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De la prison ferme après des heurts à Pamandzi et Hamouro

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Renvoyée à ce vendredi, l’audience qui concernaient quatre jeunes hommes de La Vigie a débouché sur quatre condamnations. Le 9 décembre 2023, ils avaient voulu organiser une expédition punitive dans les rues de Labattoir. Les policiers municipaux et les gendarmes avaient réussi à les empêcher d’aller plus loin, mais avaient essuyé des jets de pierres et des coups de barres de fer. Un gendarme avait été blessé légèrement et les véhicules dégradés. « Après enquête, les militaires de la brigade de Pamandzi, de la brigade de recherches de Koungou et du Groupe « TOP 976 » ont identifié formellement cinq majeurs et un mineur (mis en examen par le juge des enfants) », indique la gendarmerie. Ce vendredi, les quatre jugés, dont deux en récidive, ont été condamnés, l’un à trois ans d’emprisonnement dont un an avec sursis, un à trois ans d’emprisonnement avec révocation totale du sursis, un autre à deux ans d’emprisonnement dont six mois avec sursis et le dernier à deux ans d’emprisonnement dont six mois avec sursis.

Au cours de la même audience, un autre jeune homme d’Hamouro a été condamné pour des faits similaires. Il écope de 18 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans. Les juges ont estimé qu’il faisait bien partie d’un groupe à l’origine de troubles à l’ordre public en décembre 2023 et en ce début de janvier 2024, dans le sud-est de l’île. « Des barricades étaient érigées sur la Nationale 3. Les gendarmes qui intervenaient ont été pris pour cible par des jets de pierres et de cocktails Molotov », rappelle la gendarmerie. Quatre mineurs ont été appréhendés en lien avec cette affaire. « Ils sont placés sous contrôle judiciaire assorti d’interdiction de sortie de 19h à 5h, d’interdiction de contact avec les autres mis en cause et d’interdiction de port d’arme », informe le service communication de la gendarmerie.

« On fait le nécessaire pour donner aux Mahorais de la mobilité urbaine »

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Rachadi Saindou arrive au plateau polyvalent de Tsararano. Le président de la Cadema a présenté ses vœux à la population et aux élus présents.

A la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou), on piaffe d’impatience de pouvoir lancer la première ligne du Caribus en avril. En tout cas, c’est ce que Rachadi Saindou a promis, lors de sa cérémonie de vœux à Tsararano, ce vendredi 12 janvier. Le président de la collectivité en a profité pour rappeler qu’il souhaite toujours des navettes maritimes dès 2025 et a présenté le futur siège de la Cadema prévu pour l’année d’après à Tsararano.

2024 sera « l’année de l’apaisement », promet Rachadi Saindou, Arrivé en dansant le shigoma, le président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) était tout sourire sur la scène installée sur le plateau polyvalent de Tsararano, lors de ses voeux. La collectivité, lancée dans son chantier Caribus depuis 2022, espère récolter enfin les fruits de ses travaux à hauteur de 142 millions qui ont pas mal chamboulé la circulation à Mamoudzou. En tout cas, le premier résultat devrait tomber « en avril », prévoit le président, avec l’ouverture de la première ligne au sud de Mamoudzou, puis la partie nord en septembre. Un calendrier chargé, mais qui est respecté malgré l’insécurité et l’eau qui minent le territoire de la collectivité. « Je crois en notre capacité de résilience et un avenir heureux pour nos générations futures. Toutes les actions menées depuis trois ans reflètent notre volonté de construire ensemble un avenir meilleur », déclare-t-il, devant une foule nombreuse et faisant fi de l’absence de représentants de l’État (la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, était à Bandrélé, ce jour-là).

« Le chantier d’envergure », comme il l’appelle, doit s’achever en 2027. En attendant, les problèmes de circulation devraient perdurer, même si la mairie de Mamoudzou est venue en soutien en instaurant la circulation alternée (qui reprend ce lundi). « Il faut changer notre façon d’appréhender la voiture. On est sur un petit territoire. On fait le nécessaire pour donner aux Mahorais de la mobilité urbaine », estime celui qui veut encourager les mobilités douces et qui s’appuie sur des premières navettes en service depuis plus d’un an. « Pour déplacer une montagne, ne faut-il pas déplacer de petites pierres ? », demande Rachadi Saindou.

Un ponton à Iloni pour cinq millions d’euros

Devant les maires de Mamoudzou et Dembéni, Ambdilwahedou Soumaïla et Moudjibou Saïdi, ainsi que le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, le président de la Cadema a rappelé qu’il veut que la collectivité se dote dès l’année prochaine de trois navettes maritimes de 150 passagers chacune. « Je suis contre l’idée de nouvelles routes à Mayotte, il faut utiliser des navettes maritimes », défend-il. Celles-ci joindront d’abord Iloni-Mamoudzou grâce un ponton construit dans le village du sud de la Cadema dès cette année (pour cinq millions d’euros). Il a d’ailleurs remercié le conseil départemental pour avoir fourni les études nécessaires, le Département ayant un projet similaire. « Le Département est compétent en matière de transports, comme la Cadema. Je pense qu’au début, on ne se comprenait pas. Certains se battaient pour des questions de compétence, mais on l’est si on reste à l’échelle de notre territoire », déclare celui qui réfute toute idée de concurrence entre les deux collectivités.

Concernant les navettes, il confirme que le marché est lancé et va être attribué. « Ça va aller vite », commente-il. La condition sine qua none sera une motorisation propre. « Le lagon de Mayotte, c’est notre bijou. Il faut le préserver », prévient-il, se déclarant ouvert à l’hybride, l’électrique ou le solaire.

Un nouveau siège en 2026

C’était l’annonce de la journée, la Cadema disposera d’un nouveau siège en 2026, à Tsararano. Le bâtiment, d’un coût estimé à 13,6 millions d’euros trônera à l’extrémité du village, à proximité du lycée actuel. « La Cadema est au service d’un territoire dynamique et en pleine croissance. La construction du siège social ici même en est un symbole parce qu’il est pensé pour faciliter son accessibilité aux usagers et accroitre notre capacité d’accueil », fait observer Rachadi Saindou. Incurvée, la construction sera sur cinq étages, dont un parking et des locaux techniques. Elle remplacera l’immeuble devenu trop exigu, qui se situe en face des locaux de la gendarmerie à Mamoudzou. Amphithéâtre, bureaux, espace de restauration, les premiers plans ont été dévoilés au cours de la cérémonie. Les travaux pourraient être engagés dès cette année pour une livraison en 2026.

Ce nouveau siège fera partie de la feuille de route du nouveau directeur général des services, Marcel Fortuné (voir encadré). Surtout, il pourrait conclure un premier mandat mené tambour battant par Rachadi Saindou.

Marcel Fortuné, nouveau directeur général des services

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Marcel Fortuné est le nouveau directeur général des services de la Cadema.

En récompensant ses agents du service eau et celui de la propreté, Rachadi Saindou n’a pas oublié d’inviter Marcel Fortuné à monter sur la scène. Le nouveau directeur général des services s’est exécuté, collier des fleurs autour du cou. Ce fils d’une touarègue nigérienne et d’un Indien de Pondichéry ne connaît pas encore Mayotte, mais il dit avoir été convaincu par sa rencontre avec Rachadi Saindou en octobre, lors d’un déplacement en Guadeloupe. Il était alors directeur général des services à Saint-Pierre en Martinique. « Il donne envie de le suivre. Il respecte aussi l’administratif et lui permet de travailler », observe celui qui a eu longtemps la charge du pôle jeunesse à la mairie de Bègles (Gironde). Parmi les projets à réaliser sur la deuxième moitié de mandature, il y a évidemment le Caribus espéré au complet en 2027 et les navettes maritimes. Mais il y a également l’eau et l’assainissement, la collectivité ayant décidé de reprendre ses deux compétences (pour la maîtrise d’ouvrage) au syndicat Les Eaux de Mayotte. Les élus estimaient ne plus avoir envie d’attendre après le syndicat pour des projets qui n’ont jamais vu le jour.

Crise de l’eau : Le robinet mahorais coule désormais un jour sur deux

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La prise en charge des factures d'eau par l'Etat se poursuivent jusqu'au 29 février.

C’est la bonne nouvelle de cette journée de lundi, les coupures d’eau s’amenuisent à partir de ce 15 janvier. Mayotte vivait au rythme d’un jour d’eau sur trois depuis le 4 septembre.

Qu’est-ce qui change ?

A partir de ce lundi, le rythme des tours d’eau est modifié pour passer d’un jour avec de l’eau sur trois à un jour sur deux. Dans les faits, il n’y aura donc plus de jours entiers sans une seule goutte au robinet. Il y aura de l’eau au moins soit le soir soit le matin, puisque les coupures ou les retours de l’eau interviennent dans l’après-midi ou en début de soirée. Les secteurs ont été changés en conséquence (voir tableau). Les trois premiers secteurs ont été fondus pour n’en faire que deux. Le troisième (anciennement le quatrième) sera désormais celui de la zone industrielle de Kawéni qui reste abonnée aux coupures nocturnes. Attention, les horaires sont aussi modifiés. Il y a un mois, la durée des distributions a été modifiée pour atteindre 24 heures (de 16h à 16h le lendemain). Cette fois-ci, la SMAE prévient que la distribution sera interrompue « entre 14h et 16h » et la reprise « entre 16h et 18h ».

Est-ce que ce n’est pas trop tôt ?

C’est une question souvent entendue avec l’allègement des coupures. Comme les retenues collinaires de Dzoumogné (30% de ses capacités) et Combani (14%) sont encore loin d’être remplies, ne faut-il pas attendre qu’elles se remplissent davantage avant de changer de rythme ? En réalité, celles-ci doivent servir d’ajustement pendant la saison sèche. En période de pluies, comme actuellement, les rivières, les forages, ainsi que l’usine de dessalement de Petite-Terre (enfin à 4.700 m3 par jour) permettent d’assurer une production (presque) suffisante de la ressource. La consommation, même si elle augmente avec le retour de l’eau un jour sur deux, devrait être donc assurée sans prélèvements dans les retenues. « On sera à peu près à 34.000 mètres cube ce lundi », a indiqué le préfet en charge de l’eau, Christophe Lotigié, jeudi, en marge du déplacement de Yaël BraunPivet.

Jusqu’à quand on aura des coupures ?

C’est une question difficile. Évidemment, le remplissage des retenues s’avère déterminant pour la prochaine saison sèche. Jérôme Josserand, le directeur de la Dealm Mayotte fait remarquer que le niveau de Dzoumogné « est monté de deux mètres entre mercredi et vendredi », et de « cinquante centimètres » pour Combani. Sous la pression de l’État, le syndicat Les Eaux de Mayotte a lancé une série de travaux pour augmenter la capacité de production. C’est le cas avec des nouveaux captages sur les rivières comme à Soulou ou la sixième campagne de forages (il n’y en avait pas eu un seul depuis 2014), qui devrait être suivie dans la foulée par la septième. Des travaux ont également été réalisés pour trouver les fuites sur un réseau fragilisé par les coupures. « On estime à 2.000 m3 par jour le gain à la fin du mois de décembre », indiquait Gilles Cantal, à la mi-décembre, quand il a laissé sa place à Christophe Lotigié. A plus long terme, la future usine de dessalement d’Ironi Bé ne devrait pas fournir ses 10.000m3 quotidiens avant 2025 (puis sa capacité devra passer à 30.000m3).

Concernant la distribution d’eau en bouteille, elle a été allongée jusqu’en mars, donc on est parti pour connaître encore des mois de coupures.

Une pluviométrie élevée en raison du cyclone Belal

Les fortes pluies qui s’abattent sur l’île depuis dimanche trouvent son origine dans la formation du cyclone Belal à l’est de Madagascar, ce week-end. Celui-ci doit entamer sa descente sur les îles Mascareignes et frapper La Réunion, ce lundi. « Bien que nous ne soyons pas directement impactés par ce système, il a une influence sur la situation météorologique à Mayotte : il renforce le flux de mousson et crée pour la journée en cours et ce jusqu’à jeudi un temps nuageux, des précipitations pouvant avoir un caractère orageux et du vent », prévient la préfecture de Mayotte, ce dimanche. Pour ce lundi, Météo France annonce « un maintien de la vigilance VVS (vent et vagues submersion marine), le niveau jaune sera levé en cours de journée, levée de la vigilance jaune FPO (fortes pluies et orages) ». Mayotte devrait connaître des pluies orageuses, du vent et une forte houle jusqu’à mercredi. Il est donc recommandé « de suivre l’évolution de la situation météorologique en écoutant les informations diffusées dans les médias », tout comme il est déconseillé de sortir en mer.

Les Comores attendent le vainqueur de l’élection présidentielle

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Des électeurs vérifient s’ils figurent sur les listes électorales .

Selon l’article 274 du code électoral, la commission électorale nationale indépendante doit proclamer les résultats provisoires au plus tard cinq jours après le vote. Globalement, le scrutin s’est déroulé dans le calme, mais a débuté avec plus d’heure de retards dans de nombreuses localités. L’opposition a dénoncé des bourrages d’urnes. Ce que dément le pouvoir.

Qui succèdera à Azali Assoumani ? Candidat pour un troisième mandat successif, le sortant Azali Assoumani affrontait dimanche cinq opposants, dont son ancien ministre, Abdallah Mohamed Daoudou. Ce 14 janvier, les Comoriens étaient appelés aux urnes pour élire leur président de la République ainsi que les trois gouverneurs des îles indépendantes. Malgré les craintes d’une journée tendue et les menaces qui planaient, le scrutin s’est déroulé globalement dans le calme sans heurts majeurs. Même s’il y a eu quelques arrestations à la Grande Comore. A Anjouan, un partisan du parti Juwa avait été arrêté dans l’après-midi. Sur le déroulement du scrutin, de nombreuses localités ont accusé des heures de retard dans l’ouverture des bureaux de vote. A Ntsoudjini, par exemple, ville où est originaire le candidat Mouigni Baraka Said Soilihi, jusqu’à 9h50, les électeurs ne votaient toujours pas. Le matériel n’était pas encore acheminé sur les lieux. Même constat à Dzahadjou- Hambou, localité située à 23 km au sud de la capitale. Sur trois bureaux, seul un avait pu commencer ses opérations à 8h47. Un responsable interrogé sur place a attribué ces retards aux organes qui ont la charge de transporter le matériel électoral. « Ils ont d’abord ramené les isoloirs puis les listes par la suite. Alors qu’ils auraient pu tout rapporter en même temps », déplorait un électeur de 25 ans retrouvé à Dzahadjou-Hambou. Dans la capitale en revanche, certains les électeurs pouvaient accomplir leur droit civique dès 7h. Idem à Mitsoudje, où le président sortant vote habituellement. « Je suis venu accomplir mon devoir civique malgré le contexte un peu difficile. Je suis d’autant plus heureux que selon nos informations ce double scrutin se déroule dans le calme sur l’ensemble du territoire. Ainsi je me réjouis de cet ancrage de la démocratie dans notre pays », a déclaré Azali Assoumani, tout en partageant son souhait de remporter la manche dès le premier tour.

Bourrages d’urnes

Vers 16h, alors que le scrutin s’approchait de la fin, les candidats de l’opposition ont fait une déclaration dans un hôtel de la place pour dénoncer des irrégularités. Selon l’ancien gouverneur de la Grande Comore, les électeurs n’ont pas pu faire leur choix librement. « Il n’y a pas eu d’élection. A Anjouan, des militaires sont passés ramasser les urnes avant l’heure de fermeture dans le Nyumakele. A Mwali, il y a eu des bourrages d’urnes par l’usage de procurations. Les mêmes pratiques ont été constatées au niveau de la Grande Comore », a -t-il allégué et non sans exprimer sa désolation. « Nous pensions qu’en tant que président de l’Union Africaine, Azali allait respecter les règles. Mais il récidive », a ajouté Mouigni Baraka, entouré de Bourhane Hamidou et du docteur Salim Issa du parti Juwa. Des témoignages rapportés un peu partout font état de bourrage ou de tentative de bourrages d’urnes. Un confrère qui se trouvait sur l’île de Mohéli a confirmé que le maire de la ville de Hoani avait été interpellé en possession de bulletins cochés depuis chez lui en faveur d’Azali Assoumani. Mais très vite, après la sortie médiatique de l’opposition, le directeur de campagne du président sortant s’est exprimé et a nié les accusations lancées par les trois candidats. « C’est faux. S’ils avaient les moyens humains, il n’y aurait pas eu de bourrage d’urnes. Nous ne nous sommes pas étonnés de cette position. Et nous ne tolèrerons aucune manifestation », a prévenu Msaidie, qui par ailleurs est le porte-parole du gouvernement. Jusqu’à 19h, des bureaux de vote avaient déjà fini le dépouillement. Selon le code électoral, la commission électorale nationale indépendante doit proclamer des résultats provisoires de ce double scrutin. Ils ont jusqu’au vendredi 19 janvier pour le faire. Après 2016 et 2019, l’ex-putschiste espère remporter pour la troisième fois d’affilié la présidentielle devant ses adversaires. Une victoire qui le permettrait de rester au pouvoir au moins jusqu’en 2029.

On rappelle qu’à deux semaines de l’ouverture de la campagne, Assoumani a limogé la présidente de la section électorale de la cour suprême, organe qui valide les résultats. Cela a renforcé les craintes d’une possible ingérence. S’il promet de respecter la constitution, certains lui prêtent l’intention de placer son fils ainé à la tête du pays. Comment ? On ne le sait pas encore.

Loi Mayotte : Yaël Braun-Pivet n’a pas convaincu ses interlocuteurs mahorais

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La rencontre de vendredi matin entre la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet et les représentants de la société civile mahoraise s'est tenue à huis clos dans l'hémicycle Younoussa Bamana à Mamoudzou.

Voulant jouer le rôle de facilitatrice entre un gouvernement décidé à faire passer coûte que coûte sa loi Mayotte et une société mahoraise vent debout contre la version actuelle du texte, la présidente de l’Assemblée nationale achève une visite officielle de trois jours sur le territoire. Elle a vu et entendu un peu tout le monde sans pouvoir donner les garanties attendues.

https://www.mayottehebdo.com/abonnements/flash-infos/

A Passamaïnty, l’enjeu de « mettre la population en sécurité »

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Le bidonville de Passamaïnty, sur les rives de la rivière Gouloué, abriterait une centaine de familles. Il s’agit d’une zone normalement non-habitable car présentant trop de risques d’inondations. En 2012, une famille avait ainsi été emportée.

Le bidonville de Passamaïnty, proche de la rivière Gouloué, est amené à disparaître dans une politique de « débidonvillisation » et de mise en sécurité de la population. L’enquête sociale, obligatoire avant toute démolition, est en cours. Un processus exposé à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui s’est rendue sur les lieux, vendredi matin.

Les pieds dans la boue, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, accompagnée du maire de Mamoudzou, Ambbdilwahedou Soumaïla, est conduite devant la rivière Gouloué, à Passamaïnty. En ce début de saison des pluies, l’eau coule et le lit se remplit, alors que de l’autre côté, une rangée d’habitats en tôles s’élève sur la rive. Installés sans connaissance des risques, ils sont menacés d’inondation et de démolition par la préfecture.

« Tous ces habitats devraient disparaître dans deux, trois mois », indique le maire de Mamoudzou afin, notamment, de laisser libre cours aux travaux de voirie de la RD3 déjà entamés (réfection des trottoirs et création d’une piste cyclable) qui englobent également une partie sécurisation de la rivière dont le niveau peut rapidement monter. Il s’agit de « mettre la population concernée en sécurité » et contribuer, par la même occasion, à la débidonvillisation du territoire ainsi occupé. Le secteur de Mamoudzou en est constitué à 40 %.

Une enquête sociale, comme le dispose la loi Elan, est en cours depuis octobre, afin de recenser la population puis de proposer à plus ou moins long terme une solution d’hébergement. Pour ce faire, les enquêteurs mandatés par l’État, dont l’Association pour la condition féminine et aide aux victimes (Acfav), se donnent encore un mois. Face aux caillassages, les opérations se déroulent sous protection judiciaire.

Le dossier épineux du relogement

« Je vis là depuis treize ans », déclare une passante, qui interpelle la présidente de l’Assemblée nationale qui vient de traverser. Cette native d’Anjouan fait partie de la centaine de personnes, vivant dans ces bangas. Pour le moment, 70 ont été interrogées, soit 21 familles. 13 % sont de nationalité française, 42 % de nationalité étrangère en situation légale et 42 % en situation illégale. « Mais on saura véritablement combien il y a de familles ici quand l’enquête sera déterminée », détaille Jérôme Josserand, à la tête de la direction de l’environnement et de la mer de Mayotte (Dealm).

Les informations collectées (taille de la famille, situation administrative, scolarité des enfants) serviront aux services de l’État pour proposer des logements adaptés : une place en hébergement d’urgence de 21 jours maximum et/ou des logements temporaires pour les personnes en règle, entre trois et six mois.

« Il n’y a pas de foncier parce qu’il est occupé »

« C’est un nœud humain », déroule la députée Estelle Youssouffa, pointant « l’absence de réalisme » de la part des juges par apport à l’offre du parc social à Mayotte « qui est quasiment inexistante malgré l’argent mis sur la table par l’État ». « Argent qui n’est pas dépensé, parce qu’il il n’y a pas de foncier. Il n’y a pas de foncier parce qu’il est occupé. »

Pour le maire, cette visite de la présidente de l’Assemblée nationale et députée, est une façon de demander « son appui » dans le cadre de la loi Mayotte, promise dans les prochaines semaines, comme le rallongement du délai de constat de flagrance établi à 48 heures pour évacuer des personnes s’installant illégalement sur un terrain alors que les habitats en tôles se créent « en moins de 24 heures ». Il compte également sur le projet d’opération d’intérêt national (OIN) sur les secteurs de Mamoudzou, Dembéni et Koungou, « les territoires les plus bidonvillisés », pour mettre en place « une batterie de moyens juridiques qui pourraient accélérer la libération du foncier et son aménagement ». Sur les 75.000 logements que compte l’île, 24.000 seraient des cases en tôle.

Des défis multiples pour la souveraineté alimentaire

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Assani Bouana Hidi, maraîcher, a présenté à la présidente de l’Assemblée nationale ses méthodes de travail respectueuses de l’environnement.

En mairie de Bandrélé, la pièce était tout juste suffisamment grande pour accueillir les représentants du monde agricole mahorais. Vendredi, peu après 15h, Yaël Braun-Pivet s’y est installée, entourée du député Mansour Kamardine et du maire de la commune qui abrite un pôle agricole d’une superficie de vingt hectares, Ali Moussa Moussa Ben.

En tant que présidente de la commission des Lois, elle s’était déjà intéressée à ce sujet, concluant en 2018, dans un rapport présenté à l’Assemblée nationale, que « l’agriculture [avait] un poids économique non négligeable » sur l’île, mais que son développement était « confiné », comme le reste de l’économie. Et même si, en l’espace de cinq ans, les exploitations agricoles se sont modernisées pour faire face à l’évolution démographique exponentielle de Mayotte, tendre vers une souveraineté alimentaire comporte encore « de multiples défis », a souligné Saïd Anthoumani, président de la Capam, lors de ce dernier moment d’échange. Un des premiers challenges à relever sera celui de la transmission. « Aujourd’hui, la moitié des agriculteurs inscrits à la Mutualité sociale agricole ont plus de 60 ans et n’ont pas engagé de démarches lors de la transmission de leurs exploitations », a-t-il expliqué.

Des contre-exemples existent. Celui dAssani Bouana Hidi, un jeune maraîcher qui, via un programme de l’Epfam (Établissement public foncier d’aménagement de Mayotte), a pu s’installer sur sa propre parcelle, en fait partie. A côté de sa principale activité, il cultive des bananes, élève des poules et s’est même récemment lancé dans une activité d’apiculteur. Le tout en utilisant exclusivement des biofertilisants, a-t-il rappelé, depuis son lieu d’exercice, à deux kilomètres de Bandrélé.

Jacques Mikulovic : « Mon créneau, c’est d’élargir le plan éducatif »

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Jacques Mikulovic, recteur de Mayotte, va connaître une rentrée de janvier où l’enjeu sera encore la baisse des tensions aux abords des établissements et la continuité pédagogique dans les écoles soumises à la pénurie d’eau.

En ce jour de rentrée dans les écoles, collèges et lycées de l’île, le recteur de l’académie de Mayotte déroule son plan d’action et ses idées phares pour 2024. Cette année, le rectorat « s’organise pour qu’il n’y ait plus de rotations » à cause du manque d’eau, selon Jacques Mikulovic.

Flash Infos : L’école reprend ce lundi 15 janvier au terme de quatre semaines de vacances. Avant de pouvoir se reposer, les élèves et la communauté éducative ont été confrontés à une vague de violences aux abords des établissements. Ces derniers jours, anticipiez-vous « une rentrée sous tension » ?

Jacques Mikulovic : Premièrement, on n’a pas eu beaucoup de conflits dans les établissements. Les conflits sont souvent localisés devant les établissements. Maintenant, il y a eu un climat de tensions avant les vacances scolaires qui n’était pas serein, tant pour les élèves que pour le personnel éducatif. Se rendre au travail amène à des situations parfois compliquées notamment au niveau du transport scolaire. Des agressions ont déjà entraîné des droits de retrait des chauffeurs de bus. La deuxième problématique, c’est que les barrages augmentent le temps de trajet, ce qui peut miner le moral des agents et des professeurs. Tout ça n’est pas de notre ressort et malheureusement le rectorat n’a pas de résidences au sein des écoles pour héberger les enseignants. Le général de la gendarmerie de Mayotte [N.D.L.R. Lucien Barth], avec qui j’ai eu un entretien la semaine dernière, dit que la situation est plus calme qu’avant les vacances.

F.I. : Allez-vous pouvoir mettre fin aux rotations de classes dues à la crise de l’eau, qui s’ajoutent à celles en raison du sureffectif ? C’est le cas notamment à Mamoudzou et Koungou.

J.M. : Dans certains endroits, on a perdu beaucoup de jours d’école. On s’organise pour qu’il n’y ait plus de rotations du tout. Globalement, même si c’était très tendu, on était en dehors des périodes où il y avait une non-conformité de l’eau. C’était sectorisé, mais on est arrivé à un fonctionnement quasi normal en décembre. Une logistique lourde s’est mise en place.

L’apprentissage a forcément subi des conséquences. Dans certaines écoles, les élèves avaient seulement deux matinées de cours par semaine. Vous vous attendez à une baisse des résultats ?

J.M. : Nos évaluations nationales ont été faites au début du mois de septembre. On ne peut pas encore mesurer les effets de ces coupures, même s’il faut s’attendre à des résultats inquiétants, c’est sûr. On n’ose pas trop le dire, mais sur Koungou des écoliers ont eu treize jours d’école entre août et les vacances de la Toussaint, alors qu’on avait livré les cuves pendant les grandes vacances. Soit un tiers du temps scolaire. Ce qui m’agace au plus haut point. Je souhaite aussi qu’on clarifie l’histoire des enfants non scolarisés. Un enfant identifié par une association comme étant déscolarisé doit pouvoir être inscrit dans une école, quitte à ce qu’on soit conventionné avec l’association pour sa prise en charge. Parce que sur le papier, on n’a pas de places dans nos classes, mais toutes les classes de nos écoles ne sont pas pleines. Il y a donc un vrai débat. Faut-il mettre en rotation des classes à 15 ou alors organiser des classes à 30 qui ne soient plus en rotation ? On a une réflexion à avoir avec les maires, les inspecteurs et les directeurs d’écoles. Mon créneau, c’est d’élargir le plan éducatif, mais ça se fait en partenariat avec les communes. On va faire le tour de tous les maires pour voir ce qu’on peut faire dans les écoles. L’inspection générale nous fait des préconisations qui nous semblent intéressantes. La poursuite des travaux de scission de l’école en rotation en fait partie.

F.I. : Vous avez été nommé recteur de l’académie de Mayotte en janvier 2023. Après une année en fonction, quels sont les axes de travail sur lesquels vous allez plancher en priorité ?

J.M. : Pour nous, l’enjeu est de donner des perspectives, améliorer les savoirs fondamentaux ou encore avoir des filières professionnelles qui répondent aux desideratas des jeunes dans leurs parcours d’orientation. On a un travail de renforcement de l’estime de soi car on s’aperçoit que les jeunes ont peu confiance en eux. Notre ministre [N.D.L.R. Gabriel Attal, avant d’être promu Premier ministre] avait préconisé des cours d’empathie. On parle d’une expérimentation en école primaire. A Mayotte, cinq circonscriptions se sont portées volontaires et ont été retenues. Je porte aussi plusieurs idées autour du temps d’enseignement. Un enseignant a, en moyenne, 18 heures de cours par semaine. Donc 18 séquences d’une heure de cours. On s’aperçoit que le temps de concentration d’un élève excède difficilement 40 minutes. En faisant un bête calcul, lorsqu’on sait que le cours dure 55 minutes, si on fait un cours qui s’arrête à 45 minutes, le temps cumulé libéré permettrait de libérer des emplois du temps pour des projets transversaux. C’est une idée que je n’ai pas encore partagée. Cela permettrait de donner davantage de sens aux contenus des cours et aux savoirs. On pourrait aussi penser à travailler sur la formation aux premiers secours.

F.I. Vous militez aussi pour donner plus de place à la lecture au sein des établissements scolaires…

J.M. : Oui, il faut aussi qu’on travaille sur des partenariats avec la lecture publique. Travailler la fluence dans la lecture. Aujourd’hui, on est à 90 mots par minute [N.D.L.R., vitesse de lecture des élèves] à la fin de l’école élémentaire, ce qui correspond à un niveau CE2, alors qu’on devrait atteindre les 120 mots par minute. Tout est combiné. Plus vous avez de facilité à lire, plus vous allez enrichir votre vocabulaire. Connaître les mots et pouvoir lire, c’est interdépendant. Si on réussit à fluidifier la lecture, peut-être qu’on donnera davantage la volonté de lire aux élèves. Aujourd’hui, ceux qui ont une capacité à l’information et d’objectivation réussissent mieux à l’école. Le support téléphonique n’est pas à nier non plus, même si ça me désole qu’on passe trop de temps dessus. J’aimerais que nos enseignants sensibilisent au maximum nos élèves à l’existence de ressources puisque les parents complètent ce travail. Pas à la rentrée prochaine, mais à la rentrée suivante, on va d’ailleurs demander la création d’une classe prépa littéraire au lycée de Chirongui.

F.I. : Quel est le « ratio » actuel enseignants contractuels / enseignants titularisés ? Observez-vous une baisse des effectifs, éventuellement imputable aux crises de l’eau et de l’insécurité ?

J.M. : On renforce notre recrutement avec la formation et le maintien de la dérogation de recrutement des enseignants. Dans le second degré, on est à 57% d’enseignants contractuels. Malgré quelques mesures pour renforcer l’attractivité, notamment les 1.000 points complémentaires pour ceux qui restent cinq ans [en tant que titulaire], les titulaires manquent. Au cours des années précédentes, ce ratio oscillait entre 54 et 57%. On ne réussit pas à le faire diminuer. Sachant qu’à la rentrée prochaine, on va avoir 360 postes supplémentaires à créer. Cette année, on en avait 330 de plus et on a fait, techniquement, la meilleure rentrée faite depuis les cinq dernières années, selon les services, car on a pourvu tous ces postes. Cette année, les premiers bénéficiaires des 1.000 points vont partir. Clairement, on s’aperçoit que l’attractivité de ce dispositif n’est pas suffisante. Cela dit, l’enjeu à long terme est d’accentuer la formation des enseignants localement. Depuis la rentrée de septembre, on a eu entre 16 et 20 démissions. Ces enseignants ont démissionné en raison des faits de violence sur le trajet entre le domicile et l’établissement scolaire. Cette pression-là est nouvelle. Elle se fait ressentir chez les enseignants et les conjoints. On n’a pas d’abandon de poste. En dehors de cela, les enseignants sont globalement motivés dans leurs missions pédagogiques et je tiens à les saluer. Ils reçoivent tout mon soutien et mes encouragements pour cette nouvelle année.

Quels changements avec l’Université de Mayotte ?

Depuis le 1er janvier, le CUFR (centre universitaire de formation et de recherche) de Dembéni n’est plus, il est désormais remplacé par l’Université de Mayotte. Ce qui était au départ une antenne de l’Université de La Réunion va désormais pouvoir décerner ses propres formations. Car jusqu’à maintenant, ce sont les universités qui assurent les formations sur le site qui pouvaient le faire. « L’établissement va aussi pouvoir demander des accréditations pour les diplômes qu’il souhaite défendre », confirme le recteur, qui l’estime encore « limité par les capacités d’accueil. Il faut absolument que l’Université soit aidée par les collectivités locales pour l’aider à prendre de l’ampleur ». Alors que le statut d’institut national universitaire (Inu) ne plaît pas à tout le monde, « ses prérogatives pédagogiques, de recherche et de gouvernance sont exactement les mêmes que n’importe quel établissement d’enseignement supérieur autonome », fait remarquer Jacques Mikulovic. Pour continuer à grandir et avoir un pilotage autonome, l’Université de Mayotte doit posséder un conseil d’administration dans lequel siègent des professeurs des universités. Sauf qu’à Mayotte, ils ne sont que trois à avoir ce statut, il en faudrait douze de plus. « Il n’y a pas de raisons que cela n’arrive pas dans le futur », le recteur.

Faridy Attoumane, le nouveau visage de Mayotte à Paris

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Faridy Attoumane est devenu délégué de la délégation de Mayotte à Paris, l’entité du Département de Mayotte qui promeut la culture de l’île dans l’Hexagone.

Le 1er décembre 2023, Faridy Attoumane a été nommé délégué de Mayotte à Paris. En déplacement à Mayotte, il nous confie ses motivations.

Flash Info : Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir délégué de la délégation de Mayotte à Paris ?

Faridy Attoumane : Je dirais que les raisons sont multiples. J’ai toujours été dans l’administration, porté des politiques publiques et là en l’occurrence, il s’agit de ça. De plus, Mayotte c’est mon territoire. Cela fait plus de vingt ans que je suis au service de l’État et l’opportunité de pouvoir apporter mon expertise et ma connaissance en matière d’administration et de politique publique s’est présentée. Le temps est venu pour nous de renouer avec notre territoire et apporter tout ce que nous avons appris, pour permettre le développement dont Mayotte a besoin.

F.I : Vous avez évoqué votre ancienneté dans le domaine administratif, est ce que vous pouvez nous en dire plus sur votre parcours ?

F.A : Naturellement. J’ai eu une maîtrise administration et gestion des entreprises économiques et sociales. À la suite de ce diplôme, je suis rentré pour travailler ici à Mayotte. J’ai commencé à la direction de l’emploi et l’insertion professionnelle en tant que coordonnateur emploi de formation, c’est-à-dire mettre en œuvre toutes les politiques publiques dédiées à la formation professionnelle et à l’insertion des publics en recherche d’emploi. Par la suite, j’ai évolué en tant que responsable de ce service, le service de formation professionnelle. J’étais parallèlement chargé de mission régionale dédiée à la lutte contre l’illettrisme. C’est un sujet qui touche l’Hexagone, mais également les territoires d’Outre-mer comme Mayotte. Ce qui m’a amené plus tard à devenir délégué du préfet à la politique de la ville à la préfecture de Mayotte. À la suite de cette dernière mission, je me suis dit qu’il était peut-être nécessaire d’aller muscler mon jeu, comme on peut le dire vulgairement, en matière d’administration en allant travailler à la centrale. Donc je suis allé travailler au ministère des Outre-mer pendant pratiquement dix ans. Ces dix années, m’ont forgé pour ramener de quoi accompagner le territoire.

F.I : Revenons sur votre nomination, quelles sont les actions que vous souhaitez mettre en place en tant que délégué ?

F.A : Je tiens d’abord à saluer le travail de mes successeurs. Il ne faut pas oublier une chose, la délégation de Mayotte, c’est le continuum du département, donc c’est une administration avec la vocation d’assurer la continuité des politiques publiques souhaitées par les élus et par nos autorités. Moi, mon rôle va s’inscrire dedans, dans la politique voulue par le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni. Il faudra m’adapter par rapport aux réalités qui sont les miennes en Hexagone. Nous avons plusieurs cibles, si je peux me permettre du terme. Nous avons tout d’abord les étudiants, chaque année, c’est plus de 4.000 jeunes qui arrivent en Hexagone.

L’une de nos premières missions, c’est déjà s’atteler à accompagner ces jeunes, les installer de manière à s’assurer que leur première année se déroule de la meilleure façon afin d’éviter des redoublements ou des abandons de filière.

Ensuite, nous avons de plus en plus de familles qui viennent s’installer en Hexagone. C’est un phénomène à mon avis qui va s’amplifier. Sur dix familles qui viennent s’installer, deux sur dix vont être agiles facilement à leurs arrivés alors que les huit autres vont être confrontées à des problématiques diverses d’accès aux droits, d’accès à l’information. Donc notre rôle aussi va être d’accompagner ses familles. Mon travail va s’atteler à sensibiliser nos partenaires.

F.I : Vous avez parlé d’un accompagnement pour les jeunes et les familles qui partent en Hexagone, comment allez-vous les accompagner concrètement ?

F.A : Concrètement, on va essayer de travailler avec les services de l’État tel que les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) pour essayer de faciliter l’accès aux logements. Nous faisons plus de 10.000 km, ce n’est pas rien comparé à un étudiant qui quitte Marseille pour venir à Paris. Je sais que ce sont des éléments qui sont déjà pris en compte, mais on va essayer de sensibiliser davantage.

On va créer des partenariats avec les entreprises de l’Hexagone. On peut se rapprocher de la Colas, de Total, de Carrefour. Toutes ces entités, qui officient à Mayotte, ont souvent besoin de main d’œuvre qualifiée. Pourquoi ne pas partir de cette base avec leurs représentations, pour mettre en œuvre des politiques qui soient cohérentes ? On peut commencer ce travail depuis l’Hexagone pour former les jeunes, leur permettre de mettre un pied à l’étrier et puis une fois qu’ils sont mûrs, ils pourront être embauchés.

Concernant l’accès aux droits, c’est notre travail aussi, de sensibiliser les services de l’État et du gouvernement selon le domaine, où il y’a de la fragilité dans la politique publique. L’administration est de plus en plus numérisée, alors imaginez une personne qui n’est pas familiarisée avec l’outil, donc c’est une personne qui est exclue. Or, on sait que des organismes comme l’agence nationale contre l’illettrisme (ANCI), mettent en place des dispositifs, où on peut inscrire les Mahorais et Mahoraises qui veulent, pour avoir plus d’aptitudes avec les ordinateurs. Avec l’appui des associations sur place, nous pouvons détecter et identifier les besoins en matière d’accompagnement et à ce moment-là, on pourra orienter les familles qui ne maîtrisent pas la langue française ou qui sont démunies d’ordinateurs, vers ces points dédiés, pour qu’ils puissent bénéficier des services.

Pour moi, il faut de la méthode, il faut s’organiser. J’estime que le département me donne les moyens, j’ai l’équipe qu’il faut pour déployer ça, donc c’est quelque chose de faisable et on peut le faire.

F.I : Quand vous parlez de partenaires, ça serait dans quels domaines ?

F.A : Ces dernières années, j’ai travaillé au ministère des Outre-mer, j’ai eu l’occasion de travailler avec différents partenaires qui mettent en place des opérations pour promouvoir et valoriser nos territoires ultra-marins, il ne reste plus qu’à focaliser ces énergies sur Mayotte. Je peux donner l’exemple de la course marine qui réunit un grand nombre de partenaires et de professionnels de la mer. Là où nous sommes, il y a la possibilité d’organiser une activité similaire. L’avantage de cette activité serait d’attirer du monde et de générer d’autres activités autour qui ramènerait donc de la plus-value. Nous avons la mer, l’environnement et les potentialités pour organiser une manifestation d’envergure dans ce sens, qui peut donner de la visibilité à l’extérieur de Mayotte.

F.I : Et concernant les partenaires existants ?

F.A : On avait déjà une convention avec la Banque française commerciale Océan Indien (BFC), il suffit de voir comment on peut l’ajuster par rapport à Mayotte. Pour Colas, rien ne m’empêche de me faire appuyer par la représentation locale pour avoir une entrée au national.

F.I : Quels seraient les potentiels obstacles pour l’aboutissement de vos projets en tant que délégué de Mayotte à Paris ?

F.A : Sans doute la fragilité que nous allons avoir, c’est le fait qu’on n’ait pas de données. On est incapable aujourd’hui de dire combien il y a de Mahorais en Hexagone. On n’est pas non plus en capacité de situer les Mahorais. Il y a eu un diagnostic qui a été mené par mon prédécesseur, Mohamed Zoubert, l’année dernière. Ce diagnostic nous donne déjà quelques éléments, mais malheureusement, il est resté fragile. Les personnes qui avaient accepté en amont de répondre aux enquêtes se sont désistées. Si on avait les données, je serais plus à l’aise à dire voilà, on va cibler Paris, la Bretagne, etc. On peut s’appuyer sur la fédération des associations mahoraises en métropole (Famm) pour identifier les personnes. Naturellement, ce ne sera pas pareil que si on avait des données telles que celles qui sont produites par l’Insee. Donc on n’a pas le choix.

F.I : Tout à l’heure vous avez évoqué votre amour pour Mayotte, quel aspect de l’île aimeriez-vous valoriser au niveau national et même international ?

FA : Les habitants de l’île, parce que déjà une île sans habitants n’a pas lieu d’être. L’âme de Mayotte, ce sont les Mahorais. Il y’a déjà le côté généreux, bienveillant, accueillant, le côté à faire les choses simples. Ici, c’est la paix donc il ya cet aspect-là déjà de la paix. Puis les atouts. Mayotte a tout cet environnement naturel que ce soit le bleu ou le vert, que ce soit la mer ou la forêt. On le sait depuis des années, on a des espèces indigènes qui n’existent qu’ici et nulle part ailleurs.

Aujourd’hui, le monde se tourne vers une préservation de la planète. Nous, on a déjà une nature préservée. Aujourd’hui, on arrive à réaliser de belles opérations pour créer de l’attractivité sur le territoire sans dénaturer la richesse qu’on a ici.

F.I : Justement, comment allez-vous faire pour faire connaître ces aspects-là ? 

F.A : Moi, je suis un chef d’orchestre. J’ai la chance d’avoir plusieurs personnes qui jouent chacun leurs partitions au sein de Mayotte, donc à moi en tant que chef d’orchestre d’amplifier là où on a du mal à donner du sens. Vous avez vu récemment les jeunes de Bandrélé qui ont brillé au national avec leurs chants et leurs danses. Ça ce sont des choses qu’on peut amplifier en prenant en compte toutes les initiatives qui nous viennent.

Je n’ai pas l’intention de créer quelque chose, ça existe déjà, des artistes talentueux, des artisans talentueux. Nous avons des secteurs qui fonctionnent bien. À chaque fois que je serais sollicité pour apporter une amplification aux actions qui sont menées je serais disponible.

Il faut dire aux Mahorais que la délégation de Mayotte est la leur. Elle concerne aussi bien la population de manière naturelle, mais aussi des futurs investisseurs et chefs d’entreprises. Tout le monde est la bienvenue là-bas. Les jeunes porteurs de projets si nous on peut les mettre en lien avec des gens ici qu’ils n’hésitent pas.  La délégation de Mayotte à Paris est une petite Mayotte dans le XVIème arrondissement. Si on peut accompagner les Mahorais dans leurs démarches, on le fera avec grand plaisir, il suffit juste de nous alerter, de nous dire la personne qu’ils veulent rencontrer à ce moment-là si nous avons suffisamment de temps pour organiser ces rencontres, on le fera avec plaisir.

Nous avons déjà des personnes qui œuvrent dans ce domaine. Nous avons aussi une structure dédiée à Paris, l’agence du tourisme qui mène de belles actions, qui participe notamment à des salons pour donner de la visibilité à nos atouts. Intelligemment, je m’associe avec eux pour amplifier leurs actions.

F.I : Vous avez beaucoup parlé des jeunes. Quels messages aimeriez-vous leur faire passer ? 

F.A : Moi, je fais partie de ceux qui pensent que l’atout de Mayotte, c’est la jeunesse. Si je dis cela, c’est parce que j’y crois. On a de plus en plus de jeunes mahorais qui relèvent des challenges qu’on n’aurait jamais imaginés il y’a dix quinze ans. Il suffit pour nous les adultes de tendre la main aux jeunes. Il ne faut pas oublier que nous étions nous aussi des enfants et on admirait les adultes. Ces jeunes, même ceux qui font les couillons, ce sont des jeunes qui rêvent d’espérance. Donc il suffit de donner le modèle. Un jeune qui se retourne contre nous, c’est qu’on a failli tous collectivement donc on ne peut pas simplement dire qu’il est méchant, il est ceci, il est cela. Pour moi, c’est toute une question d’éducation.

Qu’est-ce que je peux dire à la jeunesse mahoraise ? Tout simplement croire en leur rêve et en leur espérance, parce que ce sont eux qui porteront haut les couleurs de Mayotte. Vous le voyez quand on va au jeu des îles de l’océan Indien par exemple, malgré le peu de moyens que nous avons ici, on revient quand même avec des médailles. Il y a quand même une grande fierté.

Tout à l’heure en début d’entretiens nous avons parlé d’outils numériques. Vous savez qu’aujourd’hui, c’est un monde qui appartient aux jeunes, donc demain, une bonne partie de notre énergie va être véhiculée par des jeunes qui sont hyper agiles sur ces outils-là et on aura besoin d’eux pour sans doute nous accompagner. Ils vont nous apporter des savoirs faire que nous ne connaissions pas, mais qui vont nous faciliter la vie.

Gouvernement Attal : Un remaniement a minima, Rachida Dati arrive à la Culture

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Proche de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati revient au gouvernement quatorze ans après.

Peu de changements sont intervenus dans le gouvernement nommé par Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, ce jeudi soir. Seuls Stéphane Séjourné et Rachida Dati font figure de surprise en prenant respectivement les Affaires étrangères et la Culture. Le ministre délégué à l’Outremer n’est pas encore connu.

Si Emmanuel Macron comptait donner un second souffle à son dernier quinquennat, son gouvernement ressemble beaucoup à ce qui se fait d’habitude. Ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati fait une arrivée surprise au ministère de la Culture, ce jeudi soir. Elle rejoint les rangs des ténors du parti Les Républicains qui ont franchi le Rubicon, comme Bruno Lemaire (Économie), Gérald Darmanin (Intérieur et Outre-mer) et Sébastien Lecornu (Armées), qui eux ne bougent pas de leurs postes. Éric Ciotti, le patron de la droite, a déjà annoncé l’exclusion de celle qui est maire du VIIe arrondissement de Paris depuis 2008.

D’abord proposé à Christine Lagarde, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères échoit finalement à un fidèle du chef de l’État, Stéphane Séjourné. Venu à Mayotte en février 2023, le chef du parti présidentiel Renaissance n’avait jamais rempli de fonctions ministérielles. Il remplace Catherine Colonna qui n’a jamais vraiment pris ses marques au Quai d’Orsay alors que l’influence française devient de plus en plus contestée en Afrique et que le chef de l’État lui a laissée peu de marges de manœuvre sur le conflit israélo-palestinien.

Côté Éducation nationale, le ministère récemment délaissé par Gabriel Attal est repris par Amélie Oudéa-Castéra, qui l’ajoute à sa casquette de ministre de la Jeunesse, des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques. Réunis également dans un grand ministère, le Travail, de la Santé et des Solidarités ont été confiés à Catherine Vautrin, du parti Horizons d’Édouard Philippe. Exit donc Olivier Dussopt, Agnès Firmin et Aurore Bergé (qui devient ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations auprès de Gabriel Attal). Marc Fesneau (Agriculture), Éric Dupond-Moretti (Justice), Christophe Béchu (Transition écologique et de la Cohésion des territoires) et Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur et de la Recherche) sont toujours là.

Et l’Outre-mer ?

Gérald Darmanin, un temps vu comme Premier ministre, est conforté à la tête de l’Intérieur et de l’Outremer. En revanche, celui qui devrait remplacer Philippe Vigier n’est pas connu. En effet, les noms des ministres délégués (hormis les trois auprès du Premier ministre) ne sont pas encore dévoilés, pareil pour les secrétaires d’État. Ce ne devrait plus être l’ex-député d’Eure-et-Loir. Selon Politico, il aurait fait part de son désir en décembre d’intégrer un autre ministère et aurait admis être « mal à l’aise » avec l’Outremer. Sa bévue en novembre où il a confondu les présidents des collectivités martiniquaise (Serge Letchimy) et guadeloupéene (Guy Losbar) ne plaide pas en sa faveur.

Qui alors pour le remplacer ? Depuis qu’Emmanuel Macron est président de la République, il n’y a eu qu’une seule élue ultramarine ministre de l’Outremer. Députée de Saint-Pierre-et-Miquelon, Annick Girardin a été rue Oudinot de 2017 à 2020. A Mayotte, le député Les Républicains Mansour Kamardine et le sénateur Thani Mohamed-Soilihi (Renaissance) nous ont confié qu’ils n’avaient pas reçu de coup de fil. Dans les autres départements ultramarins, beaucoup de parlementaires figurent dans l’opposition et donc ne sont pas susceptibles de rejoindre un gouvernement marqué à droite.

La succession est donc largement ouverte rue Oudinot.

La composition actuelle du gouvernement Attal

Gabriel Attal, Premier ministre ; Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ; Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer ; Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités ; Amélie Oudéa-Castéra, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques ; Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ; Rachida Dati, ministre de la Culture, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ; Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ; Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Ministres délégués auprès du premier ministre : Prisca Thevenot, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement ; Marie Lebec, chargée des Relations avec le Parlement : Aurore Bergé, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations.

La déchetterie mobile du Grand Nord sera à Acoua ce samedi

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La communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM) informe ses usagers que la déchetterie mobile du Grand Nord sera déployée le samedi 13 janvier, de 8h à midi, au plateau polyvalent d’Acoua. Quatre bennes seront positionnées afin de récupérer les déchets suivants : déchets verts, encombrants, ferraille et les déchets électroménagers et ampoules. L’apport des déchets est gratuit. La collectivité invite les habitants souhaitant plus d’informations à se rendre sur la page Facebook de la communauté d’agglomération.

Marie Grosgeorge quitte le cabinet du préfet de Mayotte

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Directrice de cabinet à la préfecture de Mayotte depuis décembre 2021, Marie Grosgeorge (photo archives) a quitté ses fonctions, le 31 décembre. Elle rejoindrait le ministère de la Transition énergétique, selon nos informations. Le nom de sa remplaçante ou son remplaçant n’est pas connu pour le moment, mais le poste ne devrait pas être occupé avant février.

Le CNFPT présente ses vœux à la médiathèque de Passamaïnty ce vendredi

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Ce vendredi à 8h30, le délégué régional du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) de Mayotte présentera ses vœux à la médiathèque Rama M’sa, à Passamaïnty, en face du stade de foot. Pendant la cérémonie, leurs diplômes seront remis aux agents des collectivités qui ont suivi la formation d’auxiliaire de Bibliothèque organisée pour la première fois par le CNFPT, en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France (BNF).

Les vœux du maire de Bandrélé programmés au 26 janvier

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Le maire de Bandrélé, Ali Moussa Moussa Ben, et le conseil municipal présenteront leurs vœux le vendredi 26 janvier, à partir de 14h30, sur le parvis de la médiathèque de la ville. Après le discours de vœux, des médailles d’ancienneté seront remises aux agents de la mairie et l’extension de l’école maternelle de Bandrélé – Cavani sera inaugurée. Le tout sera suivi d’un cocktail et l’animation sera assuré par Ahlil Maoulid et les Supers Jeunes de Bandrélé.

Une invitation pour les associations environnementales

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Mayotte Nature Environnement (MNE) invite toutes les associations ayant un lien avec l’environnement les 16 et 17 janvier de 8h à 12h à la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de Bouyouni pour les associations du Nord, et le 18 janvier de 8h à 12h à la MJC de Mroalé pour les associations de l’Ouest. Ces sessions seront dédiées à la présentation d’un dispositif d’accompagnement adapté aux besoins de chaque association. Elles pourront également échanger entre elles sur les initiatives en cours. L’association Mayotte Nature Environnement est une fédération d’associations environnementales. En 2023, MNE rassemblait 24 associations adhérentes.

Loi Mayotte : Yaël Braun-Pivet : « Il faut qu’on arrive à adopter cette fameuse loi »

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En visite jusqu’à samedi sur l’île dans le cadre d’un « Tour de France des territoires », la présidente de l’Assemblée nationale reconnaît qu’il y a « du travail à faire ». Yaël Braun-Pivet félicite tout de même des « avancées sur le plan législatif », notamment dans les dispositions de la loi Immigration. Entretien.

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Les perspectives du projet gazier mozambicain présentées à Yaël Braun-Pivet

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Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a échangé avec différent personnel étant amené à travailler dans le port de Longoni.

Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, venue pour trois jours à Mayotte, a visité le port de Longoni, dans la commune de Koungou, ce jeudi matin. L’intérêt de l’intégration de Mayotte dans le projet gazier de Total au Mozambique et les autres perspectives pour le port de Longoni lui ont été longuement présentés.

Ce jeudi matin, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a continué ses visites à Mayotte. La journée a commencé à la base vie de la Sécurité civile à Longoni et s’est poursuivie sur le site de gestion des déchets de Citéo. Le thème de l’attractivité de Mayotte a ensuite été mis sur la table sur le quai n°1, actuellement en travaux, du port de Longoni.

La députée Estelle Youssouffa s’est entretenue une vingtaine de minutes avec le quatrième personnage de l’État, notamment sur le projet gazier de Total au Mozambique, dans lequel le port de Longoni pourrait jouer un rôle bénéfique à l’économie mahoraise. En effet, étant politiquement stable et située à 500 kilomètres du futur site d’exploitation de gaz naturel mozambicain, Mayotte pourrait être une base arrière pour Total. Il est par exemple question que le centre hospitalier de Mayotte s’occupe des premiers soins lors des évacuations sanitaires. Mais pour intégrer ce projet, le quai n°1 doit être réhabilité. « Ce port, c’est notre poumon économique. [Notre but] est probablement d’arriver à ancrer Mayotte dans la locomotive gazière de la région. […] Une miette de l’immense gâteau suffit pour Mayotte », insiste l’élue mahoraise.

« Des kilomètres de pipeline, ça créé des emplois »

Vincent Liétar, directeur développement et infrastructures à Mayotte Channel Gateway (MCG), qui prenait également part à la conversation, est revenu sur l’impact positif que pourrait avoir la participation de Mayotte au projet. « Ce sont des kilomètres de pipeline, ça créé des emplois, il y a des équipages qui vont tourner, de l’accueil au niveau de l’hôtellerie, des transports en avion, etc. Les retombées pour Mayotte pendant plusieurs années seraient donc une véritable dynamique », indique celui dont l’entreprise assure la délégation du port pour le conseil départemental de Mayotte.

Estelle Youssouffa a également amené la conversation sur le sujet de l’immigration clandestine. « La deuxième chose très importante, c’est que dans la loi de programmation militaire, on a demandé à travailler sur la question d’avoir un quai et une partie qui soit militaire [pour] donner à la lutte contre l’immigration clandestine une base dans le nord de l’île et non en Petite-Terre », détaille-t-elle.

Après avoir écouté ces exposés pendant une vingtaine de minutes, la présidente de l’Assemblée nationale s’est dirigée vers le quai n°2. Elle a continué à s’entretenir avec Vincent Liétar et un membre de la Compagnie Maritime d’Affrètement – Compagnie Générale Maritime (CMA-CGM), notamment sur le trafic au sein du port ou encore la perspective de doubler la capacité d’accueil de celui-ci. « L’arrivée des conteneurs pour les distributions d’eau en bouteilles ont-elles perturbé votre activité ? », demande-t-elle au représentant de la CMA-CGM. « Non, cela a un peu augmenté notre activité », répond-il. Une opération de distribution d’eau en bouteilles attendait d’ailleurs Yaël Braun-Pivet plus tard dans la matinée, vers 11h, à Tsingoni.

Crise de l’eau : « On a retardé la distribution pour que vous puissiez voir la réalité »

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La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, écoute les explications de Badirou Abdou qui aide à superviser les opérations de distribution dans la commune de Tsingoni.

La distribution générale des bouteilles d’eau perdure à Mayotte en raison des coupures, qui passeront bientôt à un jour sur deux à partir de lundi. En marge du déplacement de Yaël Braun-Pivet, venue assister à une distribution de packs d’eau à Tsingoni, on a fait le point sur un dispositif qui est prolongé jusqu’en mars.

Au point de distribution du village de M’roalé, sur la commune de Tsingoni, ce jeudi 11 janvier, les habitants patientent gentiment sous le chapiteau pour recevoir leurs packs d’eau. Il est 11 heures, les militaires déchargent les conteneurs. « On a retardé exceptionnellement la distribution pour que vous puissiez voir la réalité », avoue Badirou Abdou, responsable du service animation jeunesse de la ville, transformé en épaule du directeur général adjoint de Tsingoni, pour les opérations de distribution, en s’adressant à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. En visite à Mayotte du 10 au 12 janvier, elle était plus tôt dans la journée au port de Longoni.

« Combien d’agents mobilisez-vous en tout ? », s’enquiert la présidente. « Une quinzaine », répond le responsable, aux côtés du député de la circonscription, Mansour Kamardine, du préfet délégué à l’eau, Christophe Lotigié, et de la file d’habitants qui présentent tour à tour une carte personnelle délivrée par la commune, ce lundi*, avant d’obtenir leurs bouteilles d’eau. Parmi eux, une jeune fille venue de Combani. Comme chaque habitant, elle a le droit à un pack d’eau par semaine. Mais c’est elle qui est chargée d’approvisionner sa famille. « Comment tu fais alors ? », s’intéresse la présidente. « Je me lève à 7 heures pour venir à 8 heures et je prends le taxi », lui répond celle qui réserve à cet effet une matinée par semaine. « Donc ça te coûte de l’argent pour venir », traduit Yaël Braun Pivet. « Et qu’est-ce que vous faites des packs non distribués ? », demande-t-elle à Badirou Abdou. « Tout le monde vient », lui assure-t-il.

« On devrait sortir ce dispositif courant mars »

« On a compris que les problèmes d’eau à Mayotte sont multifactoriels », s’adresse ensuite à la presse la présidente, citant par exemple la vétusté du réseau. « Ce manque d’eau est choquant, mais c’est une réalité à laquelle il faut faire face », déclare-t-elle, saluant à de multiples reprises l’engagement de tous les acteurs qui participent à ces distributions. « On voit que ça se passe bien, l’organisation est efficiente. »

Depuis le début des opérations, 17 millions de bouteilles d’eau ont été distribuées avec un rythme de croisière de 400.000 par jour, six jours sur sept. « On a des difficultés d’acheminement, mais pas de difficulté de disponibilité de ressources », nuance Christophe Lotigié. Il nous confie : « On peut estimer, en fonction des éléments qu’on a [N.D.L.R. tours d’eau, pluviométrie grâce à un point fait deux fois par jour avec Météo France, niveau des rivières et réserves collinaires, forages], qu’on devrait sortir en sifflet de ce dispositif courant mars, mi ou fin mars. C’est-à-dire limiter puis arrêter la distribution au grand public car l’eau sera revenue aux robinets. »

Le remplaçant de Gilles Cantal indique cependant « boucler la boucle » en conservant la distribution « au public vulnérable et en grande difficulté, comme au début ». Tout en préservant un stock stratégique de bouteilles d’eau qui devrait, « même en fin de crise », « rester en demeure sur le territoire ». Pour rappel, dès lundi 15 janvier, l’eau coulera un jour sur deux, pendant 24 heures.

Quid des retenues collinaires et du réseau ?

« Le niveau des deux retenues collinaires a progressé. On doit être pas loin de 30 % pour Dzoumogné et 14% à Combani », renseigne le préfet en charge de la mission eau, Christophe Lotigié. Des ressources auxquelles « on fait attention de ne pas toucher car on en aura besoin lors de la prochaine saison sèche ».

Aujourd’hui, la production d’eau quotidienne s’élève à 29.000 mètres cubes. Lorsque les tours passeront à 24 heures, dès ce lundi 15 janvier, « on sera à peu près à 34.000 mètres cube ». « Et si on produit à plein, on pourrait atteindre 40.000 mètres cube », détaille-t-il.

Sur les 800 kilomètres de réseau, le sous-préfet indique qu’il est « fuyard » à 30 %. La moitié à peu près aurait été investiguée. « Des équipes s’occupent de la détection et d’autres de réparer au fur et à mesure. » Mais il admet qu’il « faudra des années pour qu’il soit remis à neuf ».

Le dessalement à Ironi Bé, « un compromis »

Le Canard Enchaîné a publié cette semaine un article critique sur le projet d’usine de dessalement à Ironi Bé, qui serait la deuxième de l’île, dont la livraison est prévue en 2025. Un biologiste anonyme y évoque « un processus irréversible de destruction de la vie dans le lagon, corail compris ». Christophe Lotigié n’a pas souhaité réagir, sa prise de fonction remontant seulement au 19 décembre. Jérôme Josserand, à la tête de la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm), a lui suivi de près le projet porté par le syndicat Les Eaux de Mayotte. « On a fait une analyse multicritère sur trois ans et on a réduit le nombre de sites qui étaient jouables. Le site Ironi Bé est un compromis avec les impacts environnementaux. De toute façon, il y en a forcément », riposte-t-il. La zone du port de Longoni était de fait écartée, une installation Seveso classée seuil haut s’y trouvant.

« Là où l’usine s’installe, on pourra alimenter le nord et le sud. » Dans un premier temps, l’usine plafonnera à 10.000 mètres cubes produits (sur les 45.000 mètres cubes de consommation estimés à horizon 2025) afin de limiter les rejets en eau salée chargée à 50% de sel en plus et permettre une dilution « correcte » dans le lagon, « dans une zone où il y a pas mal de sédiments, de la boue, et donc pas d’effets sur les coraux », études de courantologie également à l’appui. « C’est pour ça que l’on adapte la taille de l’usine », explique-t-il. Des bassins de décantation seront installés pour éviter l’erreur commise en Petite-Terre où de l’eau turpide avait encrasser les filtres.

À terme, l’usine pourrait produire jusqu’à 30.000 mètres cubes. « Là, il faudra des installations de rejet beaucoup plus loin, peut-être au-delà de la barrière de corail », éclaire-t-il. L’usine sera alimentée grâce à l’électricité produite sur l’île, provenant de des centrales des Badamiers et Longoni, fonctionnant à l’heure actuelle à 85% avec du fioul, mais qui, à partir de 2027, devraient passer au bioliquide de colza.

Une épidémie de conjonctivite sévit actuellement à Mayotte

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Des cas de conjonctivite ont été observés à Mayotte. Celle-ci est très présente dans les îles voisines. Images d’illustration

Il n’y a pas encore de signaux d’alarme déclenchés par les autorités sanitaires, mais il se confirme un début d’épidémie de conjonctivite dans le département mahorais. Des résultats d’analyses en cours vont permettre de connaître le statut exact de cette maladie aux variations multiples, son ampleur réelle et son lieu de provenance. 

« Maladie pleurée » pour les Mahorais, « matso-matso » pour les Comoriens, l’appellation importe peu, ce qu’il convient de savoir est qu’une épidémie de conjonctivite s’est déclarée sur l’île depuis peu. L’Agence régionale de Santé de Mayotte confirme avoir connaissance de premiers signaux sanitaires, mais indique ne pas encore disposer de suffisamment d’éléments pouvant lui permettre de qualifier la maladie, selon qu’elle soit virale, classique ou violente avec des risques de saturation des services de soins. Des analyses seraient en cours et confiées à un laboratoire. Il faudra patienter jusqu’au début de la semaine prochaine pour obtenir des résultats et savoir la forme exacte de cette conjonctivite. Plusieurs pharmaciens de la place admettent une recrudescence de délivrance de médicaments à cette fin, ces jours-ci, sur présentation d’ordonnances médicales. Toutefois, ils se disent dans l’incapacité de fournir une quelconque statistique, « nous n’avons pas de diagnostics posés donc nous ignorons complètement la nature et la forme de la maladie ». Des remontées d’informations depuis les professionnels de santé (centre hospitalier de Mayotte ou libéraux) seront également nécessaires à l’ARS Mayotte pour déterminer la marche à suivre car pour l’heure, les services sanitaires aux frontières n’auraient donné une quelconque alerte au sujet d’une importation éventuellement de cette épidémie d’un pays étranger. « Il en existe plusieurs types et à défaut de données épidémiologiques, on peut difficilement se positionner sur le sujet », explique un pharmacien détenant une officine à Mamoudzou.

Ce qui est certain c’est que l’île voisine d’Anjouan, est frappé par un phénomène de ce type depuis plusieurs semaines déjà et que de très nombreux cas ont été notés dans différentes catégories de la population, à de très fortes proportions même si les autorités sanitaires locales n’ont pas été amenées à mettre en place un dispositif particulier de gestion de cette épidémie. Des médecins et personnels soignants contactés par nos soins confirment cette situation. Le pic étant estimé à la période des fêtes de fin d’année. « La tendance serait même à la baisse du côté d’Anjouan, avec un déplacement sur Mohéli », nous a déclaré un soignant à l’hôpital de Bambao.

Jeune résident des hauts de Kawéni, Mohamed Idrisse revient tout juste d’un séjour à Moroni où il est allé effectuer une démarche administrative. « Au niveau de la Grande-Comore, la conjonctivite a fait son apparition depuis très peu. En revanche, c’est sur Anjouan et Mohéli où elle est très notable. Il suffit d’un petit moment passé à discuter avec une ou plusieurs personnes pour que vous choppiez le matso-matso. » 

Une transmission très rapide

Abdoul-Malik, lui, est entrepreneur du côté de Combani ; il a choisi de passer les fêtes de fin d’année sur l’île de Mohéli. Ce sont ses enfants qui ont contracté en premier la maladie. « Nous n’avions eu aucune information préalable au moment où nous avons quitté Dzaoudzi. En arrivant à Mohéli, le lendemain via Mutsamudu (chef-lieu d’Anjouan), notre fille cadette s’est plainte d’avoir mal à la tête, dans les heures qui ont suivi c’était les yeux qui lui brûlaient. Et le lendemain matin, le blanc de ses yeux avait progressivement viré au rouge. C’est alors que sa mère a soupçonné la maladie pleurée », explique-t-il. Confirmation leur a été faite par des amis que la conjonctivite sévissait sur l’île depuis plusieurs jours favorisée par le mouvement de personnes entre les deux îles. « Chacun se débrouille comme il peut là-bas, selon ses moyens. Avec trois enfants, il nous était impossible de poursuivre nos vacances dans de telles conditions, nous avons préféré rentrer au plus vite pour nous soigner ici. »

L’ARS comme les officines pharmaceutiques mettent en garde sur des conclusions hâtives quant au lieu d’origine et sur les causes de déclenchement d’une telle épidémie. Un pharmacien de Dzaoudzi-Labattoir abonde dans le sens : « sans études médicales fiables, il est très difficile de déterminer le lieu de provenance exacte de l’épidémie. Beaucoup de facteurs peuvent justifier son développement à un endroit précis plutôt qu’à un autre, mais cela ne signifie pas pour autant que le premier cas s’est déclaré là. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a un lien de causalité entre un point de part et d’arrivée, la conjonctivite se transmettant très rapidement d’une personne à un autre ».

Un médecin et pas les recettes de grand-mère

Comment gérer les cas avérés de conjonctivite ? Un autre pharmacien de Petite-Terre explique « qu’il faut régulièrement nettoyer les yeux avec des antibiotiques sur la base d’une prescription médicale et au sein d’un réseau sécurisé de délivrance de médicaments ». La remarque est loin d’être anodine car grande est la tentation de recourir au système D et aux recettes de grand-mère. Sur les réseaux sociaux, certains internautes n’hésitent pas à s’ériger en « médecins de fortune », préconisant l’usage d’extraits liquides de « moringa » obtenu par trituration de jeunes feuilles de cet arbuste très répandu dans l’île et la région. Il est présenté comme le médicament miracle aux vertus thérapeutiques multiples et variées. L’aloé Véra est un autre remède recommandé par d’autres internautes comme ayant des effets efficaces et rapides contre « les yeux rouges ».

À ce sujet, des pharmaciens font remarquer que s’il est avéré que certaines plantes ont bel et bien des vertus thérapeutiques, il est néanmoins plus que jamais indispensable de consulter un médecin plutôt que se laisser aller à une automédication.

« Les mois à venir placés sous le signe de l’engagement citoyen »

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Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, s’entretient avec le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, avant les discours, ce jeudi 11 janvier, devant la MJC de M’gombani, à Mamoudzou.

Davantage que les grands projets portés par la mairie de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla a défendu l’engagement des habitants de sa commune, dans sa traditionnelle cérémonie des vœux, ce jeudi 11 janvier. En visite pour trois jours sur le territoire, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, était au premier rang.

« Une année, je nous la souhaite, de tous les espoirs », a-t-il émis comme souhait Ambdilwahedou Soumaïla. Le maire de Mamoudzou aurait pu parler du stade de Tsoundzou qui avance, de Kawéni qui continue sa mue grâce à l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), la circulation alternée qui réduit le trafic quotidien, des caméras de surveillance qui se multiplient ou du nouveau poste de la police municipale de Passamaïnty. Il a choisi d’occulter finalement les projets de la municipalité, ce jeudi après-midi, à la MJC de M’gombani. En effet, avant que la pluie ne vienne perturber la technique, le maire de Mamoudzou a eu le temps d’adresser ses traditionnels vœux aux élus locaux, aux différents services de l’État, aux employés de la mairie, quelques habitants, des ténors du parti les Républicains (dont fait partie le maire) et surtout à Yaël Braun-Pivet, hôte de marque en visite pendant trois jours à Mayotte.

Faisant un retour sur l’année 2023, il a rappelé qu’elle était celle de l’excellence sportive, du nouveau gymnase Jean-François à M’gombani aux Jeux des Iles de l’océan Indien en septembre à Madagascar, en passant par le Jeux olympiques 2024 qui feront l’objet de nouveaux événements cette année. Puis, il a toute de suite voulu souligner la participation des habitants aux manifestations de la municipalité.    « Vous vous êtes mobilisés par milliers pour participer aux différents temps fort pour votre ville et nous vous remercions », a-t-il lancé. Que ce soit le carnaval, Novembre Vert marqué par le dixième Urahafu Na Ounono, les réunions publiques, les Journées du Vivre ensemble et les Assises de la Reconquête foncière, beaucoup de résidents de Mamoudzou se sont impliqués, malgré les difficultés. Il a rappelé également que 6.000 personnes étaient présentes au défilé du 14-Juillet et qu’il y avait 50.000 personnes au festival Sanaa. Médiateurs, conseils citoyens, parents relais, conseil municipal des jeunes, tous ont été évoqués lors du grand rendez-vous. « C’est fort de tous ces constats que nous avons choisi de placer les mois à venir de l’engagement citoyen. Nous sommes convaincus que le développement harmonieux de notre cité passe par votre implication et votre participation à la vie communale », a-t-il insisté.

« Le sang bleu blanc rouge coule dans nos veines »

Ce n’est pas un message d’amour envers l’État, mais presque. Le maire a profité de la venue de Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, pour rappeler l’attachement des Mahorais à la République française. « Le sang bleu blanc rouge coule dans nos veines », a assuré par deux fois Ambdilwahedou Soumaïla. S’adressant à la cheffe de l’Assemblée nationale, il a repris la devise nationale en faisant remarquer à quel point les Mahorais et les Mahoraises « aspirent à la liberté, à l’égalité pleine et entière, car nous sommes ici fraternels ». Dans son viseur, la loi Mayotte (voir par ailleurs) qui se fait toujours attendre. Car il voit dans cette loi de programme, un moyen d’assurer « l’essor économique, social et sécuritaire » de l’île.

Convenant qu’elle avait vu un profond attachement des Mahorais à la France, elle a repris à son compte le thème du discours de l’élu mahorais en lui remettant la médaille de l’Assemblée nationale. « Elle récompense votre engagement. Car je le rappelle, le premier engagé d’une commune, c’est le maire », a-t-elle fait valoir.

Élections aux Comores : Un opposant accusé de tentative de déstabilisation

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Achmet Saïd Mohamed, se trouverait en garde à vue, selon le procureur de la République de Moroni. Poussé à l’exil depuis 2019, le leader du mouvement Hury, opposant déclaré du régime en place, n’est rentré au pays qu’au mois de juillet 2023.

Après deux jours de silence et à moins de quatre jours du premier tour de la présidentielle, les autorités judiciaires des Comores viennent enfin de se prononcer sur l’affaire de déstabilisation qui agite l’archipel depuis mardi. Le 9 janvier, le pays a appris, dans la matinée, l’arrestation de l’opposant Achmet Saïd Mohamed. Mais personne n’osait avancer le motif de son interpellation. Voilà que ce jeudi, le procureur de la République de Moroni, dans un communiqué transmis à la presse, donne quelques informations sur les charges qui pèsent sur le leader du mouvement Hury.

« Il se trouve qu’Achmet Saïd, qui est parmi les personnes impliquées dans les événements troublants qui ont ébranlé notre pays courant 2019, a entrepris des démarches tendant à récidiver. Des éléments portés à notre connaissance indiquent des préparations et des manœuvres visant à commettre des crimes graves, allant jusqu’à menacer la sûreté de l’État « , a affirmé le procureur, Ali Mohamed Djounaid.

D’après ce dernier, Achmet, dont la candidature pour l’élection en cours avait été recalée par la cour suprême, faute d’avoir résidé de façon permanente au pays durant les 12 mois précédant l’élection, fomentait une déstabilisation. Dans un enregistrement audio qui circule sur les réseaux sociaux et dont l’authenticité n’a pas été confirmée par le parquet, on entend une voix, présentée comme celle de l’opposant, en train de tracer un plan visant à attaquer des institutions à l’instar de la cour suprême.

Longue garde à vue

Le chef du parquet, citant la loi contre le terrorisme, prédit que l’intéressé, qui a toujours été très critique envers le président Azali Assoumani, pourrait passer jusqu’à 15 jours de garde à vue. Il a ajouté qu’il se porte bien. Sa famille, elle, a rapporté que l’opposant avait entamé une grève de la faim. L’affaire rappelle l’épisode de 2019.

À l’époque, alors que des élections anticipées se tenaient dans une période où la répression s’abattait sur les voix critiques, ce même Achmet ainsi que d’autres opposants avaient été poussés à l’exil. Certains comme l’ancien gouverneur de la Grande Comore, Hassani Hamadi, se sont d’abord réfugiés à Mayotte avant de s’envoler pour la France. Achmet, lui, était visé par les mêmes accusations de déstabilisation. Il n’est rentré à Moroni qu’au mois de juillet 2023 après la publication, par le ministère de l’Intérieur, d’une note invitant les exilés à revenir.

Encore très récemment, le leader du mouvement Hury, très actif sur les réseaux sociaux, notamment sur X (anciennement Twitter), avait déjà dû répondre à une convocation du parquet. En cause, l’accueil en fanfare de ses partisans, alors qu’il était en visite sur l’île de Molehi, en septembre.

Pour les échéances en cours, après le rejet de sa candidature, Achmet a décidé d’apporter son soutien au Docteur Salim Issa, le candidat désigné par le parti Juwa, pour affronter Azali Assoumani le 14 janvier prochain. Au moment où nous écrivions ces lignes, le Juwa de l’ancien président Sambi n’a pas réagi aux dernières révélations faites par la justice. De son côté, le procureur a souligné que cette mesure d’arrestation n’est pas un simple mandat d’arrêt mais une action nécessaire pour préserver la sécurité et l’intégrité de l’État dans ce contexte électoral délicat. L’enquête est en cours.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes