Ben Issa Ousséni et Bibi Chanfi, respectivement le président et la 2 ème vice-présidente du Conseil départemental ont participé à la Conférence des Nations Unies sur l’Océan qui se tient jusqu’à aujourd’hui à Nice. Bibi Chanfi revient pour Flash Infos sur les thèmes portés par les élus au cours de ce sommet.
Flash Infos : Quel est l’intitulé de cette réunion internationale en métropole à laquelle participent des élus du département ?
Bibi Chanfi : Le président Ben Issa Ousséni et moi-même avons participé à un événement international qui s’intitule « Conférence des Nations Unies sur l’Océan » qui s’est tenu du 2 au 13 juin à Nice. À l’intérieur de ce grand événement, le président Ben Issa Ousseni et moi-même avons notamment pris part à deux événements de grande importance : Ocean rise et le Forum mondial des îles. Ces derniers ont réuni une soixantaine de chefs d’Etat et de représentants de territoires.
Flash Infos : Quel intérêt pour Mayotte de prendre part à ces travaux ? Y a-t-il un enjeu particulier pour notre département ?
B.C : Être à la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, c’est dire au monde que Mayotte agit concrètement, propose des solutions locales, et veut coopérer avec les autres îles et territoires côtiers. C’est aussi rendre visible ce qui se fait de bien à Mayotte malgré les contraintes structurelles. Nos réussites doivent être connues, partagées et soutenues, comme la stratégie que nous avons mise en place sur l’économie bleue.
Nous sommes là également pour parler de notre lagon exceptionnel, pour le faire connaître et dire la nécessité de veiller à sa préservation. Comme l’a souligné le président Ben Issa Ousseni lors de sa prise de parole ici, Mayotte est en première ligne face aux effets du changement climatique, avec une montée du niveau de la mer, un recul rapide du littoral et un affaissement lié au volcan Fani Maoré. Les écosystèmes côtiers, comme les récifs coralliens et les mangroves, sont essentiels pour protéger les habitations des tempêtes, comme l’a montré le cyclone Chido. Mais ces milieux sont fragilisés par la pollution et une mauvaise gestion des déchets. Une action urgente, ambitieuse et collective est nécessaire pour préserver l’environnement et éviter des dommages irréversibles. L’avenir du lagon dépend de nous tous. Institutions, citoyens, jeunes : chacun peut devenir un gardien de la mer. Protéger le lagon, c’est aussi créer des perspectives nouvelles pour notre jeunesse, autour des métiers de la mer, de l’éducation, de la recherche et du tourisme durable.
Flash Infos : Avez-vous le sentiment que la voix de Mayotte a été entendue à l’occasion de ce forum ?
B.C : Oui, elle a été entendue. En tant qu’élus, nous avons engagé de nombreux échanges avec le ministère des Outre-mer et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et avec d’autres territoires comme la Polynésie française, en marge des événements auxquels nous avons participé et des prises de parole publiques. Nous avons également déployé une équipe d’experts en biologie marine, en coopération régionale et en communication pour venir en appui technique des discussions entamées. La démarche que nous avons entreprise ensemble a permis d’aboutir à une annonce officielle de la candidature de la double barrière de corail de Mayotte au Patrimoine mondial naturel de l’Unesco par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il s’agit d’une belle avancée pour notre territoire, en particulier depuis le passage du cyclone Chido.
Flash Infos : Pensez-vous qu’il soit possible pour Mayotte d’obtenir une déclinaison spécifique de cette économie bleue au cours des prochaines années ?
B.C : Cette déclinaison existe déjà, à travers la stratégie de l’économie bleue que nous avons mise en place à Mayotte, avec nos partenaires depuis 2021, fruit d’une concertation impliquant plus de 180 acteurs. Cette stratégie a même inspiré les services de l’État, car elle est alignée avec les grandes orientations nationales et européennes. La déclinaison de l’économie bleue continue de se concrétiser et de se développer également à travers la signature, ce 10 juin, de la feuille de route pour une économie bleue durable ultramarine à l’horizon 2030, par Olivier Jacob, Directeur général des Outre-mer, et Éric Banel, Directeur général des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture, devant l’ensemble des territoires ultramarins. Comme les autres territoires ultramarins, Mayotte figure dans la feuille de route annoncée, qui prévoit, entre autres, la protection du patrimoine naturel, la pêche durable et le développement de l’aquaculture, le tourisme bleu à travers la plaisance, le nautisme et les croisières et l’adaptation aux changements climatiques par la recherche et l’innovation.
Flash Infos : Par où peut-on démarrer ?
B.C : Comme je le disais, la mise en œuvre de la stratégie de l’économie bleue à Mayotte est déjà engagée depuis plusieurs années. Sur le volet environnemental, des actions concrètes sont menées pour limiter la pression anthropique sur les écosystèmes marins : réglementation de la pêche au poulpe, préservation de la mangrove portée par des acteurs de la société civile et le Parc naturel marin. Par ailleurs, la relance de l’aquaculture, qui représente un fort potentiel économique local, est un axe stratégique en cours de développement. Enfin, l’inscription du lagon de Mayotte au patrimoine mondial de l’Unesco est une priorité forte pour les années à venir, tant pour la valorisation que pour la protection de ce joyau naturel unique.
Journaliste politique & économique