Combani s’est imposé face au FC M’tsapere 3-2 lors de la finale régionale de la coupe de France. Ainsi, les diables noirs valident leur ticket pour la métropole où ils iront dans quelques semaines affronter un club de l’hexagone et ainsi représenter les couleurs de Mayotte.
Samedi dernier, le monde du football mahorais avait les yeux rivés vers Bandraboua où se tenait la finale régionale de la coupe de France qui opposait Combani à Mtsapere. Pourtant favoris, les rouges se sont fait surprendre par les Combaniens. Les leaders du championnat de DH ont couru après le score pendant la quasi-totalité du match. Méconnaissable, la défense de FCM a été auteur de plusieurs erreurs qui lui ont coûté cher. Entre un but casquette et un penalty à la suite d’une faute bête dans la surface, FCM a dû régulièrement se réveiller pour pouvoir arracher les prolongations. Croyant avoir fait le plus dur en recollant à deux partout en deuxième mi-temps, les Mtsaperois se sont reposés sur leurs lauriers et se sont laissés surprendre dès la première prolongation. Incapable d’inverser la tendance, FCM s’est finalement incliné et a donc cédé son titre glané l’année dernière. Quant aux diables noirs, ce titre est une bouffé d’air frais dans une saison difficile puisqu’ils sont actuellement menacés de relégation en DHT. Il reste deux matchs au club du centre ouest pour se maintenir. En attendant, Combani a savouré son titre samedi dernier. Tout le village est sorti dans la rue pour célébrer leurs champions.
Le festival annuel de musique du monde, Milatsika s’est tenu ce week-end à Chiconi. Comme à chaque fois, les organisateurs ont proposé une programmation riche et variée avec des artistes de la région ou d’ailleurs. Retour en images sur l’événement.
→ Le chanteur du groupe Sarera a été le premier à lancer les hostilités en ambiançant le public avec son gabousi.
→ La chanteuse congolaise Gasandji était la tête d’affiche de ce festival, couronné du prix « Talent RFI » en 2013.
→ Abel K a une fois de plus prouvé avec les autres artistes mahorais programmés, la valeur des musiciens de l’île.
→ Le groupe Ziskakan mené par son leader Gilbert Pounia a fait voyager le public à la Réunion sur des airs de Maloya.
→ Le chanteur malgache Mikea a marqué la soirée de vendredi avec sa folk et son blues teintés de traditions musicales de la grande île.
→ Un festival de musique à Mayotte sans M’godro, c’est comme Paris sans la Tour Eiffel et samedi soir, c’est Baré qui a mis en avant la musique locale.
→ Jahdid est descendu de son village d’Hamjago pour faire partager ses reggae vibes au plus grand plaisir du public.
→ Le chanteur Elji et son groupe, bien connus du public mahorais, ont assuré le spectacle en faisant régulièrement participer les spectateurs.
Ce samedi 14 octobre, Le Trévani va vibrer aux sons de l’artiste Vegedream qui connaît un véritable succès en ce moment. Très connu grâce à son groupe de rap et afrobeat « La Synesia » dont il est le leader. Depuis maintenant 5 mois, il a décidé de se lancer dans une carrière solitaire et enchaîne depuis les featurings avec des artistes connus sur la scène nationale comme Naza avec le titre Enfumé ; Dadju & Franglish avec le titre C’est plus l’heure ; ou bien sa dernière association avec Dj Leska & KGS sur le titre Vay qui comptabilise actuellement plus de 5 millions de vues sur YouTube.
En parallèle à cela, Vegedream a déjà sorti un premier single en solo qui s’intitule Obscure et assure aussi une série de clips Le Marchand de sable dont trois parties sont disponibles en ligne. Le chanteur est également connu aussi sous le nom de Vegeta : «c’est mon professeur qui m’avait donné ce surnom suite à une coiffure que j’avais faîte qui ressemblait à un personnage du dessin animé Dragon Ball Z ». Quant à son genre musical, il est à l’extrême opposé du héros de manga puisque sa musique est basée sur le thème de l’amour.
«Je ne connaissais pas Mayotte… j’ai été agréablement surpris par l’accueil »
C’est donc à l’occasion de l’International Beach Party que Vegedream vient pour la première fois dans le 101ème département : «Je ne connaissais pas Mayotte et je n’en avais jamais entendu parler. Une fois arrivé sur place j’ai été agréablement surpris par l’accueil et les fans qui ont fait le déplacement ; je ne m’y attendais pas du tout », confie-t-il. Parmi ses projets, le natif de la Côte d’Ivoire souhaite finir l’album Conquête du Trône avec La Synesia avant la fin de l’année. Il travaille également sur son album personnel tout en continuant sa série Le Marchand de sable. Fier de ses origines, Vegdream n’oublie pas d’où il vient et revendique fièrement sa nation et sa ville natale Gagnoa à chacun de ses titres. « J’ai quitté mon pays très petit et je n’ai presque plus de souvenirs. Tous les ans j’ai envie d’y retourner, mais je ne me sens pas encore prêt. Je travaille dure tous les jours pour marquer le coup quand j’irais là-bas ; je ne veux pas passer inaperçu », indique-t-il.
Depuis qu’il est à la tête de l’hôtel Trévani, le gérant Tanchiki Mahore souhaite faire connaître davantage ses lieux en faisant venir divers artistes comme on a pu le voir avec Diamond Platnumz, Mokobé, Les Toofans, Makassy, Goulam et bien d’autres encore. En plus de recevoir des chanteurs internationaux, il reçoit également des DJ de renom tels que DJ Jam’s et DJ Gil B pour animer ces soirées au bord de la plage.
Le rendez-vous est donc fixé ce samedi soir à partir de 19h pour un show unique.
Les Diables Noirs de Combani défient demain après-midi les Diables Rouges de Mtsapéré en finale de Coupe Régionale de France. Les Mtsapérois, qui ont déjà remporté quatre finales par le passé, sont favoris. Mais les Combaniens croient en leurs chances.
« Vous imaginez la motivation ! », a lancé ce midi l’entraineur des Diables Noirs de Combani lors d’une conférence de presse organisée au siège de la Ligue Mahoraise de Football à Cavani. Le club s’apprête en effet à disputer demain à 15h sa première finale de Coupe Régionale de France (CRF), sur le terrain synthétique de Bandraboua, face au Football Club de M’tsapéré (FCM), un autre pensionnaire de DH. Pour rappel, l’équipe qui remportera la finale aura le privilège de jouer le septième tour de la Coupe de France en métropole.
Même si les Combaniens jouent le maintien en championnat, l’entraineur Solo Bamana estime que ses hommes « ont le niveau » pour battre le FCM, qui joue pourtant les premiers rôles en championnat et qui a déjà remporté par le passé quatre finales de CRF (sur cinq jouées).
« Les joueurs de M’tsapéré jouent bien au ballon », poursuit-il. « Mais nous allons montrer que nous jouons encore mieux qu’eux. Dans la mesure où notre force est notre milieu de terrain, nous allons jouer en 3-5-2 de manière à bétonner. Nos attaquants, qui vont vite devant, termineront le travail. »
Quoi qu’il en soit, les Diables Noirs ont montré qu’ils avaient progressé face aux Diables Rouges. Car si les deux premières rencontres de la saison entre les deux équipes se sont soldées par une victoire du FCM (3-0 à Combani en phase aller du championnat et 1-0 en coupe de Mayotte), les Combaniens ont failli l’emporter lors du match retour en championnat, puisque les M’tsapérois ont obtenu le point du match nul en toute fin de partie (2-2).
Malgré tout, Abidi Massoundi, entraineur du FCM, a estimé ce midi que son équipe était favorite, « même si tout peut arriver sur un match ». Refusant, au contraire de son homologue de Combani, de dévoiler sa tactique avant le match, il a toutefois affirmé que la différence « se fera au milieu de terrain ».
Au-delà de cette finale, le coach du FCM s’est projeté sur une éventuelle nouvelle participation au septième tour de la Coupe de France en cas de victoire demain. Pour rappel, le FCM est devenu l’année dernière le premier club mahorais à disputer des prolongations (face à Rodez, un club de CFA) lors du septième tour de la Coupe de France. « Cette année, nous serons mieux armés si l’on se retrouve à ce stade de la compétition », a-t-il affirmé. « Tous les postes ont été doublés. »
Quelque soit le vainqueur, espérons que le spectacle sera au rendez-vous demain. La finale l’an dernier entre le FCM et le FC Labattoir avait en effet largement tourné en faveur des Diables Rouges (3-0), au détriment du jeu. D’autant que cet événement est l’un des plus fédérateurs de l’île. « Nous attendons au moins 3 000 personnes », a avancé Aurélien Timba Elombo, directeur général de la Ligue. Avant de se reprendre: « J’exagère un peu, c’est mon côté marseillais qui parle ».
Où acheter un billet?
Les personnes qui n’ont pas encore acheté de billet pour la finale pourront le faire demain à Bandraboua mais en s’y prenant tôt. « Nous fermerons la billetterie une heure avant le match », avertit Aurélien Timba Elombo, directeur général de la Ligue Mahoraise de Football (LMF). Ils peuvent aussi se rapprocher des clubs ou venir à la LMF pour acheter le précieux sésame. Le tarif est de 5 euros pour voir les deux matches (finale des moins de 18 ans de la coupe de Mayotte entre le FC Labattoir et Foudre 2000 de Dzoumogné à 12h et finale de la Coupe Régionale de France).
Depuis quelques années, nombreux sont les internautes à avoir investi le web en tant que blogueurs ou youtubeurs, que ce soit dans le domaine de l’humour, de la mode ou encore de l’esthétique. Des Mahorais ont également suivi la tendance. Rencontre avec ces stars locales 2.0.
MaiMai
« Montrer aux filles noires que leurs cheveux poussent et sont beaux »
MaiMai (Maimouna) est une blogueuse beauté originaire de Sada et Mtsangamouji. Elle vit à Kangani depuis son retour à Mayotte, il y a un an jour pour jour. Infirmière au CHM et maman de deux enfants, MaiMamai a créé sa page Facebook il y a un peu plus d’un an, le jour où elle a décidé ne plus utiliser de produits défrisants, privilégiant ainsi ses cheveux naturels. « Je voulais me défaire de l’emprise des diktats de la beauté, parce que toutes les filles noires ont voulu un jour ou l’autre avoir les cheveux lisses et longs comme les Européennes », explique-t-elle.
« J’ai créé ma page pour partager les résultats de ma pousse capillaire et surtout pour montrer aux filles de « ma communauté » que les cheveux afro poussent et sont beaux ». La chroniqueuse publie ses recettes naturelles et les teste avant de réaliser un article.
Elle l’assure: son but n’est pas de faire du communautarisme. « Des filles de tout horizon suivent ma page (Mahoraises, Africaines, métisses, Européennes). Même des filles anglophones qui vivent aux quatre coins du monde m’envoient des messages pour avoir des précisions sur des produits ou des techniques. »
Actuellement, la blogueuse compte 2 445 abonnées sur sa page. Si MaiMai a choisi ce créneau, « c’est parce que la beauté est le domaine sur le net dont les filles parlent le plus. À la base, je voulais juste en parler avec mes copines et mes connaissances et au fil des mois j’ai vu que beaucoup de personnes s’intéressaient à mes publications ». Si certains monétisent leur activité de blogueur en se faisant sponsoriser par des marques, ce n’est pas son cas. « Je le fais vraiment pour le plaisir et le partage. Mais j’avoue que j’ai eu quelques propositions pour des partenariats et j’y réfléchis. Par exemple, je parle depuis peu de certains produits qu’on m’a offerts et que j’ai pu tester ».
Makoa Mena s’est spécialisée dans les voyages. Originaire de Mtsamoudou dans la commune de Bandrélé, elle réside actuellement à Mamoudzou. Maman et institutrice stagiaire depuis quelques mois, Makoa Mena s’est lancée sur Youtube le 8 mars 2016, date de la journée de la femme. « Un pur hasard », explique-t-elle. Mais la chroniqueuse ne s’est pas contentée de Youtube puisqu’elle a aussi créé ses comptes officiels Facebook, Instagram et Snapchat.
« Ma chaîne invite au voyage, à la découverte, à explorer, à s’émerveiller, mais surtout à s’ouvrir au monde. Si je devais utiliser une seule phrase pour décrire mon concept, ça serait cette citation du Dalaï-Lama : « once a year, go someplace you’ve never been before » (traduction: une fois par an, va dans un endroit où tu n’as jamais été auparavant, ndlr). Cette phrase vous enseigne qu’on n’a pas forcément besoin de prendre un avion pour découvrir des nouvelles choses ».
C’est en visionnant de nombreuses vidéos sur Youtube que son idée lui est venue : « c’est en regardant d’autres filles présenter leur passion que j’ai ressenti le besoin d’en faire autant. Puis un jour j’ai réalisé qu’en fait je n’avais jamais vu de vidéos youtubeurs spécialisés dans les voyages. J’ai cherché un peu puis j’ai fini par trouver, mais elles étaient uniquement en anglais. »
Son but à travers ses vidéos est multiple : faire voyager à travers une vidéo de quelques minutes ceux qui ne peuvent pas voyager, montrer un pays autrement, avec un autre regard que celui des médias dits classiques, montrer un endroit à travers ses yeux et avoir « un ressenti authentique » et enfin donner l’envie à ses « followers » de s’ouvrir au monde.
Mais ce qui touche le plus Makoa Mena, c’est quand un internaute lui fait remarquer: « ah, je ne pensais pas que c’était comme ça là-bas. Tu as changé ma vision de ce pays ». « C’est quand j’entends ça que je me dis c’est bon j’ai réussi à atteindre mon but », se confie-t-elle.
Si son activité sur internet est complètement bénévole, la blogueuse ne s’interdit pas d’aller plus loin à l’avenir: « pour le moment je me contente de partager. Mais peut-être qu’un jour un projet me viendra en tête ».
« Mister V ou Norman m’ont donné envie de faire comme eux »
Ahamadi Boura El-farouk, plus connu sous le pseudonyme de Elinem, a 21 ans. Originaire de Labattoir, il fait rire les internautes depuis maintenant trois ans. Il réalise des vidéos parodiques et comptabilise à ce jour plus de 5 millions de « vues » et plus de 30 000 abonnés. Pourtant, le jeune homme n’était pas prédestiné à une carrière d’humoriste. C’est d’abord au chant que s’est initié le Petit-Terrien. « Mais ça ne fonctionnait pas, du coup je me suis mis à traduire en shimaore des dessins animés pour le délire ». C’est à la suite de ces montages que lui est venue l’idée de faire des sketchs. « J’ai découvert des youtubeurs tels que Mister V ou Norman. Ils m’ont donné envie de faire comme eux ». Mais au-delà de faire rire les internautes, Elinem souhaite aussi faire parler de Mayotte ailleurs que dans la rubrique fait divers. « On entend parler que de violence et de délinquance. Je veux donc montrer que nous aussi les jeunes de Mayotte, on peut aller loin ». L’humoriste en herbe voit loin et espère faire de sa passion son métier. Il semble en prendre le chemin puisqu’il arrive actuellement à monétiser ses vidéos grâce au nombre de vues cumulées sur la plateforme Youtube.
Mariame Hassani est bien connue dans le paysage de la mode et de la beauté à Mayotte puisqu’elle est la première miss Mayotte de l’île (élue en 2000). Directrice d’école, déléguée du comité Ambassadeur Mayotte et surtout maman de deux filles, Mariame Hassani a créé une chaîne Youtube il y a deux ans afin de partager ses conseils « lifestyle ». « Ce n’est pas un blog de mode, ni de cuisine, ni de déco, ni d’humeur, ni de voyage, mais bien tout ça à la fois », décrit-elle. « C’est un blog reflétant ma manière de vivre et de penser. C’est une envie forte de partager mes expériences afin de permettre à ceux qui le souhaitent de gagner du temps dans leur vie et de se focaliser sur l’essentiel. Je propose des méthodes ou stratégies à adopter pour surpasser les difficultés ».
À 36 ans, Mariame Hassani explique avoir trouvé un équilibre « épanouissant et harmonieux », ce qui l’amène à partager cet état de bien-être. Elle souhaite ainsi que chaque femme puisse aussi se sentir bien dans sa peau.
La blogueuse s’adresse généralement aux femmes « mais j’ai vu qu’il y avait autant d’hommes que de femme qui s’intéressent à mes vidéos et qui m’envoient des messages sur des problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie. »
Avec 1 931 abonnés, son nombre de « fans » sur sa chaîne Youtube ne cesse d’augmenter. Sans oublier ses followers sur Facebook (28 000). « Je comptabilise plus de 250 000 « vues » sur l’ensemble de mes vidéos. La plus regardée « comment garder son homme à la maison » atteint la barre des 94 000 « vues ».
Depuis peu, son activité sur Youtube est rémunérée. « Mais la richesse des histoires que je partage avec mes abonnés est tellement forte en émotion. Ce contact premier et privilégié reste, pour moi, le plus important », jure-t-elle. « Le reste est secondaire. «
À l’avenir Mariame Hassani projette d’organiser des conférences, privées ou non, afin de faire profiter le plus grand nombre de ses expériences et conseils. « Le reste viendra… »
Originaire de Passamaïnty, Tava Colo serait la doyenne des Français, à près de 115 ans. En effet, d’après sa carte d’identité, la « coco » est née le 22 décembre 1902. Elle détrônerait ainsi la dernière doyenne de France connue, Honorine Rondello, née en 1903.
Dans l’une des coquettes maisons à l’entrée du village de Passamaïnty réside celle qui serait la doyenne des Français à bientôt 115 ans, Tava Colo. A l’intérieur, une quinzaine de personnes, de toutes générations, grands-mères, jeunes femmes et enfants m’accueillent chaleureusement.
Quand je demande combien d’enfants, de petits-enfants, d’arrière-petits-enfants, d’arrière-arrière-petits-enfants Tava Colo a eu, les femmes de la famille se mettent à compter sur leurs doigts, s’interpellent, rient, rectifient des oublis. Nous finissons par sortir un carnet et un stylo et notons de complexes ramifications généalogiques. Le résultat en vaut la chandelle : 2 filles, 9 petits-enfants, 40 arrière-petits-enfants et 53 arrière-arrière-petits-enfants. Avant de m’emmener dans la chambre où Tava Colo se repose, sa famille brosse un rapide portrait de celle qui serait l’aînée des Français : originaire de Passamaïnty où elle a vécu toute sa vie, Tava Colo a eu deux filles, aujourd’hui décédées, de son premier mari. Elle a été mariée plusieurs fois et aurait congédié les époux qui ne s’entendaient pas avec ses enfants.
Mais c’est évidemment la principale intéressée qui raconte le mieux. De son lit médicalisé, la doyenne décrit sa vie passée aux champs, à la pêche, à faire la lessive dans la rivière et à s’occuper de sa famille.
Quand on lui demande ses secrets de longévité, l’auguste dame répond simplement qu’il faut être respectueux de tous, petits et grands, et qu’il est important de prendre soin de soi, d’être toujours très propre. « Ah ça oui, quand elle pouvait encore bouger toute seule, elle passait des heures dans la salle de bains », taquine très gentiment une de ses petites-filles.
Son souvenir le plus marquant ? Ce jour où elle a été déchue de son rôle de chef de village pour être allée au mariage d’un de ses petits-fils qui épousait une « serrez-la-main ». Mais Tava Colo ne regrette rien car pour elle, la famille est sacrée, bien au-delà des clivages idéologiques.
De manière générale, Tava Colo trouve que Mayotte a changé. « Avant, il n’y avait pas toutes ces tensions et les gens vivaient du strict nécessaire », remarque-t-elle.
En attendant, la « coco » est la mémoire du foyer, du village, voire de l’île. « A chaque fois qu’une copine vient à la maison, Tava nous raconte qui c’est et quel lien de parenté on a avec elle ! On a ainsi découvert qu’on avait de la famille jusqu’à Choungi, par exemple », s’amuse une de ses petites-filles.
Tava Colo est l’une des rares femmes de Mayotte à faire des liens là où plus personne n’en est capable. Une véritable mémoire de l’île dont Mayotte peut être fière.
Invité hier par le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte à échanger sur les questions de santé, le directeur général de l’Agence de santé Océan Indien (ARS OI) a parlé « sans langue de bois ». Il a reconnu que la situation était « insatisfaisante » et a explicité la position de l’ARS sur un certain nombre de questions sensibles, dont celle de l’immigration.
Les échanges furent vifs bien que cordiaux hier au sein du Conseil départemental entre les membres du Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (Cesem) et le directeur général de l’Agence de santé Océan Indien (ARS OI), François Maury, ainsi qu’avec le directeur de la délégation de l’île de Mayotte de l’ARS, Xavier Montserrat. Et pour cause : invités par le Cesem à présenter le Plan régional de santé (PRS) 2018-2027, les deux directeurs n’ont pas pratiqué la langue de bois.
« Je ne me satisfais pas de la situation », a reconnu en préambule François Maury qui a explicité : « Le mode d’organisation et les moyens sont présents mais pas suffisants ». Le directeur général a évoqué un CHM mis « presque à genoux » entre 2015 et 2017 en raison d’une augmentation très importante du nombre d’accouchements sur cette période (+45%) et d’une fréquentation de l’hôpital en général ayant elle aussi explosé (+25%).
Le directeur de la délégation de l’île de Mayotte a lui aussi parlé sans ambages : « 90% de mon temps est passé sur la gestion de crises (…) très aigües, dans un contexte d’extrême vulnérabilité ». Rappelant l’insuffisance de médecins sur le territoire – 216 médecins en tout dont 20 médecins généralistes en libéral (source : STATISS Océan Indien 2016) –, Xavier Montserrat a provoqué une sincère indignation parmi les membres du Cesem lorsqu’il a révélé le coût annuel des dépenses de santé par habitant par an à Mayotte : 900 euros, contre 3000 euros à La Réunion et 3300 euros en métropole.
« Arrêtons d’être jaloux de La Réunion »
« On ne comprend pas qu’on maintienne depuis tant d’années de telles différences entre Mayotte et les autres territoires de France », s’offusque Abdou Soimadou Dahalani, président du Cesem. « Arrêtons d’être jaloux de La Réunion », a répondu François Maury. « La Réunion a eu son propre développement, son propre rythme » et est département depuis plus longtemps que Mayotte, a encore ajouté le directeur général. Il a enjoint les Mahorais de cesser les comparaisons et de se concentrer plutôt sur la mise en œuvre d’un développement qui serait propre au 101ème département français.
Problématique inévitable, l’immigration – dont le Cesem a souligné le poids économique pour les assurés sociaux et l’effet important de saturation sur le système de santé de Mayotte –, a maintes fois été évoquée lors des échanges. « Je ne rentre pas dans ces débats (…) Quelqu’un qui a besoin de soins doit être pris en charge dans le cadre de la réglementation », a déclaré fermement François Maury. Le directeur général a également expliqué que le CHM de Mayotte était le seul hôpital de France – avec celui de Saint-Pierre et Miquelon – à fonctionner avec une dotation globale et non un remboursement à l’acte, même si l’objectif à terme était de « tendre vers la tarification à l’activité ». En d’autres termes, alors que les autres hôpitaux de France obtiennent des moyens financiers en fonction de leur activité, le CHM compose avec une dotation globale de financement. Mais cette dotation globale demeure « insuffisante », a admis François Maury. Enfin, le directeur général a indiqué que les questions de compensation financière liée au poids économique des soins apportés aux étrangers seraient étudiées dans le cadre du schéma régional de santé (SRS).
Mayotte choisie pour expérimenter la vaccination par les infirmiers
Mayotte est un des trois territoires de France à avoir été choisi pour tester le système de dérogation d’un certain nombre d’actes médicaux, comme l’administration d’un vaccin par un infirmier, a annoncé hier François Maury.
Alors que la peste continue de frapper Madagascar, des interrogations quant à un risque de propagation de la maladie à Mayotte subsistent dans l’esprit de nombreux Mahorais. Pourtant la direction de la veille et sécurité sanitaire de l’ARS (agence régionale de santé) Océan indien se veut rassurante. Le risque est “très faible”.
Le phénomène est récurrent et beaucoup de monde a tendance à l’oublier. Chaque année à cette période, la grande île est touchée par une épidémie de peste pulmonaire plus ou moins importante. Mais cette fois-ci en 2017, la maladie est plus virulente que les années précédentes. Depuis son déclenchement fin septembre, la peste a fait une quarantaine de morts à Madagascar. Face au risque de contagion au reste de la région du canal de Mozambique, nous avons contacté le directeur de la cellule de l’institut de veille sanitaire en région océan indien, le docteur François Chièze. L’occasion de faire le point sur la situation.
Flash Infos : Quelles sont les mesures prises localement pour prévenir une propagation de la maladie à Mayotte ?
François Chièze : Il faut d’abord rappeler que le déclenchement de la maladie est extrêmement brutal et se manifeste par une toux bruyante et une grosse fièvre. Il est donc facile de repérer les cas infectés. Par conséquent, le déplacement de la personne a peu de chance de se faire. Le risque de propagation est très faible. Néanmoins, certaines personnes peuvent avoir été au contact de personnes malades sachant que la maladie se transmet par voie respiratoire. Ainsi, des moyens supplémentaires dans les ports et aéroports sont mis en place afin d’informer les voyageurs sur la maladie. Les médecins de l’île ont été informés sur les mesures à prendre en prophylaxie (ensemble de moyens médicaux mis en œuvre pour empêcher l’apparition, l’aggravation ou l’extension des maladies, NDLR). Le contrôle sanitaire aux frontières au port et l’aéroport ont été renforcés.
FI : L’épidémie actuelle est-elle déjà sortie du territoire malgache ?
FC : Non. Elle reste concentrée sur les hauts plateaux malgaches. Un Seychellois est néanmoins décédé après avoir été en contact à Madagascar avec des personnes infectées. À ce jour, dans l’histoire aucun cas de peste n’a été importé à Mayotte ou la Réunion.
FI : Comment soigne-t-on ou prévient-on la maladie ?
FC : Il existe un vaccin, mais aujourd’hui il est plus toxique qu’efficace donc on ne l’utilise pas. Il y a à ce jour 5 antibiotiques différents qui fonctionnent à 100 % pour traiter des malades atteints de la peste. Il existe aussi des traitements préventifs pour des personnes qui pensent avoir été en contact avec des personnes contaminées. L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) a augmenté ses stocks d’antibiotiques. Elle peut traiter 5 000 personnes et peut même augmenter sa capacité d’intervention auprès de 100 000 personnes. Les traitements et tests à Madagascar sont gratuits.
FI : Quels sont les moyens humains en place à Mayotte pour prévenir toute contagion ?
FC : Nous avons actuellement une équipe de dix personnes (infirmiers, médecins et spécialistes sanitaires) au sein de notre agence à Mayotte qui intervient au port et à l’aéroport, les points d’entrées sur le territoire. À l’heure actuelle, tous les professionnels de l’accueil médical ou non sont formés pour prévenir tout risque.
À l’occasion du lancement officiel aujourd’hui de la campagne « Bassi ivo » pour sensibiliser la population aux économies d’eau, nous avons obtenu les dernières informations concernant le niveau des retenues collinaires. Si celle de Combani est remplie à 66,4%, celle de Dzoumogné est à un niveau inquiétant : 20,3%. Les pluies ne sont pas encore assez fréquentes et assez localisées au-dessus des retenues pour les remplir. Reste à espérer que les prévisions de Météo France quant à une pluviométrie légèrement supérieure à la normale cette année se matérialisent par des averses au-dessus ou à proximité des lacs.
L’adjoint au maire de Mamoudzou, le socialiste Bacar Ali Boto, a fait une déclaration le 6 octobre dernier sur les réseaux sociaux en réaction au contexte actuel qui pèse autour de la problématique de l’immigration clandestine. Loin de calmer les tensions, l’élu local parle sans détour de « guerre imminente » entre Mahorais et Comoriens. Ci-dessous le texte dans son intégralité publié par l’intéressé sur son compte Facebook.
« Actuellement, les Mahorais ne se demandent plus si la guerre civile ou guerre de libération pouvant les opposer à leurs voisins installés frauduleusement à Mayotte aura lieu, mais plutôt quand est-ce que cette guerre va-t-elle se déclencher ? En effet, tous les ingrédients sont réunis pour une telle déflagration. Ainsi, les Mahorais considèrent que cette confrontation impitoyable reste inévitable. Certes, les Mahorais sont traditionnellement et de nature très tolérants et pacifistes. Mais ils ont démontré dans le passé que lorsque leurs intérêts vitaux se trouvent en danger, aucune force ne peut les arrêter. Et pour se défendre, ils ne reculent devant aucun sacrifice, y compris devant le sacrifice suprême, la mort. Or, les Mahorais se sentent aujourd’hui menacés jusqu’à leur propre existence par cette immigration massive, clandestine et guerrière. De même, l’examen de l’évolution des événements ne laisse aucun doute, les Mahorais sont psychologiquement et matériellement prêts au combat et ont hâte à en finir. Cet état d’esprit est renforcé par la triste et regrettable conviction selon laquelle l’État, notre État aurait choisi son camp, celui de l’Ennemi. Fantasme ou réalité ? Hélas, peu importe ; la masse y croit dure comme fer. La situation est d’autant plus préoccupante que les clandestins et leurs soutiens ont le sentiment justement de bénéficier de la complicité et de la protection des pouvoirs publics étatiques. D’où les multiples actes de provocation observables quotidiennement de la part de nos assaillants. Il semble également que de leur côté ces derniers ne cherchent que la moindre opportunité pour exprimer leur talent de guerriers féroces et infatigables. Peut-on encore éviter cet embrasement généralisé annoncé ? Seuls les gouvernements français et comorien détiennent la réponse à cette question. En effet, dans cette bataille fratricide la France et l’Union des Comores représentent respectivement l’arbitre central et l’arbitre de touche. Espérons qu’ils décident de stopper cette spirale infernale avant qu’il ne soit trop tard. »
120 vaches de races jersiaise et gasconne commandées par la coopérative des éleveurs mahorais devaient atterrir mercredi sur l’île aux parfums. Mais les pilotes ont estimé que les mesures de sécurité n’étaient pas réunies et ont refusé d’assurer le vol. Face à cette déception, la coopérative et les éleveurs concernés vont tenter de faire venir les animaux au compte-gouttes (de lait).
La piste de l’aéroport a encore fait des siennes. 120 vaches de races jersiaise et gasconne commandées par la coopérative des éleveurs mahorais devaient atterrir mercredi sur l’île aux parfums. Mais cette dernière a été informée du refus des pilotes d’atterrir à Mayotte. « L’appareil utilisé était compatible avec la piste de l’aéroport de Mayotte », explique la Coopadem (coopérative des éleveurs mahorais) dans un communiqué. « Mais les pilotes ont estimé que les mesures de sécurité n’étaient pas réunies (longueur de la piste, zone de freinage d’urgence) et ont refusé d’assurer le vol. »
La coopérative a élaboré ce projet d’importer des vaches de races jersiaise et gasconne en provenance de métropole pour dynamiser l’élevage mahorais. « Si je prends l’exemple de mon exploitation, je n’ai réussi depuis le mois de juillet à satisfaire que 50% des commandes de lait », témoigne Mohamed Boinahery, président de la Coopadem. « Et parmi les clients que j’ai pu servir, je n’ai pas pu leur donner la quantité qu’ils voulaient. En ce qui concerne l’importation de vaches de race gasconne, cela permettra d’offrir une alternative à la viande de zébu, qui coûte cher (14 à 15 euros le kilo). »
Les éleveurs se sont mobilisés pour financer eux même un projet d’importation pour un budget de plus de 500 000 euros. Les éleveurs avaient aménagé leur exploitation pour le bien être de ces nouveaux arrivants. La coopérative a par ailleurs aménagé un terrain à Pamandzi pour accueillir les vaches à leur débarquement en toute sécurité. 22 tonnes de foin de luzerne avaient été reçues pour l’alimentation des animaux pendant les premières semaines.
Face à cette déception, la coopérative et les éleveurs concernés se sont rencontrés mercredi afin de trouver des solutions. « Même si cela va prendre du temps, nous allons essayer de faire venir les vaches progressivement par petits îlots », indique Mohamed Boinahery. « Le directeur de la coopérative est parti en métropole pour trouver la solution la moins couteuse afin que les éleveurs concernés ne remettent pas la main à la poche. Nous allons faire en sorte de prendre des vaches moins chères. »
A noter qu’en 2008, un projet similaire avait été piloté par la chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (Capam) et subventionné par le conseil départemental. Il avait permis d’importer 50 vaches de race Montbéliarde sur le territoire.
A l’occasion de la semaine nationale de l’égalité professionnelle se tenant du 2 au 8 octobre, la BGE organise à Mayotte samedi et dimanche un salon destiné aux femmes entrepreneures. L’occasion pour toutes les femmes de Mayotte d’échanger avec celles qui s’accomplissent dans le domaine professionnel et de rencontrer les structures qui les accompagnent vers la réussite.
Mayotte, tel l’ensemble des départements français, consacre la semaine du 2 au 8 octobre à la promotion de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Et il y a urgence à réagir en la matière si l’on se réfère aux chiffres énoncés par le Gouvernement : en 2014, les femmes touchaient 18.6% de moins que les hommes ; en 2015, elles étaient 14.5% à occuper des postes de cadres et assimilés aux professions intellectuelles supérieures contre 20.3% pour les hommes ; et en 2017, toutes les entreprises du CAC 40 sont dirigées par des hommes sauf une (Sodexo).
Heureusement, les habitantes de l’île ne restent pas les bras ballants face à cette situation d’injustice et sont de plus en plus nombreuses à créer leur propre entreprise (même si pour le moment, seules 30% des créations d’entreprise à Mayotte sont portées par des femmes, selon la BGE). Ce sont ces femmes – entreprenantes et qui réussissent – que la BGE met à l’honneur le 7 octobre à Dembéni (place Mangrove) et le 8 octobre à Tsimkoura (au plateau) pour deux jours de salon entrepreneurial au féminin, en partenariat avec l’Union européenne, l’Etat, le Conseil départemental, la Caisse des dépôts et consignations mais également la Couveuse d’entreprises, Créa’Pépites, le Cabinet mahorais de conseil et MOI.
« Nous avons souhaité nous démarquer des évènements qui se font souvent à Mamoudzou, place de la République », explique Sitina Malidi, l’organisatrice du salon. « C’est pourquoi nous avons implanté ce salon à Dembéni, là où il y a le centre universitaire et un fort développement économique, ainsi qu’à Tsimkoura puisque nos statistiques montrent que dans le sud, il y a une réelle dynamique de création d’entreprise par des femmes », ajoute la responsable du pôle Création, innovation et reprise d’entreprise à la BGE.
Ce « salon de l’entrepreneuriat au féminin » a pour ambition d’attirer 5000 visiteurs. Il a pour objectif principal de sensibiliser les femmes, et notamment celles qui sont porteuses de projets, et de les mettre en rapport avec les structures d’aide à la création et/ou à la reprise d’entreprise.
Au programme de ces deux journées ouvertes à tous et qui se dérouleront de 9h à 14h, des interventions majoritairement féminines d’officiels, de représentantes de l’Etat, du Conseil départemental, des communes mais aussi des témoignages de chefs d’entreprises. Ces dernières tiendront des stands afin de permettre aux visiteurs de se renseigner sur l’entrepreneuriat. En outre, l’ordre des experts-comptables proposera des consultations gratuites sur place.
La Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) a investi le parvis du comité du tourisme hier pour célébrer ses 40 ans d’existence. L’occasion d’informer le public sur les bénéfices des services dématérialisés pour les assurés sociaux et la sécurité sociale.
Ce n’est pas le salon du tourisme ou celui de l’artisanat en termes d’ampleur, mais la journée organisée hier place de la République à Mamoudzou par la CSSM avait toute son importance. Afin de souffler ses 40 bougies, la Caisse a disposé plusieurs stands afin d’informer les passants sur les diverses activités de la sécurité sociale dans le 101ème département telles que l’assurance retraite, l’action sociale, l’assurance maladie ou encore les allocations familiales. Mais l’une des principales animations portait sur la dématérialisation et le téléservice. Pour cela, un espace dit « tuto web » a été mis en place afin d’expliquer à tout un chacun comment fonctionne le site www.ameli.fr de la sécu. Un outil utile pour réaliser ses démarches en ligne sans à devoir se déplacer au siège de la CSSM située place de l’ancien marché. Le but étant de réduire les longues files d’attente que connaissent les locaux de la Caisse. Les réactions des visiteurs étaient globalement unanimes quant à l’utilité de l’événement. C’est en tout cas l’avis que partage Ali Ousseni Tadjidina, pêcheur: « je passais dans le coin. En tant que patron, je connais déjà la réglementation de la sécurité sociale. Je trouve qu’aller à la rencontre du public sur une place publique c’est une belle initiative car beau coup de gens ne savent peut-être pas où se trouvent les locaux de la CSSM. Aujourd’hui, c’était l’occasion de poser toutes les questions que l’on souhaite dans ce domaine ». La sécu entre ainsi dans sa 4ème décennie d’existence, un cap comme celui de réussir le pari de convaincre les Mahorais à recourir plus souvent au téléphone et à internet pour réaliser leurs démarches.
Les entreprises de Théophane Narayanin dit Guito, IBS et Hold Invest ont été condamnées hier par le tribunal correctionnel de Mamoudzou pour avoir déboisé illégalement une parcelle dans la commune de Koungou. Cette opération avait été menée dans le but d’exploiter une carrière. Les deux sociétés ont donc été condamnées à 30 000 € d’amende chacune. L’entrepreneur a 10 jours pour faire appel de la décision.
Deux corps ont été repêchés aux abords du port de Longoni. Ils ont été déposés au port de Dzaoudzi par la gendarmerie avant d’être transportés par les pompes funèbres au CHM de Mamoudzou. Il s’agirait d’une femme et son enfant.
A 45 ans, désigné par ses pairs du groupe des sénateurs de la République en Marche, Thani Mohamed Soilihi va devenir vice-président du Sénat. Pour rappel, le sénateur de Mayotte a été réélu le 24 septembre dernier pour un deuxième mandat, avec une large avance (51,65% des voix au second tour). Une réélection attendue au vu des avancées que son travail sénatorial a permis pour l’île aux parfums, avec notamment les grand chantier du foncier et de la fiscalité locale. Jamais un Mahorais n’avait obtenu un poste aussi important au niveau de l’État.
Mise à Jour jeudi 05 octobre 2017
Le sénateur mahorais Thani Mohamed-Soilihi a été désigné hier au poste de vice-président du sénat.
Une première pour un ultramarin depuis Gaston Monnerville. Les sénateurs mahorais Abdallah Hassani et Thani Mohamed-Soilihi ont réagi à travers un communiqué conjoint. « Les parlementaires LREM (La République En Marche) de Mayotte ont une nouvelle fois montré leur volonté de travailler ensemble en faisant front et en votant en faveur de l’élection du Sénateur Thani Mohamed-Soilihi à l’un des huit postes de Vice-présidence du Sénat. A ce titre, il assistera le Président dans sa tâche, pourra être amené à suppléer et représenter en cas d’absence et présidera les séances, à tour de rôle avec ses collègues vice-présidents. La légitimité de sa candidature ne faisait pas débat. Le jeune parlementaire, issu de la société civile, s’inscrit pleinement dans les valeurs véhiculées par le parti La République en Marche, lesquelles prônent le mérite et le renouvellement des instances. Ainsi, son accession à la Vice-présidence du Sénat contribuera à moderniser l’image de cette institution. Son élection prend également en compte l’extrême importance de représenter les territoires d’Outre-mer en proie à de grandes difficultés au sein de la République Française. Thani Mohamed-Soilihi et Abdallah Hassani rappellent à ce titre qu’aucun parlementaire ultramarin depuis Gaston Monnerville n’avait été désigné à un tel poste depuis une cinquantaine d’années. Pour la première fois dans l’histoire de cette institution, un sénateur mahorais occupera la Vice-présidence du Sénat, ce qui apportera plus de visibilité à ce département et devrait suffire selon eux à éteindre définitivement les polémiques stériles qui voudraient remettre en cause l’appartenance de cette île à la France. Enfin, c’est tout naturellement que le Sénateur de Mayotte Abdallah Hassani, enseignant de formation, a été choisi pour intégrer la commission de la Culture, de l’Education et de la Communication. »
Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics a décidé d’annuler son séjour à Mayotte. Prévue initialement ce samedi et ce dimanche, la visite du ministre a été annulée à cause d’un “agenda trop chargé” selon la réponse de la préfecture. Visiblement, Mayotte n’a donc pas la priorité dans l’agenda de Gérald Darmanin. Aucune précision n’a été donnée quant à un éventuel report de ce voyage.
Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a achevé hier matin sa courte visite à Mayotte par une visite de l’hôpital de Petite-Terre. Lors du point presse qui a clôturé son séjour, elle a indiqué qu’elle misait notamment sur “la délégation des tâches” entre professionnels de santé pour lutter contre le désert médical.
“Nous n’allons pas inventer 20 000 médecins”, a souligné hier Agnès Buzyn, ministre de la Santé, à l’occasion du point presse qui clôturait sa visite express à Mayotte.
Face à la situation de désert médical à laquelle est confrontée Mayotte, la ministre estime qu’il faut appliquer des “solutions innovantes” pour soigner tous les patients.
“Nous allons mettre en place un cadre expérimental sécurisé par l’ARS pour tout le territoire français, permettant une délégation des tâches entre les professionnels de santé. Par exemple, les vaccinations peuvent être déléguées à des infirmiers ou à des pharmaciens.”
En parallèle, les aides financières pour attirer davantage de médecins sur l’île ne sont toutefois pas mises de côté. “Un travail est à réaliser avec la Sécurité sociale pour adapter au mieux les financements. Cela s’inscrira dans le plan de lutte contre les déserts médicaux que je vais bientôt présenter.”
Outre la question des effectifs, la ministre a aussi abordé la question des moyens, notamment en ce qui concerne le CHM. “L’hôpital a besoin d’être agrandi pour répondre aux besoins”, note la ministre. Le programme d’agrandissement sera à ce titre bientôt présenté à la Copermo, l’instance nationale qui décide des investissements à mener dans les hôpitaux. Ensuite des financements vont être débloqués pour une restructuration et une modernisation tranche par tranche de la structure. Ce n’est qu’une question de calendrier”. En parallèle, Mayotte disposera bientôt du premier service de soins de suite et de réadaptation (SRR), grâce au nouvel hôpital de Petite-Terre, qui devrait être livré en août 2018.
Alors qu’elle a du faire face hier matin à la manifestation de certains agents lors de sa visite de l’hôpital de Petite-Terre, la ministre a aussi abordé devant les journalistes les conditions de travail du personnel hospitalier. “Je vais œuvrer à l’allègement des tâches administratives pour les personnels de santé. Mais en ce qui concerne leurs revendications statutaires et salariales, cela ne dépend pas de moi mais du ministre de l’Action et des Comptes Publics, qui gère la fonction publique hospitalière.” Cela tombe bien, Gérald Darmanin sera sur le territoire samedi et dimanche.
Enfin concernant les mises en place de la couverture malade universelle complémentaire à Mayotte, la ministre a indiqué qu’elle allait rencontrer prochainement à Paris la direction de la Sécurité sociale pour travailler sur le sujet.
Si, au cours de son bref séjour sur l’île au lagon, elle n’a pas fait d’annonces concrètes, Agnès Buzyn se réjouit “d’avoir désormais des visages en tête quand elle prendra des décisions.” Mayotte la malade en a besoin.
Une manifestation devant le CHM
Hier à midi, alors que la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, venait d’achever sa visite à Mayotte, une cinquantaine de manifestants se sont regroupés devant le CHM à l’appel de l’intersyndicale. Motif : protester contre la méthode employée. La venue express dans le 101ème département et surtout l’absence d’annonces n’ont pas convenu à tous. Un manifestant l’explique : “Elle dit être venue pour prendre connaissance de la situation à Mayotte. Elle veut nous faire croire qu’elle ne la connait pas ? La situation et les conditions de travail à l’hôpital sont bien connues de la classe politique. Et quand bien même, ce n’est pas en une journée qu’elle peut constater ce qu’il y a à faire.” Derrière lui, un autre manifestant nous le scandait : “Elle nous méprise, alors nous la méprisons aussi !”
Hier, la ministre des Solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, arrivait dans le 101ème département. Une visite destinée pour elle à prendre la mesure des enjeux et problématiques auxquels le domaine de la santé est quotidiennement confronté à Mayotte. Ils sont nombreux.
« Je ne suis pas venue pour faire des annonces, mais pour m’enquérir de la situation de Mayotte » : au moins, elle a le mérite d’être honnête, la ministre de la Santé Agnès Buzyn. « Je souhaite apporter des réponses, a-t-elle poursuivi, mais il est parfois compliqué de prendre des décisions depuis Paris sans connaître le territoire. Je vous fais juste la promesse que Mayotte est dans ma tête, et que les décisions que je prendrai, je pourrai les prendre en connaissance de cause. »
Arrivé hier matin dans le 101ème département, l’édile s’est rendu tout d’abord au centre de référence de Dzoumogné, avant d’effectuer une visite du CHM. Une venue accueillie par une intersyndicale bien décidée à faire entendre ses revendications, parmi lesquelles un taux d’indexation égal à celui de La Réunion, mais aussi les problèmes connus par l’hôpital et son personnel. Des problématiques soulevées également par les différents acteurs de l’institution lors d’une signature de convention entre le CHM et les forces de l’ordre pour une meilleure organisation interservices. L’occasion pour eux – membre du conseil de surveillance, élus, professionnels ou syndicats – de mettre la réalité de l’institution sur la table.
Surplus d’activité et manque de moyens
Et évidemment, cette réalité est compliquée : la santé à Mayotte est un patient plein de bonne volonté, mais qui a avant tout besoin d’aide. Parmi les préoccupations annoncées à la ministre : un nombre de naissances qui – bien qu’il devrait rester relativement stable cette année avec 9800 naissances annuelles prévues pour fin 2017, selon Catherine Barbezieux, directrice du CHM – demeure des plus élevés.
Mais également le plus faible nombre de médecins en France avec 83 praticiens pour 100000 habitants ; le plus faible nombre de lits avec seulement 1,52 lit pour 1000 habitants (contre 4,57 en métropole) ; un exercice dans un milieu multiculturel qui mobilise évidemment des agents hospitaliers en quantité ; un turn-over permanent au sein du personnel ; un rattachement à un CHU de La Réunion situé à quelque 2000 kilomètres d’ici ; une occupation globale de 127%, soit une sur-occupation ; une hausse globale de l’activité de 22,36% depuis 2013, avec un chiffre particulièrement éloquent de 82% d’augmentation sur la même période pour le service de néonatologie/pédiatrie, etc. Une situation qui mène au burn-out et à de fréquents arrêts maladie chez les soignants, comme le faisait remarque un représentant de l’intersyndicale. En somme, si le mot de « défi » a un sens, c’est à Mayotte qu’il le trouve.
Des questions d’ordre structurelles, qui s’accompagnent en toutes logiques de besoins : mise aux normes des différentes maternités, et nécessité d’agrandir le CHM, avec notamment de nouveaux blocs opératoires, au rang des priorités. La directrice de l’hôpital le faisait ainsi remarquer : « Il n’y quasiment plus de chirurgie spontanée à Mayotte, les patients sont envoyés à La Réunion faute de blocs opératoires en nombre suffisant », avant d’achever son intervention par une conclusion qui en dit long : « Le rôle du CHM est d’être un établissement de proximité. Or, il n’est pas en mesure aujourd’hui d’assurer ce rôle. Sans adaptations, nous aurons beaucoup de mal à faire face aux attentes légitimes de la population. »
« C’est devenu l’hôpital de la région »
Une population qui, par ailleurs, s’agace de plus en plus. Bacar Ali Boto, adjoint au maire de Mamoudzou, n’a pas manqué de le rappeler en soulevant la problématique de l’immigration, sujet de toutes les inquiétudes, particulièrement depuis deux semaines : « Les chiffres officiels de la population annoncent 250 000 habitants alors que nous sommes probablement plus proches des 400000, a-t-il expliqué en substance. Le CHM est devenu l’hôpital de la région. Cette question de l’immigration doit être résolue, sinon tous les efforts menés n’auront pas de sens. C’est là le seul et vrai problème. (…) Les Mahorais sont patients, mais nous sommes au bord d’une catastrophe. »
En attendant le diagnostic de son cas, Mayotte s’est en tout cas vue rassurer sur la question de l’Agence régionale de santé, commune avec celle de La Réunion, et dont le CHU est souvent accusé d’en récupérer les fonds en priorité. À un représentant syndical regrettant que l’île aux parfums ne prenait « Que les miettes de ce que laisse La Réunion », Agnès Buzyn répondait « Nous voulons une politique juste pour ce territoire, si l’un reçoit plus que l’autre, cela crée forcément de l’aigreur, et c’est normal. Nous rendrons transparent ce que chacun touche ». Et de promettre : « Nous allons travailler pour répondre à vos besoins. » La ministre, venue justement à ces fins, aura au moins pu voir qu’ils étaient nombreux.
Le travail mené depuis 10 ans par l’association Art Terre Mayotte pour la certification de la brique de terre compressée (BTC), élément majeur du patrimoine de Mayotte, pourrait aboutir le mois prochain. En cas de réponse positive, les entrepreneurs locaux pourraient, selon les estimations, produire entre 200 et 300 logements en BTC par an.
La brique de terre compressée (BTC), élément majeur du patrimoine mahorais, sera-t-elle bientôt enfin reconnue à sa juste valeur ? Sera-elle à ce titre bientôt certifiée par le centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB)? Le travail mené en ce sens depuis 10 ans par l’association Art Terre Mayotte pourrait bientôt aboutir. Vincent Liétar, membre de l’association, indique qu’une « réunion clé » est prévue le 12 octobre prochain avec le centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). En cas de réponse positive, les entrepreneurs locaux pourraient, selon les estimations, produire entre 200 et 300 logements en BTC par an.
Art Terre Mayotte a été créée en 2007 par une trentaine de personnes – ingénieurs, architectes, maîtres d’ouvrage et artisans – dans le but d’obtenir la certification de la BTC, qui associerait la norme (En 2001, une première norme expérimentale (norme XP-P901) a été obtenue afin de définir le processus de fabrication) et la mise en œuvre du produit.
En 2013, le préfet accorde à Art Terre Mayotte une subvention de 63 000 euros pour financer le projet. L’association entame alors le processus de certification en partenariat avec le centre international de la construction en terre (CRAterre) de Grenoble, qui apporte une expertise technique.
En avril 2017, l’association a transmis officiellement au CSTB en avril 2017 un document d’une centaine de pages, destiné à devenir la norme de référence.
En parallèle, la BTC devait encore passer un test de résistance au feu. « Le test a été positif, donc la réglementation sera, si elle est validée, prise en compte pour les ERP (établissements recevant du public) », note Vincent Liétar.
Par ailleurs, un travail est réalisé avec la Fédération française des tuiles et briques (FFTB) pour la révision de la norme produit BTC.
En outre, des échanges sont en cours avec la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal) pour intégrer les contraintes et qualités de la BTC dans la RTAA DOM (réglementation thermique acoustique et aération des Dom).
L’âge d’or de la brique
Quasiment abandonnée à Mayotte depuis le début des années 2000 au profit du parpaing et du béton, la BTC cumule pourtant tous les avantages économiques, écologiques et esthétiques sur ces deux matériaux de construction. L’histoire de la brique de terre est liée à la Société immobilière de Mayotte (SIM). Elle commence avec le programme de développement de l’habitat social au tout début des années 1980. Pour cela la SIM recherche un matériau local et pérenne (à l’époque le sable de mer était encore très utilisé dans la construction). « A Mayotte la terre devient alors une opportunité. Sur la planète, une très grande partie des constructions sont en terre », souligne Vincent Liétar. C’est l’âge d’or de la brique en terre. En 1981, Mayotte compte 17 briqueteries. « Nous avons formé des gens, nous avons construit une dizaine de milliers de logements. Regardez la préfecture, la place Mariage… c’était l’époque où l’on utilisait énormément de briques », détaille l’ex-directeur de projets à la Sim. Au milieu des années 90, ce sont plus de deux millions de briques par an qui sont produites localement. Mais à la fin des années 90, les choses se corsent du point de vue réglementaire. Il faut obtenir une certification, « normaliser » la brique de terre afin que les assureurs suivent. « A cette époque, nous avons levé le pied sur les constructions en BTC », confirme Ahmed Ali Mondroha, actuel directeur de la SIM. « Nous avions en effet beaucoup de problèmes pour trouver un assureur. »
Le travail de certification est entamé en 1998 mais s’essouffle au cours des années 2000. Le sujet n’est plus prioritaire pour la Sim qui rencontre des problèmes financiers. En 2007, l’association Art-Terre Mayotte est donc fondée avec l’objectif de prendre le relais.
Au delà de la mise en valeur du patrimoine historique mahorais, la certification de la brique de terre compressée pourrait donc avoir un impact bien au-delà de l’île au lagon. La BTC pourrait alors être utilisée partout dans le monde, y compris dans de nombreux pays d’Afrique où la terre est une matière utilisée traditionnellement dans la construction.