Comores : Les véhicules avec volant à droite dans le viseur de la police

Pour contourner l’interdiction d’importer des voitures avec volant à droite, non conformes au code de la route du pays, des automobilistes faisaient changer le volant, le temps de passer la douane comorienne afin d’éviter de payer des frais de dédouanement exorbitants.

Dans la capitale, Moroni, la majorité des véhicules assurant le transport urbain sont des modèles Toyota Vitz, et pas n’importe lesquels. Plus de 60 % d’entre eux ont des volants à droite. Ils sont présents partout à tel point que quiconque souhaiterait s’en passer dans ses déplacements, raterait ses rendez-vous. Mais depuis une semaine, la police routière, notamment celle de la Grande Comore, a lancé une opération de réquisition des voitures et plus particulièrement, celles qui ont subi un changement de la direction du volant, de la gauche vers la droite. Jusqu’à jeudi 29 mai, le parc automobile du commissariat central de Moroni, en comptait une trentaine se trouvant dans ce cas précis, a indiqué, le commissaire lui-même, Abylyassry Aboublethe. « Les propriétaires ont trompé non seulement les douanes, mais aussi la police ainsi que le service en charge de l’immatriculation des voitures. Alors que l’importation des voitures avec volant à droite est interdite, au lieu de se conformer, certains changent leurs volants gauches une fois les barrières douanières dépassées« , a détaillé, le chef des polices.  Selon nos informations, la réquisition n’est pour l’instant appliquée qu’au niveau de la Grande Comore.

Ce qui ne signifie pas pour autant que sur les autres îles, à Mohéli et Anjouan, le phénomène du changement des volants n’existe pas. » Ici, nous avons constaté que les voitures étaient commandées avec les pièces qui leur permettaient de changer la position pour devenir des volants à droite. Pour les identifier, on se sert des numéros de séries. Pour eux, conduire une voiture dont la direction du volant a été modifiée pour répondre à notre code ne les mettait pas mal à l’aise« , a expliqué, le commissaire Abylyassry Aboublethe. Pour mener à bien cette mission, la police travaille en collaboration avec le principal syndicat des transporteurs comoriens (Usukani wa masiwa).  » Nous sommes du côté de la police. Pour récupérer la voiture, il faut revenir au volant gauche« , a tranché, le porte-parole du syndicat des transporteurs, Moustoifa Hammid.

Des véhicules achetés majoritairement à Dubaï

Ce n’est pas la première fois qu’il y a un débat sur la mise en circulation des volants à droite. Depuis 2016, l’interdiction de ces types de véhicules vient régulièrement à l’ordre du jour. En 2018, une note circulaire signée par l’ancien ministre de l’Intérieur de l’Union des Comores, Abdallah Mohamed Daoudou, mettait fin officiellement à l’importation des voitures avec volant à droite, achetés majoritairement à Dubaï. Une mesure qui n’a pas du tout dissuadé la population. Sept ans plus tard, ces véhicules continuent de rentrer au pays. Certains font transiter les voitures vers Anjouan pour modifier la direction du volant avant de l’expédier à Moroni.  » Au garage, la voiture passe une semaine et demie. Les pièces de rechange arrivent dans des cartons dans la plupart des cas. On commence par démonter le câblage et le devant de la voiture. Ensuite, on se sert d’un arbre pour l’installation. L’étape du démontage dure au moins 4 jours. Certaines pièces nécessitent de regarder sur YouTube ou Google« , témoigne un mécanicien basé à Anjouan. A l’entendre, il arrive que des équipements manquent ou que le véhicule soit mal monté depuis Dubaï pendant le changement. « J’ai eu un van de 7 places, il y a eu une erreur lors de l’assemblage des câbles. On a dû refaire, mais avec déjà un peu d’expérience, le remontage n’a pris que deux semaines« , se souvient Ismaël.

Jugés responsables de nombreux accidents

Non seulement ils sont en contradiction avec le code de la route en vigueur, mais les Toyota Vitz dotés de volants à droite, sont jugés responsables de nombreux accidents de la circulation. Même si jusqu’à nos jours, aucun chiffre n’a été avancé pour prouver leur dangerosité. Pour ces multiples raisons, avant d’interdire l’importation, les autorités avaient rehaussé les frais de dédouanement. Une méthode qui n’a visiblement pas réussi à dissuader les acheteurs attirés par ce modèle avec volant à droite, adulés parce qu’ils consommeraient moins de carburant.  » Ce sont des modèles de voitures fabriqués au Japon. Mais à Dubaï, pour passer la douane comorienne, on demande à modifier la position du volant. Une fois aux Comores, pour revenir au côté droit, on paie près de 400 euros« , a relevé Abdoulanzizun chauffeur de Vitz, qui a dévoilé une autre raison qui les pousse à contourner le code de la route. « Nous détestons garder un véhicule avec un volant à gauche parce qu’après le changement de la position, la voiture rencontre des problèmes au niveau du moteur, le volant tourne difficilement« , a-t-il détaillé. Si la réquisition continue, beaucoup parient que la mesure n’ira pas loin.

Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
, 1er journal des ?? / @Reuters @el_Pais @mayottehebdo ??

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