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Un documentaire pour changer l’image de Mayotte et rendre hommage aux Chatouilleuses

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

« La République française a ceci de particulier que par amour pour elle, des femmes et des hommes que rien ne destine de prime abord à briller sous les feux de l’actualité, se transcendent pour porter plus haut que leur cœur l’oriflamme de la liberté. Il en est ainsi des Chatouilleuses de Mayotte, qui se battent, dès le début des années soixante, pour refuser une intégration forcée à l’archipel des Comores, conduisant inéluctablement leur île à une indépendance qu’elles ne souhaitaient pas […] Ainsi, convient-il aujourd’hui de rendre un hommage mérité à toutes ces femmes dont la lutte pour le maintien de Mayotte dans la République Française est prépondérante. Zéna M’déré, décédée en 1999, mérite qu’on se souvienne d’elle, tout comme d’autres qui se battent à ses côtés dès 1960, à l’exemple de Zaïna Méresse ou encore de Boueni M’Titi. Leur audace et leur bravoure doivent servir d’exemple à la jeunesse. A l’heure où malheureusement notre République est atteinte dans sa chair puisque liberté, égalité et fraternité sont mises à mal par quelques-uns, il est de notre devoir de mettre en lumière le fait que même loin de la métropole, des personnes défendent ces valeurs et revendiquent la liberté de choisir leur destin. »

C’est avec ces quelques phrases que le futur reportage sur les Chatouilleuses, a été initié. L’objectif des 52 minutes consistera à un retour sur la réalité du conflit qui anima Mayotte dans les années 60, en écartant l’aspect « doudouiste» dont les chatouilles sont souvent affublées depuis lors, par leurs détracteurs. Le projet, sous-tutelle du ministère de l’Outre-mer, a vu le jour en décembre dernier. L’idée a émergée à la suite d’un reportage de 26 minutes réalisé par le producteur-réalisateur Marvin Sither, en hommage au guadeloupéen Armand Barbes. Le Club Armand Barbès, associé au projet, a pour vocation de faire connaître « sans distinction, toutes les luttes des enfants de la nation qui honorent leur engagement républicain ».

Zéna M’déré serait-elle fière et satisfaite de la poursuite de son œuvre ?

Le réalisateur du reportage, Marvin Sither a pris goût à ce genre d’exercice. Né à Biskra en Algérie d’un père militaire et d’une mère institutrice, tous deux originaires de la Martinique, il s’engage très tôt dans l’armée puis décide d’assouvir son rêve d’enfance : devenir acteur. Il décroche son premier rôle principal auprès de la réalisatrice Christine Allen dans « Arrêt sur image ». En 2005, il réalise son premier clip, puis son 1er court métrage intitulé « Pourtant je l’aime ». L’année suivante, il entame un documentaire sur Monseigneur Dominique Phillpe diffusé en 2007. L’année passée, il a réalisé ce remarquable documentaire sur Armand Barbès, qui a donné l’idée d’un 52 minutes sur le combat des chatouilleuses. Un sujet sensible avec comme objectif la mise en lumière de l’Outre-mer, à travers de grandes figures qui se sont battues avec pour seule arme, leur amour de la République.

« Après ce reportage sur Mr Barbès, nous nous sommes dit pourquoi pas sur les chatouilleuses, explique Marvin Sither. Je ne connaissais absolument rien sur le sujet. J’ai dû m’informer et lire beaucoup de choses sur Zéna M’déré et son combat. Avec ce reportage, une même réalité est ressortie par rapport à ce que j’avais pu lire. Même si une chose m’a souvent frappé : il n’y avait pas suffisamment d’indications sur le contexte autour du combat ». Le tournage a commencé le samedi 14 mars. Pendant une semaine Marvin Sither et son assistant ont tourné entre 10 et 13 h d’images et d’interviews. Une semaine de tournage ou les entretiens se sont multipliés. Les images et interviews ont été tournées en petite et grande Terre, parfois aux domiciles des interlocuteurs. Le chargé de mission de la politique de la commune de Pamandzi, Adrien Michon, a fait office de coordonnateur pour organiser les rencontres et planifier le programme très chargé du réalisateur.

Si plusieurs projets ont déjà vu le jour sur le combat des chatouilleuses, celui si promet une particularité : il ne refera pas ce qui a déjà été fait. L’angle choisi est inédit. Le reportage part des années 60 et de Zéna M’déré, pour arriver aux jeunes, à la relève des chatouilleuses de l’époque. En effet, plusieurs questions se posent aujourd’hui : la nouvelle génération est-elle prête à reprendre le flambeau ? En a-t-elle vraiment l’envie, le courage, l’ambition ? Quelle est la capacité des générations actuelles à se réapproprier la lutte? L’objectif était d’abord de donner la parole à tous ceux qui connaissent le sujet afin de sonder leur vécu, leur vision du combat. Comment a-t-il évolué ? Qui reprend le flambeau et pourquoi ? Zéna M’déré serait-elle fière et satisfaite de la poursuite de son œuvre ?

« Les mahorais que j’ai pu rencontrer ressentent un véritable amour pour leur pays, pour la République. »

Beaucoup d’hommes et de femmes qui se sont battus ont été interviewés. Le reportage est fondé sur 3 questionnaires : un pour les jeunes, un second pour les chatouilleuses et un dernier pour les anciens combattants. Certaines réponses ont été creusées pour faire ressortir le fond du combat, son contexte, son histoire. « Souvent lorsque l’on entend parler de Mayotte, c’est de façon négative. On pointe du doigt la violence, l’immigration clandestine, les problèmes sanitaires… Voilà ce dont on parle le plus. Je souhaite apporter une autre vision de Mayotte. Le reportage portera un message d’espoir en filigrane. Mayotte sera valorisée à travers le combat de ces femmes. » Marvin Sither ne connaissait pas l’île au lagon avant la semaine dernière. Il est arrivé avec un œil neuf et a été charmé par cette île au parfum de République. « J’ai vraiment pris une claque ici. Notamment par rapport aux préjugés que j’ai pu entendre sur l’île. Quand j’ai vu à quel point la religion musulmane était modérée, j’ai été impressionné. Autre chose m’a aussi beaucoup frappé : les mahorais que j’ai pu rencontrer ressentent un véritable amour pour leur pays, pour la République. C’est bien plus fort que ce que j’ai pu voir en Guadeloupe ou en Martinique par exemple… »

Le reportage sera diffusé le 27 avril prochain au ministère de l’Outre-mer. Mayotte première, et France télévision devraient eux aussi diffuser le reportage. Marvin Sither souhaite également une projection au sénat pour définitivement sensibiliser les élus aux problématiques de Mayotte. Notamment sur la question de l’immigration clandestine. Il envisage par ailleurs de produire un long métrage sur les chatouilleuses. De façon à ce que leur combat ne meurt jamais …

Pierre Bellusci

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Mayotte Hebdo n°1086

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