Mercredi 8 septembre, en plein cœur de la ville de Sada, la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire Mayotte a inauguré l’ESS Tour. L’occasion de présenter au grand public ce nouvel outil de sensibilisation itinérant, qui a pour but de convaincre les porteurs de projet de passer le cap.
L’ESS Tour, quesaco ? Ce dispositif opérationnel a pour vocation d’être au plus près de la population dans l’espoir de promouvoir l’économie sociale et solidaire (ESS) au sein du 101ème département français. Toutes les deux ou trois semaines, la tente de l’ESS Tour se déplacera de villes en villes afin d’aller au plus près des habitants. L’objectif donc ? Accueillir toutes les générations, discuter, débattre et créer des projets autour de thématiques variées. “De nombreuses animations et ateliers destinés à un large public et adaptés aux besoins de chaque localité seront mises en place sous la tente de l’ESS Tour”, explique Alexandre Morau, responsable du Fanya’Lab au sein de la CRESS de Mayotte. Un projet plein de sens pour la chambre régionale, qui forte de ses résultats en 2020 entend bien continuer à agir sur le territoire. “L’année passée, nous avons accompagné 102 porteurs de projet dans la création ou la consolidation de leur activité. 77 emplois ont pu être créés et 123 pérennisés”, se félicite le nouveau directeur de l’institution, Kamal Youssouf.
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L’ESS comme mantra
“L’ESS est dans l’ADN des mahorais”, clame son président, Kadafi Attoumani, avant de rappeler la définition même de celle-ci. “Souvent, les gens pensent que l’ESS est un mode de structure, mais elle est un mode d’entreprendre.” En effet, l’ESS désigne un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, de mutuelles, d’ associations, ou encore de fondations. Leur fonctionnement interne et leurs activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. Un modèle ambitieux qui pourrait bien être l’avenir de Mayotte.
Le nouvel outil de la CRESS voit le jour dans un contexte de travail collectif. Financé par le conseil départemental et le fond de solidarité de l’Union européenne, il est aussi l’aboutissement d’un travail en lien avec les différents acteurs de l’île. “Notre but est de faire un travail de proximité. Lors de nos interventions dans les villes, nous travaillerons en lien avec les équipes des mairies et des associations locales afin d’identifier les besoins des territoires et des populations”, précise Alexandre Morau. Pour cela, Laydine Soulaimana et Saira Saïd, deux porteurs de projet de la CRESS, animeront les ateliers. Ils pourront également être épaulés par des intervenants si les sujets le permettent. “On peut imaginer que sur une thématique en lien avec la recherche d’emploi, des salariés de Pôle emploi puissent participer à des activités de l’ESS Tour”, affirme Kamal Youssouf. “Notre objectif étant la coordination entre les différents partenaires afin d’accompagner au mieux la population.” Un beau projet qui débute ce mercredi et qui n’a pas fini de faire parler de lui.
En visite à Mayotte le 22 octobre 2019, le président de la République, Emmanuel Macron, doit donner son premier discours à la sortie du ponton de Mamoudzou. Sur les lieux, Estelle et Christophe Youssouffa se font interpeller par les forces de l’ordre à l’angle du rond-point Passot. Poursuivis pour actes de rébellion, ils comparaissaient ce mercredi au tribunal judiciaire. Si le ministère public a requis entre 150 et 200 euros d’amende pour chacun d’eux, ils devront attendre une semaine de plus pour être fixés sur leur sort.
Salouva traditionnel pour l’une, chemise-cravate pour l’autre. Derrière les apparences convenables, Estelle et Christophe Youssouffa doivent répondre de leurs actes devant la justice ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Plus précisément d’actes de rébellion à l’encontre de deux fonctionnaires de police à l’occasion de la visite présidentielle le 22 octobre 2019.
Ce jour-là, la scène de l’interpellation de la présidente du collectif des citoyens de Mayotte et de son frère par quatre agents se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Après avoir appelé la population à porter un t-shirt blanc pour marquer le coup, les deux militants se retrouvent dans le collimateur des forces de l’ordre. Passé le cordon de sécurité situé à l’angle du rond-point Passot, impossible d’approcher l’accès au podium sur lequel Emmanuel Macron doit donner son premier discours. Les deux voient rouge et manifestent leur « droit de circuler ». « On nous a empêchés de voir le président. L’idée n’était en aucun cas d’haranguer la foule », insiste Christophe Youssouffa. Face au mur de gros bras qui se dresse devant eux, l’incompréhension les gagne avant que le sous-préfet de l’époque en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, Julien Kerdoncuff, les informe de « notre mise à l’écart publique et humiliante », grimace Estelle Youssouffa. « On ne représentait aucune menace. »
« Emmenés manu militari »
En guise de contestation, le frère et la sœur décident de s’asseoir. « Vous avez refusé de vous lever d’un périmètre de sécurité, vous avez provoqué par votre comportement un rassemblement massif », déroule le président Kamel Souhail lors du rappel des faits. Les esprits s’échauffent. Christophe Youssouffa tente de poursuivre son chemin dans « la direction interdite », se retrouve nez à nez avec des fonctionnaires et adopte une « attitude provocatrice et moqueuse ». « On est restés passifs et ils nous ont emmenés manu militari ! Le policier a étouffé mon frère sous mes yeux pour l’immobiliser. Il était incapable de respirer », précise Estelle Youssouffa. « On vous a reproché d’être intervenue », lui répond du tac-au-tac le juge. Dans le feu de l’action, une bouteille se déverse sur les représentants du ministère de l’Intérieur. « Je me suis arrêté pour boire, c’est parti de manière involontaire. Il n’y avait aucune volonté de blesser ou de résister », se défend le trentenaire. Mais c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase… Direction le commissariat !
Des réquisitions d’apaisement
« Je n’ai pas vu, dans les images, de comportements ou de gestes qui qualifient un acte de rébellion », note toutefois le procureur de la République, Yann Le Bris, au moment d’effectuer ses réquisitions. Et de notifier que la jurisprudence a eu l’occasion de poser le principe selon lequel, « le fait d’opposer une résistance violente aux personnes dépositaires de l’autorité publique doit s’entendre d’un acte de résistance active à l’intervention de ces personnes : la simple résistance passive et la force d’inertie ne sont pas des éléments constitutifs du délit de rébellion » (Cour de cassation, chambre Criminelle 1er mars 2006). Aussi, le magistrat joue-t-il la carte de l’apaisement et de la pédagogie : Yann Le Bris plaide pour une peine de 150 à 200 euros pour « rappeler aux uns et aux autres leur responsabilité ».
Une note déjà bien trop salée au goût de l’avocate de la défense, qui souhaite « faire reconnaître le principe de leur innocence dans cette affaire ». Maître Sabrina Goldman dénonce un dossier vide et une extrapolation du procès-verbal. « Vous ne pourrez qu’entrer en voie de relaxe », conclut-elle. Suffisant pour convaincre le président du tribunal correctionnel, Kamel Souhail ? Décision le 14 septembre prochain.
Le service départemental d’incendie et de secours de Mayotte vient de changer de conseil d’administration. Ce mardi après-midi, certains élus du Département, les syndicats et le directeur du SDIS se sont réunis pour installer le nouveau président de la structure. Ben Issa Ousseni a délégué son poste à Abdoul Kamardine, conseil-ler de M’tsamboro, qui n’a pour mot d’ordre que le dialogue.
Apprendre les erreurs du passé et entrer dans une nouvelle ère, c’est la politique du nouveau président du service départemental d’incendie et de secours de Mayotte, Abdoul Kamardine. Nommé par le président du collectivité, Ben Issa Ousseni, le conseiller du canton de M’Tsamboro prend les rênes du conseil d’administration de la structure pour les six prochaines années.
Abdoul Kamardine hérite d’un SDIS marqué par les nombreux conflits entre les agents et sa prédécesseure, Moinécha Soumaila, mais aussi et surtout par un dialogue rompu entre les deux parties. De ce fait, le binôme de Zouhourya Mouayad Ben au conseil départemental souhaite rétablir le lien de confiance. « Nous ne pouvons pas faire mieux que le dialogue… L’avenir, c’est le dialogue social, c’est de travailler avec l’ensemble des agents du SDIS pour construire cette belle institution », martèle-t-il. Une stratégie soute-nue par le directeur, le colonel hors classe Olivier Neis, qui s’inscrit dans cette lignée. « Le passé est une leçon qu’il ne faut pas reproduire. Il faut savoir entendre et écouter », prévient celui qui a pris ses fonctions au mois de mars.
Des dossiers brûlants sur la table
Le nouveau président arrive avec des objectifs et des projets que l’ancienne mandature n’a pas pu finaliser. Modernisation, développement, sécurisation… Tous les dossiers sont brûlants, alors le conseil d’administration n’a plus de temps à perdre. « Nous allons commencer les travaux de notre école de formation à Kahani qui va s’agrandir, nous allons construire de nouvelles casernes à Dembéni et Chirongui. Notre objectif est d’assurer la couverture de tout le territoire pour que chaque Mahorais se sente protégé », assure Abdoul Kamardine. Et au colonel Olivier Neis d’ajouter : « Les casernes sont en cours de finalisation et de sécurisation, il faut compléter les équipements pour les sécuriser. »
La nouvelle équipe le sait, elle doit répondre aux nombreux besoins des sapeurs-pompiers. Et pour cela, il faudra énormément de moyens. D’où le budget de 35 millions d’euros alloués au SDIS de Mayotte : 25 millions d’euros pour la section fonctionnement et 10 millions d’euros pour la partie investissement. Une enveloppe financée à hauteur de 56% par le conseil départemental (contre 44% par les communes). Mais Abdoul Kamardine souhaite aller encore plus loin. « Il faut aller trouver d’autres moyens d’investissement, cela signifie aller sur le marché et emprunter », précise-t-il, toujours dans l’objectif d’être présent sur l’ensemble de l’île aux parfums.
Les syndicats restent vigilants
Des promesses et des ambitions passées au crible par les représentants des syndicats des sapeurs-pompiers et ceux du personnel administratif. Ainsi, ils gardent les pieds sur terre et n’oublient pas les discussions houleuses avec l’ancienne présidente… « Votre discours nous laisse rêver parce que le passé du SDIS 976 est amer », insiste Boucherane Colo, au nom de l’intersyndicale en s’adressant directement au nouveau président. Il n’hésite pas à rappeler le rôle des élus au sein de la structure et leur de-mande plus de considération. « La plupart du temps, nous avons du mal à avoir ne serait-ce que deux élus sur une commission, ils brillent par leur absence. J’ose espérer que c’est du passé », avertit-il.
Celui qui est aussi président du syndicat autonome FA/SPP-PATS Mayotte (fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs et techniques spécialisés) de-mande aux membres du conseil d’administration d’être à l’écoute de leurs doléances. « Les pompiers sont les techniciens qui sont sur le terrain et ce sont eux qui connaissent les réels besoins », rap-pelle-t-il, à l’égard de ceux qui en doutaient encore. La présence régulière des élus dans les casernes est plus que nécessaire pour Boucherane Colo puisqu’« ils ne peuvent pas rester au conseil départe-mental et savoir ce qu’il se passe chez nous ». Déterminé, le nouveau président a pour ambition de faire table rase du passé. Mieux, il promet un changement radical en termes de management ! Sur ces belles paroles, les syndicats acceptent de lui faire confiance et repartent avec beaucoup d’espoir. En guise de bonne foi
Dans un livre publié le 30 août 2021 et bientôt disponible en librairies à Mayotte, des enseignants-chercheurs font le portrait d’une école mahoraise particulière, à la fois récente, et marquée par des spécificités locales : le plurilinguisme, les madrassas, la jeune formation des professeurs sur place… Un état des lieux nécessaire, au vu des innombrables défis qui pèsent sur l’éducation des enfants à Mayotte.
Le saviez-vous ? La toute première école publique laïque de Mayotte a été inaugurée à Dzaoudzi en 1864. Avant cela, et quand les Français prennent possession de l’île en 1841, le système éducatif repose essentiellement sur les écoles coraniques. Il faudra attendre les années 1990 pour que “les transformations du système scolaire s’accélèrent pour faire face à la massification de la population scolaire”, écrit Liliane Pelletier, directrice adjointe du laboratoire Icare de l’Université de La Réunion, en ouverture de “L’école à Mayotte – Approches plurielles”, paru aux Éditions L’Harmattan le 30 août 2021. Depuis la fin du siècle, la petite île de l’océan Indien est passée de quelque 5.000 élèves aux 106.000 annoncés par le rectorat pour cette rentrée scolaire… De quoi bouleverser toute une organisation !
La parole aux acteurs de terrain
Pour tenter de dresser un portrait de ce système éducatif en perpétuelle évolution, neuf auteurs, dont cinq chercheurs du laboratoire Icare, signent ainsi pour cette même rentrée un ouvrage collectif sous la direction de Maryvonne Priolet, enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation au centre universitaire de Mayotte (CUFR). Objectif : interroger les particularités de l’école sur une île en proie à une croissance démographique galopante, et où le fort taux de pauvreté fait peser un enjeu majeur sur la scolarisation des enfants. Outre ces statistiques socio-économiques bien connues, il s’agit aussi pour les contributeurs d’étudier les représentations des différents acteurs – familles, enseignants, directeurs d’école notamment – au travers de travaux de recherche, établis via des questionnaires, des entretiens, des observations en classe, etc. Or, ces représentations se heurtent à un contexte particulier de plurilinguisme, de dualité de l’enseignement avec les écoles coraniques que fréquentent une majorité d’enfants, mais aussi de rotations, et d’enjeux de formation locale pour les futurs enseignants.
“Nous ne voulions pas une approche linéaire, c’est pourquoi nous abordons de nombreuses thématiques dans un ouvrage volontairement collectif. Et chaque chapitre donne la parole à des acteurs de terrain”, insiste Maryvonne Priolet, pour qui cette publication signe l’aboutissement d’une carrière passée sur les bancs de l’éducation, comme institutrice, conseillère pédagogique et inspectrice de l’Éducation nationale. “La découverte de l’école à Mayotte a été un élément déclencheur dans ce projet. En arrivant en 2017, j’ai eu envie de faire connaître à d’autres ce qu’était cette école, qui évolue encore d’ailleurs”, sourit la chercheuse. Un intérêt partagé avec les autres auteurs, Stéphanie Bachelot, Yannick Bureau, Philippe Charpentier, Daourèche Hilali Bacar, Gaëlle Lefer-Sauvage, Miki Mori, Liliane Pelletier, et Jean-Jacques Salone.
Le dilemme des langues régionales
Regard des parents, rapports aux langues, dilemmes de l’activité enseignante face à un modèle calqué de l’Hexagone, formation des professeurs, usage des tablettes tactiles par des enseignants d’ULIS-école (unités localisées pour l’inclusion scolaire)… En sept chapitres, « L’école à Mayotte – Approches plurielles » dresse ainsi un portrait fourni du système scolaire à un instant T, dans un contexte où les représentations évoluent très rapidement, reconnaît Maryvonne Priolet. “Quelque part, ce livre est déjà presque daté ! En 2017, nous avons pu voir le dilemme professionnel qui se posait pour des personnes qui se sentaient interdites d’utiliser dans leurs classes des langues autres que le français”, cite par exemple la directrice d’ouvrage, en référence à la reconnaissance récente du kibushi et du shimaoré comme langues régionales et la volonté de l’Éducation nationale de permettre leur enseignement à l’école.
Trois chapitres sur la formation de ceux qui enseignent
Autre évolution rapide : la formation des enseignants. Créé en 2017 pour former les professeurs des écoles de “la nouvelle école de la République”, sur le principe d’une alternance intégrative qui mixe expérience de terrain et formation universitaire, le Master MEEF du CUFR s’étend au second degré à partir de cette rentrée 2021, avec le français et les maths. “Avec la formation des enseignants, nous avons des promotions de 200 personnes qui vont sortir chaque année pour le 1er degré, et le nombre de contractuels sera réduit d’autant”, explique Maryvonne Priolet. Comme quoi, “on voit que tout est en devenir.”
Du 6 au 12 septembre 2021 se tient la huitième édition du forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Sur la place de la République à Mamoudzou, quarante artisans se réunissent tout au long de la semaine afin de mettre à l’honneur la culture et les savoir-faire mahorais. Découverte du patrimoine culinaire et aromatique de l’île avec Razia Simba-Ali.
Sadoise et fière de l’être. C’est ainsi que se présente Razia Simba-Ali. Assise derrière ses épices, elle accueille les badots avec bonne humeur et dynamisme. “Tout ce que vous voyez là, c’est moi qui le fais”, indique-t-elle en désignant des paquets d’aromates. “Les produits que je transforme viennent de Mayotte, mais aussi d’un peu partout dans l’océan Indien.” Après avoir été porte-parole d’une confédération paysanne sur le territoire, l’entrepreneure se lance en 2015 dans le commerce de produits agricoles.
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“En 2010, lorsque j’ai créé mon entreprise, je vendais des semences, des engrais et des produits phytosanitaires, mais lorsque j’ai eu ma famille, j’ai tout arrêté et j’ai décidé de suivre les traces de mes ancêtres qui travaillaient dans l’agriculture.” Petite-fille d’agricultrice et fille d’un papa passionné de pêche et de paysannerie, Razia Simba-Ali a toujours aimé la terre. “Nous avons toujours mangé les produits que nous cultivions et aujourd’hui, nous devons renouer avec ce patrimoine”, affirme la quadragénaire. Un retour essentiel pour elle au circuit-court et à la consommation de produits frais à l’heure où les produits transformés prennent une place prépondérante dans l’alimentation des Mahorais.
“Un produit des trois coins de l’île”
Son produit phare ? Son huile de massage. Une recette qu’elle tient de sa mère et de sa grand-mère. “C’est un mélange d’huile de coco et de vétiver. Ça calme la fièvre et ça soulage les coups… Ma touche personnelle, c’est l’ajout d’extrait d’ylang qui relaxe”, confie-t-elle, d’un air malicieux. Comme elle aime le dire, son huile est “100% locale”, avec une huile de coco qu’elle achète chez un producteur de Ouangani, celle de vétiver qui vient tout droit de Bouéni et l’extrait d’ylang-ylang cultivé à Acoua. “Un produit des trois coins de l’île”, s’amuse sa créatrice.
Un catalogue divers et varié
Épices, huiles, fruits et légumes… L’artisane vend des produits divers. Déjà présente sur le marché couvert de Mamoudzou, Razia Simba-Ali livre également ses articles sur l’ensemble du territoire. Pas en reste, elle espère encore développer son activité et réaliser de la vente en ligne. “J’ai reçu des demandes de la part de certains clients qui résident à La Réunion ou en métropole pour que je leur livre des produits. Mon objectif serait de pouvoir vendre à l’extérieur de Mayotte, mais aussi posséder pourquoi pas mon propre magasin afin d’agrandir mes stocks et pouvoir honorer mes commandes.” Un beau projet d’avenir pour la Mahoraise, qui avec ses diverses créations fait vivre le patrimoine culturel de l’île aux parfums.
En seulement quelques semaines, la nouvelle souche du Covid-19 qui a débarqué à Mayotte est déjà majoritaire et se propage rapidement. Pour éviter une nouvelle vague meurtrière et des mesures de couvre-feu ou de confinement comme par le passé, les autorités de l’île ont décidé de prendre des mesures préventives.
C’est reparti pour un tour ! Alors que la plupart des restrictions avaient été levées sur le territoire depuis le 20 mai, avec notamment la fin du couvre-feu, le préfet de Mayotte Thierry Suquet a annoncé ce lundi un nouveau tour de vis. Objectif : freiner la propagation du variant Delta, qui représente désormais 95% des échantillons séquencés par l’agence régionale de santé. “Ce variant plus contagieux circule désormais très largement, et nous ne sommes pas sûrs que les gens qui ont déjà été atteints par le Covid, en particulier par la souche sud-africaine, soient aussi immunisés, c’est ce qui ressort d’un avis du conseil scientifique”, a mis en garde le délégué du gouvernement à l’occasion d’une conférence de presse.
Un patient admis en réanimation lundi
Preuve de la contagiosité de cette nouvelle souche, les voyants passent au rouge-orangé les uns après les autres. “Sur les quatre dernières semaines, tous les indicateurs sont en hausse avec une accélération particulièrement marquée la dernière semaine”, a présenté la directrice de l’ARS par intérim, Stéphanie Frechet. Ainsi, sur la semaine du 28 août au 3 septembre, le taux d’incidence est repassé au-dessus du premier seuil d’alerte, à 50 cas pour 100.000 habitants. “Compte tenu de l’accélération de l’épidémie, depuis la date du 3 septembre, ce seuil est très largement franchi”, a estimé la nouvelle responsable de l’autorité sanitaire. Le taux de positivité des tests, à 3.2%, suit la même pente, malgré des dépistages moins systématiques. Et le R0, qui indique le nombre de cas contaminés par une personne positive, est passé à 1.54. “Nous n’avions observé cette dynamique qu’une seule fois depuis mars 2020.” Pire, ces chiffres trouvent d’ores et déjà une traduction très concrète à l’hôpital, qui accueille à nouveau six personnes hospitalisées, dont une en réanimation depuis ce lundi matin. Il s’agit d’un patient non-vacciné et qui présente plusieurs comorbidités.
Des restrictions en vigueur dès mercredi
Face à ce rebond de l’épidémie, les autorités de l’île, en lien avec les maires, les élus du département et les responsables de cultes, ont décidé de prendre des mesures de freinage supplémentaires. Un arrêté préfectoral doit entrer en vigueur dès mercredi. Il prévoit le rétablissement du port du masque obligatoire dans l’espace public, en intérieur et en extérieur ; même chose dans les collèges, les lycées et en intérieur dans les écoles ; la réduction des jauges à 50% dans les commerces, et à une place sur deux dans les lieux de culte ; l’interdiction de la musique amplifiée dans l’espace public ; la présentation d’un passe sanitaire pour la pratique du sport en intérieur pour les personnes majeures, et, dans le cadre scolaire, une pratique encadrée par un protocole sanitaire strict et l’interdiction des sports de contact ; l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes, y compris pour les manzarakas et les voulés, sauf à appliquer le passe sanitaire et sous réserve d’une autorisation préalable à solliciter auprès de la préfecture dix jours avant l’événement ; enfin, la gratuité de l’eau aux bornes fontaines monétiques. Il est par ailleurs fortement recommandé aux employeurs d’encourager le télétravail et aux ménages de limiter le nombre d’invités extérieurs au foyer à six personnes.
La campagne vaccinale s’essouffle
Le rectorat, qui avait déjà opté pour le niveau 2 du protocole sanitaire dès la rentrée scolaire, reste sur la même lancée, avec une attention accrue sur le port du masque, les gestes barrières et le nettoyage des salles de classe plusieurs fois par jour, entre chaque rotation et entre chaque service pour la restauration. Si un cas est détecté dans une classe, tous les élèves sont isolés dans le premier degré. Dans le second degré, ils sont suivis et isolés en fonction des risques pour les cas contacts, et les élèves vaccinés peuvent revenir en classe à condition d’être testés. Pour rappel, les jeunes peuvent se faire vacciner dans les lycées, sur présentation de l’autorisation signée par les deux parents référents. Le dispositif sera étendu aux collèges dès la fin de la semaine prochaine.
Nerf de la guerre pour les autorités, la vaccination semble d’ailleurs montrer des signes d’essoufflement, après la bonne dynamique de la pré-rentrée. “Nous enregistrons plus de doses numéro 2, que de doses numéro 1, donc il y a moins de candidats à la vaccination”, a souligné Stéphanie Frecher. En outre, des primo-injectés manquent à l’appel pour la deuxième piqûre, avec un perte estimée à 1.800 doses numéro 2 par semaine. “D’après nos outils de projection, en l’état actuel et si aucune mesure de freinage n’est prise, la tendance montre un nombre de décès analogue à la vague de janvier-avril dernier”, a-t-elle alerté. Soit 113 décès en trois mois.
Depuis décembre dernier, Régis et Julien Novou avancent progressivement leurs pions dans l’espoir de faire décoller leur compagnie aérienne locale, dénommée Zena Airlines, au cours du premier semestre 2022. Reste à concrétiser les premiers échanges fructueux avec la nouvelle majorité du Département, qui semble vouloir prendre le projet en vol et qui pourrait rebattre certaines cartes. Mais en cas de soutien de la collectivité, il faudra alors trouver un équilibre financier avec les actionnaires privés.
Près de deux mois après la présentation de leur projet en collaboration avec Airbus Consulting, les frères Novou reviennent sur le devant de la scène. Deux mois passés loin des radars à bûcher et à enchaîner les rendez-vous professionnels sur l’île aux parfums comme en métropole. Et celui avec la nouvelle majorité du conseil départemental, le 18 août dernier, peut donner quelques motifs d’espoir quant à l’implication économique de la collectivité dans le projet Zena Airlines. « Elle prendra sa décision finale en son âme et conscience, mais les questions étaient trop pertinentes à mes yeux pour que ce soit un simple entretien de courtoisie », résume Julien Novou, entouré ce jour-là de Cris Kordjee, la chef de file de l’association des usagers des transports aériens de Mayotte. « Le président m’a assuré qu’il soutenait toutes les initiatives permettant le désenclavement du territoire. Nous avons tous les deux saisi nos besoins respectifs ! »
Un bon point de départ pour les instigateurs de cette nouvelle compagnie aérienne 100% mahoraise. Reste à concrétiser ces premiers échanges pour le moins fructueux. Trois options s’offrent alors au Département : subventionner, rentrer au capital et/ou se porter caution. Sauf qu’une réponse positive pourrait rebattre certaines cartes… Et aussi faire grincer des dents. « En cas de partenariat, il va falloir trouver un équilibre financier avec nos investisseurs privés qui nous font confiance et qui nous suivent depuis le début de cette aventure », précise Régis Novou, désireux d’entendre les élus se positionner depuis juin sur ce dossier, qui agite régulièrement l’opinion publique et la sphère politique.
Changement du curseur stratégique
Alors oui, si « [ces] discussions changent quelque peu le curseur stratégique », le jeu en vaut la chandelle. En devenant actionnaire, la collectivité peut par exemple permettre de faire baisser de « 20 à 25% » le prix de location des avions. Une aubaine qui aurait des conséquences avantageuses sur le tarif des billets… Mais attention : l’heure tourne ! « Avec la fenêtre de tir actuelle, il faut agir de suite. L’aérien redécolle crescendo, de moins en moins d’appareils se retrouvent cloués au sol. » Autre bénéfice institutionnel à exploiter ? Le rôle de facilitateur du conseil départemental, notamment auprès d’entreprises telles que Total, l’unique fournisseur de carburant sur le territoire. Un élément à prendre en considération sachant que le kérosène représente « 30% des coûts variables ».
Peu importe la décision finale, les frères Novou assurent suivre leur calendrier initial. « Nous avons toujours pour ambition de pouvoir voler avant le début de la haute saison 2022 à destination de l’Hexagone et de La Réunion » Avant de relativiser le projet de coopération commerciale entre Air Austral et Corsair, annoncé le 17 août. « Cela fera de nous le seul concurrent », s’amuse Régis Novou. « Des partenariats, nous pouvons aussi en tisser », renchérit son cadet, en référence à la multitude de compagnies aériennes qui desservent l’île Bourbon. Même sens de l’ironie lorsqu’il s’agit d’évoquer le positionnement d’Ewa Air sur la ligne régionale convoitée par Zena Airlines. « Nous sommes ravis de ne pas encore exister et de déjà servir d’exemple. » En soi, aucune turbulence à l’horizon pour les deux spécialistes de l’aéronautique.
Du 6 au 12 septembre 2021 se tient la huitième édition du forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Sur la place de la République à Mamoudzou, quarante artisans se réunissent tout au long de la semaine afin de mettre à l’honneur la culture et les savoir-faire mahorais. Retour sur le parcours d’Assimo.
Un pinceau à la main et le sourire aux lèvres, Assimo raconte au travers de ses peintures la société mahoraise. L’artiste puise l’inspiration dans son quotidien, qui lui dicte les sujets de ses toiles. « Je regarde, j’observe, j’enregistre et je retranscris ce que j’ai vu sur le papier », résume le quinquagénaire. Un don qui le suit depuis toujours ou presque. « Je faisais des peintures et je les offrais à mes amis. Un jour, mon père m’a dit que plutôt que de donner mes œuvres, je devrais les vendre ! Il a apporté l’une de mes toiles à l’aéroport de Nosy Bé où il travaillait. J’ai tout de suite été exposé et j’ai reçu de nombreuses commandes. Cet événement a lancé ma carrière d’artiste », raconte-il avec un brin de nostalgie. Après divers emplois dans des sociétés malgaches, le peintre décide de venir vivre à Mayotte. En 2019, il obtient l’immatriculation de son entreprise – Assimo Décor – et ouvre son atelier à Chiconi.
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Technique et sens du détail
Aujourd’hui, Assimo se présente comme un artiste polyvalent. « Je peins sur toutes les surfaces et sur tous les sujets. J’ai réalisé des peintures de décoration, des panneaux publicitaires, de l’écriture sur bateaux, des fresques, de la peinture sur toile, sur bois ou encore sur du tissu », détaille-t-il. Depuis 1984, l’artisan peint en fonction de ses diverses commandes. Pour ses toiles, il met au point plusieurs techniques : il trace d’abord ses croquis sur des feuilles de papier, puis il décalque le motif sur la surface à travailler avant de commencer à peindre. Il utilise également des pochoirs et crée lui-même ses couleurs à l’aide des trois couleurs primaires, de noir et de blanc. Un travail de patience et de précision qu’il réalise à la vue des visiteurs lors de cette huitième édition du forum international des métiers de l’artisanat de l’océan Indien.
« Vivre de ma passion »
Son métier, Assimo le découvre sur le tard. Plus jeune, il cherche sa voie en étudiant dans différents domaines… « Je suis allé à l’école technique pendant trois ans pour acquérir les qualités d’un soudeur et d’un menuisier. J’ai aussi une formation en cuisine et une autre de conducteur de bateau. Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre de ma passion », retrace l’artiste, très heureux de s’exposer du 6 au 12 septembre sur la place de la République de Mamoudzou.
Papa d’une jeune fille inscrite en seconde au lycée de Sada, il est important pour Assimo de transmettre son art. « [Elle] ne m’a jamais demandé de lui apprendre à dessiner, mais j’en serais ravi si elle le désire un jour. » Soucieux de partager ses talents à la nouvelle génération, l’artiste commence alors à dispenser des cours de dessin. Comme à Mazena : « Je lui apprends la technique, l’échelle, le choix du dessin, la peinture… Il y a peu de temps, elle a fini première d’un concours de dessin à Mayotte ! Je suis très content pour elle. » Un bon moyen pour lui de faire perdurer son art sur l’île aux parfums.
À 27 ans, Azma Mohamed, originaire de Pamandzi, vient de créer son entreprise entièrement dédiée au bien-être des femmes. Wema Organics propose des solutions naturelles à base de plantes traditionnelles africaines pour que la femme se sente bien dans son corps. Un concept qui en a déjà séduit plus d’une.
Il y a un an, Azma Mohamed était loin d’imaginer qu’elle serait chef d’entreprise aujourd’hui. Son parcours professionnel est plutôt orienté vers les banques et les assurances. Consultante dans ce domaine, elle se retrouve comme la plupart des Français confinée chez elle en mars 2020. Dès lors, elle passe ses journées à discuter avec un groupe de filles qui partagent des astuces entre elles. La jeune maman fait alors découvrir des plantes ivoiriennes qu’elle a utilisées après son accouchement. « Ce sont des plantes que l’on utilise en bain de vapeur vaginal ou en thé. Ce sont des secrets de femmes en Afrique, malheureusement pas assez connus en Europe », raconte-t-elle. Cette dernière partage ses secrets sur les réseaux sociaux et reçoit de nombreux messages de femmes qui souhaitent en bénéficier.
De fil en aiguille, la jeune femme finit par commander certaines plantes qu’elle vend à son groupe d’amies. « J’avais tellement de commandes que je n’arrivais pas à gérer. En même temps, il était primordial pour moi de déclarer mon activité », se souvient-elle. En deux mois, Azma Mohamed dépose sa marque Wema Organics, mais elle veut aller encore plus loin. Passionnée par sa nouvelle activité, elle décide d’y investir son temps et ses économies. Et s’envole même pour les États-Unis, dans le but d’avoir plus de légitimité. « J’ai suivi une formation d’une semaine et j’ai été diplômée en tant que praticienne apte à accompagner une femme lors d’un bain de vapeur vaginal », précise-t-elle fièrement. Cette pratique est très répandue outre Atlantique où il y existe par ailleurs des instituts entièrement dédiés. « C’est très connu là-bas parce que les bains de vapeur vaginaux sont bénéfiques à la femme. Ils diminuent les infections vaginales, les kystes ovariens, les douleurs liées aux règles », énonce Azma Mohamed qui rappelle toutefois qu’elle n’est pas médecin et qu’en cas de problème grave, elle renvoie ses clientes vers un professionnel.
Mais la Pamandzienne d’origine souhaite offrir une alternative naturelle aux femmes qui souffrent de petits désagréments intimes en leurs faisant découvrir la médecine holistique. « Ma motivation est d’aider les femmes à se sentir bien dans leur corp et dans leur esprit en utilisant des pratiques ances-trales et des plantes 100 % naturelles. » Elle propose également du thé qui permet de « nettoyer le ventre » et de « favoriser l’ovulation ». À cela s’ajoutent des poudres aphrodisiaques, des produits naturel de bien-être en tout genre…
« Je pensais que ça n’allait intéresser personne »
Le site de Wema Organics n’est pas encore opérationnel, mais le bouche à oreille semble avoir porté ses fruits pour Azma Mohamed. En peu de temps, des femmes des quatre coins de la France, y com-pris aux Antilles, la contactent pour acheter les plantes. « Je pensais que ça n’allait intéresser personne, ça a été tout le contraire ! », se réjouit-elle, encore surprise de l’engouement qu’il y a autour de ses produits. Cela la pousse à se perfectionner pour offrir un service de qualité. Elle participe à la conception des produits du début à la fin. « Je veux que les femmes se sentent accompagnées, je veux leur offrir quelque chose de bien, mais aussi de beau », indique l’entrepreneure. Elle met donc un point d’honneur à proposer un packaging épuré et féminin.
Sa nouvelle entreprise occupe la plupart de son temps, mais Azma Mohamed l’assure : elle n’est pas prête à abandonner son métier de consultante en banque et assurance. « J’aime beaucoup mon travail, je ne peux pas le laisser pour l’instant. Lorsque le site sera en ligne, je ne sais pas ce que ça va donner, mais je vais gérer. » Wema Organics en est qu’à ses débuts, mais Azma Mohamed ne se ferme aucune porte. Elle souhaite intégrer les plantes comoriennes et mahoraises dans ses produits phares. Avant cela, elle compte d’abord « voyager dans les Comores et à Mayotte pour découvrir ces plantes, parce que je veux connaître les produits que je propose », affirme-t-elle. Et pourquoi par la suite, créer son institut dédié au bien-être de la femme, comme c’est le cas aux États-Unis ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
La série événement débarque sur Mayotte la 1ère ce lundi. Vendredi, trois premiers épisodes étaient dévoilés en avant-première au lycée des Lumières de Kawéni. Une claque qui donne déjà envie de voir la suite !
Elles s’appellent Raissa, Farzati, Oumie et Nadjila. Elles sont ingénieure en bâtiment, gestionnaire administrative, entrepreneure et sage-femme. De retour à Mayotte après des années d’études en métropole pour trois d’entre elles, quatre jeunes femmes mahoraises se retrouvent tiraillées entre les impératifs d’une société attachée à ses traditions et leur soif de vivre une vie plus moderne, qui leur corresponde. Ensemble, elles font le choix de prendre un appartement à Mamoudzou, à rebours des schémas et des attentes de leur famille. Annoncer la nouvelle dans leurs cercles respectifs sera une autre paire de manches…
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Avec la série COLOCS !, qui débarque sur Mayotte la 1ère dès ce lundi 6 septembre, Jacqueline Djoumoi-Guez signe un récit initiatique à la fois drôle et engagé, qui interroge la place de la femme mahoraise et de la jeune génération, partagées entre des envies de liberté et la volonté de préserver leur culture. Une histoire racontée en 14 épisodes de 13 minutes, et produite par Clap Productions, avec le soutien de France Télévisions, Mayotte la 1ère et la préfecture via la direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes. “J’ai toujours eu le souhait que chacun puisse s’investir pour cette cause… Et quelle fierté de voir une femme dans l’audiovisuel !”, a salué Taslima Soulaïmana, la déléguée aux droits des femmes, à l’occasion de la diffusion des trois premiers épisodes en avant-première vendredi.
« C’est le moule qu’il faut changer »
“Cette série, elle est entre fiction et documentaire, j’ai voulu raconter un point de vue”, a présenté la réalisatrice, Jacqueline Djoumoi-Guez. Parmi les thèmes abordés : les droits des femmes, “un sujet qui me tient particulièrement à cœur”, le choc des générations, les violences sexistes et sexuelles mais aussi la perte de repères, la mauvaise maîtrise du shimaoré, la réussite sociale, le déficit de prise en compte des maladies mentales… Avec Colocs !, Jacqueline Djoumoi-Guez fait aussi le vœu pieux de libérer la parole dans les familles, en permettant à tous d’échanger sur les sujets abordés par la série. “La jeune génération a souvent du mal à aborder ces thématiques. Le moule n’est pas adapté à nous, mais c’est le moule qu’il faut changer !”
Première série 100% mahoraise qui sera diffusée en dehors de Mayotte, dans tous les Outre-mer, le projet met aussi à l’honneur une jeune génération de créatifs, qu’ils soient réalisateurs, acteurs, monteurs, producteurs… Les images, la qualité du tournage et des dialogues, portés par un quatuor d’actrices amateures dont le talent crève l’écran, illustrent tout le potentiel de cette jeunesse qui ne demande qu’à pouvoir s’exprimer et sortir des carcans. “La jeunesse mahoraise, nous avons besoin de votre soutien pour faire des projets qui nous ressemblent. On ne se retrouve pas en regardant des télénovelas”, a plaidé Jacqueline Djoumoi-Guez. Vu les ovations qui ont accueilli ses trois premiers épisodes vendredi soir, on lui souhaite de recevoir beaucoup d’autres soutiens. Pour continuer à en mettre plein la vue !
Ce vendredi 3 septembre, Mayotte a officiellement lancé son parcours préparatoire au professorat des écoles (3PE), en partenariat entre le lycée polyvalent de Tsararano et le centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni. Une fierté pour l’académie du 101ème département qui fait partie des 22 retenues de l’appel à manifestation d’intérêt. Cette licence s’inscrit dans une politique d’excellence souhaitée par le territoire.
« C’est notre rêve depuis longtemps de devenir enseignant, surtout à Mayotte. Je suis très contente de cette formation… » Avant même de terminer sa phrase, Yousra éclate en sanglots, submergée par ses émotions et surtout sa fierté d’intégrer le parcours préparatoire au professorat des écoles. Une licence nouvellement expérimentée dans 22 académies à l’échelle nationale, à la suite d’un appel à manifestation d’intérêt lancé en octobre 2020.
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En lien entre le centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) et le lycée polyvalent de Tsararano, ce 3PE s’avère déjà victime de son succès. Alors que la métropole se décarcasse tant bien que mal pour redynamiser une filière en perte de vitesse, la tendance est toute autre dans le 101ème département, comme en témoignent les 10.000 vœux de néo-bacheliers pour le rejoindre, pour seulement 35 places… « Vous êtes l’élite du territoire, vous êtes un exemple pour les autres élèves », leur souffle fièrement Gilles Halbout, dont le leitmotiv depuis son arrivée en tant que recteur sur l’île aux parfums se résume au développement de « politiques d’excellence ».
« Je ne partirai pas avant la fin de votre troisième année »
« Aujourd’hui est un événement symbolique, ce n’est pas une cérémonie banale. » Derrière le pupitre, l’engouement est palpable à l’écoute des discours institutionnels, tous plus élogieux les uns que les autres. « En tant que jeunes inscrits triés sur le volet, vous avez fait un choix magnifique, celui de l’alternance intégrative, pour élever le niveau de qualification », se réjouit Frédéric Tupin, professeur des universités en science de l’éducation à l’institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPE) de La Réunion. Un enthousiasme partagé par le proviseur de l’établissement scolaire qui se languit d’accueillir cette nouvelle classe d’élèves dans son enceinte à raison de trois semaines par mois. « Je ne partirai pas avant la fin de votre troisième année », promet Michel Toumoulin, sur le pont depuis le mois de janvier pour organiser cette rentrée. « Je veux être présent dans les bons comme dans les mauvais moments, et vous aider à surmonter les obstacles. »
Une préparation au concours d’entrée pour le master MEEF
Car oui, ce parcours préparatoire au professorat des écoles, synonyme de « classe prépa » pour Gilles Halbout, représente avant tout une symbiose « hybride » entre les équipes pédagogiques du second degré et celles de l’enseignement supérieur. Toutes deux sur le qui-vive pour cette « formidable aventure, qui va modifier notre approche », insiste le responsable du lycée polyvalent de Tsararano. Le tout dans le but de préparer au mieux cette promotion pour le concours d’entrée au master des métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation du premier degré. Et ainsi de garnir la longue liste des 414 fonctionnaires diplômés depuis 2019. « Vous allez être formés progressivement pour faire le plus beau métier du monde », souligne d’un air plus que ravi, Aurélien Siri, le directeur du CUFR. Des mots qui poussent Grace, fraîchement titulaire d’un bac général spécialité maths-physique, à faire de ce rêve une réalité. Arrivé à Mayotte en octobre 2017, le Congolais d’origine aspire à devenir une référence pour la nouvelle génération. « Il faut nous soutenir ! Habiter dans une famille d’accueil a été l’élément déclencheur, c’est ce qui m’a poussé vers le professorat », sourit le jeune homme de 18 ans, convaincu par ce choix d’études. En attendant d’être titularisé d’ici cinq ans, il se plaît toujours autant à enfiler le costume de maître d’école face à ses frères et sœurs d’adoption. « Ça me passionne ! »
L’association Souboutou ouhédzé jilaho – Ose libérer ta parole continue sa semaine de sensibili-sation sur les les violences sexuelles, notamment celles faites aux enfants. Vendredi 3 septembre elle organisait un séminaire à la bibliothèque de Chiconi. Sociologue, juristes, gendarmes, victimes, et bien d’autres, ont répondu à l’appel de Saïrati Assimakou, la présidente de l’association, qui lutte activement contre ce types de violences.
En 2019, lorsque Saïrati Assimakou décide de raconter sur les réseaux sociaux les viols à répétition subis par son géniteur étant enfant, jamais elle n’aurait imaginé mobilisé autant de monde. Depuis, avec son association Souboutou ouhédzé jilaho – Ose libérer ta parole, elle enchaîne les actions de mobilisation pour que chaque victime n’ait plus peur de raconter son calvaire et que la société n’émet plus de jugement.
Saïrati Assimakou a entamé une semaine de sensibilisation à travers des ateliers, une marche blanche blanche et un séminaire tenu à la bibliothèque de Chiconi le vendredi 3 septembre. Le public est ve-nu nombreux pour écouter les témoignages des victimes de violences sexuelles, mais également les avis des divers professionnels présents tels que les gendarmes, une juge, un sociologue, un anthropologue. La forte affluence est une surprise pour la présidente de l’association Souboutou ouhédzé jilaho – Ose libérer ta parole. « Je ne m’attendais pas du tout à remplir la salle, j’ai peut-être minimisé l’impact que cela aurait pu avoir dans notre société », admet-elle, consciente que cette mobilisation ne peut qu’être bénéfique pour son combat. « Leur présence prouve qu’ils ont pris conscience de l’urgence qu’il y a à parler de violences sexuelles et notamment celles faites aux enfants. »
Une prise de conscience auprès des femmes et des hommes, mais également auprès des quelques enfants présents au séminaire. Du haut de ses 13 ans, Nouraynah porte un réel intérêt sur les questions de violences sexuelles. « C’est quelque chose de très tabou à Mayotte, on n’en parle pas, sou-vent parce que les gens sont gênés. Alors que je pense que les parents devraient en discuter avec leurs enfants parce que cela fait aussi partie de l’éducation », explique-t-elle, très au fait de ce qui se passe dans la société. Malgré sa profession d’éducatrice spécialisée, sa mère avoue ne pas réussir à évoquer certains sujets avec sa fille. « C’est toujours plus facile avec les enfants des autres », sourit-elle. « La sexualité reste encore tabou chez nous, et il y a des questions auxquelles je n’ai pas de réponses. Je l’ai donc emmenée pour qu’elle puisse se renseigner et écouter les témoignages des victimes. Je veux qu’elle se rende compte de l’impact des violences sexuelles sur les personnes qui les subissent », raconte Némati Saïd Bacar, la mère de Nouraynah. Cette présence mère-fille est le signe que les men-talités évoluent à Mayotte, même si le chemin de la sensibilisation est encore long et sera certaine-ment semé d’embuches pour Saïrati Assimakou.
Depuis qu’elle a lancé son « cri de cœur » sur les réseaux sociaux il y a deux ans, elle a reçu un accueil mitigé. La jeunesse reconnaît son histoire et la soutient. « Mais nous n’allons pas nous mentir, parler de violences sexuelles à Mayotte, surtout intrafamiliales a des conséquences. Certaines personnes nous mettent de côté, à leurs yeux nous n’avons plus la même importance qu’avant », révèle-t-elle.
La gendarmerie mobilisée pour briser les tabous
Parmi les intervenants du séminaire se trouvaient deux gendarmes, venus rappeler les dispositifs mis en place par la gendarmerie pour améliorer la prise en charge des victimes de violences sexuelles. Nombreuses sont celles qui affirment ne pas être prises en compte lorsqu’elles se rendent au commissariat pour dénoncer un fait de violence sexuelle, à Mayotte ou ailleurs en France. La gendarmerie veut changer cette image et cela commence par une formation des militaires. « Tous les gendarmes de Mayotte ont suivi une formation afin de pouvoir optimiser leurs connaissances sur la prise en compte des victimes qui viennent dénoncer ce type de faits. On veut proposer une approche plus complète », déclare Dayane Chanfi, responsable de la maison de la protection des familles à Mayotte. L’augmentation des chiffres sur les violences sexuelles accélère cette prise de conscience du côté des forces de l’ordre. « Nous enregistrons chaque année entre 150 et 170 faits portés à la connaissance de la gendarmerie, dont 50% concernent des mineurs. Depuis deux ans, il y a une évolution constante d’environ 15%, mais je ne suis pas convaincu que ces chiffes illustrent la réalité sur le territoire. »
Il pense que la réalité est bien pire et que de nombreuses victimes n’osent pas se faire connaître, par peur du regard des autres ou pour des raisons administratives. « Je rappelle que tout le monde a droit à la justice parce qu’aujourd’hui, nous sommes confrontés à des cas où les personnes qui sont dans des situations administratives compliquées pensent qu’elles ne peuvent pas porter plainte », rapporte-t-il. Depuis trois ans, la gendarmerie de Mayotte, à travers la maison de la protection des familles, sensibilise les habitants de l’île, notamment les proches de la victime. « Nous esseyons toujours d’identifier une tierce personne qui pourra l’accompagner dans la situation qu’elle traverse », précise le gendarme.
Le séminaire organisé par l’association Souboutou ouhédzé jilaho – Ose libérer ta parole, est un premier pas pour sa présidente pour qui le combat ne fait que commencer. Satisfaite des retombées de la semaine de sensibilisation sur les violences sexuelles faites aux enfants, elle annonce d’ores et déjà l’organisation d’une seconde édition.
Vendredi 3 septembre, le 101ème département français a franchi une étape dans la lutte contre les violences conjugales. Cinq bracelets anti-rapprochement et autant de téléphones grave danger pourront être mis en service afin de protéger les victimes de violences intrafamiliales.
Lors du Grenelle des violences conjugales en 2019, la mise en place des différents dispositifs, tels que le bracelet anti-rapprochement et le “téléphone grave danger”, constituaient des mesures phares. Deux ans plus tard, ces appareils tant attendus arrivent enfin à Mayotte. “Nous avons des statistiques sur les violences intrafamiliales et ce que nous voyons n’est seulement que la partie émergée de l’iceberg”, affirme le préfet du 101ème département, Thierry Suquet. Avant de poursuivre : “Aujourd’hui, avec [leur] mise en service, c’est une priorité politique que nous traduisons en actes avec le soutien et l’appui des associations qui nous accompagnent. »
En effet, si la machine judiciaire sera l’un des principaux acteurs dans la mise en fonction et le suivi de ce nouveau dispositif, l’association Mlézi Maoré sera largement sollicitée pour évaluer la situation des victimes et les protéger au mieux. “Nous menons d’ores et déjà des actions de sensibilisation et de prévention au sein de notre structure. Dans le cadre des dispositifs de bracelet anti-rapprochement et de téléphone grave danger, nous serons sollicités par la justice afin de réaliser des rencontres avec les victimes pour évaluer leur situation, mais aussi avec les auteurs. Ainsi, nous pourrons estimer le degré de vulnérabilité de la victime et de dangerosité de l’auteur pour adapter aux mieux les actions à mener”, détaille Dahalani M’Houmadi, le directeur général de Mlézi Maoré.
Le procureur de la République, Yann Le Bris, se félicite pour sa part de la mise en fonction de ce dispositif qui permettra selon lui “d’endiguer les violences intrafamiliales, mais aussi de s’inscrire dans une démarche plus globale de lutte contre la violence sur le territoire mahorais”. Afin d’utiliser au mieux ces nouveaux outils, il affirme par ailleurs qu’un magistrat du parquet sera spécialement délégué aux affaires de violences conjugales. Les services de police et de gendarmerie seront également mobilisés pour intervenir le plus rapidement possible et protéger les victimes.
Un périmètre autour de la victime
Voilà pour la partie théorique. Mais concrètement comment fonctionne ce bracelet anti-rapprochement ? “Dans le cadre de faits de violences avérés, l’autorité judiciaire définit un périmètre autour de la victime. Si l’auteur arrive à deux kilomètres de celle-ci, ils sont tous deux avertis via le boîtier. Ce qui permet à la victime de se mettre en sécurité et à l’auteur de rebrousser chemin s’il le souhaite. Si l’auteur continue à se rapprocher et arrive à moins d’un kilomètre de la victime, les forces de l’ordre sont alertées pour mettre la victime sous protection et interpeller l’auteur de violences”, explique à titre d’exemple Anne-Leroy, la directrice du service pénitentiaire d’insertion et de probation de Mayotte. Le défi à l’heure actuelle sera d’adapter ce dispositif sur l’île aux parfums. Car la densité de population et l’étroitesse de l’île pourraient rendre difficile la mise en service du bracelet anti-rapprochement…
De plus, auteurs comme victimes devront s’habituer à recharger et à porter sur eux quotidiennement ce qui ressemble à un cellulaire. Et lorsque ce dernier est utilisé sans le bracelet anti-rapprochement, on parle alors de téléphone grave danger qui permet à la victime d’alerter à tout moment les secours si elle se sent en insécurité. Une phase de test “grandeur nature” est prévue dans les semaines à venir afin de pouvoir mettre en service les premiers bracelets anti-rapprochement et téléphones grave danger de Mayotte.
La directrice générale de l’agence régionale de santé (ARS), Dominique Voynet, qui a annoncé son départ depuis quelques jours, a fait ses adieux à la presse ce jeudi. L’occasion de dresser le bilan de ses deux ans à la tête de la première agence de plein exercice de Mayotte, sur fond de pandémie.
C’est une page qui se tourne pour la jeune agence régionale de santé de Mayotte. Sa première directrice générale Dominique Voynet plie bagages et laisse la place à sa secrétaire générale Stéphanie Fréchet pour l’intérim, avant l’arrivée d’un successeur a priori fin novembre. L’heure du bilan a donc sonné, deux ans après sa prise de fonctions pour créer une agence de plein exercice dans le 101ème département. À bon endroit, d’ailleurs ! Il y a en effet fort à parier que la gestion de la crise du Covid-19 aurait été nettement moins reluisante si le sort de la petite île hippocampe avait continué à dépendre de La Réunion… “Ce n’est pas une question d’amour ou non comme on peut l’entendre parfois, c’est que c’est très difficile de gérer cela à distance”, insiste Dominique Voynet. L’ancienne ministre avait d’ailleurs eu le nez creux, en inscrivant dès son arrivée la gestion de crise “en point numéro 1” de sa feuille de route.
Bien vu ! La création officielle de l’ARS à peine actée, la pandémie vient frapper à la porte en mars 2020. Avec des conséquences plus ou moins positives pour la jeune structure. “Le ministère a oublié que nous étions vieux de trois mois et a exigé de nous la même qualité de service qu’une ARS plus ancienne”, retrace la directrice générale. Alors que l’agence n’en est qu’à ses balbutiements, il faut s’adapter très vite à ce contexte de crise, pour les masques, les tests, les gestes barrières, la communication, les vaccins… Mais paradoxalement, cette réorganisation à marche forcée “a aussi accéléré beaucoup de choses”.
“Le message, c’est qu’on est prêt”
Bilan : en moins de deux ans d’existence, les effectifs des différents services sont montés en flèche, les crédits ont suivi la même pente – le fond d’intervention régional (FIR) est passé de 7 millions d’euros à 18 millions en 2019 et 32 millions d’euros cette année, signe de “notre capacité à consommer les crédits” – et certains dossiers enfouis sont enfin sortis des cartons. “Il n’y avait pas de plan ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles, ndlr), juste un plan blanc qui datait de dix ans, qui est plutôt fait pour des crises passagères”, mentionne à titre d’exemple Dominique Voynet. Même scénario pour le dispositif d’hospitalisation à domicile, “on l’a fait en pleine crise”, ou encore la validation d’une deuxième IRM au CHM. Aujourd’hui, même si une nouvelle vague de variant Delta devait frapper le territoire, “le message, c’est qu’on est prêt”, assure la directrice. “On peut passer de 16 lits en réanimation à 32 en quatre jours !”
Bien sûr, d’autres dossiers ont plutôt pris la poussière, le temps de laisser passer la tempête Covid. Comme celui de la formation et de l’attractivité pour les personnels, un « marronnier », qui ne dépend d’ailleurs plus des sommes d’argent sur la table, juge l’anesthésiste de profession. Pour elle, la solution viendra de la délégation de tâches sur certains soins de base et de prévention, comme la récente formation au Mans de deux infirmières en orthoptie. Autre incontournable du département : l’espacement des naissances. “Attention, le chiffre des femmes comoriennes qui ont plus d’enfants, il est extrêmement corrélé au niveau d’éducation. Et quand vous regardez le nombre de naissances des femmes mahoraises, il y en a beaucoup plus qu’il y a dix ans, là où le message 1,2,3 bass était passé”, analyse Dominique Voynet. Une nouvelle campagne de communication doit être lancée fin septembre.
Le second hôpital est sur les rails
Dernier sujet et non des moindres : le second hôpital, mis en stand by pendant plusieurs mois, d’abord de gestion de crise, puis de campagne électorale pour le nouveau conseil départemental… L’affaire est de nouveau sur les rails, garantit la responsable de l’autorité sanitaire. Reste à choisir le terrain qui devra accueillir ce nouveau site hospitalier de près de 400 lits. Deux options sont sur la table, l’une à Sada, l’autre à Combani, qui respectent toutes deux le critère principal de protection contre les risques naturels. La décision finale reviendra au ministère de la Santé, et les seuls arguments devront être sanitaires, met en garde Dominique Voynet. Histoire de prévenir toute guéguerre sur fond de velléité politique…
Et justement, sur ce terrain-là, la future “retraitée” (ou future ex ?) n’exclut pas une reprise de service, dès l’année prochaine. “Vous n’êtes pas sans savoir qu’une élection présidentielle se profile, cela m’étonnerait qu’elle me laisse indifférente”, glisse la femme politique qui ne s’est jamais éloignée trop longtemps des urnes. Avant d’enchaîner sans laisser le temps de la réplique : “je serai peut-être aussi amenée à revenir à Mayotte en mission ponctuelle comme médecin inspecteur de santé publique”. Alors, au revoir, Madame la ministre.
Poumon économique de l’île, Kawéni reste le théâtre d’incivilités en tout genre. Avec l’ouverture d’un nouveau poste avancé de la police municipale ce jeudi 3 septembre, les élus de Mamoudzou souhaitent renforcer leurs effectifs sur ce secteur mais aussi s’attaquer aux chiens errants et aux ruminants par le biais de deux conventions.
Jeudi. 13h54. Gyrophare allumé, un véhicule de la police municipale de Mamoudzou fonce à tout berzingue au milieu du rond-point SFR, direction la mairie annexe de Kawéni. Malgré les embouteillages, pas question d’arriver en retard pour l’inauguration de leur nouveau poste avancé prévue à 14h. Pas de stress Messieurs les agents, les chaises vides se remplissent encore au compte-gouttes.
« Après la place du marché couvert, la décision de créer cette nouvelle structure est une volonté municipale », introduit Said Malidi, l’adjoint en charge de la sécurité urbaine et de la prévention. Face à l’assemblée, l’élu réitère la priorité de cette mandature, à savoir rendre la ville chef-lieu « plus sûre » et « apaisée » et offrir « un meilleur cadre de vie » à la population. « Dernièrement, le territoire communal a été le théâtre de phénomènes d’incivilités », concède-t-il, pour justifier la mise en place de cette politique (ultra) sécuritaire. Qui doit d’ailleurs continuer à s’étendre dans la commune, avec notamment une autre ouverture dans les anciens locaux de la Croix Rouge situés à l’entrée de Passamaïnty.
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« Une unité de référence »
L’objectif donc ? « Faire de la police municipale une unité de référence » sur l’ensemble de l’île aux parfums, rappelle le candidat malheureux aux dernières élections départementales sur le canton de Mamoudzou 1. Pour cela, la municipalité ne lésine pas sur les moyens humains, puisqu’elle s’engage à doubler ses effectifs, au nombre de 38 à l’heure actuelle, d’ici 2026. « Huit agents supplémentaires vont nous rejoindre avant la fin de l’année », assure Said Malidi, avant de se féliciter de l’acquisition de caméras piétonnes individuelles reliées au quartier général. Un QG amené lui aussi, tout comme le centre de supervision urbaine, à déménager sur la place mariage dans un avenir proche pour être « plus performant en matière de surveillance de biens publics ».
Si s’attaquer aux petits larcins est une chose, la mairie n’en oublie pas la prolifération des animaux errants. D’où « le choix de [nous] conventionner » pendant une année avec le groupement de défense sanitaire et la société One dog Mayotte pour y remédier. L’un doit faire office de fourrière pour les ruminants, « dans un lieu tenu secret pour éviter les vols ». « À Mayotte, il y a un gros problème d’identification. Notre objectif n’est pas de réprimander, mais de sensibiliser les éleveurs pour qu’ils rentrent dans la réglementation », prévient Chouanibou Youssouffi, le directeur de l’association. L’autre a pour mission de capturer « une centaine » de chiens dits « dangereux » sur appel des forces de l’ordre et des pompiers. Et ensuite de les garder dans le – soi-disant – plus grand chenil de l’océan Indien. Et c’est là que le bât blesse. Avec la mise à l’arrêt de Gueule d’Amour, l’avenir des meilleurs amis de l’homme se retrouve entre deux eaux. « Certains seront proposés à l’adoption, d’autres seront euthanasiés… euh stérilisés pour les empêcher de se reproduire avant d’être ensuite renvoyés dans la nature », détaille sans sourciller Ousseni Bourahima Ali, le gérant.
Avec une brigade de maximum six agents affectée quotidiennement sur Kawéni, la ville de Mamoudzou tente une fois de plus le pari de la proximité. « La police est le maillon essentiel de la sécurité publique », persiste et signe Said Malidi. Reste à confirmer cette stratégie dans les chiffres.
Ce jeudi 2 septembre, au CHM, les membres du conseil de surveillance de l’hôpital ont procédé à l’élection du nouveau président de l’instance. Dhinouraine M’Colo Mainti, 1er adjoint au maire de Mamoudzou, a été élu à l’unanimité. Il succède à Issa Issa Abdou, ancien 4ème vice-président du conseil départemental, qui occupait le poste depuis le 21 décembre 2017. Le nouveau président sera à la tête du conseil de surveillance jusqu’en 2026 et il devra répondre aux enjeux de la santé à Mayotte.
La passation de pouvoir de la présidence du conseil de surveillance de l’hôpital de Mayotte s’est déroulée à huis clos… Pour quelles raisons ? On l’ignore ! Quoi qu’il en soit, il n’y avait aucun suspens quant au choix du nouveau président de l’instance. Dhinouraine M’Colo Mainti, l’actuel 1er adjoint au maire de Mamoudzou, succède à Issa Issa Abdou, 4ème vice-président du conseil départemental de l’ancienne mandature, après avoir recueilli les onze voix en lice.
Si le conseil de surveillance de l’hôpital de Mayotte est habituellement composé de seize membres, cinq d’entre eux ont décidé de jouer au jeu de la chaise vide. La campagne s’est faite en coulisses, avec le soutien inconditionnel du maire de la commune chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla, qui a « profondément fait confiance » à Dhinouraine M’Colo Mainti selon ce dernier, dans le but de faire siéger la ville de Mamoudzou au sein de l’organe du CHM. Élu, le nouveau président a désormais cinq ans pour s’attaquer au chantier de la santé à Mayotte et répondre aux besoins des Mahorais. « Mon objectif principal est la santé des Mahorais, qui n’a pas de prix. Nous entendons les cris de la population et nous devons faire en sorte pour que ces gens-là puissent trouver leur vraie place ici à Mayotte. En tant que Mahorais, nous ne devrions pas avoir besoin d’aller en métropole ou à La Réunion pour des opérations bénignes », soulève Dhinouraine M’Colo Mainti. D’où l’importance de de veiller au bon déroulement du dossier concernant le deuxième hôpital. À travers ses nouvelles fonctions, l’élu a pour mission première de se prononcer sur la stratégie de l’établissement et d’exercer le contrôle de sa gestion. Une tâche rude qu’il ne pourra accomplir seul. « Je ne suis pas un professionnel de santé, je suis un politique. Nous sommes là pour mettre la politique au service des Mahorais », déclare-t-il pour démontrer sa volonté de rassembler autour de lui.
Le sentiment du devoir accompli pour Issa Issa Abdou
Après presque quatre années à la tête du conseil de surveillance du CHM, Issa Issa Abdou dresse un bilan positif. « J’ai le sentiment du devoir accompli. Nous avons fait face à deux crises Covid majeures à Mayotte, cela a été des moments d’épreuve et le personnel a su faire face. Malgré cela, il y a eu de belles avancées », indique le président sortant. Parmi ses réussites, il évoque notamment la finalisation et l’inauguration de l’hôpital Martial Henry, l’augmentation du nombre de places de formation pour les infirmiers et en puériculture au sein de l’IFSI, ou encore « la sortie du groupement hospitalier du territoire avec La Réunion », les prémices de ce qui deviendra plus tard l’agence régionale de santé de pleine exercice.
Même si Issa Issa Abdou se dit satisfait de sa mandature, il cède sa place, non sans quelques regrets. « Ça ne va jamais assez vite comme nous le souhaitons. Nous n’étions pas venus pour gérer la crise du Covid-19, mais elle est arrivée. Résultat des courses : nous avons mis beaucoup de temps à inaugurer l’hôpital de Petite-Terre, nous avons mis beaucoup de temps à lancer le projet du deuxième hôpital », souffle-t-il. Alors forcément, il reste encore un long chemin à parcourir : code de la santé, développement du secteur libéral, lutte contre le désert médical… La santé à Mayotte est un domaine qui nécessite des investissements humains, matériels et financiers. Ce sera tout l’enjeu du nouveau président du conseil de surveillance du CHM.
Durant quatre jours, Mayotte a été attentive à toutes les prises de parole des ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu. La section locale de la République en Marche, par la voix de Rokia Lahadji, salue les initiatives présentées par les deux membres du gouvernement et espère que les engagements pris ont convaincu les Mahorais.
Flash Infos : Dans le projet de loi de finances présenté cet automne au Parlement, dix millions d’euros seront débloqués en faveur de la jeunesse. Le nerf de la guerre dans le 101ème département tant plusieurs milliers de jeunes se trouvent toujours en déshérence et sont susceptibles de sombrer dans la délinquance…
Roukia Lahadji : Vous savez, les associations mahoraises portent déjà de multiples projets et accumulent bon nombre de missions, à travers les maisons d’enfants à caractère social et les lieux de vie et d’accueil. Sans oublier les actions d’encadrement en termes de loisirs. Il fallait les renforcer financièrement : c’est désormais chose faite ! Plusieurs milliers de jeunes en déshérence sont encore déscolarisés… Il faut trouver des solutions pour les réorienter vers le chemin de l’école ou les centres de formation. Cette enveloppe arrive donc à point nommé afin de continuer à accompagner les structures et les acteurs de terrain qui luttent contre ce fléau, dans le but de diminuer les actes de violence.
FI : Comme l’a dit Sébastien Lecornu, il s’agit de mettre les moyens sur l’aval et la prévention. Pour autant, le gouvernement n’abandonne pas sa politique de lutte contre l’habitat illégal. Au contraire, le ministre des Outre-mer a annoncé, lors de son déplacement à Kahani ce lundi, son désir d’éradiquer tous les bidonvilles du territoire à l’horizon 2031. Est-ce selon vous une promesse tenable ?
R. L. : Le chantier contre l’habitat illégal est en cours depuis maintenant plus d’un an. Des actions concrètes de décasement ont été initiées par l’ancien préfet, Jean-François Colombet, avec pas moins de 1.000 cases détruites en 2020. Très bien, mais en parallèle, il faut aussi construire du logement social. Or, pour cela, il faut trouver du foncier disponible et alléger les procédures réglementaires ! Nous reléverons ce défi, si et seulement si, nous arrivons tous, l’État, les collectivités et les propriétaires fonciers, à nous concerter et à nous mettre d’accord.
FI : De nouveaux moyens ont aussi été promis pour renforcer les effectifs de gendarmerie et de police, pour pérenniser la surveillance aérienne et pour soutenir l’installation de la vidéoprotection. Des mesures « louables » et « offensives » qui ne datent pourtant pas d’aujourd’hui et qui tardent encore à faire leur preuve…
R. L. : Une chose est sure : il faut renforcer la répression ! Sans cela, ce serait le chaos à Mayotte. Effectivement, des fonds supplémentaires doivent arriver en termes de surveillance aérienne, maritime et terrestre, avec le développement de la vidéoprotection. Mais attention, il faut les compléter en lien avec le volet social. L’un ne va pas sans l’autre. Des moyens pour appréhender les jeunes, c’est bien, des moyens pour les encadrer, c’est mieux.
FI : Dans ce cadre-là, il semble que la construction d’un centre éducatif fermé soit en bonne voie. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?
R. L. : Les Mahorais, le sénateur Thani en tête, militent pour la construction d’un centre éducatif fermé depuis des années. Nous nous réjouissons que cet écho soit enfin entendu ! C’est un dispositif qui vient enrichir l’arsenal existant qui doit être rénové pour tenir compte de notre réalité actuelle. Il n’y a pas une solution miracle pour éradiquer durablement ce fléau, toutefois cet établissement fait partie des outils nécessaires à mettre en place.
FI : Aussi bien dans la loi Mayotte que durant cette visite, le thème de l’environnement a été largement oublié. En tant que fondatrice de l’association environnementale Nayma, n’éprouvez-vous pas une certaine amertume à cet égard ?
R. L. : Déçue ? Non… Pas vraiment… Bien d’autres combats devaient être traités en priorité. Évidemment aujourd’hui, l’environnement est celui qu’il nous reste à mener de front. Le lagon de Mayotte est de plus en plus malade ! Si nous le laissons dépérir, nous nous tirerons une balle de pied, au risque de mettre à mal tout un pan de l’économie de l’île. Entretenir les rivières et les mangroves, enlever les déchets en amont et en aval, assurer l’entretien sont autant de réponses à apporter. Et à ce sujet, nous n’avons pas attendu la visite ministérielle pour sensibiliser le préfet et les différents ministères. Comme pour le centre éducatif fermé, nous espérons être entendus favorablement.
FI : Beaucoup d’habitants ont le sentiment que cette venue s’apparente à un énième coup de communication en perspective des élections présidentielles de 2022… Que répondez-vous à ce sentiment ?
R. L. : Le ministre des Outre-mer a mis du temps à se déplacer, mais il est venu ! Il a sillonné le territoire et a rencontré les différents acteurs privés, publics et associatifs. C’est avant tout une reconnaissance. Bien sûr, quoique le gouvernement fasse, il y aura toujours des éternels insatisfaits. Ce ne sera jamais suffisant à leurs yeux… Ici, nous voudrions avoir tout en même temps : le beurre, l’argent du beurre et la crémière. Rome ne s’est pas faite en un jour, non ?! Mayotte se développe très rapidement, en bien et en mal. Nous devons prendre l’exemple et emmagasiner l’expérience des autres territoire, que ce soit d’un point de vue identitaire, environnemental ou structurel. Et nous allons réussir ce challenge si, encore une fois, nous nous concertons et tirons dans le même sens.
FI : Justement, plusieurs photos sur les réseaux sociaux ont montré une communion entre des élus de différents bords politiques. Comme si les divergences affichées lors des dernières scrutins n’étaient plus qu’un mauvais souvenir…
R. L. : Cette séquence avec tous les élus était d’ordre privé. Vous savez quand des ministres se rendent sur un territoire, ils affichent aussi leur costume de militant pour partager des idées et des actions communes. Chez Sébastien Lecornu, j’ai beaucoup apprécié sa volonté de nous rassembler le plus largement possible. Et je dirais que la voix de la raison l’a emporté puisque de nombreux Macron compatibles ont répondu présent à cette invitation. La République en Marche est un parti ouvert. La preuve, nous nous y retrouvons avec le ministre des Outre-mer, qui est un ancien Républicain alors que je suis une ancienne Socialiste.
Du 6 au 12 septembre, la place de la République accueillera le forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Un événement qui souffle sa huitième bougie cette année et qui espère bien attirer les foules.
La grande nouveauté de cette nouvelle édition ? Une manifestation en multiplex. En raison de la crise sanitaire, les artisans qui venaient habituellement de Madagascar et des Comores ne pourront pas se rendre à Mayotte. Alors le forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien aura lieu simultanément à Antananarivo, Mamoudzou et Moroni. Pour réaliser cette prouesse technique et technologique, rien n’est laissé au hasard. Fibre optique, écran géant et drones seront ainsi déployés en grande pompe.
Et pour dire, les organisateurs espèrent réitérer la performance de 2019, qui avait accueilli 140 artisans et pas moins de 145.000 visiteurs. Rien que cela ! Ce qui lui avait valu le titre de plus grande manifestation de l’océan Indien. Cette année, 130 exposants seront répartis sur les trois îles comme l’explique Jean-Denis Larroze, le secrétaire général et directeur des services à la chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte. « À Mamoudzou, 40 artisans seront présents. Idem à Antananarivo. Tandis qu’à Moroni, 50 viendront présenter leur travail”, détaille-t-il ce jeudi 2 septembre, à quatre jours du grand lancement sur la place de la République.Au programme de toute la semaine prochaine : des ateliers, des colloques, des visioconférences, des animations, une tombola, mais aussi une heure de démonstration ou de reportage vidéo quotidienne pour mettre en avant l’artisanat local de chaque territoire représenté.
La brique de terre compressée, l’avenir de l’artisanat mahorais
L’objectif des trois îles est simple : faire rayonner leur savoir-faire local. À Mayotte, la grande star de cette année sera la BTC ou brique de terre compressée. Un matériau de construction 100% naturel fabriqué à base d’argile, qui constitue une solution écologique et économique pour l’avenir du bâtiment dans le 101ème département français, mais également dans le monde. La normalisation de la BTC via l’appréciation technique d’expérimentation (ATEX) permet aujourd’hui de revaloriser le travail des quelques 12 briquetiers de l’île. Un agrément qui devrait permettre l’utilisation de la BTC pour la construction du futur lycée de Longoni (voir notre édition de ce mardi 31 août) et ainsi devenir la nouvelle vitrine de cette terre tamisée fortement comprimée à l’aide d’une presse. Du 6 au 12 septembre, les curieux pourront admirer leur savoir-faire, symbolisé par une arche spécialement érigée pour l’événement.
Programmation et tracas de dernière minute
L’événement débutera ce lundi 6 septembre sur la place République à 8h30 avec l’accueil des invités. La journée se poursuivra avec différents discours d’accueil de la part des pays participants puis un mot de bienvenue du président de la chambre des métiers et de l’artisanat France. À 11h20, l’inauguration officielle du Forum aura lieu en simultané à Madagascar, à Mayotte et aux Comores. Tout au long de la semaine, les expositions et multiples animations mettront à l’honneur l’artisanat des territoires de l’océan Indien. Si Jean-Denis Larroze et Didier Gonet, président de l’assemblée régionale des chambres de métiers et de l’artisanat de l’océan Indien, se réjouissent de la coopération entre les membres de l’événement, une ombre de dernière minute vient ternir le tableau. En effet, le gouvernement de l’Union des Comores demande la modification des affiches et documents publicitaires destinés à promouvoir le forum. Selon lui, le nom de Mayotte et le logo du conseil départemental posent problème. Conséquence : le pays pourrait tout bonnement annuler sa participation à l’événement. À l’heure actuelle, les organisateurs ne savent toujours pas si Moroni fera partie ou non de cette huitième édition. Une décision politique qui pourrait bien pénaliser les artisans comoriens déjà privés, comme leurs voisins, de forum international des métiers et de l’artisanat en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
Depuis l’annonce de son décès lundi 30 août 2021, les Mahorais pleurent la perte de leur père, celui appelé affectueusement Papa Marcel ou encore Chef Marcel. Le séna-teur Marcel Henry s’est éteint dans sa demeure de Pamandzi, son lieu de vie depuis toujours. C’est donc tout naturellement que ses obsèques ont eu lieu en Petite-Terre. Des funérailles qui ont mobilisé l’ensemble de la classe politique mais également les habitants venus des quatre coins de l’île pour lui rendre un dernier hommage.
Depuis maintenant trois jour, Mayotte pleure un grand homme qui a œuvré à sa construction. Marcel Henry s’en est allé, laissant une population mahoraise orpheline de ses pères et mères. Il était l’un des derniers combattants de Mayotte française. Celui qui était surnommé « Papa Marcel » manquera à ses proches, mais aussi à beaucoup de Mahorais. Assis devant l’église Saint-Michel de Dzaoudzi, son beau-frère évoque le « calme olympien » de ce fervent défenseur de la départementalisation. « Un homme qui a donné sa vie à Mayotte », décrit-il, teinté d’une émotion plus que palpable. Ce mercredi 1er septembre, plusieurs centaines d’administrés ont afflué des quatre coins de l’île, direction Petite-Terre, pour saluer une dernière fois le tant apprécié sénateur honoraire. À bord d’un des bus affrété spécialement pour l’occasion, une habitante venue de Mronabéja témoigne de sa gratitude à l’égard de cette personnalité publique. « Je savais que c’était quelqu’un qui aimait Mayotte. Sans lui, Mayotte ne serait pas là où elle est maintenant. C’est donc nécessaire que tous les habitants de l’île lui rendent hommage, nous lui devons bien cela. Je viens de loin, mais je devais faire le déplacement », affirme-t-elle.
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Comme elle, son voisin de siège a fait toute la route depuis Doujani. S’il n’avait pas noué de liens particuliers ou personnels avec Marcel Henry, il reste admiratif de sa contribution pour le territoire. « C’était important de lui dire adieu et de l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. C’est une manière aussi de le remercier pour tout ce qu’il a fait, son travail, son engagement. Il est une fierté pour sa génération, maintenant la nôtre doit continuer le combat. Ce qu’il a fait hier a donné des résultats aujourd’hui, ce qu’il a fait est visible », déclare-t-il. En ce sens, le prochain défi sera d’assurer le devoir de mémoire selon Farah. « Marcel Henry est une figure à ne pas oublier, à transmettre à nos enfants. Mais malheureusement, les miens ne le connaissaient pas. Lors de sa mort, j’ai dû leur expliquer qui il était. Mais il ne faut pas que cela s’arrête à une simple explication. Nous devons faire con-naitre à nos enfants notre histoire, au-delà même de notre appartenance à la France. Il s’est battu pour notre liberté », rappelle l’habitante de Mamoudzou, avant de revenir avec mélancolie sur les luttes menées par l’homme politique sur l’île aux parfums. « Avec la mort de Marcel Henry, une page se tourne… Nous n’avons plus de personne comme lui aujourd’hui qui combattait avec le cœur et non par égocentrisme ou opportunisme. Il était âgé, son combat était achevé, mais cela rend tout de même nostalgique », déplore-t-elle, avec une pointe d’amertume.
Le conseil départemental se mobilise pour un dernier hommage
Les obsèques du sénateur Marcel Henry devaient être à la hauteur du personnage. Et pour cela, le conseil départemental a mis les petits plats dans les grands pour permettre à tous les Mahorais qui le souhaitent de se rendre aux funérailles. À titre d’exemple, les piétons pouvaient prendre la barge gratuitement, un souhait du Département combiné à la mobilisation des autocars. « Nous avions prévu deux bus de 60 places par commune. C’est la commande qui a été faite auprès des transporteurs, et nous avions aussi des bus censés faire la rotation permanente », précise Ben Issa Ousseni, le président de la collectivité. Pour ce dernier, il était logique et important que le conseil départemental réponde présent. « Nous avons mis en place tout cela parce que Marcel Henry méritait un hommage départemental… Je dirais même un hommage national ! Aujourd’hui, c’est le minimum que le territoire peut faire pour lui », poursuit le chef de l’exécutif. Toutes ces dispositions permettaient à la population de se rendre massivement à l’enterrement du sénateur, et ce fût le cas.
Prise d’assaut, la messe tenue à l’église Saint-Michel n’a pu accueillir en priorité que les membres de sa famille, ses amis et les personnalités politiques et publiques. Celles et ceux qui n’ont pas pu pénétrer dans l’enceinte de l’établissement se sont tout de même recueillis à l’extérieur. Il y avait également foule sous les chapiteaux dressés vers le rond-point de Pamandzi et au cimetière chrétien de Pamandzi. Les Mahorais reconnaissants de l’engagement du sénateur se sont déplacés en masse. Marcel Henry qui s’est éteint un mois avant de souffler sa 95ème bougie repose désormais au cimetière de Pamandzi.
Aéroport Marcel-Henry ? Un souhait sur le point de se réaliser
L’aéroport de Mayotte est-il sur le point de changer de nom ? C’est du moins le souhait du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, et celui en charge des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Au lendemain de la disparition du sénateur Marcel Henry, le locataire la rue Oudinot a annoncé son intention de faire baptiser l’aéroport de Mayotte qui n’a pas de nom pour l’instant. « Au nom du gouvernement, après avoir échangé avec le président de la République, je peux vous annoncer que cet aéroport portera le nom du sénateur dont on sait qu’on doit tant pour la vie aujourd’hui de Mayotte et pour son avenir institutionnel. C’est la marque du respect et de l’engagement du gouvernement à l’égard de sa mémoire, mais aussi de sa famille », a-t-il indiqué lors de l’inauguration du marché couvert de La-battoir ce mardi 31 août, quelques minutes avant son départ.
Si la décision sera prise à Paris, en concertation avec les élus mahorais, ce souhait ne date pas d’hier. « Ces dernières années, le conseil départemental et des communes avaient demandé à ce que cet aéroport puisse porter le nom de notre regretté sénateur. Ce n’était pas possible jusqu’à présent parce qu’il était toujours de ce monde. Il y a un usage pour l’État de ne pas baptiser le nom d’infrastructure de personnes qui seraient encore en vie », a rappelé le ministre des Outre-mer. Pour l’heure, aucun membre de la classe poli-tique ne s’est opposé à la proposition des ministres, mais Marcel Henry n’est pas le seul candidat. Un autre nom a été suggéré ces dernières années : celui de Abdourahamane Aboudou Moulkandjy. Une figure emblématique de Mayotte, un diplomate et libraire qui a formé l’élite mahoraise et comorienne, y compris le sénateur Marcel Henry. Ses descendants aspire à ce que l’aéroport de Mayotte porte son nom, mais le projet n’a pas abouti jusqu’au bout. Vont-il le relancer à nouveau ? L’avenir très proche nous le dira…
L’ex-patron du groupement d’intervention régional, un gendarme et six autres prévenus comparaissaient ce mercredi au tribunal dans le dossier du GIR. Soupçonnés d’avoir organisé un trafic de stupéfiants pour faire gonfler les chiffres des saisies, les deux hommes ont obtenu la relaxe, des années après le décès d’une jeune femme, affaire qui avait défrayé la chronique.
Il aura fallu dix ans d’enquêtes, d’auditions, d’écoutes téléphoniques et de battage médiatique pour voir (peut-être ?) le bout de l’affaire Roukia et de ses ricochets. Ce dossier, qui porte le nom d’une jeune femme morte par overdose après avoir sniffé de l’héroïne importée à Mayotte, avait entaché le jeune groupement d’intervention régional (GIR), une unité composée de policiers et gendarmes chargée de lutter contre l’immigration clandestine et les trafics de stupéfiants et implantée sur le territoire en 2008, sous le mandat de Nicolas Sarkozy. À l’époque, la question de l’origine de la drogue responsable du décès de Roukia Soundi, soupçonnée d’avoir transité par les mains d’agents du GIR, donne un retentissement tout particulier à l’affaire, jusqu’à éclabousser le patron même de l’institution.
Dix ans après les faits, le désormais ex-patron, Gérard Gautier, ainsi que le gendarme Christophe Le Mignant comparaissaient ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, cités aux côtés de six autres prévenus, dans un dossier connexe. Les deux membres du GIR devaient répondre des faits d’importation et de détention non autorisée de stupéfiants, les autres, non comparants, des faits d’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en France.
“Gonfler les chiffres” du GIR
Derrière l’enquête hors-normes qui a amené ces prévenus à la barre, il faut ici mentionner l’implication d’un homme : le juge d’instruction Hakim Karki, le premier de Mayotte (nous sommes alors en 2011, et le tribunal de grande instance vient tout juste d’être créé), qui, après la découverte du cadavre de Roukia, va tenter de tirer les ficelles pour lever le voile sur un trafic de drogues présumé au sein du GIR. Cette enquête amènera d’abord le gendarme Daniel Papa et le policier Jérémy Bouclet à comparaître devant la justice, où ils écoperont finalement de peines allégées en appel. Mais dans le viseur du juge Karki, figurent aussi Gérard Gautier et Christophe Le Mignant, soupçonnés d’avoir sciemment orchestré ce trafic pour “gonfler les chiffres” du GIR en matière de saisies. Alors que le juge se trouve lui-même poursuivi en 2014 dans une affaire de viol, l’enquête patine pendant des années, jusqu’à ce que le procureur Camille Miansoni décide d’appeler enfin à la barre les huit prévenus sur la base de charges qu’il estime “suffisantes”.
Hakim Karki en visioconférence
Ce mercredi, c’est donc une audience lourde d’émotions, à la hauteur de cette histoire rocambolesque, qui s’est ouverte, avec notamment l’un de ténors du barreau de Paris, Maître Szpiner, conseil de Gérard Gautier. Et l’intervention préliminaire du juge Karki a d’emblée donné le ton de ce procès sous tension… “Dans ce dossier-là, il y a eu clairement des pressions des magistrats, des greffiers, des enquêteurs… Une des greffières a été entendue 17 fois par le service d’inspection pour lui faire dire que le GIR ne faisait pas de trafic, une autre a demandé à être mutée en raison des pressions psychologiques et morales dont elle faisait l’objet. Et je pourrais continuer comme ça pendant dix minutes”, déroule le magistrat, joint par visioconférence.
Le GIR et ses informateurs
Objectif du jour : comprendre le fonctionnement d’une filière de passeurs entre Anjouan et Mayotte, gérée par un dénommé Adi, et surtout ses liens avec les deux gendarmes, dont le patron du GIR. Adi, qui possède quatre embarcations et effectue déjà des trajets pour 500 euros, plus chers mais réputés plus garantis de succès que ceux de ses concurrents, veut entrer en contact avec un service de police. Visiblement, son dernier contact avec un flic a fini par tourner court, sur fond “de papiers qu’il n’aurait pas obtenus”, explique Christophe Le Mignant. Via un ami d’enfance d’Adi, le gendarme nautique, qui assure travailler à obtenir des renseignements à livrer aux services compétents, obtient le numéro du passeur. Il est ensuite appelé dans les locaux du GIR, où l’attend notamment Gérard Gautier. Là, il est convenu d’appeler Adi, sur haut-parleur, pour tenter de le faire venir à Mayotte… et pour l’interpeller.
Dans la procédure, plusieurs auditions de membres du réseau indiquent que les gendarmes auraient demandé à faire venir des trafiquants d’Anjouan à Mayotte, en échange de la promesse d’un titre de séjour. Une accusation que les principaux concernés nient en bloc. “C’est pas moi, petit gendarme, qui allait promettre quelque chose que je ne pouvais pas lui donner !”, s’étouffe Christophe Le Mignant. “Ces gens-là, on leur a tendu un piège et ils ont eu le temps de parler en prison”, ajoute Gérard Gautier. Chez les deux co-prévenus, qui clament leur innocence, l’émotion est palpable. “Depuis dix ans, je suis suspendu à un fil ! (…) Sans l’affaire Roukia, il n’y aurait pas eu l’affaire du GIR, et je ne serais pas là devant vous aujourd’hui”, lâche en tremblant l’ex-patron du groupement, affecté par ces longues années de battage médiatique.
“Pas à vous de prouver votre innocence”
Une analyse que semble d’ailleurs partager le procureur lui-même. “Ce n’est pas à vous de prouver votre innocence, c’est au parquet d’apporter les preuves d’une culpabilité”, rappelle le magistrat. Lequel, dans des réquisitions aux airs de plaidoirie, s’attachera surtout à démonter point par point les qualifications retenues contre les deux hommes. Les instructions données pour faire venir des trafiquants, par exemple : “on n’a jamais entendu dire ‘‘tu viendras à telle heure etc.’’”, souligne-t-il. Ou encore la promesse du titre de séjour, “à qui ?”. Sans parler de l’intention pour ces deux hommes, qui “n’avaient rien à gagner”, à organiser ces trafics, pas même l’envie de réhausser les statistiques. “370 kilos saisis en quatre ans, vous ne serez pas vexé Monsieur Gautier, si je vous dis que ce n’est pas terrible”, s’était d’ailleurs amusé Me Szpiner.
Sans trop de surprise, le tribunal prononcera finalement la relaxe pour les deux gendarmes. Les autres prévenus écoperont de peines allant de trois mois de prison avec sursis à 18 mois de prison ferme pour le chef de la filière. Et avec cette nouvelle décision, c’est une nouvelle page qui se tourne dans la tumultueuse affaire du GIR…