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Week-end à enjeux pour M’tsapéré

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Les clubs de M’tsapéré sont sur le front ; Le FCM n’a jamais été aussi proche du titre cette saison. De son côté, le BCM vise une demi-finale de Coupe de France Régionale. Le VCM, nouveau champion de Mayotte de volley-ball inaugure sa saison 2018/2019, tout comme le Despérados en rugby à XV.

Les M’tsapérois du FCM (football), du BCM (basket-ball), du VCM (volley-ball) et du Despérados (rugby) sont en phase de reconquête. Les trois premiers clubs cités sont champions de Mayotte. Et pour la saison en cours, ils ont nourri l’ambition de conserver leur titre. Les rugbymen, eux, espèrent décrocher le deuxième bouclier de champion à XV de leur histoire, quatre ans après le premier…

Après sa qualification en finale de la Coupe Régionale de France, le week-end dernier à Bandraboua, le Football Club M’tsapéré peut faire un immense pas vers le titre de champion de Mayotte 2018 samedi après-midi. Le FCM accueille le dernier du championnat Hamjago, à l’occasion de la 21ème journée de Régional 1. En cas de succès, les Diables Rouges compteraient neuf points de plus que leur dauphin M’zouasia (exempt ce week-end) à trois journées de l’épilogue. 

Avec neuf points d’avance et seulement neuf points encore en jeu dans ce championnat, un match nul lors des trois dernières journées suffirait au FCM pour s’emparer du dixième titre de champion de Mayotte de son histoire. Samedi soir, d’autres Diables Rouges défendront leur sacre : le VCM, titré pour la première fois depuis 2014 effectue sa rentrée. Pour la première journée du championnat de Régionale 1 Masculine, les volleyeurs m’tsapérois reçoivent Moinatrindri, un promu.

BCM-Rapides en quarts de Coupe de France Régionale

Troisième et dernier club du village actuellement auréolé du titre de champion de Mayotte, le BC M’tsapéré a entamé son championnat par une victoire contre Golden Force de Chiconi, mercredi soir. Dimanche, il est opposé aux Rapides Éclairs de Pamandzi en quarts de finale de la Coupe de France Régionale : une coupe dont il est le tenant. Le BCM et Rapides Éclairs se retrouvent trois mois après leur finale de Coupe de Mayotte, qui avait vu le BCM l’emporter et réaliser un triplé Coupe de France Régionale-Championnat de Mayotte-Coupe de Mayotte à l’issue de la saison 2017/2018.

Satisfaits de leur saison sur le plan local, les basketteurs m’tsapérois regrettaient être passés à côté de leurs compétitions régionales et nationales. Ils s’étaient notamment inclinés en demi-finale de Coupe des clubs champions de l’océan Indien, en décembre à Madagascar, et en seizième de finale du Trophée Coupe de France, en février dernier en métropole. Cette saison, le BCM souhaite obtenir de meilleurs résultats à l’extérieur de l’île : cela passera par une qualification ce week-end face aux Pamandziens.

Seul le club de rugby de M’tsapéré n’est pas champion de Mayotte en titre dans le village. En 2017, le regroupement Despérados/RCSSM Bouéni n’était pas passé loin d’une finale de rugby à XV. Il part en reconquête dès dimanche, avec un premier déplacement à l’ouest, face au regroupement Asac Chiconi/Eclair du Nord M’tsangamouji. Le dernier – et unique – sacre du Despé en senior à XV remonte à 2014.

 

NB : L’ensemble du programme sportif du week-end est à retrouver dans le Mayotte Hebdo, actuellement en kiosques.

 

Assemblée nationale | ACFAV : “À Mayotte, ce sont les femmes qui portent le pantalon”

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La commission des lois de l’Assemblée nationale, en visite à Mayotte pour la semaine, a rencontré mercredi les associations qui militent pour les droits des femmes, dans les locaux dédiés à l’accueil de jour de l’Acfav (Association départementale pour la condition féminine et aide aux victimes). Matriarcat, parentalité, grossesses précoces, violences conjugales et/ou sexuelles… Les élus ont pu poser de nombreuses questions aux acteurs de terrain sur les problématiques spécifiques aux femmes du 101ème département. 

La réunion prend une résonnance particulière à la lueur des derniers textes de lois sur les droits des femmes, récemment entrés en vigueur.”Ce sont des questions qui nous intéressent et cette rencontre fait partie des compétences de la commission des lois », indique en préambule de la rencontre Yaël Braun-Pivet, présidente de cette institution dédiée à l’amélioration du travail législatif. La réunion de mercredi, qui rassemblait les députés de la commission des lois en visite à Mayotte et plusieurs acteurs associatifs impliqués dans la défense des droits des femmes – dont le planning familial et l’association Soroptimistes – se tenait dans les locaux de l’accueil de jour de l’Acfav (Association départementale pour la condition féminine et aide aux victimes), à Cavani. “Mayotte est une société matriarcale. Ici ce sont les femmes qui portent le pantalon !”, lance la présidente et fondatrice de l’Acfav, Faouzia Kordjee. Et Yaël Braun-Pivet de répliquer : “C’est bien pour ça que je suis venue !” L’association Acfav, qui a intégré France Victime l’an dernier, a débuté ses activités il y a trente ans. “À l’époque c’était la première association qui œuvrait pour les droits des femmes à Mayotte”, explique sa présidente. D’abord concentrée sur la condition féminine, ses missions se sont rapidement diversifiées et s’étendent désormais à l’accès au droit, à l’hébergement et à l’aide aux victimes. Si son public est essentiellement féminin, ses actions de médiation familiale et de conseil conjugal amènent aussi des hommes à pousser les portes de ses différentes permanences, installées aux quatre coins de l’île. 

De plus en plus de viols de mineurs sur des mineurs  

La question des violences sexuelles restent toutefois l’une de ses priorités. “Les victimes sont majoritairement des victimes de violences conjugales ou de viols sur mineurs, c’est un fait prégnant à Mayotte”, indique la psychologue de l’association. À cet égard, les choses ont évolué au cours des dernières années. Évoquant le cas de ce foundi jugé en début de semaine pour des viols sur mineurs, la présidente de l’Acfav s’insurge : “Depuis que je suis à la tête de l’association, j’ai connu au moins six foundis qui avaient abusé de leurs élèves !” Quant aux viols intrafamiliaux “Ça c’est tous les jours !”, et qu’en serait-il si la totalité de ces actes étaient dénoncés ? À la question de savoir si les femmes portent plainte relativement facilement, la psychologue de l’Acfav relève qu’outre la honte et le cadre familial, “la grande majorité des viols sur mineurs sont perpétrés sur des enfants qui n’ont pas de papiers”, vulnérables et dont les proches redoutent tout contact avec les forces de police. Autre phénomène inquiétant, l’augmentation, depuis “six ou sept ans” selon Faouzia Kordjee, du nombre de viols de mineurs par d’autres mineurs. Un phénomène que la présidente explique par la vulgarisation de la sexualité à des âges de plus en plus précoces et par la misère de certaines familles, contraintes de vivre dans des logements exigus où le respect de l’intimité passe au second plan. 

Programme “1,2,3, Bass” : un succès, mais…  

Autre sujet brûlant à Mayotte : les naissances. Un sujet sur lequel la trésorière du planning familial de Mayotte, Djihadi Anrabia, et Sanya Youssouf, de Soroptimistes, ont été longuement questionnées par les élus. Citant les derniers chiffres de l’Insee, qui font état de près de 10.000 naissances dans le département, la première a tenu à insister sur le fait que les trois quarts d’entre elles sont le fait de mères étrangères, qui viennent à Mayotte “alors qu’elles sont déjà presque à terme”. Si la campagne de sensibilisation “1,2,3, Bass” visant à sensibiliser les femmes sur les grosses multiples a été “un succès” d’après tous les associatifs réunis ce mercredi, les choses ont de nouveau commencé à dégénérer à partir des années 2010, selon Sanya Youssouf, de Soroptimistes. Lors de ses opérations de sensibilisation sur la question des grossesses multiples, le planning familial indique notamment cibler “les quartiers où il y a beaucoup de gens en situation irrégulière”, comme Kawéni.  

 

 

 

Immigration | L’Assemblée nationale dans les bidonvilles et au CRA

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Elle ne ménage décidément pas ses efforts pour comprendre ce territoire hors normes. Après une visite lundi au centre hospitalier, entre les urgences et la maternité, la commission des lois de l’Assemblée nationale a assisté hier à une opération de lutte contre l’immigration clandestine et rencontré les étrangers retenus au sein du nouveau CRA. Mayotte Hebdo a pu les suivre. Reportage. 

Les Duster blancs, en enfilade, grimpent le chemin de terre étroit et escarpé qui mène sur les hauteurs du quartier de La Vigie, en Petite-Terre, hameau de quelque 9.000 âmes. Dans ces véhicules, fait plutôt familier, des agents de la police aux frontières, qui se rendent dans ce bidonville pour effectuer des contrôles d’identité mais aussi, fait plus marquant, une délégation de la commission des lois de l’Assemblée nationale, accompagnée par le sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, Julien Kerdoncuf.

En visite sur le territoire pour « mieux le connaître » et mieux appréhender ainsi les futurs « textes de lois ou politiques publiques » qui le concerneront, cette délégation mouille la chemise. En file indienne dans les ruelles étroites, sableuses, ravinées et souillées de déchets de ce bidonville immense, les membres de la délégation observent le travail du groupe d’appui opérationnel (GAO), « l’équivalent de la BAC pour l’immigration clandestine », selon le sous-préfet.

Mais alertés par le cortège peu discret des véhicules blancs reconnaissables, les étrangers en situation irrégulière ont déserté le quartier ce mardi. Pas décontenancés pour autant, les policiers interrogent les habitants et contrôlent l’identité de quelques résidents avant qu’une femme en salouva ne les interpelle pour leur indiquer l’endroit où vivent des clandestins présumés. Avançant à pas feutrés, communiquant par signes, dévalant les chemins pentus et poussant des portes en tôle, les agents du GAO suivent les instructions de la voisine. En vain toutefois. 

Délations de voisinage

« On a beaucoup de dénonciations », explique un policier. « Parfois, dès qu’on arrive en voiture, les gens viennent vers nous » pour donner des informations sur des étrangers présumés en situation irrégulière. D’autres, en revanche, aident les clandestins à s’enfuir, tels ces enfants, des « guetteurs naturels » qui crient « Moro, moro » (« Au feu », ndlr) pour prévenir de l’arrivée des forces de l’ordre, ajoute un autre agent du GAO.

« Les endroits sont difficiles d’accès (…), c’est assez dangereux » pour les 44 policiers du GAO, reconnaît Julien Kerdoncuf, le sous-préfet en charge de l’immigration clandestine. « Un de nos collègues a été blessé hier » lors d’une interpellation et alors qu’un individu se défendait, renchérit un policier.

Plus loin, les policiers se heurtent à un autre problème : une porte en tôle a été dressée là où auparavant les forces de l’ordre passaient. Délimitant désormais une parcelle privée, les policiers sont contraints pour des raisons juridiques de rebrousser chemin. 

Entre 50 et 60 interpellations par jour

Ce groupe d’appui opérationnel « plus efficace (sur la lutte contre l’immigration) que la police et la gendarmerie » interpelle chaque jour entre 20 et 35 individus parmi les 50 à 60 interpellations quotidiennes d’étrangers en situation irrégulière (par le GAO, la police et la gendarmerie), comptabilise Julien Kerdoncuf. 

Le sous-préfet a également détaillé les moyens alloués à la lutte contre l’immigration clandestine en mer : outre deux vedettes rapides munies de leurs zodiacs, quatre intercepteurs complètent la flotte, qui devrait accueillir en novembre prochain deux nouveaux navires. « Il y a trois types de kwassas », a encore décrit Julien Kerdoncuf : les « kwassas VIP », avec deux ou trois passagers, « plus chers et rapides », les « kwassas low cost » avec 30 à 40 personnes à bord, « de moins en moins courants » et les « kwassas médicaux ». « En mer, ce ne sont pas des opérations de lutte contre l’immigration clandestine mais de l’assistance », du secours en mer, explicite le sous-préfet. « Ce n’est que quand les passagers mettent le pied à terre qu’ils deviennent clandestins », souligne-t-il. Et contrairement aux idées reçues, les femmes enceintes à bord « sont rares (…) Elles rejoignent l’île puis font des enfants ici », plutôt. 

Une fois interpellés, les étrangers en situation irrégulière sont menés au « tri sanitaire » à l’hôpital de Dzaoudzi puis, s’ils n’y sont pas inaptes en raison de problèmes médicaux graves, placés en rétention. *

Ciel grillagé

En toute logique, la délégation s’est donc rendue au nouveau centre de rétention administrative de Pamandzi, ouvert en septembre 2015. Accueillis par Isabelle Bettioui, chef du CRA et commandant de police, les membres de la délégation ont découvert les lieux. Si les nouveaux locaux sont modernes et propres, le dénuement des salles collectives et leur absence de connexion rendant « extrêmement clos » les espaces, les filets de sécurité formant un plafond en extérieur et la rencontre avec les retenus a attristé certains membres de la délégation. 

Ils ont échangé avec hommes, femmes et enfants, calmes, discutant ou regardant la télévision dans des pièces nues à l’exception de tables, de chaises et de téléphones. Seule une salle de jeux muraux égaie quelque peu les intérieurs qui donnent sur de vastes cours herbeuses munies de bancs et surplombées de ce fameux filet de sécurité qui grillage le ciel. 

« La durée moyenne de séjour est de 0,7 jour ici contre 10 jours en national », explique Isabelle Bettioui, qui reconnaît de nombreuses spécificités au centre de rétention administrative qu’elle dirige.

Tout d’abord, le nombre de mineurs accueillis, bien plus important qu’en métropole, de l’ordre de 2 490 en 2017. Spécificité qui en amène une autre : le stock de lait maternisé, couches et biberons à disposition des familles – rappelons qu’au CRA, sur les 136 places, 40 sont allouées aux familles.

Pas de papiers d’identité

Autre originalité du CRA de Mayotte : le nombre d’identités déclaratives. Selon les chiffres d’Isabelle Bettioui, sur les 15.441 entrants en 2017, 15.429 n’ont présenté aucun document d’identité. 

Enfin, 98% des étrangers en situation irrégulière placés au CRA sont comoriens, a affirmé Isabelle Bettioui (1,5% sont malgaches, les 0,5% sont d’origines diverses, principalement des Africains des Grands lacs). Cette homogénéité de nationalité évite « les conflits communautaires, contrairement en métropole », se félicite Isabelle Bettioui. Avis appuyé par le directeur adjoint : les retenus sont « relativement calmes ici par rapport à la métropole, où ils ont fait des milliers de kilomètres, ont dépensé des milliers d’euros » pour finalement se faire refouler, estime-t-il. D’ailleurs, les deux chambres de mise à l’écart n’ont jamais été utilisées depuis qu’Isabelle Bettioui est arrivée sur l’île et deux fois seulement depuis 2015, selon un de ses collègues.

Après avoir écouté la version des autorités, les membres de la délégation ont rencontré les associations de défense des droits des étrangers le soir même pour se faire une idée globale des problématiques liées à l’immigration.

* Même si, depuis la crise diplomatique avec les Comores et les reconduites aux frontières officiellement suspendues, la préfecture distribue de nombreuses OQTF (obligations de quitter le territoire français). Ainsi, plus de 13 000 ont été délivrées depuis mi-mars.

 

Les chiffres des reconduites aux frontières

Mayotte totalise la moitié des reconduites aux frontières de France. En 2017, plus de 19 600 éloignements ont été effectués dont 3 800 volontaires. En moyenne, sur les 5 dernières années, l’île comptabilise 19 300 reconduites par an, avec des pics, comme en 2016 avec 22 700 éloignements (source : préfecture). 

 

L’Assemblée nationale face à la « crise permanente » du CHM

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En visite cette semaine dans le 101ème département français, une délégation de la commission des lois de l’Assemblée nationale a longuement arpenté hier les couloirs du centre hospitalier de Mayotte, « en situation de crise permanente », a rappelé à cette occasion la directrice de l’unique hôpital de l’île.

Ils n’ont pas dû être déçus du voyage. Accueillis hier par la directrice et des personnels de l’hôpital, les membres de la commission des lois de l’Assemblée nationale ont eu accès à des chiffres qui donnent le tournis. Le centre hospitalier de Mayotte connaît « une situation de crise permanente », déclare en préambule sa directrice, Catherine Barbezieux, donnant le la d’une visite qui allait mener la délégation de la maternité aux urgences en passant par le service d’état civil. La maternité du CHM – qui, rappelons-le, a enregistré un nouveau record absolu l’année dernière avec 9.760 naissances – accueille en moyenne 16 nouveaux bébés toutes les 24 heures, avec des pointes à 30. Cette suractivité contraint les personnels à tripler les chambres et à transférer les mères vers les maternités périphériques trois heures seulement après l’accouchement, déplore Zabibo Moendandze, coordinatrice en maïeutique. « C’est extrêmement rapide », s’exclame la présidente de la commission. Et cet état de fait a inéluctablement un impact sur la néonatologie, surenchérit la directrice du CHM . Sur les 170 sages-femmes de l’île, plus de 90 oeuvrent au sein de la maternité du CHM , et « il en manque 20 », dénonce encore un cadre des salles de naissances, qui interpelle également sur les carences en infirmières de bloc opératoire.

« Beaucoup de pathologies graves »

Pendant plus de deux heures, les membres de la commission des lois ont rencontré personnels soignants et médicaux mais également patients, au cours d’un périple entre la maternité, les urgences mais également le service de l’état civil. Au sein des urgences, ils ont été guidés par la chef de service, Jeanne Duprat, qui leur a donné quelques chiffres-clés. Les urgences accusent 150 passages par jour, dont la moitié concerne des enfants (et la moitié de ces bambins a moins de 3 ans). Autre statistique inquiétante : 10% des consultations relèvent des urgences vitales, contre 5% à 6% en métropole. Et le personnel traite « beaucoup de pathologies graves ici », un état de fait qui serait entre autres lié à une « sous éducation médicale », estime la responsable du service. Jeanne Duprat a également alerté sur le nombre – « pas anecdotique », a reconnu un membre de la délégation – d’évacuations sanitaires : 2.000 par an dont 900 patients accompagnés durant le voyage d’un infirmier ou d’un médecin. Évidemment, le manque de ressources humaines et matérielles a été étayé avec force détails : sur les 33 postes de médecins du centre hospitalier, seuls 6 sont des praticiens titulaires à temps plein, « le reste sont des contractuels qui tournent » ; le territoire compte seulement 10 lits en psychiatrie pour 256.000 habitants officiels ; certains services ou structures n’existent pas, tels que la victimologie, ou une école pour former les sages-femmes. Il n’y a pas non plus de personnel urgentiste dans les centres de référence en périphérie. « À certains horaires, le CHM est le seul endroit de permanence des soins », souligne Jeanne Duprat.

Connaître pour légiférer

En visite jusqu’à vendredi, cette commission (en étroite relation avec les commissaires aux lois ainsi que le ministère des Outre-mer) s’est déplacée afin de « mieux connaître le territoire » pour mieux appréhender « les textes de lois ou politiques publiques » qui concerneront le 101ème département français. Dans un second temps, elle entend « voir comment se met en place le plan du gouvernement » pour Mayotte, annoncé il y a quelques mois par la ministre des Outre-mer. « Il ne faut pas qu’il n’y ait que les élus ultramarins qui connaissent ces questions », plaide la présidente Yaël Braun-Pivet pour qui il est essentiel de comprendre « la réalité » de ces territoires. « C’est essentiel pour légiférer », estime-t-elle. La délégation a donc un programme bien chargé jusqu’à vendredi. En effet, aujourd’hui, elle suivra une opération de la police aux frontières puis rencontrera la Cimade et Solidarité Mayotte, le Collectif des citoyens et des syndicats. Mercredi, elle se rendra à la prison de Majicavo mais également au sein des locaux de l’association pour la condition féminine et d’aide aux victimes (ACFAV ) puis visitera un quartier de la politique de la ville à Doujani, en passant devant l’école Espoir et réussite. Jeudi, elle échangera avec des membres du parc naturel marin, le Grand cadi et le conseil cadial. Elle a déclaré devoir rencontrer également les acteurs des services déconcentrés de l’Etat ainsi que les élus (maires et parlementaires).

La commission des Lois en déplacement sur l’île

Ils arrivent ce lundi. Jusqu’au 28 septembre, la présidente de la commission des Lois, Yaël Braun-Pivet (LaREM, Yvelines) ainsi que Philippe Gosselin (LR, Manche) et Stéphane Mazars (LaREM, Aveyron), les vice-présidents de la commission, sont en déplacement sur l’île au lagon. Cette visite, « en lien avec les défis auxquels le département est confronté » – et qui relèvent des compétences de la commission des Lois – permettra de réaliser un certain nombre d’entretiens avec l’ensemble des acteurs locaux concernés. Des visites de terrain seront organisées afin d’évaluer la mise en place « des engagements pris par le gouvernement » au printemps 2018, à travers le Plan pour Mayotte, d’analyser « les modalités d’application de dispositions législatives » récemment adoptées et de déterminer « les perspectives d’évolution et les solutions envisageables » pour lutter contre les difficultés persistantes.

Élevage | « Mon pouleti » : une marque 100% mahoraise

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Initié par un appel à projet en 2015 de la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), la marque de volailles fraîches élevées à Mayotte « Mon Pouleti » a été officiellement lancée ce mercredi lors d’une présentation au restaurant l’Orient Express à Kawéni. Un abattoir moderne de 1 300m² et d’une capacité de 5 000 volailles devrait voir le jour à l’horizon 2020 à Kahani.

L’élevage local, un levier pour le développement économique des zones rurales. Ce mercredi avait lieu le lancement officiel de la marque de volailles fraîches élevées à Mayotte « Mon Pouleti ». Lancé en 2015 après un appel à projet de la DAAF (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), l’atelier agroalimentaire du lycée professionnel agricole de Coconi, le groupement d’agriculteurs AEM (Agri évolution maoré) et l’entreprise Ekwali se sont réunis pour aboutir à la création d’une marque et d’un logo fin 2016. 

« Nous avions une production irrégulière et non productive avec 20 tonnes de poulets à l’année alors que l’abattoir pourrait en produire jusqu’à 100 tonnes. L’objectif était d’élaborer plus précisément la production pour avoir une organisation plus équilibrée et pérenne. Nous avons donc décidé de former un organisme de développement agricole (AVM : Abattoir de volailles – Mayotte, ndlr) de la filière volaille de chair à Mayotte », a expliqué Elhad-Dine Harouna, président d’AVM et éleveur. En 2016, le marché du poulet de chair sur le territoire était déséquilibré avec un taux d’approvisionnement par la production locale d’à peine 1%. Actuellement, les importations en produits de volailles surgelées représentent près de « 13 000 tonnes par an », alors que la production locale n’est « que » de 100 tonnes chaque année. « Les consommateurs n’avaient d’autres choix que d’acheter du poulet importé et congelé. Aujourd’hui, il y a un véritable enjeu pour la production mahoraise. Il était important d’augmenter les circuits alimentaires de proximité », a souligné Guillaume Rubin, directeur d’AVM. 

Aucune rupture de stock depuis le début d’année 

Les missions principales d’AVM sont l’accompagnement technique des éleveurs, la centralisation des abattages et la commercialisation, la modernisation des bâtiments ou encore la valorisation de la production locale. Pour le moment, AVM, qui compte sept salariés et un directeur général, travaille avec onze éleveurs mahorais –  tous indépendants – possédant des exploitations de petites et moyennes tailles et majoritairement implantés dans le sud et le centre de l’île. 

« Depuis le 1er janvier, nous sommes à 58 tonnes de poulet et nous espérons passer le cap des 70 tonnes à la fin de l’année », a annoncé Rémi Delassus, coordinateur du projet au sein d’AVM. Et d’ajouter : « Grâce au développement de l’activité, aucune rupture de stock n’est à déplorer depuis le début de l’année. Les exploitations sont réduites pour augmenter la qualité des produits ». D’ici 2025, « Mon Pouleti » pourrait embaucher entre 80 et 100 personnes et travailler avec près de 30 éleveurs, c’est en tout cas le souhait du directeur d’AVM. 

Un nouvel abattoir

Fin 2017, la société a investi dans un camion frigorifique et dans du matériel de conditionnement des volailles. Pour autant, l’entreprise n’est actuellement pas en mesure de répondre à la forte demande de consommation de la population du 101ème  département français – très friande de Mabawas – ainsi qu’au développement du marché des poulets découpés. Pour y remédier, AVM a décidé de créer « un abattoir moderne » à Kahani. Les travaux débuteront dans le courant de l’année 2019 pour s’achever à l’horizon 2020. 

« Nous avons eu le permis de construire en juillet dernier », s’est félicité Rémi Delassus. Avec ce nouvel outil de production, l’organisme pourra prétendre à l’abattage, à la découpe, à la transformation et au conditionnement des volailles et dès lors, suivre l’évolution de la demande. Il permettra aussi de débuter la vente de charcuterie. D’une superficie 1 300m² pour une capacité de 5000 volailles, un magasin sera aussi construit pour effectuer de la vente sur place et « toucher le plus grand nombre ». 

Deux qualités de poulet 

Fin 2016, le groupement de professionnels AVM avait validé deux cahiers des charges pour régir deux modes d’élevages différents, donnant ainsi naissance à deux types de poulets commercialisés. De ces deux produits de « Mon Pouleti », le plus vendu est « incontestablement » le « Classique ». Élevé pendant 56 jours et pesant entre 1.1 et 1.4 kilo, il est vendu entre 7 et 8.50 euros le kilo à Mayotte. Le second se démarque du premier par sa qualité de production. En effet, il est élevé en plein air pendant 80 jours et fait entre 1.6 et 1.9 kilo. De « Qualité supérieure », les commerçants peuvent le vendre jusqu’à 9.50 euros le kilo. Mais la marque commercialise également des morceaux plus humbles, comme les abats. Tous ces produits se retrouvent dans les restaurants, snacks, pizzerias mais aussi, « de façon plus occasionnelle », dans la cantine du lycée de Sada.

 

 

 

Tir sportif : une réglementation plus restrictive

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Alors que l’Association Sportive de Tir de Mayotte (ASTM) vient d’entamer sa 35ème saison, un décret du 29 juin « relatif au régime de la fabrication, du commerce, de l’acquisition et de la détention des armes » la contraint à faire évoluer sa réglementation. Une réforme « bienvenue », qui va permettre de mieux sécuriser la pratique de cette activité de loisir, selon Michel Gobbo, président de l’ASTM. 

Il y a du changement pour l’Association Sportive de Tir de Mayotte (ASTM) en cette période de rentrée. En effet, un décret du 29 juin vient modifier les règles régissant cette pratique sportive aux lourdes contraintes sécuritaires. Entré en vigueur au 1er août 2018, ce décret relatif à la fabrication, au commerce, à l’acquisition et à la détention d’armes vise notamment à « renforcer la sécurité publique ». Sont visés par ses dispositions les détenteurs légaux d’armes (chasseurs, tireurs sportifs, collectionneurs, etc.), les professionnels procédant à leur fabrication, commerce, transfert, import-export, les administrations de l’État, les musées ainsi que les fédérations et associations sportives ou de chasse. L’ASTM et ses 80 adhérents sont donc directement concernés. Le stand de tir utilisé par l’association – le site historique du DLEM (Détachement de la Légion Étrangère à Mayotte) aux Badamiers, en Petite-Terre, est d’ores et déjà surveillé en permanence pour permettre aux adhérents, personnes civiles ou issues des forces de l’ordre, de s’entraîner en toute sécurité. Sur le site, la proximité de l’aéroport impose en outre une surveillance et une communication permanente entre le club et la tour de contrôle, afin de se conformer à l’interdiction de tir durant les phases de décollage et d’atterrissage des avions. Pour le président de l’ASTM, Michel Gobbo, la mise en place de cette nouvelle réforme va nécessiter beaucoup de travail, notamment au niveau administratif. Pour autant, « ce décret de loi est bienvenu, vu le contexte actuel – national et à Mayotte, c’était tout à fait logique qu’on adapte la réglementation », assure-t-il. 

Parmi les principaux changements introduits par le décret : la possibilité d’effectuer un contrôle renforcé des postulants au moment de leur demande d’adhésion. Ainsi, « d’ici fin septembre, les présidents de club devraient pouvoir interroger le fichier des interdits de détention d’arme », explique Michel Gobbo. Jusqu’ici, leur pouvoir de vérification se limitait à la consultation du bulletin n°3 du casier judiciaire*. Ce contrôle en amont apparaît d’autant plus utile à la lueur des derniers événements, tels ces cas d’auteurs d’acte terroriste, pour certains fichés S, et malgré tout habitués des stands de tir. Outre un casier vierge, tout aspirant licencié doit fournir un certificat médical attestant de son aptitude à pratiquer le tir, ne pas avoir été pris en charge par un établissement psychiatrique ou, le cas échéant, avoir été libéré totalement de traitement et de suivi, et enfin, fournir une pièce d’identité et un justificatif de domicile valides. 

Des plus petits calibres pour les « invités »

En plus du contrôle du fichier des interdits de port d’armes, d’autres modifications ont été apportées à la réglementation antérieure. Il en est ainsi par exemple de certains fusils à pompe, qui passent de la catégorie C (soumise à une simple déclaration) à la catégorie B (soumise à autorisation préfectorale), et de la liste des armes autorisées pour les personnes débutantes, dites « invitées » pour une séance d’initiation ponctuelle – et gratuite – au stand de tir. Ces dernières ne pourront désormais plus tirer qu’avec des armes de calibre 22 long rifle. Le maniement de plus gros calibres pouvant en effet accroître le risque d’accidents, par exemple lorsqu’un tireur inexpérimenté n’anticipe pas le recul d’une arme, il est désormais réservé aux licenciés. 

Le temps de mettre en œuvre tous ces changements, « la saison 2018/2019 a été surnommée saison blanche », indique Michel Gobbo, qui annonce qu’à son terme, l’ASTM sera « un club purement FFT (Fédération Française de Tir ndlr) ». D’autres nouveautés, non imposées par la loi, devraient également voir le jour au cours de l’année, comme une formation pour tous les adhérents sur le nettoyage et l’entretien des armes ou la mise en place d’un concours amical entre les différentes unités qui fréquentent le club, où pourront se rencontrer police, gendarmerie et adhérents lambda. Enfin, l’ASTM a adressé une demande à la préfecture pour faire modifier les règles relatives à l’acheminement des munitions, aujourd’hui aussi restrictives que celles utilisées dans le cadre de l’import-export. Pour l’instant, le club se fournit auprès d’armureries basées en métropole, mais difficilement, les armes ne pouvant transiter que par voie aérienne. Malgré l’importante dimension sécuritaire qui entoure la pratique du tir sportif, « le club est avant tout un lieu de détente », insiste Michel Gobbo, qui souhaite que les séances d’entraînement soient autant d’occasions pour les différents corps de métier des forces de sécurité de se rencontrer dans un cadre extérieur à celui des interventions. 

*Le bulletin n° 3 ne comporte que les condamnations pour crime ou délit à un emprisonnement de plus de deux ans, sans aucun sursis (ou dont le sursis a été entièrement révoqué), les peines de prison inférieures à deux ans, les interdictions, déchéances ou incapacités sans sursis pendant leur durée, les peines de suivi socio-judiciaire ou d’interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs pendant la durée de la mesure.

De plus en plus d’adhérents

L’association, qui existe depuis 1983, connaît une recrudescence du nombre d’adhésions ces dernières années. « Il y a trois ans, nous étions trente, d’ici peu, nous devrions être une centaine », se réjouit son président Michel Gobbo. Douaniers, policiers, gendarmes, mais aussi des personnes de la société civile, issues de tous les corps de métier, sont inscrits à l’ASTM. Les profils viennent pour 50% des forces de l’ordre, qui se rendent au stand pour s’entraîner. Pour les autres – dont plusieurs femmes, même si elles restent encore peu nombreuses – il s’agit avant tout d’un loisir. Le but de l’association n’est pas de former des sportifs de haut niveau. En revanche, et surtout à Mayotte, « l’insécurité joue, surtout pour les femmes. Je ne dirais pas que c’est le but premier de leur venue, mais il y a un instinct d’autodéfense qui est là », reconnaît le président. Pour information, le pas de tir du stand des Badamiers est ouvert aux adhérents tous les samedis, l’adhésion annuelle coûte 310 euros. Plus d’informations à cette adresse : astm.secretaire@gmail.com

 

Air Austral | Vol Paris/Mayotte : l’expulsion musclée d’un passager fait polémique

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Le vol Paris-CDG/Mayotte du lundi 17 septembre, qui accusait plusieurs heures de retard dans la soirée, a finalement été annulé dans la nuit par la compagnie portugaise HiFly (qui l’assurait pour le compte d’Air Austral). En cause, selon la compagnie : le comportement « virulent » d’un passager excédé par l’attente. L’équipage a fait appel à la PAF (police aux frontières) pour le faire évacuer manu militari, sous le regard médusé des autres passagers.

Les images se sont propagées comme une traînée de poudre. Un passager d’une trentaine d’années, vigoureusement maîtrisé et menotté par des agents de la police aux frontières à bord d’un avion à l’arrêt, le tee-shirt en lambeaux : voici la scène filmée par un des passagers du vol Paris/Mayotte du lundi 17 septembre, affrété par la compagnie portugaise HiFly, pour le compte d’Air Austral. Des images abondamment partagées sur les réseaux sociaux ce mardi, et qui ne sont pas sans rappeler les expulsions musclées pratiquées aux États-Unis pour cause de surbooking.

La scène s’est déroulée dans la nuit de lundi à mardi, entre 2h et 3h du matin, à bord de l’A-330 d’HiFly, sur le tarmac de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Les passagers, qui devaient embarquer à 20h10 pour décoller une heure plus tard, ont finalement dû attendre pas moins de cinq heures après qu’on leur a signalé un premier retard de l’avion, en provenance de Bruxelles. Contacté par Flash Infos, l’un d’entre eux, Zico, raconte : « À 20h, on nous annonce deux heures de retard. Nous croisons les bras et attendons jusqu’à 22h. À 23h, toujours rien (…) Finalement, vers 2h du matin, on commence à nous embarquer. Un métropolitain qui était avec nous a haussé le ton pour dire qu’il voulait être indemnisé tout de suite », détaille-t-il. Puis, l’embarquement se déroule néanmoins, selon ce passager, sans problème notable. Or, une fois dans l’appareil, des policiers de la PAF, appelés par l’équipage, interviennent à bord pour faire descendre l’homme. Celui-ci refuse. « Puis, nous avons vu un débarquement de huit nouveaux policiers appelés en renfort. Là, ça m’a choqué. Ils ont mis dix minutes pour le menotter », raconte encore le témoin, qui ajoute que ça « chahutait dans l’avion ».  Un autre passager, Amine, explique de son côté que l’homme appréhendé n’était « absolument pas méchant » et n’a « manqué de respect à personne ». Il avait certes « un peu bu » mais n’était selon lui pas ivre, et aurait simplement parlé « plus fort que les autres » dans la zone d’embarquement, afin d’obtenir une attestation de retard que plusieurs autres passagers réclamaient par ailleurs. Une fois dans l’avion, « il était très sage et n’a rien dit », rapporte encore ce témoin. « Quand les policiers ont voulu le débarquer, il ne s’est pas laissé faire, je pense que tout le monde l’aurait fait (…) Nous nous sommes tous levés pour dire que ce n’était pas juste et qu’il n’avait rien fait de mal », explique-t-il encore.

Un passager « virulent » et « alcoolisé »,  selon Air Austral

Une fois le passager débarqué, les choses ne s’arrangent pas pour autant. « À 02h45, le commandant de bord nous annonce que le vol a été annulé et qu’il faut descendre de l’avion », explique l’autre passager, Zico. Jointe par téléphone, la compagnie assure qu’un nouvel équipage a été mobilisé et est en route pour Paris – conformément à la législation en vigueur sur le repos des personnels – afin d’assurer le vol en fin d’après-midi ou en début de soirée mardi. Face au tollé provoqué par l’incident, la compagnie s’est fendue d’un communiqué pour expliquer que l’annulation du vol avait été décidée « à la demande de l’équipage de la compagnie portugaise conformément aux procédures liées à [ses] règles de sécurité, et ce, en raison d’un incident survenu avec un passager à bord ».  Au téléphone, la compagnie évoque un « passager turbulent qui était, semblerait-il, sous l’emprise de l’alcool » et qui aurait effectivement demandé à obtenir une « attestation de retard » avant même le décollage, ce qui ne peut être fait qu’une fois l’horaire de départ réel connu, précise-t-on. Après l’évacuation, l’équipage d’HiFly aurait donc décidé d’annuler le vol malgré tout, en raison du climat de « tensions » qui régnait toujours à bord et d’un « mouvement de mécontentement général « chez les passagers, explique Air Austral, qui assure avoir « immédiatement diligenté une enquête auprès de la compagnie HiFly pour faire toute la lumière sur cet incident regrettable ».

Autre point de crispation : la prise en charge des voyageurs au sol, gérée cette fois par Air Austral. Alors que des passagers indiquent avoir dû passer la nuit à l’aéroport, à dormir parfois à-même le sol (voir photo), et dénoncent le manque de communication de la part de la compagnie, cette dernière admet des difficultés et explique avoir fait face à un « manque de capacité d’hébergements » aux abords de l’aéroport. « Au bout de quelques heures, nous avons pu trouver quelques solutions pour les familles », indique-t-on néanmoins chez Air Austral. Et d’ajouter dans son communiqué que « la compagnie présente d’ores et déjà ses excuses aux passagers ayant subi ces désagréments indépendants de sa volonté. Elle rappelle également que la sécurité reste sa priorité absolue ». Les passagers pourront faire un courrier de réclamation dans le but d’être indemnisés à la suite de cet incident, rappelle Air Austral. En début d’après-midi, les deux passagers interrogés affirmaient avoir reçu un formulaire de la compagnie leur demandant d’attester que l’individu débarqué était responsable de l’annulation du vol. Contactée à ce sujet, la compagnie n’était pas joignable, mardi après-midi, pour nous confirmer l’existence de ce document. « Je ne le signerai pas et nous avons demandé aux autres passagers de ne pas le signer non plus », assure Zico, qui a d’ores et déjà lancé une pétition pour dénoncer la mauvaise gestion de la compagnie. 

La compagnie Air Austral a réagi ce mercredi matin et indique avoir bel et bien distribué ce document aux passagers, mais qu’il s’agit d’une simple attestation d’annulation de vol et qu’il ne leur a pas été demandé de la signer.

 

►L’attestation d’annulation de vol fournie aux passagers

Des agents du Conseil départemental en grève

Les agents de la Direction des politiques scolaires et universitaires (DPS U) du Conseil départemental ont décidé de se mettre en grève ce lundi matin. Ils revendiquent principalement “de meilleures conditions de travail” et demandent “une meilleure considération des agents”, un “vrai logiciel” de gestion des bourses ou encore la “sécurité autour et dans les locaux” de la DPS U. Ce service du Conseil départemental est chargé du dispositif d’aides dont bénéficient les étudiants et lycéens mahorais qui poursuivent leurs études hors de Mayotte. Il a connu de nombreux problèmes ces dernières années, notamment dans le paiement des compléments – frais supplémentaires liés à l’éloignement des étudiants – et des bourses. En 2018, un nouveau logiciel devait être créé et un développeur recruté. Or, ces deux projets n’auraient toujours pas, à ce jour, été menés à terme. Résultat : “Les jeunes risquent de ne pas percevoir leurs bourses pendant un bon bout de temps”, a déploré un agent de la DPSU au journal France Mayotte matin. Autres problèmes : l’obsolescence du mobilier et le manque de matériel informatique. Le dispositif émane d’une politique départementale qui coûte chaque année plus de 10 millions d’euros.

Accident mortel sur la route de Tahiti Plage

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Dans la nuit du 16 au 17 septembre, un accident impliquant un véhicule sur la route départementale 5 de Tahiti Plage dans la commune de Sada a eu lieu vers 1h15 du matin. Le véhicule – volé la veille par trois individus – aurait fait deux tonneaux avant de traverser la chaussée. Le conducteur est décédé sur le coup. Quant aux deux autres passagers, légèrement blessés, ils ont été transportés au CHM dans la nuit. 

« Les causes de l’accident restent encore à déterminer », selon la gendarmerie. Un accident est survenu dans la nuit de dimanche à lundi dans la commune de Sada, plus précisément sur la route de Tahiti Plage sur la départementale 5. Contacté par Flash Infos, le colonel de gendarmerie Philippe Leclercq a expliqué que la police faisait état « a priori » de la mise en cause d’un seul véhicule dont « nous supposons que le conducteur a perdu le contrôle ». Arrivés sur les lieux quelques minutes après le drame, les gendarmes ainsi que les sapeurs-pompiers ont constaté que le conducteur de la voiture était mort « sur le coup ». Aucun autre élément sur la victime n’a été apporté par le colonel Leclercq. « Nous aurons [les informations] sans doute un peu plus tard ». Les deux autres passagers étaient « légèrement blessés » mais surtout « choqués ». Ils ont été transportés au Centre hospitalier de Mamoudzou (CHM) dans la nuit. 

D’après les premiers éléments de l’enquête, la voiture aurait fait deux tonneaux avant de traverser la chaussée et de s’immobiliser de l’autre côté de la route. « Nous sommes en train de procéder à différents examens sur le corps de la victime notamment pour analyser son taux d’alcoolémie au moment des faits. Actuellement, nous ne pouvons pas être affirmatifs sur les circonstances mais la perte de contrôle du véhicule pourrait en être la cause. Il est certain que, dans ce secteur, les virages sont nombreux. »

Une voiture volée la veille ?

« Un fait particulier, même très particulier » : la voiture en question « a été signalée volée » la veille – dans la nuit du samedi au dimanche – de l’accident dans la commune de Dembéni. « Suite à une agression à la sortie de Tsararano, trois individus ont volé ma voiture. C’est une Peugeot 406 HDI Break bleu ciel. Son immatriculation : CZ – 767 – VS dans le 34. Le capot est cabossé », pouvait-on lire dimanche dans une annonce postée sur la page Facebook de « Infos Routes Mayotte ». Trois auto-stoppeurs auraient donc commis un « car-jacking » (vol de voiture accompagné de menaces ou de violences). « Nous sommes en train de procéder à un certain nombre de vérifications pour savoir si les trois personnes accidentées dont celle décédée seraient, je parle bien au conditionnel, les auteurs de ce vol. Ce n’est qu’une hypothèse actuellement », a conclu le colonel de gendarmerie Philippe Leclercq. 

 

Transports | Mamoudzou mise sur le covoiturage

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Dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité (SEM), la Communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (CADEMA) et la ville de Mamoudzou organisent, du 19 au 22 septembre prochains, plusieurs actions pour promouvoir les modes de déplacement alternatifs à la voiture à Mamoudzou. Durant ces trois jours, le parking « croisiéristes », à la barge, sera gratuit toute la journée pour encourager  l’émergence du covoiturage dans la capitale.

« Chaque jour, ce sont 9 000 véhicules qui traversent Mamoudzou ». Lors de son discours sur la présentation de la Semaine européenne de la mobilité (SEM), vendredi, le directeur développement durable de Mamoudzou, Sidi Hamada Moukou, a insisté sur l’importance de « favoriser une prise de conscience collective » sur la nécessité d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre dans le 101ème département. Pour y parvenir, la Communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (CADEMA) ainsi que la ville de Mamoudzou vont organiser trois jours d’actions, du 19 au 22 septembre prochains, intitulés « Mix and move », afin de promouvoir « les bonnes pratiques en matière de transports ». L’accent sera donc mis sur les solutions de transports partagés comme le covoiturage, l’auto-partage ou encore les deux-roues en libre-service. Actuellement, la CADEMA concentre près de deux tiers des déplacements à Mayotte et au vu du nombre de véhicules – en constante augmentation – la formation d’embouteillages est « inévitable » et « cela influe sur l’environnement et la santé de chacun ». 

Plusieurs actions sont donc prévues durant ces trois jours, comme la participation à la 4ème journée nationale de la qualité de l’air le 19 septembre ou l’organisation d’une grande balade « modes actifs » du rond-point du Baobab au rond-point Commandant Passot pour « apprendre à circuler autrement », le samedi 22 septembre. Le public est invité à venir en vélo, en trottinette, à pieds… « Améliorer les modes actifs figurent parmi les priorités de la CADEMA », a expliqué Mohamed Hamissi, chef de projet Transport et déplacements à la communauté d’agglomération. Cette opération sera suivie de l’intervention d’un expert de l’Agence régionale de santé (ARS) sur les bienfaits de l’activité physique. Pour clôturer cette semaine de sensibilisation, une séance de fitness « Moovafrica », menée par l’association SUA, sera organisée. « À ce jour, cette discipline est la plus pratiquée dans l’océan Indien et est reconnue par le Ministère de la santé », a rappelé la ville de Mamoudzou. 

Un stationnement gratuit 

Pour arriver à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la ville de Mamoudzou a décidé de miser sur le covoiturage. « C’est une pratique en développement qui constitue un mode de déplacement nouveau, complémentaire des autres modes de transports et respectueux de l’environnement », a souligné la CADEMA. Si le principal intérêt du covoiturage reste pour ses utilisateurs la diminution des frais de déplacement (essence, stationnement ou encore contraventions), cette pratique permet surtout, à plus grande échelle, de réduire la circulation automobile et ses conséquences néfastes : embouteillages, pollution, bruit et accidents de la route. Il aurait également, d’après le service public de covoiturage au quotidien pour tous, un impact positif sur le stress et la fatigue. Dans cette optique, la ville va mettre à disposition les cinquante places du parking « croisiéristes », au niveau de la barge, pour évaluer la demande du public. Toute la journée, le stationnement sera gratuit, sous certaines conditions, pour « les personnes venant travailler la journée », dans la capitale. En effet, l’usager devra transporter au minimum deux passagers et devra arriver entre 7h30 et 8h30 pour ne repartir qu’après 15h30. « Nous fermerons le portillon du parking vers 9h. Les premiers arrivés seront les premiers servis », a annoncé Sony Chamsidine, de la CADEMA. Un macaron sera également distribué aux conducteurs. « Aujourd’hui, 20 millions de personnes pratiquent le covoiturage en métropole. Si nous constatons que cela ne marche pas, nous continuerons notre sensibilisation. Les actions ne sont pas imposées mais mises à l’essai », a conclu Sidi Hamada Moukou.

 

La télémédecine, un outil d’accès aux soins à Mayotte

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À partir du samedi 15 septembre, la télémédecine sera opérationnelle en France et dans les DROM-COM, une première. Au regard de l’évolution démographique médicale à Mayotte, cette nouvelle technique permettra notamment de réduire les inégalités d’accès à la santé. Mais les consultations pourraient rencontrer quelques problèmes.  

Consulter un médecin, un généraliste ou un spécialiste sans se déplacer, c’est bientôt possible. Dès samedi 15 septembre, la télémédecine sera mise en place en France et dans les DROM-COM, après qu’un accord a été trouvé entre l’Assurance maladie et les syndicats des médecins en juin dernier. Cette pratique médicale se caractérise par une consultation à distance effectuée grâce à un appel vidéo via Internet. Elle doit permettre « de faciliter la coopération entre les acteurs de santé, en organisant le partage d’informations, d’améliorer l’efficience du système médical et la qualité de vie des personnes, notamment celles atteintes de maladies chroniques – dont le nombre risque d’augmenter considérablement avec l’allongement de la durée de la vie ndlr – et de réduire les inégalités de l’accès à la santé, notamment dans des départements comme Mayotte », explique le docteur Claude Bronner, vice-président de la Fédération des médecins de France (FMF). Pour l’Agence régionale de santé (ARS) qui soutient financièrement ce projet, la télémédecine est « un levier de progrès » dans l’organisation des soins et « constitue une réponse pleine et entière » au développement de la santé à Mayotte. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle, parle carrément de « facteur-clé » dans le perfectionnement du système médical. 

Définie dès 1997 par l’OMS, cette téléconsultation coûtera au patient le même prix qu’un simple rendez-vous, soit 25 euros chez un généraliste et 30 euros chez un spécialiste. Pour être remboursé, le patient devra « téléconsulter » son généraliste ou un expert désigné par son médecin traitant. Une plateforme sécurisée à cet effet a été mise en place pour garantir le secret médical. Toutefois, pour bénéficier de cette nouvelle technologie de santé, encore faudra-t-il que le médecin traitant s’inscrive sur ce site dédié. 

L’accès aux soins augmente, mais…

Dans un territoire comme Mayotte, les conditions d’accès aux soins et aux avis de spécialistes sont « essentielles pour la réduction des inégalités. En effet, le 101ème département français est caractérisé par une faible densité en professions de santé et par une forte croissance démographique. La démographie médicale est également contrainte par un « turn-over important » et « un non-remplacement » des départs dans le secteur libéral. La télémédecine apparaît donc comme une réponse aux besoins du territoire mahorais, souvent rural et isolé. Elle pourrait aussi venir compléter la médecine traditionnelle.

Cependant, si cette nouvelle technique de consultation semble offrir une réponse à la problématique des déserts médicaux, pas sûr que sa réalisation se déroule sans accroc. Le faible équipement en matériel informatique caractéristique de Mayotte constitue un premier frein à sa mise en œuvre dans le département. Pour rappel, 80% de la population mahoraise vit en-dessous du seuil de pauvreté et ne dispose pas, de fait, des moyens de s’acheter un ordinateur. Au-delà du matériel, le futur patient devra également disposer d’une connexion internet, une gageure dans certaines zones rurales de l’île. Les  personnes âgées, quant à elles, ne seront pas forcément réceptives à cette nouvelle technologie. « Elles seront accompagnées et informées à ce sujet », promet Claude Bronner.

 

En projet depuis 2010

La télémédecine peut sembler futuriste, mais elle est déjà dans les esprits depuis de nombreuses années. En effet, cette pratique a été instituée par un décret du 10 octobre 2010, et intégrée dans le Code de la santé publique (CSP). La télémédecine y est alors clarifiée, légitimée et reconnue comme un acte médical à part entière. En 2011, le ministère de la Santé lance l’élaboration d’un plan stratégique national afin de la déployer sur l’ensemble du territoire, en prenant soin de favoriser les usages de terrain. Finalement, il aura fallu attendre plus de huit ans pour que la télémédecine soit mise en œuvre en France et dans les DROM-COM. 

 

Démographie | 9 760 naissances : encore un record

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Le nombre des naissances domiciliées  à  Mayotte en 2017 est tombé : 9 760 bébés sont nés l’an dernier. Un nouveau record, accompagné de quelques chiffres étonnants. Pour ne pas dire éloquents. 

C’est le grand rendez-vous de l’année : l’annonce par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) du nombre de naissances de l’année précédente. Un chiffre attendu tant le développement de l’île est lié à sa jeunesse et aux politiques publiques qui en découlent, mais relativement prévisible d’année en année. Celle-ci n’échappe pas à la règle : ce sont 9 760 naissances de bébés dont la mère est domiciliée à Mayotte qui ont eu lieu en 2017, dont 70 % à Mamoudzou. Un nouveau record, donc – elles étaient au nombre de 9 500 en 2016 –, pour une situation « sans commune mesure » avec un autre territoire français, de l’aveu même de Jamel Mekkaoui, chef du service régional de l’Insee Mayotte. Une hausse de 3% par rapport à l’année précédente (soit 270 naissances de plus), derrière laquelle se cache toutefois un ralentissement de cette croissance. Entre 2014 et 2015, celle-ci était en effet de 23 %, et de 6 % entre 2015 et 2016.

Trois quarts de mères étrangères

Les données les plus intéressantes se dissimulent dans l’analyse de ce chiffre. Ainsi, on découvre que « trois quarts des mères domiciliées à Mayotte ayant eu un enfant en 2017 sont, comme en 2016 et au début des années 2000, de nationalité étrangère », détaille l’Insee. Si les mères de nationalité malgache sont 4 % à avoir donné naissance à un enfant en 2017, celles de nationalité comorienne sont 69 %. En revanche, la moitié des pères sont, eux, français. L’autre part de ces papas est « essentiellement de nationalité comorienne », précise le chef de service, qui rajoute que ce phénomène « n’est pas nouveau à Mayotte. »

En fin de compte, ce sont donc 58 % des nouveau-nés qui ont au moins un parent français, et seulement 19 % à avoir leurs deux parents de nationalité française (voir graphique 1).

De nouvelles données

 Au-delà de ces chiffres sans équivoque, l’Insee a pour la première fois objectivé l’âge des mères. Et la donnée est des plus intéressantes puisque ce ne sont pas moins de 470 enfants qui sont nés de mères mineures, soit 5% des naissances totales. Un taux plus élevé qu’à La Réunion – où il est de 2%  –, qu’en métropole – avec 0,4% –, mais comparable à celui de la Guyane et ses 6% de mères mineures. Dans le détail, 124 enfants sont nés d’une mère âgée de moins de 15 ans ou moins, dont deux d’une mère âgée de 12 ans, et onze d’une mère âgée de 13 ans (voir tableau 2).

Enfin, on note une augmentation du nombre d’accouchements hors Mayotte, au nombre de 300 en 2017, équitablement répartis entre l’Hexagone et La Réunion. Si le phénomène demeure contenu – il ne représente que 3% des naissances –, la tendance est toutefois à la hausse puisque ces naissances hors du département étaient d’un peu plus de 200 en 2016, et de quelque 170 en 2015. Un bond qui pourrait traduire « un phénomène en émergence », selon Jamel Mekkaoui, et auquel la saturation des infrastructures médicales n’est probablement pas étrangère.

 

Naissances vivantes domiciliées à Mayotte en 2017, selon la nationalité des parents (source : Insee).

 

En 2017, 470 bébés sont nés d’une mère mineure.

 

Transports Circulation routière : une étude à 60 000 euros

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Depuis lundi et jusqu’au 22 septembre, la Direction de l’Environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) de Mayotte réalise, en coopération avec le bureau d’études Synthèses, une enquête de circulation routière (origine/destination) à dix-sept endroits différents sur le territoire. Son coût est estimé à 60 000 euros. 

Dix jours pour comprendre la circulation mahoraise. Depuis lundi et jusqu’au vendredi 22 septembre prochain, la Direction de l’Environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) de Mayotte, avec l’aide matérielle et humaine du bureau d’études Synthèses, effectue une enquête de circulation routière sur l’origine et la destination des automobilistes sur le territoire. À Mayotte, le transport intérieur s’organise notamment autour de Mamoudzou et ses environs, principal pôle économique du 101ème département français. Tous les jours, des milliers d’habitants parcourent des kilomètres jusqu’à la « capitale » – Mamoudzou – pour leur travail, leurs études, leurs courses ou encore leurs démarches administratives. Pourtant, nul besoin d’être un expert pour constater que les moyens de déplacements à Mayotte sont limités : les voitures particulières et les taxis collectifs, qui font office de transports en commun, sont les seules possibilités de transport. Les abords de Mamoudzou deviennent donc vite une zone de saturation du trafic routier. Pour améliorer cette situation, la DEAL , qui réalise un Plan global transport et déplacement (PGTD) à Mayotte « sur deux, voire trois ans » pour définir « l’ensemble des enjeux en matière de services et d’infrastructures à l’échelle du territoire » et un projet de transport collectif interurbain (TCI ), avait besoin de données plus concrètes et précises. « Même si le document (PGTD ndlr) est en train d’être finalisé, nous nous sommes rendu compte que nous manquions de données. L’enquête en cours va permettre d’avoir une lisibilité des déplacements des populations, ce que nous n’avons absolument pas actuellement », a expliqué Amir Ahmed, chargé de mission politique des déplacements à la DEAL . L’ensemble de l’étude devrait coûter près de 60 000 euros. « Nous avons recruté un bureau d’études, mais cela comprend également les publicités réalisées dans le cadre de l’appel d’offres et le rapport, qui sera rendu après analyse des exploitations des résultats à l’issue de cette semaine », a-t-il ajouté. 

La police en renfort 

Malgré quelques aménagements réalisés pour essayer de désengorger le trafic, le parc automobile n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Avec cette progression constante, le réseau routier, composé de 88 kilomètres de routes nationales et de 137 km de routes départementales, est constamment congestionné, notamment sur la route Longoni-Mamoudzou en raison de sa liaison entre les principaux pôles économiques comme le port ou la zone industrielle de Kawéni. Les axes routiers du sud de Mamoudzou ne dérogent pas à la règle. « Il est certain que nous ferons des ajustements, soit en infrastructures, soit au niveau des services pour adapter le trafic aux besoins de la population », a affirmé Amir Ahmed. L’enquête, définie par le décret du 27 février 2006 relatif aux enquêtes de circulation au bord des routes, consiste en un entretien « rapide » et « efficace » avec l’usager. « Nous avons identifié dix-sept axes majeurs de circulation où nous arrêterons les véhicules pour pouvoir les questionner », a annoncé le chargé de missions de la DEAL. L’endroit est « évidement » tenu secret « pour ne pas modifier les habitudes des usagers » et un calendrier a été établi pour alterner les points d’enquêtes d’un jour à l’autre. La police municipale sera également présente lors de cette enquête pour « sécuriser l’arrêt des véhicules », mais aucun contrôle du véhicule ou son conducteur ne sera effectué, a assuré la DEAL. 

 

 

Festival de Mayotte | Le fiasco de la première édition

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Du 31 août au 8 septembre s’est tenu le premier festival de Mayotte. Des festivités qui devaient avoir lieu dans les quatre coins de l’île. Après moult suppressions, des ateliers n’ont pu aboutir, un concert a été annulé. En fait, le festival n’a pas vraiment eu lieu. Explications.

Il avait été annoncé en grande pompe. Prévu du 31 août au 8 septembre, le premier festival de Mayotte avait tout pour plaire à son public : des ateliers pédagogiques avec des artistes définis, deux concerts dont l’un avec le mythique groupe de zouk antillais Kassav’ et l’artiste tanzanien Alikiba en têtes d’affiche et une belle brochette composée de nos artistes locaux. Seulement, les choses ont été tout autre. Le groupe Kassav’ n’a pu venir à Mayotte, idem pour l’artiste tanzanien et les ateliers prévus avec les artistes locaux ont connu quelques chamboulements. Par conséquent, le concert du vendredi 7 septembre, prévu à la place de la République à Mamoudzou n’a pas eu lieu, celui de clôture du lendemain a réuni tous les artistes locaux n’ayant pu participer aux festivités la veille. Mais que s’est-il passé ?

Tergiversations au Conseil départemental

La gestion de cet événement a été confiée à l’Office culturel départemental (OCD) – récemment crée -, sous la houlette du Département. Les couacs ont été nombreux. Si nombreux, qu’après l’annonce de la non-venue du groupe Kassav’ et de l’artiste tanzanien Ali Kiba pour faute de prise en charge, la Commission permanente devait se réunir en urgence samedi 8 septembre à 14h30 dans l’hémicycle Younoussa Bamana. À l’ordre du jour, décider de « l’organisation » du festival de Mayotte, a affirmé une source proche du dossier. Festival qui devait toucher à sa fin le soir même. La Commission ne s’est finalement pas tenue, le quorum n’étant pas atteint. Cette même source a indiqué que les artistes n’ont effectivement pu se rendre à Mayotte car ils n’ont pas reçu « leur cachet ». En outre, les acomptes forfaitaires n’ont pas été versés, les billets d’avion n’ont pas été réglés non plus.

L’OCD était effectivement en charge de l’organisation de l’événement, mais les budgets dédiés aux artistes n’auraient pas été validés par le Conseil départemental. Pourtant, lors de la conférence de presse du Festival de Mayotte qui s’était tenue le mardi 28 août au Jardin de l’Office culturel départemental, les membres organisateurs présents avaient évoqué un budget d’un peu moins de 300 000 €, alloué à cet évènement, comprenant les mesures sécuritaires drastiques et les défraiements des différents artistes, dont le « cachet ».

Autre couac qui divise le milieu artistique, la répartition des cachets pour les artistes locaux. « Comment on peut attribuer un « cachet » de 28 000 et 16 000 euros à des artistes qui font partie du conseil d’administration de l’office culturel départemental et verser 1 500 euros, voir 2 000 euros à d’autres qui font la même prestation », se demande un artiste profondément déçu. Une chose est sûre, la publication sur les réseaux sociaux du tableau faisant apparaître les différents montant des chachets attribués aux uns et autres risque de susciter l’indignation de nombreux artistes. Le Festival de Mayotte s’inscrit dans l’agenda culturel du Département jusqu’en 2021. Si cette première édition laisse perplexe, espérons que les prochaines seront meilleures. 

De plus en plus de morts par noyade à Mayotte

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Cinq décès par noyade à Mayotte en 2018

L’agence sanitaire Santé publique France vient de publier une enquête de recensement de toutes les noyades, quelle qu’en soit la cause, répertoriées entre le 1er juin et le 30 août derniers. L’étude dénombre 492 décès sur cette période, soit une centaine de plus qu’en 2015 à la même époque. À Mayotte, les pompiers ont dénombré pas moins de 5 noyades mortelles depuis janvier dernier. Un chiffre qui augmente par rapport à l’an dernier. 

Un peu plus d’un Français sur sept déclare ne pas savoir nager. Santé publique France, agence nationale de santé, a publié ce mardi une enquête intitulée « Noyades 2018 » recensant toutes les noyades, quelles soient intentionnelles ou accidentelles, suivies d’une prise en charge en milieu hospitalier ou d’un décès. L’enquête concerne toutes les noyades survenues entre le 1er juin et le 30 août dernier sur le territoire métropolitain et Outre-mer. L’agence constate notamment une forte augmentation des décès en 2018 par rapport à 2015. Sur la même période, le nombre d’hospitalisations et/ou de décès a plus que doublé avec 2 255 noyades* en 2018 contre 1 092 en 2015, soit 1 163 de plus en seulement trois ans. « Cette augmentation peut s’expliquer pour partie par les conditions climatiques en termes de températures et d’ensoleillement, particulièrement favorables à la baignade », indique Santé publique France. Ces noyades auraient été suivies de 492 décès (soit 22% du nombre total de morts durant cette période) dont 254 de manière accidentelle et 55 par intentionnalité (suicides ou agressions). Les causes des 183 autres décès ne sont, à ce jour, pas encore connues et pour lesquelles les investigations se poursuivent.  Entre le 27 juillet et le 9 août 2018, pas moins de 122 personnes sont mortes noyées en France, soit une moyenne de huit décès par jour, relève l’organisme dans un rapport du 16 août. 

Apprendre à nager, à tout âge

De manière générale, les tranches d’âges élevées sont les plus touchées par les cas de noyade. D’après le « baromètre santé 2016 », 95% des 15-24 ans ont déclaré savoir nager alors qu’ils n’étaient que 65% chez les 65-75 ans. Chez les 65 ans et plus, 213 noyades accidentelles ont eu lieu en juin, juillet et août derniers, dont 77 ont été suivies d’un décès. « Il est important de rappeler que l’apprentissage de la nage, facteur de prévention des noyades, peut se faire à tout âge. Cependant, il faut distinguer le fait de savoir nager en piscine (milieu ne comportant ni vague ni courant ndlr) et celui de savoir nager en milieu naturel (mer, lac, fleuve, etc) », insiste l’INPES. « Dans les autres classes d’âges, à ce stade de l’enquête, les évolutions pour les noyades accidentelles en 2018 par rapport à 2015 sont moins marquées », ajoute l’agence sanitaire. 

37 noyades en Outre-mer

L’enquête révèle également que l’Occitanie, dans le sud de la France, est la région où sont recensées le plus de noyades accidentelles avec 202 (soit 17%) dont 30 suivies d’un décès, devant Provence-Alpes-Côte d’Azur (182), La Nouvelle-Aquitaine (175) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (127). Pour l’Outre-mer, les noyades accidentelles sont plus complexes à comptabiliser « du fait d’une durée de consolidation et de validation des données plus longue qu’en métropole ». 

« Nous sommes confrontés à un certains nombre de contraintes vis-à-vis de la métropole. La distance est un frein à l’actualisation des données mais la collecte pose aussi problème car les sources manquent à Mayotte. Il faut aussi souligner que le recensement des noyades n’est pas la priorité du département », déplore Aymeric Ung, épidémiologiste et responsable de l’enquête « Noyades 2018 ». Malgré ces difficultés de recensement, le rapport dénombre en trois mois 37 cas de noyades accidentelles, dont 12 suivies de décès dans les Outre-mer. « Ce sont les seuls chiffres que nous avons à ce stade de l’enquête. Nous ne pouvons pas faire mieux que d’avoir des données nationales et régionales pour le moment », justifie Stéphanie Champion, de Santé publique France. « Il faudrait créer une enquête spéciale pour regrouper toutes les données de l’Outre-mer », ajoute Aymeric Ung. 

Contactés par Flash Infos, les pompiers de Mayotte auraient de leur côté comptabilisé 15 noyades dans le département en 2017. Parmi celles-ci, quatre ont été mortelles dont trois, survenues dans un milieu naturel et une dans une fosse septique. En comparaison, et alors qu’il reste un peu plus de trois mois avant la fin de l’année, le nombre de décès a déjà augmenté en 2018 avec cette fois, cinq noyades mortelles – toutes survenues en milieu naturel – sur les 15 recensées en 2018. Le fait que la baignade ne soit surveillée – à l’heure actuelle – sur aucune des plages du 101ème département augmente le facteur de risque, relève par ailleurs Aymeric Ung. 

Hausse du risque chez les plus jeunes

En France, la noyade est la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 15 ans. Face à ce constat, le ministère des Solidarités et de la Santé publique France mènent des actions de prévention des noyades et des accidents liés aux baignades et aux sports nautiques. « Il est sans doute hors de portée de vouloir changer le comportement des tout jeunes enfants, par nature curieux et immatures. Par contre, il faut faire comprendre aux parents qu’ente deux et quatre ans, on doit les surveiller sans cesse », a souligné l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES). En effet, dans les trois quarts des cas, les parents sont à moins de vingt mètres de la piscine (77% des décès ont lieu dans une piscine familiale). L’INPES rappelle également qu’un enfant peut se noyer dans seulement vingt centimètres d’eau, en quelques minutes. 

Chez les enfants de moins de six ans, une « augmentation des noyades accidentelles » a été observée avec un nombre de 332 en 2018 contre 180 en 2015. Pourtant, dans ce cas présent, le nombre de décès n’est pas supérieur à celui de 2015 (22 en 2018 contre 23 en 2015). Tous les trois ans, l’agence sanitaire mène une enquête sur la période allant du 1er juin au 30 septembre. L’enquête n’est donc pas encore terminée et le rapport final sera publié au printemps 2019. 

*1 169 noyades accidentelles, 109 noyades intentionnelles et 977 d’origine encore indéterminée et en cours d’investigation.

 

De plus en plus de victimes 

Plusieurs événements tragiques concernant des Mahorais ont eu lieu récemment, sur le territoire ou en métropole. Le 8 juillet dernier, une petite fille de neuf ans et deux garçons de dix et treize ans – issus d’une même fratrie – originaires de M’stangamouji ont été retrouvés morts noyés à Chalon-sur-Saône. En début de soirée, les enfants étaient allés se rafraîchir au bord du lac des Prés-Saint-Jean alors que la baignade était interdite dans cette zone, en raison d’un à-pic situé à quelques mètres du rivage. Les deux plus petits ont glissé dans l’eau. Ne sachant pas nager, l’aîné est alors parti les secourir, en vain. 

Plus récemment, le 17 août, un autre événement dramatique est survenu, à Mayotte cette fois. Une demi-douzaine d’enfants et un adulte se trouvaient à bord d’une barque traditionnelle qui s’est renversée à une vingtaine de mètres du rivage à Iloni. Deux fillettes d’une dizaine d’années ont été retrouvées mortes noyées. Un plongeur de la brigade nautique avait été envoyé sur place pour repêcher une des deux fillettes. Prise en charge par les pompiers et le SMUR, la fillette n’a pas pu être réanimée. La seconde, elle, avait été amenée au dispensaire de Dembéni par des habitants avant l’arrivée des secours. Malheureusement, elle aussi a perdu la vie. 

 

Festival de Mayotte : les concerts de Kassav et Ali Kiba annulés

Grosse déception pour les fans du groupe antillais Kassav et de l’artiste tanzanien Ali Kiba. Les artistes, qui devaient assurer le show de clôture du tout premier Festival de Mayotte, ce samedi 8 septembre, ne seront finalement pas de la partie, a-t-on appris d’une source proche du dossier. Les raisons de cette annulation, encore floues, seront détaillées dans les prochaines éditions de Mayotte Hebdo & Flash Infos.

« On n’éduque pas les enfants avec un câble électrique ! »

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La mère d’un adolescent de 14 ans, poursuivie pour des violences répétées sur son fils, a été condamnée par défaut à un an de prison avec sursis mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Fait rare, c’est l’adolescent qui a lui-même entrepris de dénoncer les faits et de porter plainte. 

 

Elle est absente de la salle d’audience. Son fils de 14 ans, lui, est bien là, assis sur les bancs du public. Une mère de famille a été condamnée mercredi à un an de prison avec sursis pour des « corrections » violentes et répétées commises sur son fils ayant entraîné une ITT (interruption totale de travail) de cinq jours. « Je ne veux plus vivre là car je suis maltraité ». C’est ainsi que ce jeune garçon décrira aux policiers sa situation lors de son dépôt de plainte en commissariat. Il s’y rendra de son propre chef après que sa mère a ordonné à son cousin, le 15 février dernier, de le frapper avec un câble électrique. Le témoignage de l’adolescent, qui présentait alors de nombreuses traces de coups sur les jambes et le bras gauche, est pris au sérieux par les enquêteurs. Lors de son audition, il explique que les « corrections » de ce type sont monnaie courante dans sa famille : un retour tardif à la maison, une vaisselle, des devoirs pas faits, tous les prétextes semblent bon pour infliger une raclée au garçon. Élève en CAP qui « aime aller au lycée », le jeune homme est arrivé avec sa mère à Mayotte depuis Mohéli il y a deux ans avec un visa spécial pour raison de santé. Son beau-père, qui vit avec sa mère, a été témoin de scènes de violence, qu’il a évoquées lors de son audition. « J’ai déjà vu ma femme donner des gifles à Mohamed »*, raconte-t-il. « J’ai entendu des cris mais je ne voulais pas en entendre plus ». Au cours de sa garde à vue, la mère explique de son côté que ce 15 février, elle avait « autorisé » son neveu à « corriger (son) fils avec un fouet », ou plutôt en l’occurrence, un câble électrique. « Je n’ai jamais levé la main sur mon fils, j’ai profité de ce que mon neveu était là », dira-t-elle encore, ajoutant : « Je ne regrette pas ce que j’ai fait car il le mérite, je ne voulais pas qu’il commette des délits ». La mère raconte aussi qu’elle envisage de renvoyer le garçon aux Comores chez sa mère, « si la justice ne le garde pas ». 

 

« Ce n’est pas une petite fessée, c’est un mode éducatif ! » 

 

Placé en famille d’accueil le temps de l’enquête, l’adolescent vit mal cette période. Il s’en veut d’avoir dénoncé sa propre mère et dit aux assistants sociaux que ses voisins l’accusent de vol. Pour Me Gibello Autran, qui représente le mineur, l’absence de la mère au procès est affligeante, tout autant que l’attitude du beau-père, « qui ne parle pas avec (l’adolescent) parce qu’il considère que c’est un enfant à problème ». L’avocate raconte qu’elle a expliqué à son jeune client « que ce n’était pas lui le coupable, qu’il avait raison de porter plainte contre sa mère », malgré le respect qui lui est dû. « En aucune façon un père ou une mère ne devrait prendre un fil électrique et frapper un enfant ! Ce n’est pas comme ça qu’on éduque les enfants. Ce n’est pas une petite fessée, c’est un mode éducatif ! », s’insurge-t-elle. L’absence de la mère démontre par ailleurs toute la « solitude de cet enfant, dont on peut se demander comment il éduquera ses propres enfants ». Le substitut du procureur, Pablo Rieu, abonde dans son sens. À l’appui de ses réquisitions, il fait également valoir les preuves issues des dossiers médicaux, qui font état de traces de coups récentes mais également anciennes, démontrant la récurrence des maltraitances. Fustigeant l’attitude de cette mère qui « fuit ses responsabilités », il requiert à son encontre un an d’emprisonnement avec sursis et la déchéance de l’autorité parentale, prévue à l’article 378 du Code civil. Le tribunal correctionnel n’a retenu que la première partie de cette proposition, laissant à la mère son autorité légale de parent. 

 

* Le prénom a été modifié.

 

France – Comores | Mansour Kamardine : « Chacun sur son île »

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Quelques jours après la rencontre entre les élus mahorais et la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, le député Mansour Kamardine revient sur la teneur des débats, en particulier sur la question de la crise entre la France et les Comores. En ligne de mire : la volonté de faire admettre le choix de Mayotte sur la scène internationale. Entretien.

 

Mayotte Hebdo : Jeudi dernier, une rencontre a eu lieu réunissant les parlementaires de Mayotte, le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, le préfet Dominique Sorain et la ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Ont notamment été évoquées les tensions entre la France et l’Union des Comores au sujet de Mayotte. Qu’en ressort-il ?

Mansour Kamardine : En ces 43 années de conflit sur la question de Mayotte, c’est la première fois que des élus mahorais participent à une réunion avec le Quai d’Orsay pour évoquer cette problématique. Pour nous, Mahorais, contrairement à ce que pense le ministère des Affaires étrangères, ce n’est pas un contentieux dérisoire. Souvent, les gens se sont interrogés légitimement sur le pourquoi du comment on n’arrive pas à trouver un consensus alors que l’Allemagne et la France se sont payées deux guerres mondiales et ont tout de même fini par s’entendre. Nous ne sommes pas dans la même dimension. Certes, la France et l’Allemagne se sont fait la guerre deux fois, armées, violemment, mais si elles ont réussi à faire la paix, c’est parce qu’elles ont réussi à se mettre d’accord sur l’essentiel. Cet essentiel, c’est la souveraineté, les limites territoriales. La France reconnaît les limites territoriales de l’Allemagne, l’Allemagne reconnaît celles de la France, et donc les conditions sont réunies. Aujourd’hui, s’agissant de Mayotte, l’Union des Comores refuse de reconnaître les limites territoriales de la France et de l’Europe à Mayotte, donc les conditions ne sont pas réunies pour une réconciliation et la possibilité d’envisager une relation durable.

Nous considérons, contrairement à notre diplomatie, qu’il n’y a pas de contentieux à dépasser puisqu’à chaque fois que l’on a essayé de le faire, c’est lui qui nous a dépassés. Il faut donc aujourd’hui, non pas le dépasser, mais le régler. C’est ce que nous avons dit : que ce n’était pas un contentieux dérisoire, car il s’agit des principes de souveraineté, et qu’il est temps de le régler.

 

MH : Mais dans un jeu diplomatique à deux parties, la France et l’Union des Comores, comment faire entendre raison à la partie adverse ? 

MK : Vous avez remarqué que Mayotte n’est pas un territoire sans maîtres. Mayotte appartient à l’origine aux Mahorais. Anjouan appartient aux Anjouanais, Grande Comores aux Grands Comoriens, et Mohéli aux Mohéliens. Chacun sur son île, dans son île. Il y a des limites territoriales, et sur des îles, c’est la mer. Mayotte est fière de ce qu’elle est : une île française, parce que c’est le choix de sa population, et nous ne pouvons donc pas accepter qu’une autre île considère que Mayotte lui appartient. Nous nous sommes fait la guerre du temps des sultans batailleurs parce que nous refusions d’être colonisés par Anjouan ; la Grande Comore a fait la guerre à Anjouan pour refuser d’être colonisée ; Mohéli aussi, et ainsi de suite. C’est la France qui a mis un terme aux guerres des sultans batailleurs. Ensuite, nous nous sommes trouvés dans un contentieux administratif qui nous a été imposé, et le jour où les Comores ont décidé de devenir indépendantes, les Mahorais ont choisi de demeurer français. 

Alors, comment régler la question ? On ne peut pas imaginer que quand on est un pays qui a voix au conseil de sécurité de l’Onu et qui a la puissance de feu de notre diplomatie, il ne soit pas possible de trouver avec l’Union des Comores, qui demeure un pays ami, la possibilité de convenir d’un accord, et que la souveraineté française à Mayotte ne fasse plus l’objet d’une revendication ou d’une contestation. Il faut que la France s’engage dans une démarche qui permettra de solder ce problème en utilisant les voies diplomatiques qui existent. Nous soutenons les Comores à travers sa monnaie, à travers les organisations internationales, etc., donc je crois que nous avons la possibilité de le faire.

 

MH : Selon vous, les gouvernements français successifs ont manqué de volonté sur cette question ? 

MK : Encore une fois, nous n’avons jamais été dans une posture de règlement de crise, mais dans celle de dépassement. Il faut désormais que cela change pour régler cette crise.

 

MH : Le gouvernement vous a-t-il paru réceptif à cette volonté de règlement définitif de la crise ?

MK : C’est ce que nous vérifierons dans les jours, mois et années à venir. Nous avons souhaité que les Mahorais soient associés de manière quasi-systématique aux actions qui se déroulent sur la scène internationale. Il pourrait y avoir par exemple une délégation d’élus mahorais auprès de l’Onu, de l’Union africaine, et d’autres grands …/… 

…/… ensembles, pour aller expliquer ce qu’est Mayotte. Nous pensons que la France a un problème avec son passé colonial, et qu’elle n’a donc pas le courage de regarder un pays africain dans les yeux pour dire « Les Mahorais ont fait le choix de la France. » Alors qu’on y emmène et nous, nous le dirons en swahili s’il le faut, en anglais, ou en français. Nous considérons que nous sommes nos meilleurs avocats, mais encore faut-il que la France accepte de mettre à disposition sa diplomatie.

 

MH : Êtes-vous confiant sur une résolution prochaine de la crise actuelle ? 

MK : Nous avons donné notre point de vue, parlé de l’aspect historique de la question, et notamment du fait que Mayotte était française bien avant les autres îles. J’en profite pour ajouter un élément qui n’a jamais été versé au débat. On dit que les Comores sont indépendantes, et notamment suite à la déclaration unilatérale d’indépendance, mais je ferais remarquer que lors de la convocation de la Chambre des députés des Comores, qui a voté en faveur de cette déclaration le 5 juillet 1975, les quatre ou cinq parlementaires de Mayotte n’avaient pas été conviés. Ils n’y ont pas assisté. On a « oublié » de leur envoyer un avion pour venir les chercher, et donc il y a eu déclaration unilatérale d’indépendance des élus des trois îles, sans Mayotte. Mayotte a donc le droit de considérer qu’elle n’a jamais été associée à cette déclaration.

 

MH : On a l’impression que les élus Mahorais ont la volonté de prendre les choses en main, et notamment de faire comprendre à certains pays le choix de Mayotte. C’est une nouvelle façon de faire…

MK : Il s’agit d’une prise de conscience de la difficulté dans laquelle notre pays, la France, se trouve sur ce sujet. C’est une main tendue à notre gouvernement : les élus mahorais sont prêts à l’aider. Sans nous substituer à notre diplomatie, car nous n’avons pas son savoir-faire, nous pensons que nous pouvons être associés.

Jusqu’ici, la France a laissé toute la voie aux Comores pour livrer sa propre version sur la scène internationale. Et à chaque fois, notre diplomatie a été timorée, de peur d’être traitée de colonisateur. Nous, nous disons « non » : Mayotte n’est pas un pays colonisé, c’est un département français par la seule volonté de sa population. 

 

MH : Autre sujet abordé lors de cette rencontre : celui du toilettage institutionnel relatif aux compétences d’un département-région. Le terme fait peur à une partie de la population qui y voit une remise en cause du statut de Mayotte. Que pouvez-vous nous en dire ? 

MK : Moi je n’ai pas à expliquer ce qu’est ce toilettage institutionnel. Il y a un pilote sur le sujet à travers la personne du président du Conseil départemental. Je peux juste dire deux choses : nous avons unanimement convenu que ce toilettage ne doit pas être une fin en soi. Il ne doit pas être considéré comme le moteur sans lequel le développement de Mayotte ne peut se faire. Au contraire, nous considérons que nous avons, grâce à la loi Égalité réelle, un outil extrêmement intéressant pour accompagner le développement de Mayotte. La vraie question qui se pose est : « Quels sont les outils à notre disposition susceptibles d’accompagner et d’amplifier notre développement ? » La loi Égalité réelle a mis en place les contrats de convergence, qu’il faut bâtir. Nous sommes tous d’accord pour constater que 43 ans d’action n’ont pas été un franc succès, et que ce qui a été mis en place l’était certes avec l’accord des Mahorais, mais pas de leur initiative. Nous pensons qu’il est temps de changer de paradigme et de permettre aux Mahorais de donner leur vision de ce qui est bon pour Mayotte, et de demander à l’État d’accompagner. Si nous parvenons à nous entendre là-dessus, le gouvernement a proposé de mettre à disposition  quelqu’un pour nous accompagner dans cette réflexion.

Priorité doit être donnée aux infrastructures de développement : piste longue, routes, port de Longoni, numérique, etc. Sans la mobilité des personnes, des données et des marchandises, on ne pourra pas parler de développement économique. 

Ce n’est que lorsqu’on aura constaté que pour de telles ambitions, il faut modifier de manière substantielle les institutions actuelles, que nous pourrons envisager un toilettage institutionnel et des modifications à la marge, tels le nombre d’élus ou le mode de scrutin, par exemple. Mais s’il s’agit d’aller au-delà, alors il faudra revenir devant le peuple pour une consultation, comme nous l’avons fait cinq ou six fois déjà. C’est ce que j’appréhende sur cette question. Il y a un préalable : fabriquons le contrat de convergence, regardons ce qu’on peut y mettre, et demandons-nous s’il y a nécessité de toiletter. Pour appliquer le Code de la santé, le versement des retraites, et autres réformes sociales, il n’y a pas nécessité à le faire.

MH : À propos de la piste longue, le gouvernement a annoncé en juin dernier la reprise d’une étude en ce sens. Qu’en est-il ? 

MK : Le gouvernement a décidé une mission d’inspection. Elle est en cours. Elle a déjà rencontré les parlementaires, et est venue sur le territoire. Nous attendons ses conclusions. De  notre côté, les choses sont claires : nous ne pouvons pas aborder le développement de Mayotte sans une piste longue. Une piste non pas au service exclusif d’Air Austral, mais une piste qui permette à tous de se poser et de libéraliser l’espace aérien de Mayotte de manière à créer une concurrence. C’est un véritable hold-up dont sont victimes les Mahorais avec la tarification en cours.

 

 

Ramlati ali : « le point de vue mahorais a pu être entendu »

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Jeudi, le sénateur Hassani Abdallah (LREM), les députés Mansour Kamardine (LR), Ramlati Ali (LREM), le président du Conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani et le préfet de Mayotte, Dominique Sorain, ont rencontré la ministre des Outre-mer à Paris pour une réunion de travail centrée sur le fonctionnement du port de Longoni et l’avenir institutionnel du département. Au cours de leur déplacement, les élus mahorais ont également pu s’entretenir des relations diplomatiques avec les Comores avec des ambassadeurs africains. 

 

« On gagne toujours à expliquer l’histoire de Mayotte », estime la députée LREM de Mayotte Ramlati Ali. En déplacement à Paris avec d’autres élus mahorais en fin de semaine dernière pour rencontrer la ministre des Outre-mer Annick Girardin, la députée En Marche ! de la première circonscription de Mayotte a indiqué que ses collègues et elle avaient pu avoir, en marge de cette réunion de travail, une « rencontre très intéressante » à l’occasion de la conférence des ambassadeurs des États africains et avec le directeur de la zone Afrique, « dans la lignée » de la feuille de route France-Comores. « C’était la première fois depuis 1841 (date à laquelle Mayotte a été vendue à la France ndlr) que les élus mahorais rencontraient les ambassadeurs des pays africains », indique l’élue, qui se félicite de cette rencontre où les relations diplomatiques franco-comoriennes ont été évoquées. Face aux élus mahorais, une cinquantaine d’ambassadeurs des pays africains, dont certains soutiennent les revendications des Comores à Mayotte étaient présents. « À chaque fois, (les représentants des pays africains) entendent le point de vue comorien sur la situation, il fallait aussi qu’ils entendent le nôtre », estime l’élue. 

 

Contourner les procès en néocolonialisme 

 

Les responsables politiques mahorais, plus proches du terrain et fin connaisseurs de l’histoire de leur île, apparaissent aussi plus légitimes pour évoquer la question de la départementalisation devant des responsables étrangers. Autre avantage des élus mahorais sur d’autres représentants de l’État français, ils sont peu susceptibles d’être taxés de néocolonialisme par leurs interlocuteurs, fait valoir Ramlati Ali. Pour rappel, le président comorien, Azali Assoumani réaffirmait encore, le 9 août dernier, les revendications comoriennes sur le 101ème département français. Évoquant le référendum constitutionnel du 30 juillet qui est venu renforcer ses pouvoirs et qui lui permet désormais de briguer deux mandats consécutifs de cinq ans, le président Azali a déclaré mi-août que « tous les problèmes que nous avons eus dans ce référendum, leur seule cause reste notre opposition aux expulsions de Comoriens de leur propre pays, l’île de Mayotte. Et nous ne céderons pas. Je veux que ce pays se développe sans l’ancienne puissance coloniale… » Face à la crise diplomatique, les élus mahorais ont la volonté d’être associés au processus de diplomatie. La prochaine étape ? « Il faudrait que nous puissions rencontrer directement les chefs d’État africains qui seraient hostiles à ce que Mayotte reste française », espère la députée Ramlati Ali. 

 

Une collectivité unique, des compétences à clarifier 

 

À l’occasion de leur visite, les élus et le président du Conseil départemental ont rencontré la ministre des Outre-Mer Annick Girardin pour une réunion de travail consacrée à l’organisation du port de Longoni, à sa DSP (Délégation de service public), et à la question de l’évolution institutionnelle du 101ème département. Des questions institutionnelles que les derniers blocages avaient un peu laissées au second plan. »Concrètement, Mayotte est la première collectivité unique qui est censée représenter le département et la région », résume la députée Ramlati Ali. Or, « nous sommes arrivés sur (ce modèle) sans nous y préparer », regrette-t-elle, déplorant un flou sur la répartition des compétences entre la région et le département, ainsi que sur les budgets afférents. « L’évolution institutionnelle que le président (du Conseil départemental ndlr) appelle de ses vœux et que je soutiens, c’est qu’il faut qu’on évalue ce qui est fait, en termes d’obligations et de moyens ». Selon le président Soibahadine cité par nos confrères du Journal de Mayotte, à cet égard, « une lettre de mission sera confiée à un émissaire du ministère des Outre-Mer, qui rencontrera les forces vives du territoire. Ils devront s’exprimer sur l’avenir économique, social, culturel et environnemental de Mayotte. L’envoyé devra définir les outils juridiques et financiers nécessaires pour les mettre en oeuvre. Il faut clarifier les compétences et les ressources de Mayotte ».

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes