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Ce que j’en pense… Mayotte-Comores : un différend à régler pour envisager un avenir plus serein

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Aujourd’hui la population mahoraise est excédée de la situation, des terrains squattés, des écoles saturées, de l’hôpital à l’agonie, de l’environnement pillé, de l’image de l’île particulièrement dégradée à travers le monde, de l’exode de beaucoup à cause de tout ça, et de l’insécurité devenue intolérable.

On peut compter les morts, se raconter les faits divers en direct, évoquer cette escalade de la violence au quotidien, cette vie en prison sur une île si belle… Certains s’en félicitent plus ou moins ouvertement, et en profitent pour mettre cela sur le dos de la départementalisation, essayant de faire regretter aux Mahorais leur choix, alors qu’elle constitue une boite à outils qu’il suffirait d’utiliser.

Au moins 100.000 personnes vivent en situation irrégulière sur l’île, 40% de la population, sans droit, sans devoir, dans des conditions de vie indignes, sans moyen de manger, avec la peur quotidienne de se faire embarquer et de devoir risquer sa vie pour revenir. Une telle situation aurait explosé il y a bien longtemps ailleurs. L’hospitalité mahoraise, la tradition musulmane, la proximité culturelle ont sûrement permis d’accepter cet afflux massif, mais la taille de l’île n’est pas extensible et nous sommes clairement passés en situation d’urgence humanitaire et sécuritaire. Les Mahorais ne peuvent plus accepter que les efforts qui leurs sont demandés, que les efforts de l’Etat pour développer Mayotte soient étouffés par cette immigration clandestine massive.

Avec plus de 650 habitants/km², avec des ressources financières tendues, et alors que l’île essaye de rattraper ses retards, Mayotte étouffe. Je pense qu’il est possible de le comprendre, même pour les plus « humanistes » ou humanitaires d’entre nous.

J’ai pour habitude de chercher des solutions aux problèmes en amont, plutôt que de perdre du temps à essayer d’arranger les conséquences sans fin. Courir derrière les clandestins fatigue, ne règle pas le problème et coûte cher. Mais si on cherche les causes en amont, on arrive directement à l’Etat comorien qui n’offre pas des conditions de vie dignes à sa population, qui la maintient dans des conditions de survie certainement inhumaines pour que tant soient prêts à risquer leur vie pour fuir leur pays, qui n’est pourtant pas en guerre. Pas de santé, pas d’éducation, pas de travail… Il y a là-bas aussi beaucoup de chantiers à mener… Même si les autorités comoriennes sont muettes sur le drame de leurs concitoyens qui les fuient.

Les associations humanitaires ne seraient-elles alors pas plus efficaces à chercher des solutions en amont, à faire pression sur le gouvernement comorien, pour que le problème cesse, ou cela constitue-t-il leur fonds de commerce qu’il convient de conserver précieusement ?… A un moment donné il faut être honnête. Tout le monde a-t-il vraiment envie que la situation s’arrange pour cette population clandestine ? Faut-il maintenir les clandestins à Mayotte et essayer de rendre leur vie quotidienne moins difficile, ou faut-il leur permettre de vivre dignement, aux parents de disposer d’un travail pour nourrir leur famille et éduquer leurs enfants ?

Dans ce cas il faut voir au-delà des bidonvilles de Kawéni et regarder vers Anjouan. Que peut-on faire ? Que doit-on essayer de faire ? Une coopération active, efficace, directe ne serait-elle pas efficace ? Les dirigeants français et comoriens y gagneraient à de très nombreux titres, plutôt que de laisser leurs populations souffrir ainsi. Le Quai d’Orsay doit être activé. Les négociations doivent être engagées sincèrement, honnêtement, dans le seul objectif d’améliorer le sort des populations. Chacun doit y apporter ses idées, ses demandes, ses limites.

Beaucoup de Comoriens, disposant de la nationalité française, vivant souvent en Métropole, se font donneurs de leçons, souvent cachés derrière leurs écrans et leurs pseudonymes, et déplorent les conditions de vie de leurs compatriotes vivant à Mayotte… Mais pourquoi ne s’intéressent-ils pas plus aux conditions de vie aux Comores, dans le Nyoumakélé ? Pourquoi ne reviennent-ils pas vivre dans leur pays, pour participer à son décollage ? Il y a tant d’opportunités à saisir. S’ils ont pu bénéficier du système scolaire français, s’ils ont pu faire des études – tant mieux -, s’ils ont pu mettre de côté des capitaux pour investir (et pas seulement faire leur grand mariage et construire des « palais » inoccupés), mais pourquoi ne s’attellent-ils pas au développement de ces îles voisines ?

Ils préfèrent hypocritement laisser la misère chez eux et pleurer sur le sort de ceux qui en souffrent et vivent traqués, ceux qui risquent leur vie en kwassa… C’est tellement plus facile et ça demande tellement moins de courage. Ils préfèrent taper sur les méchants mzoungous, sur les méchants Mahorais, sur tous ces « racistes », plutôt que sur leurs dirigeants qui pillent leur pays depuis des décennies et provoquent cette misère et cet exode. Pourquoi n’essayent-ils pas de trouver des solutions, de voir s’il y aurait moyen de travailler intelligemment avec la France, avec Mayotte, ou d’autres, pour que notre région s’arrange, au bénéfice de tous ?

Je l’ai plusieurs fois évoqué dans ces colonnes. La solution à la situation dramatique que vivent Mayotte et les Comores viendra des dirigeants comoriens. Tant que les dirigeants comoriens ne respecteront pas le choix des Mahorais, tant qu’ils mentiront honteusement à leur peuple maintenu dans l’ignorance, tant qu’ils se serviront de Mayotte pour cacher leur incapacité à faire décoller leur pays, la situation ne bougera pas. Peut-être se satisfont-ils tout à fait de la situation, avec leurs passeports français, leurs enfants qui étudient en France, eux qui vont s’y faire soigner, avec l’argent qui aurait pu servir à améliorer la situation de la population ?

Tant qu’ils répèteront en boucle que Mayotte est comorienne pour haranguer les foules dans leurs meetings électoraux, la situation s’aggravera car aucune négociation ne pourra avoir lieu. Et ce sont les populations ici qui en souffriront.

Des frères et des sœurs ne sont pas obligés de vivre dans la même maison quand ils grandissent. Cela n’empêche pas les relations familiales, les relations de bon voisinage. Et il y a beaucoup à faire. Je pense que Mayotte, mais peut-être plus encore les Comores ont beaucoup à gagner en pacifiant leurs relations. Je pense que tous ceux qui veulent vraiment sortir du drame que nous vivons devraient mobiliser leurs énergies dans ce sens. Plutôt que de s’insulter, se menacer, chacun devrait essayer d’imaginer tout ce que l’on aurait à gagner à engager des relations saines et sereines entre les Comores et Mayotte.

Laurent Canavate

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