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Au service réanimation du CHM de Mayotte, “on bouffe du Covid, matin, midi, et soir”

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À l’hôpital, les effets de la seconde vague se font ressentir avec une force inédite. Et ce malgré les évacuations sanitaires vers La Réunion, les renforts humains, la production d’oxygène et les lits supplémentaires… De quoi mettre à bout les équipes du service de réanimation, qui ne demandent qu’une chose : un peu d’aide de la population, appelée à respecter le confinement. De toute urgence.

Une patiente de 37 ans, un homme de 42 ans, un autre de 40 ans, une femme de 44 ans, un homme de 43 ans, une femme de 48 ans…” Le docteur Renaud Blondé récite sa liste sans sourciller. Il a le regard grave et froid au-dessus de son masque. Dans ce petit bureau du dernier étage du CHM – “on y sera plus au calme qu’au service réa, c’est agité en ce moment”, avait-il averti d’emblée – la paperasse et les courbes de projection s’empilent devant les yeux du chef de service. Mais pas besoin de jeter un œil sur ses fiches pour savoir que l’heure est grave. “J’en ai vécu des crises. Mais en douze ans de Mayotte, je n’avais jamais vu ça”, soupire le médecin réanimateur.

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Dans sa liste, il y a une chose qui doit vous faire tiquer. “Ce ne sont pas les mêmes patients que pendant la première vague”, signale-t-il. Aux plus de soixante-ans avec comorbidités – hypertension, diabète, surpoids, en général – s’ajoutent désormais des cas beaucoup plus jeunes, sans problème de santé. “On a eu des gens de 21 ans, 37 ans, 40 ans… tous en pleine forme !” Et même un prof d’éducation sportive. Débranché récemment, malgré tous les efforts des soignants et les machines déployées autour de lui. “Ce qui nous surprend aussi avec cette vague, c’est sa violence, elle est beaucoup plus forte que la première.” Un chiffre résume à lui seul cette différence abyssale : au plus fort de la première flambée, le maximum atteint dans le service réanimation était de sept patients en une semaine. Ce lundi, sept personnes sont passées sous respirateur en une journée…

 

Sans l’aide de la Réunion, un service déjà sous l’eau

 

On comprend mieux dès lors la pression qui pèse sur les épaules de l’agence régionale de santé et de la préfecture, et leur choix de confiner face à la gravité de la situation. Certes, l’hôpital est un peu mieux doté qu’en mars 2020. L’avion sanitaire qui “tourne à plein régime”, et sa toute récente unité pharmaceutique de production d’oxygène médicale, “aujourd’hui poussée au maximum de ses capacités”, ont permis jusqu’à présent aux équipes de tenir le coup. “Notre grosse chance, c’est de pouvoir compter sur le service réa de la Réunion. Sans leur aide, on serait déjà submergé…” Au point de refuser des patients ? Affirmatif, signe le Dr Blondé d’un hochement de tête.

Et pourtant, sur place, “on pousse les murs”. Doté en temps normal de 16 lits, le service réanimation a pu doubler ses équipements. Mais ce n’est pas une mince affaire ! Pour armer une place de réa, il faut : un lit spécial anti-escarre, un moniteur, un pousse-seringue, et un respirateur. Tout un bazar, donc, qui prend des mètres carrés et qui conduit à s’étaler sur les autres services, comme celui de la chirurgie ambulatoire. “Aujourd’hui, vous n’avez plus de salle de réveil au CHM. Ce qui veut dire que l’on réserve les chirurgies pour l’extrême urgence”, décrit le Dr Blondé.

 

Des soignants à bout malgré les renforts

 

Mais même avec tout ça, le service étouffe. “Ce matin, on avait 22 hospitalisations en réanimation, dont 18 covid”, énumère-t-il. Un chiffre qui a encore grimpé dans la journée, au moment où nous rédigeons ces lignes. Ce jeudi soir, 130 personnes étaient hospitalisées au CHM dont 28 en réanimation et 51 en soins aux urgences, indiquait l’ARS sur sa page Facebook. “On bouffe du Covid matin, midi, et soir”, résume le chef du service le plus sous tension.

Et au niveau des équipes, cette pression est palpable. Même avec les renforts de la réserve sanitaire et de l’armée, qui ont permis de doubler voire de tripler les effectifs depuis une semaine. “Lundi, j’ai récupéré des soignants en pleurs après leur garde.” À noter que les evasan permettent de transporter les patients les plus “légers”. Résultat, seuls restent intubés entre les quatre murs du service les cas les plus graves… D’où des gardes “particulièrement lourdes”.

 

La courbe continue de grimper

 

Le bout du tunnel, pour ces soignants au front ? Le pic, attendu tel le messie, mais qui tarde à pointer le bout de son nez. “Il faut qu’on y arrive très rapidement, sinon dans sept à 10 jours, on ne va plus pouvoir admettre des patients”, lance le médecin, en guise de cri d’alarme. Seul rempart : le respect du confinement, qu’il invoque les mains presque jointes. “Il faut que la population nous vienne en aide. J’espère ne pas vivre le jour où je devrais regarder une famille dans les yeux et lui dire que je ne peux pas admettre son proche.” Il n’a qu’un nom pour cela : “la médecine de catastrophe”. Et ce n’est pas son métier.

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