Les principaux acteurs de la santé du territoire étaient présents pour inaugurer la nouvelle maison de santé des Hauts-Vallons.
Ce mercredi 6 juillet, Olivier Brahic, le directeur général de l’ARS, a inauguré la nouvelle maison de santé des Hauts-Vallons, située à Majicavo. Il a également profité de cet évènement pour appeler les Mahorais à la plus grande vigilance face au Covid-19 qui connaît une recrudescence à Mayotte à l’instar des autres départements français. En cause : le sous-variant BA.5 du variant Omicron dont le taux d’incidence vient de dépasser les 50 cas pour 100.000 habitants.
En amont de l’inauguration de la nouvelle maison de santé des Hauts-Vallons, Olivier Brahic, le directeur général de l’ARS, a souhaité adresser un message aux Mahorais pour qu’ils redeviennent vigilants face à l’épidémie de Covid-19. Le taux d’incidence du sous-variant BA.5 vient en effet de dépasser les 50, seuil officiel d’alerte. Aucun retour des restrictions obligatoires n’est au programme pour le moment, mais Olivier Brahic en appelle simplement à « la responsabilité individuelle ». « Jusqu’à présent, le taux d’incidence à Mayotte se situait entre 20 et 30. En une semaine, il a quasiment doublé », déclare-t-il. « Si le sous-variant BA.5 n’a pas montré de signes de dangerosité particulière par rapport aux autres variants, il est revanche très contagieux. » D’où l’importance de porter un masque dans les lieu clos, de respecter les gestes barrière, de se laver régulièrement les mains, et d’être à jour de ses vaccinations.
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C’est au président du conseil d’administration de la CSSM qu’est revenu l’honneur de couper le ruban.
Les acteurs de la santé ont visité les locaux avec grand intérêt.
Masque sur le nez pour montrer l’exemple, Olivier Brahic a rappelé à la population mahoraise l’importance de continuer à rester vigilant face à la recrudescence de l’épidémie de Covid-19.
Concernant ce dernier point, la population mahoraise est en retard. 68% des plus de 60 ans n’ont pas effectué leur 3ème dose alors même qu’il s’agit de la population la plus à risque et qu’une 4ème dose est d’ores et déjà disponible pour eux et les personnes immunodéprimées. « Si le vaccin n’empêche pas la contagion, il est en revanche très efficace pour éviter les formes graves de la maladie », martèle le directeur. L’ARS a par ailleurs le projet de distribuer bientôt des auto-tests dans les aéroports et dans les communes qui se chargeront de les donner aux habitants. « Il faut se tester dès l’apparition du moindre symptôme », insiste Olivier Brahic.
Une nouvelle maison de santé pour Mayotte
Après cette piqûre de rappel, le directeur général de l’ARS a inauguré la nouvelle maison de santé des Hauts-Vallons en présence de Jean-Yves Casano, le directeur de la coordination des Outre-mer au sein de la sécurité sociale, d’Imane Alihamidi-Chanfi, la directrice générale de la CSSM et du Dr. Florence Lacroix, médecin conseil et directrice de la gestion des risques de la région océan Indien. Mais c’est au président du conseil d’administration de la CSSM qu’est revenu l’honneur de couper le ruban. « Cette nouvelle maison de santé sera un gros bénéfice pour inscrire les patients mahorais au sein d’un parcours de soins coordonnés et la multiplication de ces structures sur le territoire renforcera l’attractivité des professionnels de santé libéraux », indique Olivier Brahic.
Imane Alihamidi-Chanfi, la directrice générale de la CSSM, a réussi à obtenir de la caisse nationale de l’assurance maladie une dérogation pour pouvoir ouvrir cette nouvelle maison de santé avec un seul médecin généraliste alors que, normalement, il en faut au moins deux. « Ils ont accepté de s’adapter aux spécificités du territoire et j’espère que l’ouverture de cette maison de santé attirera d’autres médecins », confie-t-elle. La structure comporte également une infirmière, une sage-femme et un kinésithérapeute. « Nous continuons nos efforts pour attirer d’autres professionnels de santé libéraux sur le territoire. »
Une médiatrice de la communauté de communes de Petite-Terre, apprenant les bases de la conjugaison aux élèves de l’école du civisme.
En plein cœur du quartier prioritaire de la Vigie, l’école du civisme ouvre jours après jours ses portes aux jeunes dont l’école publique n’a pas voulu. Outils de lutte contre la délinquance, l’organisme dispense des cours de remise à niveau pour les élèves désireux d’intégrer par la suite un cursus académique.
Errance, violence, délinquance… La jeunesse mahoraise se heurte à de nombreuses problématiques sociales. Alors qu’ils représentent plus de 50% de la population, les moins de 18 ans peinent à trouver une place au sein des écoles de la République. Pour ne pas les laisser livrer à eux-mêmes, leur donner des bases scolaires et un cadre, les médiateurs de la communauté de communes de Petite-Terre ont eu une idée : créer l’école du civisme. Inspirée d’un dispositif similaire mis en place par le capitaine Chamassi, l’établissement scolaire basé au sein de la maison de quartier intercommunale Dagoni La Vigie accueille au quotidien vingt jeunes de sept à vingt ans.
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Un atelier éducatif destiné aux plus jeunes élèves de l’école du civisme.
Les plus jeunes élèves de l’école du civisme en plein atelier éducatif.
Les élèves les plus âgés de l’école du civisme dans leur salle de cours.
Français, mathématiques, sorties pédagogiques ou encore activités sportives, pas le temps de s’ennuyer. À l’école du civisme, on développe le vivre ensemble et on fait travailler ses neurones. Comme Asma*, sept ans, les élèves ne rateraient pour rien au monde leurs heures de cours. “Ça me plaît d’aller à l’école”, s’extasie la petite fille un crayon de couleur à la main. Une chance dont ils ont bien conscience et qu’ils feront tout pour ne pas gâcher. “Nous les préparons à intégrer l’école publique en apprenant les bases de la lecture, l’écriture et le calcul”, explique Naïla, animatrice au sein de l’école du civisme depuis bientôt un an.
Silence, on réfléchit
Tandis que les plus petits abordent les sons et l’alphabet via une activité de coloriage, les plus grands révisent les règles de conjugaison. “Apprendre, c’est un verbe de quel groupe ?”. Dans la classe, les cerveaux sont en ébullition et les élèves se concentrent. “Grâce à nos partenaires, nous arrivons à trouver des places en formation pour certains de nos élèves”, détaille Sofiane Charafoudine, adulte relais chargé de la prévention spécialisé au service politique de la ville de l’intercommunalité. Responsable de la gestion de l’école du civisme depuis sa création le 13 février 2019, le Mahorais originaire de Labattoir se félicite du travail déjà accompli et espère pouvoir développer encore cette structure. “Nous sommes limités à deux classes et vingt élèves, chaque jour nous recevons des demandes de parents pour que nous accueillions leurs enfants”, confie-t-il. Bon moyen de prévenir et de lutter contre la délinquance, l’occupation des jeunes leur permet également d’être intégrés dans la société et de trouver un emploi.
“Nous mettons en place divers ateliers pour aider les habitants du quartier”, avance Abdouramane Bedja, adulte relais chargé de la cohésion et responsable de la maison de quartier intercommunale Dagoni La Vigie. Interventions d’associations culturelles, ateliers manuels et peut-être bientôt, mise en place d’un jardin partagé, l’équipe de la communauté de communes de Petite-Terre se met au service des riverains pour les sortir de l’oisiveté.
Avec son association Aquatic Nage Mayotte, Alain Baron tente tant bien que mal de démocratiser la pratique de la natation. Si des formations se mettent en place pour façonner les maîtres-nageurs de demain, les projets avancent au ralenti en raison d’un manque de volonté politique. Également coordinateur du comité départemental de la fédération française de sauvetage et de secourisme, il a pour mission de développer le sauvetage sportif côtier qui doit amener la construction de postes de secours et tendre vers une professionnalisation du milieu.
Flash Infos : Alors que l’apprentissage de la natation est une priorité de l’Éducation nationale, vous avez, comme vous l’aviez annoncé dans nos colonnes en février dernier, organisé des formations pour faire monter le territoire en compétences…
Alain Baron : Tout à fait, nous avons mis en place avec le comité départemental de la fédération française de sauvetage et de secourisme des formations en mai et juin : trois ont passé avec succès le brevet de surveillant de baignade (BSS) pour pouvoir exercer dans les accueils collectifs de mineurs et cinq ont réussi le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) pour travailler dans les milieux naturels avec accès non payant. Il y a quelques jours, nous avons répondu à un appel d’offre de la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) pour de la pré-formation au brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) spécialisation activités aquatiques et natation (AAN).
D’ailleurs, nous avons pu promouvoir le BNSSA, qui a été soit dit en passant réalisé en mer pour se rapprocher au plus près de la réalité du terrain, lors de l’événement Défi Glisse (le dimanche 26 juin sur la plage du Faré en Petite-Terre), une épreuve de relais des championnats du monde de sauvetage côtier, en lien avec l’équipe de water-polo de Koropa.
FI : Selon vous, y-a-t-il eu une prise conscience de la part de la population sur l’importance du savoir nager ?
A.B. : Vous savez, nous ne pouvons développer le lagon et le tourisme sans la présence de professionnels, que ce soit dans le nautique ou l’aquatique… Raison pour laquelle, nous travaillons en étroite collaboration avec l’école maritime. Le fait de disposer de postes de secours sur les plages permet de protéger l’environnement, de sécuriser le public et de proposer des activités ludiques. Toute cette stratégie a pour conséquence de réduire le nombre de vols, mais aussi celui de noyés ! Grâce au comité départemental de la fédération française de sauvetage et de secourisme, nous avançons petit à petit, mais un long chemin reste à parcourir…
FI : Indépendamment de la formation et des infrastructures, la question de l’aménagement et de la sécurisation en mer se pose également. Quelles avancées avez-vous pu noter de ce côté-là ?
A.B. : La mairie de Dzaoudzi-Labattoir avait installé des bouées de chenal au Faré. Elles sont toutes été volées… Tant que les municipalités ne mettront pas en place une surveillance digne de ce nom et qu’elles ne prendront pas d’arrêtés municipaux, nous n’avancerons pas ! À partir du moment où il y a un poste de secours, nous pouvons faire appliquer la loi et éviter tous ces excès. Il faut qu’au moins un élu mette la main à la patte pour créer un effet boule de neige auprès de ses pairs. Cela ne pourra se régler qu’à force d’en parler, pas autrement.
FI : Vous avez également comme ambition de faire venir une piscine hors sol pour les scolaires. Où en est ce projet ?
A.B. : J’avais formé deux Mahorais au BNSSA à Dzaoudzi-Labattoir. Nous devions mettre en place une école de natation pour tous les enfants de Petite-Terre cet été. Malheureusement, encore une fois, cela bloque… Ce n’est pas une question de budget puisque la mairie a reçu les fonds, mais plutôt un problème humain : visiblement un projet porté par un Blanc avec un savoir ne passe pas auprès des agents mahorais ! Je m’en fous, je n’ai rien à perdre, je n’ai aucun intérêt personnel. Ce qui est vital aujourd’hui est que tous les jeunes sachent nager. Mon contact à la municipalité est parti se faire opérer en métropole. Depuis, tout tourne au ralenti alors que de nombreuses associations me sollicitent. Après six mois d’attente pour recevoir l’affiliation, huit mois pour ouvrir un compte bancaire et dix mois pour obtenir un crédit de 10.000 euros, le projet va enfin voir le jour !
FI : Comment appréhendez-vous la rentrée scolaire ?
A.B. : Les tests réalisés cette année sont mauvais… J’ai sillonné toutes les plages où le second degré intervient. Si nous continuons en ce sens, nous n’aurons pas de nageurs pour les Jeux des îles de l’océan Indien en 2027 ! Il faut savoir dire la vérité aux responsable, les chiffres parlent d’eux-mêmes : nous n’avons que 30% de réussite sur des activités de natation dans le 1er degré. Nous ne donnons pas les moyens aux enfants de s’en sortir. Il existe une mauvaise volonté de part et d’autre. Sans parler des conditions de travail des maîtres-nageurs qui sont soumis à plusieurs problématiques telles que l’hébergement, le transport, le salaire. J’ai tenté à maintes reprises de les évoquer, mais chacun tire la couverture sur soi. Il y a un manque criant d’humilité !
Ambdilwahedou Soumaïla et son équipe municipale ont soufflé ce mardi 5 juillet leurs deux ans à la tête de la mairie de la ville chef-lieu. L’occasion pour le premier magistrat de tirer un premier bilan, mais aussi de revenir sur son projet phare, Mamoudzou 2030, ainsi que sur ambition environnementale. Entretien.
Flash Infos : Ce mardi, vous avez célébré vos deux ans à la tête de la municipalité de Mamoudzou. Quel bilan tirez-vous de ces 24 derniers mois ?
Ambdilwahedou Soumaïla : Ces deux premières années nous ont permis de poser les bases, à travers le projet de territoire « Mamoudzou 2030 ». Lors de la précédente mandature, zéro salle de classe n’avait été construite… Grâce à notre schéma directeur des écoles, nous allons en avoir une quarantaine de nouvelles d’ici la fin de l’année. Ce sont des chantiers déjà en cours ! Et plus de soixante-dix autres sont projetées pour 2025. L’éducation reste le ciment pour le développement d’un territoire. Pareil, ce n’est pas normal de ne pas avoir des crèches municipales. Nous avons donc un plan pour aider toutes les initiatives privées et associatives. Chaque porteur de projet peut ainsi recevoir une enveloppe de 15.000 euros.
Nous avons fait le choix de placer Mamoudzou dans l’excellence, notamment éducative. Nous avons obtenu des subventions européennes pour que le numérique devienne une réalité dans les établissements scolaires. Il s’agit de l’un de nos engagements de campagne et nous sommes en passe de le réaliser. Toujours sur le même thème, nous devons passer de la collation à une véritable restauration scolaire. Dès la rentrée prochaine, les premières expérimentations seront menées dans deux groupes scolaires.
Nous devons également créer les conditions pour permettre à la jeunesse d’exceller dans le sport. Raison pour laquelle le conseil municipal a délibéré pour instaurer une bourse d’excellence de l’ordre de 6.000 euros par an car nous ne bénéficions pas encore de centre de formation. D’ailleurs, les travaux du stade de Tsoundzou commencent cette semaine ! Et nous allons prochainement livrer le plateau de Vahibé. Il y a aussi le complexe sportif de Passamaïnty. Et nous allons inaugurer le 19 août prochain la première école de l’excellence sportive à M’Tsapéré entre le plateau couvert, la MJC et le stade de football.
L’agenda des deux premières années a permis de lancer toutes ces réflexions, mais aussi de former nos agents. Nous avons validé un plan de formations sur dix ans pour permettre à qui le veut de se former. Un agent formé assure un service public plus efficace. C’est ce qu’attendent de nous nos concitoyens !
FI : Parmi vos réalisations, de quel projet emblématique êtes-vous le plus fier ?
A.S. : Ma fierté repose sur le fait que nous ayons pu collectivement avec les agents et les partenaires réunir les conditions pour aboutir à un projet de territoire à court, moyen et long terme, ce qui n’a jamais été fait sur la commune de Mamoudzou. Celui-ci se définit à travers 123 actions, six thématiques principales et trente objectifs. Exemples avec la propreté urbaine, cause communale pour les dix prochaines années, l’excellence éducative, l’aménagement et l’équilibre territoriale entre le nord et le sud, l’attractivité, la jeunesse, la sécurité et la tranquillité publique.
Le front de mer est un vrai projet et je suis très heureux d’avoir pu et su mobiliser l’ensemble des partenaires institutionnels et des entreprises qui gravitent autour parce qu’il s’agit de la vitrine de Mamoudzou et de Mayotte plus largement. Nous avons lancé la dynamique pour nous permettre de commencer les travaux lors de cette mandature.
Tout cela se décline aussi avec des projets structurants, notamment la ZAC de Doujani dont le chantier va débuter d’ici la fin de l’année. Sans oublier le palais congrès qui pourra accueillir des événements d’envergure régionales et internationales. C’est l’ambition que nous nous donnons.
FI : Vous l’avez dit, vous avez fait de la propreté urbaine une cause communale dès votre prise de fonction. Comment vous y prenez-vous pour faire évoluer les mentalités de vos administrés ?
A.S. : Comme je le disais, la propreté urbaine a été déclarée cause communale lors du premier conseil municipal et est en cours de mise en œuvre. L’organisme Citeo, qui accompagne les collectivités dans les actions liées au développement durable, à la préservation des écosystèmes et de l’environnement, nous a permis d’obtenir un peu plus de 500.000 euros pour acquérir des moyens matériels, tels que des véhicules roulants, que nous mettrons à disposition des agents. À cela, il faut ajouter la réorganisation des services et l’augmentation des effectifs pour arriver à bout de l’insalubrité chronique dont souffre singulièrement la ville chef-lieu. Nous nous appuyons également sur la mobilisation de l’ensemble des partenaires associatifs pour faire de la sensibilisation. À ce sujet, nous travaillons avec le rectorat pour que les enfants, en plus de savoir lire et compter, aient une sensibilité environnementale.
FI : L’une de vos mesures phares pour réduire les embouteillages a été retoquée par le tribunal administratif. Quelles solutions alternatives allez-vous mettre en place pour rattraper cet échec ?
A.S. : Sur la question de la circulation, j’ai eu l’occasion d’y répondre en proposant une expérience. Nous sommes dans un territoire de France, nous sommes des Républicains. Le juge a considéré que nous n’avions pas mis assez d’alternatives afin de mettre en vigueur ce dispositif novateur. Nous l’avons entendu ! Nous travaillons en parallèle sur la création d’un réseau qui lie le sud et le nord de Mamoudzou pour un montant de 35 millions d’euros, que nous avons appelé les liaisons inter-villages, pour éviter d’emprunter les routes nationales 1 et 2. L’idée, en lien aussi avec le projet Caribus, est de promouvoir les mobilités douces en sécurisant les trottoirs. Une première phase de 15 millions d’euros débutera d’ici la fin de l’année 2023 et s’achèvera en 2025. La seconde se terminera en 2026. Nous sommes pleinement engagés pour que l’ensemble des automobilistes puisse se déplacer dans les meilleures conditions possibles. Une nouvelle voie va voir le jour entre le collège de Passamaïnty et Tsoundzou pour une somme de 2.8 millions d’euros et une livraison en 2023.
La conférence de presse à la Case Rocher s’est faite en présence de membres de l’INSEE et de la préfecture de Mayotte.
L’Institut nationale de la statistique et des études économiques et la préfecture de Mayotte se sont associés pour dresser un panorama économique et social de la situation des femmes sur l’île aux parfums. Réalisée par Sébastien Merceron, cette étude a été dévoilée ce mardi 5 juillet 2022 à la Case Rocher en Petite-Terre et sa synthèse est en ligne sur le site de l’INSEE.
L’étude menée par Sébastien Merceron de l’institut national de la statistique et des études économiques, en collaboration avec la préfecture de Mayotte, a été dévoilée ce mercredi 5 juin à la Case Rocher. Extrêmement longue et détaillée (l’étude complète fait 48 pages), ce panorama de la situation des femmes de l’île au lagon a été présentée au public présent pendant près de quatre heures. Une synthèse, disponible sur le site de l’INSEE, a néanmoins été réalisée et dévoile les grandes conclusions de l’étude : les femmes sont plus nombreuses à Mayotte que les hommes et ont un accès plus faible à l’emploi, en particulier pour celles nées au Comores. Elles ont un taux de fécondité nettement supérieur à celui de la métropole et sont aussi bien plus souvent victimes de violences. Par ailleurs, elles souffrent souvent d’obésité faute d’une alimentation saine et d’une activité physique régulière. En revanche, beaucoup pratiquent des danses traditionnelles comme le debaa ou les mbiwis et seules 50% d’entre elles affirment manquer de temps libre contre 70% en métropole.
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Un nombreux public est venu assister aux résultats de cette étude.
Ce panorama a aussi démontré que beaucoup de femmes s’adonnaient aux danses traditionnelles à Mayotte. Crédit : expo photo « au cœur du debaa », 2015.
L’emploi des femmes progresse, mais reste en retrait
Bien que la scolarisation des femmes à Mayotte ait eu du retard par rapport à celui des hommes, les jeunes mahoraises sont désormais souvent davantage diplômées que leurs homologues masculins. Sept femmes sur dix âgées d’entre 20 et 29 ans possèdent en effet un diplôme qualifiant contre six hommes sur dix dans la même tranche d’âge. En revanche, seules deux sur dix résidant à Mayotte mais nées à l’étranger sont diplômées et un tiers d’entre elles n’ont jamais été scolarisées. Cet écart avec les natives de Mayotte est valable dans tous les domaines. Ainsi, si les femmes font désormais davantage d’études que les garçons, le pourcentage des décrochages scolaires est nettement plus élevé chez les enfants nés à l’étranger. Ce fait explique que, malgré la meilleure scolarisation et réussite scolaire des femmes nées sur le département, au final 44% de celles âgées de 15 à 29 ans qui vivent sur l’île n’ont ni emploi ni formation soit dix points de plus que parmi les jeunes hommes.
L’emploi au féminin est d’ailleurs encore rare à Mayotte. En 2019, seules 27% des femmes résidant à Mayotte et en âge de travailler disposaient d’un emploi. Même si leur taux d’emploi a nettement progressé depuis 2009, il reste plus de deux fois plus faible que celui des femmes résidant dans l’Hexagone. La problématique de la garde des enfants est l’un des grands freins à l’emploi sur l’île dans un contexte de forte fécondité. À diplôme égal, les Mahoraises sont nettement moins souvent en emploi que les Mahorais et leurs emplois sont moins diversifiés (un sur deux est occupé dans la fonction publique). En outre, elles restent minoritaires dans les emplois de cadre, même si elles y accèdent plus souvent qu’avant. Toutefois près d’une entreprise individuelle sur deux est créée par une femme à Mayotte, ce qui témoigne de leur forte participation aux emplois non salarié.
Un grand nombre de mères isolées aux conditions de vie précaires
Si la vie de couple démarre tôt pour les femmes à Mayotte, les séparations interviennent également tôt et, dès 35 ans, elles sont de moins en moins souvent en couple. Du fait de ces séparations et de la forte fécondité, 23% des femmes âgées de 20 à 54 ans vivent seules avec leur(s) enfant(s), un taux deux fois plus élevé qu’en métropole. Ainsi, ces mères isolées sont souvent confrontées à une grande précarité et la quasi-totalité d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté national dans des conditions d’habitat difficiles. Avec 4.6 enfants par femme, le taux de fécondité à Mayotte est le plus élevé de France. Confronté à de nombreuses maternités, à une alimentation souvent peu équilibrée et à un manque d’activité physique, elles souffrent davantage de limitations fonctionnelles et de maladies chroniques. Plus d’un tiers d’entre elles sont notamment en situation d’obésité. La moitié renoncent à se soigner faute d’argent ou d’une offre médicale suffisante.
Les femmes mahoraises davantage victimes de violences que les métropolitaines
Les femmes vivant sur l’île au lagon sont également plus souvent victimes de violences. En 2020, 9% des adultes indiquent avoir subi des violences sexuelles ou physiques au cours des deux dernières années, soit deux fois plus qu’en France métropolitaine. En particulier, 5% d’entre elles déclarent avoir subi des violences sexuelles, principalement par des hommes extérieurs au ménage, soit quatre fois plus que dans l’Hexagone. 5% d’entre elles précisent avoir subi des violences physiques par leur entourage essentiellement familial.
Gérald Darmanin, désormais ministre de l'Intérieur et des Outre-mer.
Le deuxième gouvernement d’Élisabeth Borne est désormais connu. Gérald Darmanin devient ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et l’ancien préfet Jean-François Carenco son ministre délégué.
C’est par un communiqué de presse de l’Élysée diffusé lundi en fin de matinée, peu avant 11h, que la composition attendue du nouveau gouvernement a été rendue publique. Le deuxième gouvernement d’Élisabeth Borne nommé par le président de la République comporte 42 membres, avec quelques changements par rapport à l’équipe précédente et de nouveaux ministres.
Jean-François Carenco, nouveau ministre délégué aux Outre-mer.
Au nombre de ces changements, l’un des premiers intéresse directement Mayotte. Le numéro trois du gouvernement, Gérald Darmanin, voit en effet ses attributions élargies, devenant ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. C’est un nouveau venu issu de la haute fonction publique, Jean-François Carenco, qui prend les fonctions de ministre délégué chargé des Outre-mer.
Ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA), promotion Michel de L’Hospital (1979), Jean-François Carenco a débuté sa carrière comme magistrat, conseiller de tribunal administratif. Après un passage en collectivité territoriale au district de Montpellier de 1983 à 1988, il a rejoint la préfectorale, d’abord en Outre-mer en qualité de secrétaire général adjoint pour les affaires économiques puis secrétaire général du haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie, de 1988 à 1991, à une époque importante pour ce territoire au lendemain des accords de Matignon, ensuite comme secrétaire général de la préfecture des Yvelines de 1991 à 1996, puis préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon (1996-1997), du Tarn-et-Garonne (1997-1999), de Guadeloupe (1999-2002) et de Haute-Savoie (2002-2004). Il devient alors en 2004 directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale au sein du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, puis ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement dans le gouvernement de Villepin. À nouveau préfet, cette fois de Région en Seine-Maritime et Haute-Normandie en 2006, il retrouve Jean-Louis Borloo dès 2007, devenant conseiller spécial du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Emploi. Suit un nouvel aller-retour entre préfectorale et cabinet ministériel : préfet de Haute-Garonne et de la région Midi-Pyrénées de 2007 à 2008, Jean-François Carenco redevient directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo devenu ministre d’État, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer jusqu’au départ de Jean-Louis Borloo du gouvernent Fillon en 2010. Jean-François Carenco est alors nommé préfet du Rhône et de la région Rhône-Alpes, fonctions qu’il occupera jusqu’en 2015 avant d’accéder au sommet du corps préfectoral, promu en 2015 préfet de la région Île-de-France. Il était, depuis 2017, président de la Commission de régulation de l’énergie.
C’est donc un haut fonctionnaire expérimenté, connaissant bien tous les rouages de l’État, qui va prendre en charge, au sein de ce nouveau gouvernement, le difficile portefeuille de l’Outre-mer. Succédant à l’éphémère Yaël Braun-Pivet, désormais détentrice du plus bref passage rue Oudinot (un mois et quatre jours) et devenue, mardi dernier, présidente de l’Assemblée nationale, et de manière directe à la première ministre Élisabeth Borne qui assurait l’intérim et avait récupéré le portefeuille des Outre-mer à la suite de la démission de la première le 25 mai dernier. Ceux qui ont eu l’occasion de travailler avec lui louent “sa rigueur, sa diplomatie, sa fermeté républicaine et son sens de l’État”, selon les mots d’un ancien député et ancien ministre lyonnais. Le responsable du Parti socialiste de Guadeloupe, Olivier Nicolas, reconnaît en lui un “très bon connaisseur de nos territoires”, même s’il déplore la relégation avec la nomination d’un ministre délégué. C’est aussi l’avis du député LR de Mayotte Mansour Kamardine, pour lequel le “niveau d’expérience du nouveau ministre est un bon signal” pour les territoires ultramarins. “Il connaît par cœur le fonctionnement de l’État, les leviers pour débloquer les dossiers et les rouages pour les faire avancer”, estime l’ancien maire de Sada.
Relégation et “mépris”
Depuis l’annonce du nouveau gouvernement, les critiques pleuvent de la part des oppositions qui dénoncent le fait que les Outre-mer ne seraient plus qu’un ministère délégué, une “relégation” qui témoignerait d’un “mépris du gouvernement à l’égard des territoires ultramarins”, selon la députée de la Réunion Karine Lebon, élue Nupes et siégeant au groupe communiste au Palais Bourbon. Même son de cloche chez la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, pour laquelle la composition du gouvernement reviendrait à “punir nos compatriotes ultramarins d’avoir mal voté” – pour elle faut-il comprendre. Même son de cloche chez l’ancien ministre des Outre-mer et sénateur de la Guadeloupe Victorin Lurel, pour lequel la nomination de Jean-François Carenco, qu’il juge cependant “tout à fait capé pour être ministre”, serait une “régression” et s’apparenterait à une “punition électorale”. “Nos territoires ultramarins méritent (…) mieux que d’être considérés comme une France de seconde zone, des territoires secondaires sous tutelle”, a renchéri la députée, ex-LR et désormais membre du groupe LIOT, de la Réunion Nathalie Bassire.
Plus fortes encore sont les critiques quelque peu débridées des députés indépendantistes de Polynésie. Ainsi Moetai Brotherson, élu Nupes qui siège au groupe communiste Gauche démocrate et républicaine, regrette-t-il d’avoir un “inconnu” comme ministre. “Même s’il a été préfet à Saint-Pierre-et-Miquelon et en Guadeloupe”, le nouveau ministre délégué “ne connaît ni la Polynésie ni la Nouvelle-Calédonie”, a-t-il déclaré sur France Info. De manière assez étrange d’ailleurs puisqu’à suivre celui-ci, il faudrait que toute personne nommée à l’Outre-mer ait fait le tour des territoires ultramarins dans ses fonctions antérieures, à moins qu’il ne s’agisse dans l’esprit du député des îles Sous-le-vent que de la seule connaissance préalable des dossiers polynésiens. Preuve surtout que ce parlementaire d’extrême gauche connaît assez peu ses dossiers et est nettement plus porté vers l’opposition systématique, puisque le nouveau ministre Jean-François Carenco a passé trois années au haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie. Le même Moetai Brotherson s’est alarmé du mauvais présage que constituerait cette nomination : “il faut croire que les Outre-mer sont un trouble public à l’ordre républicain.” Une critique partagée par son jeune collègue indépendantiste Tematai Le Gayic, autre élu Nupes et qui a déjà fait parler de lui en exigeant la semaine dernière que “la République française quitte la Polynésie” (sic). Ce dernier n’hésite pas à fustiger le rattachement des Outre-mer à l’Intérieur, estimant que l’on va désormais gérer les crises Outre-mer en envoyant le GIGN. Ou quand la critique vire au simplisme, apanage fréquent des idéologues sectaires.
Les parlementaires de Mayotte sont eux plus pragmatiques. “Nous revenons à la pratique du ministère délégué, courante durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy”, rappelle le sénateur (Renaissance) Thani Mohamed Soilihi. “Quelle que soit la formule, ministère de plein exercice, ministère délégué ou secrétariat d’État, ce qui importe finalement aux Ultramarins est de se sentir représentés, entendus et soutenus”, estime-t-il. Même s’il avoue s’interroger sur “la pertinence de maintenir un ministère chargé de l’ensemble de territoires dont les particularités sont censées en faire un point commun, tout en n’y incluant pas la Corse et n’attribuant à ces territoires que 9% des crédits nécessaires à leurs politiques publiques”. “Que le ministère des Outre-mer soit sous la tutelle du ministre de l’Intérieur n’est pas un problème”, ajoute pour sa part Mansour Kamardine, même s’il aurait préféré, avoue-t-il, un “rattachement à la première ministre ou même directement au président de la République” – une hypothèse inconstitutionnelle, tempère un professeur de droit. “Ce qui importe le plus”, selon lui, “est la marge de manœuvre dont disposera les ministres au sein du gouvernement”.
Gérald Darmanin a lui-même tenu à répondre à ces flèches lancées par les oppositions parlementaires, lors de la prise de fonctions des deux ministres, lundi après-midi, au ministère des Outre-mer. “Pour le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer ainsi voulu par le président de la République et la première ministre, il y a désormais deux ministres pour s’occuper de nos compatriotes ultramarins”, justifie Gérald Darmanin. “S’il y a bien un intérêt que le ministère des Outre-mer soit rattaché au ministère de l’Intérieur avec son autonomie, son indépendance propre, Jean-François Carenco va trouver auprès du ministère de l’Intérieur un poids politique, un poids budgétaire pour défendre le ministère et chacun des territoires ultramarins. Il y a également des questions institutionnelles, on pense à la Nouvelle-Calédonie dont il appartient d’écrire une nouvelle page de son histoire, mais aussi des questions de sécurité et d’immigration qui se posent dans certains territoires ultramarins”, ajoute-t-il avec une allusion à peine voilée à la Guyane et au département de Mayotte.
Il n’est pas sûr que de leur côté les Mahorais voient d’un mauvais œil le rattachement des Outre-mer à l’Intérieur, alors que l’immigration clandestine et la délinquance sont des problèmes que tous considèrent comme prioritaires à Mayotte. Le rapport rendu public par la Cour des comptes jeudi dernier (notre édition de vendredi) le rappelait d’ailleurs avec force. Quant à la relégation des Outre-mer, il est permis de voir autrement les choses, comme le note un maire mahorais rencontré ce lundi. C’est désormais le numéro 3 du gouvernement qui a la charge des Outre-mer, en plus de l’Intérieur mais aussi des collectivités territoriales et de l’immigration, avec à ses côtés un ministre délégué spécifiquement délégué aux Outre-mer. Un aspect que souligne le sénateur Thani Mohamed Soilihi. “Le ministère de l’Intérieur étant celui qui représente les collectivités territoriales, que les Outre-mer soient en son sein ne peut pas être négatif. Étant également chargé de la sécurité et de l’immigration, le département de Mayotte compte énormément sur l’action directe et déterminée du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer pour l’aider à lutter efficacement contre les fléaux de l’insécurité et de l’immigration clandestine.” Une opinion que partage le maire LR de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla qui, rappelant que la commune dont il est l’édile a pu bénéficier d’une aide substantielle d’un million d’euros de la part de Gérald Darmanin en vue de financer l’installation en cours de systèmes de vidéosurveillance supplémentaires, se félicite d’avoir “un interlocuteur face à l’enjeu que représente la sécurité sur notre territoire, et face à l’enjeu que constitue le développement économique et social de Mayotte”.
On imagine que Gérald Darmanin aura à cœur de répondre aux attentes de la population mahoraise et de ses élus qu’il avait rencontrés lors de sa visite à la fin du mois d’août dernier. L’arrivée récente de renforts de police est notoirement insuffisante, ainsi que l’ensemble des candidats aux élections législatives de juin dernier l’a relevé. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer s’était aussi engagé, lors de son déplacement ministériel, à augmenter les moyens de la lutte contre l’immigration clandestine, avec des renforts maritimes et une surveillance aérienne dès cette année. La concrétisation de ces promesses sera attendue par les Mahorais et nul doute que les députés de Mayotte, Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine, sauront les lui rappeler à l’Assemblée nationale, tout comme les sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Hassani Abdallah (MDM) au Palais du Luxembourg.
“À Mayotte tous les dossiers sont prioritaires”
Lors de la passation de pouvoir intervenue lundi en début d’après-midi place Beauvau, peu avant la tenue du premier conseil des ministres, le nouveau ministre délégué a estimé que “l’Outre-mer (devait) être un endroit où s’invente la France de demain”. Et de vouloir faire des Outre-mer “le fer de lance de la République”. Vaste programme. Les deux nouveaux ministres, tout comme l’ensemble du gouvernement, ont donc du pain sur la planche.
De manière immédiate et s’agissant de notre territoire, Jean-François Carenco a dû trouver sur son nouveau bureau de la rue Oudinot le rapport de la Cour des comptes sur le développement de Mayotte, les magistrats financiers estimant avec sévérité que l’État et le département ont failli à leurs missions sur des thèmes majeurs qui minent la vie quotidienne de la population de notre île. Il aura aussi à se pencher très rapidement, à l’occasion du projet de loi sur le pouvoir d’achat, sur le sujet de la vie chère, préoccupation de toutes les populations ultramarines qui sont confrontées à des prix exorbitants au regard de leurs revenus, ou encore sur la nouvelle vague de Covid qui a déjà gagné les Antilles. Surtout c’est pour les Mahorais la marche vers l’égalité réelle qui est un sujet prioritaire. Même si en réalité, comme le résume un élu départemental, “la situation de Mayotte est telle que tous les dossiers sont ici prioritaires”.
À Mayotte on surveillera l’attention que portera le nouveau ministre délégué au territoire. Alors qu’Ericka Bareigts, nommée ministre des Outre-mer fin août 2016, avait réservé son premier déplacement au 101ème département, et qu’Annick Girardin l’avait imitée en 2017, Sébastien Lecornu, nommé ministre des Outre-mer début juillet 2020 au sein du gouvernement Castex, avait pour sa part attendu près de quatorze mois avant de mettre les pieds sur le sol mahorais. L’annonce faite par Gérald Darmanin et Jean-François Carenco, dès leur prise de fonctions lundi au ministère des Outre-mer, d’une tournée de tous les territoires ultramarins d’ici la fin de l’été, le premier déplacement étant prévu ce jeudi à l’île de La Réunion, a été de nature à rassurer l’ensemble des élus mahorais. Si le nouveau ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a précisé, mardi dans la matinale de BFMTV, qu’il se rendrait avec son ministre délégué en Nouvelle-Calédonie le 26 juillet prochain, les dates des autres visites ministérielles ne sont pas encore fixées.
L’autre dossier majeur, toujours sensible, est celui du projet de “loi Mayotte”. Sa gestion par l’ancien ministre Sébastien Lecornu fut fortement critiquée à Mayotte, jugée “calamiteuse” par un vice-président de l’assemblée territoriale, le conseil départemental ayant, on le sait, rejeté le projet à l’unanimité. Là encore les élus du 101ème département attendent plus de concertation et une meilleure prise en compte des revendications des Mahorais. Ainsi Ambdilwahedou Soumaïla souhaite-t-il l’instauration d’une “relation partenariale avec les élus du territoire”. Pour le député Mansour Kamardine, “on a trop laissé Paris dire quelles étaient les solutions à envisager. Le temps est venu pour Paris d’écouter les Outre-mer”. Un souhait partagé par de nombreux élus dont bien peu ont souhaité s’exprimer, préférant pour l’instant voir les orientations qui seront prises par le nouveau gouvernement en faveur de Mayotte.
Répondant par anticipation à ces exigences, le nouveau ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco a indiqué lundi, lors de sa prise de fonctions rue Oudinot avec Gérald Darmanin, la liste très longue des sujets qui seront au cœur de l’action des deux ministres : pouvoir d’achat, égalité absolue des droits, environnement, services publics, immigration, enjeux institutionnels et sanitaires, sécurité. En précisant, “toutes ces questions doivent être traitées dans des échanges nourris avec les élus, les syndicats, les associations, l’ensemble des corps intermédiaires”. “Notre engagement avec le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer est d’être aux côtés de nos compatriotes (ultramarins) pour les aider à faire émerger les réponses à ces défis”, a assuré le nouveau venu au gouvernement, insistant sur la nécessité de conduire “une politique de consensus, de dialogue et d’action”.
Dire qu’à Mayotte les attentes sont immenses, ne surprendra personne. Comme le résume Kira Bacar Adacolo, responsable du nouvel observatoire mahorais des politiques publiques, “la population mahoraise ne veut pas seulement du gouvernement des déclarations d’amour, elle attend, dans les politiques mises en œuvre, des preuves d’amour”. Au nouveau gouvernement d’en donner sans attendre.
Licencié au Racing club de Mamoudzou, Kamel Zoubert travaille depuis cette année avec Sébastien Synave.
Particulièrement performant cette année, le Mahorais Kamel Zoubert a gagné sa place pour les championnats de France espoirs, ce week-end, à Albi (Tarn). Avec un excellent chrono sur 200 m (21’23’´), le week-end dernier à La Chaux de Fonds (Suisse), il atteint son pic de forme au meilleur moment.
« Je suis confiant. J’ai beaucoup travaillé pour ça », confiait Kamel Zoubert, en avril dernier. Avec déjà plusieurs temps de référence à cette période, le jeune homme originaire de Koungou pouvait nourrir de réelles ambitions quant à sa participation aux championnats de France d’athlétisme, en catégorie espoirs. Et son travail avec Sébastien Synave a été récompensé puisqu’il fait partie des qualifiés annoncés ce lundi par la fédération française d’athlétisme. Il disputera les épreuves du 100m et 200m à Albi (Tarn), les deux spécialités de ce sprinteur longiligne. Et ce n’est pas la seule bonne nouvelle. Le champion de Mayotte s’est distingué, le week-end dernier, à La Chaux de Fonds, en Suisse. Dans ce meeting réputé relevé, il a impressionné en s’imposant sur 200m en 21’23’’, battant du même coup le record de Mayotte. Il a réalisé également un très bon chrono au 100m (10’80’’).
Seul représentant de l’île
L’ombre au tableau, dans la compétition albigeoise, sera la seule présence d’un athlète entraîné sur l’île aux parfums. Dans le contingent des sportifs mahorais, il suit la lignée pourtant de Raphaël Mohammed, Nasrane Bacar et Soyfidine Saïd, qui ont participé eux aussi aux championnats de France, du 24 au 26 juin à Caen (Calvados). Le premier s’est particulièrement distingué en finale du 110m haies, en prenant la quatrième place (13’64’’). Au 400m haies, Soyfidine Saïd n’a pu rivaliser avec ses concurrents en finale. Il finit huitième (52’54’’). Aînée des participants mahorais, Nasrane Bacar est arrivée septième de sa série (12´18’’) et n’a donc pas pu se qualifier pour la finale du 100m.
Au tour maintenant de Kamel Zoubert de faire aussi bien, le week-end prochain, à Albi. Et montrer que Mayotte est prête à performer sur la piste l’an prochain aux Jeux des Îles de l’océan Indien à Madagascar.
Didier Leschi a coupé symboliquement le ruban des locaux de l’OFII, déjà ouverts depuis le 1er janvier 2022.
À l’occasion de la mise en place à Mayotte du contrat d’intégration républicaine, une délégation nationale de l’office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et de la direction générale des étrangers en France (DGEF), est venue inaugurer officiellement ses locaux situés à Kaweni (espace Coralium). L’OFII est en réalité déjà en fonction depuis le 1er janvier 2022, mais la cérémonie de ce lundi 4 juillet est venue « marquer le coup » en présence des officiels.
Didier Leschi, directeur général de l’office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et Fabrice Blanchard, son adjoint, sont venus à Mayotte pour inaugurer les locaux de la branche locale de la structure située dans l’espace Coralium de Kaweni. Ils étaient accompagnés de Clémence Olsina, directrice de l’asile à la direction générale des étrangers en France (DGEF) et de David Coste, directeur de l’intégration et de l’accès à la nationalité au sein de la même structure. Cette délégation de quatre personnes est arrivée ce dimanche 3 juillet pour repartir ce mercredi 6 après avoir rencontré toutes les personnalités publiques concernées. Lors de l’inauguration du site de ce lundi, plusieurs maires de l’île étaient présents, dont évidemment Ambdilwahedou Soumaïla, l’édile de Mamoudzou.
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la pancarte a été dévoilée par le directeur général et son adjoint.
Un buffet a été organisé pour fêter l’évènement.
Plusieurs maires des communes de Mayotte ont assisté à la cérémonie.
Une volonté de l’Etat d’offrir les mêmes services qu’au national aux étrangers
« Maintenant que Mayotte est département, elle se doit d’offrir les mêmes services aux étrangers en situation régulière qu’au national », affirme Didier Leschi lors de son discours d’inauguration. Une antenne de l’OFII avait déjà été mise en place en 2015 pour aider au regroupement familial. Elle ne comptait cependant qu’un seul salarié. La structure s’est progressivement développée jusqu’à la création, le 1er janvier 2022, de la direction territoriale de l’OFII Mayotte. « Je vais couper court tout de suite aux fantasmes et/ou aux craintes : cette structure ne favorisera pas l’entrée d’étrangers sur le sol mahorais. Elle vise juste à permettre aux étrangers déjà présents sur le territoire et en situation régulière de remplir leurs devoirs et d’avoir accès à leurs droits car l’un ne va pas sans l’autre », explique Fabrice Blanchard. L’OFII est donc l’établissement public qui constitue le premier lieu d’accueil des étrangers en situation régulière. À partir de maintenant, ces derniers doivent signer un contrat d’intégration républicaine, comme c’est déjà le cas au national.
Ce contrat (CIR pour les intimes) engage les étrangers à respecter les valeurs de la République française, en échange de quoi ils bénéficient de certains droits favorisant leur intégration, comme des formations à la langue française. Par ailleurs, l’OFII leur offre également une « aide au retour » si leur séjour sur le sol français ne se passe pas comme prévu. « Nous pouvons aider ceux dont le titre de séjour n’est plus valide à l’aide d’un dispositif de réinsertion », précise Didier Leschi. L’OFII étudie aussi au cas par cas les demandes de regroupement familial et les celles de titre de séjour pour soins médicaux. Celles-ci concernent donc aussi les étrangers en situation irrégulière qui présenteraient des problèmes de santé non soignables dans leurs pays d’origine.
Un souci d’intégration des étrangers
Le contrat d’intégration républicaine permet donc aux étrangers de mieux s’intégrer à la vie mahoraise en les aidant également à trouver un emploi et un logement. « Il s’agit pour Mayotte d’accéder à l’égalité républicaine, ni plus ni moins. C’était le dernier territoire de France à ne pas encore posséder son OFII et son CIR. Aucun titre de séjour exceptionnel ne peut y être délivré, nous ne faisons qu’appliquer les lois françaises valables dans tous les départements, ni plus ni moins », conclut Fabrice Blanchard avec une volonté visible de couper court aux polémiques stériles.
Après trois ans de bons et loyaux services, le directeur général de Mlézi Maore, Dahalani M’Houmadi s’apprête à quitter ses fonctions. Un départ qui arrive alors que l’association vient de fêter, le mardi 28 juin, sa vingtième bougie. Retour sur son engagement et ses ambitions pour la structure, mais aussi sur les difficultés rencontrées et sur la suite de sa carrière professionnelle.
C’est le cœur lourd, mais le sentiment du devoir accompli que Dahalani M’Houmadi, le directeur général de Mlézi Maore, annonce quitter ses fonctions à la fin du mois. Non sans une pointe d’émotion, il laisse derrière lui une association qui vient de souffler sa vingtième bougie ! « Elle a démarré à deux-trois… Aujourd’hui, elle compte plus de 650 salariés ! Cela montre bien l’engagement, l’investissement et l’implication d’hommes et de femmes dans la lutte contre toutes les formes d’exclusion », félicite Dahalani M’Houmadi, avant d’adresser un hommage particulier au sénateur Thani, « qui a ouvert le bal », et à Roukia Lahadj, « qui a pris le relais et qui a poursuivi le dynamisme enclenché » pour continuer à œuvrer dans tous les domaines, que ce soit la jeunesse, le handicap, les solidarités, l’insertion, ou encore l’accès aux soins.
Si le chemin parcouru est sans aucun doute flatteur, Dahalani M’Houmadi ne se cache pas derrière ces bons résultats. À l’instar de nombreuses organisations privées et publiques, Mlézi Maore souffre d’un déficit de recrutement afin de faire tourner sa soixantaine d’établissements et de services. « Nous avons plus d’une centaine de postes à pourvoir. » Notamment dans le domaine médical (des médecins, des généralistes, des spécialistes) et dans le paramédical (des infirmiers, des psychologues, des psychomotriciens). Plus étonnant, le secteur social et éducatif (éducateurs spécialisés, assistants sociaux) subit le même sort, « ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années ».
La formation : un travail de longue haleine
Le défaut de la formation locale reste le gros point noir aux yeux de celui qui est encore directeur de Mlézi Maore pour quelques semaines. « La plupart des salariés diplômés arrivent de l’extérieur : de métropole, de la Nouvelle-Calédonie, de Belgique, de la Suisse… » S’ils apportent leurs expertises et leurs expériences, leur présence sur le territoire se limite malheureusement en moyenne à deux ans. « Quand ils partent, nous nous retrouvons avec des trous dans la raquette si nous n’avons pas anticipé ! » Face à ce constat, Dahalani M’Houmadi insiste sur la formation des locaux dans tous les métiers éducatifs et paramédicaux. Malgré la crise de la vocation, en raison de conditions de travail difficiles et d’un salaire relativement peu élevé, les Mahorais « ont envie de bosser dans notre secteur », assure-t-il. Toutefois, il faut savoir prendre son mal en patience puisque cela prend entre un et trois ans pour les rendre opérationnels. « Nos partenaires financiers et nos autorités de tutelle deviennent de plus en plus exigeantes et elles ont raison ! »
Pour remédier à cette problématique sur le long terme, Mlézi Maore travaille en étroite collaboration avec l’antenne mahoraise de l’institut régional du travail social de La Réunion. Actuellement, l’association compte une promotion de dix salariés pour devenir chef de service et une autre du même nombre, en alternance, pour sortir des conseillers en économie sociale et familiale. « Il en faudrait cinquante », admet Dahalani M’Houmadi, conscient que les besoins sont supérieurs. « Il faut donc démultiplier ce travail engagé. » Parmi les pistes engagées, il retient la solution du distanciel pour aller « chercher la compétence là où elle se trouve tout en restant sur place ».
Trois grandes réussites
La professionnalisation des salariés est sans aucun doute la grande fierté du directeur sortant, qui en a fait partir dix sur des formations d’encadrement, qui en a accompagnés quarante sur des fonctions éducatives via la validation des acquis de l’expérience et qui a démarré des formations qualifiantes en apprentissage pour une vingtaine d’autres. « Ça c’est fort car cela nous permet de préparer l’avenir ! » L’autre belle réussite de Dahalani M’Houmadi est l’ouverture du pôle insertion et vie sociale, car il a permis d’ouvrir l’école de la deuxième chance, l’auto-école sociale et solidaire, en attendant le garage solidaire au mois de septembre, mais aussi de lancer de nouveaux chantiers d’insertion comme le maraîchage. « Cela permet à des personnes éloignées de l’emploi d’avoir accès à une rémunération et d’aboutir par la suite à un emploi pérenne. » Pour terminer, la plateforme de soutien à la vie associative permet d’épauler les petites structures locales à monter en compétences dans leurs domaines de prédilection, tels que la culture, la jeunesse, la parentalité, le sport. « Nous ne pouvons pas tout faire tout seul. Nous avons tendance à dire qu’il faudrait dix Mlézi Maore à Mayotte… C’est une première réponse ! »
« Je regarde Mayotte dans une partie centrale de ma tête »
Ne lui reste plus qu’à passer la main, après trois années de bons et loyaux services. « Je suis venu dans un environnement que je ne connaissais pas personnellement, c’était un super challenge et une très belle maison. Ici, nous avons les moyens de nos ambitions », résume celui qui se réjouit d’avoir pu contribuer au développement du 101ème département. Désormais, Dahalani M’Houmadi se projette vers la métropole où il rejoint l’administration, toujours « au service de l’intérêt général ». Un nouveau défi personnel pour savoir s’il se sent capable de se remettre en question. Pour autant, il ne compte pas balayer d’un revers de la main « ma plus belle expérience professionnelle ». Au contraire : « Je garde Mayotte dans une partie centrale de ma tête et dans ma tête. Je serai un défenseur de ses intérêts et un ambassadeur de toutes les pépites du territoire, que ce soit ici ou à l’extérieur. » Bon vent et marahaba !
Déjà présent au sein de la précédente mandature, Ben Issa Ousseni est, depuis un an, le nouveau président du Département de Mayotte. Conscient du caractère de plus en plus urgent des projets à mener pour la population du 101ème département français, le conseiller départemental de Tsingoni garde la tête froide, les pieds sur terre, et la main besogneuse.
Flash Infos : Voilà un an que la nouvelle mandature a été élue au sein du conseil départemental. Quel bilan tirez-vous de cette première année passée à sa présidence ?
Ben Issa Ousseni : Je crois pouvoir dire que nous n’avons pas chômé. Refonte des délégations, des commissions thématiques, protocole d’accord partenarial sur les transports, mise en place de visites cantonales, création du premier lieu d’accueil enfant-parent… Ce sont quelques-unes des premières mesures que nous avons prises. Nous avons adopté à l’unanimité notre projet pour Mayotte avec plusieurs mesures phares qui vont de la gratuité de la barge piétonne que nous mettrons en place, d’une aide aux communes pérennisée et renforcée au développement significatif des modes de transports. Nous voulons également porter à 20% du territoire la place de la forêt et des zones naturelles préservées.
FI : La mandature précédente (2015-2021), emmenée par Soibahadine Ibrahim Ramadani, n’a pas su mener à bien de nombreux « grands projets » considérés comme essentiels pour la vie quotidienne des Mahoraises et Mahorais, certains d’entre eux datant de plusieurs décennies. Quelles premières pierres de ces chantiers la majorité a-t-elle déjà posé, ou s’apprête-t-elle à poser ?
B.I.O. : Je suis moi-même issu de la majorité précédente et, même si nous incarnons un large renouvellement, je ne critiquerai pas le travail considérable qui a été accompli sous la mandature précédente et auquel j’ai contribué dans le domaine économique. Pour autant, nous comptons essayer de mener à bien des chantiers emblématiques comme le bassin olympique de Kawéni, le centre de formation des sportifs de haut niveau à Chirongui, pour n’en citer que quelques-uns pour les Jeux des Îles 2027, mais aussi et surtout pour la pratique du sport au quotidien. Nous aurons bien sûr besoin d’un signal fort du gouvernement et de l’État pour y parvenir. En termes de méthode, comme nous le faisons pour le stade de Cavani, nous multiplions les réunions avec les entreprises et les acteurs du chantier pour créer les conditions d’y parvenir dans les délais.
FI : Lors de la campagne pour les élections législatives, de nombreux candidats ont réclamé le statut de Département – Région pour Mayotte. Est-ce l’un de vos souhaits, et comment comptez-vous vous y prendre pour gagner ce nouveau statut ?
B.I.O. : Bien sûr, il figure clairement dans notre projet de mandature. Cet objectif vise à réellement hisser notre collectivité à son niveau réel de responsabilité pour la construction de notre territoire en infrastructures et équipements indispensables à son plein essor. Il y aura incontestablement du lobbying à opérer auprès du nouveau gouvernement pour atteindre cet objectif qui nous mette à niveau pour demain.
FI : On observe justement, après les campagnes présidentielle et législative, une défiance de la population de l’île vis-à-vis de la majorité et des élus locaux. Comment, à votre échelle, pouvez-vous ramener de la confiance chez ces Mahoraises et Mahorais ?
B.I.O. : Cette défiance n’est pas propre à Mayotte, loin s’en faut, même si sur notre île, les élections locales passionnent la population. La confiance repose, à mon avis, sur deux facteurs clés : être capable de dire ce que nous ferons, et surtout de faire ce que nous disons. Tenir nos engagements dans la mesure de nos moyens. Et parler, à l’échelle des élus de Mayotte, d’une seule et même voix. C’est une attente forte de nos concitoyens au-delà des appartenances politiques. Agir ensemble pour Mayotte.
FI : Pour agir ensemble, il faut compter sur les élus de l’opposition. Comment jugez-vous leur travail au sein des assemblées ?
B.I.O. : Notre projet pour Mayotte a été, je le disais, adopté à l’unanimité. C’est l’illustration que, lorsqu’on parle d’un plan d’action, d’un programme pour la population, nous sommes capables de nous rassembler. Parce qu’il en va de l’intérêt général pour Mayotte et sa population. Je pense qu’il est sain, dans une démocratie, qu’il y ait une majorité et une opposition. Mais personne ne se plaindra que nous travaillions en bonne intelligence sur des projets qui vont, me semble-t-il, dans le bon sens.
FI : Il vous reste six ans à la tête du Département. Quelles sont les lignes directrices de la majorité pour la suite de ce mandat ?
B.I.O. : Nos orientations sont claires : réduire progressivement les embouteillages en combinant des mesures immédiates, de moyen et de long terme, pouvoir s’appuyer sur le futur schéma d’aménagement régional pour en faire un outil partagé de développement du territoire, contribuer à la coproduction de sécurité pour tous en proposant un véritable pacte collectif, entre l’État, les collectivités, la justice et l’éducation, avec des engagements réciproques, ou encore simplifier le parcours de l’usager, faire de l’économie bleue un levier solide de la croissance économique de notre territoire. Nous souhaitons aussi renforcer la culture de la connaissance : publications, archives départementales, salons et manifestations figurent également parmi nos engagements clés pour la population.
En visite sénatoriale à Mayotte, Viviane Malet (élue de La Réunion) et Gisèle Jourda (Aude) planchent sur un rapport qui concerne la gestion des déchets dans les territoires ultramarins. Avec l’association Nayma, elles ont visité un chantier de ramassage dans la mangrove de Majicavo-Koropa et constaté l’ampleur du travail à réaliser dans le quartier Massimoni, vendredi après-midi.
« Je suis émue et surtout consternée. Je pense à l’avenir de ces jeunes qui sont là. » Vendredi après-midi, sur les hauteurs de Majicavo-Koropa, la sénatrice de l’Aude, Gisèle Jourda, peine à y croire. Une vallée remplie de déchets de toutes sortes et de carcasses de voitures traverse le quartier Massimoni. Le lieu a vu sa démographie explosée ces dix dernières années, sans que les aménagements ou la collecte de déchets ne soient réfléchis en conséquence. Résultat, quand la nuit tombe, les détritus continuent de s’accumuler sur des terrains ou dans les cours d’eau utilisés autant pour laver les véhicules ou le linge, que pour la cuisine. Les enfants qui y jouent n’y font même plus attention.
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De gauche à droite, les sénatrices et co-rapporteuses Viviane Malet (La Réunion) et Gisèle Jourda (Aude) ont visité le chantier de l'association Nayma à Majicavo, ce vendredi, en compagnie de la directrice Roukia Lahadj.
L'association Nayma souhaite lancer un nouveau chantier de collecte des déchets dans le quartier Massimoni, sur les hauteurs de Majicavo-Koropa.
La mangrove de Majicavo est régulièrement nettoyée, mais les déchets continuent de s'accumuler après les pluies et la marée.
La sénatrice Viviane Malet explique le fonctionnement du Sénat aux jeunes salariés de Nayma.
Venue déjà trois fois à Mayotte, la Réunionnaise Viviane Malet semble effarée, mais moins surprise par l’insalubrité. Les déchets en Outre-mer, sujet du rapport préparé par les deux femmes, elle connaît. Elle y a été confrontée en tant qu’élue sur son île, tandis que sa collègue de sénatrice beaucoup moins. « Je comprends les cris de désespoir des sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Hassani Abdallah [N.D.L.R. elle siège au Sénat à côté du deuxième]. Ça m’amène à vouloir davantage les aider. C’est une question de salut public », estime la parlementaire à l’accent languedocien, smartphone à la main pour ramener un maximum d’images. Roukia Lahadj et Emmanuelle Martin, les directrice et vice-présidente de l’assocation Nayma, leur indiquent que le quartier devrait faire l’objet d’un futur chantier de collecte des déchets.
« On est la génération qui prend les choses en main »
Quelques minutes plus tôt, les deux sénatrices étaient pourtant plus enjouées sur le sable de la mangrove de Majicavo. Autour d’eux, une foule de jeunes visages, des salariés de Nayma, ramasse les morceaux de tissus coincés dans les racines. « Vous les recrutez comment ? » s’enquiert la sénatrice réunionnaise. « Pôle emploi, Croix rouge, mission locale », énumère Emmanuelle Martin, tandis que les sacs poubelles s’entassent peu à peu. Sur ce lieu nettoyé pourtant trois fois par semaine, près de 1.000 sacs de 100 litres ont été ramassés récemment en une seule journée. Malgré le retour à chaque fois des déchets via la rivière, la marée ou même par des dépôts sauvages, les salariés en insertion continuent leurs efforts comme si tout était normal. « On est la génération du plastique », s’excuse Viviane Malet, en tenant un sachet de lessive fréquemment retrouvé sur place. « On est la génération qui prend les choses en main », lui répond une jeune femme de 18 ans.
La sénatrice lui sourit. Pour que ces interlocuteurs comprennent le rôle de sa venue, elle leur explique le rôle du Sénat. « Mais le compte-rendu qu’on doit réaliser, c’est vous qui allez nous le donner. Parce que c’est vous les acteurs », conclut-elle en guise de motivation. « Ce que vous faites, vous le faites en adhésion avec les jeunes de l’Hexagone qui nettoient aussi les rivières. Vous n’êtes pas une particularité, vous êtes universels », renchérit sa consœur. Ne reste pas à les oublier au moment de faire le rapport au Sénat. Le lagon, les rivières, les mangroves et les forêts de l’île en ont cruellement besoin.
Une convention de partenariat signée ce vendredi 1er juillet entre la mairie de Koungou et le régiment du service militaire adapté (RSMA) a pour ambition d’ouvrir une permanence mensuelle afin de permettre aux jeunes de la commune d’effectuer leurs démarches plus facilement. Un rapprochement qui devrait se généraliser à l’ensemble de l’île.
« Cette convention a tout son sens ! » Passé par les rangs du régiment du service militaire adapté aux débuts des années 2000, le maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, a conscience de l’importance de bénéficier d’une telle structure sur le territoire, d’où sa satisfaction de parapher un tel document de partenariat ce vendredi 1er juillet. « Nous avons la volonté de nous ouvrir et d’aller vers les communes. Vous êtes les premiers à faire cette démarche, c’est assez emblématique dans la mesure où vous avez le plus important vivier de jeunes », renchérit le chef de bataillon Michaël, directeur des opérations.
Cette signature a pour ambition notamment d’ouvrir une permanence mensuelle au sein de la ville. Une aubaine sachant la distance entre Koungou et Combani, le lieu de villégiature du RSMA. « Certains intéressés n’ont pas les moyens de s’y rendre », confie le premier magistrat, qui se souvient avoir dû, à plusieurs reprises, emprunter personnellement le véhicule du centre communal d’action sociale (CCAS) pour les y conduire en temps et en heure.
« On peut atteindre de beaux postes »
Organisme d’insertion socio-professionnelle, le RSMA propose chaque année aux jeunes mahorais âgés de 18 à 25 ans environ 800 places au sein de ses 21 filières de formations, pour une durée de six à dix mois. « Cette expérience est un rattrapage de la vie », évoque en toute connaissance de cause Assani Saindou Bamcolo. « En passant par chez nous, on peut atteindre de beaux postes », répond le chef de bataillon Michaël. Un clin d’œil directement adressé au maire.
Ce rapprochement géographique doit également apporter une fluidité dans le traitement des dossiers, mais aussi « générer une habitude administrative auprès des jeunes » ! Et par la même occasion éviter une lassitude et une perte d’énergie inutile qui peuvent tout simplement aboutir à un abandon en plein milieu de la procédure. « En deux ou trois semaines, ils peuvent être retenus s’ils apportent toutes les pièces justificatives. »
Avec cette nouvelle permanence, les candidats potentiels se mettent toutes les chances de leurs côtés. « Je les appelle à répondre et à réaliser cette immersion très enrichissante. Je dois aussi transmettre le message que le RSMA est une réussite ! », insiste Assani Saindou Bamcolo. Et pourquoi pas donner quelques idées aux autres collectivités locales du département… C’est en tout cas le souhait du directeur des opérations. « J’espère que vous serez un exemple pour les autres maires afin que Mayotte y gagne à terme », conclut-il, impatient de voir cette convention faire ses preuves.
Ce jeudi a eu lieu l’inauguration de la toute première borne de paiement de la société mahoraise des eaux à Kawéni au sein même de l’enseigne. Une initiative qui va permettre de faciliter le paiement des factures des usagers et de réduire la file d’attente.
Après des années de bagne pour régler ses factures au guichet, la société mahoraise des eaux vient enfin d’installer, jeudi dernier, la première borne de paiement. Dès à présent, les usagers peuvent se rendre sur place pour un paiement rapide. Projet datant de 2020, il a été repris il y a cinq mois par Mlamani Enrchidine, responsable service client. « Nous avons plus de 5.000 usagers qui viennent au siège payer leurs factures et ils subissent une attente interminable. La nouvelle borne va permettre de réduire une grosse affluence. » Un service disponible sept jours sur sept de 6h à 19h ainsi que les jours fériés.
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Une interface EDM et SMAE en cours
Seule borne SMAE implantée sur le territoire, ce n’est que le début d’un développement numérique qui ne peut qu’être bénéfique pour les employés de l’entreprise ainsi que pour ses clients. « Nous sommes sur une phase test. S’il s’avère que c’est concluant, nous avons le projet de mutualiser cela avec EDM qui a déjà installé plusieurs bornes sur l’ensemble du territoire », révèle-t-il. Une initiative qui va permettre aux usagers de se familiariser avec un outil numérique en toute autonomie et de payer à la fois leurs factures d’électricité, mais également d’eau.
Loup Wolff, le directeur interrégional de l’Insee La Réunion-Mayotte.
Une étude sur les pratiques culturelles à Mayotte vient d’être rendue publique ce vendredi 1er juillet à 11h. Réalisée en 2019, elle est le fruit d’un partenariat entre l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la direction des affaires culturelles (DAC) et le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (Deps-Doc) du ministère de la Culture. Elle met en évidence des pratiques culturelles différentes de celles de la métropole, mais non moins riches. Explications.
Si l’étude des pratiques culturelles a déjà été réalisée dans l’Hexagone, elle a été déclinée en 2019 pour la première fois dans les Outre-mer. Il s’agit donc d’une étude inédite pour Mayotte dont les résultats n’ont été dévoilés que vendredi dernier à cause d’un retard dû à la crise sanitaire. L’Institut national de la statistique et des études économiques a fait appel à un prestataire privé qui a envoyé des enquêteurs sur le terrain afin de présenter le long questionnaire élaboré avec ses partenaires.
Amandine Longuet, la chargée d’études Deps-Doc.
2.000 coordonnées GPS ont été tirés au sort et 1.200 personnes habitant ces lieux ont accepté d’y répondre. « Cette sélection aléatoire nous a permis d’avoir un échantillon riche. Toutefois, nous vérifions que le hasard n’ait pas tapé à chaque fois dans les mêmes catégories socio-culturelles, d’âge ou de sexe. Quand c’est le cas, nous rééquilibrons avec des poids », confie Loup Wolff, le directeur interrégional de la zone océan Indien de l’Insee qui précise que, cette fois-ci, aucun rééquilibrage n’a été nécessaire car « l’échantillon était très représentatif ».
55% seulement des personnes vivant à Mayotte maîtrisent le français
Le premier grand thème du questionnaire concernait les langues parlées sur le territoire. 81% des personnes vivant à Mayotte sont locuteur d’au moins l’une des deux langues régionales que sont le shimaore et le kiboushi, contre 94% pour les natifs de Mayotte. Fait plus étonnant, seules 55% des personnes vivant sur le territoire affirment maîtriser le français. Ce pourcentage se justifie par la forte proportion de personnes nées à l’étranger et n’ayant pas eu la chance d’être scolarisés dans de bonne condition même une fois établis sur l’île aux parfums. Ce taux grimpe jusqu’à 75% pour les Mahorais nés sur le territoire. Les 25% restants symbolisent la faible scolarisation des personnes nées avant les années 80.
54% des habitants de Mayotte déclarent lire des livres
54% des habitants de Mayotte précisent avoir lu au moins un livre au cours de l’année 2019. C’est moins qu’en métropole (70%), mais plus qu’à La Réunion (42%). Cela s’explique par un fort taux de lectures religieuses en alphabet arabe. « Les statistiques autour de l’illettrisme se font toujours pour l’alphabet latin, mais certains habitants de Mayotte savent davantage lire l’alphabet arabe appris dans les écoles coraniques », indique le directeur de l’Insee. L’étude démontre en effet qu’un lecteur sur deux lisait des livres religieux à Mayotte.
6% des habitants de Mayotte ont une pratique théâtrale et/ou de danse
Malgré l’absence de théâtre sur le territoire, 6% des Mahorais s’adonnent toutefois à cet art pris au sens large. Il peut s’agir de troupes de théâtre amateur, très actives, ou de théâtre populaire local (le halé halélé). La danse a également été mise dans cette catégorie et, comme les danses populaires sont très prisées sur l’île au lagon, cette pratique a augmenté le taux. Les agents de l’Insee ont qualifié ce dernier « d’élevé » quand on le compare à ceux des personnes pratiquant ces arts en métropole ou à La Réunion.
33% des habitants écoutent de la musique quotidiennement
Seules 33% des habitants de Mayotte écoutent de la musique au quotidien contre 65% en métropole. Les goûts sont tournés vers les musiques de l’océan Indien (53%), les musiques traditionnelles (56%), les chansons de variété française (43%) et les musiques du monde (43%). Par ailleurs, les enquêteurs ont constaté le même phénomène qu’en métropole : le temps d’écoute de musique diminue avec l’âge.
28% écoutent quotidiennement la radio et 54% la télé
Le taux d’écoute de la radio est de la télé est bien moindre qu’en métropole : 28% et 54% à Mayotte contre 60% et 78% dans l’hexagone. Le temps d’heures d’écoute par jour est également bien inférieur et davantage de personnes à Mayotte déclarent préférer s’informer via les réseaux sociaux. Les goûts des Mahorais en matière de télé portent davantage sur les films et les séries indiennes que sur les émissions d’information.
Pour en savoir plus, le lecteur peut consulter la publication n°33 en ligne sur le site de l’Insee.
Une visite de 11 élèves de 3ème, en option classes défense et sécurité globales du collège K2 de Mamoudzou s’est déroulée le mardi 28 juin à 8h30, au siège de la direction territoriale de la police nationale. Cette rencontre visait à rencontrer le commissaire, Sébastien Halm, chef de la sécurité publique, et à découvrir les différentes unités de ce service, la police secours et la compagnie d’intervention.
Les collégiens, très attentifs et curieux, avaient préparé des questions à l’intention des policiers rencontrés. L’échange a été riche et prometteur. Cette année encore, il est à rappeler que les élèves de la CDSG se sont honorablement distingués puisqu’ils ont été remarqués lors du challenge rallye jeunes citoyens qui a eu lieu une semaine en avril dernier à La Réunion, réunissant une douzaine de collèges et lycées réunionnais et trois collèges de Mayotte (Dembéni, Petite-Terre, Kawéni 2). K2 et Boueni M’Titi ont remportés en équipe le deuxième prix général (première participation des Mahorais à un challenge qui en est à sa 6ème édition, le prix de la Légion d’honneur et le prix des Terres Australes et Antarctiques Françaises.
En octobre 2016, la commission des finances du Sénat avait publié un rapport sur le fonds exceptionnel d’investissement Outre-mer (FEI), qui formulait dix recommandations. Cinq ans après, Georges Patient et Teva Rohfritsch, rapporteurs spéciaux, ont souhaité réaliser leur suivi, mais également analyser l’évolution du FEI sur la période 2016-2022.
Si cinq des dix recommandations formulées par les sénateurs ont été mises en œuvre et une est devenue sans objet, force est de constater que des dysfonctionnements importants persistent.
Ainsi, le FEI présente une importante sous consommation qui s’explique en large partie par la pratique de redéploiements, quasi systématiques à compter de 2019, pour financer des opérations d’investissement ne relevant pas de son domaine ou des dépenses supplémentaires apparues en cours de gestion, faisant du fonds une variable d’ajustement lors des arbitrages ministériels. Ces redéploiements ont été rendus possibles par des sous programmations en début de gestion alors même que les élus font part régulièrement de projets éligibles et prioritaires non retenus pour un financement par le fonds.
Par ailleurs, les critères de sélection demeurent peu transparents et les décisions de rejet ne sont ni notifiées ni expliquées aux collectivités territoriales. Le calendrier de sélection, très contraint, ne leur laisse pas le temps nécessaire à une préparation optimale des dossiers qu’elles souhaitent déposer. Dans ce contexte, les rapporteurs spéciaux formulent 11 nouvelles recommandations.
Des améliorations sont donc possibles et souhaitables pour que le FEI, outil indispensable, soit à la hauteur des enjeux et des besoins d’investissement considérables des territoires d’Outre-mer. Les rapporteurs saluent cependant la tenue de l’engagement du gouvernement d’allouer 500 millions d’euros au fonds durant le précédent quinquennat. Ce niveau de crédits, historiquement élevé, a permis de financer de nombreux projets utiles aux territoires et aux citoyens ultramarins.
Dans le cadre de sa compétence « Aménagement du territoire », la communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte a souhaité engager une dynamique autour d’un projet de territoire. Le plan local d’urbanisme intercommunal – habitat et déplacement en est la traduction. Il viendra se substituer aux documents d’urbanisme actuels et propres à chaque commune dans une démarche globale et fédératrice sur l’ensemble des communes (M’Tsamboro, Bandraboua, Koungou et Acoua).
Élaboré en concertation avec les communes membres, l’ensemble des partenaires et les acteurs du territoire, le PLUi-HD constituera le nouveau document de référence. Il formalisera les règles d’utilisation du sol harmonisées à cette nouvelle échelle et s’attachera à proposer les conditions réglementaires d’un aménagement cohérent et opérationnel en matière de logement, de mobilité, d’environnement, d’étalement urbain, etc.
Le regard des habitants étant indispensable à la démarche, les élus communautaires invitent tous les administrés à venir échanger sur le diagnostic à travers quatre réunions publiques : le vendredi 1er à 15h à la plateforme de l’ancien plateau d’Acoua et à 18h sur la place du marché de Dzoumogné, mais aussi le samedi 2 juillet à 8h30 au foyer des jeunes de M’Tsamboro et à 15h à l’école maraîchers de Koungou.
L’institut national de la statistique et des études économiques et la préfecture se sont associés pour dresser un panorama économique et social de la situation des femmes à Mayotte, en comparaison avec celle des femmes vivant dans l’Hexagone.
Ce panorama sera publié le 5 juillet prochain sous la forme d’un dossier de 48 pages. Dans celui-ci, des analyses thématiques décrivent la situation des femmes dans le 101ème département et son évolution en matière de démographie et de situation familiale, de scolarisation et de formation, d’emploi et de santé. Les aspects relatifs aux violences et à l’insécurité qui les touchent font également l’objet d’un chapitre spécifique, de même que les aspects relatifs à la culture et aux loisirs.
L’achèvement des travaux de construction du mur de soutènement de la RN1 dans la traversée de Koungou à compter du 11 juillet va nécessiter, pour garantir la sécurité des usagers, une restriction de circulation. Un alternat à feu (ou manuel en tant que de besoin) sera mis en place, en continu (jour et nuit), sur la zone des travaux à partir de cette date pour une durée de trois mois.
Pour Nicolas Péhau, le président des chambres régionales des comptes de La Réunion et de Mayotte, « il nous faut des gens bien formés qui veulent rester sur le territoire et qui donnent de la stabilité ».
Le rapport public thématique de la Cour des comptes et de la chambre régionale des comptes sur les plans de développement pour Mayotte a été présenté ce jeudi 30 juin à l’occasion de sa publication. En ligne de mire : les manquements des services de l’État et des collectivités locales qui ne parviennent pas apporter les solutions attendues par les Mahorais sur les plans sociaux, économiques et sociétaux.
« Les institutions locales – la préfecture, le rectorat, le Département – ne sont pas organisées pour jouer un rôle de pilote et mener à bien les projets de développement. » Le constat de Nicolas Péhau, le président des chambres régionales des comptes de La Réunion et Mayotte est implacable au moment d’évoquer, ce jeudi 30 juin, le rapport public thématique sur les plans de développement pour le territoire. L’idée est pourtant de mieux répondre aux défis de la démographie, de la départementalisation et des attentes des Mahorais.
Taha Bangui, premier conseiller, s’est longuement attardé sur la situation du Département. Il en a profité pour évoquer le port de Longoni, la politique des ressources humaines et la gestion financière de la collectivité.
Avec une démographie multipliée par 12 en 60 ans (23.300 habitants en 1958, contre 256.518 en 2017), Mayotte recense aujourd’hui la plus forte densité de population de la France d’Outre-mer, en raison à la fois d’une croissance endogène très dynamique et d’une immigration clandestine élevée. Deux indicateurs qui démontrent la pénibilité à maîtriser les chiffres officiels, d’où le « désaccord avec l’État » affiché par la juridiction financière. « Comment peut-on mener une politique publique sans avoir une vision globale ? » s’interroge celui qui est en poste dans l’océan Indien depuis un peu moins d’un an.
Renforcer la lutte contre l’immigration clandestine
Aux yeux des Sages, la maîtrise de l’immigration est un préalable à la stabilisation du cadre socio-économique. « La réorganisation [des moyens] avec l’opération Shikandra a permis d’obtenir de meilleurs résultats », admet Vincent Launay, conseiller référendaire en service extraordinaire à la Cour des Comptes. Même s’il regrette que la lutte contre l’insécurité reste insuffisante. « Nous n’avons pas vu d’amélioration. » Sur ce volet-là, les magistrats proposent quatre recommandations : renforcer la capacité d’interception des kwassas via le prépositionnement d’un navire pivot au nord-ouest de Mayotte ; accentuer la sécurisation des actes relatifs à la police des étrangers ; mieux coordonner la lutte contre l’immigration clandestine par des réunions régulières entre le préfet et les ambassadeurs de France auprès des pays en provenance des immigrés ; associer le délégué du gouvernement au suivi du plan de développement des Comores.
Consolider l’action des pouvoirs publics
Si l’action des pouvoirs publics se concentre essentiellement sur cette thématique, d’autres retards se creusent en parallèle. « Nous sommes loin des standards dans le logement et l’éducation. Les institutions sociales peinent à répondre à la progression démographique », prévient Nicolas Péhau. Pour preuve, il manque 850 salles de classe sur l’ensemble du territoire… Et ce, malgré le déploiement de deux plans d’actions. Le premier dénommé « Mayotte 2025 » et annoncé en 2015, le second intitulé « plan pour l’avenir de Mayotte » et élaboré dans l’urgence en réponse à la crise sociale de 2018. L’un comme l’autre a « manqué de lisibilité et de hiérarchisation des actions ». « Des moyens sont alloués (exemple avec le montant d’1.3 milliard d’euros pour le contrat de convergence et de transformation), mais il y a eu un défaut de suivi alors qu’il faut s’inscrire dans la durée. » Selon le président des deux chambres, il faut « une stratégie partagée et générale avec une gouvernance stable » et « une comitologie pour tenir au courant de [leur] exécution ».
Manque de maîtrise d’ouvrage et d’ingénierie
Si la structuration des services publics est effective, à l’image du rectorat et de l’agence régionale de santé de plein exercice depuis le 1er janvier 2020, la partie investissement est plus longue à mettre en œuvre, notamment dans certains domaines clés et structurants. « Quand vous touchez à l’eau et à l’assainissement, cela prend du temps. » Malheureusement, la rotation des cadres au sein des institutions étatiques ne facilite pas la tâche ! Conséquence : « il y a une rapide perte de mémoire de l’action conduite », indique Vincent Launay. Sans compter que « nous manquons de maîtrise d’ouvrage et d’ingénierie », ajoute Nicolas Péhau. « Il y a un besoin de se coordonner entre les différents acteurs et d’élaborer une stratégie commune. Il faut que tout le monde se parle et tire dans le même sens. »
Le Département n’est pas en reste, entre les problèmes de communication avec le délégataire du port de Longoni, la maîtrise houleuse de ses effectifs – « les dépenses de fonctionnement augmentent progressivement », assure Taha Bangui, premier conseiller – et la dépendance vis-à-vis des dotations de l’État. Pis encore, la collectivité affiche toutes les peines du monde pour porter ces projets. « Par rapport à son plan pluriannuel d’investissement d’un milliard d’euros entre 2017 et 2021, seulement 25% de la programmation a été exécuté. » Autant de freins auxquels s’ajoute le désordre foncier qui handicape fortement l’action publique. Son règlement ne progresse guère en dépit de la création en 2017 de l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte.
En résumé, « il faut modifier le paradigme et changer le logiciel » pour la chambre régionale des comptes, qui a l’idée « d’être un espace un peu critique pour les obliger à réfléchir les uns avec les autres ». Comme ne cesse de le répéter Nicolas Péhau, Mayotte a « un défaut d’organisation lié à un défaut de collaboration ». Ainsi, il pousse tous les acteurs à se mettre en ordre de marche !
Six contrôles ouverts par la chambre régionale des comptes
Après avoir connu une activité limitée durant la crise sanitaire, la chambre régionale des comptes reprend son rythme de croisière. Après Bandrélé, la communauté de communes du Centre-Ouest et le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte depuis le début de l’année, elle prévoit de sortir très prochainement un rapport sur l’intercommunalité de Petite-Terre. « Nous avons actuellement six contrôles ouverts sur le territoire, dont Acoua et Bandraboua », confie Nicolas Péhau. « C’est autant qu’à La Réunion, nous rattrapons notre retard. » Petite particularité mahoraise : les Sages ont bien l’intention de mettre systématiquement l’accent sur les questions scolaires dévolues aux communes, comme les équipements, le périscolaire et la collation.