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Affaire du rapt en Petite-Terre : l’un des hommes placé en détention provisoire à la surprise générale

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Rapt de Petite-Terre : après l’appel devant la chambre de l’instruction, case prison et « tournure politique »

Rendue ce jeudi en appel devant la chambre d’instruction de La Réunion, la décision de placer les quatre hommes mis en cause dans l’affaire du rapt de Petite-Terre n’est pas sans soulever de questions selon leur avocat. Me Nadjim Ahamada dénonce notamment une violation des droits de la défense et une motivation politique à l’endroit des divers collectifs contre l’insécurité qui affichent un soutien farouche à ses clients.

Nouvel épisode dans l’affaire très médiatisée d’enlèvement de Petite-Terre. L’apparition du corps du jeune enlevé complique davantage la situation des quatre hommes inculpés. Le juge des libertés et de la détention a décidé de placer l’un d’entre eux en détention provisoire, et cette décision reste incomprise par la population.

L’angoisse était palpable dans la salle d’audience B du tribunal judiciaire de Kaweni jeudi dernier. Les quatre habitants de Petite-Terre accusés d’enlèvement et séquestration d’un jeune homme au mois de mai ont à nouveau été entendus par la juge d’instruction durant 6 heures. Ils sont ensuite passés une nouvelle fois devant le juge des libertés et de la détention afin de déterminer s’ils restent en contrôle judiciaire ou s’ils doivent être en détention provisoire. Ce rebondissement est dû à la découverte du corps sans vie du jeune homme en question, aux Badamiers en Petite-Terre fin juin. Cette découverte a mené la procureur à réclamer la détention provisoire des quatre hommes au vu de la gravité de l’affaire. Elle avance plusieurs arguments qui entraveraient l’avancement de l’enquête. “Ce que je viens défendre, c’est la recherche de la vérité. Il faut assurer la sérénité du débat par l’absence de concertation entre eux, l’absence de pression sur les victimes parce que suite à ces premiers éléments, une autre personne a été enlevée et séquestrée, la famille de la victime a été approchée. Et il ne faut pas qu’il y ait d’influence sur les témoins”, déclare-t-elle devant les accusés, leur avocat, le président de la cour et toute la population qui s’est déplacée pour assister à l’audience.

Des déclarations que réfute l’avocat des prévenus, Me Nadjim Ahamada. Selon lui, ses clients sont parfaitement conscients des risques qu’ils encourent et ont coopéré dès le début de l’enquête. “Pour mettre quelqu’un en détention provisoire, il faut un risque de pression sur les victimes et ils ne l’ont pas fait. Il faut un risque de fuite, ils n’ont pas fui. Il faudrait que la personne n’ait pas collaboré, ils ont tous collaboré. Donc juridiquement, le juge n’a aucune raison de les mettre en détention.” En effet, les quatre hommes se sont montrés coopératifs, l’un d’eux s’est même présenté volontairement au commissariat. Ils ont également respecté les conditions de leur contrôle judiciaire. Tous sont des pères de familles qui habitent sur l’île et ont une activité professionnelle. Cependant, leur avocat est parfaitement conscient qu’il s’agit d’une affaire très médiatisée et suivie par les Mahorais. “Des milices se forment sur le territoire et je pense qu’il y a une volonté pédagogique de les placer en détention provisoire, même si le dossier ne le mérite pas, afin de calmer la population”, nous indique Me Ahamada. La procureur ne s’en cache pas, elle veut donner l’exemple. “On voit des milices naître un peu partout sans aucune autorisation et on ne peut pas laisser faire ça. Il faut traiter cette affaire à sa juste mesure parce que sinon, c’est ouvrir la voie à des comportements de type lynchage en toute impunité”, défend-elle. Après plus d’une heure d’audience et presque 2 heures de délibération, le suspens prend fin. Le juge des libertés et de la détention maintient la liberté sous contrôle judiciaire pour trois des accusés et place celui qui est considéré comme la tête pensante en détention provisoire. Une décision qui laisse sans voix l’assemblée, et le principal concerné.

“C’est un acharnement du ministère public”

Les membres du collectif des citoyens de Mayotte, les familles et les amis des prévenus ont tous assisté à l’audience dans un silence oppressant. Lorsque la décision tombe, une partie de la salle d’audience se vide instantanément. À l’extérieur, on retrouve des femmes en pleurs. Le porte-parole du collectif des citoyens de Mayotte, Said Mouhoudhoiri, témoigne son incompréhension. “Je pense que c’est un acharnement du ministère public. Ils voulaient absolument envoyer quelqu’un derrière les barreaux, alors ils ont visé cet homme. Le verdict n’est pas à la hauteur, il a été préfabriqué. On a fait le pré-procès d’un homme tranquille qui n’a jamais eu d’histoires.” Selon lui, cette décision risque d’envoyer un mauvais signal aux délinquants qui sévissent sur l’île. “Ils peuvent nous harceler, nous assassiner, les autorités les regarderont en tant que simples spectateurs, passifs. Ils leur disent qu’ils n’ont rien à craindre, la prison de Mayotte n’est pas faite pour les bandits et les criminels.” La détention provisoire est renouvelable tous les ans, jusqu’au procès qui déterminera si les quatre accusés sont coupables ou non des faits qui leur sont reprochés, c’est-à-dire séquestration suivie de la mort de la personne enlevée. Leur avocat indique qu’ils feront appel de la décision. La procureur de son côté a d’ores et déjà fait appel. Elle souhaite que les trois autres soient également placés en détention provisoire.

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