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« Ces jeunes se sentent inutiles parce qu’ils n’ont aucune perspective »

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Le chiffre est l’un des plus parlants pour décrire la situation de Mayotte. Régulièrement employé, il va désormais changer. La part de la population vivant sous le seuil de pauvreté national passe en effet de 84% à 77%. Une baisse qui ne doit pas masquer une autre réalité : les inégalités de vie se sont creusées.

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Le phénomène de bandes se retrouve à l’origine de nombreux problèmes à Mayotte. Souvent constitués de jeunes adultes, ces groupes sont perçus par certains comme les principaux responsables du climat de violence qui émaille l’île aux parfums. La Maison des Ados 976 (MDA) de Mlezi Maoré s’est penchée sur la question lors de son colloque qui s’est terminée ce mercredi 6 avril.

Manque de reconnaissance, vulnérabilité, pauvreté… Les raisons pour lesquelles les jeunes Mahorais rejoignent des bandes sont pléthores. Pour entrer dans le vif du sujet, ce mercredi 6 avril, les intervenants du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) de Petite-Terre ont ouvert l’atelier thématique, « Comment je fais moi pour exister ? », par une petite représentation théâtrale. À la fois touchante et criante de vérité, la scénette a permis à tous les participants de situer la misère sociale dans laquelle vit une partie de la jeunesse du 101ème département français.

« Lorsque l’on demande à ces jeunes quels sentiments les habitent au quotidien, les mêmes termes reviennent continuellement », témoigne Lise Martinez, éducatrice spécialisée et employée du secteur prévention spécialisée au sein des Apprentis d’Auteuil Mayotte. « Isolement social », « prison à ciel ouvert », « injustice », « manque d’infrastructures », « stigmatisation », autant de maux du quotidien verbalisés par ces adolescents qui se cherchent une place dans la société.

« Des préjugés dans les deux sens »

« On entend souvent les jeunes des quartiers parler de ceux d’en bas », explique Asma* médiatrice sociale. Que ce soit à Mamoudzou Nord, Mamoudzou Sud ou Petite-Terre, les habitations les plus précaires se trouvent à flanc de colline et s’opposent aux plus aisés, mais aussi aux institutions en contrebas. “Ces jeunes se sentent exclus de la communauté. Ils ont un sentiment d’inutilité car pour beaucoup d’entre eux ils n’ont aucune perspective », témoigne celle qui va chaque semaine à la rencontre des adolescents. En effet, après le baccalauréat beaucoup d’adolescents tombent dans l’oisiveté, n’ayant pas les papiers nécessaires pour trouver un emploi ou une formation.

« Il y a des préjugés dans les deux sens », ajoute Abdallah*, éducateur spécialisé au sein de l’association Meso, « Pour une grande part de la population, jeune rime avec délinquant. » Cette idée est donc à déconstruire pour le professionnel qui se retrouve confronté au regard des habitants. « La population subit tellement qu’elle considère que la seule solution réside dans l’intervention de la police ou de la gendarmerie. Mais pire encore, elle pense que l’on cautionne les méfaits commis par les adolescents car on tente de leur venir en aide », explique le travailleur socio-éducatif, rappelant que son travail est d’insérer ces jeunes dans la société plutôt que de les rejeter.

Comment sortir de ce cercle vicieux ?

Comme dit l’adage, l’union fait la force, et en bandes, les jeunes se sentent moins vulnérables. « Ils recherchent du respect, de la confiance, une reconnaissance et même une protection », commente Lucie Kiledjian, psychologue clinicienne à la Maison des Ados de Mlezi Maore. En pleine quête d’identité, beaucoup d’adolescents se retrouvent confrontés à de nombreuses frustrations. À Mayotte, celles-ci peuvent être liées à leur contexte social, familial, leurs origines, mais de plus en plus, la violence s’institutionnalise et les acteurs du médico-social peinent à l’expliquer. « En tant qu’assistante sociale scolaire, je me rends compte que même des jeunes, scolarisés, de nationalité française et qui dorment avec un toit sur leur tête se mêlent à ces bandes », confie Noussa*. Un phénomène qui pourrait s’expliquer par un laissé aller éducatif et un déterminisme que subiraient ces enfants confrontés à la violence dès leur plus jeune âge.

Mais alors, scolarisé ou non, en difficulté ou pas, quelle solution pour les adolescents mahorais ? Les acteurs présents lors de ce colloque s’accordent à dire que la route est encore longue et qu’il faut dès à présent co-construire un projet global d’accompagnement. Créer un sentiment identitaire positif qui valorise Mayotte et ses spécificités sans tenter sans cesse d’envier ou de s’opposer à son voisin. Un objectif louable, mais qui sait combien de temps encore les bandes rivales continueront de s’affronter à l’ombre des baobabs…

*Les noms ont été modifiés

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