu.
Je profite de l’assemblée générale du comité départemental des experts-comptables de Mayotte, dont le président est Djoumoi Ramia, pour rencontrer des interlocuteurs du monde économique et politique et pour venir porter la parole des experts-comptables sur cette sortie de crise. C’est un message qui est important à nos yeux.
Quand j’ai débuté ma mandature, j’ai commencé par faire 50 propositions de relance de l’économie, que j’ai portées dans les différents ministères, dont une quinzaine ont été reprises par le gouvernement, comme certains fonds de solidarité, le coût fixe, les procédures de sauvegarde simplifiées…
FI : Certaines de ces propositions étaient-elles spécifiques aux Outre-mer ?
L. C. : Très peu, seulement une ou deux… Originaire de Corse, je connais ces problèmes d’insularité, mais aussi ces particularités et ces complexités. Donc nous avons décidé de rédiger un livre spécifique de propositions ultramarines qui est porté par Abdoullah Lala, le président du comité Outre-mer. D’ici une dizaine de jours, je rencontrerai Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, pour lui présenter ces mesures.
FI : Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous avant cet entretien ?
L. C. : Si nous n’essayons pas, nous n’y arriverons pas ! Il faut que les mesures viennent du terrain : ce n’est pas depuis Paris que nous allons trouver des solutions pour les territoires ultramarins. Nous allons les défendre et expliquer leur intérêt pour les entreprises. Après il ne faut pas se cacher derrière la facilité comme les réductions, les avantages fiscaux, etc. Au vu du contexte actuel et de l’endettement du pays, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne stratégie à adopter.
FI : Selon vous, quelle position devrait défendre le 101ème département ?
L. C. : Mayotte a plein d’atouts, mais ce n’est pas en attribuant encore et encore des subventions et des réductions fiscales que l’économie et la mobilité vont se développer. Comment voulez-vous tirer le territoire vers le haut avec de tels bouchons ? Je me mets à la place des artisans qui doivent se déplacer pour se rendre sur un chantier, c’est invivable… Il faut aussi mettre le paquet sur l’éducation en faisant en sorte que les élèves aient des débouchés économiques.
FI : Justement, en parlant d’éducation, vous avez au cours de votre séjour rencontré le recteur, Gilles Halbout, ainsi que des étudiants en Petite-Terre. Un moyen de mettre en lumière la voie de la comptabilité et de la gestion.
L. C. : C’est une profession qui ne connaît pas la crise en termes de chômage et qui a des besoins de recrutement non pourvus. Rien qu’à Mayotte, il y a 150 postes vacants… Et 10.000 au niveau national ! En clair, les étudiants sont sûrs et certains de trouver un boulot à la fin de leurs études. C’est aussi une formation qui mène à beaucoup de choses : si nous préférons lancer notre entreprise plutôt que de travailler dans la branche, c’est toujours mieux d’avoir des notions de comptabilité et de gestion. Sans omettre l’ascenseur social. Il y a très peu d’experts-comptables qui sont fils d’experts-comptables.
Pour revenir au recteur, je l’ai trouvé très à l’écoute des besoins des entreprises. Il a envie de mettre en place les formations en fonction des demandes pour faire rayonner le territoire. De notre côté, nous lui avons fait part de notre volonté de proposer un bac+3 car une grande partie de notre métier se digitalise et doit monter en compétences. Banco, la licence débute à partir de la rentrée prochaine !
FI : Parmi vos autres rendez-vous, il y a eu celles avec le président du conseil départemental et le secrétariat général des affaires régionales pour échanger sur le plan de relance et la situation économique. Qu’en est-il ressorti ?
L. C. : Par rapport aux aides à la crise, je défends leur territorialisation, leur sectorisation et leur temporalité. Nous ne pouvons pas traiter de la même manière un restaurant à Marseille et à Mayotte. La courbe de l’épidémie n’est pas la même !
Après, il y a le plan de relance et d’investissement qui arrive. Il faut en profiter pour que les territoires portent des idées et des projets structurants. Il y a des secteurs d’activités porteurs à pousser, comme ceux de la biodiversité, du transport, de la construction, du numérique… Il faut que les acteurs du territoire s’unissent ! La période actuelle demande de la solidarité. C’est le moment de récupérer des fonds : il reste 50 milliards d’euros sur la table.
FI : Vous avez également rencontré le président de la CPME (confédération des petites et moyennes entreprises) pour évoquer les difficultés et le quotidien des petites entreprises. Une étape incontournable pour pouvoir assimiler les subtilités locales.
L. C. : Quand je rencontre Bruno Le Maire ou Alain Griset, c’est important de porter les revendications des différents territoires. Une TPE reste une TPE, mais chacune a ses complexités locales. C’est nécessaire de comprendre pour pouvoir aider. Je l’ai fait pour La Réunion, la Martinique et la Guadeloupe, au tour de Mayotte !
Comme je le disais précédemment, il faut flécher la fiscalité et les réductions d’impôts vers les secteurs incitatifs. De cette manière, nous pouvons influencer les dirigeants à se tourner vers ceux qui sont l’avenir de l’île, plutôt que d’aider des entreprises qui font des bénéfices. Or bien souvent, pour se donner bonne conscience, il suffit de saupoudrer…
FI : Le prix annuel de suivi des cabinets d’experts-comptables s’élève en moyenne 1.500 euros en métropole contre 2.900 euros à Mayotte pour une entreprise individuelle. Comment l’expliquez-vous ?
L. C. : Pour le national, cela ne veut strictement rien dire ! Une entreprise individuelle peut y avoir une facture client par mois, comme mille… Il faut juste savoir qu’il n’y a ni de numerus clausus chez les experts-comptables ni de tarifs fixés. Nous sommes en totale concurrence, donc il n’y a aucune raison que les montants appliqués soient plus élevés d’un territoire à l’autre.
La moyenne nationale d’un dossier est à peu près de 2.400 euros. Je vous mets au défi de rencontrer tous les cabinets de Mayotte : vous verrez qu’ils ne sont pas plus chers qu’en métropole. Les experts-comptables sont les seuls autorisés à tenir des comptabilités. Les autres, ceux que l’on appelle les comptables « marrons », sont dans l’illégalité. Ce n’est pas du corporatisme : comme ils n’ont pas les compétences, ces derniers font prendre des risques aux entreprises ! Après, nous pouvons toujours trouver qu’un expert-comptable est onéreux, mais sa plus-value est bien plus importante que le coût en face.
Trois ans après le début des travaux des lotissements Marzoukou situés à Labattoir, la moitié des appartements sont prêts à accueillir leurs locataires. 117 familles devraient recevoir les clés de leurs nouveaux logements d’ici la fin du mois de novembre. Ils font partie du projet de construction de la société immobilière de Mayotte qui doit fournir 6.000 logements en dix ans.
Dans les lotissements Marzoukou à Labattoir, les ouvriers s’affairent encore pour le crépissage des murs, la pose du carrelage et l’installation des fenêtres. Alors que de l’autre côté, 117 appartements sont déjà prêts à accueillir leurs tous premiers occupants. « Nous allons enfin donner de la dignité à ceux qui vivent dans des conditions difficiles », se réjouit Said Omar Oili, le maire de Dzaoudzi-Labattoir. Qu’il s’agisse de T3 ou de T4, les habitations sont spacieuses et chaque famille pourra trouver son bonheur.
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À termes, 240 logements doivent sortir de terre : « une grande première pour le territoire de Mayotte », selon Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat. Mais trois ans après le début des travaux, il reste encore beaucoup à faire et le contexte mahorais n’est pas toujours favorable. « Construire à Mayotte ce n’est pas simple, c’est plus compliqué et plus long qu’ailleurs parce qu’il faut d’abord maîtriser le foncier et avoir tous les titres de permis… Malgré tout, ce lotissement a été fait en trois ans, ce qui est plutôt une très belle performance », assure la responsable de la filiale immobilière de la Caisse des dépôts. Il faudra faire encore mieux dans les prochaines années puisque la société immobilière de Mayotte doit construire 6.000 logements en l’espace de dix ans, au rythme de 600 par an.
Un défi de taille qui se confronte aux difficultés liées à la construction à Mayotte. La SIM n’a d’autre choix que de s’appuyer sur les collectivités pour espérer mener à bien ses projets dans les temps. Pour cela, elle a d’ailleurs paraphé mardi dernier une convention avec la ville de Mamoudzou pour la construction de 1.500 logements au cours des cinq prochaines années. Un engagement partenarial réédité le lendemain avec la commune de Dzaoudzi-Labattoir. « Notre rôle est de faciliter les opérations de la SIM pour que tout aille plus vite. Nous devons aider le groupe à acquérir les terrains et en parallèle, nous devons recenser les personnes qui ont besoin d’être relogées de manière urgente », détaille à l’image d’une feuille de route Said Omar Oili.
L’État finance mais cela ne suffit plus
La question du logement est toute aussi cruciale qu’urgente à Mayotte. Les habitats in-dignes font toujours partie du paysage mahorais, dix ans après la départementalisation de l’île… Dans ces conditions, l’État met les bouchées doubles pour rectifier le tir. Reste aux différentes municipalités à prendre leur part de responsabilité face à la manne financière allouée par le gouvernement ! « Nous n’avons engagé que 600 millions d’euros sur le milliard six destiné aux logements des Outre-mer. C’est paradoxal car nous avons des problèmes de logements, et l’État n’a jamais autant accompagné les collectivités à Mayotte », regrette le maire de Dzaoudzi-Labattoir, non sans une pointe de provocation à l’égard de ses confrères. « Si nous ne les utilisons pas maintenant, ils ne vont pas disparaître. Ils peuvent être réaffectés à l’Outre-mer. Maintenant, c’est à la préfecture, avec les élus et les opérateurs locaux, de faire en sorte de consommer [l’enveloppe] mise à disposition », indique Claude VoDinh, le secrétaire générale de la préfecture de Mayotte. Hors de question pour Said Omar Oili de voir cette somme filer entre les doigts des mahorais. « Il faut transformer ces nuages d’argent pour qu’ils arrosent Mayotte, sinon ils iront arroser d’autres territoires et cela serait vraiment dommage pour notre département. Que les élus prenons les choses en main ! » lance-t-il plein d’entrain et d’espoir.
Vouloir construire est une chose, mais encore faut-il que les collectivités aient l’espace nécessaire pour loger ou reloger toutes les familles qui en ont besoin. Et à Dzaoudzi-Labattoir, les ambitions sont grandes. Mais à première vue, les terrains disponibles pouvant accueillir des projets de construction de grande envergure se font de plus en plus rares… Cela étant, pour le maire de la ville, ce problème a une solution. « Il faut que nous changions nos modes de vie parce que le monde évolue. Nous allons trouver là où il y a de la place et construire en hauteur. C’est tout l’objet de la convention avec la SIM. Nous allons discuter en amont et voir dans notre PLU (plan local d’urbanisme) jusqu’à combien de mètres nous pouvons monter », indique Said Omar Oili. Avec cela, ce dernier espère éradiquer les habitats indignes de son territoire. Seul hic : les logements ne sont pas ac-cessibles aux personnes en situation irrégulière. De fait, la solution se trouve probablement ailleurs…
En déplacement à Mayotte, et plus particulièrement sur la zone d’aménagement concertée dite du Soleil Levant, Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat, a signé une convention de partenariat avec la ville de Mamoudzou, dans laquelle le groupe s’engage, à travers la société immobilière de Mayotte, à construire 1.500 logements sociaux sur cinq ans dans la ville chef-lieu.
9h53. Deux femmes de ménage s’activent pour faire briller de mille feux le mur vert extérieur du bâtiment Juwa. D’une minute à l’autre, Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat, Ahmed Ali Mondroha, le directeur général de la société immobilière de Mayotte, et Hamidani Magoma, le 2ème adjoint à la mairie de Mamoudzou en charge des projets structurants, doivent débarquer pour sillonner la zone d’aménagement concertée Hamaha dite du Soleil Levant dans le prolongement des Hauts-Vallons.
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Un rendez-vous à marquer d’une pierre blanche près de dix ans après le lancement de cette vaste opération de plus de 22 millions d’euros et de 12 hectares qui porte sur la transformation d’un secteur à dominante d’exploitation de carrière de pouzzolane et agricole en un quartier de ville mixte. « Cela va être une référence pour nos concitoyens qui vont commencer à y croire », s’emballe l’élu de la ville chef-lieu, au moment de découvrir un T4 situé au quatrième étage, dans lequel vit depuis juillet dernier la famille d’Abdouramane Mbaé.
Un air de vent frais dans les immeubles et les logements
Depuis 2018, le chantier bat son plein pour sortir de terre les 185 logements locatifs très sociaux. « Nous essayons de proposer différentes typologies pour que les habitants s’y retrouvent », décrypte Stéphane Aimé, le cogérant de Tand’M Architectes, avant de présenter une varangue traversante aux invités du jour pour amener de la fraîcheur naturelle et ainsi éviter la prolifération des climatiseurs. Car oui, le projet urbain et social s’inscrit dans la perspective d’un développement durable et solidaire, en cohérence avec les engagements pris dans le dispositif d’approche environnementale de l’urbanisme.
D’où « l’accent mis sur la végétalisation aux abords des habitations pour diminuer la température ». « Y’a plein d’air », opine le père de quatre enfants. Une réflexion d’ensemble qui justifie l’utilisation de fibrociment très résistant pour éviter les noircissements ainsi que l’achat de bardages de meilleure qualité pour proposer une protection supplémentaire. Si les immeubles Hawa et Mwezi accueillent déjà leurs premiers occupants, il va falloir attendre un peu – « entre trois et six mois » selon Estelle Rousseaux, en charge de l’aménagement de la ZAC pour la SIM – pour que Juwa et Nyora en fassent de même. Pour l’heure, on note tout de même un taux d’occupation de près de 70%.
Du tertiaire, des commerces et des équipements structurants
Et ce n’est pas tout : 78 logements en accession sociale à la propriété doivent s’y greffer autour d’ici les quatre prochaines années. « Une dizaine de lots vont débuter leur construction dès 2022. » Dans le même temps, « place aux privés » qui vont également pouvoir investir puisqu’une cinquantaine de parcelles libre (à bâtir et intermédiaires) les attend de pied ferme, dans l’optique d’ajouter 250 logements. Sans oublier les 3.000 mètres carrés dédiés aux activités, notamment tertiaires, et la vingtaine de rez-de-chaussée commerciaux. Le site a également vocation à accueillir des équipements culturels et publics structurants sur près de 6.000 mètres carrés, tels qu’un groupe scolaire, une maison de quartier, un plateau sportif, ou encore une mosquée. De quoi améliorer « le cadre de vie de la population », assure Hamidani Magoma.
1.500 logements sociaux à construire d’ici 5 ans
D’ailleurs, la municipalité ne compte s’arrêter en si bon chemin. Preuve en est avec la signature ce mardi matin d’une convention de partenariat avec CDC Habitat. Le but ? Que sa filiale mahoraise depuis 2017, à savoir la SIM, construise 300 logements sociaux par an au cours des cinq prochaines années sur le territoire communal. « Nous apportons notre pierre à l’édifice pour atteindre l’objectif affiché », poursuit l’adjoint en charge de l’aménagement. Une excellente nouvelle pour Anne-Sophie Grave tant les contraintes en matière « de foncier aménagé » sont récurrentes sur l’île. Ainsi, cet engagement va rapidement augmenter de moitié le parc locatif de la SIM, composé de 2.107 logements fin 2020. Et par la même occasion réduire le temps d’attente entre le dépôt de dossier et le passage en commission d’attribution. « Il n’y a pas assez d’offres par rapport à la demande sur Mamoudzou, ce n’est pas un scoop », confirme Ahmed Ali Mondroha, le directeur de la société immobilière de Mayotte. Bientôt de l’histoire ancienne ?!
Connue pour accompagner les jeunes mahorais en dehors du département, l’association Émanciper Mayotte passe à un autre niveau. Elle vise désormais le continent américain avec une nouvelle antenne au Québec. Dans quelques mois, des étudiants mahorais pourront aller étudier outre-Atlantique pendant trois ans. Un projet rendu possible grâce au soutien de la fondation La France s’engage.
Les représentants de l’association Émanciper Mayotte en avaient rêvé… C’est désormais gravé dans le marbre ! Ce lundi 8 novembre, la fondation La France s’engage a affirmé son soutien total envers la structure en la désignant lauréat Outre-mer de son concours annuel qui soutient les projets d’innovation sociale. « Le prix que nous avons reçu permet à Émanciper Mayotte d’être accompagné par la fondation grâce à un montant de 60.000 euros », indique Houssaini Assani Tafara, le directeur de l’organisation. Et si cette somme est la bienvenue, ce qui l’intéresse réellement est le réseau de la fondation.
Et pour cause ? Émanciper Mayotte a l’intention d’emmener les jeunes mahorais au Québec afin qu’ils puissent faire leurs études pendant trois ans. « Quand nous avons commencé à parler du sujet au niveau local, on nous a dit que c’était impossible, et quand nous sommes arrivés à la France s’engage, ils nous ont écoutés », raconte Houssaini Assani Tafara. Ce soutien a permis la création de deux nouvelles antennes de l’association au Québec et à La Réunion. Et ce n’est pas tout ! Deux autres devraient voir le jour : l’une à Paris avant la fin de l’année, l’autre à Saint-Martin d’ici le deuxième trimestre 2022. « Il nous a semblé nécessaire de développer nos antennes dans les quatre coins du monde pour améliorer la mobilité des jeunes mahorais », explique Abdou Said Gaba, le directeur adjoint d’Émanciper Mayotte. Et le choix du Québec ne s’est pas fait par hasard. Il peut être le nouvel Eldorado des jeunes mahorais. « Nous les envoyons sur un territoire où il y a plus d’opportunités d’emplois. Le Québec recrute 30.000 personnes par an dans les professions où il y a un besoin de mains-d’œuvre important », rappelle Houssaini Assani Tafara.
Objectif : 50 jeunes envoyés tous les ans
Le projet d’Émanciper Mayotte n’est pas nouveau dans la région. En effet, cela fait des années que des étudiants réunionnais sont envoyés sur l’île canadienne pour continuer leurs études. « La Réunion envoie 150 jeunes au Québec tous les ans depuis 20 ans. Nous nous sommes dit que nous aimerions faire la même chose au départ de Mayotte et envoyer une cinquantaine de jeunes mahorais tous les ans », précise le directeur de l’association. Ils devront cependant se soumettre à une phase de préparation sur le 101ème département avant de s’envoler. Une fois sur place, ils seront épaulés par les partenaires choisis soigneusement par les porteurs de projet. « Nous nous appuyons sur des personnes qui sont déjà dans ces lieux, qui connaissent bien les territoires et qui sauront accompagner les jeunes. Ces collaborateurs bénéficient eux aussi d’une formation en interne pour mieux guider les étudiants », annonce Abdou Said Gaba, le directeur adjoint d’Émanciper Mayotte.
Le projet a séduit la fondation La France s’engage, mais également le rectorat de Mayotte qui « a compris l’intérêt ». « Il nous a approchés pour travailler ensemble », confie Houssaini Assani Tafara. Il espère que le changement s’opérera auprès des politiques. « Nous essayons de les mobiliser. Nous attendons de voir si au niveau local, ils vont revoir leur copie », ajoute-t-il. C’est une autre paire de manche qui s’annonce donc pour Émanciper Mayotte. Quoi qu’il en soit, avec ou sans le soutien des élus, une poignée d’étudiants mahorais aura l’opportunité d’aller au Québec pour la prochaine rentrée scolaire en septembre 2022.
Du 5 au 10 novembre, sur le parvis de l’office du tourisme de Mamoudzou, l’équipe Ecophyto Mayotte reçoit petits et grands pour découvrir et apprendre à reconnaître les ravageurs, les auxiliaires et les plantes de services que l’on croise tous les jours.
“La chouette : amie ou ennemie des cultures ? Et le tangue ? Et la guêpe ?” Face à son petit public de CE1, venu du quartier de Cavani, la chargée de mission animation pour le plan Ecophyto à Mayotte, énumère les différents habitants des jardins mahorais. “On les connaît peu et pourtant, ils sont partout”, s’amuse Sarah Bunel. Des petits voisins discrets, mais qui jouent un rôle essentiel dans l’équilibre des systèmes agricoles, parfois même à l’échelle microscopique.
Maquettes, affiches, jeux interactifs… Tout est fait pour capter l’attention du public et le sensibiliser aux problématiques environnementales induites par l’usage des produits phytosanitaires. Des écoliers aux professionnels de l’agriculture, tout le monde peut venir se renseigner et découvrir des solutions innovantes. L’objectif du plan Ecophyto à terme ? Réduire de 50% l’utilisation des pesticides à l’horizon 2025. “Notre but à Mayotte est de proposer plus d’alternatives pour utiliser le moins possible les produits phytosanitaires sur les cultures”, explique Loïc Larroche, chef de projet Ecophyto. Un travail de longue haleine qui se fait en réseau avec les cultivateurs et qui passe surtout par la sensibilisation de la population.
De la documentation à destination de tous
En tête de gondole sur le stand Ecophyto se retrouvent étalés des manuels d’utilisation, des flyers et des plaquettes de communication expliquant comment manipuler et appliquer les produits phytosanitaires en réduisant les risques pour l’Homme et la nature. Préférer des intrants produits de bio-contrôles aux produits chimiques de synthèse, lire les étiquettes, mettre des gants, des masques, des lunettes… Le traitement des cultures n’est pas un jeu d’enfants et nécessite des précautions encadrées par la règlementation. “La formation certiphyto pour les agriculteurs permet de leur apprendre comment utiliser ces intrants sur leurs parcelles et comment se protéger, mais aussi trouver des alternatives grâce aux auxiliaires de culture par exemple”, détaille Loïc Larroche.
Plan d’action national et spécificités régionales
Porté par les ministères de l’Agriculture et de l’alimentation, de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la santé, et de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le plan Ecophyto s’est structuré en quatre pôles d’activités à Mayotte. Tout d’abord, l’animation régionale. Avec la mobilisation des acteurs et la communication sur la réduction des produits phytosanitaires. Puis, la surveillance biologique du territoire. “Nous produisons chaque mois un bulletin de santé du végétal afin de réaliser un suivi des bioagresseurs au fil de l’année”, précise l’ingénieur spécialisé en protection des plantes en horticulture. Ensuite, on retrouve les réseaux Déphy Ferme qui accompagnent des agriculteurs volontaires afin d’éprouver, valoriser et déployer des systèmes de cultures durables économes en pesticides. Enfin, l’action transfert à travers le projet « A-PIC » permet de diffuser vers des groupes plus larges des techniques qui ont fait leurs preuves dans le cadre de programmes de recherche et développement.
Créée officiellement en 2021, une nouvelle coopérative veut revaloriser, dans un premier temps, les déjections des milliers de poules pondeuses de ses adhérents, grâce à une station de séchage. AVIMA a investi plus d’un million d’euro pour ce projet, qui entend bien séduire les agriculteurs de l’île, contraints par les prix élevés des fertilisants importés.
On arrive à l’entrepôt par une petite route terreuse qui serpente la colline depuis les locaux d’Avima-Ovoma, la société mahoraise de production d’œufs locale. Sur les hauteurs, une fois n’est pas coutume, pas de vue imprenable sur le lagon ni d’effluves d’air marin, les deux souvent à couper le souffle. Mais il y a bien une chose qui prend le nez, là-haut. “Ça, c’est l’odeur de l’élevage !”, glisse avec un clin d’œil Baptiste Judek, le coordinateur de Mayotte Agri’Coop. En contrebas, trois bâtisses alignées abritent en effet quelque 50.000 poules pondeuses à l’ouvrage, dont les émanations s’échappent par d’imposants ventilateurs, en direction de la brousse.
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Comme les rails des montagnes russes, de drôles de structures métalliques relient ces bâtiments à l’entrepôt de séchage, où s’achemine chaque jour l’autre fruit du dur labeur avicole : près d’1,8 tonne de fientes fraîches ! Soit un beau stock de 650 tonnes chaque année au total, à écouler où c’est possible. Or, la réglementation qui entoure l’épandage de ces excréments pour les besoins de l’agriculture est justement très stricte. “C’est un maximum de 40 tonnes par hectare, autant dire qu’il n’y a pas de champ assez spacieux à Mayotte”, explique le président de cette société coopérative d’intérêt commercial (SCIC), créée officiellement en 2021 sous l’impulsion d’Avima-Ovoma. “80% des agriculteurs de l’île travaillent encore avec le coupe-coupe”, évoque le patron.
Du diméthoate retrouvé sur des tomates
C’est donc pour cette raison qu’est née la coopérative Mayotte Agri’Coop, autour d’une poignée d’éleveurs. Son objectif ? Retraiter les matières organiques agricoles (MOA), effluents d’élevages et autres déchets compostables, dans une visée de revalorisation. En l’occurrence, transformer les fientes des poules d’Avima-Ovoma et des autres adhérents en engrais. Le bonus : le produit fini est 100% naturel et local. “Aujourd’hui, il n’y a pas de production d’engrais locale à Mayotte. Or pour un agriculteur, s’acheter un sac de fertilisant importé représente une vraie fortune !”, présente Baptiste Judek, qui chapeaute le projet. “Comme beaucoup d’agriculteurs font l’élevage et le maraîchage, ils vont épandre des fientes sur leurs cultures, mais sans maîtrise concrète du procédé, parfois avec le risque de stériliser leur sol ou de détruire un écosystème.” Sans compter les éventuels pesticides plus ou moins illégaux qui se retrouvent parfois sur les fruits et légumes écoulés en bord de route… En 2019, un contrôle de la Daaf (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la Forêt) avait révélé la présence sur les tomates de diméthoate, un insecticide dangereux interdit en France depuis 2016, à un taux 17 fois supérieur à la norme autorisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
1,4 million d’euros d’investissement
Pour éviter un empoisonnement malheureux, Mayotte Agri’Coop entend donc proposer cette nouvelle solution, fiable et bon marché, et qui respecte un cahier des charges strict, aux agriculteurs de l’île aux parfums “désireux d’avoir cette approche responsable”, développe le coordinateur. Concrètement, les déjections transitent par un séchoir, composé de plusieurs niveaux. Le procédé permet d’évacuer l’ammoniac et l’humidité des fientes, qui passent cinq jours étalées sur un tamis au premier étage de l’entrepôt, avant d’atterrir quelques tapis plus tard dans des big bag de 600 kilos. Un produit qui a l’avantage de pouvoir être déversé facilement, à la main ou au seau, par les agriculteurs. “La poudre contient aussi une bonne quantité de calcium, un élément très important pour les sols et plutôt absent ici, en raison de la terre volcanique de Mayotte”, ajoute Baptiste Judek.
Lancé en 2019, l’entrepôt de séchage a nécessité un premier investissement d’1,4 million d’euros, à la charge d’AVIMA. Pour l’instant, la coopérative, qui souhaite aussi accompagner ses adhérents dans le développement de leur activité par du conseil technique, offre les sacs en échange de leurs propres déchets organiques. Mais à terme, la société espère bien tirer un petit pécule de ses déjections en poudre, notamment en favorisant un modèle de consigne. De quoi éviter que les gros sacs en résine de plastique ne finissent leur course dans l’estomac d’une tortue ! “On pourra garder les sacs chez nous, et vendre l’engrais au seau consigné par exemple”, imagine le coordinateur. Le produit lui-même est appelé à évoluer : aujourd’hui sous forme de poudre, il sera à terme proposé en granulé, plus facile à épandre au pied des bananiers. Et la société compte s’équiper d’un hygiéniseur, pour garantir une qualité optimale. “On veut vraiment s’inscrire dans une démarche responsable.” De la poule à la fiente !
Le groupe TotalEnergies lance cette année la troisième édition de son concours « Challenge Startupper » consacré au continent africain. Mayotte et La Réunion sont les seuls territoires français qui peuvent participer grâce à leur localisation. Toutes les jeunes entreprises ayant moins de trois ans, peuvent déposer leur candidature sur le site dédié jusqu’au 23 décembre et espérer gagner la coquette somme de 7.000 euros et six mois d’accompagnement.
32 pays africains, plus Mayotte et La Réunion. Ce sont les territoires qui participent cette année au Challenge Startupper organisé par TotalEnergies depuis 2016. La précédente édition était ouverte au monde entier, mais pour cette troisième – deuxième pour Mayotte – le groupe se concentre sur l’Afrique. Le principe est simple : accompagner des jeunes entrepreneurs dans la création d’entreprise ou dans le maintien d’entreprise. Les candidats doivent avoir entre 18 et 35 ans et avoir une société de moins de trois ans. « Le con-cours s’adresse à tous les secteurs d’activités, mais les entreprises doivent répondre à un objectif commun qui est le développement durable. Elles doivent aussi avoir un caractère innovant, et enfin le troisième critère porte sur la faisabilité du dossier », rappelle Karine Poisson, la directrice de TotalEnergies Mayotte. Les candidats pourront s’inscrire dans les trois catégories désignées cette année, une sur le projet de création d’entreprises, une sur la startup qui a moins de trois ans et une autre sur l’entrepreneuriat au féminin.
À la clé ? La somme de 7.000 euros et un coaching pendant six mois d’une valeur de 3.000 euros. « S’il n’y a pas d’accompagnement, le jeune créateur d’entreprise est perdu dans les démarches à suivre, et sur la priorisation des actions. On les accompagne pour que leurs entreprises durent dans le temps, qu’elles continuent à se développer », indique Karine Poisson. Mais avant de faire partie des lauréats, les entrepreneurs ont jusqu’au 23 décembre pour s’inscrire sur le site startupper.totalenergies.com/fr . À l’issue de cette période, les quinze premiers dossiers seront choisis pour faire un pitch devant un jury local, qui aura ensuite la responsabilité de sélectionner les trois gagnants.
Un coup de pouce grandement apprécié
Lors de la première édition à Mayotte en 2019, la société Maybio faisait partie des lauréats. Nassure Maliki, le gérant du magasin spécialisé dans les produits alimentaires et non alimentaires labellisés bio avait remporté 5.000 euros qui ont immédiatement été dépensés. « J’ai acheté une balance qui coûte 6.000 euros que je ne pouvais pas me permettre à ce moment-là. Cette balance m’a permis de développer mon rayon de produits en vrac », raconte-t-il. Cela lui a également apporté plus de visibilité médiatique et lui a ouvert de nouvelles opportunités. « Je suis content car j’ai rencontré des personnes avec qui je collabore en ce moment. »
Selon la marraine de cette nouvelle édition de Challenge Startupper, Maymounati Moussa Ahamadi, ce concours est le facteur qu’il faut pour motiver les jeunes et futurs entrepreneurs. « Pour créer son entreprise, on doit passer de l’envie à l’action, et on doit avoir beaucoup de détermination pour y arriver. Alors lorsqu’une structure comme TotalEnergies donne un coup de pouce en valorisant les projets c’est une bonne chose. Les entreprises se trouvent dans une communauté entrepreneuriale et sont les ambassadrices de leur île. »
En 2019, 42 dossiers avaient été déposés à Mayotte, un chiffre supérieur à celui de La Réunion. Cette année, TotalEnergies Mayotte espère dépasser les 42 candidatures et faire mieux que l’île voisine. Un objectif ambitieux quand on sait que Mayotte n’était pas censée faire partie du Challenge Startupper cette année à cause du changement de direction. « Quand je suis arrivée à Mayotte, j’ai découvert cela et j’ai directement appelé le siège pour leur dire qu’on voulait participer. Les autres pays travaillent dessus depuis mai et nous seulement depuis septembre. Mais on a tout rattrapé en deux mois », assure Karine Poisson. Raison de plus pour faire honneur à l’île et participer en masse. Jeunes entrepreneurs, à vous de jouer !
Ce lundi 8 novembre, Bertrand Aumand, le chef du service régional de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) à Mayotte, présentait les résultats de la première enquête « Cadre de vie et sécurité » conduite dans le 101ème département, en partenariat avec la direction générale des Outre-mer. Décryptage.
Sans grande surprise, la délinquance arrive en tête des problèmes cités dans leur village par 77% des habitants. Un sentiment qui se comprend au regard des atteintes aux biens subies par la population. En 2018 ou 2019, 18% des ménages déclarent avoir subi un cambriolage ou un vol sans effraction, soit quatre fois plus qu’en France métropolitaine (5%). À titre de comparaison, la part en Martinique et en Guyane s’élève respectivement à 7% et 13% pour les années 2013 et 2014.
Pour encore mieux distinguer ce malaise, il suffit de s’attarder sur le nombre d’actes déclarés pour 1.000 ménages : 395 à Mayotte contre 65 en Hexagone. Détail à signaler, les logements en dur, principalement des maisons individuelles, sont le plus souvent la cible des cambrioleurs. Et surtout, « la présence des personnes ne dissuade pas les voleurs », précise Bertrand Aumand, le chef du service régional de l’institut national de la statistique et des études économiques au moment de présenter les résultats de la première enquête « Cadre de vie et sécurité », conduite l’année dernière dans le 101ème département.
Parmi les biens dérobés, on retrouve en tête les téléphones portables dans 31% des cas. C’est trois fois plus qu’en métropole ! Très prisés de l’autre côté du globe, les bijoux n’arrivent qu’en cinquième position, après par exemple l’argent (liquide, chèque, carte bancaire), le matériel informatique et les vêtements. Raison pour laquelle « 58% des victimes estiment le vol à moins de 1.000 euros ».
27% des ménages ont déposé plainte
Autre fait marquant : seulement 27% des ménages ont déposé plainte auprès de la police nationale ou de la gendarmerie… Le défaut d’assurance et la faible utilité ressentie par la population expliquent en partie ce faible niveau de signalement ! Par contre, trois personnes sur quatre (74%) décident de se déplacer lorsque le préjudice concerne un engin motorisé dans le but de toucher une indemnisation. De plus, trois ménages sur dix disent avoir connu un vol de végétaux et/ou d’animaux – « des fruits et une ou deux poules » – sur un terrain-hangar. Dans ce cas de figure, « le dépôt de plainte est proche de zéro ». De ce fait, « la délinquance affichée par le ministère de l’Intérieur sous-estime les chiffres ».
Mayotte connaît quatre fois plus de vols ou tentatives de vols sur les personnes par habitant (167) qu’en métropole (44). 11% des personnes âgées de 14 ans ou plus (souvent des jeunes hommes) en ont été victimes, soit trois plus que dans l’Hexagone. Là encore, le territoire ne recense que 6% de plaintes formelles ! Quatre sur dix déclarent que cela n’aurait servi à rien et deux sur dix invoquent la peur des représailles…
Dernier constat implacable : 48% des personnes interrogées se sentent personnellement en insécurité, souvent ou de temps en temps, à leur domicile, et 52% dans leur quartier. C’est cinq à six fois plus qu’en métropole). Et quatre habitants sur dix renoncent à sortir de chez eux… « Ce graphique donne de vraies indications », souligne Bertrand Aumand, certain que « les résultats ont dû remonter au-delà du préfet ».
Un échantillon de 1.112 ménages
L’enquête de victimation « Cadre de vie et sécurité » (CVS) s’est déroulée pour la première fois en 2020 à Mayotte en partenariat avec la direction générale des Outre-mer (DGOM). Elle vise à connaître les faits de délinquance dont les ménages et leurs membres ont pu être victimes durant les deux années précédentes (2018 et 2019) et permet de recueillir leur opinion concernant leur cadre de vie et la sécurité. L’échantillon porte sur 1.112 ménages répondants.
Cela fait huit mois que les travaux de construction de l’hôtel Ibis à Mayotte ont commencé. Avec ses 3.000 mètres carrés, ses 80 chambres et ses trois étoiles, l’hôtel marque un nouveau départ pour le développement du 101ème département de France. Mais pour la société Makinen Suisse, en charge du projet, il reste encore beaucoup à faire. L’entreprise signe son premier contrat sur le territoire et doit composer avec les difficultés qui sont liées à l’île. Luigi Chiantella le directeur général du groupe, de passage à Mayotte, et Remus Jitaru directeur de Makinen Mayotte nous ont ouvert en exclusivité les portes du chantier du prochain hôtel Ibis Style.
Flash Infos : Votre société Makinen Suisse fait ses premiers pas à Mayotte. Qu’avez-vous réalisé avant ?
Luigi Chiantella : La société existe depuis 1995. On est basés en Suisse mais on travaille principalement dans les pays d’Afrique. On a construit beaucoup d’hôtels, on travaille avec les chaînes hôtelières et c’est comme cela que nous avons développé l’entreprise. On a notamment construit un Sofitel. Le projet de Mayotte est le cinquième hôtel Ibis que nous faisons dans le monde, Ibis nous connaît !
Notre stratégie n’est pas de travailler en Europe parce qu’il y a beaucoup de concurrence. Nous avons les capacités de travailler loin, en Afrique ou dans les îles. On cherche des endroits en développement ou un peu compliqués, là où tout le monde ne peut pas venir. Nous avons fait le Tchad, le Rwanda, l’Ouganda, l’Ethiopie etc.
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FI : Depuis peu, vous avez créé une branche de votre entreprise à Mayotte. Pensez-vous vous installer dans le département ?
L.C : Au départ, nous ne sommes venus que pour cet hôtel mais ensuite nous avons vu une possibilité de travailler sur place et nous avons créé une structure locale de droit français avec des employés mahorais et métropolitains. 50% sont de Mayotte et 50% viennent de l’Hexagone.
Remus Jitaru : Nous essayons d’embaucher le maximum de Mahorais mais la quantité de travail est conséquente et il n’y a pas assez de techniciens ici. Nous sommes obligés de les importer depuis la Métropole. Il nous manque des employés dans tous les domaines, il nous faut des gens qualifiés. Actuellement nous avons trente personnes sur le chanter mais il faudrait que nous soyons une quarantaine pour être plus efficaces. Un projet de cette envergure en Afrique aurait mobilisé 80 à 120 personnes.
FI : Faire venir les employés depuis la Métropole est-il rentable pour vous ?
L.C : Les employés que nous faisons venir nous coûtent plus cher parce que nous devons leur payer le billet d’avion, la nourriture et le loyer pour certains, mais c’est normal.
R.J : Ils nous coûtent plus cher, mais leur déplacement est rentable parce qu’ils travaillent plus rapidement et nous font gagner du temps. Ils sont plus productifs et cela nous permet de respecter nos délais.
FI : Est-ce réellement la solution la plus pérenne ?
L.C : Non, mais pour l’instant nous n’avons pas le choix. Il faut former les jeunes d’ici aux métiers du BTP. Ce ne sont pas des métiers moins satisfaisants, moins payés ou moins intelligents que les autres. Si nous voulons tous rester dans les bureaux, qui va construire ? Les gens ne savent pas qu’un électricien, un plombier, un maçon, est parfois mieux payé que quelqu’un qui travaille dans un bureau.
FI : Comment se passe la réalisation des travaux depuis la pose de la première pierre en octobre 2020 ?
L.C : Les travaux ont réellement démarré en février 2021. Pour l’instant nous sommes dans les délais et nous pourrons livrer le chantier à temps, c’est-à-dire en juin 2022. Nous devons donner un produit presque prêt à être utilisé. La seule chose que nous ne faisons pas c’est l’achat du mobilier, mais nous nous occupons de tout jusqu’à la décoration.
FI : A quels types de difficultés faites-vous face ?
R.J : La première difficulté c’est le transport. Mais c’est surtout lié à la crise qui touche le monde entier. Cependant nous ne sommes qu’à notre premier essai et nous savons prévoir les difficultés, anticiper les choses. Presque tout notre matériel est sur place.
FI : Quelle sera la suite pour vous, une fois que ce projet de l’hôtel Ibis sera fini ?
L.C : Nous en avons déjà d’autres à Mayotte. Il n’y a pas beaucoup d’entreprises de BTP sur l’île. Il y a certes Colas mais c’est une entreprise énorme et nous ne rivalisons pas parce que nous ne pouvons pas faire ce qu’ils font et ils ne peuvent pas faire ce que nous faisons. On se place entre les grands et les petits, nous faisons des chantiers entre 5 et 40 millions d’euros. Colas s’intéresse aux marchés de 100 millions. Nous avons aussi créé une société à La Réunion et pour l’instant, nous n’avons pas l’intention de partir. Nous sommes là et nous allons rester.
FI : Lorsque vous avez gagné l’appel d’offre de l’hôtel Ibis, cela a fait grincer des dents. Selon vous, qu’est-ce qui a fait la différence entre vous et les autres entreprises qui se sont manifestées ?
L.C : Nous avions des prix compétitifs, ce n’est pas négligeable. Mais je pense surtout que c’est parce que nous avions une offre qui couvrait tous les aspects de la construction. C’est une solution plus facile et plus sûre pour le client (Eden Island).
R.J : L’avantage avec nous, c’est que nous sommes le seul interlocuteur de notre client. Ici c’est courant de voir dans un chantier plusieurs entreprises qui travaillent et c’est un vrai casse-tête. Avoir un seul interlocuteur coûte moins cher pour le client. Et puis je pense que l’avenir de Mayotte c’est permettre à d’autres entreprises de travailler aussi sur l’île. Le territoire ne peut pas se renfermer sur soi-même. La concurrence est bénéfique !
Vendredi 5 novembre avait lieu la pose d’un dispositif de concentration de poissons (DCP) à l’extérieur du lagon au large du port de Longoni. Une action qui s’inscrit dans le cadre du renouvellement de ces dispositifs dont le parc naturel marin de Mayotte est à l’initiative.
Alors que le soleil se lève sur le lagon, les employés du Parc naturel marin prennent la mer à bord de leur navire Utunda. La mission du jour ? Rejoindre une équipe qui assure la pose de l’un des quatorze dispositif de concentration de poissons (DCP) au large de l’île aux parfums. “Aujourd’hui, nous sommes face à une surpêche des poissons à l’intérieur du lagon. Les stocks de mérous, carangues ou encore vivaneaux ont dû mal à se renouveler alors que le stock d’espèces que l’on retrouve au large se porte bien”, explique Cyrielle Jac, chargée de mission pêche et aquaculture au Parc naturel marin de Mayotte.
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Avenir et pêche durable
Si les dispositifs de concentration de poissons existent déjà dans les autres départements d’Outre-mer français, à Mayotte, tout reste à faire. Lors de la départementalisation, la chambre de l’agriculture de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte avait commencé à déployer des DCP dans les eaux turquoises de l’île mais, aujourd’hui, difficile de dire si les dispositifs existent encore ou s’ils sont toujours utilisés par les pêcheurs. “Notre objectif avec ces quatorze DCP se décline en quatre points”, affirme le directeur du parc, Christophe Fontfreyde. “Tout d’abord, favoriser la pêche ciblant les ressources pélagiques hors lagon, puis, limiter le temps de recherche du poisson pour les pêcheurs, améliorer la sécurité en mer et enfin assurer durablement une sécurité alimentaire.” Une décision prise de concert avec les pêcheurs de l’île qui ont pu débattre de l’emplacement de ces futurs dispositifs tout autour de la barrière de corail.
Utilité et règles d’approche
Dès leur installation, les agents de terrains viendront régulièrement contrôler les DCP et travailleront en étroite collaboration avec les pêcheurs pour connaître les captures réalisées et évaluer l’efficacité du dispositif. “Il faudra attendre six mois pour que les animaux colonisent le DCP. D’abord il attirera de petits poissons, puis de plus gros comme les thons, les dorades et les marlins” , détaille Cyrielle Jac. Mais pour que ce système perdure dans le temps, les usagers devront respecter quelques règles : “Pas d’approche à moins de dix mètres des flotteurs, pas d’amarrage sur les bouées et pas de chasse sous-marine sous les DCPs”, martèle le docteur en écologie marine. De plus, si les professionnels peuvent se rendre chaque jour de la semaine sur ces points de pêche, les plaisanciers ne sont autorisés à y jeter leurs hameçons que les week-ends et jours fériés.
Mais alors un DCP à quoi ça ressemble ? Un DCP est tout d’abord composé d’un bloc de béton qui sert de point d’ancrage au fond de l’eau. Au-dessus de celui-ci, on retrouve un cordage relié à un système agrégateur constitué de lanières où les petits poissons et espèces marines pourront venir s’installer. A la surface, on retrouve un chapelet de flotteurs et un mât indiquant la position du DCP aux navires. Le dispositif sert à terme de lieu de vie aux espèces halieutiques et permet aux pêcheurs de venir prélever ces ressources sans parcourir de trop longues distances. Le tout dans le respect des quotas et des règles inhérentes à la pêche au sein du Parc naturel marin de Mayotte.
Un an après avoir reçu le prix “Womenspire 2020”, la Mahoraise est en passe de développer son produit à grande échelle. De quoi changer la façon de peigner les cheveux des femmes noires, mais aussi donner confiance à une nouvelle génération d’entrepreneure.s de l’île aux parfums.
“Afro hair comb inventor hopes to inspire young black women” (L’inventeure du peigne pour les cheveux afro veut inspirer les jeunes femmes noires, NDLR). Derrière ce titre élogieux, signé tout droit de la BBC, le site d’information britannique du plus ancien radiodiffuseur national du monde, se cache une jeune Mahoraise au parcours prometteur. Son nom : Youmna Mouhamad. Cette chercheuse en physique des polymères à l’université de South Wales, au Pays de Galle, qui avait remporté il y a un an le prix “Womenspire award 2020”, vient de lancer officiellement sa startup Nyfasi.
Son objectif : faire du soin des cheveux afro, souvent douloureux, un souvenir au contraire agréable. “Le cheveu, c’est un moment convivial où tu connectes avec d’autres femmes de la famille. Je voulais qu’en grandissant, elle se rappelle du soin des cheveux comme un moment qu’elle passait avec sa mère, plutôt que des larmes à cause de la douleur”, raconte cette originaire de Pamandzi, en référence à une enfant qu’elle gardait comme fille au pair pendant son doctorat. “Elle avait une chevelure magnifique, énorme, elle m’a vraiment touché cette petite. Mais elle pleurait chaque matin en disant qu’elle voulait des cheveux raides, et en queue de cheval”, déroule-t-elle, soulignant les “pressions” qui demeurent “pour se raidir le cheveu, même à Mayotte d’ailleurs.”
Un brevet déposé
Cet épisode signe le top départ de son projet, pour lequel la Mahoraise a obtenu une bourse de près de 60.000 euros afin “d’amener mon invention sur le marché”. Grâce à ces fonds, versés concrètement à l’université, l’entrepreneure a bénéficié d’un accompagnement pendant 18 mois, qui lui ont permis de peaufiner son produit, son packaging et sa marque. Initialement intitulée Myana Naturals, c’est finalement sous le nom de Nyfasi Deluxe Detangler, que Youmna Mouhamad aura déposé son invention. “J’ai déposé un brevet et j’ai une réponse favorable. Ce n’est pas définitif, mais cela veut dire qu’il y a bien une invention ici, c’est une très bonne nouvelle”, poursuit-elle, en espérant que cette validation pèse dans la balance dans l’optique d’une prochaine levée de fonds.
L’objet se présente comme un simple peigne, aux branches assez épaisses, dans les tons rose et violet. Il se compose de trois parties, dont les formes ont évolué au gré de tests effectués auprès d’une cinquantaine de femmes depuis bientôt deux ans. “Tu mets l’après-shampoing dedans, tu fermes, et cela permet d’appliquer sur le cheveu et directement sur le nœud, pour démêler en toute facilité”, décrit-elle. “Au tout début, j’avais fait un test sur trente personnes, parmi elles 76% disaient vouloir acheter le produit. Il y en a même une qui ne voulait plus me le rendre !”, s’amuse-t-elle. Dans les retours, beaucoup de testeuses ont aussi évoqué leur méconnaissance des techniques de soin pour leurs cheveux, ce qui donne déjà des idées pour la suite à la jeune startuppeuse. “Si tout se passe bien, dans trois ans, je proposerai une gamme entière pour que le produit fonctionne parfaitement !” En attendant, la physicienne de formation place beaucoup d’espoir dans sa levée de fonds. “C’est le moment crucial, je vais avoir besoin des Mahorais”, glisse-t-elle.
Inspirer la jeunesse mahoraise
Mais Youmna Mouhamad voit aussi les choses en grand. Outre son peigne afro, la jeune femme veut inspirer une jeunesse qui fait face à de nombreuses pressions. “La culture mahoraise peut être assez pesante, la façon dont on nous élève… Je suis avec beaucoup de jeunes, et j’arrive à un stade où je vais pouvoir offrir du coaching à des jeunes qui ont du potentiel”, annonce celle qui a elle-même bénéficié de l’accompagnement d’un coach dans les moments les plus difficiles de son parcours. Comme le note par ailleurs la BBC, moins de 2% des ingénieurs sont des femmes issues des minorités ethniques. Et si elle a quitté Mayotte à l’âge de huit ans, et n’a pas pu rendre visite à sa famille depuis au moins trois ans, à cause de la crise sanitaire, la femme de sciences n’en oublie pas ses origines. “Mon rêve ultime, c’est de devenir moi-même coach de vie. C’est là où j’espère pouvoir contribuer au développement de Mayotte, et revenir sur l’île”, conclut-elle.
L’heure semble être au règlement de comptes dans la commune du sud. Depuis mercredi matin, le maire (LR) Andhanouni Saïd et plusieurs personnes sont entendus par la brigade financière pour des faits de détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts et délit de favoritisme.
L’information a été confirmée ce jeudi. Le maire de Chirongui Andhanouni Saïd, son directeur général des services (DGS) ainsi que “sept ou huit autres personnes” ont été placées en garde à vue depuis mercredi matin pour “s’expliquer sur un certain nombre de faits qui pourraient avoir une vérification pénale”, explique le procureur de la République Yann Le Bris, joint par téléphone.
Dans le détail, on leur reproche des faits de détournement de fonds publics, de prise illégale d’intérêts, de délit de favoritisme et “le recel de l’ensemble de ces délits par un certain nombre de personnes qui gravitent autour de la mairie”, poursuit le représentant du parquet. Des délits commis sur une période qui court depuis les dernières élections municipales. Dans le viseur des enquêteurs, entre autres : des locations de voitures et des billets d’avion pour Madagascar, dont auraient bénéficié les mis en cause, aux frais de la princesse. Outre le maire et son DGS, un fonctionnaire recruté pour des missions de sécurité en lien avec la mairie a notamment été placé en garde à vue.
Climat tendu à la mairie
Jeudi, en milieu d’après-midi, la petite clique était encore entendue par la brigade financière. Il sera ensuite décidé, après étude des pièces du dossier, des suites pénales à donner à cette affaire. “Des poursuites pourront certainement être engagées”, évoque le procureur. Pour ces infractions présumées, commises par des personnes dépositaires de l’autorité publique ou en charge d’une mission de service public, les peines maximales vont de deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende (pour le délit de favoritisme) à 10 ans de prison et un million d’euros d’amende – dont le montant peut être porté au double du produit de l’infraction -, si le détournement de fonds publics venait à être prouvé.
À noter qu’en l’absence de condamnation, tous restent présumés innocents. Cette garde à vue s’inscrit dans un contexte de changement d’équipe à la tête de la municipalité, avec la victoire d’Andhanouni Saïd (Les Républicains) sur l’ancienne maire Roukia Lahadji (Hanima Ibrahima, candidate malheureuse du parti présidentiel La République en marche. Or, depuis les élections de 2020, et les cantonales cette année, un climat tendu semble régner autour de la mairie. Six mois après les municipales, une perquisition avait déjà eu lieu dans la commune. Et en juin, une plainte avait été déposée pour faire annuler le scrutin du canton de Sada, à cause de la radiation de 200 personnes des listes électorales, parmi lesquelles des proches de l’ancienne maire de Chirongui, pour les élections départementales des 20 et 27 juin.
Depuis 2016, novembre rime avec mois sans tabac en France. Les actions de sensibilisation se multiplient dans le pays. Mayotte n’est pas en reste. Il faut agir rapidement et de manière efficace car les fumeurs de cigarettes sont de plus en plus jeunes. Le tabac est d’ailleurs la substance la plus consommée par les jeunes dans le département.
Le constat est inquiétant. Au sein de son cabinet, situé dans la bâtisse du dispensaire Jacaranda à Mamoudzou, le docteur Youssouf Ali Mohamed, tabacologue du centre hospitalier de Mayotte, reçoit des patients de plus en plus jeunes. La majorité d’entre eux ont moins de 18 ans. « La jeunesse actuelle commence très tôt l’usage du tabac, vers 13-14 ans, mais ce n’est pas propre à Mayotte. C’est quelque chose qui s’observe partout en France », commente le professionnel de santé. Et si ces adolescents se laissent tenter par la première cigarette, ce n’est pas par hasard. Généralement, l’influence de leur entourage en est la cause principale. « Cela peut être lié au mimétisme, ça veut dire que l’on est en groupe, la personne copie ce que les autres font pour rester dans ce groupe. La famille peut également en être la raison. Quand un enfant voit les adultes qui l’entourent fumer, il a tendance à faire la même chose », explique le docteur Youssouf Ali Mohamed. Selon l’agence régionale de santé de Mayotte, l’observatoire régional de la santé a donné des indicateurs sur les consommations de substances psychoactives à Mayotte en décembre 2018. Et « le tabac est la substance à laquelle les jeunes sont les plus exposés sur le département (67%) ».
Sauf que la cigarette ne suffit plus aux jeunes mahorais qui sont séduits par d’autres produits… tout aussi nocifs. Le tabacologue du CHM a vu arriver la consommation de la chicha sur l’île ces dernières années. Banalisée par ses consommateurs, la pipe à eau – ou narguilé – n’est pourtant pas anodine pour la santé. « C’est une façon de consommer le tabac autrement, de façon conviviale et c’est ce qui attire les jeunes. Ils ne perçoivent pas l’aspect de la dépendance physique alors que la fumée de la chicha est toute aussi nocive que celle du tabac conventionnel », alerte le docteur.
Trouver la motivation pour arrêter
« Le tabac tue plus que les autres produits psychoactifs », développe-t-il. Une prise en charge est alors essentielle, le plus rapidement possible. Mais encore faut-il que les fumeurs prennent conscience de leur dépendance. « J’ai des patients qui viennent me voir pour autre chose et je constate par la suite qu’ils consomment du tabac. Il y a aussi ceux qui sont envoyés par leur entourage et généralement ce sont des gens qui ne sont pas prêts à arrêter », affirme Youssouf Ali Mohamed. Pour ceux-là, la phase de sevrage est plus longue car ils doivent passer par des séances de psychothérapie, des entretiens, pour trouver la source de motivation. En parallèle, les médecins leur prescrivent des patches qui réduisent considérablement le nombre de cigarettes fumées par jour. « Une fois qu’on a commencé et qu’on est dans la dépendance, ce n’est pas aussi facile d’arrêter. Les gens pensent que c’est un problème de volonté alors qu’il n’y a pas que ça. La personne souffre quand elle veut arrêter », précise le tabacologue. Une souffrance qui varie selon les patients, mais qui est plus difficile à supporter pour les fumeurs de longue date ayant commencé très tôt.
Changement des mœurs mahoraises
La cigarette n’a jamais fait partie des us et coutumes de Mayotte, mais la société mahoraise a observé un changement des mœurs à travers l’occidentalisation. Les Mahorais ont copié les bonnes habitudes, comme les plus néfastes. « À Mayotte, avant, fumer devant ses parents était interdit. Maintenant, cette barrière culturelle est en train de tomber », regrette le docteur. La religion faisait également office de restriction puisque l’Islam interdit toute substance dangereuse pour la santé. Or, de nos jours, même les religieux ne prêchent plus contre l’usage du tabac. « Il fût un temps où ils le faisaient, aujourd’hui on ne les entend plus. Dans les mosquées, on parle souvent de l’interdiction de l’alcool, mais pas du tabac. C’est une erreur parce que je pense que les religieux peuvent jouer un rôle dans le travail de sensibilisation », estime le professionnel. De nos jours, toute action qui prévient contre les conséquences du tabac est nécessaire puisque, c’est un fait, « le tabac reste aujourd’hui la première cause évitable de mortalité en France », rappelle l’ARS de Mayotte.
Jeudi 4 novembre, l’espace Conseil FAIRE des Naturalistes de Mayotte a réuni les professionnels de la rénovation énergétique et de la construction pour un séminaire au pôle d’excellence rurale de Coconi. L’occasion d’échanger sur les outils et les aides à la disposition des professionnels en matière de rénovation énergétique.
“95% de production au fuel et 5% de photovoltaïque…” À en croire Daniati Yves, cheffe de projet chez EDM, l’électricité de Mayotte est loin d’être verte ! Un comble pour l’île aux parfums qui sentira bientôt davantage les hydrocarbures que l’ylang-ylang si rien n’est fait en termes de consommation d’énergie…
“À Mayotte, nous sommes face à une démographie dynamique et une demande croissante en électricité”, annonce Yann Lebigot, coordinateur à l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) de Mayotte. En effet, ce jeudi les professionnels de la rénovation énergétique et de la construction étaient rassemblés pour échanger afin de dynamiser ce secteur au sein du 101ème département français. Entrepreneurs, architectes et professionnels du bâtiment ont assisté à différentes interventions des partenaires de l’espace Conseil FAIRE des Naturalistes de Mayotte. L’objectif ? Présenter les enjeux de la rénovation énergétique et donner à ces professionnels les outils nécessaires pour entreprendre cette transition.
Consommer moins, comment faire ?
“Le logement représente plus de 50% des consommations électriques de l’île”, soupire Yann Lebigot. C’est pourquoi, il est urgent d’agir aujourd’hui pour notre planète et notre porte-monnaie. Pour faire baisser sa consommation d’énergie, pas de recette miracle, mais des gestes quotidiens et des aménagements afin de garantir le “confort thermique” des habitants, comme “éteindre les lumières en journée » et « ne pas laisser des appareils branchés ou en veille ». Comme l’explique Daniati Yves, les « éco gestes » sont simples à mettre en place. À cela s’ajoutent des travaux qui peuvent être réalisés pour rendre les édifices plus performants sur un plan énergétique. Avec la loi Climat et Résilience du 22 août 2021, l’État s’engage à respecter l’objectif européen de baisse d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Particuliers et professionnels peuvent dès maintenant bénéficier d’aides afin de rénover leurs bâtiments. “Isoler, installer des protections solaires, un éclairage led ou encore des brasseurs d’air qui consomment 15 à 20 fois moins que les climatiseurs permettent de faire baisser la consommation énergétique et d’augmenter le confort des personnes”, insiste le coordinateur de l’Ademe.
Le rôle de l’espace Conseil FAIRE
Le pôle énergie de l’association des Naturalistes accompagne grâce à ses conseillers techniques les particuliers et les professionnels souhaitant se lancer dans des travaux de rénovation énergétique. “Notre rôle est de faciliter, d’accompagner et d’informer”, scande Laura Sager, employée de l’association. Par le biais de leurs interventions dans les entreprises et à l’aide de leurs guides des écogestes et du photovoltaïque, disponibles en français en shimaoré, les conseillers techniques espèrent sensibiliser à cette problématique écologique et économique. Par ailleurs, n’importe qui peut également se renseigner sur la plateforme en ligne Simul’aides disponible sur faire.gouv.fr.
En visite à Mayotte, Maxime Zennou, le directeur général du groupe SOS jeunesse, qui comprend l’association Mlézi Maoré, revient sur la protection de l’enfance dans le 101ème département. Il dresse sans langue de bois son constat sur la politique menée par le Département, l’hypothèse d’un centre éducatif fermé ainsi que l’importance de la scolarisation pour tous. Entretien.
Flash Infos : Quel état des lieux faites-vous de la prise en charge des mineurs non accompagnés ?
Maxime Zennou : Le dernier rapport sénatorial sur la sécurité à Mayotte de la semaine dernière évoque le nombre de 5.000 enfants déscolarisés. Il se peut qu’il n’y en ait que quelques centaines, soit dix fois moins, qui seraient sans présence parentale sur le territoire et sans solution durable d’hébergement. En réalité, un second rapport réalisé en interministériel par une demi-douzaine d’inspections générales, qui est en ce moment même aux Comores, est prochainement attendu. Dans la lettre qui leur est missionnée, il est déjà question de 8.000 mineurs. Donc les chiffres sont à géométrie variable et donnent une indication tendancielle. Ce qui est clair, c’est que le phénomène migratoire est loin d’être interrompu malgré les efforts déployés sur la reconduite et la sécurisation de l’île.
FI : Justement, ce fameux rapport sénatorial propose des « solutions » déjà entendues par le passé, à l’instar du centre éducatif fermé. Est-ce selon vous une bonne proposition pour faire face à la délinquance juvénile qui gangrène le département ?
M. Z. : S’il y avait une solution miracle, nous la connaîtrions, nous la travaillerions et nous la modéliserions ! Il n’y a pas une seule réponse car il y a énormément de questions qui se posent. Une chose est sûre : nous avons affaire à des gosses qui ont fait des choses graves, voire très graves par moment. Est-ce qu’il faut tous les faire arrêter par la police et les jeter en prison ? Et même les expulser pour ceux qui ont une qualité d’étranger ? Sachant que le droit international nous l’interdit jusqu’à l’âge de 18 ans… Est-ce qu’il faut construire des établissements de placement pénal ? Encore faut-il attendre qu’ils aient commis des infractions de plus en plus graves pour que le juge des enfants, après leur interpellation, décide de les placer au pénal dans un tel établissement. Nous en avons déjà deux à Mayotte : l’établissement de placement éducatif de Tsoundzou (12 places) et le centre éducatif renforcé de Bandrélé (8 places). Aujourd’hui, pour être très clair sur le sujet, nous prendrons nos responsabilités en fonction de notre autorité de contrôle, à savoir le ministère de la Justice. Nous sommes un gestionnaire d’établissements de toute nature, comme le handicap ou le vieillissement. Si demain, on nous demande de gérer un nouvel établissement, nous le ferons.
Un centre éducatif fermé, c’est 12 places. C’est un lieu dans lequel vont passer une vingtaine de gosses dans l’année. Cela coûte très cher à construire. Je vous laisse faire le ratio et la comparaison par rapport aux 8.000 mineurs évoqués précédemment et d’en tirer la conclusion que vous voulez ! Après, comme l’indique la commission sénatoriale, et comme va, sans doute, l’indiquer le rapport des inspections générales, il faut que Mayotte se dote de sa propre cour d’appel, d’une politique pénale renforcée, de moyens policiers supplémentaires et diversifiés, d’un dispositif de placement en éventail à présenter au juge des enfants. Mais selon moi, le sujet se joue largement en amont par la petite enfance et l’attention que nous lui portons, la scolarisation, le travail de prévention et de protection de l’enfance qui incombe au conseil départemental.
FI : Selon la PJJ de Mayotte, les places réservées pour le 101ème département dans le centre éducatif fermé de La Réunion ne sont pourtant pas toutes utilisées…
M. Z. : Le directeur territorial de la PJJ est mon autorité de contrôle ici. Je ne peux, évidemment, que m’inscrire dans son pas. Et je peux vous confirmer que ces établissements ne sont jamais plein ! Cela veut dire que si nous additionnons les places vacantes de l’EPE de Tsoundzou, du CER de Bandrélé et celui de la Plaine des Cafres ainsi que du CEF de Saint-Anne, le centre éducatif fermé envisagé à Mayotte existe déjà… Il y a peut-être un sujet d’articulation entre les juridictions des deux îles, les directions territoriales de la protection judiciaire de la jeunesse, les deux parquets, pour faire en sorte que ces places déjà financées puissent être utilisées à leur optimal avant d’entreprendre des travaux onéreux et conséquents. Encore une fois, s’il le faut, je répète la position de mon organisation, nous prendrons nos responsabilités !
FI : Comment jugez-vous la politique de l’aide sociale à l’enfance menée par le Département ?
M. Z. : Je ne blâme pas, je ne juge pas et je condamne encore moins quiconque. Le Département est jeune, il apprend encore à gérer l’action publique, à développer les missions qui incombent à la décentralisation. Pour l’exercer depuis longtemps, je peux vous dire que la protection de l’enfance est une mission complexe qui demande des équipements et du personnel formé. Une fois dit tout ça, nous voyons bien qu’il y a un écart entre le réel et l’objectif. Après, en dix ans, il ne s’est pas rien passé ! Nous sommes dans une dynamique de progrès, mais nous avons encore du chemin à parcourir. Ensuite, attention, même s’il doit mener une politique territoriale de la protection de l’enfance qui correspond à la réalité des besoins, toute la réponse ne relève pas du seul conseil départemental. Chacun dans le travail de prévention et de protection et dans l’accompagnement des familles a son rôle à jouer dans les départements ministériels et dans les pouvoirs publics locaux. En ce qui nous concerne à Mlézi Maoré, nous avons ouvert la première maison d’enfants à caractère social, le premier service d’aide éducatif en milieu ouvert, le premier lieu de vie mère-enfant !
FI : Quel manque serait préjudiciable pour accompagner plus efficacement ce public ?
M. Z. : L’école ! Pour moi, c’est là-bas que tout se joue, que tout doit se jouer et que tout peut se jouer. L’éducation fait des miracles, j’en suis profondément convaincu. L’enfant est très résilient. Même en ayant subi les pires avanies, il peut s’en sortir et devenir écrivain, musicien, et tout simplement un honnête homme. À la seule condition qu’il ait pu bénéficier de conditions d’éducation les plus favorables possibles. Un gamin qui ne va pas à l’école, c’est d’emblée une difficulté majeure qui va se poser puisqu’il ne sait pas lire, écrire et compter. Il va se débrouiller comme il le peut, se construire et grandir comme le père. Quand ce dernier se fait modèle, tant mieux. Quand ce n’est pas le cas, l’oisiveté est mère de tous les vices. Il faut que tout le monde – l’éducation nationale, les services de l’État et les associations – mette le paquet ! D’ailleurs à Mlézi Maoré, nous sommes dans un programme d’accompagnement d’associations mahoraises pour les inciter à déployer leurs propres projets.
FI : Depuis un peu plus d’un an, il y a eu une intensification des destructions d’habitats indignes. L’application de la loi Élan peut avoir un effet pervers sur la scolarisation et le suivi de certains jeunes, mais aussi sur le relogement…
M. Z. : Ce n’est pas moi en tant que fonctionnaire de justice qui vais proscrire le régalien ou crier au scandale. Expulser, empêcher de venir et sécuriser le territoire, cela fait partie de la feuille de route de l’État. Mais après, que faisons-nous des enfants ? Posons-nous la question, sans défaitisme. Il faut mailler sur l’ensemble du territoire, un plan d’action pour la protection maternelle infantile, pour la protection de l’enfance, pour les familles d’accueil, etc. Avec une commission de recueil des informations préoccupantes (CRIP) qui marche. Quand un professionnel, un enseignant ou un voisin voit une situation alarmante d’un enfant maltraité, il y a le déclenchement d’une procédure.
Nous parlons de relogement et décasage, très bien. Mais il y a encore des gosses qui dorment dehors au moment où nous parlons. Et ça, c’est juste insupportable ! Commençons par le commencement : nous occuper des enfants et des familles, et imaginer une politique du logement qui soit globale, qui n’écarte aucune possibilité et qui rassemble toutes les personnes concernées. Malheureusement, nous sommes dans une situation d’urgence à Mayotte.
FI : Que pensez-vous de l’installation ce mercredi d’un bataillon de la prévention dans les quartiers de Doujani et de M’Tsapéré ?
M. Z. : Toutes les actions de prévention sont bonnes à prendre. Tous les dispositifs de coordination sont intéressants. Cela vient apporter de la prévention spécialisée un peu différente avec des missions très précises. Attention, toutefois, à ne pas multiplier les dispositifs sans passer à côté de l’essentiel : construire des écoles et recruter des enseignants ; étayer le conseil départemental dans le déploiement d’une politique territoriale de protection de l’enfance, structurée, de plus en plus professionnelle, de plus en plus efficace. Une fois que nous avons fini les discours, les dénonciations, les manifestations, la réalité reprend le dessus. À savoir encore une fois, que faisons-nous des enfants ?
FI : Êtes-vous confiant pour l’avenir de Mayotte ?
M. Z. : Je suis confiant par nature et je suis un optimiste. Sinon, je ne ferais pas ce métier ! Nous avançons au rythme de l’histoire du département, de son attachement à la France, du soutien apporté par la puissance publique. La départementalisation a un coût. La loi Mayotte va générer d’autres dépenses : l’aéroport, le port, le programme de constructions, la sécurisation du territoire, les moyens militaires supplémentaires pour limiter les flux, les accords de coopération avec les Comores. Mais l’avenir de Mayotte appartient aux Mahorais ! Il faut encourager l’initiative locale et les jeunes mahorais qui ont la chance de faire des études de retour chez eux pour participer au développement de l’île.
Ce lundi 1er novembre devait être publié l’appel à projets culturels 2022, avant que celui-ci ne soit finalement retiré du site Internet. En cause : la présence d’une clause sur la propriété intellectuelle des œuvres publiées, qui revenait au conseil départemental. Une « erreur » qui fait grincer des dents les acteurs du monde culturel mahorais.
« C’est une aberration. » À la découverte en amont de l’appel à projets culturels 2022 qui devait initialement sortir ce lundi 1er novembre, les acteurs culturels de l’île tombent littéralement de leur chaise. La raison de ce malaise ? La présence d’une clause stipulant que la propriété intellectuelle des œuvres publiées revenait de droit au conseil départemental… « C’est dangereux et surtout illégal », s’indigne d’emblée Jacqueline Guez, la gérante de Clap Productions, également juriste de formation. « Ce que les gens doivent comprendre c’est qu’une telle disposition suppose qu’un chanteur qui écrit une chanson n’aurait plus aucun droit sur sa propre chanson. Il ne pourrait même pas la chanter. Pour mon cas, supposons que le Département me finance sur un projet, je ne pourrais non seulement pas en avoir la propriété et encore moins la paternité. » Même son de cloche pour Sophie Huvet, la porte-parole du collectif Les Arts Confondus, qui dénonce son invalidité d’un point de vue juridique.
L’histoire remonte à ce week-end lorsque la société audiovisuelle Clap Productions partage sur sa page Facebook un post pour mettre en garde contre « la nouvelle manière qu’a trouvé le Département à travers son office culturel départemental pour soutenir les artistes et les professionnels du monde du cinéma ». De fil en aiguille, la fronde se propage sur la toile et pousse la collectivité à faire marche arrière, au point de retirer son appel à projets sans date de remise en ligne connue, indique par téléphone un agent de la direction de la culture et du patrimoine.
« Une maladresse due à une méconnaissance »
« Nous espérons que c’est une maladresse, encore une fois due à une méconnaissance », indique la directrice de Hip-Hop Évolution. Car oui, ce n’est pas la première fois qu’une telle bévue fait tache dans un tel document. Pour sa part, Dieynaba Sy, la coordinatrice du Mayotte Film Office, présidé par Faïza Saïd se montre moins vindicative que ses consœurs du milieu. « L’erreur est humaine ! Il arrive qu’il y [en] ait dans les appels à projets. Cela ne se passe pas qu’ici. C’est bien qu’ils aient réagi rapidement », indique la productrice, qui a par ailleurs demandé un éclairage par e-mail, en attente de réponse.
Trop tard. Le mal est fait ! « Depuis des années, nous pointons du doigt des dysfonctionnements et derrière, on nous envoie balader », regrette Jacqueline Guez. « Nous revendiquons que les agents territoriaux soient formés sur les aspects juridiques, les droits et les devoirs de chacun et la méthodologie des politiques culturelles », ajoute Sophie Huvet. D’autant plus que Mayotte ne dispose pas encore de tous les dispositifs et de tous les statuts pour répondre à des cahiers des charges métropolitains. En guise d’avancée, la gérante de Clap Productions invite les principaux concernés à venir prendre le pouls sur le terrain « pour comprendre les subtilités des métiers de la culture ». « Nous ne sommes pas que des numéros de Cerfa… Parce que, de notre côté, tant que nous (à Mayotte) ne comprendrons pas que les projets culturels n’ont pas vocation à satisfaire l’égo des agents du conseil départemental, nous continuerons à ne pas y répondre. J’invite tous les acteurs de la culture, qui font vivre le cœur de Mayotte, à soutenir publiquement notre message et à faire part également des problématiques qu’ils rencontrent. Le mépris a trop duré. »
Rentrer dans une forme d’acceptation des mœurs
Selon elle, cette manière de procéder n’est ni plus ni moins qu’une galipette pour faire rentrer « les projets dans une forme d’acceptation des mœurs». « Si nous voulons créer quelque chose de différent et d’ambitieux, on nous oppose un droit à la censure. » En d’autres termes : interdiction d’heurter la sensibilité des agents du de la collectivité ou de susciter le débat dans la société. À l’image de Colocs !, la série événement écrite par Jacqueline Guez, diffusée dans tous les territoires d’Outre-mer, et financée par France Télévisions et la direction aux droits des femmes. « Le Département accuse les acteurs de la culture de manquer d’expertise et de rigueur en termes de comptabilité. C’est complètement faux ! Je refuse qu’on nous taxe d’incompétents ! […] Les millions d’euros à destination de la culture permettent l’ouverture au monde. Il suffit de regarder du côté de La Réunion pour voir ce qui est proposé. » Là encore, Mayotte en est à des années lumières… Prochain essai à l’occasion de l’appel à projets culturels 2023 ?
Son nom figure déjà parmi les jeunes mannequins en herbe qui ont du potentiel. À seulement 17 ans, Erika Blanc défile pour les plus grandes marques et se fraie un chemin lors des fashion-week. Les podiums de Paris, Milan, Londres, n’ont plus de secret pour cette jeune métisse mahoraise qui vit un rêve depuis maintenant un an.
« Elle est incroyable, elle est courageuse, c’est une battante ! » Antissoimou Mdere, la mère d’Erika Blanc, ne tarit pas d’éloges lorsqu’elle parle de sa fille. Et du courage, il en faut lorsque l’on entre dans le monde du mannequinat à un si jeune âge. Erika Blanc en sait quelque chose : pour cette jeune femme originaire de Mayotte, l’aventure a commencé alors qu’elle n’avait que 16 ans. « Il y a un an, mon agent actuel m’a repérée sur les réseaux sociaux parce que j’avais posté des photos de moi, et c’est là que tout a commencé », raconte la principale concernée.
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Tout s’enchaîne rapidement pour l’adolescente qui doit jongler entre le lycée et sa nouvelle vie. Après avoir passé le bac à 17 ans, Erika Blanc décide de quitter sa région de Haute-Savoie pour s’installer dans la capitale. « Quand on est mannequin, il vaut mieux habiter à Paris », remarque-t-elle. Bonne pioche ! L’habituée des objectifs se démarque rapidement de ses concurrentes lors des castings. Et en l’espace de quelques mois, elle signe dans trois agences de mannequins mondialement connues. « Une à Paris, une à Londres et l’autre à Milan », précise-t-elle. Cela lui permet d’être notamment au devant de la scène lors des défilés très convoités des fashion-week de Paris, Milan, et Athènes.
Dior, Sport Max, Ermanno Scervino, Giambattista Valli… Erika Blanc défile pour toutes ces grandes marques haute couture. « À Paris, j’ai clos le show de Giambattista Valli. Ouvrir ou fermer un show, c’est le Graal pour un mannequin car ça lance la carrière. Pour ma part, j’ai eu plein d’opportunités depuis cet événement », indique-t-elle. De quoi lui ouvrir des portes, mais aussi gagner confiance en elle. « Plus jeune, je ne me trouvais pas jolie, j’étais trop mince, je manquais d’assurance. Grâce à mon métier, je suis plus sûre de moi et je suis plus forte », assure l’adolescente.
« Mayotte c’est l’amour de ma vie »
Du haut de ses 17 ans, Erika Blanc a déjà tout d’une grande. Même si le succès a frappé à sa porte très tôt, elle sait que rien n’est acquis et qu’elle doit assurer ses arrières. « Le mannequinat ne va pas durer toute ma vie et il faut que j’ai quelque chose à côté, je poursuis donc mes études », analyse-t-elle avec une certaine maturité. Actuellement en première année de psychologie, elle n’imagine pas une seconde abandonner son cursus, même s’il lui est impossible d’assister aux cours. « Je n’aime pas l’échec, je vais tout faire pour réussir, quitte à ne pas dormir la nuit. Je veux réussir mes études et je veux continuer le mannequinat. »
Tout en vivant ce rêve éveillé, la top model se projette déjà dans l’avenir. Son horizon : Mayotte et nulle part ailleurs. Plus tard, elle veut « contribuer à faire développer l’île. » « Mayotte c’est l’amour de ma vie. J’ai eu le coeur déchiré quand j’ai dû la quitter il y a quelques années », confie-t-elle. Et même si Erika Blanc voyage partout dans le monde, rien ne peut égaler l’île aux parfums. « Quand on a vécu sur une île, ce n’est pas facile de s’adapter à la vie en métropole ou ailleurs en Europe. Ce n’est pas le même train de vie, les gens ne sont pas pareils. »
La famille, sa source de motivation
« Je pense qu’être mannequin à 16 ou 17 ans c’est trop jeune car c’est un monde méchant et très compétitif. Mais j’essaye de garder la tête sur les épaules et je fais preuve de responsabilité », poursuit la jeune fille. Heureusement, ses parents, qui gardent un œil attentif sur elle, ne sont jamais bien loin. « Son père et moi la suivons beaucoup, nous signons les documents parce qu’elle est encore mineure. Je me méfie de ce milieu, car il y a beaucoup de jalousie et les gens sont prêts à tout pour être les premiers », admet la mère d’Erika qui joue pleinement son rôle de maman poule. Antissoimou Mdere est le soutien infaillible dont a besoin Erika Blanc pour gravir les échelons.
Il faut dire que rien ni personne ne semble pouvoir la détourner de l’univers de la mode. Pas même le poids des traditions mahoraises. « Je suis musulmane, Erika est musulmane, mais cela ne l’empêchera pas d’être mannequin, ce n’est pas incompatible. Je l’encouragerai toujours à aller plus loin, car je sais qu’elle en est capable », explique sa mère. Prochaine étape ? La fashion-week de New-York qu’elle a manqué cette année, faute de visa. Une chose est sûre, on n’a pas fini d’entendre parler d’Erika Blanc.