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Le rectorat de Mayotte nourrit de grandes ambitions pour ses bacheliers de demain

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En devenant un rectorat de plein exercice au 1er janvier dernier, l’académie de Mayotte voit ses champs de compétence évoluer, notamment en termes de recherche et d’innovation. Mardi, le recteur Gilles Halbout, entouré d’un certain nombre de partenaires de l’enseignement supérieur, a fait un point exhaustif sur les perspectives qui se présentent aux futurs bacheliers. Un panel d’outils au service du territoire et des entreprises.

Orientation des élèves, campus des métiers et des qualifications, centre universitaire, recherche et innovation… Pas de doute, l’académie de Mayotte voit grand pour ses futurs bacheliers. « L’enseignement supérieur ne sont pas que les formations portées par le rectorat », rappelle en préambule Gilles Halbout, le recteur dans le 101ème département. Autour de lui dans la salle audio du lycée Bamana de Mamoudzou ce mardi, un florilège de partenaires, à l’instar de la Chambre de commerce et de l’industrie (CCI) ou encore la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF). « À partir du 1er janvier 2021, nous récupérerons la compétence recherche et innovation. » Une nouvelle manière de s’émanciper un peu plus de La Réunion qui pilotait jusqu’alors cette mission. Et surtout d’apporter « un appui au développement économique » local mais aussi « plus d’insertion ». Pour l’épauler dans sa tâche, le chancelier des universités peut compter sur « 4 thémathiques fortes et structurantes ».

Avant même d’évoquer la suite du second degré, il convient de rappeler quelques chiffres. Et sur ce point, Sylvie Malo, la chef du service académique d’information et d’orientation, ne tarit pas d’éloge sur les résultats de l’année scolaire précédente : « Plus de 9 lycéens sur 10 ont obtenu une place [dans l’enseignement supérieur] à Mayotte ou ailleurs. » À titre d’exemple, le CUFR a offert 475 places sur Parcoursup aux néo-entrants pour la rentrée universitaire 2020 (son nombre total d’étudiants est supérieur à 1.500). Autre constat, et non des moindres, le taux d’insertion des bacheliers généraux s’élève à 99%. « Malgré un bac plus facile à obtenir », admet Gilles Halbout. Crise Covid oblige… « Nous savons que nous avons encore des progrès à faire dans le taux d’obtention. » Une remarque pertinente, qui rappelle ô combien le devenir de ces élèves dépend de l’ensemble du cursus scolaire. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas préparer l’avenir. Parmi les nouveautés, nous notons l’ouverture en août d’une classe préparatoire aux grandes écoles d’ingénieur d’une capacité de 24 places au lycée Younoussa Bamana. Suivie d’une autre au lycée de Sada à la rentrée 2021, dans le domaine Économique et commercial voie générale.

Un institut technique agricole d’ici 5 ans

Dans le milieu agricole, dont la formation scolaire initiale est assurée par le lycée agricole de Coconi, les pistes de réflexion sont également pléthoriques pour développer ce secteur d’activité porteur d’emplois sur l’île aux parfums. Sauf que pour Bertrand Wybrecht, le directeur de la DAAF, plusieurs freins s’accumulent. « À Mayotte, nous manquons d’un vivier de stagiaires », souligne-t-il. Avant d’insister sur le « besoin d’institutionnaliser la recherche » ainsi que sur « la création d’un institut technique agricole à l’horizon 3, 4, 5 ans ». Sans oublier l’expansion d’une chaîne d’enseignement supérieur dans l’agronomie, l’agroalimentaire et l’agroécologie. Le tout dans le cadre du projet régional de l’enseignement agricole sur la période 2019-2023.

Deux autres chantiers, chers à Mayotte, sont aussi sur les rails. Le premier est l’envol d’un pôle des métiers de l’aérien au sein du lycée de Pamandzi, regroupant des formations de maintenance aéronautiques, d’accueil et de sécurité. Si le nouveau local pour la maintenance aérienne sera livré sous quinzaine, la création d’une nouvelle extension de l’établissement scolaire sur un terrain proche de l’aéroport est prévue à horizon 2023-2024, dans le but d’accueillir 200 élèves sur les trois champs précités. Le second est l’amarrage d’un pôle régional de la mer et du littoral basé sur Petite-Terre. Une politique spécifique aux territoires ultramarins menée par l’ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Mais encore une fois, il va falloir prendre son mal en patience car la construction du lycée doit aboutir dans trois ans…

Fahoullia Mohamadi, tête d’affiche

Pour nouer le tout, la région académique peut se targuer dorénavant de bénéficier d’un pôle recherche innovation, sous la houlette de Fahoullia Mohamadi, nommée sur proposition conjointe du préfet et du recteur. En lien avec le schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI) porté par le Département, qui doit aboutir en mai 2021. Deux projets pilotes, dont la finalité est de constribuer au développement économique du territoire, sont dans les cartons : l’un terrestre aurait pour thématiques la Pharmacopée et la Cosmétopée, l’autre marin se pencherait sur les Ressources lagonaires et les Paiements pour services écosystémiques.

Si tous ces projets sont ambitieux sur le papier, leur mise en pratique risque de prendre plusieurs années pour concrétiser les attentes du jour. À l’image de ce qui découle depuis plus de 40 ans à l’Institut des études de santé, qui propose 4 diplômes. Dont le plus connu reste celui d’infirmier, avec ses 45 places. « Nous avons un besoin de 120 infirmiers par an au vue des turnovers. » D’où le versement de bourses par le conseil départemental à tous les élèves infirmiers qui acceptent de s’engager 9 ans sur le territoire après la fin des études. Malheureusement, en l’absence du schéma régional des professions paramédicales, il apparaît encore délicat d’établir une liste exhaustive en besoin de formations.

« Former les futurs cadres »

Un échange long de plus d’une heure qui ravit la Chambre de commerce et de l’industrie, et plus particulièrement son président Mohamed Ali Hamid. « Votre invitation confirme le rapprochement entre le développement économique et l’éducation », souligne-t-il, précisant sa volonté de « former les futurs cadres » de demain pour Mayotte. « Nous pouvons former nos premiers de cordée ! » Tout comme « une main d’oeuvre hautement qualifiée ». Et pour rentrer dans le sujet du jour, il rappelle la prochaine sortie de terre d’une technopole à Dembéni, composée d’un incubateur, d’une pépinière, d’espaces de travail collaboratif, de laboratoires de recherche, de salles de formation, d’une résidence pour les chercheurs… Si la structure aurait déjà dû voir le jour, celle-ci est toujours en stand-by puisque l’appel à manifestation d’intérêt sera prochainement lancé pour trouver les premiers porteurs de projet. Un léger retard anecdotique semble-t-il. « Nous avons un panorama riche », s’enthousiasme Gilles Halbout. « Ces outils – IFSI et CUFR – sont au service du territoire et des entreprises. »

Les sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte en grève illimitée

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Ce mercredi 30 septembre, les sapeurs pompiers de l’aéroport de Mayotte débutent une grève illimitée. Même si leur direction a entamé une discussion avec eux, leurs principales revendications n’ont pas été entendues. Les professionnels redoutent le non renouvellement de leur contrat avec l’aéroport.

Ils ne descendront pas dans la rue mais leur mouvement aura un impact non négligeable sur le fonctionne-ment général de l’île. Les sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte se mettent en grève illimitée à partir de ce mercredi 30 septembre, malgré les quelques avancées obtenues depuis la publication de leur préavis de grève. Après avoir discuté avec EDEIS (société qui s’occupe des activités d’ingénierie et des opérations de maintenance à l’aéroport), cette dernière a fait savoir que le responsable de SSLIA (service de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs) à Mayotte a présenté sa lettre de démission. Son départ était exigé par les pompiers de l’aéroport. “Le problème avec lui, c’est qu’il est raciste. Il dénigre les professionnels. Je n’en dirai pas plus”, déclare Abdallah Bamana, responsable syndical des sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte. Ce traitement serait réservé aux soldats du feux du droit privé qui sont sous la direction du SSLIA. Ils ne bénéficient pas du même régime que leurs collègues du SDIS 976, qui eux relèvent du droit public. Dans leurs contrats, il existe un avenant qui ne correspond pas aux fonctions d’un pompier selon Abdallah Bamana. “Dans ce texte, on leur demande de tondre la gazon et de faire toutes autres tâches qu’un sapeur-pompier ne peut pas faire quand l’aéroport a un niveau supérieur à 6.” Pour rappel, celui de Mayotte a un niveau de sécurité de niveau 7. Ce point n’est toujours pas traité puisque la direction souhaite que chaque professionnel envoie un courrier demandant le retrait de l’avenant de polyvalence sur son contrat. “Chose que nous avons refusé catégoriquement car cette action supposerait que le collaborateur refuse son contrat de travail, un licenciement serait à la clé”, explique l’intersyndical du SDIS 976. Pour le moment, cette re-vendication reste donc en suspend…

Une convention mystère ?

Le plus gros point de divergence concerne une convention datant du 1er septembre 2020, et réceptionnée par EDEIS le 22 du même mois. Celle-ci met un terme au contrat entre la société privé et le SDIS 976 à partir du 31 décembre de cette année. Leur accord consistait à mettre à disposition 12 sapeurs-pompiers du droit public au service de l’aéroport. Cependant, l’aéroport souhaite se séparer d’une partie des professionnels du SDIS afin d’embaucher des sapeurs-pompiers qui relèveront du droit privé. Le SDIS 976 a donc décidé de récupérer tous ses salariés. Mais visiblement, cette décision ne fait pas l’unanimité. “Le personnel concerné souhaite rester travailler à l’aéroport jusqu’à leur retraite”, affirme l’intersyndical du SDIS 976. Cette conven-tion sème également le doute auprès des syndicats car ils ne savent pas qui l’a rédigée. « On se demande qui a écrit cette convention et qui l’a envoyée. Car depuis le 18 septembre le colonel Terrien n’a plus de pouvoir au SDIS 976. Et cette convention a été envoyée le 22 septembre. D’après nos sources, c’est le [lui] qui l’a écrite avant de partir, pour nous bloquer”, stipule Abdallah Bamana. Le document en question est signé par la présidente du SDIS 976, mais les syndicats sont convaincus qu’elle n’en a pas écrit un seul mot car “tout le monde sait que c’est une coquille vide”, martèle Abdallah Bamana, le responsable syndical des sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte.

Une réunion devait avoir lieu le mardi 29 septembre pour élucider le mystère, mais elle a été reportée par Moinecha Soumaïla à ce mercredi. Les sapeurs-pompiers font savoir que tant qu’ils n’auront pas le fin mot de l’histoire, la grève illimitée sera maintenue.

De retour de Paris, le maire de Mamoudzou voit grand pour sa ville

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Le nouvel élu à la tête de la commune chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla est de retour d’une mission de deux semaines dans la capitale, où il a pu rencontrer plusieurs institutions, partenaires et personnalités politiques. L’occasion de rappeler ses ambitions pour la ville et pour le développement de Mayotte. Entretien.

Flash Infos : Vous avez été élu maire de Mamoudzou, commune chef-lieu de Mayotte il y a environ quatre mois. Et vous revenez tout juste d’une visite de deux semaines à Paris. Quel était le but de ce voyage, et qui avez-vous rencontré ?

Ambdilwahedou Soumaïla : Chaque fois que nous pourrons faire parler de Mayotte à Paris, à Bruxelles mais aussi partout dans le monde, je ne manquerai pas l’occasion. Cette fois-ci, elle a pris la forme d’une réunion avec l’ensemble des villes choisies dans le cadre du programme Action coeur de ville [un plan du ministère de la Cohésion des territoires qui vise à améliorer les conditions de vie des habitants des villes moyennes et conforter le rôle de ces villes dans le développement du territoire, NDLR]. Nous avons pu faire un état des lieux du dispositif et parler des améliorations pour l’avenir. De mon côté, et au nom de la collectivité de Mamoudzou, j’ai donc plaidé pour que les dispositifs nationaux puissent bénéficier d’un déploiement spécifique sur chaque territoire, sans être rigides. Par exemple, ce plan ambitionne de dynamiser les centre-villes, or pour Mamoudzou, nos intérêts sont plutôt à l’inverse de développer et rendre plus attractives les périphéries.

J’ai aussi pu profiter de cette opportunité pour rencontrer d’autres institutions, comme le directeur de l’agence nationale de rénovation urbaine, pour parler du projet de rénovation de Kawéni, qui est le poumon économique de Mayotte et de Mamoudzou, ou encore la Caisse des dépôts et consignation en ce qui concerne l’habitat, autre enjeu clé pour notre territoire, et la CNAM pour les problématiques liées à la formation et l’éducation. C’était aussi l’occasion de renforcer nos liens avec nos partenaires financiers, le nerf de la guerre ai-je envie de dire ! L’AFD nous a ainsi donné un accord de principe pour nous accompagner à hauteur de 22,6 millions d’euros. Et puis, naturellement, nous nous sommes entretenus avec les parlementaires pour faire entendre collectivement la voix de Mayotte. À ce titre, j’ambitionne de faire de Mamoudzou une ville du monde et nous avons eu une réunion de travail avec un groupe du Japon dans le cadre de l’association Cités unies. L’idée de fond c’est que nos jeunes soient des jeunes du monde. Et d’ailleurs, dans une vision d’excellence éducative et sportive, nous avons aussi déposé des dossiers au ministère des sports, pour le financement des trois plateaux couverts de Kawéni, Baobab, et Vahibé, ou encore pour le stade municipal de Tsoundzou. Tout cela dans la perspective notamment des Jeux des îles 2027. Et pour montrer que la ville chef-lieu anticipe et afficher notre bonne volonté pour la candidature de Mayotte.

Enfin, bien sûr, j’ai profité de cette visite pour parler sécurité, notamment avec le président du Sénat Gérard Larcher. J’ai bon espoir qu’il puisse s’en faire le relai, pour que le gouvernement ait un regard particulier sur ce qui se passe à Mayotte, et notamment à Mamoudzou, au regard des récents événements. J’en ai profité pour lui glisser un mot sur les dotations, car Mamoudzou, à l’instar des 16 autres communes et du Département, n’est toujours pas logée à la même enseigne que les autres collectivités de la nation. Une divergence avec le droit commun, alors même que Mayotte est le département le plus pauvre !

FI : En parlant de sécurité : vous êtes parti peu de temps après les violents heurts qui ont émaillé la rentrée entre Majicavo et Kawéni, village de Mamoudzou. Quelques jours plus tard, vous étiez reçu au ministère de l’intérieur. Au regard de ce climat sécuritaire tendu, comment cela a-t-il influencé cette visite ? Avez-vous pu mettre l’accent sur ce volet sécuritaire, pour obtenir des avancées concrètes ?

A. S. : Naturellement ! Cela m’a permis d’appuyer sur ces sujets et pas que pour Mamoudzou. J’ai porté la voix de Mayotte toute entière, car nous ne pouvons pas continuer à mourir en silence. Plus concrètement, j’ai pu déposer un premier dossier pour demander 13 millions d’euros pour l’éclairage public. En effet, c’est un élément clé de la sécurité, pour les habitants comme pour les policiers ou les pompiers qui interviennent souvent dans le noir. Nous avons besoin que le gouvernement apporte son soutien. Le but de cet investissement sera de mettre aux normes l’éclairage existant mais aussi de couvrir toutes les zones non pourvues. À côté de cela, j’ai aussi déposé un dossier au ministère pour qu’il nous accompagne sur la vidéoprotection. Aujourd’hui, nous avons 66 caméras et une vingtaine hors d’usage, que nous pourrons remettre en état et sécuriser à condition de décrocher les fonds. Enfin, j’ai bien sûr mentionné le sujet des Assises de la sécurité, en les enjoignant à y participer, les 9 et 10 novembre prochains. Car comme je le dis souvent, il y a 300.000 habitants sur ce territoire et peut-être 300.000 solutions pour faire face à cette montée de violence. C’est donc important de réunir l’ensemble des acteurs.

FI : Votre majorité n’a pas eu la gouvernance de la Cadema sachant que cette dernière concentre des compétences clés pour le développement du chef lieu, poumon économique de l’île, notamment sur les transports, avec le projet Caribus par exemple, et sur l’aménagement du territoire. Or, la Cadema était elle aussi en voyage à Paris au même moment que vous. Est-ce le signe d’une volonté de collaboration renforcée, de dépasser les clivages politiques de l’élection ?

A. S. : Ma position n’a pas changé depuis la campagne. Premièrement, j’ai fait campagne pour la mairie de Mamoudzou, pas pour la Cadema. Car dans mon esprit, la Cadema a toujours été un outil de développement des deux communes et non une ambition politique. Mais mon homologue de Dembéni n’a pas eu cette même vision, il a fait le choix de politiser la structure alors que j’ai tout fait pour l’en dissuader : la Cadema ne doit surtout pas être un outil politique, car cela revient à mon sens à prendre en otage l’ensemble des administrés des deux communes… Mais on nous a fait comprendre que la majorité de Mamoudzou n’y avait pas sa place, cela a été dit et répété. Bien sûr, je l’ai regretté, et ce dès le premier conseil communautaire, où j’ai rappelé que mon état d’esprit était toutefois de travailler ensemble pour développer les deux structures. On nous a demandé de nous occuper de Mamoudzou, soit ! Nous avons pris acte et c’est ce que nous sommes en train de faire. Donc nous avons été tous les deux, Mamoudzou et la Cadema, invités à la même réunion, sans que cela ne soit un problème pour nous, à la mairie. Nous assumons tout simplement nos responsabilités. Voilà l’état de fait.

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : « Nous nous focalisons sur la justice et nous laissons de côté la prise en charge des mineurs »

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Début juin, nous avons appris le départ pour Brest du procueur de la République Camille Miansoni. Jeudi dernier, ce dernier a tiré sa révérence au cours d’une audience solennelle avant de définitivement quitter le territoire vers le 15 octobre. Le magistrat du ministère public a accepté de revenir exclusivement pour Flash Infos sur son passage sur l’île aux parfums.

Flash Infos : Depuis votre arrivée le 17 mars 2017, quelle aura été votre affaire la plus marquante ?

Camille Miansoni : En réalité, toutes les affaires sont marquantes parce que dans chacune d’entre elles, il y a beaucoup de souffrance. Que ce soit un adolescent qui meurt devant le lycée de Sada, comme en août 2019, ou une jeune fille violée… Il est difficile de faire une hiérarchie dans l’importance que subissent les victimes. Je dirais donc que le contexte est plus marquant que l’affaire en elle-même, à l’instar du naufrage du kwassa au large de Petite-Terre la semaine dernière, qui reste toujours difficile à appréhender.

FI : Vous quittez donc Mayotte après 3 ans et demi de bons et loyaux services, quel constat dresseriez-vous du système judiciaire sur le territoire ?

C. M. : Il faut d’abord dire que la justice de droit commun à Mayotte est très récente et remonte à 2011. Or, l’ancrage territorial est important pour une institution. Cette jeunesse se ressent par exemple dans les effectifs qui ne sont pas stabilisés. Nous ne capitalisons pas encore l’expérience : le personnel va et vient. La plupart de nos fonctionnaires et de nos magistrats chez nous sortent à peine d’école. À titre d’exemple, le plus ancien magistrat est arrivé en septembre 2015… Je milite aussi depuis fort longtemps pour que les greffiers aient une réelle attache sur le territoire. La juridiction est encore en construction en interne. Les services doivent être en permanence adaptés. Sur le plan immobilier, les choses ne sont pas définitives même si nous avons des bâtiments fonctionnels. Par contre, nous avons des problèmes d’espace pour archiver. Nous n’avons pas de locaux dédiés aux archives, ce qui constitue un gros problème. Il faut du temps pour que tout ceci puisse se stabiliser. Mais bien sûr que tout cela pèse dans le fonctionnement.

Aujourd’hui, la justice pénale est très largement active et visible. A contrario, la justice civile est sous-utilisée par rapport aux besoins réels car elle n’est pas encore ancrée dans la façon de régler les litiges, comme les problèmes fonciers. Avec le développement économique du territoire, nous aurons de nombreux contentieux à trancher, notamment dans la vie des affaires. En clair, nous sommes en transition et en construction pour encore quelques années. Mais nous nous dirigeons vers une certaine stabilité, qui prendra toutefois un peu de temps…

FI : Face à la recrudescence de la délinquance juvénile, l’État met-il vraiment les moyens pour permettre à la justice de jouer pleinement son rôle à Mayotte ?

C. M. : La justice des mineurs de Mayotte n’est pas un problème propre au territoire. Dans d’autres villes de France, nous en parlons aussi. Je crois donc que le problème des mineurs à Mayotte n’est pas seulement un problème judiciaire. Malheureusement, nous nous focalisons sur la justice et nous laissons de côté la prise en charge des mineurs… La justice pénale ne s’intéresse à un mineur que s’il commet une infraction. Or, ce qui devrait nous préocupper est que celui-ci ne commette jamais cet acte. Toute cette énergie devrait être mise dans son accompagnement. Bien sûr, nous pouvons toujours améliorer les structures, mais cela ne relève pas uniquement de l’État ! Certaines dépendent des missions du Département, commes les maisons de l’enfance, les centres de protection maternelle et infantile, qui servent à les accueillir, les accompagner, les éduquer et à suppléer les familles. La dimension judiciaire arrive seulement en bout de course, quand le drame s’est déjà produit. Aujourd’hui, l’enjeu premier est de ne pas laisser sombrer ce public. Il y a 30 places en prison pour les mineurs, un chiffre déjà élevé. Nous n’allons pas mettre tous les voleurs de téléphone en prison, cela n’aurait pas de sens !

FI : Bon nombre de candidats aux élections municipales avaient évoqué la possibilité de construire des centres éducatifs fermés pour enrayer le problème…

C. M. : Un centre éducatif renforcé est ouvert depuis 2 ans. Nous pourrions légitimement espérer un centre éducatif fermé mais il faut rester très lucide sur ces outils. Regardez combien il y en a à La Réunion et quelles sont leurs capacités… Ces infrastructures demandent beaucoup de moyens pour les faire vivre. Mayotte en aura forcément à terme, mais tout est une question de budget ! Il ne faut pas vraiment occulter cet aspect, ce serait illusoire. Sans oublier que ces centres arrivent après l’acte et que leurs durées sont limitées dans le temps. La solution n’est pas dans la coercition généralisée, à moins que vous ayez les moyens d’en construire 20 ou 30. Mais Mayotte deviendrait alors un département carcéral. L’ambition est de développer un département qui offre des perspectives aux mineurs, par l’insertion professionnelle et l’éducation pour que le moins d’entre eux passe à l’acte. Et pour y arriver, tous les acteurs doivent jouer leur rôle : les familles, le Département avec la protection des mineurs ainsi que les collectivités, via les ressources associatives, qui doivent agir en prévention, de façon massive, nuit et jour. Si nous mobilisons toutes ces ressources, nous pouvons espérer canaliser les jeunes et les moins jeunes qui posent tant de problèmes à Mayotte.

FI : Nous entendons souvent que la justice ne fait pas son travail à Mayotte puisque les faits de violence continuent à se multiplier sur l’île. N’est-il pas préférable de privilégier les travaux d’intérêt général (TIG) qui permettraient peut-être de polisser les remises en liberté ?

C. M. : Nous utilisons déjà les TIG, même si nous pouvons toujours faire mieux ! Mais encore faut-il que les communes jouent le jeu, car il faut des structures d’accueil. Et ces dernières dépendent principalement des associations et des collectivités. Si les 17 communes de l’île proposaient une offre suffisante de postes de TIG avec un encadrement adéquat, cela faciliterait l’attribution. Il est clair que ces sanctions font parties des alternatives et que nous pourrions les utiliser encore davantage.

FI : Face aux attaques personnelles, certaines à caractère racial, dont vous avez fait l’objet, quels conseils donneriez-vous à votre successeur, Yann Le Bris, pour exercer au mieux ses fonctions dans un tel climat ?

C. M. : Je n’ai pas de conseil à donner à mon collègue. Qu’il fasse ce qu’il doit faire, ce qui est prescrit par les textes. Nous n’avons pas d’autres cadres, d’autres références… La loi est la même ici ou à Brive la Gaillarde [où Yann Le Bris est actuellement en poste].

Contrairement à ce que les habitants croient, j’ai conscience de l’exaspération que suscite la situation. Même si je me dis que la population est parfois amnésique. Les faits que nous vivons aujourd’hui, nous les avons déjà vécus par le passé. Petit rappel : en 2012 avec l’assassinat d’un garçon en plein cœur du lycée Bamana, en 2016 avec les coupeurs de route… Vous pouvez trouver sur Internet tout un tas de documents relatant ces événements. Les rapports des 20 dernières années proposent une littérature abondante sur la situation générale à Mayotte. Cette délinquance est ancrée, c’est un fait ! Certes, il convient de faire de la répression inplacable, mais il faut surtout faire de la prévention en amont. Aucune représsion n’empêchera le passage à l’acte.

Le centre pénitenciaire de Majicavo possède 278 places sur le papier. Au 22 septembre, il comptait 343 effectifs hébergés, soit un taux de l’ordre de 123.38%. À titre de comparaison, ceux de Saint-Denis et du port à La Réunion recensent 507 et 382 détenus pour respectivement 569 et 507 places. Nous pouvons toujours dire que nous ne sommes pas assez répressifs ici. Bien évidemment, nous pouvons aller jusqu’à 130, 150, voire 200% d’occupation. Mais nous voyons bien que la réponse n’est pas que là ! Il faut empêcher que ces jeunes désoeuvrés passent à l’acte. C’est un travail plus profond, qui demande le déploiement sur le terrain de polices municipales. Ce sujet doit concerner tous les acteurs. Nous pourrons toujours reprocher à un procureur de la République tous les maux d’un territoire, mais au final, les difficultés seront toujours là !

Mayotte : après 71 jours de conflit, les salariés de BDM aux abois signent la reprise

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Sans salaire depuis plus de deux mois, les grévistes qui avaient répondu à l’appel du syndicat CGT-Ma ont accepté l’accord proposé avec la médiation de la préfecture et de la Dieccte. Un protocole bien maigre au vu des nombreuses revendications qui avaient poussé la centaine d’employés à battre le pavé et bloquer les entrepôts…

Petit score. Après pas moins de 71 jours de grève, la médiation de la Dieccte, trois entrepôts bloqués, mais aussi des incendies de pneus et quelques Douka Bé sans dessus dessous, les salariés de Bourbon Distribution Mayotte – qui comprend les enseignes Jumbo Score, Score, SNIE et Douka Bé – ont enfin obtenu gain de cause. Enfin, tout du moins quelque chose : trente euros, en l’espèce. Un bien maigre butin, par rapport aux 150 euros réclamés à grand cris depuis le début du mouvement.

Pourtant, ce lundi, les grévistes, qui avaient rendez-vous à la Case Rochet en Petite-Terre en présence de leur direction, du préfet et des représentants de la Dieccte, ont accepté de signer ce protocole de sortie de crise, aux allures de rabais. Une fin de conflit qui s’est ficelée en seulement quelques jours : les employés avaient levé les piquets de grève vendredi soir, ce qui avait permis aux discussions de reprendre dans le calme avec le groupe de distribution.

Le statut quo a trop duré

Avant cela, et depuis une première négociation le 21 août dernier, la grève semblait au contraire s’enliser, aucune des deux parties n’ayant l’air prête à mettre de l’eau dans son vin. Côté salariés, environ une centaine sur les 540 que compte le groupe à Mayotte, mobilisés depuis le 21 juillet à l’appel du syndicat CGT-MA, l’on attendait des promesses fortes pour aligner leurs droits sur ceux de leurs voisins réunionnais, mais aussi des autres salariés du groupe – BDM, filiale de Vindémia, venant d’être rachetée par le groupe Bernard Hayot (GBH), présent dans les Outre-mer.

Le syndicat réclamait notamment une hausse de 150 euros des salaires mais aussi des chèques déjeuners d’une valeur de neuf euros, la majoration des jours fériés à 200%, des réductions de 10% pour leurs achats chez leur employeur ou encore un 14ème mois et une prime transport. Mais rien que pour la revalorisation, difficile de faire plier la hiérarchie : celle-ci ne leur proposait que 23 euros seulement. Et pas pour tout le monde… Dans l’impasse, les grévistes poursuivaient donc leur blocage, tandis que la direction refusait tout dialogue tant que les salariés en grève maintenaient leurs entraves sur les entrepôts.

30 euros et bass

Tout ça pour ça ? “Demain, on reprend le boulot”, a simplement résumé Eddine Chadhouli du service technique de BDM, interrogé à la sortie de la Case Rocher par le Collectif des citoyens de Mayotte, venu apporter son soutien aux grévistes. Déçu ? “On a quand même gagné le combat, on a tenu jusqu’au bout”, a maintenu le salarié devant la caméra. Tous les salariés de BDM – du moins ceux au niveau de la grille – repartent donc avec trente euros.

Et bass ! Ces quelques 6,60 euros de plus ne sont guère que le seul avantage obtenu par les grévistes pour ces longues journées passées sur le piquet. Certes, quelques solutions avaient déjà été apportées avant la grève, comme les quatre tickets restaurants supplémentaires et une première hausse de 24 euros. Mais après 71 jours de grève, le protocole de sortie de crise ne prévoit pas d’autres avancées significatives. Si ce n’est la possibilité, en cas de besoin, d’obtenir des avances sur les salaires pour le mois d’octobre, qui seront retenues sur les deux mois suivants. Un petit coup de pouce pour ceux qui, après plus de huit semaines de conflit, se retrouvent carrément sur la paille…

Gare aux licenciements

Le texte assure enfin les employés qu’il n’y aura pas de nouvelles poursuites judiciaires contre les fauteurs de trouble. Certaines exactions et dommages collatéraux avaient en effet pu émailler le mouvement, comme ces incendies de pneus devant le Jumbo Score à Majicavo, qui avaient conduit une école à proximité à fermer ses portes. Dernière précision apportée par le protocole : “Les sanctions disciplinaires seront mesurées.” Comprendre : pas de licenciement systématique. Mais gare, tout de même, aux quelques coups de balai…

Une dame et son bébé attaqués à Dzoumogné ce week-end

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Dans la nuit de samedi à dimanche, une dame accompagnée de son bébé ont été victimes d’un guet-apens à Dzoumogné. Des individus avaient érigé un barrage en feu. La gendarmerie est intervenue. L’af-frontement entre les deux parties a duré près de deux heures.

“Je remercie Dieu de m’avoir laissée en vie pour pouvoir parler.” C’est ainsi que commence le témoignage poignant de Rama, publié sur les réseaux sociaux. Cette mère de trois enfants a vécu le plus gros trauma-tisme de sa vie dans la nuit de samedi à dimanche à Dzoumogné. Elle rentre de l’hôpital avec son bébé, qui a une fièvre de presque 40 degrés. À l’aller, en partant d’Acoua, Rama constate déjà le barrage, mais une brèche lui permet d’emmener son nourrisson aux urgences. Il est alors minuit. C’est à son retour que la si-tuation se complique. “Arrivée au niveau du pont (de Dzoumogné), je vois le feu et la fumée. J’essaye de faire demi-tour mais c’était impossible, il y avait déjà des individus derrière ma voiture”, raconte-t-elle, en-core terrifiée. Et d’ajouter : “Mon fils de 13 mois m’a vue stresser, il m’a vue crier.” Ne pouvant retourner en arrière, Rama essaye donc d’avancer mais face au barrage, il lui est impossible d’aller plus loin. Elle se re-trouve alors piégée, et encerclée en quelques secondes. “Je me suis dit que j’étais morte. Je me suis vue mourir”, dit-elle, d’une voix tremblante. Elle n’a pas d’autre choix que d’ouvrir la portière de sa voiture et de sortir. Elle s’assoit à même le sol en leur criant : “Prenez tout ce que vous voulez mais s’il vous plaît ne me tuez pas. J’ai des enfants qui m’attendent à la maison.” Insensible à ces cris de désespoir, le groupe de délin-quants, armés de barres de fer, de couteaux et de marteaux, décide toutefois de fouiller sa voiture de fond en comble. Rama joue sa dernière carte et montre le carnet du petit pour qu’ils la croient. Ils la laissent alors partir, non sans avoir pris son sac à main. “Il ne faut pas faire ça. Ne faites pas de mal aux gens”, glisse la mère de trois enfants, en jetant un dernier coup d’oeil par dessus son épaule. La réponse fuse, glaçante : “Ici c’est Mayotte, c’est comme ça !”

Deux heures d’affrontement avec la gendarmerie

Hors d’atteinte, Rama essaye tant bien que mal de conduire. Puis s’arrête un peu plus loin pour appeler la gendarmerie, peu avant 2h du matin. Une longue attente de 45 minutes d’après s’ensuit, avant l’arrivée sur place des militaires de M’tsamboro. Une partie d’entre eux escorte la femme, encore sous le choc, jusqu’à son domicile, tandis que les autres se rendent sur le lieu en question. “C’était un barrage en feu, tenu par une quinzaine de personnes. Nous sommes intervenus pour le dégager sous leurs jets de projectiles”, ex-plique le porte-parole de la gendarmerie nationale. Les forces de l’ordre ripostent avec des bombes lacry-mogènes et réussissent à dégager le passage. Mais c’est sans compter sur la détermination de la partie ad-verse, qui veut en découdre. “Ils ont essayé d’en installer un autre. Nous sommes donc restés sur les lieux jusqu’à 4h du matin”, précise la gendarmerie. Au total, entre les gendarmes de M’tsamboro, ceux du Pelo-ton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) et les gendarmes mobiles, 17 soldats ont été mobilisés sur cet événement. Devenu tristement banal ces dernières semaines sur le 101ème département.

Surveillance des plages, ménage, jardins… Des agents du CD de Mayotte entrent en grève

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Les agents de terrain du conseil départemental réclament plus de moyens pour assurer leur sécurité et leurs conditions de travail. Le syndicat Force ouvrière appelle à la grève à partir de ce lundi, 7h.

L’histoire avait fait le tour de l’île. Un vendredi soir de juillet à Saziley, Mohamed Ali était sauvagement agressé par des braconniers pendant un bivouac organisé par Les Naturalistes. Ce garde tortue du conseil départemental, partenaire de Sea Shepherd et président de l’association de sécurité villageoise de M’tsamoudou (ASVM), blessé à la tête et inconscient, sera alors évacué à l’hôpital. Et pendant qu’une marche s’organisait en soutien à la victime et à sa famille, l’affaire provoquait aussi un petit séisme entre les quatre murs du conseil départemental. Pour les agents de terrain de la collectivité, confrontés quotidiennement aux problématiques de sécurité et à des conditions de travail difficiles, c’était un peu la goutte d’eau. Un ras-le-bol qui les conduit aujourd’hui à se mettre en grève. “Ces agents sont particulièrement exposés au climat d’insécurité que nous constatons aujourd’hui… Ils vont au boulot la boule au ventre”, décrit Ichaan Madi, la secrétaire générale du groupement départemental Force Ouvrière services publics, qui porte aujourd’hui leurs revendications.

C’est donc à l’appel du syndicat, majoritaire au sein des instances du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), du comité technique et des commissions administratives paritaires (CAP), qu’une partie des agents de terrain, parmi lesquels les personnels en charge du ménage, les gardiens et agents de surveillance, les agents de surveillance des tortues, les jardiniers et les agents de la brigade rivière, se mobilise à partir de ce lundi. Au coeur de leurs revendications, donc : la sécurité. “Quelques jours après l’agression, ils ont enfin obtenu les casques qu’ils réclamaient depuis longtemps, alors qu’on leur avait toujours rétorqué qu’il n’y avait pas les moyens”, retrace la représentante syndicale.

Le local, seule échappatoire face aux braconniers

Plus de matériel, mais aussi des meilleurs locaux figurent en tête de leurs réclamations. En effet, le local de Moya doit être détruit dans quelques jours dans l’optique d’en construire un nouveau. Mais “rien n’a été prévu entre temps pour que les agents puissent déposer leurs affaires et continuer leur mission”, dénonce Mouslimou Maouard, secrétaire général du syndicat au conseil départemental. Or ce local est aussi souvent leur seule solution de repli face à des braconniers, armés de machette. Autre cause de leur colère : l’absence de régularisation de leur situation administrative. “Anciens jardiniers, les gardes tortues n’ont pas vu leur intitulé de poste changer, donc ils ont le même salaire, sans prime pour le travail de nuit ou le risque”, abonde encore Ichaan Madi.

Dialogue rompu

D’une manière générale, les agents de terrain ont décidé de mener cette action collectivement pour réclamer une meilleure prise en compte de leur travail par leur direction, qu’ils jugent trop souvent au mieux absente, au pire carrément méprisante. Défauts de management, critiques acerbes, voire insultes… Le dialogue semble parfois impossible avec leurs directeurs. Sans forcément demander des départs, les agents attendent “au moins qu’ils soient à l’écoute”, explique Ichaan Madi. “Sauf pour les femmes de ménage. Elles insistent pour que leur directrice change de poste.”

Sortie de crise rapide ?

Parmi les autres revendications des grévistes, l’on retiendra aussi la question de la prime Covid, car certains agents n’ont pas arrêté de travailler pendant le confinement, ou bien ont été rapidement rappelés. “Nous voulons voir la liste des bénéficiaires pour vérifier que tout est bon”, indique Mouslimou Madi. Ou encore celles de l’indemnisation en cas d’accident ou d’attaques pendant l’exercice de leurs missions, des réunions plus régulières du CHSCT, surtout en cas d’incident comme celui de Saziley, de nouveaux locaux pour les jardiniers, et une meilleure sécurisation des bâtiments pour les gardiens. “La majorité des sites sont de vraies passoires, et parfois les effectifs ne sont pas suffisants pour être en binôme, alors que la réglementation l’exige”, développe Ichaan Madi.

Pour l’instant, le syndicat a pu se réunir une première fois jeudi avec les directions concernées, les responsables des ressources humaines et de la médiation, et la vice-présidente du conseil départemental, chargée de l’administration générale, des infrastructures et des transports, Fatima Souffou. Si certaines revendications ont été entendues, d’autres restent en suspens et les agents confirmaient à l’issue de cette rencontre leur intention de faire grève à partir de ce lundi, 7h. Résultat : le Département devra compter sans certains bras précieux pour surveiller les plages, entretenir les espaces et sécuriser sites et rivières… Une situation qui n’est dans l’intérêt de personne. Contactée, la vice-présidente Fatima Souffou se garde de tout commentaire. “Ils sont en fin de mandat, ils nous ont contacté vite à partir du préavis de grève. Ils n’ont pas vraiment intérêt à ce que cette affaire s’envenime”, fait valoir Ichaan Madi. Optimiste.

À travers sa nouvelle série, Naftal-Dylan Soibri met les talents mahorais sous le feu des projecteurs

Un jeune Mahorais vient de signer le deuxième épisode de sa série, totalement auto-produite, FBI Mayotte, qui rencontre déjà un grand succès sur les réseaux sociaux. Un projet porté par une bande de copains, soucieux de prouver à toute l’île que Mayotte ne manque ni de talent ni de créativité.

Plus de 22.500 vues en seulement trois jours. Il faut dire que la dernière production de Naftal-Dylan Soibri n’a rien a envier à celles d’une grande chaîne de télévision. Pourtant, le jeune Mahorais a totalement auto-produit sa mini-série, FBI Mayotte. Les acteurs ? Ses copains d’enfance. Les lieux de tournage ? Les rues de Petite-Terre. L’intrigue ? Une sombre histoire d’intoxication au poutou de Mama Brochetti pour éponger les dettes d’un manzaraka… Une réalisation 100% made in Mayotte, pour montrer que l’île regorge de talents et dédier à ses habitants un contenu à leur image.

« Avec l’équipe, on s’est dit qu’il n’y avait pas vraiment de série à Mayotte. On avait fait Wassi l’année dernière, qui avait été diffusée sur Mayotte la 1ère, puis on s’est rendu compte que les Mahorais préféraient l’humour », commente Naftal-Dylan Soibri, qui a tenu, dans l’épisode deux de FBI Mayotte, à faire un clin d’œil au comédien Khams, figure de l’humour mahorais, décédé en juin dans un accident de jetski.

Tournage en un week-end

« Le premier épisode ? C’était un peu pour amuser la galerie », sourit le patron de la société ND Production. « Et finalement, ça a beaucoup mieux marché que ce qu’on espérait, y compris en dehors de Mayotte, et on nous a demandé une suite. » Amuser la galerie, oui, mais pas question de tomber dans l’amateurisme. « On a investi avec nos propres moyens, soit 4.000 euros pour l’épisode 2 de FBI Mayotte, et tout a été tourné en un week-end », commente encore le réalisateur. « Sur place, on a les compétences, les moyens techniques, les techniciens et beaucoup de talent. C’est aussi une façon de redorer l’image de Mayotte au-delà de la délinquance et de la violence. J’espère que tout cela va permettre de créer des vocations ! »

Une vocation pour laquelle Naftal-Dylan Soibri s’était engagé, quelques années plus tôt, dans un BTS audiovisuel à Paris, complété par une formation dédiée au cinéma. Diplôme en poche, il décide de rentrer à Mayotte pour s’y lancer en tant que producteur. « J’ai pensé que mon pays en avait besoin et je voulais développer le secteur à l’échelle de l’île. Au début, c’était compliqué, mais petit à petit, les projets commencent à voir le jour. » Preuve en est, il est devenu le producteur de l’émission culinaire Zana Za Maoré, diffusée sur Mayotte la 1ère et a, en sus de nombreux spots publicitaires, réalisé l’un des clips du chanteur Goulam. La qualité de son travail lui a même valu d’être repéré par Youssoufa Mass, qui a lui-même réalisé la série Force & Honneur pour Canal+, ainsi que les clips de Djadju, Soprano et La Fouine. Une belle reconnaissance pour l’enfant de l’île, qui regorge encore de projets, parmi lesquelles une émission inter-villages, tournée à Mayotte, évidemment. Gardez l’œil ouvert…

Construction des halles amarrées, nouveaux bateaux, formation gratuite : la filière pêche de Mayotte se professionnalise

Vendredi matin, un nouvel échange s’est tenu entre près d’une centaine de pêcheurs du territoire et Michel Goron, administrateur des affaires maritimes, pour lever tous les doutes des marins. Ce dernier en a profité pour faire un point sur les chantiers existants mais aussi sur les formations gratuites à leur disposition à condition qu’ils soient en règle. Entretien.

Flash Infos : Comment s’est organisée la rencontre de vendredi matin avec les pêcheurs ?

Michel Goron : Cette rencontre avec les pêcheurs est à l’initiative du président de la commission pêche de la Capam, qui a donc lancé les invitations pour réunir l’ensemble des pêcheurs de Mayotte. De façon à évoquer non seulement les points d’actualité, notamment les avancées sur la filière pêche, mais aussi apporter des éclaircissements aux interrogations diverses et variées des professionnels du milieu. Nous étions par exemple préparés à évoquer le contrôle qui s’est déroulé au Four-à-Chaux dans le cadre d’un comité opérationnel départemental anti-fraude. Sachant que nous avons enlevé 250kg de poissons et que sur 6 bateaux, il n’y en avait qu’un seul en position « normale ». Deux autres avaient le statut de professionnel mais ils employaient des étrangers en situation irrégulière… Je pensais que nous aurions eu à répondre à cette question, et finalement nous ne l’avons pas eue. Par contre, de nombreux échanges ont tourné autour de la problématique des titres de séjour. Même si elle ne relève pas de ma compétence, je peux m’en faire l’écho auprès du préfet !

FI : Vous avez également parlé de la construction des halles et des mises aux normes des bateaux. Quel est le calendrier établi sur ces chantiers ?

M. G. : Vous avez très bien vu comment se vend le poisson actuellement… Cela fait 4 ans que le constat a été dressé ! Donc il faut des points de débarquement obligatoire avec des halles à poissons, qui procèdent à la collecte. Les programmes de financement sont bouclés déjà bien longtemps. En 2018, nous avons finalisés Kani-Kéli et Bandrélé. En 2019, M’Tsahara, Chiconi et Petite-Terre. Et en ce moment, nous nous occupons de M’Tsapéré et Koungou. Nous avons à peu près une frise de 24 mois pour faire sortir de terre ces grandes installations. Mais nous pouvons rencontrer des problématiques techniques, comme la construction de pontons fixes au lieu de pontons flottants comme nous l’avions imaginé au départ. Il a alors fallu trouver le financement d’une machine à pieux, avec l’aide du Département et des intercommunalités. Après 36 mois de dur labeur pour les premiers pontons, nous allons enfin les voir émerger. Sachant que nous gagnerons du temps pour les autres. Globalement, le couperet tombe en juillet 2023, car nous sommes soumis à des règlements européens et que le fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp) pour la période 2014-2020 oblige un paiement au plus tard en juillet 2023. Tous ces projets vont se concrétiser incessamment sous peu. Nous sommes dans la phase où nous savons qu’ils vont se réaliser. Cela va permettre d’amarrer les navires sur les halles . Pour m’en assurer, je vais reprendre la tournée des DGS de toutes les communes pour savoir où ils en sont sur le projet et les aider dans la phase de pré-opérationnalité. Nous pouvons dire que pour ces projets d’infrastructure, nous sommes dans les clous !

Le renouvellement de bateaux est également un dossier européen. Il a fallu établir un régime d’aides et le remonter à l’Europe. J’ai reçu les observations au 31 août, auxquelles nous venons de répondre avec le conseil départemental. Jeudi, nous avons eu une réunion pour caler le langage terrain avec le langage européen. L’Europe a ensuite deux mois pour émettre de nouvelles observations ou les accepter. Si tout se passe bien, les financements commenceront au 1er janvier. Mais en parallèle de cela, il a fallu travailler pour ramener des bateaux à Mayotte. Les chiffres d’affaires de nos entreprises nous obligent à trouver des sociétés qui offrent des navires aux normes de la sécurité mais à des coûts moindres. Grâce au travail de la Copemay, nous avons récupéré une première barque de type Yamaha. Elle est toujours au ponton de plaisance car nous attendons le permis de navigation. Et nous avons un deuxième projet avec le chantier Techmarine à Madagascar qui va apporter un bateau de 3ème catégorie. Enfin, le Parc de son côté travaille bien pour le développement de ses dispositifs de concentration de poissons.

FI : Il ne reste plus que la formation des équipages pour que la boucle soit bouclée…

M. G. : Le Département n’a aucun problème pour financer des formations. Sa seule condition est de ne pas le faire dans le vide car il consacre quand même 800.000 euros chaque année sur cet aspect… Il souhaite par conséquent qu’un travail de recensement soit réalisé. D’un commun accord, nous avons décidé de monter une assistance technique Feamp pour s’en charger. Vous voyez bien que nous poussons, que nous tirons, mais à un moment donné, il faut que les professionnels viennent vers nous. Nous pouvons faire plein de choses pour eux, mais il faut aussi qu’ils aient la démarche inverse. D’om mon petit coup de colère aujourd’hui [vendredi 25 septembre] : nous ne pouvons pas toujours nous retourner vers l’État, le Département, le Parc naturel marin, les intercommunalités, les maires et dire ce que nous voulons. L’organisme en charge de représenter les pêcheurs, qui est la commission pêche de la Capam, doit être en état de faire son travail.

FI : Par contre, comme vous l’avez précisé, ces formations ne s’adresseront qu’aux marins mahorais et à ceux qui ont un titre de séjour en règle. Combien de temps durera-t-elle et en quoi consistera-t-elle ?

M. G. : Il faut être franc : 80% de la flotte mahoraise est illégale. Cela ne veut pas dire que nous refusons ou que nous excluons. Nous voulons bien les inclure mais il faut que ces gens-là fassent la démarche d’être en règle auprès de la préfecture. Et après, ils viennent voir l’administrateur, en étroite relation avec le Département, qui ne cesse de répéter qu’il souhaite financer des formations.

Ces dernières dépendront de ce que le marin veut passer comme brevet : matelot, petit capitaine de pêche… Après, nous avons des modules complémentaires de radio, etc. Il faut savoir combien d’élèves vont intégrer notre école. Nous allons proposer des sessions de 12, de 16, en fonction de ce que nous dira le directeur selon telle ou telle formation. Dans les 1 ans ½, 2 ans à venir, nous allons faire en sorte de bien récupérer nos armateurs et nos pêcheurs pour faire leur point de formation et dresser la liste pour l’envoyer à l’école et au conseil départemental. Nous avons jusqu’en 2025 pour rentrer dans la légalité et mettre tout en corrélation. Après cette date butoir, nous n’aurons plus de marche de manœuvre.

Daniel Dalin, président du conseil représentation des Français d’Outre-mer : « On nous rend invisibles »

La coupe est pleine pour le président du Crefom qui dénonce le peu de considération dont ferait preuve l’État à l’endroit des territoires d’Outre-mer. À tel point que Daniel Dalin et son conseil représentatif des Français d’Outre-mer organisent ce samedi à Paris une manifestation dans l’espoir de voir le regard du gouvernement changer. Ce qui, à l’entendre, ne sera pas une mince affaire tant le « mépris » serait profondément ancré.

Flash Infos : Pourquoi avoir décidé d’organiser cette manifestation ? Quel en est l’objet ?

Daniel Dalin : Ce n’est pas dans la nature du Crefom de mettre les gens dans la rue. Pourtant, année après année, événement après évènement, mépris après mépris, il n’y avait plus d’autres choix. Il y a cependant bien eu un élément déclencheur avec la fermeture de France Ô qui a nous a poussé à organiser cette mobilisation du 28 septembre pour exprimer notre colère face au manque de considération que l’on oppose aux Outre-mer. De manière générale, on observe que la France est en train de finasser sur les principes républicains qui devraient être le socle des territoires d’Outre-mer comme d’ailleurs.

Il y a nécessairement un parallèle à faire avec la Guyane qui est confrontée à un phénomène migratoire d’ampleur sous le regard presque passif des autorités. Très peu ou trop peu est fait pour endiguer le phénomène. Globalement, on retrouve, exception faite des pénuries d’eau, les mêmes problématiques à Mayotte et en Guyane. En Martinique et en Guadeloupe, s’il y a également des similitudes, on fait surtout face à des problématiques sanitaires majeures avec l’arrivée des sargasses sur lesquelles il n’y a aucune politique de santé digne de ce nom. S’ajoute à cela la problématique du chlordécone. Tout le monde sait que la Martinique et la Guadeloupe sont les champions du monde du cancer à cause de cela. Nous, au Crefom, ne sommes pas dans une problématique de réparation, c’est le rôle d’autres associations. Mais nous sommes là pour questionner. Quelles politiques de dépollution ont été mises en place par l’État ? Niet. Quelle politique de dépistage ? Niet. Quelles réparations pour les cultivateurs atteints de chlordécone ? Rien.

Si les problèmes ne sont pas les mêmes, on voit bien que dans tous les cas, l’État ne prend pas ses responsabilités comme il le ferait pour des territoires métropolitains. On assiste à une volonté de nous rendre invisibles. Voilà ce qui nous exaspère et qui nous a poussé à organiser cette première manifestation. Je le dis d’ailleurs d’emblée : ce ne sera pas la dernière. Nous réitérerons l’opération jusqu’à ce que le gouvernement nous entende et nous propose quelque chose de sérieux.

Mayotte Hebdo : Quelle est selon-vous, la cause du sous-investissement chronique dans les Dom ? Est-on face à des relents de l’histoire qui a lié ces territoires et la métropole ?

Daniel Dalin : Ce sous-investissement chronique, effectivement, atteste d’une posture. Postcoloniale ou néocoloniale, comme vous voulez. Car finalement, outre ce que l’histoire a écrit, qu’est-ce qu’une colonie ? C’est un territoire qui à moindre frais apporte les richesses à la métropole. C’est aujourd’hui le cas en matière de biodiversité et en espaces maritimes. Toute la richesse de la biodiversité française est dans les DOM, toute sa puissance maritime est portée par les Outre-mer. Pourtant, on ne fait rien, on refuse de mettre en place des politiques valables pour tirer vers le haut ces territoires. Nous sommes donc là, aujourd’hui, pour dire qu’il va falloir désormais compter sur nous.

Ça ne peut plus durer. Nous ne resterons pas invisibles plus longtemps. Quand on nous dit que nos ancêtres c’étaient les gaulois, qu’est-ce que cela veut dire pour la jeunesse des DOM, connectée au monde entier ? Le résultat est que ces jeunes vont déboulonner des statues. Car toute l’histoire nationale officielle ne correspond pas à la réalité des Outre-mer et de leur histoire, de leur vécu. Rien n’est fait pour que cette jeunesse, et à plus forte échelle ces populations, se sentent partie intégrante de la nation et de son histoire. Cette intégration, la France ne l’organise pas et cela peut conduire les peuples à se détacher, s’organiser, et potentiellement conduire à l’explosion. Oui, ça risque d’exploser. Mais pour l’éviter, nous sommes là, républicains, là pour travailler avec l’État. Encore faut-il que l’État nous entende.

Mayotte Hebdo : Comment expliquer que les Outre-mer soient si mal entendus ?

Daniel Dalin : Le président, dès son arrivée au pouvoir, a oublié les choses qu’il nous avait promises. Là où ça ne va pas, c’est qu’aucun de ses conseillers en charge des Outre-mer n’est spécialiste de ces territoires. Ils ne les connaissent pas, ils y sont peut-être allés dans des conditions très favorables comme en préfecture, mais ils ne connaissent pas le vécu des populations de Mayotte, de Guyane ou de Martinique. En plus de cela, la cooptation est la règle dans leur milieu. Quand ils partent, au lieu de mettre un Ultramarin qui pourrait attirer l’attention du gouvernement sur des sujets concrets, on remet quelqu’un hors-sol. Il y a bien eu Marc Vizy, sous François Hollande, qui connaissait les Outre-mer par cœur pour y avoir vraiment vécu. Pour le coup, il tenait le « cap Outre-mer ». Et pourtant, malgré sa présence, on a pu assister à un détricotage complet de la loi Égalité réelle en Outre-mer que le Crefom avait initié. Elle a été tout simplement vidée de son contenu par l’État avec la complicité de quelques élus de la représentation nationale pourtant issus des DOM.

L’entretien est à retrouver en intégralité dans la prochaine édition de Mayotte Hebdo.

Les amendes pour non-port du masque pleuvent dans les taxis

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Sous l’impulsion de la préfecture, le service des transports terrestres de la Deal et la police municipale de Mamoudzou ont procédé à une série de contrôles des taxis pour s’assurer que le port du masque était bel et bien respecté. L’occasion de verbaliser les chauffeurs pour d’autres infractions plus classiques.

« Ah, le chauffeur, déjà, il n’a pas de masque, c’est mauvais pour lui… » Casquette visée sur la tête avec le logo de la police municipale, Abou s’approche du taxi qu’il vient de faire ranger sur le bas-côté. À l’intérieur de l’habitacle, deux autres passagers sont dans la même situation et ne portent pas le précieux sésame. « Je peux décider de faire de la prévention s’ils en ont avec eux, sinon je serai obligé de les verbaliser. » Ironie du sort, l’un d’eux présente un titre de séjour falsifié. « Un réel contrôle aurait demandé d’appeler l’officier de police judiciaire compétent. Mais ce n’est pas la priorité de la mission du jour. » Prié de sortir de la voiture, l’homme continue sa route libre comme l’air, à pieds cette fois-ci.

Car l’opération menée ce jeudi matin, sur le parking du Barfly à Mamoudzou, consiste à sanctionner les taximens et les clients qui ne respectent pas les règles en vigueur, à savoir de porter un masque. Une obligation suite à la parution le 11 mai dernier du décret n°2020-545 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19. « Le taxi est vecteur de contamination », insiste Luca Vergallo, du cabinet du préfet. « Aujourd’hui, nous avons plus de liberté [avec la fin de l’état d’urgence], mais la liberté c’est faire preuve de responsabilité. Si nous arrivons à maintenir la courbe, nous allons pouvoir relancer l’activité économique. C’est dans l’intérêt de toute le monde, c’est un geste simple. » Alors pour limiter la propagation du virus et éviter une seconde vague, une vaste campagne de prévention a d’abord été menée par les contrôleurs des transports terrestres de la Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) pendant un mois pour rappeler la bonne conduite à tenir. Sur cette période de sensibilisation, « 61% des 156 véhicules inspectés faisait l’objet d’un défaut de port de masque » selon Gilles Ferry, en charge du service.

« Nous ne transigeons pas sur la sécurité »

Hier donc, place aux choses sérieuses. De 9h30 à 10h30, les arrêts sur le bord de la route s’enchaînent. Jacques, en poste depuis un 1 an à la Deal, s’assure également que tous les papiers sont en règle : autorisation de mise en exploitation, assurance, contrôle technique, carte employeur… « Vous voyez le numéro d’immatriculation n’est pas le même que sur la carte. Mais la préfecture a précisé qu’une nouvelle était en cours de fabrication. Dans le cas contraire, nous aurions dû le verbaliser », souligne celui qui est dans le métier depuis 30 ans. Et à ses yeux, si certains taximens jouent avec le feu, c’est tout simplement pour des raisons économiques, « ce n’est pas une volonté manifeste ». « Leur secteur d’activité a été mis à mal par la crise. » Toutefois, ce n’est pas une excuse pour se montrer plus indulgent. « Nous avons une obligation d’exigence à l’égard des passagers. Nous ne transigeons pas sur la sécurité. » À l’image de cet automobiliste présentant des pneus lisses, « une infraction que je n’avais pas vu depuis 20 ans », se souvient Jacques, avec un sourire en coin. Verdict : le contrôleur l’invite à se mettre en conformité dans un délai de 7 jours, durant lesquels il n’a pas le droit de transporter de passagers. C’est ensuite à la Deal de l’autoriser à reprendre le volant.

10 amendes pour non-port du masque

Au bout d’une heure, Gilles Ferry dresse un bilan des premiers contrôles et les infractions relevées avec ses troupes et les agents de la police municipale de Mamoudzou, « avant de bouger 45 minutes au Nord de la ville et bass ». Sur les 17 véhicules contrôlés sur les deux sites, 10 amendes de 135 euros ont été attribuées pour non-port du masque, dont 2 seulement au niveau de la pointe Mahabou. À cela se sont ajoutées d’autres infractions, à l’instar d’un surnombre de personnes à bord d’un taxi et 4 défauts de contrôle technique. Des chiffres qui peuvent sembler dérisoires mais qui s’expliquent pour une raison simple selon Nastaoui, au service de contrôles des transports terrestres depuis 2016. « Le message [de notre présence] circule vite entre les taximens. Ceux qui n’ont rien à se reprocher passeront ici », résume-t-il, avant de conclure, d’un air résigné, « nous n’en prendrons pas beaucoup la main dans le sac ce matin ». Sous le regard malicieux d’un chauffeur à peine contrôlé, le masque sous le nez…

Une piscine olympique avant les JIOI 2027 : Mayotte entre dans le grand bain ?

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Le super bassin devrait voir le jour en 2025. Et pourrait alors appuyer la candidature du 101ème département dans l’organisation des Jeux des îles 2027. Si tout se passe comme prévu…

Jeux des îles, neuvième édition. Alizée Morel bat un nouveau record sur le 800 mètres nage libre en bassin de 50, face aux redoutables Seychelloises Alexus Laird et Felicity Passon. Elle a à peine 20 ans et la jeune nageuse réunionnaise vient de rafler à elle seule pas moins de 8 médailles d’or. Carton plein pour l’athlète ! Et pour son île natale, c’est la consécration. L’île Bourbon finit cette édition 2015 en tête de podium avec un joli palmarès de 209 breloques, dont 84 en or et 72 en argent. “À l’époque, cela avait marqué tout le monde”, se souvient Madi Vita, le président du comité régional olympique et sportif (CROS) de Mayotte. La délégation mahoraise, elle, s’envolera de l’île voisine avec un maigre bilan de 13 médailles…

Pour ce défenseur des couleurs mahoraises aux Jeux, c’est d’ailleurs là “toute l’importance d’une piscine olympique pour le territoire”. “Ce n’est pas normal qu’à Mayotte, en 2020, nous n’ayons toujours pas de bassin municipal ou olympique. Les autres Outre-mer en sont pourvus et à chaque fois que je suis en visite, je le dis : c’est une honte pour notre département”, martèle-t-il. Alors l’annonce officielle par le conseil départemental de la livraison du futur complexe aquatique, à Kawéni, à côté du centre Kinga, pour 2025, répond à ses plus folles espérances. “C’est une très bonne chose pour Mayotte, notamment parce que la natation, c’est une discipline qui n’existe pas aujourd’hui chez nous, et nous n’avons jamais été représenté pour ces épreuves aux Jeux des îles. Et quand on sait qu’un seul ahtlète peut vous rapporter 8 médailles…”, salue le passionné de sport.

 

Les JIOI 2027 dans la lunette

Surtout, cette piscine olympique, si elle est livrée à temps, viendra appuyer la candidature de Mayotte pour accueillir la compétition en 2027, qui réunit sept îles de l’océan Indien – Maurice, les Seychelles, l’Union des Comores, Madagascar, Mayotte, La Réunion et les Maldives. C’est d’ailleurs clairement l’objectif affiché par le conseil départemental. “Nous nous battons justement pour que cela puisse être pris en compte”, confirme Mustoihi Mari, le directeur des services techniques de la collectivité, en charge de l’aménagement. À la bonne heure ! Car il s’agit même d’une condition sine qua non, la natation figurant en discipline obligatoire pour cette compétition multisports. “Le fait même d’avoir cette infrastructure va faire que nous serons pris au sérieux pour l’organisation des Jeux”, assure le président du CROS.

Un complexe de 7.000m2

Alors au charbon ! Pour l’instant, trois cabinets d’architectes ont été retenus pour le projet. Ces groupements métropolitains voire internationaux ont désormais trois mois pour proposer leurs esquisses. Et pour espérer décrocher le gros lot, ils devront répondre à un cahier des charges bien précis, dont Mustoihi Mari dévoile les grandes lignes. En tout, l’équipement regroupera trois bassins : un premier de 50 par 25 mètres, disposera de 10 couloirs ; un autre, de 25 mètres sera dédié à l’entraînement/récupération ; et un dernier aux enfants. Sans parler des gradins, avec 500 places, et bien sûr des vestiaires, des salles de présentation ou de cours collectifs… En tout, pas moins de 7.000 mètres carrés, sur un terrain dont le Département a la maîtrise. “Cela nous permettra d’aller plus vite”, souligne le DGS.

Faire naître des vocations

“Nous avons aussi demandé l’intégration de toboggans pour les petits”, poursuit-il. Car la piscine, en plus d’être un atout pour les compétitions sportives, constitue un vrai plus pour le territoire, et notamment pour les plus jeunes. La natation est en effet une discipline scolaire obligatoire. Et le complexe devrait permettre d’accueillir simultanément six classes, soit 240 créneaux par semaine en fonctionnement plein. Avec ça, si les jeunes mahorais ne sont pas comme des poissons dans l’eau !…

De quoi peut-être faire naître des vocations ? “Bien sûr !”, s’exclame le président du CROS. “Tous les entraîneurs, sélectionneurs ou directeurs techniques nationaux qui sont de passage ici le disent : les Mahorais sont très disposés au sport. Il ne reste plus qu’à créer la discipline”, défend-il. Pour ce faire, il faut en premier lieu lancer des formations diplômantes, en mettant en place une ligue affiliée à la fédération nationale. Un indispensable, si Mayotte ambitionne en effet d’accueillir un jour dans son bassin tout neuf des athlètes internationaux. “Il nous faudra non seulement nos athlètes, mais aussi des arbitres et des chronométreurs qualifiés. On ne peut pas imaginer avoir la structure sans les gens qui vont avec.” De là à atteindre l’objectif avant 2027, il y a un sacré mouvement de brasse. Rien que pour l’haltérophilie, dont les infrastructures sont moins lourdes, le CROS table sur cinq ans – la démarche a été enclenchée en 2019, après les Jeux des Îles – pour lancer ces formations diplômantes qui permettront, un jour peut-être à ces sportifs Mahorais d’atteindre les podiums.

Le défi de la gestion

Avant d’en arriver là pour la natation, encore faudra-t-il que l’infrastructure émerge. Les premiers travaux d’étude doivent se tenir entre 2021 et 2022, pour un lancement des travaux en 2023 et 2024. Et une livraison en 2025, donc. “Mais si vous prenez le stade Cavani par exemple, cela fait depuis 2008 qu’on attend sa rénovation…”, rappelle Madi Vita. Sans compter les autres défis, d’ordre financiers qui pèsent sur l’avenir du bassin olympique. Car en plus des 25 millions d’euros de travaux estimés pour le faire sortir de terre – financés en partie par le contrat de convergence, par les fonds propres du Département et peut-être des crédits du Centre national pour le développement du sport (CNDS), et des subventions européennes -, il faudra aussi compter au moins 1 à 2 millions d’euros pour assurer sa gestion sur le long terme. En tout cas, c’est la part qu’est prêt à financer le conseil départemental. À charge, maintenant, de trouver l’entreprise qui acceptera de récupérer le bébé. Avec l’eau du bain ?

Olivier Capelle, commandant de la gendarmerie de Mayotte, dévoile sa feuille de route

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Après quatre ans de bons et loyaux services, le général Philippe Leclerc a quitté son poste de commandant de la gendarmerie de Mayotte et a été remplacé par le colonel Olivier Capelle. À l’occasion de sa prise de commandement ce mercredi matin à Pamandzi, ce dernier est revenu pour Flash Infos sur les événements récents, sur ses premiers contacts avec les maires des différentes communes mais aussi sur la tenue prochaine des Assises de la sécurité. Entretien.

Flash Infos : Vous êtes arrivé à Mayotte le 3 août dernier, quel a été votre parcours avant d’être affecté à la tête du commandement de la gendarmerie du 101ème département ?

Olivier Capelle : Au préalable, j’ai exercé différents postes opérationnels depuis mon entrée dans la gendarmerie en 2000. J’ai été commandant d’escadron de gendarmerie mobile en région parisienne et commandant de compagnie de gendarmerie départementale dans le Lot-et-Garonne. J’ai également servi dans l’administration centrale, notamment sur la rédaction des textes réglementaires du maintien de l’ordre, qui s’apparentent au nouveau schéma national du maintien de l’ordre. J’ai été chef des opérations dans la région Alsace, plus particulièrement en charge de la lutte contre le radicalisme religieux et des problématiques de terrorisme. J’ai suivi ensuite la scolarité de l’école de guerre, à l’école militaire de Paris. Et enfin, j’ai commandé un groupement de gendarmerie mobile à Dijon et participé à ce titre à toutes les opérations des Gilets jaunes, de Notre-Dame des Landes, plusieurs voyages officiels du président de la République et les G7 des ministres de l’Environnement et de l’Intérieur.

Concernant mon affectation, nous nous inscrivons dans un parcours ni plus ni moins d’orientation professionnelle, avec des desiderata que nous formulons par rapport aux postes qui se libèrent. Vu mon passé opérationnel et les besoins de commandement, notamment dans le domaine de l’ordre public à Mayotte, j’ai sollicité ce poste. Et la confiance du directeur général de la gendarmerie nationale et du commandant de la gendarmerie Outre-mer était placée sur ma candidature pour accéder à ce commandement. C’est à la fois un échange entre les vœux individuels et les besoins de l’institution.

FI : Quels sont la durée et les objectifs de votre mission ?

O. C. : J’arrive pour une affectation de trois ans, peut-être renouvelable d’une année, tout dépendra de la volonté de mon chef et du potentiel successeur qui viendrait sur le poste. En termes d’objectifs, je n’en ai pas reçu de chiffrés. La lettre de commandement que j’ai reçue porte davantage sur l’intégration de la gendarmerie dans un dispositif partenarial qui est quand même complexe et l’entretien d’un réseau qui est impératif. Et qui a pu être mis à mal par certaines affaires, certains dossiers ou certaines problématiques. Mon but aujourd’hui est de nous réinscrire dans toutes ces dynamiques et surtout les dynamiques territoriales.

FI : En presque deux mois de présence sur le territoire, vous avez déjà été confronté à des affrontements d’une rare violence entre bandes rivales de Combani et de Miréréni, comment avez-vous vécu cette première expérience ?

O. C. : Alors il y a eu un aspect de gestion opérationnelle. J’ai autour de moi des collaborateurs qui, sur le terrain, m’ont permis d’avoir systématiquement toutes les informations, tous les renseignements, tous les éléments d’appréciation pour prendre des décisions dans le but de séparer au mieux les communautés. Notre objectif était d’éviter d’avoir des blessés, voire peut-être même des morts, comme cela a pu être le cas entre les bandes rivales de Majicavo et Kawéni au début du mois d’août. Nous voulions impérativement empêcher cela et aussi que certaines infrastructures stratégiques, comme la station-essence, certains grands magasins, le RSMA, soient touchées par ces affrontements. Nous sommes également conscients que ces objectifs-là ne nous ont pas permis de tenir tout le terrain comme nous l’aurions souhaité et que cela a occasionné des dégâts assez importants sur des véhicules et des habitations. Mais à mon sens, sur la partie de la gestion tactique, nous avons surtout permis qu’il n’y ait pas de blessures trop vulnérantes entre les jeunes.

Après sur l’aspect de gestion communication et politique de l’événement, j’ai été frappé par la capacité de nos effectifs à mobiliser les élus, les associations et tous les représentants des deux communautés pour les mettre autour d’une table. Cela a été assez long ! Peut-être un peu trop à mon goût… Mais cela nous a permis de trouver une solution qui n’était pas une solution sécuritaire. Nous ne sommes qu’un des piliers de la réponse que l’État peut apporter aux problématiques de sécurité de l’île. Cela ne pourra pas s’inscrire dans la durée si derrière il n’y a pas une politique volontariste des élus, des associations, des représentants des communautés et des villages, des cadis, des foundis de certains quartiers, qui doivent à un moment se réunir et être en capacité de discuter et de négocier un vivre ensemble et un projet commun d’avenir pour l’île.

FI : Justement, en parlant des élus, vous étiez présent au séminaire des maires le 8 septembre à Chirongui. Cette rencontre a été une première prise de contact avec les municipalités. Quelles ont été leurs revendications à votre égard ?

O. C. : Je dirais qu’il y a un double besoin chez les élus. Ils ont un vrai besoin d’accompagnement sur des aspects très techniques de la gestion de la sécurité de leurs communes respectives. Cela passe certainement par une possibilité pour nous d’accompagner la formation de leurs policiers municipaux. De leur donner des outils pour avoir des diagnostics de sécurité pour de la vidéoprotection s’ils en installent. D’être en capacité de leur expliquer que certaines infrastructures immobilières ne sont pas forcément adaptées aux problématiques de sécurité et qu’il faut pouvoir occuper la jeunesse. Éviter des concentrations de population dans certains secteurs, notamment des lieux de résidence…

Puis, il y a un vrai besoin pour eux d’échanger, d’avoir des renseignements sur nos pratiques, nos services. Et nous en contrepartie d’avoir des informations sur des habitants qui sont bien identifiés, qui peuvent être localisés, qui leur posent des difficultés. Parce que sans cela, je n’arriverai pas à avancer ! Je ne pourrai pas présenter des dossiers au niveau des autorités judiciaires. Et alors, nous retomberons dans les travers que nous avons connus il y a quelques mois, où l’action globale de l’État est remise en cause par les citoyens car ils s’aperçoivent qu’il n’y a pas de cohérence. Ce manque de cohérence passe d’abord par une capacité d’échanger, dans de bonnes conditions, des informations et des renseignements dont j’ai besoin. À mon sens, les maires sont le pivot de la réussite pour assurer un développement du territoire en toute sécurité.

FI : Ce mardi s’est déroulée la réunion préparatoire des Assises de la sécurité qui vont se tenir les 9 et 10 octobre prochains. On a eu comme un sentiment de déjà-vu, comme si les autorités compétentes voulaient faire du neuf avec du vieux…

O. C. : J’ai la conviction que c’est une nécessité à partir du moment où il y a un appel populaire pour essayer de se mettre autour de la table et reposer certains problèmes. Pour autant, je pense que les Assises de la sécurité sont un cadre dans lequel le débat sur la sécurité doit s’inscrire. Mais si nous voulons aborder les choses de façon très pratico-pragmatique, les pactes de sécurité que nous sommes actuellement en train de développer avec six maires répondent à leurs problématiques locales ! Nous allons chez eux, ils nous exposent leurs problèmes, et nous parlons de détails, comme un carrefour de rue ou une petite place sur un point de regroupement de jeunes qui peuvent être un peu désœuvrés… Ce sont des choses très concrètes à leurs besoins quotidiens. Et là, nous pouvons véritablement agir, car nous pouvons leur apporter des réponses concrètes.

Quoiqu’il en soit, ici nous pratiquons une politique de petits pas, c’est-à-dire d’avancées concrètes au quotidien, qui doivent être visibles par la population. Cela ne peut pas uniquement se régler dans des hémicycles où le débat est à portée très générale.

FI : Alors comment réussir à sortir ces jeunes de l’oisiveté qui gangrène le territoire ? N’y a-t-il pas la possibilité de davantage mettre l’accent sur le RSMA pour leur offrir un cadre plus structuré ?

O. C. : Bien sûr, le RSMA peut être l’un des acteurs. Après, il ne peut pas tout faire à lui tout seul car ses capacités sont forcément contraintes. Mais oui effectivement, c’est l’une des réponses ! Comme je vous le disais, la réponse sécuritaire ne suffit pas en elle-même. Il faut derrière adosser un projet politique de développement des territoires, et cela peut passer par un acteur étatique, comme le RSMA, ou des vraies initiatives d’associations qui vont chercher à développer l’enseignement professionnel par la voie de l’apprentissage, par les contrats aidés. Il existe énormément de dispositifs, il faut faire preuve d’imagination et avoir le courage de s’inscrire dans ces démarches-là.

117 personnes dans un logement indigne à Mayotte : le propriétaire de la “maison des Africains” devant la justice

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La bâtisse rose et délabrée s’élève à côté des locaux de Solidarité Mayotte. Depuis des années, des centaines de demandeurs d’asile originaire de l’Afrique des Grands Lacs y ont trouvé refuge, dans l’attente d’une réponse positive de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) sur leur statut. Or, ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, c’est le propriétaire des lieux qui était appelé à la barre. Ce qu’on lui reproche ? Avoir soumis des personnes vulnérables à des conditions d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine, et aidé au séjour de personnes en situation irrégulière sur le territoire. Des faits passibles respectivement de 5 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende et 3 ans de prison et 50.000 euros d’amende. “Les personnes mentionnées sont vulnérables, certaines fuient la guerre. Et c’est d’ailleurs pour ça qu’elles acceptent ces conditions”, insiste la substitute du procureur.

Derrière ces murs peints, la vie n’est en effet pas rose. “La loi dit que chaque personne doit avoir 9m2, vous le saviez ? Non ? C’est bon de le savoir”, indique le juge Bouvard au prévenu. “Les victimes auditionnées disent qu’il n’y avait pas d’eau”, relève quant à elle la substitute du procureur, en rappelant que la consommation totale du bâtiment correspondait au moment des faits à celle d’une personne. Presque pas d’eau, un seul sanitaire par étage, et des personnes qui s’entassent par dizaines dans des piaules moisies, de 12m2 en moyenne… C’est là le quotidien des 117 habitants de la bâtisse, des hommes, des femmes, des familles qui tentent d’obtenir un droit d’asile à Mayotte, dans l’espoir de s’envoler un jour pour la métropole.

“Récupérer mon bien”

À la barre, le prévenu joue pourtant presque les bons pères de famille. “J’ai payé l’eau, j’étais sur les lieux, et les gens savaient qu’ils pouvaient venir me voir pour en avoir. Mais on favorisait les femmes enceintes, ou les familles avec enfant”, assure-t-il. Et pour les autres ? “Ils avaient tous une carte.” D’après sa version des faits, l’accueil de ces personnes ne relevait d’ailleurs pas de sa volonté. Bien au contraire. “Moi, mon but, c’était de récupérer mon bien”, n’aura-t-il de cesse de répéter face aux robes noires.

En effet, la maison de famille, acquise par sa mère à la sueur de son front, a d’abord été habitée illégalement par une cinquantaine de personnes immigrées, quand la propriétaire a quitté Mayotte pour s’installer en métropole. En 2018, son fils, seul aujourd’hui à l’audience, revient sur l’île expressément dans le but de “résoudre ce problème”. “J’ai dû démissionner de mon poste pour venir ici, j’ai deux enfants”, insiste l’homme qui multiplie les formules de politesse à l’attention des magistrats, comme pour s’accorder leurs faveurs. Il donne alors six mois à ces occupants non désirés pour faire leurs bagages. Quand il revient une fois le temps écoulé, il fait face à une centaine de demandeurs d’asile, qu’il tente de faire partir. Sans succès. On lui rétorque : “Ici c’est chez nous, vous n’avez pas le droit de nous faire sortir, vous n’êtes pas de la police”, relate-t-il aujourd’hui.

Des loyers entre 50 et 70 euros

“Qu’est-ce qu’on fait quand on veut se débarrasser de locataires, réguliers ou non ?”, l’interroge le juge Bouvard, en maître d’école. Et de couper court, vu les hésitations du prévenu : “On fait une procédure en justice. Vous l’auriez fait, c’était béton, si je puis dire”, s’amuse le président de l’audience, secoué d’un petit rire. Le prévenu avance la lenteur des procédures. Reste qu’il continuait, chemin faisant, de percevoir des loyers de la part des occupants, “entre 50 et 70 euros selon la pièce”, confirme-t-il d’ailleurs à l’audience. Le tout sans bail, quittance ou déclaration aux impôts. Visiblement, l’homme ne s’en privait d’ailleurs pas pour exercer une pression sur les habitants, selon les témoignages. “Des personnes rapportent que vous mettiez régulièrement la pression, en leur disant qu’il fallait payer six mois de loyer à l’avance, sinon c’était dehors”, signale ainsi la magistrate du parquet. Qui requiert donc 2.000 euros d’amende pour le prévenu et sa mère, la confiscation du bien et l’interdiction d’acquérir un bien à des fins d’hébergement.

L’immigration clandestine dans le viseur de la défense

À son tour, son avocat Maître Mansour Kamardine pointe l’immigration clandestine qui mine le territoire de Mayotte. “Les gens, avant même d’arriver ici en bateau, ils crient “Solidarité Mayotte !”, “Cimade !”, “droit d’asile !”, et dès lors on est tous comme électrisés, on ne peut plus rien faire”, dénonce celui qui est aussi député de la 2e circonscription de Mayotte. Dans sa ligne de mire ? L’association Solidarité Mayotte en particulier, établie à deux pas de la fameuse maison. La seule habilitée par la préfecture à assurer l’accueil et l’accompagnement des demandeurs d’asile sur l’île et qui fait justement face depuis quelques années à un afflux de demandes issues de l’Afrique des Grands Lacs. “Les gens interrogés disent eux-mêmes qu’ils sont là sur les conseils de Solidarité Mayotte”, pointe-t-il encore du doigt. Une plaidoirie qui aura pour but de remettre cette affaire dans un contexte général qui provoque la “souffrance de ce petit peuple de Mayotte, qui chaque fois, se retrouve pourtant accusé”, déplore l’avocat. Le tribunal doit rendre sa décision le 30 septembre.

Lutte contre la délinquance à Mayotte : « Nous ne pouvons pas prévoir une disposition pénale juste pour un territoire »

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Au lendemain de la réunion préparatoire des premières Assises de la sécurité, organisées par la ville de Mamoudzou les 9 et 10 novembre, le sénateur (LREM) Thani Mohamed Soilihi, intervenant lors de la rencontre, a tenu à faire le point. Alors que beaucoup réclament des exceptions légales taillées pour répondre aux spécificités mahoraises, le vice-président du Sénat estime lui que le territoire devrait davantage compter sur les outils légaux déjà existants. Entretien.

Flash Infos : Pourquoi, lors de la réunion de mardi à laquelle vous avez assistée, la question de la législation à Mayotte semble avoir divisé l’assemblée d’élus ?

Thani Mohamed Soilihi : Lorsque nous avons abordé le sujet de la justice des mineurs, le procureur avait expliqué que lorsque la loi n’est pas bonne, il faut la remplacer. Un peu plus tard, ces propos ont été repris dans un sens plus polémique : je ne souhaite pas qu’il soit sous-entendu que les parlementaires ne font pas leur boulot en ne changeant pas la loi à Mayotte. Car s’agissant d’une matière pénale, le droit s’applique sur tout le territoire national. Nous ne pouvons pas prévoir une disposition pénale juste pour un territoire, même s’il est d’Outre-mer. Pour réagir à la proposition du préfet de déchoir de leurs titres de séjour les parents de délinquants, je ne pense pas que nous pourrons changer la loi uniquement pour Mayotte à ce niveau-là, si tant est que ce dispositif soit jugé constitutionnel. Oui, nous avons modifié les textes sur un sujet de nationalité et de droit du sol, et je sais de quoi je parle puisque j’en suis l’auteur, mais la matière pénale ne supporte pas d’exception, d’autant plus que le droit est fondé sur la personnalité des peines : on ne peut pas être condamné pour des faits commis par une autre personne. Là, nous prenons le risque d’ouvrir une boîte de Pandore sans savoir ce qu’il y a dedans pour se défausser. Si vous voulez vraiment que je vous dise ce que je pense de la proposition du préfet, c’est donner l’espoir qu’en changeant les textes on pourra avoir la solution miracle. Que nous veillons déjà à appliquer les textes existants, et ensuite nous en reparlons.

FI : À quels textes pensez-vous précisément ?

T. M. S. : Il y a beaucoup de moyens qui n’existent pas à Mayotte. Je pense notamment à un centre éducatif fermé, ce n’est pas tout à fait de la prison pour mineurs, mais il existe des similitudes. Ce dispositif permet de beaucoup travailler la réinsertion du jeune pour qu’il ne retombe pas dans la délinquance en sortant de la structure. Pour cela, il n’y a pas besoin de loi, il suffit d’une décision politique au niveau du gouvernement. Je l’ai demandé à plusieurs reprises sans avoir été entendu jusqu’ici. Voilà quelque chose de nouveau qui, si mis en place, apporterait de vraies solutions. Nous avons déjà un centre éducatif renforcé d’une dizaine de places, mais cela permettrait d’aller plus loin et d’ouvrir une dizaine de places supplémentaires. Si nous nous occupons des meneurs des bandes de chaque village, les suiveurs vont se calmer par la force des choses. Et la case d’après, c’est la prison au quartier dédiés aux mineurs. Et si tant est qu’il y ait une « pression » à exercer au niveau des titres de séjour, c’est lors des entretiens préalables qu’elle se joue. Qui valide la délivrance des titres de séjour ? C’est la préfecture. Même lorsque tous les critères à l’obtention du titre sont remplis, la préfecture apporte son appréciation, et sans elle, il y aurait quasiment autant de titres que de demandes. Les déclarations du préfet s’apparentent à des déclarations politiques, alors qu’il s’agit juste d’appliquer les textes. La situation a été laissée se dégrader depuis les débuts de la crise du covid-19 jusqu’à atteindre l’inacceptable. Maintenant, il s’agit de la calmer de façon pérenne.

FI : D’où l’organisation des Assises de la sécurité. Quel regard portez-vous sur les premières pistes de réflexion ?

T. M. S. : Nous croyons souvent que tout ce qui touche à la sécurité relève uniquement de la compétence de l’État, mais c’est faux : les maires ont un pouvoir de police. L’État doit effectivement assurer la paix publique mais dans toute cette partie, entre la prévention et la répression, les élus locaux ont parfaitement leur place, soit en mettant en place des actions de prévention, soit en créant des infrastructures d’encadrement. Comme cela a été dit à plusieurs reprises, un gamin occupé est un gamin en moins tenté d’aller faire n’importe quoi. Alors pour moi, les Assises sont un événement qui peut s’avérer important, c’est un bon début qui je l’espère, emportera l’adhésion de tous. Nous nous sommes souvent contentés d’éteindre le feu, sans jamais faire en sorte qu’il n’y en ait pas d’autres qui s’allument derrière. J’espère qu’avec les Assises, nous ne fassions ni dans le rafistolage ni dans les mesures d’appoint.

FI : Parmi les pistes envisagées, une enquête citoyenne, des ateliers thématiques, une tournée de sensibilisation dans les écoles… Autant de mesures déjà appliquées par le passé, sans francs résultats. Pourquoi, cette fois, la recette fonctionnerait ? Allons-nous assez loin face à l’ampleur de la tâche ?

T. M. S. : Pour l’instant, aucune mesure n’a été définitivement proposée. Mais grosso modo, oui, il s’agira probablement du même genre de mesures que celles proposées depuis des années. Mais j’ai espoir que cette fois-ci il en aille différemment justement s’il y’a une adhésion collective, après l’initiative d’un maire. Dans une démocratie, pour que les choses avancent, tout le monde doit se sentir concerné et ramer dans la même direction. Quand par exemple vous avez des citoyens et des élus qui attendent une réaction unilatérale de l’État, mais que l’État appelle celle des communes ou du Département, c’est très mal parti car la solution n’est pas partagée. Lorsqu’elle l’est, au moins entre l’État et les collectivités, cette donnée-là peut tout changer. Le fait que le maire de Mamoudzou se soit emparé du sujet et l’ait proposé au débat, c’est pour moi un augure qui me laisse penser que, cette fois, cela peut fonctionner. Cette prise de conscience me fait croire que nous pouvons avoir de l’espoir. Une projection ou un projet n’est à la hauteur que si sa concrétisation permet de trouver des solutions aux maux concernés. À quoi cela sert d’aller imaginer des choses qui seraient impossibles à réaliser alors que nous ne sommes pas allés jusqu’au bout de l’application de l’existant ?

UNSS Mayotte : les néo-collégiens à la découverte du sport scolaire

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Une vingtaine d’établissements scolaires ont organisé la Journée nationale du sport scolaire 2020/2021, ce mercredi. Devant la crise sanitaire et les adaptations qu’elle implique, les participants ont été bien moins nombreux que les éditions précédentes. Malgré cela, l’événement n’a rien perdu de son enthousiasme.

Pieds nus sous le préau du collège de Ouangani, Abdou tient dans ses mains un volant et une raquette de badminton pour la toute première fois. Alors forcément, pour ces premières mises en jeu, le jeune garçon de 10 ans galère. Pourtant, entre deux services ratés et en dépit des moqueries de ses camarades, il l’assure : « J’adore l’UNSS parce qu’on s’amuse beaucoup ! » Le collégien vit ses premières heures de sport scolaire dans son nouvel établissement. Et comme la grande majorité des élèves de 6ème découvrant l’UNSS, il a tout de suite accroché. « Je n’arrive pas très bien à viser le volant, mais je réussirai quand je reviendrai. » Car pour lui, son inscription à l’AS Badminton du collège ne fait aucun doute. Trois heures d’activités sportives tous les mercredis après-midi : les élèves ne disent pas non et dans certaines disciplines, alors que la saison 2020/2021 de l’UNSS ne fait que démarrer, les AS sont saturées.

C’est le cas de l’AS Danse du collège de Chiconi, qui compte aujourd’hui 30 élèves pressés de commencer. « J’ai dû arrêter les inscriptions parce que sinon ça aurait fait beaucoup trop pour préparer le projet qu’on veut mettre en place à l’UNSS », relève Monsieur Berman, professeur d’EPS en charge de la section. « Mais je pense que ça va être super sympa parce qu’ils sont hyper motivés et apprécient la danse », ajoute l’enseignant, arrivé cette année de Bordeaux. Daoud Ben Ali, élève de 6ème et futur licencié de l’AS UNSS de Chiconi, confirme : il adore la danse ! « C’est amusant, ça me permet de faire des exercices, ça me permet de me motiver aussi pour l’école… En plus, ma sœur fait de la danse donc elle aime bien m’apprendre des pas et j’aime bien apprendre avec elle. J’espère pouvoir en faire toute l’année à l’UNSS. »

Des élèves « hyper motivés » pour l’UNSS

À Mayotte, la journée nationale du sport scolaire 2020/2021 a concerné en grande partie les élèves de 6ème, à qui les professeurs d’EPS ont souhaité faire découvrir l’UNSS. « Nous avons dû nous adapter face à la crise sanitaire. Il était difficile d’envisager une JNSS avec l’ensemble des élèves licenciés ou souhaitant se licencier. Et comme les 5ème, les 4ème et les 3ème connaissent déjà l’UNSS, nous avons pour cette fois-ci convié essentiellement les 6ème qui, eux, découvrent l’UNSS en entrant au collège », explique Madame Tardi, professeur d’EPS au collège de Sada.

Les établissements scolaires des quatre coins de l’île ont surfé sur la vague de cet événement national pour faire connaître leurs activités en AS. À Sada, les collégiens ont été initiés à la course, au saut et au lance. À Chiconi, danse, tennis de table, rugby ou encore ultimate étaient au programme. À Tsimkoura, les élèves étaient partagés entre natation, kayak et raid. À M’tzamboro, ils ont pu découvrir le golf, les sports de glisse, le yamakafit… Des établissements scolaires ont également profité de l’occasion pour sensibiliser les élèves sur l’importance d’une bonne nutrition.

Cette année encore, les professeurs d’EPS n’ont donc pas manqué d’imagination pour attirer l’attention de leurs élèves. Ceci en pensant à les protéger un maximum contre le virus. « Que ce soit pour le badminton ou le tennis de table, tous les élèves devaient se laver les mains avant et après avoir utilisé les raquettes. Pour cela nous leur avons mis à disposition de l’eau, du savon et du gel hydroalcoolique », soutient Monsieur Allaoui, enseignant d’EPS au collège de Ouangani.

La JNSS est une journée nationale devant promouvoir le développement de la pratique sportive ainsi que les valeurs du sport et de l’olympisme à l’école. Cette année, l’événement avait pour thématique « La santé et la reprise de l’activité physique ». Selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale, 6.500 opérations ont été mises en place dans le cadre de cette journée et un million d’élèves ont été mobilisés.

Lutte contre l’insécurité : Mamoudzou veut faire du neuf avec du vieux

Les premières assises de la sécurité de Mayotte se tiendront le mois prochain à Mamoudzou. Mardi, l’équipe municipale conviait un parterre d’élus à une réunion préparatoire, censée amorcer les premières pistes de réflexion. Mais les propositions rappellent étrangement ce qui avait déjà était fait dans le cadre des assises des Outre-mer quelques années plus tôt et dont les résultats en termes de sécurité se font toujours attendre du côté de la population.

C’est une première et pourtant, elle a un air de déjà-vu. Mardi matin, la mairie de Mamoudzou organisait une réunion préparatoire aux premières assises de la sécurité qui se tiendront les 9 et 10 novembre dans le chef-lieu. Autour de la table, une floppée de maires, des dizaines d’élus de la collectivité, trois des quatre parlementaires mahorais, le procureur, les forces de l’ordre et les représentants du Grand cadi, signe, pour certains, d’un esprit de cohésion inédit. Seuls absents ? Les acteurs associatifs et citoyens, qui n’ont pas été invités. Mais qu’ils se rassurent : une enquête en ligne et sur les réseaux sociaux devrait être proposée aux habitants de l’île – et même d’ailleurs – afin qu’ils « expriment leurs avis et leurs propositions ». Des doléances et recommandations qui seront ensuite présentées le jour J. Une sorte de remake du livre bleu élaboré lors des assises des Outre-mer entre 2017 et 2018, et dont l’un des objectifs établis pour Mayotte était déjà la lutte contre la délinquance. Mais depuis, celle-ci est en nette recrudescence…

Du côté du programme, la recette, aussi, semble la même : tables rondes, entretiens, synthèses, tournées des écoles, ateliers géographiques et thématiques marqués, notamment, par l’intervention de « grands témoins ». De quoi développer, selon Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou, des solutions immédiates, mais aussi à moyen et long terme. Dans l’assemblée, certains chuchotent sous leurs masques, que le dispositif, pour lequel un cabinet de conseil lyonnais a été recruté, ne suffira pas à toucher réellement les jeunes délinquants en rupture sociale et scolaire, et parfois en proie à une grande précarité. Un mot qui ne sera pourtant jamais prononcé au cours de la réunion.

Mais le rendez-vous a toutefois fait des heureux, à l’image du capitaine de police Chaharoumani Chamassi. « Oui, cela peut ressembler à ce qui s’est fait par le passé, mais il y a une prise de conscience nouvelle au niveau des élus, qui comprennent enfin que la prévention de la délinquance relève des mairies. Pour une fois, ce n’est pas l’État qui vient les chercher ! » Mais au-delà de chercher, reste à voir si enfin, les solutions seront trouvées. En ce sens, pas sûr que l’atelier rap – un brin stigmatisant –, comme proposé par l’équipe municipale, suffise.

Sénateur Thani : « S’il faut changer la loi, c’est au niveau national »

La petite phrase du préfet a marqué les esprits. Alors que le délégué du gouvernement annonçait quelques semaines plus tôt envisager d’expulser les parents titulaires d’un titre de séjour et dont les enfants seraient impliqués dans des faits de violence, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a brièvement réagit à ce sujet : « S’il faut changer la loi pour permettre la condamnation des parents, et si tant est que cela soit constitutionnel, c’est au niveau national. » Une déclaration qui a fait frémir certains membres de l’assemblée, estimant que la situation migratoire exceptionnelle à Mayotte justifie des exceptions législatives taillées sur-mesure. « Mais on ne peut pas associer les caillassages à la seule immigration », tempère toutefois Laurence Carval, nouvelle directrice de cabinet du préfet. Un contre-pied des déclarations de Jean-François Colombet, qui estimait que la recrudescence des violences était bel et bien liée à l’arrêt des reconduites aux frontières, excluant de facto la possibilité d’une délinquance mahoraise.

la filière bio à Mayotte, bientôt une réalité ?

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Quatorze agriculteurs et quatre partenaires s’étaient donné rendez-vous ce mardi à la SCEA Vahibio, pour signer un passeport bio. Un premier pas qui les engage dans une démarche de conversion, avant la certification et la structuration de la filière sur l’île aux parfums.

Sortie de Vahibé. On accède à la parcelle par une piste de terre rouge cabossée et sinueuse, où les rares morceaux de bitume élimé laissent apparaître ici et là de méchants trous caillouteux. Puis encore quelques mètres à faire au milieu de la brousse, avant un petit saut au-dessus d’un cours d’eau à sec. Quelques pas de plus sur les herbes folles et trois bananiers plus tard, voilà l’exploitation Vahibio ! Presque trois hectares bien touffus, où les manguiers côtoient les jeunes cacaoiers, et où abeilles et papillons viennent butiner les arbres à litchi en fleurs. Ici, tout pousse un peu de façon anarchique. Ou plutôt naturelle. “Vous voyez là, c’est la saison sèche, on n’a même pas désherbé. De toute façon, tant qu’on ne cueille pas, on n’arrache rien !”, lance Dominique Labotte en pointant un versant en friche. “C’est simple, ça fait 22 ans qu’on est sur ce terrain et qu’on ne met rien dessus ! Certains arbres n’aiment pas ça d’ailleurs”, sourit cette convertie à l’agriculture, avec un air espiègle. Rien, cela signifie bien sûr aucun produit chimique ou phytosanitaire.

Et c’est d’ailleurs pour cette raison que Dominique Labotte et son mari Wirdane Mkadara avaient donné rendez-vous à plusieurs agriculteurs ce mardi, pour la cérémonie officielle de signature des passeports “bios”. À l’origine de l’événement, une initiative lancée par les membres du projet partenarial pour la structuration de la filière Fruits et Légumes de Mayotte, que sont la Coopac (coopérative des agriculteurs du centre), l’Ucoopam (union des coopératives de Mayotte), l’EPFAM (établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte), et le lycée agricole de Coconi. Leur projet, financé par le FEADER (fonds européen agricole pour le développement rural) et l’ODEADOM (office de développement de l’économie agricole des départements d’Outre-mer), vise au développement de la production de fruits et légumes pour répondre aux attentes de la population de Mayotte en termes de qualité, quantité et disponibilité. En tout, un budget de 1,1 million d’euros réparti sur trois ans, doit permettre l’accompagnement administratif et technique des producteurs, l’expérimentation de méthodes de production, d’approvisionnement et de commercialisation.

Pas encore de label AB

Aujourd’hui, la première convention arrive à son terme, et l’enveloppe a déjà permis d’accompagner 14 agriculteurs de Mayotte, principalement du centre de l’île. “Beaucoup sont déjà bio techniquement, mais c’est vrai qu’il y a encore du travail à faire sur l’aspect administratif, par exemple sur la compta, sur le suivi des cultures, des choses qui ne sont pas forcément dans la culture mahoraise”, explique Laurent Guichaoua, producteur maraîcher affilié à la Coopac. Or pour bénéficier du petit logo vert “AB” apposé à ses produits, il faut en effet remplir un cahier des charges bien précis, qui fait l’objet d’un contrôle régulier par un organisme certificateur. Et pour les agriculteurs mahorais engagés désormais dans cette démarche, c’est la prochaine étape à franchir. C’est pourquoi un comité de pilotage est prévu prochainement avec la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), pour expliquer la nécessité de poursuivre leur accompagnement. “D’autant que ce projet a permis de faire du lobbying pour obtenir l’application d’une mesure du PDR (programme de développement rural) à Mayotte, qui rend possible l’aide à la conversion pour les agriculteurs inscrits dans cette démarche bio”, appuie Cécile Morelli, chargée de mission à l’EPN de Coconi.

Des “bio pilotes” pour développer la filière

Cette cérémonie était donc à la fois l’occasion de faire le bilan des actions passées, et de poursuivre cette lancée ensemble, partenaires comme agriculteurs, en signant ce passeport “bio”. Les premiers s’engagent ainsi à continuer leur accompagnement ; les seconds, surnommés pour l’occasion les “bio pilotes”, à communiquer et échanger sur leurs pratiques pour une meilleure diffusion de ce mode de production sur tout le territoire mahorais. “Notre but est vraiment de structurer cette filière de l’amont à l’aval, c’est-à-dire de l’intrant, du produit, au conseil technique jusqu’à la commercialisation”, déroule Pierre-Emmanuel, le coordinateur du projet.

Au moment de signer, les premiers ambassadeurs du réseau ont déjà bien intégré le discours. “Je fais de l’agriculture depuis cinq-six ans et j’ai vu les dégâts avec les produits phytosanitaires donc je n’aime pas ça”, confirme Taoussi, un maraîcher de Mroalé. “Je n’en veux pas car cela fait des dégâts dangereux”, résonne Antouria, qui commence tout juste à cultiver son champ à Combani. Établie depuis un peu plus longtemps, Fatima Daoud a quant à elle deux exploitations et s’est lancée dans le maraîchage depuis trois ans “pas tant car ça me plaît, mais parce qu’il faut bien gagner des sous”.

Le bio, un défi pour les maraîchers de Mayotte

Or, comme l’explique Valérie Ferrier, maraîchère à Combani, ce type de culture, pratiqué de manière intensive et cible des parasites, a plus de difficultés à se passer d’intrants chimique. En 2019, le sénateur Thani Mohamed Soilihi évoquait d’ailleurs cette caractéristique nouvelle pour l’île aux parfums, dans une question adressée au gouvernement. “À Mayotte, où la quasi totalité de la production agricole est destinée à la consommation, on a pendant longtemps estimé que la certification « agriculture biologique » était superflue tant la culture des produits locaux était assimilable à celle des produits biologiques”, rappelait-il en s’appuyant sur une étude publiée en 2017 par la DAAF de Mayotte, qui attestait ce potentiel de labellisation. “Pourtant, depuis quelques années, les services de l’État constatent un recours accru aux produits phytosanitaires, notamment dans le secteur maraîcher”.

D’où le défi qui repose sur les épaules de cette quinzaine d’agriculteurs. Pour eux, le challenge est même économique. “J’ai l’habitude de dire que je fais tout naturellement, mais c’est vrai que certains clients demandent la certification”, acquiesce Fatima Daoud. Surtout, celle qui vend ses produits tous les dimanches au marché de producteurs de Chirongui a vu débarquer une nouvelle concurrence. “Il y a des revendeurs qui viennent, et ça fait un peu peur, tous les produits se mélangent sans distinction”, raconte-t-elle. “Raison de plus pour obtenir la certification !” Reste que la route est longue. D’autres initiatives ont bien été lancées par le passé, mais elles se sont heurtées aux difficultés du territoire, comme l’absence d’organisme certificateur sur place. Résultat, le coût de la certification peut vite revenir cher pour l’agriculteur, s’il faut compter le billet d’avion depuis la métropole… “Mais avec le réseau que nous sommes en train de construire, nous pourrons justement mutualiser ces coûts à l’avenir”, répond Laurent Guichaoua. En attendant le petit autocollant vert, les agriculteurs devront pour l’instant se contenter d’une communication orale, pour informer sur leur démarche de conversion. Et il leur faudra sans doute encore jouer un peu des coudes pour séduire une clientèle en quête de produits sains.

Étudiant en architecture, Nahed Saidali ouvre Six Barbershop à M’Tsapéré

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En plein cœur de M’Tsapéré, un barbershop s’est invité dans le paysage économique du quartier. À sa tête, un jeune étudiant en architecture de 24 ans qui s’est pris de passion pour ce milieu. Moins d’un mois après son ouverture, la nouvelle adresse cartonne déjà. Rencontre.

Tondeuse dans une main, spray dans l’autre, Négro, l’un des deux coiffeurs diplômés avec DT du Six Barbershop, s’évertue à tailler la barbe du client, affalé sur le siège, au millimètre près. Derrière son masque bleu, un large sourire se devine. Lunettes de soleil noires sur le nez, Nahed Saidali s’amuse à immortaliser la nouvelle coupe. En deux clics, le grand gaillard d’1m90 partage la vidéo sur les réseaux sociaux pour en faire profiter la communauté. La communication, c’est son dada. Lui-même le dit, il surfe sur cette vague pour « attirer une clientèle masculine et apporter ce côté soin du visage, un concept encore trop peu présent sur l’île ». Deux semaines après le lancement de son salon, le business tourne déjà à plein régime. « On a une clientèle très diversifiée entre les cheveux typés européens et afro », s’amuse-t-il, au détour d’un pas de danse. Et ce n’est pas l’inauguration de samedi dernier qui dira le contraire… « On a accueilli beaucoup de monde, ça a dépassé nos espérances », avoue le jeune homme de seulement 24 ans, qui a réussi à collaborer pour l’occasion avec Caresse Cream et DJ Madis pour rameuter les troupes. « Ça a créé l’engouement. Ça a coiffé, ça a mangé des glaces ! »

« Une culture très urbaine »

Toute cette folle aventure remonte pourtant seulement au mois dernier lors du retour de ce natif de M’Tsapéré à Mayotte. Avec cette idée bien en tête : ouvrir un barbershop. Un lieu que fréquente chaque semaine à Paris Nahed Saidali. Et surtout inconnu au bataillon sur l’île aux parfums. Banco, l’opportunité fait mouche ! Une fois le local trouvé, les travaux s’enchaînent en un temps record. En moins de trois semaines et demi, l’adresse à deux pas de la mosquée du vendredi et du plateau sportif fait peau neuve. « On a voulu mettre en lumière un concept bien identifié, avec des vrais sièges de barbier, des coiffeurs habillés d’un tablier en cuir et de gants noirs pour créer cette ambiance et s’y fondre. » L’environnement intérieur, lui, plonge les curieux dans un univers à la fois personnalisé et épuré, en attendant l’aménagement mobilier expédié depuis Dubaï, « qui restera minimaliste ». Sa marque de fabrique ! Tout comme la musique, qui relate « une culture très urbaine, avec du rap français et américain ».

Un quartier « au fort potentiel économique »

Si Nahed Saidali réalise un rêve de gosse, lui qui bichonne ses frères et ses cousins à la maison depuis belle lurette, il voit en cette activité une moyen de redynamiser un quartier « en plein boom » et « au fort potentiel économique ». Une manière aussi de montrer l’exemple à l’égard d’une jeunesse parfois désoeuvrée qui côtoie la zone. D’ailleurs, le gérant doit retourner en métropole incessamment sous peu pour débuter son master en architecture et ainsi suivre les traces de son défunt père, à l’origine de l’entreprise Concept Architecture. « Le dessin joue un rôle essentiel dans les deux milieux », explique-t-il avec une pointe de philosophie. Son éloignement de plus 8.000 kilomètres n’effraie en aucun cas l’entrepreneur, bien au contraire. « Je vais pouvoir envoyer du matériel beaucoup plus facilement et surtout concrétiser des projets en cours de finalisation, comme l’utilisation de serviettes chaudes et la coloration. » Et une fois son diplôme en poche, Nahed Saidali n’aspire pas à faire de vieux os en Hexagone et compte bien revenir aussi sec dans le 101ème département, pour poursuivre son expansion. Avec pourquoi pas, un développement « d’ici deux ou trois ans dans le centre de Mamoudzou, à Combani ».

Éducation : les protocoles sanitaires font grincer les dents des syndicats de Mayotte

Alors que l’épidémie semble repartir au niveau national, le ministère de l’Éducation a publié un nouveau protocole allégé pour les écoles primaires et élémentaires. Des mesures que les antennes syndicales locales jugent trop peu strictes, alors que les protocoles initiaux peinent déjà à être respectés pour assurer la santé de tous. Et que Mayotte n’est toujours pas passée au vert…

Et un de plus ! Ce mardi, un nouveau protocole sanitaire allégé entre en vigueur dans les écoles primaires et élémentaires. L’annonce, formulée par le ministre de la Santé Olivier Véran à la suite de la publication d’un nouvel avis du Haut conseil pour la santé publique publié jeudi, a été confirmée dimanche soir par le ministère de l’Éducation. Désormais, si un enfant est positif au Covid-19, sa classe pourra « continuer de se tenir normalement pour les autres élèves, qui ne sont plus considérés comme cas contacts », précise le communiqué. L’élève qui présente des symptômes pourra revenir à l’école si ses parents attestent par écrit avoir consulté un médecin et qu’un test n’a pas été prescrit ; ou bien, à défaut, sept jours plus tard s’il ne présente plus de symptôme. Quant aux cas contacts, ils peuvent désormais retrouver les bancs de l’école sept jours plus tard, sans passer obligatoirement par la phase coton-tige (s’ils n’ont pas de symptôme). Par ailleurs, la fermeture d’une classe ou d’une école pourra être décidée seulement à partir de trois cas confirmés.

Tout dépend du masque

Une énième mouture qui fait s’arracher les cheveux à Henri Nouri, secrétaire départemental du SNES-FSU. “Les textes changent sans arrêt ! À force, c’est très difficile à suivre pour les collègues, surtout quand vous n’êtes pas affilié à un syndicat et que vous n’êtes pas habitué à vérifier les nouvelles dispositions tous les quatre matins”, déplore-t-il. Trop tirés par les cheveux, ces protocoles publiés à la chaîne ? Ce n’est toutefois pas l’avis de Gilles Halbout, le recteur de Mayotte. Au contraire, le nouveau texte “clarifie surtout les choses”, souligne le responsable de l’Académie. “Dans la limite où nous portons un masque pour éviter la diffusion du virus quand nous sommes dans un lieu qui accueille du public sans pouvoir assurer le respect de la distanciation physique, si un cas Covid est détecté et qu’il portait un masque, on part du principe qu’il ne l’a pas diffusé dans son entourage”, déroule-t-il. En résumé, désormais, une personne qui avait un masque n’est plus considérée comme un “cas contact à risque”. Une nouvelle dénomination qui simplifie sans doute le laborieux travail de contact tracing ! Et la même logique s’applique pour les plus jeunes, de moins de 11 ans, qui n’ont pas l’obligation de se couvrir le visage et qui “diffusent très peu le virus”.

Peu de transmission par les enfants

C’est d’ailleurs ce qu’explique le nouvel avis du Haut conseil à la santé publique dans son avis complémentaire du 17 septembre sur les stratégies de prévention de la diffusion du Sars-Cov-2 en EAJE (établissement d’accueil du jeune enfant) et milieux scolaires : “Le HCSP prend en considération que les enfants sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la transmission du SARS-CoV-2. Le risque de transmission existe surtout d’adulte à adulte et d’adulte à enfant et rarement d’enfant à enfant ou d’enfant à adulte”, décrit l’instance. Du coup, un enseignant de maternelle ou de primaire muni de son masque ne sera plus considéré comme cas contact même s’il a cotoyé un enfant positif au Covid-19 et il n’aura plus à s’isoler. Et sa classe n’aura donc plus à fermer faute de maîtresse ou de maître !

Aucune classe fermée à Mayotte

Car ces nouvelles dispositions visent aussi à assurer la continuité pédagogique et éviter de laisser les enfants sur les bras de parents à cause de fermetures inopinées. À Mayotte, les quelques fermetures de classe ou d’école sont d’ailleurs plus liée à cette absence de personnel qu’à de véritables clusters. Au collège de Mtsamboro, par exemple, seul établissement scolaire ayant dû fermer totalement ses portes jeudi et vendredi derniers, l’absence de trois personnels de la vie scolaire pour suspicion de Covid rendait difficile la tenue normale des cours. “C’était une fermeture provisoire le temps d’avoir les résultats de leurs tests, et de fait, ils étaient tous négatifs”, relève Gilles Halbout. De plus, aucune classe n’est actuellement fermée. “Et si l’on enlève le cluster des professeurs de sport de la rentrée, on doit avoir une dizaine de cas que nous suivons à ce jour, ce qui n’est pas énorme.”

Simple grippette ?

Reste que les syndicats n’en dorment toujours pas sur leurs deux oreilles. “Les collègues sont inquiets, nous avons des classes surchargées… On joue avec la santé des gens. Soit on dit que c’est un virus dangereux et on prend des mesures strictes, soit ce n’est qu’une simple grippette, mais je crois qu’il s’agit de plus que cela”, lâche Laurent Draghi, secrétaire académique à Sud Éducation Mayotte. Son syndicat s’est d’ailleurs fendu d’un communiqué ce dimanche, pour dénoncer le “flou” des “protocoles mis en place”, et “le sentiment que la réalité dans les établissements scolaires est passée sous silence”. “On a des témoignages qui nous remontent, à Dembéni, à Chiconi, un peu partout sur l’île et les classes ne ferment pas”, rapporte encore le représentant syndical, qui demande un protocole plus strict et rigoureux. Par exemple sur les masques, car “on a donné des masques aux élèves, mais on sait bien qu’ils ne sont jamais lavés. On devrait leur en donner chaque jour à l’entrée, les récupérer à la sortie et les laver pour le lendemain”. Même son de cloche chez son homologue de la SNES-FSU : “les protocoles qui se sont succédé ont vu un allègement progressif des conditions pour en arriver au masque, protection ultime !”, grince-t-il. Un bout de tissu qui aura décidément gagné en lettres de noblesse depuis le début de la crise…

Un master de CUFR fermé ce lundi par mesure de précaution

C’était l’autre exemple brandi par le secrétaire académique de Sud Éducation pour rappeler que le virus circule toujours. “On entend parler de cas Covid depuis la fin de la semaine dernière, résultat, des cours sont arrêtés seulement aujourd’hui. Il y a un temps d’attente trop long entre le moment où on établit le constat, celui où on transmet l’information à l’ARS et au Rectorat, et la décision”, avance Laurent Draghi. Contacté, le directeur du centre universitaire confirme la fermeture ce lundi du master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) à cause de deux cas confirmés positifs entre “hier soir et ce matin”. D’après le Rectorat en milieu de journée ce lundi, une troisième personne était dans l’attente du résultat de son test. “En lien avec l’ARS et le Rectorat, nous avons donc pris la décision de fermer juste cette filière, par mesure de précaution, le temps de mener l’enquête sur les cas contacts.” Le master regroupe deux années, avec tout de même quelque 200 élèves chaque… “Mais nous travaillons avec l’agence de santé, et grâce aux emplois du temps nous pouvons rapidement savoir quel étudiant assistait à quel cours, et il faut aller déterminer si le cas positif portait son masque”, développe-t-il. Et de rappeler que le masque est obligatoire dans l’enceinte de l’université. “Si le masque est porté, il y a peu de chance d’avoir des contacts à risque.”

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