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Assistants familiaux à Mayotte : « S’il faut que l’on rende leurs enfants, on leur rendra leurs enfants ! »

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Les assistants familiaux de Mayotte, plus communément connus sous le nom de familles d’accueil, se sont déplacés au conseil départemental, ce mardi 11 août, déterminés à entamer un bras de fer avec leur administration. Ils pointent du doigt, entre autres, la récente décision du Département de réduire considérablement la prime d’entretien des enfants à leur charge.

Elles étaient une bonne centaine à camper dans la cour du conseil départemental, déterminées à faire entendre leur voix. Les assistantes familiales, par le biais de la CGT, ont déposé un préavis de grève il y a une semaine. L’origine du conflit avec le Département ne se résume pas en un seul point, sinon en 35. Trois revendications sont cependant cruciales et détermineront le déroulement du mouvement. Les assistants familiaux veulent en premier lieu être considérés comme des agents départementaux à part entière. « Ils n’ont jamais été considérés comme tel alors qu’ils ont un contrat avec le Département comme tous les autres agents. Tous les agents départementaux sont gérés par les ressources humaines du Département, sauf les assistants familiaux », explique Haoussi Boinahédja, délégué syndical à la CGT Mayotte. La question de leur rémunération pose également problème. Selon une délibération datant de 2014, les salaires des assistants familiaux devaient évoluer pour atteindre celui du droit commun en 2018. En d’autres termes, ils devaient recevoir le SMIC mais le texte ne précise pas s’il s’agit de celui de Mayotte ou de l’hexagone, et la notion de droit commun pose problème. « Il y a une divergence d’interprétation car le Département s’aligne sur le SMIC de Mayotte alors que si on se réfère au droit commun, il doit s’aligner sur le SMIC de la métropole pour être au même niveau que les assistants familiaux de tout le territoire », indique Haoussi Boinahédja. Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la récente décision de la collectivité de réduire à plus de la moitié l’indemnité d’entretien des enfants placés. Le 27 juillet, un courrier est adressé aux assistants familiaux leur indiquant de se rendre au conseil départemental, mais le jour de la convocation c’est la douche froide. On leur annonce que le président, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a déjà réduit l’indemnité qui sert à entretenir les enfants qui vivent dans leurs foyers et cela prendrait effet dès le prochain versement. Le représentant syndical de la CGT dénonce une décision arbitraire qui n’est pas conforme au droit. « Les textes disent qu’il y a un minium garanti qui est de 3,65 euros par heure au niveau national. Seulement, chaque secteur est libre de le faire évoluer et quand la délibération de 2014 a été prise, le conseil départemental a lui-même fixé ce minimum à 7,66 euros. Aujourd’hui, ils disent qu’ils se sont trompés et qu’ils doivent ramener le minimum garanti à la valeur nationale. Or, la délibération de 2014 est une décision créatrice de droits, ils ne peuvent pas revenir comme ça sur leur décision. »

Des conditions de travail non prises en compte

Les conditions de travail des assistants familiaux ne sont pas non plus au beau fixe. À Mayotte, selon la CGT, plus de 90% des enfants placés sont en situation irrégulière et ne sont donc pas immatriculés à la sécurité sociale. Cette situation pose problème lorsqu’ils tombent malade. « Partout en France, les enfants placés bénéficient de la CMU (couverture maladie universelle), sauf chez nous parce qu’elle n’existe pas. Ce sont les familles d’accueil qui doivent payer pour leurs soins et elles ne sont pas remboursées. Le conseil départemental veut que l’on ferme les yeux mais c’est fini, on a trop fermé les yeux », déclare Haoussi Boinahédja. Les femmes présentes au conseil départemental ce jour-là dénoncent également un manque de considération de la réalité par leur hiérarchie. Le coût de la vie étant particulièrement élevé à Mayotte, elles disent dépenser plus que leurs collègues des autres territoires. « Ils voient juste l’argent qu’ils versent mais ne voient pas toutes nos dépenses », s’indigne une dame devant toute l’assemblée. Les assistants familiaux sont déterminés à ne rien laisser passer, ils sont même prêts à renoncer à leur activité si les discussions avec le Département ne sont pas concluantes. « Nous les mettons en garde, s’il faut que l’on rende leurs enfants, on leur rendra leurs enfants ! On refuse qu’on nous prenne pour des esclaves », menace Haoussi Boinahédja.

Une rencontre avec le département mitigée

Les représentants syndicaux des assistants familiaux ont été reçus par Issa Issa Abdou, 4ème vice-président du conseil départemental, en charge des affaires sociales, mais la réunion a été décevante pour les assistants familiaux. « Nous ne sommes pas du tout satisfaits. Ils nous ont dit qu’ils vont rétablir l’indemnité d’entretien des enfants placés, jusqu’à la fin de l’année mais pour nous, il est hors de question qu’ils reviennent sur cette décision », avertit le délégué syndical de la CGT. Issa Issa Abdou, tient de son côté un tout autre discours. « Ils ont tort de dire qu’ils ne sont pas satisfaits parce que nous avons répondu à un point essentiel. Nous allons rétablir l’indemnité d’entretien et nous nous sommes mis d’accord pour coécrire une nouvelle délibération afin de trouver les bons termes. Elle annulera donc celle de 2014. » Concernant les modalités de calculs des salaires des assistants familiaux, aucune issue n’a été trouvée. « Nous nous donnons le temps de la réflexion pour étudier les textes, car nous n’avons pas la même interprétation », selon le 4ème vice-président du Département. Même si les discussions ont avancé, elles ne sont pas finies et le mouvement se poursuit. Les assistants familiaux continueront à camper dans la cour du conseil départemental. Tous menacent d’emmener les enfants placés chez eux et de les laisser sur place. De son côté, la collectivité précise qu’il reste très ouvert et souhaite trouver des solutions rapidement. «On se bat pour qu’ils aient leurs droits, ni plus ni moins, parce qu’on a besoin d’eux, ils sont importants pour nous », conclut Issa Issa Abdou.

Sans accord avec les autorités aux Comores, la politique “incohérente” de la LIC à Mayotte

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Interpellations et expulsions ont repris, alors même que les frontières des Comores restent officiellement fermées. Une situation que dénoncent syndicats et associations.

La machine à expulser reprend doucement du service. Alors que les frontières des Comores restent officiellement fermées et que la crise sanitaire continue de sévir, les autorités à Mayotte tentent de relancer la lutte contre l’immigration clandestine (LIC). Déjà en mai, c’était le centre de rétention administrative qui rouvrait ses portes, contre l’avis des associations et syndicats de police. Lundi 3 août, les interpellations terrestres ont officiellement repris et le jeudi suivant, un premier bateau embarquait plusieurs personnes en situation irrégulière, destination Anjouan. “Il y avait une forte demande de la préfecture depuis le début du confinement, qui aurait bien aimé poursuivre la LIC. Et on sent aujourd’hui que le chiffre leur manque un peu…”, souffle Aldric Jamey, délégué départemental chez Alternative Police.

Reprendre les expulsions, “coûte que coûte” ? C’est ce que dénonce sans détour La Cimade. L’association d’aide aux étrangers s’est fendue d’un communiqué ce lundi pour alerter sur la “reprise des rafles et expulsions à Mayotte”. Conséquence des interpellations, le centre de rétention administrative ne cesse de se remplir et des locaux de rétention (LRA) sont créés, où “les gens s’entassent dans des conditions indignes, dorment à même le sol”. D’après nos informations, la capacité maximale d’accueil au CRA, Covid-19 oblige, d’abord limitée à la moitié, est passée aux trois quarts d’occupation, soit environ 112 personnes, contre 150 en temps normal.

Parmi elles, “s’y retrouvent, bien que protégés légalement contre toute mesure d’éloignement, des personnes avec des titres de séjour valides ou expirés pendant la crise sanitaire, des parents d’enfants français, des personnes arrivées avant 13 ans sur le territoire, des mineurs…”, peut-on lire dans le communiqué. Et ce, alors même que la fermeture de la préfecture pendant le confinement en a empêché plus d’un d’obtenir ou de renouveler son titre de séjour. Une situation que le Défenseur des droits avait d’ailleurs souligné en juillet dernier, recommandant “aux autorités de prendre des dispositions pour interdire toute mesure d’éloignement à l’encontre des personnes privées de la possibilité d’accéder aux guichets préfectoraux”, précise encore l’association.

Des interpellations mais pas d’accord

L’autre problème ? Aucun accord n’a officiellement été trouvé avec les autorités des Comores pour organiser les reconduites. “Nous travaillons ardemment à la reprise normalisée des éloignements. Les discussions sont toujours en cours”, répond ainsi laconiquement Julien Kerdoncuf, le sous-préfet à la lutte contre l’immigration clandestine, qui se refuse à tout autre commentaire sur la situation. Le bateau qui rapatriait des migrants jeudi dernier fait donc pour l’instant figure d’exception. “Il y a eu un début d’accord car il y avait des gens coincés aux Comores qui devaient revenir à Mayotte, donc le bateau a fait

l’aller-retour”, explique une source à la police aux frontières (PAF). En effet, ce jour-là, 48 Mahorais bloqués à Moroni ont pu rejoindre le département, mais plusieurs centaines d’autres restent encore dans l’attente d’une solution de rapatriement. En ce qui concerne l’immigration clandestine, “il n’y a toujours pas d’accord pour reprendre des liaisons quotidiennes comme avant, ni de date officielle”, précise cette même source.

La Covid-19 circule toujours

Une situation qu’elle juge “incohérente”, au vu de la crise sanitaire toujours en cours. “L’État nous fait créer des clusters au CRA”, dénonce ainsi cette source à la PAF. Car les interpellations, en l’absence d’accord avec les Comores, ne mènent souvent pas à grand-chose. Pire, elles peuvent avoir de lourdes conséquences avec la circulation de la Covid-19. Au CRA, où les personnes en situation irrégulière sont testées, les cas positifs sont envoyés à l’internat de Tsararano “qu’ils fuient dès la nuit tombée”. Si ces personnes ne sont donc pas parties avec le premier bateau, “ceux qu’elles ont peut-être contaminés pendant l’enfermement ont été embarqués vers Anjouan, une île comorienne à l’infrastructure médicale quasi inexistante”, critique quant à elle La Cimade. Et ceux qui n’ont pas embarqué finissent par être relâchés, après leur passage devant le juge des libertés et de la détention. Positifs ou négatifs ?

S. Halm, nouveau commissaire à Mamoudzou : « Je ne suis pas venu avec des idées préconçues et des méthodes d’ailleurs »

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Le commissaire Sébastien Halm a officiellement pris ses fonctions en tant que chef de la sécurité publique de Mamoudzou. Un poste qui intègre une nouvelle organisation des forces de police sur le territoire à travers la Direction territoriale de la police nationale. Le fonctionnaire le sait, les attentes sont fortes à son égard, en interne comme à l’extérieur, et affiche une volonté de proximité avec les différents acteurs dans une dynamique qu’il perçoit positive pour la sécurité. Entretien.

Flash Infos : Pourquoi avoir choisi Mayotte et quelles attentes nourrissez-vous à travers votre nouveau poste ?

Sébastien Halm : D’abord parce que je nourris un goût particulier pour les territoires qui rencontrent certaines difficultés comme c’est le cas de Mayotte et qui, nécessairement, impliquent beaucoup de choses à accomplir. Mon précédent poste, à Bagneux (Hauts-de-Seine), qui est une ville de cités m’a montré que malgré les complexités, la vie locale peut être extrêmement attachante et je pense retrouver ici ce goût pour la collectivité. Plus professionnellement parlant, il y a aussi les différentes dynamiques enclenchées ces derniers temps, à l’image de la création de la DTPN (Direction territoriale de la police nationale). Avec un chef unique pour commander l’ensemble des filières, il y a là une solution très innovante et sans doute gage d’efficacité. Ce n’est pas anodin et l’on ne retrouve cette organisation que dans trois territoires. De manière générale, je pense qu’il y a une vraie volonté d’améliorer la situation sur place. Avant d’arriver et en tant qu’observateur donc, j’ai ainsi pu me rendre compte que l’on n’avait jamais autant parlé de Mayotte que durant cette dernière année, en dehors des grandes crises qui ont secoué l’île. Tout cela, comme la réforme que j’ai évoquée à titre d’exemple, appuie mon envie de participer à cette dynamique. Après, on ne va pas se leurrer, ce sont des organisations compliquées à mettre en place mais le processus est bien enclenché. En dépit des différentes difficultés, je pense que les très fortes attentes qui sont nourries à notre égard rendent notre mission enthousiasmante. Elles donnent tout son sens à notre travail.

FI : Justement, d’un point de vue organisationnel, avez-vous une méthode particulière que vous souhaiteriez mettre en œuvre ?

S. H. : Mon credo est de ne pas venir avec des idées préconçues et des méthodes d’ailleurs. Il me semble indispensable dans un premier temps de se rendre compte de la nature des problèmes. Cela passe par un diagnostic tant du territoire que d’un point de vue interne. S’imprégner de l’état des forces, des états d’esprits des effectifs et de leurs particularités, mais aussi rencontrer différents partenaires tels que les élus, les cadres de la police municipale et de manière générale la population, tout cela doit me permettre de bien comprendre quelles sont les attentes et les enjeux. Car au-delà de la sécurité publique dont je suis le responsable à Mamoudzou, bien d’autres sujets, comme l’économie, entrent en interdépendance. Mon expérience me montre également qu’être au contact du tissu associatif est extrêmement important.

FI : Vous avez évoqué l’état des forces, l’organisation… La mise en place de la DTPN a pu soulever des questions et certains craignent que la fusion des différentes filières se fasse en faveur de la lutte contre l’immigration clandestine au détriment de la sécurité publique. Aurez-vous les moyens de les rassurer ?

S. H. : Je ne vois pas cela dans ce sens-là. D’abord, je pense que la lutte contre l’immigration clandestine contribue à la sécurité. Je considère aussi que le directeur, Jean-Marie Cavier, qui vient effectivement de la police aux frontières a largement fait ses preuves dans sa capacité à obtenir des moyens. C’est le résultat d’une méthode et d’une énergie qu’il déploie désormais pour l’ensemble des filières qui sont sous sa responsabilité. Dans le même temps, je ne nie pas qu’il puisse y avoir de forts besoins comme de fortes attentes, j’en ai conscience. Je sais également que des préoccupations d’animation se posent également. Et de ce point de vue-là, la façon de travailler en commun prend toute son importance. Je souhaite travailler étroitement avec les effectifs, être dans l’accompagnement. Par exemple, aller sur le terrain avec eux me paraît essentiel. Tant pour notre relation que pour une bonne compréhension du terrain.

FI : Quelles sont les priorités que vous vous êtes fixées ?

S. H. : Au-delà des différents sujets précédemment évoqués, la première échéance importante est forcément la rentrée scolaire. Du fait de cette population jeune, de très forts enjeux se posent avec les rassemblements qu’elle implique, la problématique des transports scolaires, etc. Cela soulève nécessairement des inquiétudes, ne serait-ce que parce que traditionnellement, il s’agit d’une période sensible et que le contexte particulier n’aide pas. Il faut donc absolument préparer cette rentrée dans les meilleures conditions.

L’UFOLEP à Mayotte continue sa tournée des villes

En partenariat avec le service politique de la ville de Koungou et la direction régionale de la jeunesse du sport et de la cohésion sociale, l’union française des œuvres laïques d’éducation physique (UFOLEP) s’installe cette semaine à l’école de primaire de Kangani dans le cadre du dispositif « Quartier d’été ».

Actif depuis 2012, l’UFOLEP est une fédération qui arpente les communes de l’ile dans le but de promouvoir les sports en tous genres et de tout âge. À l’initiative de la direction régionale de la jeunesse du sport et de la cohésion sociale qui finance la totalité du séjour, la structure propose un planning d’activité du lundi au vendredi, de 9h à 16. Cette semaine, cap sur Kangani. Au programme ? Des randonnées dans la commune de Koungou, l’initiation au vélo, des sports collectifs, des jeux éducatifs et de réflexion. « L’idée est de développer l’esprit des jeunes à travers des activités ludiques tout en s’amusant », rapporte Atua Attoumani, déléguée départementale de l’UFOLEP 976.

« La DRJSCS nous a formé afin de garantir la sécurité de tous durant les séances »

En cette période de crise sanitaire, la DRJSCS tient à ce que les activités se déroulent dans le respect des gestes barrières. « Nous sommes très vigilant dans le cadre du dispositif Covid. La DRJSCS nous a formé afin de garantir la sécurité de tous durant les séances », déclare Atua Attoumani. Dès lors, « 30 enfants participeront aux activités. Ils seront répartis en 3 groupes de 10. Des masques et du gel hydroalcoolique seront à leur disposition », ajoute-t-elle. Le collectif poursuit sa tournée la semaine prochaine à Longoni, aux mêmes horaires.

Route barrée à Kangani : une colère de longue date et de nouvelles promesses

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Ce mercredi 12 août, les habitants de Kangani ont érigé un barrage sur la route nationale. Ils estiment que les camions qui partent de la carrière du village et qui y entrent sont dangereux pour les villageois, et plus particulièrement pour les enfants qui vont à l’école. La population exige le contournement de cette route, mais leur combat est loin d’être gagné.

Les automobilistes qui ont voulu emprunter la route nationale à Kangani ce mercredi 12 août, se sont retrouvés face un barrage constitué de pneus, de poubelles, de bois et cartons. Dès 7h du matin, les villageois ont barré le tronçon de route qui mène à la carrière IBS (rue Dachéry) ainsi que la nationale. Ils dénoncent le trafic routier dense causé par les poids-lourds qui entrent et sortent de la carrière de Kangani. Ces véhicules seraient dangereux, particulièrement pour les enfants qui vont à l’école. En effet, aucune signalisation n’indique le passage d’enfants ou l’existence de l’école maternelle et primaire. Le collectif des habitants de Kangani a donc décidé de se faire entendre en mettant à l’écrit 10 revendications qui ont été soumises à la mairie de Koungou, la préfecture, et le conseil départemental lors d’une réunion de négociations. Le contournement de la route d’accès à la carrière est le point principal, et ce n’est pas la première fois que les habitants de Kangani la réclament. « Nous sommes très inquiets par ce que nous avons entendu dans cette réunion. On a découvert qu’après 33 barrages sur 25 ans, aucune solution n’a été envisagée pour le contournement de cette route. Aujourd’hui, on part sur un petit projet d’une étude de faisabilité qui existerait depuis 2007, mais l’État dit ignorer l’existence de cette étude, seule la société exploitante aurait des éléments », indique Ibrahim Mroivili, représentant du collectif des habitants de Kangani. La mairie de Koungou s’engage en effet à porter un projet d’étude avec l’État, le conseil départemental et IBS « afin de présenter au plus tôt une faisabilité technique et un coût prévisionnel du projet de contournement. » Aucun délai n’a été défini si ce n’est le compte rendu tous les 15 jours, par la mairie. Et si les habitants et la société IBS semblent avoir une idée du passage de cette nouvelle route (elle passerait derrière la carrière jusqu’à l’hôtel Trévani), la mairie de Koungou est quelque peu perdue. « Je ne sais pas du tout où pourrait se faire cette route de contournement. Ils parlent d’un projet que je n’ai jamais vu. Je vais mettre en place un bureau d’étude réactif pour regarder toutes les possibilités et choisir la plus pertinente », déclare Alain Manteau, DGS de la mairie de Koungou.

Le collectif des habitants de Kangani, exige également un arrêté interdisant le passage de camions dès que la nouvelle route sera ouverte, des panneaux de signalisation indiquant les écoles, une limitation de vitesse à 20km/h, ou encore des dos d’ânes sur la route d’accès à la carrière (liste non exhaustive). Des revendications auxquelles les différentes autorités présentes à la réunion ont répondu favorablement dans l’ensemble. « La signalisation et les coussins berlinois (ralentisseurs en plastique) seront installés sous deux semaines en fonction des disponibilités », annonce Alain Manteau.

IBS rejette la faute sur VINCI et la préfecture

De son côté, la société IBS, qui est installée à la carrière de Kangani depuis 25 ans, estime que la préfecture n’aurait pas dû autoriser Vinci à circuler sur cette route nationale. « On a essayé de parler avec les villageois plusieurs fois. On a négocié avec eux en finançant les écoles, en donnant des cadeaux et en sponsorisant l’équipe de football, mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le fait que la préfecture a autorisé Vinci à passer par le village alors qu’il y a déjà trop de passages. Entre la poussière, le bruit, les enfants qui vont à l’école, ça va être la guerre et on va finir par tuer quelqu’un », s’indigne Théophane Narayanin, PDG de la société IBS. Ce dernier nous indique que sa société assure à elle seule en moyenne 900 passages par jour, allers et retours compris. Il affirme également que cela fait 15 ans que l’État, la mairie de Koungou, le conseil général puis départemental, et IBS doivent participer à la création d’une nouvelle route, mais l’arrivée de Vinci a changé la donne. « Lorsqu’en 2015 Vinci a racheté 25 hectares de terrains, nous avons décidé de ne rien faire parce qu’ils doivent aussi contribuer à cette nouvelle route. IBS seul ne peut pas le faire. Et j’ai honte parce qu’on a tous menti à la population », avoue Théophane Narayanin. Il leur reste encore le temps de l’étude pour se mettre d’accord, mais IBS souhaite qu’une solution soit rapidement trouvée puisqu’une journée de blocage comme celle-ci leur coûte entre 150.000 euros et 170.000 euros de perte du chiffre d’affaires. Un barrage qui coûte finalement très cher.

Une enfant meurt noyée à Trévani, par manque de vigilance

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Le drame aurait pu être évité, pourtant, une enfant de cinq ans a perdu la vie dimanche, sur la plage de Trévani, où sa tante l’avait amenée. Partie se baigner avec ses trois cousins, la petite a rapidement disparu, avant que les vagues ne ramènent son corps sur la plage. Les secours n’ont rien pu faire pour la sauver. 

Elle avait cinq ans, et elle a perdu la vie ce week-end. Dimanche, une femme amène sa nièce – dont la garde lui a été confiée six mois plus tôt suite à l’expulsion de ses parents – et ses trois enfants sur la plage de Trévani, juste devant l’hôtel du même nom. Après avoir pris leur goûter, les quatre bambins partent se baigner. Rapidement, l’un d’entre eux donne l’alerte : sa cousine a disparu. 

Les clients de l’hôtel sont prévenus et tous se mettent à sa recherche. « On était en plein boulot, et tout à coup, j’ai vu mon serveur se précipiter vers le ponton en sautant par-dessus la rambarde du restaurant », retrace Thierry Saidani, directeur d’exploitation de l’hôtel Trévani. Sur le sable, les vagues viennent de recracher le corps de la fillette, face contre terre. Une infirmière qui avait accompagné la tante de l’enfant à la plage prodigue à la petite victime, pendant plusieurs dizaines de minutes, un massage cardiaque en utilisant le défibrillateur mis à disposition par l’hôtel. L’enfant se réveille, vomit son goûter, puis perd à nouveau connaissance. Les pompiers et le Smur arrivent alors sur place pour conduire la petite à l’hôpital. En vain. Elle décèdera avant même d’être prise en charge. 

« Un enfant de cinq ans, ça doit être sous surveillance continue », rappelle le colonel Bisquert, qui précise par ailleurs que la tante de l’enfant, blessée et en béquilles, n’a pu participer activement aux recherches de sa nièce. « Avec plus de vigilance, cet accident aurait pu être évité. » Mais seulement quelques heures après le drame, certains internautes, ont, sur les réseaux sociaux, interrogé une autre responsabilité : celle des collectivités et des autorités. 

Aucune plage surveillée à Mayotte 

Alors que le département compte plusieurs dizaines de kilomètres de plage, pas un seul sauveteur n’y est déployé à l’échelle de l’île. Légalement, les communes sont tenues de recruter des professionnels de la sécurité uniquement sur les plages aménagées. Mais à Mayotte, aucune ne l’est à ce jour. Autrement dit, la surveillance sur les plages n’est ici pas obligatoire – bien qu’une signalétique doit être déployée pour indiquer aux baigneurs tous risques potentiels. Mais suite au récent drame, la mairie a expliqué vouloir améliorer la sécurité de ses plages. « On ne peut pas se permettre d’attendre un nouvel accident », insiste Alain Manteau, directeur général des services de la deuxième ville de l’île. « Nous souhaitons tout sécuriser au maximum, tout est possible à condition que tous les acteurs concernés se mettent autour de la table pour qu’on puisse agir rapidement, car sans la préfecture ni la Deal, nous ne pourrons rien faire. Il faut par exemple avoir un accord pour former les agents, mais pour assurer une surveillance 7j/7, il nous en faudrait au moins cinq. »

Quelques années plus tôt, Tachiki Maoré, gérant de l’hôtel Trévani, avait pourtant fait installer un petit ponton sur la plage attenante à l’établissement, celle-là même où a eu lieu la noyade ce dimanche. Un aménagement qui aurait pu être utilisé pour surveiller la baignade, s’il n’y avait pas eu « des petits soucis concernant la formation du personnel ou l’agrément », commente encore le DGS de Koungou. En conséquence, la Deal a demandé la destruction de l’installation. De son côté, la direction du Trévani déplore qu’aucune patrouille régulière des forces de l’ordre n’aient été mis en place sur cette plage, malgré ses nombreuses demandes. « Encore le week-end dernier, j’ai dû intervenir parce que des jeunes voyous avec des chiens ont agressé des plagistes », déplore Thierry Saidani. 

Interrogée par la rédaction, la société nationale de sauvetage en mer a expliqué qu’à moins de 300 mètres des plages, les interventions de secourisme relèvent en priorité des pompiers. « Mais nous sommes toutefois mis en alerte en cas d’accident », précise Frédéric Niewiadomski, président de la SNSM Mayotte. Mais depuis près d’un an, la société a dû suspendre ses opérations en mer, puisqu’elle attend le renouvellement de son unique navire de secours, inutilisable depuis que les boudins de l’ancien semi-rigide, trop usé, ont explosé. Un bateau qui avait pourtant fait l’objet d’une demande de remplacement auprès du conseil départemental, chargé de financer la moitié du nouvel appareil. Requête à laquelle la collectivité, rappelée à ses obligations légales, a répondu il y a seulement quelques mois. « Si tout va bien, nous recevrons notre nouveau bateau en octobre et nous pourrons reprendre les opérations de sauvetage », espère Frédéric Niewiadomski. En juin, lorsque le comédien Khams avait disparu en mer au volant de son jet ski, la SNSM n’avait ainsi pas pu intervenir. 

 

 

 

 

 

 

À Pamandzi, les habitants de Bandrahari montent au créneau

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Récemment constitués en association, les habitants de Bandrahari à Pamandzi ont interpellé le nouveau maire de la commune pour relater l’environnement de terreur qui règne depuis ces derniers mois. Le collectif a proposé un certain nombre de mesures pour « fermer » les sites accessibles et a évoqué sa détermination dans le but de retrouver un semblant de tranquillité. 

« Il arrive qu’une trentaine d’individus cagoulés, envahissent les rues pour des actes malintentionnés. Nous subissons des dégradations de nos voitures, des braquages dans nos maisons, des agressions physiques, qui traumatisent parents, enfants et personnes âgées. Nous sommes terrorisés ! Personne ne passe une nuit paisible. » La lecture du courrier adressé au nouveau maire de Pamandzi, Madi Souf Madi, par l’association pour la défense des intérêts des habitants de Bandrahari fait froid dans le dos… Vice-présidente de ce collectif nouvellement créé, Ankdate Aliamani relate que les faits de violence « sont montés crescendo » durant le confinement. Et n’hésite pas à évoquer des scènes de film pour évoquer la situation délétère au sein de sa commune. Un climat de terreur dont l’ancienne majorité ne semble pas avoir pris la mesure. 

Or cet immobilisme n’est pas sans conséquence. Selon la jeune femme, pas moins de 150 voisins se mobilisent depuis plusieurs mois pour recenser « ces bandes de jeunes délinquants qui jouent au chat et à la souris », faute d’actions concrètes des forces de l’ordre et de la police municipale. « Depuis le second tour des élections, le maire passe dans les quartiers pour remercier ses administrés. Nous lui avons exposé nos problématiques. Il nous a écoutés et entendus. » Suffisant ? Pas sûr. Le premier magistrat fait de la prochaine rentrée scolaire sa priorité. Mais pour le collectif, « elle ne pourra se faire dans cet environnement ».

« Nous sommes déterminés »

Ainsi les membres proposent-ils de lancer des mesures adéquates pour enrayer ce fléau. En ligne de mire : la sécurisation de lieux ouverts, comme le stade et la parcelle de la bibliothèque, et l’éclairage des zones sombres. Mais pas que. L’association préconise de déployer une présence policière armée, de demander des rondes pédestres de la part de la gendarmerie, de lutter efficacement contre l’habitat informel et les implantations illégales, de supprimer tous les gravats et cailloux qui sont sources de projectiles, de prendre un arrêté municipal contraignant le propriétaire de la maison abandonnée à proximité du Douka Bé d’en condamner tous les accès mais aussi d’interdire la consommation d’alcool sur la voie publique. Sans oublier d’installer un dispositif de vidéoprotection au cœur du quartier et sur les accès venant de la Vigie. 

« Montrez aux délinquants que la négligence passé n’a que trop duré. Exigez fortement et inlassablement de l’État qu’il remplisse enfin ces missions en matière de sécurité du quotidien sur tous les lieux et à toute heure. Il s’agit là de votre responsabilité et de celle de l’État français. Donnez des instructions claires pour la sécurité de vos concitoyens », détaille le collectif. D’ailleurs, Ankdate Aliamani assure que les habitants apporteront une attention toute particulière quant aux décisions prises par le nouveau maire. « Nous sommes déterminés, nous assisterons aux conseils municipaux. » Avec un objectif bien précis en tête : « légitimer nos actions. » En espérant que la réponse des autorités, « sans qui nous n’arriverons pas à avancer », sera à la hauteur des attentes des habitants du quartier de Bandrahani. 

 

 

Mayotte : Match nul et prolongations chez Jumbo Score

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Entamée il y a près d’un mois, la grève des salariés de Jumbo Score ne faiblit pas en intensité. Et a même retrouvé de la vigueur en ce début de semaine avec le blocage des caisses par les grévistes. Pas de quoi, semble-t-il, faire plier la direction avec qui les négociations portant notamment sur les revalorisations de salaires sont au point mort. Fait nouveau, les employés en colère demandent désormais le départ de leur directeur. 

« À Mayotte, on parle beaucoup des délinquants mais pas tellement des patrons voyous. Et le nôtre, il est clairement dans le haut de la liste ! » Accoudée sur un congélateur empli de pizzas, Anissa Hadhurami ne goûte visiblement pas l’attitude imputée à la direction à l’égard de ses camarades grévistes. « On est méprisés en permanence », peste la déléguée syndicale. « La semaine dernière, on devait discuter avec notre directeur avec une médiation de la Dieccte, mais il leur a dit de ne pas venir et au lieu de ça, il s’est assis sur la table en nous présentant ses semelles de chaussures », poursuit-elle, furibonde au milieu des surgelés. Une énième rencontre teintée de mépris, selon les dires des employés en colère, et c’est la goutte de trop dans ce conflit social qui agite l’enseigne depuis désormais près d’un mois. Alors, aux multiples revendications déjà déclarées, les salariés dont une partie bloque l’accès aux caisses du magasin en ont ajouté une. Et non des moindres : le départ de leur directeur. En atteste une banderole étirée entre deux caddies remplis de denrées.

Derrière le barrage à roulettes, d’une bouche à l’autre, le même sentiment d’injustice. « Pourquoi, alors qu’à Mayotte la vie est encore plus chère qu’ailleurs, nous sommes tout de même largement moins payés que nos collègues d’autres territoires ? », s’interroge le boucher de Jumbo, casquette CGT vissée sur la tête. « Comment peut-on accepter cela alors même que les comptes de l’expert-comptable le montrent : nous faisons un meilleur chiffre ici que dans les magasins de La Réunion », emboîte Anissa Hadhurami. « Nous ne demandons pourtant pas la lune mais concernant les salaires, par exemple, nous avions proposé comme point de départ des négociations 150 euros d’augmentation pour tous. Ce n’est évidement peut-être pas ce que nous aurions obtenu, mais quand on nous propose en retour seulement 23 euros supplémentaires, on a vraiment l’impression qu’on se moque de nous », soutient celle qui dit « enchaîner les réunions qui ne servent à rien car la direction freine sur tout ». 

« On ne peut pas reprendre le travail, c’est allé trop loin »

Et s’ils promettent de « tenir coûte que coûte », quitte à durcir le mouvement en poursuivant le blocage des caisses, les grévistes ne se font guère d’illusions. « On tient mais pour l’instant on n’obtient toujours rien alors que même la ministre du Travail a été alertée. Que ce soit au niveau de la direction et de la préfecture rien ne bouge. L’arrivée de GBH ne changera rien non plus, de toutes façons ils ont gardé la même équipe de direction. Pire, on voit même que des entretiens d’embauche ont lieu dans notre dos alors que ça fait des mois qu’on explique qu’il manque du personnel en rayon », poursuit la syndicaliste qui craint également pour son emploi. « Je fais la forte tête depuis le début, car je n’accepte pas que l’on se moque de moi sur les questions de parité, de promotions et de manière générale sur les droits sociaux alors forcément ça dérange. Mais tout ça je ne le fais pas pour moi, plutôt pour nos enfants car ici comme à Mayotte en général, on ne doit plus subir les seuls intérêts des patrons sans rien en échange pour finir avec une retraite de misère. » Alors, jusqu’à quand la guerre des nerfs fera-t-elle rage dans ce supermarché à l’ambiance tantôt glaciale, tantôt volcanique ? 

« Aucune idée mais il faudra de toute manière un geste. On ne peut pas reprendre le travail dans de telles conditions, c’est allé trop loin, on s’est trop moqué de nous », martèle Anissa en rejoignant ses camarades de lutte. Chez lesquels le premier de ces gestes serait d’accéder à la demande inscrite sur la banderole qu’ils exhibent. Soit le départ de leur directeur. Et les grévistes d’en appeler à « la solidarité de tous les Mahorais » en boycottant l’enseigne. « Peut-être qu’en voyant les caisses se vider ils finiront par réagir », tente la déléguée syndicale. Avec encore un peu d’énergie en rayon. 

* Contactés, le groupe GBH, la préfecture de Mayotte, la Dieccte et la direction du magasin Jumbo Score n’ont pas répondu à nos sollicitations. 

Silence local, écho national

La situation d’enlisement et les différents événements, parfois tendus, qui ont maillé les dernières semaines de grève au sein de l’enseigne ont poussé le secrétaire général de la fédération CGT Commerce et services, Amar Lagha, à interpeller la ministre du Travail dans un courrier en date du 28 juillet. Le syndicaliste y décrit notamment « une situation sociale préoccupante et urgente » dont les nouvelles « alertent particulièrement ». Reprenant la voix des grévistes, un communiqué national de la fédération est venu enfoncer le clou, le 5 août, dénonçant « le mépris ouvert du directeur de site face aux représentant.e.s du personnel, d’une indécence crapuleuse ». « Comment ce gouvernement qui ne cesse de prôner la démocratie à l’échelle de l’entreprise peut-il cautionner de tels agissements lors de simple Négociations annuelles obligatoires ? », s’interroge le communiqué appelant par ailleurs à une « saisine immédiate » du préfet de Mayotte. Deux jours avant la publication de ce document, la cheffe de cabinet de la ministre du Travail, Clémence Lecoeur, s’était toutefois fendue d’une réponse au secrétaire général de la fédération. Lui assurant notamment que « la ministre a pris connaissance de votre courrier avec une attention toute particulière ». Lequel courrier a, comme l’indique la lettre, été transféré en direction de la case Rocher et de son hôte le préfet « en vue d’un examen attentif par ses services ». Retour à la case départ ? 

 

Les affaires reprennent chez SFR à Mayotte

Fin des négociations. Après trois jours d’inactivités, les salariés grévistes du groupe SFR ont repris le chemin du travail. Un accord a été scellé entre la direction et les syndicalistes. Hier, les boutiques ont repris l’accueil clientèle.

Vendredi, 13h. L’intersyndicale CFDT/UNSA, les élus de la SMR (société mahoraise de radiotéléphonie) et la direction se rencontrent pour une ultime visio-conférence qui se prolonge jusqu’à minuit. « Le dialogue était plus ouvert comparé au meeting précédent », témoigne Anrmy Bourane, délégué syndical de la CFDT et secrétaire du CSE (comité social et économique). La première avancée majeure porte sur la pression exercée sur les élus. Selon le représentant, un expert en médiation sera envoyé par le groupe Altice SFR depuis Paris. « Ce dernier sera chargé de réunir les différents protagonistes, à savoir les deux élus, la manager et le RH, de manière à analyser la situation afin de proposer des solutions alternatives au conflit », dévoile-t-il.

Le second point met l’accent sur le poste vacant de directeur de la SMR. Les syndicalistes souhaitent avoir un dirigeant local qui soit proche de la population. Chose entendue par la direction qui nomme immédiatement un responsable RH dont l’arrivée est imminente. « Nous voulons une personne prête à s’impliquer auprès des Mahorais et qui vivent à leur côté », ajoute le secrétaire du CSE. Le troisième point de satisfaction traite des minimas salariaux conventionnels. « Nous avons ressenti un manque de transparence dans le mode de calcul des minimas en 2018, il y a eu de nombreuses zones d’incompréhension », souligne le délégué de la CFDT. La participation de Jean-Christophe Capel, responsable de la partie paye et organismes sociaux du groupe Altice SFR, au cours de cette visio-conférence rassure le syndicat. « Il va demander à ses équipes de contrôler la totalité des dossiers « Mayotte » en septembre avant de nous faire parvenir les résultats. Ensuite, il s’est engagé à être présent sur le CSE SMR. Ce sont des choses qu’il faisait dans toutes les sociétés du groupe Altice SFR sauf à Mayotte », précise-t-il.

« Il n’y aura pas de suppression d’emploi »

Fin du quiproquo concernant l’externalisation du service client. La direction confirme qu’il n’y aura pas de suppression d’emplois. Yves Gauvin, le directeur général adjoint de SFR Mayotte/Réunion, soutient que le service client à l’échelle locale, en place depuis plusieurs années, est plus à même de conseiller les Mahorais. « C’est une bonne nouvelle pour l’économie de l’île, les salariés et les clients », s’enthousiasme Anrmy Bourane. 

Samedi, 9h. Le suspens prend fin. Après une longue nuit de réflexion, une entente s’opère entre la direction et les manifestants pour la reprise des activités le temps de conclure le différend. C’est au terme de quatre réunions, avec un taux de grévistes de 83%, que le protocole de fin de conflit est signé, à 12h, entre les deux partie, suivi d’une réouverture des agences dès ce lundi. 

Cette grève se termine avec la parution d’un communiqué de presse de l’intersyndicale UFDT/UNSA qui présente ses excuses à la direction du groupe SFR par rapport à des propos rapportés par notre rédaction. La direction aurait exigé un mea-culpa suite à l’usage du terme « esclaves ». Une manière de définitivement enterrer la hache de guerre. 

 

 

Réseau saturé entre les salariés et la direction de SFR à Mayotte

Négociations sous haute tension. Après une première journée de grève, la direction de SFR a reçu les syndicats pour faire un point sur leurs revendications. Remontés après ce premier échange, les salariés ont reconduit leur mouvement social pour une durée illimité.

Mercredi, 17h. L’intersyndicale UI-CFDT/UNSA, les élus de la SMR (Société Mahoraise de Radio-Téléphonie) et la direction de SFR se réunissent après une première journée de mobilisation. Mais au bout d’une heure, le verdict tombe : les négociations tournent en rond. La direction propose alors aux grévistes de suspendre leur mouvement pendant le temps des pourparlers. Proposition balayée d’un revers de la main par le syndicat. Bis repetita hier avec un nouveau sitting devant les locaux de l’entreprise téléphonique. Tous mobilisés, les salariés expriment leur mécontentement vis-à-vis de leur direction, porté par le slogan « Nooon Karivendzé ».

Au cœur des revendications ? Trois points importants détaillés par Anrmy Bourane, délégué syndical UI-CFDT et secrétaire du CSE (comité social économique) de la SMR. En premier lieu, le syndicat évoque la problématique des pressions exercées sur les représentants du commerce de la SMR et du CSE. « Des élus qui ne peuvent pas s’exprimer et qui ne peuvent pas travailler, ce n’est pas possible. Ça s’appelle de la discrimination syndicale et de la pression sur élu », martèle celui-ci.

Deuxième point : « l’externalisation » du service client, avec entres autres la déportation des activités à Maurice qui selon Anrmy Bourane pénaliserait les clients mahorais en raison de la barrière de la langue. « Les personnes qualifiées ne se trouvent pas seulement à La Réunion et à Maurice. Je pense qu’il y a toutes les compétences réunies à Mayotte pour avoir un service client de qualité, qui d’ailleurs est offert ici, par les Mahorais depuis des années, avec la pratique du chimaoré et le chibouchi. Ce qui est une chance pour la population », détaille-t-il.

« Nous ne voulons pas être les esclaves de l’opérateur »

Enfin, les grévistes déplorent l’absence de pilote aux commandes de l’avion de la SMR. En effet, depuis le départ de leur ancien directeur, le poste est resté vacant. « Nous demandons tout simplement un responsable, ici à Mayotte de manière à pouvoir vivre avec les salariés mahorais et à comprendre les clients locaux, pour éviter ce type de grève, car ce n’est pas une partie de plaisir, que ce soient pour les salariés, les clients ou la direction. Chose qu’on aurait pu éviter avec une direction locale car je rappelle que notre RH, notre directeur et notre comptable travaillent à La Réunion. En bref, la SMR est un sous-traitant de la SRR, qui est la maison-mère. Nous ne voulons pas être les esclaves de l’opérateur », relate le délégué syndical.

Conséquence de cette absence de dialogue, le syndicat invite les clients à ne pas se déplacer. Aucun salarié n’est susceptible de les orienter dans les espaces SFR. Hier matin, de 8h à 10h, a eu lieu une réunion avec 80% des salariés selon le Anrmy Bourane pour passer à l’étape supérieure. Le groupe compte durcir le mouvement dans les prochains jours. « Nous ne souhaitons pas de prendre en otage la population mahoraise, qui a déjà du mal dans son quotidien, en occupant les rues. Notre stratégie est d’agir en nombre et d’utiliser les médias », rassure le secrétaire du CSE. Toujours est-il que les grévistes se disent ouverts à la discussion. À 14h, s’est tenue une réunion pour déterminer l’issue de ce mouvement. « Nous avons une très forte détermination, nous irons jusqu’au bout ! La grève sera levée quand le protocole de fin de conflit sera signé », dévoile-t-il, quelques minutes avant de prendre part à cette nouvelle visio-conférence.

Finalement, celle-ci se déroule dans de meilleures conditions, en compagnie de Yves Gauvin, les responsables RH de la métropole et de La Réunion, trois représentants de l’UNSA et un représentant de CFDT, le dialogue s’opère de manière plus sereine. « Il y a eu beaucoup de malentendus et d’incompréhensions lors de la première réunion », souligne Yves Gauvin, le directeur général adjoint de SFR Mayotte/Réunion. Il tient à rassurer ses salariés quant à l’inquiétude autour de la délocalisation de postes. « Il n’est pas question de supprimer des emplois », ajoute-t-il. Concernant la revendication des syndicalistes sur la nécessité de nommer un chef d’orchestre local, Yves Gauvin promet l’installation d’un responsable RH à Mayotte d’ici la fin du mois. Si les négociations ont avancé, les deux parties n’ont toujours pas scellé d’accord. Selon le directeur général adjoint de SFR, le secrétaire de la CFDT a refusé de signer l’ordre du jour au dernier moment. Ainsi, la grève est toujours d’actualité. Une nouvelle rencontre est prévue ce jour à 13h.

Suite aux récentes agressions, le SMUR de Mayotte revoit ses plans d’intervention

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Jamais pris à partie jusqu’alors, le SMUR et les transports sanitaires ont vécu deux agressions coup sur coup. Ces deux événements poussent le centre hospitalier de Mayotte à revoir son mode opératoire lors de ses interventions, qui espère un appui plus important et fréquent des forces de l’ordre dans certaines zones du territoire. Responsable du Samu et du Smur, le docteur Christophe Caralp dévoile les dessous des prochaines mesures.

Flash Infos : En l’espace de quelques jours, un véhicule du Smur a été violemment attaqué à Combani avant qu’un transport sanitaire ne soit pris à partie à Dzoumogné. Comment avez-vous vécu la situation ?

Christophe Caralp : Nous dénonçons et condamnons ces agressions vis-à-vis du Smur et du transport sanitaire parce que ce sont des personnels soignants qui viennent secourir autrui. Ces incidents se produisent en métropole mais ils n’avaient jamais existé à Mayotte ! Et c’est la population dans son ensemble qui va le payer puisque le 4×4 a été immobilisé pendant quelques jours, le temps des réparations. Et nous n’avions pas d’autres moyens de transport pour intervenir dans des milieux périlleux. Il ne nous restait plus que des ambulances standards qui ne peuvent pas circuler partout dans Mayotte. D’autre part, cela va dans le prolongement de ce qui s’était passé il y a quelques semaines avec le blocage de l’hélicoptère. Il faut sanctuariser la santé ! Personne ne doit gêner les pompiers et les services de secours dans leurs interventions, même si c’est, malheureusement, mal vécu par les habitants quand celles-ci sont au profit de personnes en situation irrégulière. Mais l’accès aux soins pour tous fait partie de l’éthique médicale.

FI : Dans quel état d’esprit avez-vous retrouvé le personnel soignant et les ambulanciers suite à ces deux événements ?

C. C. : Tout d’abord, aucun soignant ne s’est mis en grève suite à l’incident de Combani. L’ensemble de l’équipe du Smur a été reçue par la direction et par l’encadrement médical. La première chose qui m’a frappé est que le personnel reste toujours aussi volontaire à exprimer ses craintes sans évoquer une mise en retrait. Et pour cela, je tiens à les féliciter car ce sont de très grands professionnels. Ensuite, l’équipe en intervention reste extrêmement choquée. Certains agents sont en arrêt de travail. Ils ont eu peur pour leur vie, ils ont eu peur de mourir. Ils sont effrayés à l’idée qu’un jour la situation dérape et qu’un soignant ou un secouriste perde la vie pour aider quelqu’un. Je le répète : c’est inacceptable !

FI : Quelles solutions s’offrent à vous pour remédier à ce climat délétère ?

C. C. : Déjà, il est très clair que n’importe quelle agression, qu’elle se passe à l’intérieur ou l’extérieur du centre hospitalier, donnera lieu à des poursuites. Nous ne tolérerons jamais que le personnel soignant du CHM ou les secouristes du Sdis soit mis en difficulté dans le cadre de leurs fonctions.

Ensuite, nous travaillons avec les forces de l’ordre pour sécuriser certaines de nos interventions la nuit et plus particulièrement dans la région du Centre. S’il y a des sorties avec une notion d’agression ou d’utilisation d’armes blanches comme cela a été le cas à Combani samedi dernier, nous ferons le point avec la gendarmerie pour pouvoir arriver en même temps sur les lieux. Et si malheureusement la zone n’est pas sécurisée, il y aura une perte de temps et peut-être une perte de chance pour les blessés puisque nous nous mettrons en retrait le temps que ce soit le cas. Aujourd’hui, par chance, nous n’avons relaté que des dégâts « secondaires » avec un véhicule hors d’usage et du matériel médical arraché.

FI : Ce mode opératoire sera-t-il également démultiplié dans le Nord où les affrontements entre bandes rivales sont fréquents du côté de Koungou et de Trévani ?

C. C. : Dans le Nord, il s’agissait d’un transport sanitaire du CHM, c’est-à-dire une ambulance non médicalisée avec seulement des ambulanciers. Potentiellement, nous pouvions penser que c’était moins grave. Mais là encore, la même consigne a été donnée aux transports sanitaires : tant qu’ils ne se sentent pas en sécurité, ils se mettent directement en retrait et ils rappellent la régulation du centre 15. Et à ce moment-là, nous voyons pour envoyer du renfort avec les forces de l’ordre.

FI : Ne pensez-vous pas que ce type d’incidents puisse porter préjudice à votre recrutement ?

C. C. : Malheureusement, l’image de Mayotte est souvent associée à une image de violence, de vol… Mais nous avons la chance dans le recrutement du pôle Ursec (réanimation, Samu, urgences) d’avoir du choix et surtout une vision à long terme. Nous espérons tout simplement que ces événements ne se reproduiront plus sur le territoire. Pour l’instant, cela n’a pas encore d’impact sur le recrutement mais en cas de récidives, qui sait… Je pense qu’il était très important que la direction nous soutienne et c’est ce qu’elle a fait. Maintenant, il faut voir l’évolution dans les prochaines semaines pour adapter nos sorties avec les forces de l’ordre !

Crise sanitaire : 500 résidents mahorais seraient toujours bloqués aux Comores

Alors que 48 Mahorais bloqués à Moroni ont pu rejoindre le département jeudi, des centaines d’autres attendent encore de pouvoir rentrer chez eux, parfois depuis plusieurs mois. Pendant que la préfecture assure suivre le dossier, certains, exaspérés, auraient déjà fait la traversée en kwassa.

« On ne comprend pas ce qui se passe ici ! », martèle au téléphone Mariama M’Samlinde. Depuis le mois de février, cette mère de famille est bloquée aux Comores, loin de ses deux enfants, âgés de 3 et 17 ans et restés à Mayotte avec leur père. Depuis le début de la crise sanitaire, ils seraient près de 500 ressortissants mahorais à être coincés sur le sol de l’union voisine, sans aucune visibilité sur une possible date de retour et pour cause, la règlementation de l’aviation civile a suspendu tous les vols entre Mayotte et les Comores.

La semaine dernière, un collectif se constituait à Moroni afin d’organiser un rapatriement. 48 personnes, fraîchement dépistées comme non porteuses du Covid, ont ainsi pu regagner Mayotte en bateau jeudi matin. À l’issue d’une septaine à domicile, elles seront soumises à un nouveau test PCR. Mais les autres, eux, restent dans le flou. « Nous avons remplis tous les papiers que nous demandaient l’ambassade », atteste Mariama M’Samlinde. « Mais depuis, il ne se passe plus rien, nous attendons encore que le consul nous appelle. »

« On ne fait rien pour nous ramener »

Parmi les personnes en attente d’un retour, des enfants mineurs, des personnes en situation de handicap ou gravement malades, mais aussi une femme enceinte de sept mois. « Il y en a déjà deux qui ont dû accoucher ici ! », s’emporte la mère de famille mahoraise qui avait rejoint les Comores pour les funérailles de son père. « On nous dit qu’on est Français, mais on ne fait rien pour nous ramener dans notre pays. On ramène des gens depuis Paris, La Réunion, Madagascar, mais rien pour nous qui sommes bloqués là depuis plusieurs mois. »

De son côté, la préfecture de Mayotte assure travailler activement sur le dossier. « L’objectif, c’est de faire revenir toutes ces personnes dès que possible sur le territoire mahorais, où elles résident », assure le sous-préfet Julien Kerdoncuf. « Mais outre le test PCR, nous devons aussi vérifier que toutes ces personnes habitent bien à Mayotte, et c’est en cours. » Autre difficulté, alors qu’un pilote mahorais avait lui-même proposé d’assurer les aller-retour, l’aviation civile a suspendu toutes correspondances entre le 101ème département et l’Union des Comores. « Sur le principe, la préfecture et les autorités comoriennes sont toutes d’accord pour assurer les liaisons », garantie encore Julien Kerdoncuf, qui ne peut toutefois pas, en l’état, donner la date du prochain rapatriement. Selon nos informations, plusieurs personnes bloquées à Moroni auraient risqué la traversée en kwassa pour regagner Mayotte où ils seraient arrivés sains et saufs.

Transport scolaire à Mayotte : « Si le département ne bouge pas, il n’y aura pas de bus pour la rentrée scolaire »

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Les chauffeurs de la société Matis ont déposé un préavis de grève pour le 18 août, après que le conseil départemental a modifié une clause de l’appel d’offre de marché public du transport scolaire. Dans le dernier texte en date, l’entreprise qui remportera la délégation ne sera plus obligée de reprendre les employés du délégataire sortant. 80 emplois pourraient ainsi être menacés, à l’instar des droits des employés, acquis pour certains depuis 2010.

Un vent de grève souffle aussi sur la rentrée scolaire. Alors que le retour en classe des élèves et des étudiants mahorais est prévu pour le 24 août, les employés de la société Matis, délégataire du service public en charge du transport scolaire, ont déposé un préavis de grève pour le 18 du même mois. En cause : les termes de l’appel d’offre de marché public de transport scolaire, fraîchement lancé par le conseil départemental. Jusqu’alors, la collectivité stipulait qu’en cas de changement de délégataire, le transfert des employés de Matis vers la nouvelle société serait automatique, garantissant de fait le maintien des avantages acquis depuis le début de l’exploitation de Matis, en 2010. Une clause en vigueur depuis la même année mais qui ne figure plus dans le nouvel appel d’offre, selon lequel la reprise des contrats de l’entreprise sortante demeure, certes, possible, mais plus obligatoire.

« C’est une situation très inquiétante. Si le Département ne bouge pas, il n’y aura pas de bus à la rentrée », promet Anli Djoumoi, secrétaire général FO Transport et délégué syndical de Matis, qui compte quelque 80 employés. « Le conseil départemental est en train de tuer notre profession. » Pourtant, en 2018 et en 2019, lorsque deux avenants successifs sont conclus pour prolonger la délégation de service public entre le transporteur et la collectivité, le transfert des salariés était déjà assuré. Problème, la dernière convention est arrivée à échéance en juillet dernier. « Donc à la rentrée, plus personne ne sera sous contrat », clarifie Anli Djoumoi. Or, « s’il faut conclure un nouvel avenant (sans l’obligation d’un transfert automatique, ndlr) en attendant de passer au nouveau marché, en 2021, on n’est pas sûr que cet avenant ne soit pas attaqué par le tribunal administratif », commente la Dieccte. Une procédure en référé ayant déjà été engagée par Matis fin juillet.

Si le conseil départemental est libre de fixer lui-même les termes de son appel d’offre, celui-ci n’assure actuellement pas au futur exploitant la capacité financière de maintenir les avantages des salariés de Matis, et empêche, de facto, leur transfert d’une société à l’autre. « Si on maintient le marché dans ses termes antérieurs, cela signifie qu’il y a une prime au sortant, Matis proposant des avantages élevés à ses salariés. Les nouveaux exploitants ne voudront pas forcément les maintenir puisque ça représente un plus fort coût du marché pour eux », insiste encore la Dieccte. Autrement dit, en supprimant la clause jusqu’alors en vigueur et peu encourageante pour les potentiels candidats, le conseil départemental augmente ses chances de faire rentrer un nouvel exploitant. Une manœuvre qui, selon FO, serait susceptible de nourrir une « politique de favoritisme ». « On a constaté que, dans le cahier des charges, le Département oblige les candidats à recruter ses propres médiateurs », déplore le secrétaire général de Force Ouvrière. « Ce qui écarte les salariés du privé en favorisant ceux de la collectivité », puisque les entreprises candidates devront prévoir leur masse salariale selon les suggestions imposées par les termes du marché. De quoi poser un certain problème en termes de concurrence.

Vers une bataille sociale, économique et juridique ?

D’un point de vue légal, le transfert automatique des salariés de l’ancien délégataire vers le nouveau n’est pas obligatoire, mais elle demeure « très largement coutumière dans le domaine du transport, y compris en métropole », témoigne la Dieccte. « Il y a une convention collective dans le transport, à laquelle les salariés à Mayotte font référence puisque les employeurs en appliquent certaines dispositions, mais pas d’autres. Tant que la convention collective n’a pas élargi son champ à Mayotte, elle n’y est pas obligatoire. Suivant la façon dont le marché est rédigé, le code du Travail va s’appliquer ou pas. D’où l’intérêt d’une rédaction qui fait référence directement à l’article L1224-1 (qui encadre le transfert automatique des salariés, ndlr) au lieu d’une disposition évasive. »

Le mois dernier, des négociations avaient été entamées pour que la clause de reprise réapparaisse sur l’offre de marché public. Mais vacances obligent, les discussions ont dû être suspendues jusqu’en septembre. « Il faut ouvrir une concertation sur les conditions de reprise sur marché concernant l’avenant de 2021 et le nouveau marché qui débutera ensuite pour quatre ans », développe encore la Dieccte, qui précise que ni elle, ni le préfet ne peut « faire d’injonctions au conseil départemental ». Si aucun accord n’est trouvé, la collectivité s’expose à une lourde bataille sociale, économique et juridique. Fin 2018, les salariés grévistes de Matis avaient bloqué les voies d’accès routier au Département suite à la réorganisation du marché du transport scolaire, entraînant le basculement d’employés de Matis vers une autre société. « Nous avons bon espoir que ce dialogue social aboutisse », tempère tout de même la Dieccte, le Medef et la direction de Matis s’étant ralliés aux salariés de la société exploitante. Contactée par la rédaction, la vice-présidente du conseil départemental en charge des transports n’a pas répondu à nos sollicitations.

Syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte : le nouveau président fait déjà jazzer

Après l’élection, jeudi, de Fahardine Ahamada à la tête du Smeam, son prédécesseur, Moussa Mouhamadi Bavi, estime que le scrutin n’a pas respecté certaines dispositions légales et est de fait invalide.

À défaut, parfois, de faire couler l’eau, le Smeam n’en finit plus de faire couler de l’encre. Jeudi, l’élection du maire de Bandraboua, Fahardine Ahamada, à la tête du Syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte (Smeam), n’a pas tardé à faire réagir Moussa Mouhamadi Bavi, le président sortant, qui conteste la légalité du scrutin. « Pour procéder à l’élection du président, l’assemblée délibérante doit être complète », rappelle-t-il, alors que le candidat de la commune de Pamandzi n’avait pas été « désigné valablement ». Aussi, « les représentants de la commune de Chiconi n’ont pu apporter la preuve de [l’élection de ses délégués]. Or la loi exige la proclamation des résultats et leurs publications ». Autrement dit, selon Bavi, les suppléants envoyés par la commune ainsi que par celle de Pamandzi, les maires n’ayant pu assister eux-mêmes à l’élection, n’auraient jamais dû participer aux votes. Un imbroglio qui avait éclaté en pleine séance, que le doyen a fini par suspendre, voyant les esprits s’échauffer. C’est à ce moment que Bavi, suivi par 15 autres délégués a décidé de quitter les lieux. Pourtant, l’élection s’est poursuivie avec les seuls 18 délégués restants, tous issus de l’opposition d’après les dires de l’ancien président, qui entend déposer un recours auprès de la préfecture afin de faire contrôler la légalité du vote.

De son côté, le nouveau chef de la Smeam, lui, balaie ces accusations du revers de la main. Pour Fahardine Ahamada, Bavi ne digérerait simplement pas de ne pas avoir été soutenue par la majorité. Mais les accusations ne s’arrêtent pas là, puisque Moussa Mouhamadi prétend que les sympathisants de son successeur se sont empressés de faire changer les serrures du siège de la structure, à Kawéni, après en avoir cassé les portes. « C’est faux, et ça n’aurait pas été illégal : dès lors que la délibération est prise, elle est exécutoire », se défend le maire de Bandraboua. « D’autant plus que la plupart des portes sont à codes, donc je ne vois pas comment on aurait pu faire… » Puis, renvoie de balle ! « Vous savez, Bavi n’est plus président du syndicat mais il utilise toujours les voitures et les téléphones du Smeam », raille Fahardine Ahamada. « Et 10 à 20 agents qui n’acceptent pas le changement de présidence refusent de venir travailler. »

Mais la population ne tardera pas, à son tour, à entendre le nouveau président au tournant. Première préoccupation : la gestion du budget de la collectivité. Dans le détail, elle accuse un déficit de 9,5 millions d’euros pour 42 millions d’euros de budget concernant le volet de l’eau, et un déficit de 26 millions d’euros pour le budget de l’assainissement, dont les dépenses sont cette fois estimées à 62 millions d’euros. Pourtant, Fahardine Amahada, qui devra rééquilibrer le portefeuille pour les six prochaines années, semble confiant. « Je suis maire de Bandraboua depuis plus de dix ans et chaque commune a plusieurs budgets à gérer, c’est quelque chose que je connais », promet-il. « Je suivrai les préconisations de la chambre régionales des comptes et je ferai en sorte que tout soit appliqué à la lettre. » Premier axe à exploiter selon lui, les 140 millions d’euros versés par l’État au Smeam pour l’année en cours, et dont aucun centime n’aurait été dépensé.

Les pompiers de Kahani repartent en grève

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Dialogue de sourds. Après avoir suspendu leur grève en juillet, les sapeurs-pompiers de Kahani ont ravivé le mouvement depuis plusieurs jours. Ils accusent leur direction de leur faire courir « un risque sanitaire », dans ces locaux qui devraient bientôt être refaits à neuf.

Le torchon brûle entre les sapeurs-pompiers et leur direction. Depuis lundi, les soldats du feu de Kahani ont repris, comme promis, la grève qu’ils avaient entamée en juin pour demander plus de sécurité et d’hygiène dans leur caserne qu’ils estiment à la limite de la vétusté. Après plusieurs semaines, le conseil administratif du Sdis émettait finalement un avis favorable à la plupart des revendications, parmi lesquelles la réfection du plancher et l’installation d’un chauffe-eau. Les grévistes avaient alors suspendu leur mouvement, en assurant que si les travaux les plus urgents n’avaient pas été réalisés au 31 juillet, le service minimum reprendrait pour une durée indéterminée. Et ils ont tenu parole.

 

« Notre direction fait de la langue de bois ! », martèle, exaspéré, le président du syndicat SNSPP-PATS, Abdoul Karim Ahmed Allaoui. « Nous logeons dans des anciens containers du lycée. On n’a pas d’eau chaude, nos lits sont endommagés, et il n’y a qu’une seule toilette qui fonctionne ! On ne peut pas vivre tranquillement dans ces conditions. » Des conditions que la direction du Sdis reconnaît. « Le site de Kahani sera en chantier l’année prochaine et reconstruit avec un niveau de sécurité supérieur. Malgré ça, nous avons accepté toutes leurs demandes, sauf une, à savoir l’installation d’un portail électrique », commente le colonel Fabrice Terrien, directeur du service. Un portail qui a, depuis, pris des airs de pomme de discorde.

« Ce n’est pas ce que nous avions demandé »

« Le portail électrique est prévu dans le chantier, c’est pour ça que la présidente du conseil d’administration a estimé qu’en installer un aujourd’hui reviendrait à jeter l’argent public par les fenêtres, d’autant plus que le portail devra être enlevé au début du chantier », commente encore le Sdis, pendant que les sapeurs-pompiers de Kahani doivent avant chaque intervention, ouvrir et fermer manuellement la grille qui protège les lieux, vandalisée et pillée en mai dernier par une bande d’individus qui s’étaient introduits dans la caserne. « La priorité, c’est la sécurité des sapeur-pompiers », insiste Fabrice Terrien. « Nous avons pris des mesures immédiates pour pouvoir verrouiller le portail actuel, et avons proposé à court terme et en attendant les travaux, l’installation d’un nouveau portail, manuel, mais avec un dispositif anti-escalade. »

Mais lorsque celui-ci est livré à la caserne par l’entreprise chargée de l’installer, les sapeurs-pompiers s’y opposent, estimant y voir une provocation de la part de la direction. « Ce n’est pas ce que nous avions demandé. Les points les plus urgents pour nous concernent nos conditions sanitaires, nos conditions de vie ! », défend de son côté le SNSPP-PATS. Le Sdis quant à lui explique avoir commandé les premiers devis dès le lendemain de sa rencontre avec les représentants du personnel. Un rendez-vous au cours duquel le conseil d’administration avait donc accepté la quasi-totalité des requêtes – à l’exception du tant controversé portail – et avait également proposé d’autres mesures sécuritaires, comme l’amélioration de l’éclairage de la caserne, la consolidation de la clôture et le déploiement d’un système de vidéosurveillance. « Puis cinq jours plus tard, nous avons reçu un préavis de grève », s’étonne le directeur du Sdis. « La situation est aujourd’hui totalement bloquée, un vrai rapport de force s’est installé, pourtant, négocier, c’est concéder, et nous leur avons accordé 99 % de leurs demandes. » Un discours qui ne passe pas du côté de la trentaine de sapeurs-pompiers de Kahani. « On est en train de faire courir un risque sanitaire aux agents, mais la direction elle, y reste sourde », s’inquiète leur représentant syndical. « Notre nouvelle caserne, on se doute qu’elle ne sera jamais construite d’ici l’année prochaine, puisque rien n’a encore été lancé. » En signe de soutien, les sapeurs-pompiers de Longoni ont accroché une banderole devant leur caserne, et ceux de Chirongui, à l’instar des agents du centre de traitement de l’alerte/centre opérationnel de la direction incendie et secours (CTA-Codis) ont cessé le travail ce mardi. Le préavis de grève, lui, ne concerne que Kahani.

Des pompiers attaqués à Combani

Trois mois après les actes de vandalismes qui ont secoué la caserne de Kahani, ce sont cette fois les pompiers de Combani qui ont été attaqués ce week-end, au cours d’une intervention conjointement menée avec les services de gendarmerie et le SMUR. Il est entre minuit et une heure du matin dans la nuit de samedi à dimanche, lorsque 15 à 20 jeunes font irruption dans un restaurant de la commune, et, machette au poing, blessent grièvement le propriétaire des lieux et un client. Mais lorsqu’ils arrivent sur place, les secours sont reçus par une pluie de pierres, lancée par une bande cachée dans l’obscurité. Les tirs explosent le pare-brise d’une ambulance et froissent la tôle de plusieurs véhicules, à tel point que pompiers, gendarmes et soignants doivent à leur tour se réfugier dans le restaurant pour les uns, ou sous le toit du RSMA, à quelques pas de là, pour les autres. Pendant ce temps, les véhicules abandonnés sont saccagés. « C’est un miracle qu’il n’y ait eu aucun blessé parmi nos rangs, les dégâts matériels sont considérables », déplore le Sdis. Une ambulance et un 4×4 du SMUR sont ainsi hors-service, et du matériel médical et de transmission a été dérobé. Alors qu’une plainte a été déposé pour violences, dégradation de biens publics et vol, le service mobile d’urgence et de réanimation a expliqué ne plus pouvoir intervenir, faute de véhicule adapté disponible, dans les endroits les plus difficiles d’accès. « Nous avons mené un retour d’expérience avec tous les effectifs impliqués dans cet évènement afin de définir de nouveaux modes opératoires en collaboration avec la police et la gendarmerie », a fait savoir le Sdis. Une cellule d’écoute a été activée pour les professionnels attaqués. « Psychologiquement, nous sommes tous bouleversés. Les pompiers et les équipes médicales ont été agressés parce qu’ils tentaient de sauver des vies », déplore le SNSPP-PATS.

Jour J pour le jeune talent du FCM Isaack Ahamadi

Isaack Ahamadi, jeune joueur formé au Football Club M’tsapéré et évoluant jusqu’alors en U13, s’envole ce mercredi pour La Réunion, où il passera les deux prochaines années au sein du pôle Espoirs football de Saint-Denis. Il est l’un des nouveaux bénéficiaires du dispositif « Jeunes Talents Mahorais » lancé en 2013 par la DJSCS État. Celui-ci permet aux jeunes Mahorais d’effectuer des détections sur l’île, sous la supervision de cadres du Creps de La Réunion, et, si les tests sont concluants, d’intégrer la structure sportive de développement vers le haut niveau. C’est le deuxième joueur du FCM retenu pour le Pôle réunionnais. Vendredi soir, le club m’tsapérois a organisé un pot en son honneur, en présence de plusieurs personnalités, dont le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla, l’emblématique entraîneur de la sélection de Mayotte Massoundi Abidi, ou encore le capitaine de l’équipe senior du FCM et Sportif de l’année 2019, Mouhtar Madi Ali « Johnny ». Isaack fait la fierté des Diables Rouges, comme l’explique le trésorier du club Hyoudhacar Mohamed. « Nous avons réalisé tout un travail de restructuration autour de nos équipes jeunes pour leur réussite. La sélection d’un de nos jeunes pour le CREPS est le fruit de ce travail. C’est une belle récompense pour nous. » Isaack – qui vivra avec sa mère à La Réunion – pourra compter sur le soutien de son club formateur et ses différents partenaires, bien décidés à l’accompagner pour la suite de son parcours sportif et scolaire.

Affaire du rapt en Petite-Terre : l’un des hommes placé en détention provisoire à la surprise générale

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Nouvel épisode dans l’affaire très médiatisée d’enlèvement de Petite-Terre. L’apparition du corps du jeune enlevé complique davantage la situation des quatre hommes inculpés. Le juge des libertés et de la détention a décidé de placer l’un d’entre eux en détention provisoire, et cette décision reste incomprise par la population.

L’angoisse était palpable dans la salle d’audience B du tribunal judiciaire de Kaweni jeudi dernier. Les quatre habitants de Petite-Terre accusés d’enlèvement et séquestration d’un jeune homme au mois de mai ont à nouveau été entendus par la juge d’instruction durant 6 heures. Ils sont ensuite passés une nouvelle fois devant le juge des libertés et de la détention afin de déterminer s’ils restent en contrôle judiciaire ou s’ils doivent être en détention provisoire. Ce rebondissement est dû à la découverte du corps sans vie du jeune homme en question, aux Badamiers en Petite-Terre fin juin. Cette découverte a mené la procureur à réclamer la détention provisoire des quatre hommes au vu de la gravité de l’affaire. Elle avance plusieurs arguments qui entraveraient l’avancement de l’enquête. “Ce que je viens défendre, c’est la recherche de la vérité. Il faut assurer la sérénité du débat par l’absence de concertation entre eux, l’absence de pression sur les victimes parce que suite à ces premiers éléments, une autre personne a été enlevée et séquestrée, la famille de la victime a été approchée. Et il ne faut pas qu’il y ait d’influence sur les témoins”, déclare-t-elle devant les accusés, leur avocat, le président de la cour et toute la population qui s’est déplacée pour assister à l’audience.

Des déclarations que réfute l’avocat des prévenus, Me Nadjim Ahamada. Selon lui, ses clients sont parfaitement conscients des risques qu’ils encourent et ont coopéré dès le début de l’enquête. “Pour mettre quelqu’un en détention provisoire, il faut un risque de pression sur les victimes et ils ne l’ont pas fait. Il faut un risque de fuite, ils n’ont pas fui. Il faudrait que la personne n’ait pas collaboré, ils ont tous collaboré. Donc juridiquement, le juge n’a aucune raison de les mettre en détention.” En effet, les quatre hommes se sont montrés coopératifs, l’un d’eux s’est même présenté volontairement au commissariat. Ils ont également respecté les conditions de leur contrôle judiciaire. Tous sont des pères de familles qui habitent sur l’île et ont une activité professionnelle. Cependant, leur avocat est parfaitement conscient qu’il s’agit d’une affaire très médiatisée et suivie par les Mahorais. “Des milices se forment sur le territoire et je pense qu’il y a une volonté pédagogique de les placer en détention provisoire, même si le dossier ne le mérite pas, afin de calmer la population”, nous indique Me Ahamada. La procureur ne s’en cache pas, elle veut donner l’exemple. “On voit des milices naître un peu partout sans aucune autorisation et on ne peut pas laisser faire ça. Il faut traiter cette affaire à sa juste mesure parce que sinon, c’est ouvrir la voie à des comportements de type lynchage en toute impunité”, défend-elle. Après plus d’une heure d’audience et presque 2 heures de délibération, le suspens prend fin. Le juge des libertés et de la détention maintient la liberté sous contrôle judiciaire pour trois des accusés et place celui qui est considéré comme la tête pensante en détention provisoire. Une décision qui laisse sans voix l’assemblée, et le principal concerné.

“C’est un acharnement du ministère public”

Les membres du collectif des citoyens de Mayotte, les familles et les amis des prévenus ont tous assisté à l’audience dans un silence oppressant. Lorsque la décision tombe, une partie de la salle d’audience se vide instantanément. À l’extérieur, on retrouve des femmes en pleurs. Le porte-parole du collectif des citoyens de Mayotte, Said Mouhoudhoiri, témoigne son incompréhension. “Je pense que c’est un acharnement du ministère public. Ils voulaient absolument envoyer quelqu’un derrière les barreaux, alors ils ont visé cet homme. Le verdict n’est pas à la hauteur, il a été préfabriqué. On a fait le pré-procès d’un homme tranquille qui n’a jamais eu d’histoires.” Selon lui, cette décision risque d’envoyer un mauvais signal aux délinquants qui sévissent sur l’île. “Ils peuvent nous harceler, nous assassiner, les autorités les regarderont en tant que simples spectateurs, passifs. Ils leur disent qu’ils n’ont rien à craindre, la prison de Mayotte n’est pas faite pour les bandits et les criminels.” La détention provisoire est renouvelable tous les ans, jusqu’au procès qui déterminera si les quatre accusés sont coupables ou non des faits qui leur sont reprochés, c’est-à-dire séquestration suivie de la mort de la personne enlevée. Leur avocat indique qu’ils feront appel de la décision. La procureur de son côté a d’ores et déjà fait appel. Elle souhaite que les trois autres soient également placés en détention provisoire.

Laboratoire privé à Mayotte : pour le docteur Didier Troalen, « on ne veut pas être pris en otage »

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Depuis le 15 juillet, 14 des 28 salariés du laboratoire privé de Mayotte sont en grève. Ce mouvement social entraîne un certain nombre de perturbations au sein du fonctionnement de l’établissement puisque la plupart des patients subissent les foudres des employés en colère. La direction, les grévistes et la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Dieccte) se sont réunis ce mardi pour tenter de trouver un accord dans le but de reprendre un rythme de travail normal.

Flash Infos : Dans une note à l’attention de l’ensemble du personnel de la société Mayo Bio, vous revenez sur le mouvement social auquel le laboratoire est confronté depuis maintenant plusieurs semaines. Le ton employé démontre une certaine exaspération à l’égard de vos employés grévistes…

Didier Troalen : Tout d’abord, je tiens à préciser que laboratoire peut assurer ses différentes missions. Toute la chaîne de production et d’actes médicaux est possible. Le seul problème est que le personnel non-gréviste se fait malmené et insultés quand il vient travailler. Nous avons par exemple recensé un certain nombre de propos racistes à son égard ainsi que des pneus crevés. Nos préleveurs qui se rendent à l’extérieur sont également suivis et menacés… Nous sommes obligés de donner rendez-vous aux libéraux en ville pour récupérer leurs prélèvements. Mais le plus grave dans cette histoire est que nous faisons face à un blocage systématique des patients, qui ne peuvent pas accéder à nos locaux. C’est tout simplement inadmissible ! La santé devrait être un sanctuaire… Nous avons une mission vis-à-vis de la population qui est d’assurer les soins. Que ces employés refusent de travailler, c’est leur droit, mais actuellement, ils entrepassent leur droit de grève !

FI : Les employés grévistes, par la voix de leur représentant Ben Housman Abdallah, dénoncent le non-respect du protocole signé lors du dernier mouvement social qui s’est déroulé en avril 2019.

D. T. : L’ensemble du protocole a été respecté ! Il y a des points qu’ils veulent à nouveau remettre en cause. Dans notre entreprise, au cours des dernières années, pleins d’avantages ont été négociés, comme le passage au 35h payé 39h, l’instauration du 13ème mois, la prime de fin d’année d’intéressement, la prise en compte de l’ancienneté tous les 3 ans, ou encore l’application volontaire de la convention collective qui n’est pas obligatoire à Mayotte. Tout cela était dans le protocole d’accord. Là où ça bloque, c’est sur une question salariale. Ils voudraient que nous appliquions d’emblée des salaires sur lesquels nous avons 25% de charges contre 7% à Mayotte.

FI : Par ailleurs, cette partie du personnel évoque un climat pesant depuis plus d’un an et met en lumière le non-remplacement de trois des huit techniciens qui ont quitté leurs fonctions.

D. T. : Tout cela, c’est pour appuyer leurs propos ! Les recrutements à Mayotte sont très difficiles. Les gens ne restent pas. Je ne vous apprends rien en disant que le turnover est très important et que les temps de présence sont très courts sur le territoire. À condition égale, les personnels qualifiés préfèrent aller à La Réunion ou rester en métropole. Les départs sont liés à ces difficultés alors que les conditions de travail sont meilleures depuis le dernier conflit. Ce n’est pas le laboratoire qui ne les attire pas, puisque quand nous annonçons les conditions salariales, ils viennent.

FI : Ce mardi, vous avez rencontré les grévistes en compagnie de la Dieccte. Qu’en est-il ressorti ? Sommes-nous proches d’une levée du piquet de grève ?

D. T. : Rien n’est encore statué au niveau de la réunion avec la Dieccte et les salariés. Nous sommes encore en phase de discussion. Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous reprenons toutes leurs revendications et que nous travaillons dessus. Le but est de trouver un accord et de ramener les grévistes à la raison pour qu’ils arrêtent de procéder à des actes délictueux. Nous allons faire des propositions concrètes dans l’espoir d’avancer, mais nous n’irons pas plus loin qu’un certain niveau. Nous ne voulons pas être pris en otage, comme cela a pu être le cas au cours des dernières semaines. Nous espérons tout simplement que la situation se débloque pour reprendre un rythme normal, notamment pour les patients chroniques et ceux qui doivent être pris en urgence. Si ce n’est pas le cas très prochainement, nous risquons de faire face à de graves problèmes sanitaires.

 

Légende 1 : Le lundi 20 juillet, les salariés grévistes ont sillonné les rues de Mamoudzou, depuis le laboratoire jusqu’aux locaux de l’agence régionale de santé où ils ont été reçus par une délégation, en l’absence de Dominique Voynet.

Légende 2 : En avril 2019, une partie des employés avait déjà manifesté leur mécontentement à l’égard de la direction. Selon le docteur Troalen, le protocole d’accord signé à cette période a été respecté.

La situation financière de Tsingoni s’est encore détériorée

Manque de transparence des recrutements, avantages en nature « sans base légale », non-respect de la concurrence… Dans son dernier rapport, la chambre régionale des comptes pointe du doigts de sévères irrégularités dans la gestion de la commune de Tsingoni, dont le déficit ne cesse de se creuser.

La chambre régionale des comptes épingle la gestion de Tsingoni. Dans un rapport dévoilé lundi, la juridiction fait état d’un déficit actuel s’élevant à trois millions d’euros. « La situation financière et budgétaire, déjà fragile, s’est détériorée alors même que la collectivité fait l’objet d’un plan de redressement depuis 2016 et que son budget est réglé chaque année par le préfet », explique le document d’une trentaine de pages.

Entre 2015 et 2018, « les charges de fonctionnement ont considérablement augmenté », à tel point qu’elles dépassent aujourd’hui les produits de gestion. Mais alors que la commune de Tsingoni ne dégage plus d’épargne depuis quatre ans, celle-ci « n’est plus en mesure de financer ses investissements autrement qu’en creusant son déficit ».

Dans le détail, les charges de personnel représentent l’augmentation la plus forte, puisqu’elles sont passées de 4,7 millions à 7,3 millions d’euros, « sous l’effet de l’instauration de la sur-rémunération, de recrutements importants et de la consolidation des emplois aidés ». Or, selon la chambre régionale des comptes, les procédures de recrutement manquent de transparence, le temps de travail n’est pas respecté et l’absentéisme est important. Pire, « des avantages en nature, tels que l’attribution de véhicules de fonction ou de téléphones sont par ailleurs octroyés à certains agents ou élus sans base légale ».

En conséquence, « la commune doit mettre en place un véritable plan d’économies et rechercher des ressources complémentaires afin de redresser durablement sa situation déficitaire et retrouver rapidement les marges d’autofinancement nécessaires pour conduire les projets d’équipements indispensables ». Ainsi, seule la réduction de la masse salariale permettra de « contenir la pression fiscale à un niveau supportable pour la population ». La minoration de la sur-rémunération, le non-renouvellement des contrats et l’instauration d’une comptabilité d’engagement rigoureuse sont les meilleures options envisagées pour redresser le déficit.

La solution auprès des non imposés ?

Malgré sa situation très fragilisée, « la commune continue de procéder à la réalisation d’équipements non subventionnés ou d’engager des constructions avant d’avoir finalisé ses plans de financement », alors même que les investissements sont déficitaires et qu’elle n’est pas en capacité de s’auto-financer. « Les ressources correspondant aux opérations d’équipement ne sont pas mobilisées de manière optimale faute d’un suivi rigoureux des subventions, notamment des procédures de déblocage des fonds. La commune se prive de recettes importantes du fonds de compensation de la TVA en ne passant pas toutes les écritures comptables nécessaires à leur éligibilité. » Aussi, la mise en concurrence n’aurait pas été respectée dans le cadre de plusieurs marchés, comme le terrain de Mroalé. D’autres irrégularités ont également été soulevées dans les modalités de publicités et l’archivage des procédures.

En octobre dernier, la commune signait avec la préfecture un contrat de redressement des finances communales, qui, selon la chambre des comptes, « pourrait permettre à Tsingoni de s’inscrire dans une trajectoire de redressement, sous réserve d’en respecter strictement les termes ». Dans une lettre de réponse, la direction générale des services de la commune a par ailleurs expliqué avoir mené des travaux d’identification des locaux dans le cadre de l’optimisation des recettes fiscales. Une enquête qui a permis le recensement de 444 locaux à usage d’habitation, soit une valeur cadastrale de trois millions d’euros. « Cette démarche nous a permis de recenser les potentiels contribuables qui ne sont pas imposés », s’est défendu l’ancienne municipalité qui explique également avoir reçu une réponse favorable de la DRFIP à sa demande de dégrèvement de la taxe foncière, « imposée à tort depuis 2013 ».

“L’afflux considérable d’immigrés à Mayotte ralentit le traitement des procédures”

Mayotte compte actuellement 2.500 demandeurs d’asile. Un chiffre multiplié par 8 en l’espace de 6 ans. Cette augmentation complique considérablement leur prise en charge par l’État. Jérôme Millet, sous-préfet, directeur de cabinet du délégué du gouvernement de Mayotte, fait le point sur la politique de gestion qui est pointée du doigt par les demandeurs d’asile.

Flash Infos : Comment réagissez-vous face aux revendications des demandeurs d’asile qui manifestent dans la rue ?

Jérôme Millet : Nous sommes dans une logique de compréhension puisque nous n’igno-rons en rien les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Cependant, nous connaissons tous la situation de Mayotte et ces difficultés touchent également certains Mahorais qui n’ont pas de logements décents, ou de travail.

FI : Vous avez reçu le collectif des demandeurs d’asile africains, quelles solutions leur proposez-vous ?

J. M. : Nous proposons la solution du droit. Le collectif voulait que l’on fasse un certain nombre d’exceptions à leur situation, mais la seule solution est celle du droit. Nous sommes confrontés à une situation exceptionnelle à Mayotte car en 6 ans le nombre de demandeurs d’asile a été multiplié par 8. Actuellement, ils sont environ 2.500 en file active. L’afflux considérable d’immigrés ralentit le traitement des procédures. Ce qui pouvait se faire hier en 15 jours se fait désormais en plusieurs semaines. Pour autant, les deman-deurs d’asile voient leurs dossiers traités. On a multiplié le nombre de bornes permettant de traiter leurs dossiers, mais il est vrai que cela prend beaucoup de temps.

FI : Cet afflux massif d’immigrés donne l’impression que l’État est dépassé par la si-tuation à Mayotte et qu’il y a une faille dans le contrôle des frontières…

J. M. : Non, nous ne sommes pas dépassés. Je réfute cette thèse. Mayotte protège très bien ses frontières. C’est le seul département de France qui bénéficie d’une couverture 24h/24 d’à minima 2 intercepteurs à n’importe quel moment de la journée. Parfois, nous montons même jusqu’à 4. Le nombre de refoulement des kwassas qui viennent des Co-mores témoigne du fait que la protection des frontières est bien assurée. Je rappelle le chiffre de quasiment 30.000 éloignements réalisés en 2019. C’est un chiffre totalement inédit dans l’histoire de Mayotte, et il représente plus de la moitié des éloignements de l’ensemble de la France. Donc nos frontières sont bien protégées.

FI : Concernant les demandeurs d’asile, en France ils sont censés être protégés et bénéficient des aides telles que l’Ada* et le Cada**. Pourquoi n’existent-elles pas à Mayotte ?

J. M. : La protection s’applique surtout aux réfugiés, mais tous les demandeurs d’asile ne sont pas reconnus comme réfugiés statutaires. À Mayotte, plus de 80% des demandes sont abusives, c’est-à-dire qu’elles ne donnent pas lieu à une reconnaissance du statut de réfugié. Il existe cependant un certain nombre d’aides qui s’appliquent aux demandeurs d’asile qui sont à Mayotte, et l’alignement sur le standard métropolitain est en train de s’ef-fectuer.

FI : De quelles aides bénéficient-ils actuellement ?

J. M. : Des aides liées au logement. Nous travaillons avec des associations, notamment avec Solidarité Mayotte qui met à disposition des logements pour les demandeurs d’asile qui sont dans des situations vraiment compliquées. Il y a également une indemnité finan-cière qui leur est versée. Ceci-dit, même la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

FI : Que se passe-t-il pour eux dès lors que leur dossier est traité et que leur de-mande d’asile est refusée ?

J. M. : S’ils ne se font pas reconnaître le statut de demandeurs d’asile, ils basculent dans le droit commun au même titre que les autres étrangers. Ensuite, nous examinons à nou-veau leurs situations au regard du droit français. Ce qui est l’immense cas de ceux qui de-mandent une reconnaissance des demandeurs d’asile. Seulement 18% d’entre eux sont reconnus comme tels à Mayotte. C’est un taux très faible, mais tout à fait conforme au reste du territoire national, parce que la plupart d’entre eux ne sont pas des gens qui en-courent un danger dans leur pays d’origine.

* Allocation des demandeurs d’asile

** Centre d’accueil pour demandeurs d’asile

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes