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Édito : Numéro spécial – La jeunesse de Mayotte

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

En effet, le mode de vie de cette jeunesse est très différent de celui de ses ainés, de ses parents. Aujourd’hui, les enfants ne vont plus passer leurs journées aux champs. Depuis les premières écoles maternelles en 1993, la scolarité occupe une part importante de leur temps… la télé aussi. L’alimentation a changé, tout comme l’occupation du temps libre, les relations aux parents, aux anciens, la place des traditions, de la culture, de la religion. Il y a du bon et du moins bon, assurément.

La musique n’est plus la même, Trace TV et NRJ sont arrivés, des dizaines de chaînes à la télévision aussi, avec des reportages, des documentaires, une fenêtre sur le monde passionnante, mais malheureusement aussi le sexe, la violence, un monde fait d’apparence. La société de consommation a suivi, immédiatement, donnant envie de produits nouveaux, bousculant le partage, l’entraide qui fondaient en partie les relations.

Les frontières du quartier, du village se sont délitées avec les réseaux sociaux, avec les voyages, les transports scolaires. L’ouverture sur le monde a ouvert les yeux, les esprits, a enrichi les réflexions, mais en même temps, pour certains exclus ou inquiets, un repli sur soi, sur des traditions s’opère, fractionnant plus encore la société. L’homogénéité a fait place à la diversité.

Pour une cohabitation sereine de chacun, il faut de la tolérance, du respect de part et d’autre, de la solidarité. Cela ne semble pas toujours évident et la frustration, l’envie sont parfois bien présentes. Il faut rappeler l’importance de la culture, des traditions, de l’histoire, du passé, mais aussi ne pas s’enfermer derrière la barrière de corail, sur une petite île du canal de Mozambique. L’ouverture au monde enrichira Mayotte des expériences des autres. Mayotte, forte de ses cultures, de ses traditions, enrichira le monde.

C’est à ces défis que la jeunesse doit faire face. Elle a des repères nouveaux, des valeurs nouvelles, des envies différentes des anciens. Elle ne peut et ne doit, à mon avis, surtout pas faire table rase du passé, mais elle ne peut pas être enfermée dans d’anciennes valeurs. Le monde bouge, Mayotte aussi. L’île ne peut pas se refermer sur-elle-même comme une huître. Elle doit trouver sa place dans la région, dans le monde et se faire respecter, y apporter sa contribution. C’est à ce prix là que la jeunesse s’épanouira. Mayotte peut (pourrait, pourra ?…) servir de modèle à la région notamment, sur la protection de l’environnement, la gestion des déchets, l’utilisation d’énergies renouvelables, les formations de qualité, le développement économique d’une société insulaire…

Il lui faut aussi et surtout des perspectives, des espoirs, en termes d’études, d’emplois, de qualité des soins, en termes d’attractivité de l’île, de loisirs, de plaisirs.

La jeunesse est une force, une énergie qu’il faut canaliser, orienter au profit de la société, dans la continuité de ses anciens. Il ne faut pas de rupture brutale, de cassure irrémédiable entre générations car chacune a besoin de l’autre. Il faut savoir écouter, mais aussi laisser la place, confier des responsabilités progressivement pour que Mayotte évolue.

La jeunesse saura répondre à cette complexification du monde, à ces nouvelles normes qu’amènent le département et l’Europe, au développement du numérique, aux nouvelles technologies. Elle pourra transmettre l’information aux plus âgés, leur expliquer les nouveaux enjeux.

Aujourd’hui, faute d’accompagnement efficace, d’encadrement, d’éducation, faute d’espoirs, certains basculent dans l’alcool, dans la drogue, dans la violence et la délinquance. C’est dangereux pour tout le monde. L’arrivée de « la chimique », comme le crack dans les Antilles au début des années 1990, provoque des dégâts considérables, des accès de violence, de démence qu’il faut juguler très vite.

Les adultes doivent prendre conscience de cette masse énorme, de cette explosion démographique qui est aujourd’hui dans les écoles, mais aussi déjà sur les bancs des collèges. Bien accompagnée, respectée, prise en charge, cette jeunesse peut devenir un atout de Mayotte, sa force, mais aussi un danger si des espoirs ne se dessinent pas.

Il faut en tout cas écouter cette jeunesse, lui donner la parole, c’est ce que nous avons décidé de faire dans ce numéro spécial de Mayotte Hebdo, avec une suite déjà programmée dans le prochain numéro. Nous espérons que cela vous intéressera, comme cela nous a intéressé de recueillir leurs avis, parfois durs.

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1086

Le journal des jeunes

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