Tout ce qu’il faut savoir sur la vaccination à Mayotte

Se faire vacciner contre le Coronavirus ou pas ? C’est la question qui revient dans toutes les conversations ces derniers temps. Les doutes sur les vaccins Pfizer et AstraZenaca sont nombreux. Les polémiques s’enchaînent, ainsi que les fausses nouvelles. Le docteur Maxime Jean, infectiologue à l’agence régionale de santé Mayotte, se veut rassurant. Selon lui, on prendrait plus de risque à ne pas se faire vacciner.

Flash Infos : Les rumeurs courent selon lesquelles des personnes seraient décédées après avoir reçu le vaccin à Mayotte. Êtes-vous au courant ?

Maxime Jean : J’ai eu vent d’une personne. Mais ce genre d’informations ne passent pas par nos canaux. Il y a un système de pharmaco vigilance qui récupère toutes les informations. Pour l’instant à Mayotte, on n’en a pas encore parce qu’on n’a pas commencé la campagne pour la deuxième dose. Le cas de cette personne en question a été transféré au national, on attend donc un retour.

FI : Quels sont les effets secondaires connus lorsque l’on reçoit le vaccin Pfizer ?

M. J. : Les effets secondaires sont classés entre ceux qui sont peu fréquents, fréquents et très fréquents. De façon assez fréquente, on peut avoir les effets classiques des vaccins avec une douleur au point d’injection, petite rougeur, petite douleur au muscle, mais ce n’est pas bien grave. Après, on peut avoir des effets un peu plus forts qui sont le reflet de l’activation du système immunitaire comme de la fièvre ou de la fatigue. Ceux qui nous embêtent particulièrement sont les effets secondaires liés à des allergies, notamment les allergies graves. Raison pour laquelle la consultation médicale est obligatoire avant de se faire vacciner. Dans les centres de vaccination, il y a systématiquement un médecin qui fait le point sur énormément de données et en particulier sur les allergies. On pourrait être amenés à refuser la vaccination dans les centres délocalisés à des personnes qui présentent des allergies sévères.

FI : Vous a-t-on notifié des effets secondaires liés à ce vaccin à Mayotte ?

M. J. : Pour l’infant, on n’a pas de retour ! On le saura dès la semaine prochaine, quand on commencera à administrer les deuxièmes doses.

FI : Beaucoup de personnes sont réticentes car le vaccin a été élaboré en un temps record. Ces peurs sont-elles justifiées selon vous ?

M. J. : Ça ne devrait pas faire peur, mais le souci provient de tout ce qui a été raconté. Il est vrai que le développement du vaccin a été rapide, mais il a été fait sur une procédure qui avait été travaillée depuis de nombreuses années. La technique était connue, et il fallait juste développer un vaccin. Il s’avère que c’est le Coronavirus qui a permis de mettre en place cette technique déjà développé des vaccins ARN. C’est-à-dire qu’on injecte une séquence qui ressemble au matériel génétique du virus, mais elle ne va pas entrer dans les cellules du patient. Donc toutes les accusations qui circulent ne sont pas du tout fondées. Et les fake news nous font perdre du temps. Aucun gouvernement aurait intérêt à administrer des substances toxiques à ses citoyens.

FI : Quelle est l’utilité du vaccin Pfizer qui est le seul utilisé à Mayotte en ce moment ?

M. J. : Il sert à faire émerger des défenses contre le Coronavirus. Il permet à l’individu de ne pas avoir de forme grave ou de décéder. Cependant, on ne sait pas encore si une personne vaccinée qui contracte le virus peut le transmettre. C’est pour cela qu’il faut quand même respecter les gestes barrières, même si on a reçu les deux doses.

FI : À partir de quel moment est-on immunisé quand on est vacciné ?

M. J. : La première dose permet de faire sortir un peu d’immunité mais avec un délai assez long qui est de 12 à 15 jours. Avant cela, le vaccin ne développe pas de défense immunitaire. Selon les études, il se pourrait qu’il n’y ait que 50% de personnes vaccinées qui soient immunisées après une première dose. C’est relativement peu. Donc on est protégé une fois qu’on a reçu la deuxième dose. Elle permet de solidifier et de développer un système de défense immunitaire.

FI : Combien de temps cette défense immunitaire est-elle efficace?

M. J. : Honnêtement, je ne sais pas. C’est une donnée inconnue. Il y a beaucoup de spéculations sur cette question, mais rien n’est sûr.

FI : Combien de temps faut-il attendre avant de se faire vacciner si on a déjà contracté le Covid-19 ?

M. J. : Là encore, beaucoup d’informations circulent. Je ne peux pas vous donner de réponse précise. Mais la Haute autorité de santé recommande d’attendre 6 mois avant de se faire vacciner quand on a eu le Coronavirus. Elle estime que pendant ces 6 mois, la personne infectée est protégée. C’est une information qui a été publiée ce week-end et qui est en attente de validation par les autorités sanitaires. Elle est donc à prendre avec des pincettes.

FI : Que risque-t-on si on se fait vacciner alors qu’on est porteur du virus ?

M. J. : On ne peut pas vacciner une personne qui est porteur du Coronavirus. Mais il existe les gens asymptomatiques, qui sont susceptibles de se faire vacciner sans savoir qu’ils ont le virus. Si cela arrive, la personne n’encourt pas de risques. Pareil pour celle qui va contracter le virus dans les 2-3 jours qui suivent la vaccination. Cette interdiction est surtout liée au fait que la dose de vaccin sera gâchée puisque quelqu’un qui a le Coronavirus va naturellement développer un système de défense immunitaire.

FI : Le vaccin est-il assez efficace sur le variant sud-africain qui circule activement sur l’île ?

M. J. : Les données qu’on a aujourd’hui nous indiquent qu’il est efficace. Les résultats sont même très satisfaisants concernant les variants sud-africain et anglais. Il y a des doutes sur le vaccin AstraSeneca, mais ils ne sont pas confirmés. Mais par principe de précaution, on l’a écarté. Et cela ne nous facilite pas la tâche parce que l’AstraZenaca était plus simple à administrer. Le médecin traitant ou l’infirmier libéral aurait pu le faire.

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