Ce lundi 21 mars, une phase importante du chantier s’est terminée avec l’ouverture à la circulation du pont de Mangajou sur une voie par alternance. La dernière phase est maintenant entamée avec la démolition de la déviation provisoire pour terminer les travaux de finition que sont le revêtement de chaussée, les trottoirs et les divers équipements de sécurité de l’ouvrage. Afin de rattraper le retard dû aux importantes précipitations de début mars qui ont engendré des dégâts assez importants sur les travaux déjà réalisés, il a été demandé à l’entreprise de travailler également de nuit depuis le début de semaine dernière. L’ouverture totale du pont avec une circulation sur deux voies est ainsi prévue dans deux semaines. Cette dernière phase de travaux va toutefois nécessiter la fermeture de la route la nuit. La direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) informe ainsi l’ensemble des usagers que la RN2 sera fermée à la circulation, excepté pour les véhicules de secours, au niveau du pont de Mangajou de 21h à 4h30 du lundi 28 mars au vendredi 8 avril (sauf le week-end du 2 au 3 avril). Tous renseignements sur ces restrictions de circulation peuvent être obtenus auprès d’Annick Giraudou du service infrastructures, sécurité et transports au sein de la DEAL de Mayotte au 02.69.60.92.73.
Mamoudzou 2030 : un projet tentaculaire estimé à plus de 400 millions d’euros
Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a exposé vendredi 25 mars 2022 son grand projet de ville à l’horizon 2030, qui comporte 123 actions réparties en six thématiques principales et répondant à 30 objectifs opérationnels. Le budget nécessaire à sa réalisation représente un montant de plus de 400 millions d’euros.
« Nous sommes sur une dynamique positive et dans une démarche engagée. » C’est en résumé le message porté par Ambdilwahedou Soumaïla, lors de la présentation ce vendredi 25 mars 2022 de son grand projet de ville intitulé Mamoudzou 2030. Il faut dire que le maire n’a pas froid aux yeux au moment d’exposer sa vision pour l’avenir : 123 actions, 6 thématiques principales, 30 objectifs opérationnels et 400 millions d’euros… Des chiffres vertigineux qui peuvent donner le tournis !
Mais commençons par le commencement. Tout part d’un diagnostic réalisé en janvier 2021 avec l’appui d’un cabinet d’expertise. En à peine six mois, le premier magistrat réussit à fédérer l’ensemble des élus – majorité et opposition confondues – autour de cette ambition commune et partagée, qui « a été adoptée à l’unanimité, ce qui est rare pour être noté, par le conseil municipal ». De quoi dérouler le tapis rouge et engager les transformations nécessaires dans le but de répondre aux besoins de « tous les habitants de Mayotte » sur les dix prochaines années.
Pour réussir son pari, Ambdilwahedou Soumaïla se concentre sur six axes stratégiques : la propreté urbaine, « la grande cause communale », la tranquillité publique, « la sécurité est un droit fondamental », l’excellence sportive mais aussi éducative, « à destination de cette jeunesse débordante d’énergie », l’aménagement, « territorial et équilibré », ou encore l’attractivité, « à travers l’accompagnement des porteurs de projets ». Des enjeux primordiaux pour faire de Mamoudzou, « une ville moderne, propre et sûre ».
Liaisons inter villages, front de mer, logements…
Plus concrètement, de nombreux chantiers vont se mettre en route au cours des trois calendriers envisagés. L’un des plus emblématiques et attendus, le stade de Tsoundzou 1, doit même débuter dès le mois de mai. D’autres plus audacieux tels que la mise en place de liaisons inter villages sur l’ensemble du territoire communal, pour éviter d’emprunter les routes nationales, risque de prendre plus de temps. « Nous allons recevoir les premières propositions le 12 avril prochain », prévient le maire. « Nous exploiterons toutes les pistes existantes, comme celle allant de Kwalé au collège de Passamaïnty. »
Selon Ambdilwahedou Soumaïla, il ne fait aucun doute que Mayotte ne peut se construire tout seul dans son coin. Exemple probant avec le front de mer de Mamoudzou. « Beaucoup de projets n’aboutissent pas pour la simple et bonne raison qu’il faut les mener en commun. Quand nous déposerons ce dossier, nous le ferons tous ensemble (avec les quatre partenaires financiers), ça aura tout de suite plus de gueule », assure-t-il. Même stratégie concernant la rénovation urbaine de Kawéni, dont la deuxième phase de l’ANRU est en cours de réalisation avec la sortie de terre prochaine d’un gymnase, d’un internat et d’une cuisine centrale pour les établissements scolaires. Une zone sur laquelle l’équipe municipale nourrit de grands projets structurants, à l’instar de « la création de logements intermédiaires », annonce Hamidani Magoma, le deuxième adjoint de la ville. Car oui, si « nous devons tenir compte de la misère de la population, ce n’est pas normal de vivre dans des bidonvilles, nous ne pouvons pas nous concentrer uniquement sur du (très) social. Il faut aussi penser aux richards », renchérit l’édile. En d’autres termes, il compte reconquérir le foncier dans les hauteurs.
100 millions d’euros pour Mamoudzou
Pour réaliser ce plan d’actions de grande envergure, la municipalité prévoit un budget d’un peu plus de 400 millions d’euros. Une somme colossale qui reste malgré tout atteignable grâce aux partenaires et financeurs institutionnels (Europe, État, Département, communauté d’agglomération, rectorat), prêts à soutenir la démarche. Pour sa part, la ville de Mamoudzou entend bien apporter 100 millions d’euros au pot commun. Un montant vraisemblablement voté le 2 avril prochain. « Tout est organisé pour que nous augmentions nos recettes sans toucher aux taux d’imposition », confie Philippe Ramon, le directeur général des services de la mairie. Comment ? En faisant passer son assiette fiscale de 20% à 50%, voire 60% d’ici la fin de la mandature. Si l’optimisme est de mise, rendez-vous en 2030 alors.
279.3 kg de déchets sous-marins ramassés dans les eaux de l’îlot M’Bouzi
La réserve naturelle de l’îlot M’Bouzi, gérée par les Naturalistes de Mayotte, a lancé ce vendredi 25 mars une grande opération de nettoyage de ses fonds marins. Avec l’aide bénévole de deux clubs de plongée et du Parc naturel marin, cogestionnaire de la réserve pour la partie marine, ils ont ramassé 279.3 kg de déchets en tout genre.
Vendredi 25 mars près du ponton de Mamoudzou, quatre personnes s’affairent à trier des déchets aux relents d’iode. Bouteilles en plastiques, cannettes et même vieilles valises jonchent le sol, trouvés dans les fonds marins de l’îlot M’Bouzi. Ne renâclant pas à la tâche, Nicolas Gommichon et Anrif Hamidou, les gardes de la réserve naturelle, s’affairent à les trier pour établir des statistiques, aidés en cela par Louis Maigné, le conservateur en personne, et Léa Bernagou, garde et animatrice du plan national d’action en faveur du dugong. Pendant trois heures, de 8h à 11h, des plongeurs du Parc naturel marin, aidés par des plongeurs bénévoles des clubs Nautilus et Hippocampe, ont écumé les fonds marins de l’îlot pour y ramasser un maximum de déchets, contribuant ainsi à rendre la réserve plus propre.
Le plastique reste le déchet le plus présent
Plusieurs opérations annuelles de nettoyage de la réserve sont prévues dans le cadre du plan de gestion 2018-2027. Elles sont tantôt terrestres, tantôt sous-marines. L’opération de ce vendredi était la première opération de nettoyage sous-marin de 2022. « Il y a encore plus de déchets dans l’eau que sur terre, car ils y restent plus longtemps. Les déchets terrestres sont souvent évacués par les marées et entraînés vers le large », confie Nicolas Gommichon. Ce dernier précise aussi que c’est surtout la partie nord de l’îlot, celle qui fait face à Mamoudzou, M’Tsapéré et Passamaïnty qui a besoin d’être nettoyée car elle reçoit et stocke les déchets en provenance de ces villages. La face sud est beaucoup plus propre car moins exposée aux activités humaines. Le garde explique aussi que les opérations de nettoyage des déchets sous-marins s’avèrent plus complexe que celles terrestres dans la mesure où les déchets sont plus difficiles d’accès. Le professionnalisme et la bonne volonté des plongeurs leur ont néanmoins permis de ramasser 279.3 kg de déchets.
Sur ce nombre, les agents de la réserve ont compté 117kg de plastique, 111kg de cannettes, 9.5kg de bois, 24kg d’encombrants, 14kg de verre et quatre pneus. Le plastique arrive donc en tête de cette triste compétition, suivi de près par les cannettes. Une preuve de plus que les différentes campagnes de sensibilisation menées par les associations environnementale ne sont pas un luxe sur l’île aux parfums. Les déchets trouvés ont ensuite été placés dans une grande benne bleue et pris en charge par la mairie de Mamoudzou, partenaire de l’opération pour y être enfouis à l’installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) de Dzoumogné.
Présidentielle 2022 : Emmanuel Macron demande aux Mahorais leur soutien “pour poursuivre son engagement »

Comme il l’avait fait avec l’ensemble des Français pour annoncer sa candidature, le président de la République Emmanuel Macron a choisi de s’adresser aux Outre-mer via plusieurs lettres, une pour chaque département ou territoire. Dans celle adressée aux Mahorais, on retrouve des anciennes promesses, des plus récentes et un bilan de son action.
Cette semaine, les Outre-mer avaient une large place dans l’agenda d’un président de la République redevenu candidat. Émission spéciale avec nos confrères de la 1ère, envoi d’une lettre à chaque Dom-Tom, l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron a voulu mettre l’accent sur un électorat qui se déplace moins dans les urnes, mais où les résultats diffèrent complètement d’un territoire à l’autre. Au premier tour en 2017, à Mayotte, François Fillon (32.6%) et Marine Le Pen (27.2%) avaient nettement devancé le candidat En marche (19.2%). Cette fois-ci, le président de la République prend la plume pour une longue lettre à destination des Mahorais, rappelant au passage sa venue en octobre 2019. “Au cours des cinq dernières années, vous avez pu éprouver mon engagement pour vous. J’ai désormais besoin de votre soutien pour le poursuivre.” Dans sa missive, il promet tout d’abord de “vous protéger” à la fois de l’immigration clandestine, de la délinquance, de la criminalité, de l’habitat illégal, des catastrophes naturelles et du Covid-19. Pour les trois premiers, il s’appuie sur le nombre d’expulsions ces cinq dernières années (100.000) ou une augmentation de “près de 40%” des effectifs de police et de gendarmerie. Sur ces thématiques, il compte prendre “des mesures radicales […] pour rendre ce territoire moins attractif aux étrangers”. Sans chiffrer, il évoque “un renforcement des moyens de la police, de la gendarmerie et de la justice”.
La piste longue une nouvelle fois promise
En matière de santé, il rappelle que c’est pendant son mandat que l’agence régionale de santé à Mayotte a été créée et l’hôpital de Petite-Terre construit. Ce dernier remplace d’ailleurs l’ancien site de Dzaoudzi et le dispensaire de Labattoir. “Un second hôpital sera construit pour permettre un meilleur accès des Mahorais du centre et du sud de l’île”, défend-il. Le président de la République évoque également la piste longue de l’aéroport, chose déjà promise en 2019. “Oui, on la fera ! Je vous le dis très clairement : pas d’études d’impact pour savoir s’il faut faire ou pas, elles ont été faites plusieurs fois”, avait-il dit à l’époque. Deux ans et demi plus tard, celui-ci s’engage à nouveau à mener le projet “à terme”.
Il aborde la question de la convergence sociale à faire “au plus vite”. “Pour que vous ayez davantage de droits en matière de retraite ou de protection sociale”, précise-t-il, sans se risquer à dévoiler un calendrier. Il se félicite ensuite “qu’en 2021, nous n’avons jamais créé autant d’emplois à Mayotte”, oubliant de mentionner que le niveau de l’emploi en 2021 a retrouvé en fait celui de 2019, selon l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Ce n’est pas le seul “oubli” car si le code du travail est bien appliqué depuis le 1er janvier 2018 et le mandat d’Emmanuel Macron, il a été voté en 2016, sous la mandature précédente.
À deux semaines de l’échéance, le président de la République essaye de rallier une dernière fois les voix des Mahorais en souhaitant qu’ils se déplacent à une élection qui n’intéresse d’habitude qu’environ 40% d’entre eux.
Et la deuxième prison ? Et la cité judiciaire ?
Lors du récent déplacement d’Éric Dupond-Moretti à Mayotte, le ministre de la Justice en avait profité pour annoncer deux nouvelles importantes. Premièrement, il promettait la construction d’une deuxième prison, visant à soulager celle de Majicavo qui connaît un taux d’occupation de 180%. La deuxième est la construction d’une cité judiciaire. Le lieu était même déjà trouvé puisque le conseil départemental avait proposé son site de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal) à Kawéni.
Point d’annonce de ce genre dans cette lettre entre bilan et programme. Pourtant, chez les Jeunes avec Macron, on l’assure, c’est toujours à l’ordre du jour. A contrario, le président cite un centre éducatif fermé pour mineurs. Un projet qui n’avait pas emballé le Garde des Sceaux lors de son passage à Mayotte. Celui-ci avait alors visité le quartier des mineurs de la prison, qui accueillait 25 jeunes sur 30 places.
Ramlati Ali : « J’ai donné le meilleur de moi-même au cours de mon mandat »
Députée de la 1ère circonscription de Mayotte, Ramlati Ali a transmis à la presse son bilan de fin de mandat la semaine dernière. Profitant de son retour tout récent sur l’île aux parfums, nous l’avons invitée dans les locaux de la rédaction pour la faire réagir sur les principaux points. Si elle estime « avoir donné le meilleur d’elle-même », elle a évidemment fait avancer certains domaines plus que d’autres. Interview.
Flash Info : Dans quel secteur pensez-vous avoir fait avancer le plus de dossiers au cours de votre mandat ?
Ramlati Ali : De par ma profession, j’ai beaucoup travaillé sur le secteur de la santé, un besoin fondamental à Mayotte qui se heurte à des difficultés d’ordre structurel. Je me suis battue pour la création de l’agence régionale de santé de plein exercice qui a finalement vu le jour en 2020 et je ne cesse de rappeler l’urgence de la construction du 2ème hôpital au centre de l’île. L’idéal serait que chaque personne ne se trouve pas à plus de 30 minutes d’un lieu de soin, ce qui n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui même si la mise en place de l’hélicoptère du CHM a contribué à améliorer les choses.
En termes de moyens humains, j’ai milité pour le développement de la formation médicale afin de créer un vivier de professionnels de santé sur le territoire. J’ai ainsi contribué à la création au centre universitaire de formation et de recherche en 2020 du parcours Licence Accès Santé. Par ailleurs, j’ai également fait en sorte de mettre en place le parcours de soins coordonné à Mayotte avec désignation d’un médecin traitant. Les médecins installés à Mayotte ont ainsi désormais les mêmes avantages que sur le territoire national, ce qui contribue à augmenter l’attractivité de l’île. Beaucoup de médecins du CHM se sont lancés dans le privé grâce à ce nouveau système, ce qui contribue à un meilleur maillage du territoire. Afin de lutter contre le désert médical, j’ai déposé des amendements tout au long de mon mandat pour introduire des activités de santé à Mayotte dans le champ des zones franches d’activités nouvelles générations afin d’encourager l’attractivité médicale.
FI : Y a-t-il un domaine où vous auriez aimé faire plus ?
R.A. : Le secteur qui me laisse « un goût de trop peu » est celui de l’agriculture. J’ai investi ce domaine en faisant adopter un amendement pour que tout soit informatisé et pour que les agriculteurs bénéficient d’une mutuelle fonctionnelle. J’ai également œuvré pour revaloriser leurs retraites. Cependant, l’agriculture à Mayotte est un domaine complexe qui se heurte au gros problème du manque de foncier. Les conditions de travail sont très difficiles et l’accès à l’eau sur les terrains pose problème. J’ai fait ce que j’ai pu, mais j’aurais voulu en faire davantage car je suis très sensible au fait que les Mahorais puissent manger local et bio pour lutter contre le surpoids et tous les problèmes de santé que cela génère.
FI : Vous avez sollicité 800.000 euros de budget supplémentaire pour renforcer la surveillance des frontières par drones et vous avez déposé plusieurs amendements pour mieux encadrer le droit du sol. Pourtant, les kwassas en provenance des Comores continuent d’affluer à Mayotte. Quel est selon vous le point de blocage ?
R.A. : Le problème avec la lutte contre l’immigration clandestine est que nous n’avons pas toutes les billes en main. Nous dépendons de la bonne volonté des Comores. L’accord-cadre que nous avons signé avec ce pays en 2019 n’a malheureusement pas été entièrement respecté, mais nous avons pu constater que dès lors que les Comores acceptent de surveiller leurs côtés, les kwassas diminuent immédiatement. La solution réside donc dans la poursuite de la coopération régionale entre nos deux pays. Il faudrait aussi que les forces de l’ordre puissent aller plus loin dans l’océan afin d’arrêter les kwassas en amont sans que les guetteurs ne puissent se prévenir entre eux. Bref, le gouvernement continue de travailler sur la question. De mon côté, je n’ai eu de cesse de plaider pour une véritable insertion de Mayotte dans son bassin régional. J’œuvre également pour la reconnaissance internationale de Mayotte et appelle au soutien renforcé de l’État à réaffirmer la souveraineté française.
FI : Qu’avez-vous fait au cours de votre mandat concernant la question de la délinquance juvénile ?
R.A. : Je me suis mobilisée sur cette urgence sécuritaire de manière constante en alertant les autorités compétentes pour assurer le maintien de l’ordre public et en proposant des mesures complémentaires. Lors des Assises de la sécurité à Mayotte, j’ai notamment proposé l’accroissement de la capacité d’accueil en détention pour les mineurs à la prison de Majicavo et la création d’un établissement pénitentiaire pour mineurs. Je soutiens la proposition de déployer un plan Harpie à Mayotte à l’image de l’opération Harpie en Guyane contre l’orpaillage clandestin. La réponse de l’État doit être plus ferme pour endiguer ce fléau qui freine notre développement.
FI : La transformation du port de Longoni en grand port maritime est une question qui vous tient à cœur. Quelles avancées avez-vous obtenues dans ce domaine ?
R.A. : En effet, la question du port s’est imposée à moi dès le début de mon mandat avec la grève des dockers. J’ai aidé à calmer la crise en faisant intervenir Paris. J’ai permis de rendre applicable à Mayotte la convention collective nationale unifiée port et manutention (CCNU). Ainsi, les dockers mahorais peuvent désormais disposer des mêmes droits que leurs collègues ultramarins et hexagonaux. J’ai été interpelée par beaucoup de travailleurs qui m’ont fait part de nombreux dysfonctionnements au sein du port. Mayotte ne peut pas vivre sans importations et, en outre, le port de Longoni pourrait contribuer à développer le tourisme en accueillant des bateaux de croisière. Pour moi, il n’est donc pas bon qu’il soit tenu par un privé. J’ai alerté le gouvernement sur la nécessité de réformer son statut afin de le transformer en port d’État avec le statut de grand port maritime, à l’instar des autres départements d’Outre-mer.
F.I : Dans votre bilan, vous indiquez qu’une concertation est en cours avec Cédric O, secrétaire d’État en charge du numérique, pour installer le très haut débit à Mayotte. Le projet a-t-il avancé depuis ?
R.A. : Lors du projet de loi finance pour 2022, j’ai en effet plaidé et déposé un amendement pour que Mayotte s’inscrive pleinement dans le Plan France Très Haut Débit (THD) en demandant une enveloppe financière dédiée. À l’origine, quatre millions d’euros seulement étaient fléchés pour Mayotte, car le ministère n’était pas conscient du retard de l’île en la matière. Or, nous avons tout particulièrement besoin de ce très haut débit, notamment pour permettre le développement de la télémédecine. J’ai donc fait en sorte d’augmenter cette enveloppe à 22 millions d’euros et Cédric O a d’ores et déjà promis de nous l’octroyer.
La poissonnerie G la pêche, exemple d’entreprenariat de proximité pour les jeunes
Dans le cadre de la semaine de l’emploi maritime, vendredi 25 mars, le gérant de la poissonnerie G la pêche à Labattoir a ouvert les portes de son entreprise à une dizaine de demandeurs d’emploi. L’objectif ? Créer des vocations et promouvoir les métiers dans ce domaine souvent délaissé par les nouvelles générations.
“La volonté et le courage, voilà ma formation !” Créateur et gérant de la poissonnerie G la pêche en Petite-Terre, Gihed Abdou fait l’éloge de l’entreprenariat auprès de ses visiteurs. Chambre froide, machines à écailler ou encore à découper, autant d’outils professionnels que découvrent les onze demandeurs d’emploi. Parmi eux, six jeunes issus des Apprentis d’Auteuil Mayotte Oumeya en formation découverte des métiers. Stylo à la main, ils enchaînent les questions et n’en perdent pas une miette. “Comment avez-vous financé vos appareils ?”, “Combien avez-vous d’employés ?”, “Comment rémunérez-vous les pêcheurs qui travaillent avec vous ?” Des interrogations diverses et variées auxquelles le gérant de G la pêche se fait un plaisir de répondre.
Un gage de qualité
Propriétaire de deux bateaux, l’armateur livre sa précieuse marchandise aux quatre coins de l’île : Bandraboua, Sada et bien évidemment Petite-Terre. La pêche des cinq navires, avec lesquels la poissonnerie travaille, fournit les Mahorais au quotidien. “Je me suis inspiré du modèle de Coca-Cola et je livre mes produits afin que tout le monde puisse consommer du poisson local”, explique le gérant. Chez G la pêche, tous les poissons sont “vidés, écaillés et étiquetés”, un savoir-faire qui se monnaie et crée de l’emploi.
“Notre valeur ajoutée se traduit par les préparations que nous proposons aux clients.” Brochettes, assaisonnements, l’équipe de G la pêche est aux petits soins pour ses acheteurs qui reviennent sans hésiter. “Nous vendons ce qui a été pêché en mer. Si les bateaux n’ont pas pu sortir ou que les stocks sont écoulés, il faut attendre que l’on puisse pêcher à nouveau. On n’importe pas. Quand il n’y a pas, il n’y a pas”, insiste le poissonnier.
Un métier, une passion
Avant d’ouvrir son entreprise G la pêche, Gihed Abdou avait obtenu un baccalauréat en commerce et un diplôme universitaire de technologie (DUT) aquacole. Toujours dans le milieu aquatique, il partage aujourd’hui sa passion. “Ici je me sens comme à la maison, je ne regrette pas du tout d’avoir poussé la porte de la boutique. L’équipe m’a accueillie à bras ouverts et j’ai trouvé ma voie”, témoigne Djaïda Djaffar Ali, employée depuis bientôt un an. Pour cette jeune maman, la poissonnerie a été une bouffée d’air frais. Comme elle, l’entreprise a pris sous son aile plusieurs jeunes, formés et employés par la suite. “Je suis fière d’être ici et j’encouragerai d’autres filles à faire de même pour s’émanciper.” Une démarche féministe et courageuse saluée par l’ensemble des demandeurs d’emplois qui se rêvent déjà eux-aussi derrière la caisse de la petite échoppe…
Fournir les Mahorais en eau, « c’est sportif »

Bien qu’habitant le 101ème département français depuis 2011, les Mahorais n’ont, pour certains, toujours pas d’accès à l’eau potable. Pire, l’intégralité de la population de l’île subit des coupures hebdomadaires durant plusieurs mois tous les ans. La SMAE – Mahoraise des Eaux doit en fait faire face à une production trop faible, malgré le débordement des retenues collinaires, comme nous l’explique sa directrice, Françoise Fournial.
Mayotte Hebdo : Au mois de février, nous sommes passés de deux à une seule coupure d’eau hebdomadaire. Pourquoi la fin des coupures n’intervient-elle que cette semaine ?
Françoise Fournial : Oui, on ne fait plus de coupures d’eau depuis lundi, comme annoncé par le SMEAM [Syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte, NDLR]. On essaie de voir si le système tient, car c’est assez sportif. Nous espérons donc que le système tiendra.
M. H. : Quand l’on voit les retenues collinaires déborder, et notamment celle de Combani, le manque d’eau potable est difficile à comprendre pour les foyers mahorais. Comment leur expliquez-vous ?
F. F. : Ce qu’il faut expliquer, c’est que n’est pas une problématique de ressource. La ressource, on l’a. C’est une problématique de capacité de production. La population mahoraise étant en augmentation exponentielle, la consommation augmente chaque année. À tire d’exemple, nous avons posé cette année plus de 2000 nouveaux compteurs sur notre réseau. Il y a plus de tirage, et, à un moment, les installations sont en limite de capacité de production. Effectivement, la retenue de Combani est pleine, celle de Dzoumogné l’est presque, il y a de nouveau de l’eau dans les rivières, mais il faut que nous l’envoyons chez les abonnés, là est la difficulté. Nos usines tournent au maximum de ce qu’elles sont en capacité de produire.
M. H. : Le port de Longoni, pour adapter ses équipements, doit courir après l’augmentation de la population mahoraise. Vous considérez-vous dans le même cas de figure ?
F. F. : Oui, c’est ça. Le SMEAM a fait quelques travaux pour essayer de compenser cette capacité de production : un nouveau forage a été mis en service à Poroani, deux forages sont passés d’une capacité de production de 30 mètres cubes à 50 m3… De notre côté, on essaye d’optimiser au maximum tous nos ouvrages. Mais il y a des adaptations à faire, des équipements à ajouter, pour avoir une exploitation plus fluide.
M. H. : Et pourquoi dites-vous que c’est sportif ?
F. F. : Une usine, normalement, devrait tourner 20 heures sur 24. Nous, on tourne 24 heures sur 24 au maximum de notre capacité. Donc, s’il y a le moindre incident sur ces usines ou sur le réseau, ça a tout de suite un impact sur la distribution d’eau et sur les abonnés. Les capacités de stockage sont aussi inférieures à ce qu’elles devraient être : beaucoup de nos réservoirs ont une capacité de stockage de 3 à 6 heures, alors qu’elle devrait être de 24 heures. C’est pour cela que je dis que c’est sportif, c’est qu’on n’a pas le droit d’arrêter, à aucun moment, on n’a pas le droit à l’erreur. Donc le fait de lever les tours d’eau est une bonne chose, je pense que c’est ce qu’attend la population, mais il faut voir que le fait de lever ce dernier tour d’eau tend encore un peu plus la production. S’il y a un problème, les réservoirs se vident, et ça a un impact sur la population via des coupures inopinées.
M. H. : Quels projets sont prévus pour améliorer la production, et en finir avec ces coupures annuelles ?
F. F. : Nous ne sommes qu’exploitants, c’est le SMEAM qui porte tous les projets d’investissement, et beaucoup de choses sont en cours. Le problème, c’est qu’un projet ne sort pas de terre en deux minutes, il faut un certain temps d’étude, lancer les marchés, la réalisation… De nouveaux forages, plus rapides, et de nouvelles stations de dessalement sont par exemple discutés. Mais dans l’immédiat, il faut faire avec ce qu’on a.
M. H. : À plusieurs reprises, des enfants se sont noyés dans les retenues collinaires, en s’y baignant. Des gens y font aussi leur lessive. Quelles mesures de sécurité sont mises en place pour empêcher cela ?
F. F. : Le SMEAM a des agents postés sur site pour empêcher les gens d’y accéder. Mais s’ils ne respectent pas les consignes, c’est compliqué…
Petite enfance : les engagements de la ville de Mamoudzou
À l’occasion de la semaine de la petite enfance, l’adjointe au maire de Mamoudzou, Nourainya Loutoufi, a participé au forum des métiers qui s’est tenu sur la place de la République. L’élu en a profité pour rappeler que la jeunesse et l’enfance sont au coeur des priorités de la municipalité. Avec 36 écoles, dont 12 maternelles qui accueillent les enfants dès l’âge de 3 ans, l’équipe municipale prend des mesures majeures en procédant à d’importants travaux de rénovation nécessaires à la sécurité et au bien-être des petits. La ville compte aller plus loin en développant une véritable offre d’accueil des tout petits. À cet effet, plusieurs projets sont en cours de développement.[IT_EPOLL id= »1″][/IT_EPOLL] Il y a deux semaines, la directrice de la caisse de sécurité sociale de Mayotte et la municipalité échangeaient sur un projet ambitieux pour les enfants. Celui de la construction du Pôle petite enfance au quartier de M’Gombani, d’un montant de plus de deux millions d’euros.
Le Département peaufine l’organisation et le management de ses grands événements
Ce jeudi 24 mars s’est tenue une conférence grands évènements, au conseil départemental, présidée par la 4ème vice-présidente, en charge de sports, de la culture et de la jeunesse, Zouhourya Mouayad Ben et le 1er vice-président, en charge de l’aménagement du territoire, des infrastructures et du foncier, Salime Mdere, qui était en visioconférence en présence des directeurs et des chefs de services de la collectivité.
Cette conférence portait sur l’organisation et le management des grands évènements sur le territoire notamment les manifestations inscrites dans l’agenda de l’office culturel départemental, comme le FATMA prévu en avril prochain, le Festival de Mayotte (FM), le Festival musique urbain (FMU), la participation sur le RIDA (concert à Bordeaux), les scènes ouvertes, le concours voix des Outre-mer. Avec l’ouverture prochaine du cinéma, il y aura aussi un Festival de cinéma, et surtout l’organisation des jeux des îles 2027 que Mayotte souhaite accueillir.
Pour renforcer son expertise dans l’organisation d’événements culturels et sportifs, le conseil départemental a sollicité l’éclairage d’Algoé Consultants, une société de conseil et d’accompagnement en management de projets, d’organisation, de développement et de ressources humaines, qui possède des expériences en la matière comme l’organisation de la Coupe du Monde de football en 1998… La vice-présidente a souligné le fait que « les questions juridiques, organisationnelles, logistiques et techniques sont d’autant plus importantes qu’elles renvoient aussi à des enjeux de responsabilité pour les élus et dans une moindre mesure pour les cadres ». Des échanges ont permis de débattre des modalités d’organisation des évènements sportifs et culturels, avec des éclairages précis.
Création du cluster maritime à Mayotte
Le cluster maritime français annonce la création du cluster maritime de Mayotte, à l’issue de l’assemblée générale constitutive le mercredi 23 mars 2022 à Mamoudzou. Dans la continuité du travail mené par le conseil départemental, qui a établi une stratégie d’économie bleue pour le territoire, la chambre de commerce et d’industrie a été chargée de mettre en œuvre ce cluster maritime mahorais. Depuis près de trois ans, le cluster maritime français a, quant à lui, fortement soutenu cette démarche et apporté un concours technique à cette constitution.
Les acteurs de la filière maritime de Mayotte peuvent désormais s’appuyer sur cette nouvelle structure pour développer l’économie maritime territoriale, pour peser dans le débat public et, ainsi, s’inscrire dans une démarche économique, créatrice d’emplois et de valeurs, pour le territoire et la région. Le cluster maritime français se félicite de cette création et souhaite la bienvenue à ce frère mahorais. « Ensemble, nous travaillerons au développement économique, social et environnemental du territoire, pour et par les activités économiques maritimes », précise Alexandre Luczkiewicz, le responsable des relations et des actions ultramarines. « C’est aussi l’occasion pour le cluster maritime de Mayotte de rejoindre notre réseau des clusters maritimes d’Outre-mer, ceux de Saint-Pierre-et-Miquelon, de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane, de La Réunion, de la Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française. »
La constitution de ce huitième cluster maritime d’Outre-mer, à Mayotte, confirme la stratégie globale de s’appuyer sur la croissance bleue pour développer les territoires ultramarins, en général, et de poursuivre le renforcement de l’économie maritime française dans l’océan Indien en particulier.
MayBiotech lance un projet pour la valorisation économique des espèces végétales envahissantes
Lauréat le 16 mars dernier de l’appel à projets Innovation Mayotte financé par le conseil départemental et l’agence de développement et d’innovation de Mayotte, MayBiotech répond à des enjeux d’actualité comme l’agriculture et l’alimentation durables. La start-up mahoraise de biotechnologie se lance sur le projet « Valorisation des espèces végétales envahissantes : une alternative aux intrants chimiques dans les exploitations agricoles », en partenariat avec l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, le parc naturel marin et SantéSocioVéto. L’objectif ? Étudier le potentiel antiparasitaire des plantes envahissantes et développer des nouveaux aliments pour animaux à destination des élevages locaux (volailles, etc.).
Consacré par la signature d’un contrat de prestation le 15 février dernier, le partenariat entre MayBiotech et l’INRAE permettra de réaliser au cours de l’année 2022 les premières étapes du volet de recherche. Les effets antiparasitaires des plantes sélectionnées seront analysés par Fabrice Guegnard et le docteur Claude Charvet (INRA) à l‘aide de tests phénotypiques sur les parasites les plus fréquemment rencontrés dans les élevages. En parallèle, le volet sociologique dirigé par le docteur Jacques Cabaret (SantéSocioVéto) consistera à mener une enquête semi-directive sur les pratiques d’utilisation des traitements antiparasitaires et l’acceptation de solutions alternatives dans les élevages de Mayotte. Le projet accordera aussi une place importante à la formation des étudiants mahorais. Ainsi, Nazra Baco, étudiante en Master 1 Infectiologie Cellulaire et Moléculaire, Immunité de l’université de Tours, rejoindra l’équipe INRAE, pour réaliser son stage de M1 dans le cadre du projet.
Le Département défend ses projets devant la commission des opérations infrastructures à Bruxelles
Le 1er vice-président du conseil départemental, Salime Mdere, en charge de l’aménagement et des infrastructures défendait ce mardi 23 mars les dossiers du Département lors de la présentation des enjeux et objectifs de l’Union européenne dans le domaine des transports. La collectivité a ainsi mis en avant les projets de transports maritimes pour le court terme, de boulevards urbains de Mamoudzou à moyen terme et de liaison ferroviaire à plus long terme pour accompagner la transition écologique.
L’ensemble des intervenants de l’UE a ainsi pu prendre la mesure de la situation complexe de Mayotte en termes de déplacement. La présidente française de la commission des transports à Bruxelles s’est engagée à considérer Mayotte comme une véritable région à part entière pour les échanges et la gestion des dossiers. Un contact direct est ainsi établi avec les représentants français à Bruxelles. Les énergies d’avenir pour le transport étaient à ce stade limités à l’électrique et au gaz. La délégation mahoraise a donc demandé à étendre la réflexion à d’autres énergies comme la géothermie et les biocarburants.
Une grosse partie des explications a porté sur la suppression des véhicules carbonés avant 2035. Les représentants de Mayotte ont également tenu à faire noter que l’Europe pouvait également être non continentale. Un maillage des infrastructures de distribution de carburant, surtout électrique, est en cours d’étude pour des financements européens. Une volonté d’imposer des transports propres est clairement affichée : Mayotte s’inscrit de plain-pied dans cette approche.
MayAventure remporte la finale académique du concours C’Génial
Quatre équipes de collégiens ont présenté leurs projets innovants – jeu d’aventure éducatif, banga connecté, bateau bus automatisé, recyclage du plastique – ce jeudi 24 mars lors de la finale académique du concours C’Génial. Tous les élèves ont pu mettre en lumière leur goût de la science et des nouvelles technologies. L’établissement scolaire de Kani-Kéli représentera Mayotte au mois de mai pour la grande finale nationale.
« Éteins les lumières ! » Le nez collé sur la tablette, Herimiatsa déroule ses instructions, les yeux rivés sur la réplique d’un banga connecté installé sur la table. « Ouvre la fenêtre », renchérit Mariane, sa camarade de la classe 402 à K2. Derrière elles, Doryan déroule son speech d’une main de maître : « C’est un mélange entre la maison traditionnelle et les nouvelles technologies, qui permet de ne pas détruire la nature qui l’entoure, de communiquer sans fil, mais aussi de respecter l’environnement, la faune et la flore ».
Réunies au sein de l’amphithéâtre du collège de Kwalé, quatre équipes de collégiens s’affrontent ce jeudi 24 mars pour la finale académique du concours C’Génial. « L’idée est d’apporter la culture de projets aux élèves et de leur donner le goût des sciences », résume Assad Mogni, le référent de l’événement sur le territoire. À quelques minutes du passage du jury pour désigner le grand vainqueur, la tension est palpable !
Un stress également présent auprès des élèves engagés pour défendre les couleurs de l’établissement scolaire Ylang-Ylang de Kani-Kéli. Devant trois ordinateurs, Mouridi teste MayAventure, un jeu d’aventure éducatif qui met en valeur le patrimoine, les traditions et la culture de Mayotte. « Les personnages sont interactifs et posent des questions », dévoile fièrement l’adolescent, malgré les difficultés rencontrées pour dessiner l’île aux parfums sur le logiciel similaire à « Scratch ». « Il y a aussi des quiz, des dialogues, des photos et des énigmes », ajoute Sami, par-dessus son épaule. Eh oui, tous les détails comptent. Il ne faut surtout rien oublier…
L’innovation au cœur des projets
À quelques mètres de là, Ayal partage ses impressions avec trois de ses copains. « Quand on fait fondre le plastique, ça dégage du gaz, donc il faut se protéger les narines », met en garde l’élève de cinquième à Kwalé. Leur projet ? La transformation de bouteilles en pavés écologiques ! De quoi donner des idées novatrices à leur professeur de technologie, Jean-Claude Nyumuyantu. « Les Japonais ont solutionné leurs problèmes de tremblement de terre grâce à l’élastomère. […] Je ne vois pas de développement futur sans une réflexion écologique. J’appelle cela la nouvelle pensée technologique… »
Et justement, c’est également tout le sens du bateau bus automatisé dévoilé par trois classes de troisième du collège de Dembéni. « Nous voulions proposer une solution alternative pour diminuer les embouteilles et la pollution », confie Yanis, au moment de procéder à une ultime démonstration. « Regardez, s’il y a un obstacle, le navire s’arrête. Nous le déplaçons alors manuellement pour le remettre sur le chemin. » Une simulation de transport maritime qui repose sur des capteurs révolutionnaires et un guidage GPS millimétré. « Ils ont créé un programme complexe pour arriver à ce rendu », précise l’enseignant Robin Leclerc.
Autant de présentations innovantes qui donnent du fil à retordre aux différents jurés (inspecteur de l’Éducation nationale, président du parc naturel marin, représentants de la MGEN et de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement, etc.). « Nous avons été agréablement surpris par l’ensemble des projets », insiste Assad Mogni, avant d’annoncer le verdict.
Et c’est finalement l’équipe de Kani-Kéli avec le projet MayAventure qui remporte l’édition 2022. Pour elle, le concours ne s’arrête pas là. Rendez-vous le 18 mai, en distanciel, pour la grande finale nationale de C’Génial.
Les syndicats Sud et CFTC boycottent une réunion avec la direction du CHM

Lors de la réunion du comité technique d’établissement (CTE) de mardi, une partie du corps syndical n’a pas souhaité y assister. Les syndicat Sud et CFTC voulaient ainsi dénoncer des manquements au règlement intérieur. Pour le directeur du centre hospitalier de Mayotte, il s’agit du top départ avant les élections syndicales prévues en fin d’année.
La fracture entre les syndicats du centre hospitalier de Mayotte est de plus en plus nette ces derniers jours. Ce mardi, une réunion du comité technique d’établissement a été boycottée par le syndicat Sud, ainsi que par la confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). La raison ? “La direction n’a pas respecté le règlement intérieur”, indique Madjid Mouayad, le représentant du syndicat Sud Santé Sociaux. “Nous n’avons pas reçu de convocation pour cette réunion. C’était pareil lors de la dernière réunion du comité d’hygiène, sécurité et des conditions de travail (CHSCT).” Un courrier a donc été envoyé aux instances nationales du syndicat Sud afin de dénoncer “une discrimination syndicale”. Un autre l’a été à l’attention de l’inspection du travail.

Car si les deux syndicats n’ont pas souhaité être présents à cette réunion, Force ouvrière, la confédération française démocratique du travail (CFDT) et la confédération générale des travailleurs (CGT) n’ont pas voulu faire l’impasse. “En tant que secrétaire du CTE, j’ai estimé nécessaire d’[y] aller et la CFDT, la CGT et FO également”, assure Anli Rigotard, dirigeant syndical CFDT Santé. “Car les points évoqués font suite aux réunions que nous avons eu avec l’agence régionale de santé. Bloquer pour bloquer ne m’intéresse pas, surtout si nous sommes sûrs de débloquer des situations.”
“Une histoire d’élections”
Cette absence des syndicats, Christophe Blanchard regrette également. Pour le directeur par intérim du CHM, “le syndicat Sud n’est pas venu à la réunion du CTE parce qu’il est en guerre contre les syndicats. C’est une histoire d’élections. Elles ont lieu en fin d’année”. Sur les convocations non reçues, Christophe Blanchard confirme qu’elles sont bien envoyées en temps et en heure, et cite un problème davantage technique. “Je sais que la taille de nos boîtes aux lettres est insuffisante. J’ai demandé au service informatique d’augmenter leurs capacités”, fait-il remarquer. Concernant le courrier adressé à l’inspection du travail, le directeur est plutôt confiant. “Je suis prêt à recevoir l’inspecteur pour lui montrer les mails.”
Une maternité complètement surchargée
Le directeur du CHM, Christophe Blanchard, a “d’autres préoccupations” en ce moment. “On avait, ce mardi, 77 bébés dans le service de néonatologie, alors qu’on a trente places”, s’inquiète-il. Confrontée à une très grosse activité depuis le début d’année, la maternité doit en effet faire avec des moyens limités pour accueillir tous ces enfants dans ce service dédié aux prématurés et aux bébés malades. Le directeur a donc fait appel à l’agence régionale de santé de Mayotte pour obtenir du matériel et du personnel supplémentaire. Cette suractivité pourrait bien faire grimper à nouveau le record de nombre de naissances dans la plus grande maternité de France. “On a dépassé 10.000 l’an dernier. Avec les prédictions, on pourrait atteindre 12.500 à la fin de l’année 2022”, observe Christophe Blanchard.
Présidentielle 2022 : la sécurité, vrai marqueur politique de cette campagne
À l’aube de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril prochains, Flash Infos et Mayotte Hebdo vous proposent chaque semaine un tour d’horizon des programmes des candidats à l’Élysée. Durant ce mois, seront ainsi abordés la représentation nationale, l’éducation, la sécurité, l’économie et la santé. Si certains candidats bénéficient de comités de soutien sur Mayotte pour faire campagne, d’autres n’ont pas cette chance. On a donc repéré les différentes mesures qu’ils proposent pour améliorer la sécurité.
Sujet majeur à Mayotte, il est très rare que le thème de l’insécurité ne soit pas abordé lors des repas de famille ou entre amis. À l’approche de l’élection présidentielle, tous les candidats ont fait des propositions pour lutter contre ce phénomène. Et ils le font souvent de manière chiffrée, à l’image du recrutement de policiers demandé par beaucoup. ”30.000 représentants des forces de l’ordre” sont promis par Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), même nombre pour Fabien Roussel (Parti communiste) qui préfère “des policiers de proximité”. Jean Lassalle (Résistons !), récemment passé à Mayotte, veut “6.000” policiers ou gendarmes de plus. Anne Hidalgo (Parti socialiste) et Éric Zemmour (Reconquête !) promettent aussi d’augmenter leur nombre, mais ne se lancent pas dans des estimations chiffrées.
Un abaissement de la majorité pénale plébiscité par la droite
Vrai marqueur politique, les candidats les plus à droite, comme Nicolas Dupont-Aignan et Éric Zemmour, estiment que la sécurité serait renforcée en baissant la majorité pénale à 16 ans. Le deuxième est d’ailleurs le prétendant qui a sans doute le plus axé sa campagne sur la sécurité et l’immigration. L’ancien chroniqueur veut “une grande loi de programmation sur cinq ans” dédiée à la sécurité et l’instauration de “la présomption de légitime défense pour les policiers”. C’est-à-dire que chaque policier ayant fait usage de son arme ne pourrait pas être poursuivi de la même manière que les autres justiciables. En matière d’immigration, les deux candidats sont pour la suppression du droit du sol, Éric Zemmour allant plus loin en étant contre le regroupement familial et en promettant “un ministre de la remigration”.
À gauche, l’immigration n’est pas abordée de la même manière. Ainsi, Yannick Jadot (Europe écologie-Les Verts) émet l’idée de “régulariser les personnes installées en France”. Dans le même état d’esprit, Anne Hidalgo préfère “régulariser les sans-papiers établis en France depuis un long délai”. Pareil pour la sécurité, les deux candidats sont favorables aux alternatives à la prison, tout comme Fabien Roussel qui est absolument contre le fait d’enfermer les jeunes entre 13 et 16 ans. Des idées totalement à l’opposé de Nicolas Dupont-Aignan et Éric Zemmour. Le premier propose de créer “40.000 places de prison” dans les casernes abandonnées, tandis que son concurrent en réclame 10.000, tout en expulsant 10.000 prisonniers étrangers.
Le NPA veut désarmer la police
Seule candidate à faire peu de propositions en matière de sécurité, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) propose simplement de dépénaliser le cannabis et promeut “la liberté de circulation des migrants”, étant contre toutes formes de frontières. À l’extrême gauche aussi, Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) a lui aussi choisi des idées radicalement différentes des autres candidats. Pas favorable à l’augmentation du nombre de policiers, il suggère plutôt de les désarmer et cible même plusieurs armes utilisées aujourd’hui (tasers, LBD, grenades de désencerclement). Comme Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), il propose la suppression de la brigade anti-criminalité. Totalement opposé à la loi de sécurité globale promulguée en 2021, il réclame purement et simplement son abrogation.
Marine Le Pen (Rassemblement national)
Les Mahorais subissent une dégradation continue de leur sécurité. Les agressions physiques se multiplient. L’ultraviolence, souvent gratuite, devient un phénomène banal. Élue présidente de la République, la restauration de l’ordre et de la sécurité sera une priorité absolue pour Marine Le Pen. Aussi, la mise en œuvre d’une loi de programmation pour la sécurité et la justice permettra de créer jusqu’à 10.000 postes de policiers et gendarmes, de doubler le nombre de magistrats et de leur donner les moyens d’agir. Bien évidemment, une partie de ces nouvelles recrues sera affectée à Mayotte. Cette loi mettra fin à l’impunité des mineurs délinquants en sanctionnant dès la première infraction. À ce titre, la majorité pénale sera abaissée à seize ans. Et pour plus d’efficacité, la loi accompagnera les communes de plus de 10.000 habitants à renforcer leurs polices municipales et leurs dispositifs de vidéoprotection.
Par ailleurs, l’ensemble des chiffres disponibles à Mayotte nous montre que la criminalité et la délinquance sont d’abord liées à la submersion de l’immigration clandestine. À ce titre, Marine Le Pen se propose, dès le début de son quinquennat, de mettre un terme à l’immigration illégale en soumettant aux Français, « par la voie la plus démocratique qui soit », un référendum sur un projet de loi sur l’immigration qui s’appliquera sur toute la France, y compris en Outre-mer (suppression du droit du sol, expulsion des délinquants étrangers, fin de la régularisation des clandestins, …). Enfin, avec l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir, un changement diplomatique s’amorcera vis-à-vis de l’Union des Comores (pas d’expulsion, pas de visa pour la France).
Daniel Zaïdani, président du comité de soutien de Marine Le Pen à Mayotte
Jean-Luc Mélenchon (L’Union populaire de gauche)
La problématique de la sécurité est un problème central à Mayotte et nul responsable politique ne niera ou ne minimisera son ampleur. Les Mahorais et Mahoraises en souffrent et leur sécurité doit être garantie. Force est de constater que les réponses apportées jusqu’alors n’ont pas permis de faire reculer l’insécurité qui y règne.
Alors quelles solutions ?
1- Restaurer l’autorité de l’État en donnant à la police et à la justice les moyens de fonctionner correctement. Le département est largement sous-doté comparé à la métropole et le surmenage conduit aux burn-outs et l’absentéisme. Toutefois la seule réponse judiciaire, certes indispensable, est insuffisante.
2- Donner les moyens à l’école de fonctionner en n’écartant pas des jeunes du parcours scolaire.C’est un fléau qui est un terreau de la délinquance.
3- Mettre en place des structures et mesures de suivi des jeunes délinquants pour éviter toute récidive.
4- Faire reculer la pauvreté pour faire reculer l’insécurité en créant des emplois publics, en augmentant le SMIC (1.400 euros) et en donnant à tout jeune souhaitant poursuivre ses études une aide de plus de 1.000 euros.
5- En menant une discussion et une coopération franche et sincère avec les Comores afin de faire stopper cette immigration massive vers notre département.
Le comité de soutien de Jean-Luc Mélenchon à Mayotte
Emmanuel Macron (La République en Marche)
La sécurité est un droit fondamental car sans sécurité il ne saurait y avoir de liberté et d’épanouissement individuel. Au-delà de l’augmentation des moyens financiers et humains depuis 2017 et du renforcement des outils nationaux d’action contre la délinquance, la criminalité et le terrorisme, Emmanuel Macron a souhaité prendre à bras le corps les problèmes spécifiques des Outre-mer, avec notamment l’unification des directions de la police nationale à Mayotte, au 1er janvier 2019. Ou encore avec une déclinaison et une adaptation du “Grenelle” dans chacun des territoires d’Outre-mer, pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Dès 2017, le président de la République a placé la protection au cœur de son action. Les moyens ont été considérablement renforcés. Plus de sécurité avec 400 forces de l’ordre supplémentaires, plus de moyens pour lutter contre l’immigration clandestine avec l’opération Shikandra et plus de fermeté avec le durcissement des conditions d’accès au droit du sol portées par le sénateur Thani Mohamed Soilihi. Des mesures qui prouvent déjà leur efficacité et la volonté d’Emmanuel Macron de réduire l’immigration clandestine et de faire de Mayotte un département sûr : 22.000 reconduites à la frontière depuis le début de l’année, près de 6.000 embarcations illégales interceptées et 70% de tentatives d’entrées stoppées.
Depuis 2017, l’État a reconstitué des forces indispensables. Il ne suffisait pas de déplorer l’insécurité, il fallait donner les moyens d’agir. Et c’est ce qu’a fait Emmanuel Macron. 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires ont été recrutés, la construction de 15.000 places de prison lancée et les offensives contre les points de trafic de drogue renforcées. Pour les années à venir, il faut aller au bout de ce réarmement, juridique et matériel, pour faire respecter nos lois et nos valeurs par tous.
Les Jeunes avec Macron
Valérie Pécresse (Les Républicains)*
Pendant la présentation de son programme pour les Outre-mer, lundi dernier la suppression du droit du sol était l’une des promesses de la candidate des Républicains, citant « la Guyane » et « Mayotte » en exemple. Voulant « restaurer l’état de droit », elle a pour ambition de renforcer les moyens de la police et de la justice. Dans sa « lettre aux Mahorais », elle précisait d’ailleurs qu’elle mettrait ses renforts « au niveau nécessaire ».
Dans ce courrier, elle promettait également « un plan quinquennal avec une montée des effectifs de magistrats et de greffiers », une deuxième prison (promis également par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti lors de son récent passage à Mayotte), « un palais de justice » et « un centre pénitentiaire pour mineurs ».
Concernant l’immigration, elle veut autoriser les primo-demandeurs de titres de séjour à faire leur demande uniquement depuis les consulats français. « Les conditions de régularisation et le regroupement familial seront restreints », annonce-t-elle cependant.
*Le comité de soutien de Valérie Pécresse ne nous a pas envoyé de texte cette semaine.
Mouvement social : manque de communication et incompréhensions au lycée de Sada
Un peu plus d’un mois après un précédent mouvement de grève, le personnel du lycée de Sada revendique à nouveau une “souffrance au travail”. Jeudi 24 mars, les employés administratifs, techniques, ouvriers, sociaux et de santé (ATOSS) ainsi que des professeurs ont décidé de manifester dans l’enceinte de l’établissement pour dénoncer une “situation dégradée depuis trop longtemps”.
“Mails vexatoires, humiliations, brimades, chantage…” Les représentants des syndicats ne tarissent pas d’éloges lorsqu’il s’agit de décrire la direction du lycée de Sada. À l’origine de ces tensions ? Un cruel manque de communication entre les employés et le proviseur de l’établissement. “Nous sommes face à un pouvoir très vertical”, affirme Asma*, employée administratif, technique, ouvrier, social et de santé (ATOSS). “J’ai été évincée d’un projet que je portais depuis plusieurs années et lorsque j’ai demandé des explications, je n’ai jamais eu de réponse.” Autour de la table en salle des professeurs, tous évoquent un malaise grandissant et des discriminations.
Différents sons de cloche
“Le lycée se développe depuis trois ans. Nous avons inauguré de nouveaux bâtiments, ouvert une classe préparatoire aux grandes écoles… L’établissement évolue et certains refusent ces changements”, se défend Jean-Pierre Redjekra, proviseur au sein du lycée de Sada. En effet, les personnels en poste depuis plus de vingt ans ne cachent pas leur mécontentement à l’heure où de nouveaux cadres de catégorie A et B sont affectés à leurs postes. “C’est moi qui ai formé cette personne et aujourd’hui, je me retrouve à effectuer des tâches subalternes », se révolte Fatima*, cadre de catégorie C. Une mutation pourtant nécessaire que justifie le chef d’établissement, qui dit comprendre “que certains employés puissent se sentir lésés” et assure leur confier des missions importantes bien que différentes de celles qu’ils assuraient jusqu’à présent.
Impossible d’accorder ses violons ?
Mercredi 23 mars, les personnels éducatifs ont pu durant quatre heures discuter avec Jean-Pierre Redjekra afin de faire remonter leur mal-être. Une réunion qui n’a visiblement pas contenté les grévistes qui étaient rassemblés dès le lendemain. “Il y a un gros problème au niveau des ressources humaines”, s’indigne Marc*, enseignant en Histoire-Géographie. “Tous les arrêts maladies sont suspicieux. L’établissement demande des justifications qui n’ont pas lieu d’être. Les ATOSS n’ont pas de fiche de poste. Les contractuels soucieux de ne pas perdre leur poste souffrent en silence…”
Alors que le dialogue semble rompu, le proviseur affirme prendre en considération les demandes des uns et des autres et a d’ores et déjà programmé le 29 mars une permanence d’écoute des personnels avec un cadre des ressources humaines du rectorat. “Ceci pourrait être un moyen pour les employés de discuter avec une personne extérieure et de mettre en place des solutions”, affirme Jean-Pierre Redjekra. Mais alors véritable solution au problème ou coup d’épée dans l’eau ?
Silence radio
“À 11h aujourd’hui, le proviseur a proposé un temps d’échange, mais l’ensemble du personnel a refusé pour renvoyer à la direction le sentiment ressenti par celui-ci lorsque celle-ci refuse de répondre à nos sollicitations écrites”, répond l’un des représentants syndicaux. Mardi prochain les plaignants rencontreront également le recteur, Gilles Halbout lors d’une audience. L’occasion peut-être de trouver un terrain d’entente face à ce problème qui semble insoluble…
* Les prénoms ont été modifiés
L’ISDND : la solution mahoraise d’enfouissement des déchets
À l’heure où la majorité des départements français incinèrent leurs déchets, Mayotte a quant à elle opté pour l’enfouissement. Une solution plus adaptée à un territoire où les déchets ménagers ne sont pas correctement triés par la population et où beaucoup d’éco-organismes chargés de la revalorisation des déchets industriels manquent à l’appel. Le lieu d’enfouissement se situe à Dzoumogné, dans le nord de l’île, et se nomme ISDND pour installation de stockage des déchets non dangereux. Présentation d’une entité qui s’efforce également de valoriser autant que faire se peut les montagnes de déchets dont elle a la charge.
Lorsqu’on évoque le traitement des déchets à Mayotte, une vision désastreuse vient automatiquement à l’esprit. Et pour cause, il ne faut pas se mentir : l’île aux parfums est sale, il suffit de quitter quelques instants les routes nationales pour le constater. Une situation qui exaspère les habitants et fait fuir les touristes. Et pourtant, en bout de chaîne, il existe une structure extrêmement bien pensée chargée de l’enfouissement des déchets : l’installation de stockage des déchets non dangereux. Conçue pour éviter toute pollution des sols et des nappes phréatiques, elle est soumise à des contrôles réguliers de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement.
« L’ISDND a été ouverte en 2014 pour remplacer les cinq anciennes décharges sauvages de Mayotte où les déchets étaient brûlés sans respect des normes en vigueur en France », explique Sébastien Suchy, le directeur des entreprises sœurs Star Urahafu et Star Mayotte, appartenant toutes deux au groupe Suez. L’ISDND est une délégation de service public gérée par Star Urahafu dont le client est le Sidevam 976. Souffrant d’une image si catastrophique en raison de ses déficiences en matière de collecte, ce syndicat a donc quand même mis en place un système efficace de traitement et de revalorisation des ordures ménagères non triées et des déchets industriels banals (DIB). Ces derniers atterrissent à l’enfouissement quand il n’existe pas d’éco-organisme dédié à leur typologie à Mayotte. Ils constituent 4.3% du volume total des déchets enfouis à Dzoumogné.
Comment fonctionne l’ISDND ?
Le fonctionnement de l’ISDND repose sur une collaboration entre le Sidevam 976 et son délégataire, l’entreprise Star Urahafu. Les agents du syndicat ramassent les ordures à travers tout le territoire mahorais, à l’exception de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, qui préfère faire appel à des entreprises privées (MAP et Enzo). Une fois collectées, les ordures sont acheminées vers les quatre quais de transfert de l’île. À partir de là, les agents de Star Urahafu prennent le relais de ceux du Sidevam en récupérant les déchets déposés sur les quais pour les emmener à Dzoumogné.
Située bien à l’écart de toute habitation, sur un terrain de 23 hectares cédé au Sidevam par le conseil départemental, l’ISDND est une vaste installation à ciel ouvert. Elle se charge du traitement et de la revalorisation des ordures ménagères (88.6 %), des DIB (4.3%), des déchets issus du refus de tri (3.8%) ainsi que des boues de station d’épuration (2.3%). Les déchets valorisables issus du tri des ordures ménagères sont quant à eux collectés par l’éco-organisme Citéo, maître d’œuvre de Star Mayotte et acheminés à l’Écopôle de Longoni. Là-bas, ils sont retriés et envoyés en Inde et en Afrique du Sud pour y être recyclés. En théorie, Star Mayotte gère donc les déchets recyclables via l’Ecopôle de Longoni et Star Urahafu les déchets non recyclables via l’ISDND de Dzoumogné. Malheureusement, faute d’un tri correctement réalisé sur le territoire, beaucoup de déchets valorisables finissent à l’enfouissement.
Une fois arrivés sur le site de l’ISDND, les camions contenant les « déchets ménagers et assimilés non recyclables » et les « déchets industriels banals non recyclables » passent à l’accueil où leur chargement est contrôlé par un portique pour s’assurer de la non-radioactivité du chargement et pesé par un pont-bascule. Un agent administratif d’accueil identifie et vérifie ensuite le chargement du camion, enregistre, distribue et archive le bon de pesée. Puis, le chargement est déversé dans « le casier », une zone où toutes les ordures sont mélangées dans un premier temps (à l’exception des déchets verts qui font l’objet d’un traitement spécifique). Le fond et les côtés du « casier » sont étanchéifiés à l’aide de plusieurs couches de géomembranes de manière à éviter la pollution du sol par le lixiviat (liquide issu de la fermentation naturelle des déchets mélangé à l’eau de pluie). « Le site a été installé sur une terre argileuse étanche qui constitue déjà une sécurité passive », précise Sébastien Suchy. « Les géomembranes que nous avons installées renforcent cette étanchéité naturelle, constituant ainsi une sécurité active. »
À mesure qu’ils arrivent, les déchets sont constitués en couches verticales régulièrement recouvertes de terre pour accélérer leur putréfaction. Le casier s’élève actuellement à 45 mètres et son design a été conçu pour éviter tout risque d’effondrement. Certes, les déchets plastiques non biodégradables sont mélangés aux autres, mais ils sont compactés au maximum et, avec l’étanchéité mise en place, ne peuvent pas se répandre en dehors du casier. « Comme il n’y a pas d’usine de traitement du plastique à Mayotte, l’enfouissement est la seule solution pour les déchets plastiques non triés par la population et les DIB non pris en charge par des éco-organismes », confie le directeur. Combien de temps pourra-t-on encore enfouir ce plastique à Dzoumogné sans risque de saturation ? « La structure a été conçue pour durer 30 ans. Cela laisse le temps aux acteurs du territoire de trouver une solution plus pérenne », rassure Sébastien Suchy.
Valorisation en circuit fermé et production de compost
Le recouvrement du casier par la terre provoque la putréfaction des déchets par un processus naturel de fermentation produisant un liquide appelé lixiviat. Riche en matières organique, ce dernier ne peut pas être rejeté en l’état dans la nature et doit faire l’objet d’un traitement réalisé dans une station dédiée à cet effet. « Le lixiviat est pompé par de gros tuyaux installés au fond du casier », prévient Adrien Fabbas, le responsable d’exploitation de Star Urahafu. « Il est ensuite envoyé dans un bassin de 3.000 mètres cubes où il est traité par oxygénation, microfiltration et osmose inverse de manière à le dépolluer. Nous faisons vérifier la pureté des rejets via des échantillons envoyés dans un laboratoire en métropole et la DEAL nous soumet à des contrôles réguliers. » Une autre partie du lixiviat est quant à elle réinjectée dans le casier afin d’humidifier les nouveaux déchets Il s’agit donc d’une valorisation en circuit fermé.
Les déchets verts font quant à eux l’objet d’un traitement spécifique. Acheminés à l’ISDND par des professionnels, ils sont compactés et transformés en andins de fermentation pour, à terme, créer du compost. Ce dernier est alors mis à la disposition des agriculteurs de l’île qui peuvent venir le chercher directement sur le site. La taille de la plateforme de compost atteint les 5.000 mètres carrés.
Projet de valorisation des déchets via le biogaz
L’autre produit issu de la fermentation des déchets du casier s’avère bien plus intéressant pour le territoire : il s’agit du biogaz. Celui-ci est essentiellement composé de dioxyde de carbone et de méthane (entre 30 et 50%). Or le méthane, à l’instar du butane, de l’essence ou du diesel, est un carburant. Pour le moment, le biogaz est brûlé à la torchère, mais Star Urafahu a d’ores et déjà installé un moteur où il sera injecté pour produire de l’électricité. « Jusqu’à présent nous n’avions pas encore assez de débit pour démarrer le moteur, mais là nous y arrivons et il devrait être activé au cours de ce premier semestre 2022 », affirme Sébastien Suchy. Puisé par des puits forés au cœur du massif de déchets du casier, le biogaz sera donc injecté dans ce moteur de 1 mégawatt qui produira de l’électricité selon le principe du moteur à explosion. Sa production correspondra à l’alimentation d’une petite ville de 6.000 à 10.000 habitants. Un raccordement de ce moteur avec le réseau électrique local (EDM) est prévu de manière à réduire la proportion d’électricité issue de la dégradation des énergies fossiles, procédé très polluant malheureusement majoritaire à Mayotte (95% de la production).
L’ISDND ne se contente donc pas de stocker les déchets dont elle a la charge, mais s’efforce également de les valoriser. Encore faut-il que la quantité valorisable soit suffisante… Ce qui n’est pas encore le cas ! La faute à trop de refus ou d’erreurs de tri de la part d’une population encore peu habituée à ce geste non encore ancré dans les mentalités des habitants qui ont pour le moment encore d’autres priorités. La faute aussi au manque d’éco-organismes pour traiter les DIB. D’ici 2044, c’est-à-dire à la fin du contrat de délégation de service public passé entre le Sidevam et Star Urahafu, les acteurs du traitement des déchets sur le territoire devront avoir trouvé une solution plus pérenne. L’idéal serait évidemment une valorisation de l’ensemble des déchets produits sur l’île. Utopique ? L’avenir nous le dira !
Journée mondiale de l’eau : découvert du bassin versant de la Gouloué
Dans le cadre de la journée mondiale de l’eau célébrée le 22 mars 2022, la fédération mahoraise des associations environnementales en partenariat avec la ville de Mamoudzou, vous invitent à participer à une matinée randonnée découverte du bassin versant d’alimentation en eau potable de la Gouloué ce samedi 26 mars. Départ devant le collège de Passamaïnty à 7h30, pour un retour prévu vers 12h30.
La thématique cette année étant « Les eaux souterraines, rendre visible l’invisible », l’objectif de cette visite est de mettre en lumière les problématiques du cycle de l’eau et la vulnérabilité de la ressource eau à Mayotte. Vous pouvez vous inscrire via le lien suivant : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScLcSR-uhH0x7jIB-IAoWftvQF5vR0Ei0ibwmyTOSl3a16CPQ/viewform?usp=pp_url ou par téléphone au 06.39.10.83.18.
Devenez la prochaine Miss Salouva Mayotte
Vous avez entre 18 et 26 ans, vous êtes de nationalité française, vous aimez valoriser la culture mahoraise, vous êtes disponible minimum deux semaines entre juillet et début août 2022 ? Que votre résidence principale soit à Mayotte, en métropole, à La Réunion ou dans un autre territoire d’Outre-mer, lancez-vous dans l’aventure de Miss Salouva pour représenter la beauté mahoraise.
Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 15 mai prochain. Les castings se dérouleront le 18 avril et les quatre samedis du mois du mai. Les lieux et les horaires seront précisés ultérieurement. Pour plus d’informations, veuillez contacter le comité par email à misssalouvamayotte@gmail.com ou par téléphone au 06.39.20.17.88.
Pas de victoire mahoraise au concours d’éloquence océan Indien
Après une semaine de préparation et la demi-finale samedi dernier, la finale du concours d’éloquence océan Indien a eu lieu ce mardi 22 mars au Téat Champ Fleuri de Saint-Gilles. Les 13 candidats encore en lice ont mis du cœur dans leurs discours, tous basés sur le thème de la résilience. À l’issue de la soirée, les trois lauréats sont Romane Técher (prix coup de coeur), Asma Mohamed Ahmed (2nd prix) et Sharif Nefra (1er prix). Seule représentant mahoraise, Rayma Radjabou Boina n’a pas démérité, elle a tout donné sur scène. L’ensemble des jeunes participants étaient au premier rang pour encourager leurs pairs.
Partenaire de cette 1ère édition aux côtés de l’association Jeunes Aujourd’hui pour Demain, le Département de Mayotte a offert un exemplaire de la bande dessinée « Mayotte, rencontre de peuples et de civilisations » aux 13 finalistes, accompagné d’une lettre de félicitations du président, Ben Issa Ousseni. « Vous êtes l’avenir de nos territoires, et vous portez la voix de la jeunesse de l’océan Indien. En tant qu’élus et décideurs, nous avons le devoir de vous écouter car par vos mots, vous traduisez la pensée de vos pairs. »