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26/11/2009 – Entretien avec Luc Laurent, président du Réseau habitat et francophonie

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{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : Pouvez-vous nous présenter le Réseau habitat et francophonie ?

Luc Laurent : Le Réseau habitat et francophonie a été créé en 1987 et réunit des opérateurs et des professionnels de l'habitat, que ce soit en termes de production, de gestion, de financement ou même d'aménagement de parcelles destinées à abriter du logement. Des opérateurs qui sont de différents pays : 17 aujourd'hui, avec 56 membres. Cet ensemble de gens réfléchissent ensemble sur une thématique essentielle : le droit au logement dans son principe, mais aussi dans la nécessité de le mettre en œuvre pour les gens, de créer des logements décents qu'ils peuvent s'approprier, habiter, financer. Cette thématique-là est finalement transversale à l'ensemble des travaux du réseau.

L'autre intérêt, c'est de ne réunir que des pays dont la langue française est véhiculaire, ce qui permet des échanges approfondis sans avoir à passer par le biais de l'interprétariat. Ce qui n'est pas étranger à la qualité et à la profondeur des débats et des échanges que nous pouvons mener.

 

MH : Vous vous retrouvez tous ensemble deux fois par an ?

LL : Oui. Nous venons de tenir à la Réunion notre 41ème conférence. En un peu plus de 20 ans, cela fait deux conférences par an. Comme ce sont tous des professionnels qui connaissent leur sujet, il faut être très attentif à alimenter les réflexions et les débats de manière poussée. A la Réunion, le thème était : "Quel logement social pour le XXIème siècle ?", ce qui a incité les membres du réseau de s'interroger sur leurs missions, le sens et la nature de leurs métiers et sur les problématiques du financement.

"Le mimétisme des pays du Nord par les pays du Sud n'est pas intéressant et ne permet pas de répondre aux attentes"


MH : Des problématiques qui doivent être très différentes entre le Congo-Brazzaville et le Québec…

LL : Oui, les différences entre le Nord et le Sud sont criantes. Notre souci est d'amener dans les différentes thématiques les points de vue et les réalités des uns et des autres. On s'inscrit dans des mécanismes de sécurité sociale, d'impôts et de conception de l'Etat social qui sont radicalement différents, embryonnaires dans un certain nombre d'Etats et très sophistiqués dans d'autres pays.

 

MH : Il y a des échanges d'expériences pour essayer d'accompagner les pays plus pauvres vers le développement ?

LL : Oui, il y a des échanges d'expériences dans différents domaines. Le plus récent, c'est dans celui de l'habitat durable. Notre conférence précédente, qui a eu lieu à Paris au mois de juin, s'était intéressée à la conciliation du logement social et de l'habitat durable, avec toutes les thématiques climatiques comme le confort thermique, le choix des matériaux, la maison "passive" ou basse consommatrice d'énergie. Quand on s'est réunis à la Réunion à l'invitation de la SIDR (Société immobilière du département de la Réunion), on a évoqué la conciliation en pratique et sur le terrain de cette construction durable et des missions du logement social.

 

MH : Dans cette problématique du développent durable, les pays du Sud ont peut-être plus à apporter, par rapport aux matériaux par exemple…

LL : Oui, très certainement. Dans la naissance du Réseau habitat et francophonie, c'est d'abord la France confrontée à ses anciennes colonies, dans un schéma qui était plus dans la reproduction de ce qui se faisait dans la Métropole, plutôt qu'en ayant à l'esprit ce qui est intéressant, nécessaire, spécifique par rapport aux endroits où l'on est, qui ont des réalités différentes. C'est à la fin des années 1990 que le face-à-face entre la France et ses anciennes colonies a cessé, avec la Belgique ou le Québec qui nous ont rejoints, ce qui a modifié assez notablement la vision des choses. Par exemple, au Québec, les recherches sur l'utilisation du bois dans la construction sont très importantes.

Dans le développement des sociétés d'habitations et le souci de ne pas simplement faire le transfert du Nord vers le Sud, le mimétisme n'est pas intéressant et ne permet pas de répondre aux attentes. Donc les échanges d'expériences sont devenus de véritables échanges, des confrontation d'idées et pas de l'unilatéralisme. Et c'est moins des échanges d'expériences que des échanges sur les processus et les méthodes de travail. Se demander quelles sont les solutions pour un endroit précis, et se servir de ce qui se passe ailleurs sans le reproduire simplement, brutalement et bêtement.

"Il faut que les sociétés évoluent, mais ne pas négliger leur savoir-faire et leur savoir en matière d'"habiter""

 

MH : Avez-vous un exemple plus précis ?

LL : C'est par exemple toute la place du béton dans la construction, car importer des tonnes et des tonnes de béton a un coût énorme, notamment en transport. Il faut se demander quels sont les matériaux locaux qui pourraient servir à la construction. Il y a aujourd'hui des habitations en matériaux locaux qui répondent aux besoins et au défi du changement climatique. Il faut que les sociétés évoluent, mais ne pas négliger leur savoir-faire et leur savoir en matière d'"habiter".

Aujourd'hui, avec la logique du développement durable, c'est aussi favoriser le développement endogène et donc l'utilisation de matériaux locaux et voir comment, en comparant les processus, l'utilisation du secteur du bâtiment et des artisans de la construction peut développer le tissu économique. Des gens qui ont un véritable métier et qui au fil du temps créent une dynamique au niveau de l'ensemble de la vie économique d'un pays.

Le bois par exemple, plutôt que l'exporter par tonnes en Chine ou ailleurs, pourrait être utilisé chez nous. Au Gabon par exemple, c'est très prégnant… Dans d'autres endroits, cela peut passer par l'utilisation de la terre pour faire des briques qui peuvent servir aussi bien sinon mieux que l'importation de béton, tout en ayant une dimension écologique bien meilleure que l'importation à tout va de produits qui viennent des pays du Nord. Ici à Mayotte, la brique peut faire vivre des artisans locaux, participer au développement d'entreprises et de savoir-faire locaux.

 

MH : Que pensez-vous de la Sim par rapport aux autres opérateurs francophones ?

LL : Il y a ici une réflexion très poussée sur le logement social. Les dirigeants de la Sim sont des gens très professionnels qui maîtrisent leur sujet. Il y a eu du travail ici, des réalisations tout à fait valables, qui sont un apport très riche pour nos travaux.

 

Propos recueillis par Julien Perrot


Le Réseau habitat et francophonie, une ONG présente dans 17 pays sur 4 continents

 

Créée à Paris le 3 décembre 1987, avec le parrainage des ministères français de l’Equipement, du Logement, de la Coopération et des Affaires étrangères, l'association Réseau habitat et francophonie réunit des organismes professionnels du secteur de l'aménagement urbain et de l'habitat social des pays francophones.

C'est une association loi 1901 de droit français, sans but lucratif. Outre la France et son Outremer, ses membres fondateurs sont des opérateurs issus du continent africain principalement (Algérie, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée, Madagascar, Maroc, Sénégal et Tunisie), mais aussi sud-américain (Colombie et Venezuela).

Cette organisation internationale non gouvernementale inscrit son action dans la suite du programme de recherches expérimentales Rexcoop, conduit par le Plan Construction et Architecture (Puca) de 1982 à 1987, avec les maîtres d'ouvrage du logement social des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) et du Maghreb.

Depuis 1996, elle a élargi son audience à l’ensemble des pays francophones et a accueilli de nouveaux membres, notamment de Belgique, du Canada (Québec), du Liban et du Viêtnam. Aujourd'hui, elle est présente dans 17 pays sur 4 continents.

 

Les objectifs de l'association sont de :

– Défendre les principes et l’application du droit au logement à l’échelle mondiale, afin de permettre l’accès à un logement convenable et à prix abordable aux personnes et familles à revenus modestes

– Participer activement à l'épanouissement de la francophonie dans le monde

– Aider à rompre l'isolement professionnel ou linguistique

– Constituer un lieu d'échanges et de réflexions

– Favoriser les jumelages

– Partager les expériences pour établir des modèles de pratiques optimales

– Conduire des actions permettant le développement des compétences et des ressources humaines

– Produire annuellement 2 séminaires internationaux de haut niveau.

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