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Une mort naturelle pour les Mahorais décédés à Madagascar

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Alors que certaines voix, sur notre île, n’hésitaient pas à évoquer des « assassinats ciblés » concernant les Mahorais décédés sur le sol malgache en 2022, une conférence de presse a eu lieu pour éclaircir les choses et apaiser les tensions. L’occasion de revenir sur le rapatriement parfois difficile des corps des défunts.

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« La Terre Promise » et « Outrou », tels sont les noms des deux associations ayant organisé une conférence de presse vendredi matin dans les locaux de la mairie de Mamoudzou pour éclairer le public sur le sujet et mettre un terme à ces rumeurs infondées. La réalité des faits est qu’une dizaine de personnes, aux parcours divers et variés, ont trouvé la mort, à des dates et endroits différents, sur le sol malgache entre 2022 et 2023. Des décès que les autorités consulaires françaises à Madagascar reconnaissent comme étant naturels, consécutives à des maladies chroniques (à l’exception d’un, dû à une crise cardiaque).

Une situation nouvelle pour certaines familles, qui n’acceptent pas ce constat et n’hésitent pas à imaginer une « mano negra » (main noire) empoisonneuse de « touristes fortunés ». Les associations et autres structures œuvrant à la coopération régionale entre les deux îles font valoir une tout autre explication pour justifier cette situation. Selon elles, si ce nombre de décès est remarquable, il est simplement dû au fait que les Mahorais sont très nombreux à se rendre à Madagascar après deux années de pandémie de Covid 19. Par conséquent, ce qui relevait de cas très isolés s’est répandu en raison de l’ampleur du flux de vacanciers.

Un manque de coopération régionale

En revanche, ces décès ont mis en évidence des carences majeures dans les accords de coopération décentralisée entre Mayotte et Madagascar, concernant le rapatriement des corps vers notre département. Il est effectivement de tradition chez les Mahorais de rapatrier sur l’île les citoyens décédés hors territoire afin de s’assurer que l’enterrement respecte les préceptes de l’islam sunnite, les us et coutumes spécifiques à notre territoire. Des démarches que les communautés mahoraises expatriées remplissent avec le soutien des services des Maisons de Mayotte à Paris et à La Réunion s’agissant du territoire français. Rien n’est encore prévu dans les autres territoires, et notamment à Madagascar, terre pourtant très prisée par les Français. Outre l’absence de services ou d’organisations représentatives structurées se pose la question du manque de moyens de conservation des corps dans les provinces malgaches limitrophes de notre territoire.

À cela s’ajoute un autre fait. La compagnie Ewa Air, qui dessert régulièrement ces provinces, ne disposerait pas des certifications nécessaires au transport de cercueils en direction de Mayotte. En pareil circonstances, les familles concernées par ce problème sont contraintes de faire transporter les bières à Antananarivo, la capitale malgache, où elles peuvent être transportées sur des vols d’Air Austral, la maison mère d’Ewa Air, disposant elle des autorisations requises sous réserve d’un transit sur l’île de La Réunion. Autant dire un parcours de combattant, qui n’est pas à la portée de tous.

Accueillir les Mahorais dans les cimetières malgaches

Les dirigeants des deux associations organisatrices de cette conférence de presse ont donc sollicité le Conseil départemental de Mayotte, représenté à cette occasion par son premier vice-président, Salime Mdéré, lequel s’est engagé à faire remonter le problème à ses collègues. Sans engager officiellement son institution, il a reconnu l’importance de la problématique soulevée et la nécessité de lui apporter une réponse rapide, eu égard aux échanges importants et croissants entre les deux voisins. Des discussions qui se sont enchaînées durant cette conférence de presse, il est ressorti que la solution idéale passerait – à l’instar de la métropole et de La Réunion – par l’ouverture de nouvelles Maisons de Mayotte dans les provinces malgaches très prisées des visiteurs Mahorais, qu’ils soient touristes, étudiants, hommes d’affaires ou résidents temporaires, avec une forte implication des autorités consulaires françaises.

En attendant que cela puisse prendre forme un jour, il a été exprimé l’urgence d’un accord pour l’obtention de carrés dédiés à l’accueil de tombes de défunts mahorais dans des cimetières au sein des provinces concernées. Il apparaît en effet que si les rites funéraires des musulmans de Mayotte sont proches de ceux des communautés islamiques desdites provinces, ces dernières mettent en exergue le fait que Mayotte – entité française et européenne – dispose de moyens financiers largement suffisants pour prendre en charge les frais de traitement des corps préalables à la mise en terre. Vaste sujet donc, qui ne manquera pas de donner lieu à moult débats au sein de l’assemblée départementale, et probablement de la société mahoraise dans sa globalité, clergé compris.

Le maoulida shengué célébré en grand à Chiconi

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L’inscription du maoulida shengué au patrimoine culturel immatériel national sera célébrée ce samedi 25 février, place Sicotram à Chiconi.

L’inscription du maoulida shengué au patrimoine culturel immatériel (PCI) national est effective depuis juin 2022. Ce chant traditionnel est le premier élément du patrimoine de l’île de Mayotte à figurer dans la liste du PCI du ministère de la Culture. Ce samedi 25 février, le Département organise un grand événement à Chiconi, afin de célébrer l’inclusion de cette tradition locale dans l’inventaire national.

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Organisé par le Département, l’événement a été présenté par Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente, Abdoul Karim Ben Said, directeur du MUMA, Hakim Halidi et Mari Bé Ben Mari Souffou Ben, les deux fundis des communautés mahoraises de shengué.

« C’est une fierté pour Mayotte tout entière et pour tous les pratiquants de cet art culturel, spirituel et artistique », lance Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente du conseil départemental ce lundi, lors de la présentation de l’événement. Ce label national, gage de pérennité pour ce chant traditionnel, marque « une reconnaissance essentielle pour notre société mahoraise ». Les traditions, comme celle du maoulida shengué, connaissent souvent d’importantes variations et peuvent même être fragiles. « Je note, avec satisfaction, que cette tradition est de plus en plus pratiquée par des jeunes. Cette discipline étant jusqu’alors plutôt réservée aux personnes plus âgées », constate l’élue.

L’événement de grande envergure, organisé par le Département en collaboration avec la Ville de Chiconi, va réunir ce samedi 42 associations de communauté de shengué, représentant environ 900 personnes. De 8h30 à 17h, la place Sicotram de Chiconi accueillera donc les différentes communautés du maoulida shengué. A Mayotte, le territoire est divisé en deux zones placées sous l’autorité de deux fundis : la zone nord et la zone sud. Pour Mari Bé Ben Mari Souffou Bé, représentant des communautés du nord, « c’est une réelle satisfaction » de célébrer l’inscription du maoulida shengué.

Un événement pluridimensionnel

Pour cette journée, « il y aura plusieurs dimensions dans le programme », explique le directeur du musée de Mayotte, Abdoul Karim Ben Said. La première sera axée autour de la découverte et de la pédagogie, « pour tous ceux qui n’ont jamais pratiqué de shengué et qui veulent le découvrir, il y aura le matin une initiation au chant, à la danse et à la chorégraphie », ajoute-t-il. En parallèle, des tables rondes et une exposition seront également proposées aux visiteurs. Enfin, la dernière dimension sera plutôt festive et aura lieu tout au long de l’après-midi, avec « une cérémonie de shengué en bonne et due forme, avec les différentes communautés qui seront mises en avant », note le directeur.

Le patrimoine culturel immatériel (PCI) national englobe des pratiques et savoirs dont chacun hérite et qu’il s’efforce collectivement de faire vivre et transmettre. Ce patrimoine vivant découle de la convention Unesco de 2003 pour la sauvegarde du PCI. L’inscription de ce premier élément culturel mahorais permet « de valoriser l’humain, ainsi que la cohésion qui se créer lors de ces événements », affirme Zouhourya Mouayad Ben. D’autres fiches d’inscription au patrimoine culturel immatériel pourraient voir le jour pour le 101e département, notamment sur le debaa, le chigoma ou encore le m’sindzano.

Journée internationale de la langue maternelle : « favoriser l’outillage de nos langues »

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Ce mardi 21 février marque la journée internationale de la langue maternelle (JILM). Dans la lignée de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) qui appelle à une éducation multilingue, jugée plus performante, Rastami Spélo et son association Shime plaident pour une formalisation de l’enseignement du shimaoré et du kibushi dans les écoles mahoraises.

Flash infos : Vous œuvrez pour la promotion et la sauvegarde des langues régionales de Mayotte que sont le shimaoré et kibushi. Quel est votre prochain axe de travail ?

Rastami Spélo : Le prochain défi est celui de la formalisation de l’enseignement de ces langues. Nous sommes ici dans une terre française, mais foncièrement bantoue. Les enfants ont en tête une structure d’une langue bantoue, et ils se trouvent en difficulté car à l’école, ils sont interrogés dans une langue qui leur est presque étrangère. Au final, ils sont handicapés dans les deux langues, et passent du shimaoré au français dans une même phrase – un phénomène que la docteure en sciences du language Lavie Maturafi a identifié comme étant l’émergence d’un nouveau parler « shimao-zungu ». En formalisant l’enseignement du shimaoré et du kibushi dans les écoles, il s’agit de mieux installer les élèves dans les langues qu’ils comprennent déjà, pour pouvoir ensuite investir leurs compétences vers la langue française. Ils n’en seront que plus performants dans la langue de Molière ! Une convention cadre a été signée en ce sens en 2021 ; nous attendons de connaître la posture du nouveau recteur sur le sujet.

F.I. : Vous organisiez ce dimanche un séminaire sur les réalisations au niveau de la valorisation des langues régionales de Mayotte. Qu’en est-il ressorti ?

R.S. : Ce qui est ressorti de ce séminaire, c’est la volonté des locuteurs de favoriser et d’approfondir l’outillage de nos langues maternelles. Les interventions de Rachid Abdou Moussa – qui a créé un clavier de téléphone spécialement conçu pour les langues régionales de Mayotte – ou de Nourdine Combo, qui travaille sur un système de reconnaissance vocale qui traduirait le shimaoré en kibushi, en français ou toute autre langue, ont été particulièrement appréciées.

F.I. : Vous organisez, toujours dans le cadre de cette JILM, un concours de poésie en shimaoré et en kibushi dont les lauréats seront récompensés ce mardi. En quoi est-ce important que les artistes locaux s’approprient leurs langues maternelles ?

R.S. : Nos langues sont naturellement belles ! Nos parents nous ont offert un bagage culturel riche de comptines, de poésies chantées. Ce patrimoine doit continuer à être enrichi et transmis aux générations futures. Je suis persuadé que pour nous intégrer dans la grande France, il faut arriver avec quelque chose en main ! Nos chants, nos poésies… tout cela est à dépoussiérer et à montrer ! C’est le rôle des artistes, et des médias !

F.I. : Vous plaidez par ailleurs pour une réécriture de noms des villages et des communes de l’île. Pourquoi ?

R.S. : Lors de mon intervention à ce sujet sur Mayotte la 1ère, je pointais du doigt la toponymie de Mayotte. C’est une science qui nous permet de mieux nous connaître : de savoir qui nous sommes et d’où nous venons ! Les noms ont souvent été déformés lors de leur passage à l’écrit. En les corrigeant, cela permettra à tous de mieux en comprendre l’origine

Avec ses skateboards artisanaux, Tom a trouvé son équilibre

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Tom présente l’une de ses dernières créations. Derrière lui, des planches à différentes étapes de leur fabrication.

De sa passion des sports de glisse, Tom a créé une activité professionnelle : shaper de skateboards « made in Mayotte ». Dans son atelier, il fabrique des planches artisanales uniques, qu’il commercialise sur son site internet, espérant développer la pratique du skate sur l’île.

« Dans une planche on a sept plis d’érable, disposés dans un ordre bien précis », explique Tom en reconstituant l’assemblage de feuilles de bois nécessaires à la fabrication d’un skateboard. Collage, pressage, dessin du shape, découpage… Dans son atelier en périphérie de Mamoudzou, Tom nous détaille scrupuleusement chacune des étapes de son processus de fabrication artisanale de planches de skate, bien rodé grâce à de nombreuses recherches et expérimentations. Chaque outil, choisi minutieusement, remplit une fonction précise. Les matériaux sont sélectionnés avec soin. « Je bosse avec du placage en érable nord-américain, c’est le top », renseigne-t-il. On le sent tout de suite à ses côtés : le jeune homme a, certes, le sens du détail, mais surtout une passion dévorante. « J’ai envie d’innover, dans le sens noble du terme… de concevoir des beaux produits dont je peux être fier ». Derrière lui, sur une étagère murale, s’empilent quelques-unes de ses créations. « Chanfi », « Duja », « Shark », chaque planche a son nom. Toutes sont uniques ; forme et design diffèrent pour donner à chaque board un caractère bien particulier.

Créer des planches à l’équilibre parfait ne s’improvise pas. Tom s’initie au shape en fabriquant d’abord une planche de surf, en autodidacte. « Je me suis formé tout seul en faisant des recherches sur internet. Dans un premier temps, personne ne m’a rien appris. Au début, je n’en étais pas vraiment satisfait, mais aujourd’hui je l’aime beaucoup ! », se réjouit-il, évaluant du regard la planche rouge écarlate de 6,6 pieds de haut. La toxicité du travail de la résine des planches de surf l’oriente plutôt vers la fabrication de planches de skateboard, également moins onéreuse. « La mentalité du skate est aussi beaucoup plus sympa ! Les artisans que j’ai contactés pour prendre des infos étaient tous très avenants, prêts à m’aider dans ma démarche », raconte-t-il. En 2021, Tom professionnalise sa pratique : il suit une formation de shaper auprès de ROAROCKIT, une entreprise spécialisée dans la fabrication de skateboard. En fin d’année dernière, il ouvre son site internet – merlinskateboards.com – et commence à commercialiser ses planches made-in Mayotte.

« Vendre des skates à Mayotte, c’est comme vendre des doudounes ! »

« On m’a dit que vendre des skates à Mayotte, c’est comme vendre des doudounes ! », raconte Tom en riant. « C’est peut-être vrai ; l’avenir nous le dira… Mais quand je vois la jeunesse – plutôt sportive – de Mayotte, je me dis qu’il y a un vrai potentiel ! Et comment développer un sport si on ne met pas la matériel à disposition ? », interroge-t-il. Pour cela – le jeune artisan l’admet – l’enjeu sera de « réussir à développer des planches moins chères en réduisant les coûts de production ». « Je ne veux pas oublier que la moitié de la population vit avec moins de 3000 euros par an et ne peut pas forcément se permettre l’achat d’une planche. J’aimerais développer ça de manière accessible au plus grand nombre », avance-t-il, désireux de « mettre en place des choses avec les établissements scolaires, en montant des projets skate avec les professeurs d’EPS, par exemple ! »

Sur l’île, la pratique du skateboard reste, pour l’heure, confidentielle. « Trop de gens disent qu’il est impossible de skater à Mayotte. C’est faux. On a pas forcément besoin de grandes routes toutes neuves », plaide Tom, qui estime que l’esprit du skate réside davantage dans la capacité à s’adapter à l’environnement existant, et prévoit de recenser et promouvoir « tous les spots ‘skatables’ de l’île » sur sa page Instagram (@merlin_skateboards).

Diplômé de droit pénal, mais « sollicité toute son enfance par [son] père pour des travaux manuels », Tom trouve dans la pratique du shape un bon compromis entre l’intellect et le concret. « Une planche c’est un vrai mélange d’artisanat, de caractéristiques physiques précises et maîtrisées, et de design », analyse-t-il. « C’est très stimulant ! J’aime utiliser mes mains car, aujourd’hui, dans notre société, il y a cette idée selon laquelle tout doit être intellectualisé… Pour autant, il faut savoir utiliser ses mains de manière intelligente ! ». Sur une planche, comme dans la tête… tout est dans l’équilibre !

L’état des stocks de poissons : « une priorité » pour le Parc marin

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Un agent du Parc collecte des données de pêche au débarquement dans le cadre des enquêtes du système d'information halieutique (SIH) | crédit Fanny Cautain / Office français de la biodiversité

Le premier diagnostic de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) sur les stocks de poissons en outre-mer, rendu la semaine dernière, révélait la difficulté d’évaluer scientifiquement l’état des populations de poissons côtières et récifales – comprenez : les poissons du lagon. Nous avons interrogé Christophe Fontfreyde, directeur du Parc naturel marin de Mayotte, qui nous informe sur les travaux réalisés à ce sujet.

Flash infos : Pouvez-vous nous éclairer sur cette difficulté à évaluer l’état des stocks de poissons côtiers et récifaux à Mayotte ?

Christophe Fontfreyde : Mayotte n’est pas un cas isolé. Les stocks des espèces côtières et récifales sont très difficiles à évaluer. En effet, pour estimer la quantité de poissons dans l’eau, les scientifiques se basent sur les quantités de poissons pêchées, leur taille, etc. Or, les espèces récifales sont nombreuses, et donc les quantités débarquées pour chacune d’entre elles souvent trop faibles pour en estimer le stock. Ça peut paraître paradoxal, mais moins une espèce est pêchée, et moins on a d’informations sur le stock ! Nous rencontrons cette difficulté-là, et la science n’a pas forcément la réponse !

F.I. : Vous collectez pourtant des données sur ces espèces. Quels outils avez-vous à votre disposition pour faire état des stocks ?

CF : En l’absence de l’Ifremer à Mayotte, nous réalisons le système d’informations halieutiques (SIH). Six agents de terrain sont répartis sur les différents points de débarquement de l’île. A l’amiable avec les pêcheurs – nos agents ne sont pas des contrôleurs – ils estiment les quantités de poissons débarquées par espèce, les mesurent. C’est difficile d’être exhaustif, car il y a beaucoup de pêche informelle. Ensuite, le parc marin a acheté des caméras « Staviro » (station vidéo rotative, NDLR), développées par l’Ifremer. Ce sont des caméras « haute-définition » sur trépieds que l’on place au fond de l’eau, et qui prennent des images à 360 degrés. Leur déploiement ne prend qu’une quinzaine de minutes, ce qui permet de couvrir une vingtaine de spots par jour. Nous avons fait plusieurs centaines de « points » l’année dernière. Cette année, les halieutes analyseront les images en laboratoire pour mesurer l’abondance et la diversité des différentes espèces. Enfin, nous envoyons des plongeurs qui réalisent des comptages. C’est plus exhaustif qu’une caméra, mais eux ne peuvent s’immerger que deux à trois fois par jour ! En utilisant les méthodologies développées par l’Ifremer à la Réunion, on compile les données du SIH, des « Staviro » et des plongeurs, qui passent dans une moulinette très savante pour nous donner une première estimation de l’état des stocks pour six espèces jugées prioritaires. C’est le projet Demerstock, financé par l’Union européenne, le plan de relance et l’Office français de la biodiversité. On est en phase de recherche et de développement : vraisemblablement, c’est un programme qu’il faudra reconduire sur plusieurs années.

F.I. : Pourquoi est-il important de connaître l’état des stocks de poissons côtiers et récifaux ?

CF : Pour le parc marin, c’est une priorité : nous devons savoir quelles espèces sont en danger, lesquelles doivent être protégées, ou à l’inverse lesquelles nous pouvons pêcher. Notre rôle est – certes – de protéger les espèces, mais aussi la filière pêche ! L’idée d’un parc marin, c’est d’y inclure l’être humain. Ce n’est pas un sanctuaire, nous faisons partie de l’écosystème… mais il faut que les gens s’y comportent suffisamment bien. J’aime employer cette image : c’est un peu stupide de pêcher un poisson qui ne s’est pas encore reproduit, mais c’est pas forcément plus malin de le laisser mourir de vieillesse ! Il y a un intermédiaire à trouver, et c’est notre boulot.

FI : Vous avez, pour encourager les pêcheurs à cibler les espèces pélagiques hors du lagon, installé des « dispositifs de concentration de poissons » (DCP). Pouvez-vous nous en réexpliquer le principe, et quel premier bilan en tirez-vous ?

CF : Effectivement, l’une des sept orientations du plan de gestion du Parc marin est le développement de la filière pêche hors du lagon. L’idée étant de se dire, qu’au vu de l’augmentation de la population sur l’île, et par mesure de précaution, on ne s’imagine pas intensifier encore la pression de pêche dans le lagon. L’une des solutions est donc de s’orienter sur les poissons du large, principalement les espèces thonières. Dans ce cadre, nous avons installé 14 DCP fixes, en milieu et fin d’année dernière. Ce sont des gros blocs de béton, accrochés par des centaines de mètres de câbles à une quinzaine de bouées de surface. A environ cinq mètres de profondeur, nous avons un « feuillard », un ensemble de filins dans lesquels les algues vont se fixer. Des petits poissons s’y cachent, développant toute une chaîne alimentaire et attirant les plus gros poissons. Ce sont des sortes d’oasis, placés à une distance d’entre cinq et quinze miles nautiques (entre 9 et 28 kilomètres, NDLR) du récif, et qui donnent aux pêcheurs une facilité d’accès à la ressource. Nous avons eu de très bons retours. Les pêcheurs en demandent même davantage !

FI : On pense instinctivement que la conservation des stocks concerne avant tout les pêcheurs professionnels. Les pêcheurs plaisanciers doivent-ils être sensibilisés à certaines pratiques ?

CF : Tout à fait. Déjà, les méthodes de pêche sont plus contraignantes pour la pêche de loisir que pour la pêche professionnelle. Par exemple, les DCP ne sont accessibles aux plaisanciers que le week-end. Disons que pour se nourrir, on estime que l’on peut impacter un peu plus le stock que pour s’amuser ! Les pêcheurs plaisanciers peuvent par ailleurs être une source de données intéressante, puisqu’ils ciblent des espèces un peu plus sportives : barracudas, espadons, par exemple.

FI : Hors la pêche, quelles autres pressions subissent les poissons du lagon de Mayotte ?

CF : La principale pression sur le lagon, c’est la terre qui descend de l’île, drainée par la pluie, qui recouvre le corail et l’empêche de respirer. On qualifie ce phénomène « d’envasement du lagon ». Grâce au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières, NDLR), on sait qu’environ 20 000 tonnes de terre arrivent dans le lagon chaque année – le poids de deux tours Eiffel ! Si on veut sauver le lagon, il faut se battre sur les chantiers, particuliers comme professionnels, pour ne pas laisser des tas de terre. Un vrai travail de sensibilisation doit être mené à cet effet. Par ailleurs, ce phénomène est accentué par le défrichage et le remplacement de ce qu’on appelle « le jardin mahorais » par des cultures qui ne retiennent pas l’eau sur les parcelles dénudées. Le lagon de Mayotte est exceptionnel au niveau mondial. A dires d’experts, il est encore dans un état remarquable, et c’est pour cela que ça vaut le coup de se battre, avant qu’il ne soit trop tard.

 

« Il faut sauver les abeilles mahoraises »

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Du miel d’abeilles bio 100 % made in Mayotte, ça existe et c’est même très à la mode. Mieux encore, ça s’expose à Paris ce mois-ci au salon national de l’agriculture, du 25 au 28 février 2023. Une appellation commerciale est désormais à retenir, « Bandrani » (localité agricole à l’entrée de Mtsamboro, dans le nord), celle lancée par la SARL agricole « Combo Coco ». C’est elle qui commercialise ce miel mahorais.

Du miel naturel, une denrée rarissime dans le département depuis de très nombreuses années. Mais voilà que cet « élixir de jeunesse » revient au goût du jour sur le territoire, et pour de bon, grâce à quelques passionnés et agriculteurs téméraires qui ont décidé de se lancer dans l’apiculture à grande échelle. C’est le cas d’une famille, les « Combo », une fratrie de dix personnes originaires de la commune de Mtsamboro, dans le nord, qui exploite un foncier de six hectares au lieu-dit Bandrani. Il s’agit d’un héritage reçu récemment de leur défunt père, agriculteur, lequel s’inquiétait de voir son patrimoine disparaître après sa mort du fait du désintérêt manifeste de ses enfants pour cette profession.

Une formation à l’apiculture

Pour honorer sa mémoire, sa descendance décide donc de rester soudée pour exploiter les terres agricoles en y plantant des cocotiers et d’autres arbres fruitiers. C’est dans cette projection que la culture des abeilles s’est imposée à eux, car l’insecte s’avère indispensable pour la pollinisation de ces cultures. Une tâche qui s’est révélée très ardue du fait que 90 % des colonies d’abeilles à Mayotte sont sauvages, dispersées dans un habitat extrêmement varié : pneus à l’abandon, amas de cailloux, caniveaux fermés, maisons abandonnées et branches d’arbres font le bonheur des butineuses. « Ce fut une vraie galère pour nous d’en trouver et de les sédentariser dans des ruches. Malgré toutes nos recherches sur Internet et nos échanges avec des apiculteurs hors territoire, nos abeilles finissaient par s’enfuir pour s’installer ailleurs », explique Hamada Elkabir, un des associés de la SARL agricole Combo Coco.

La fratrie s’est alors adressée au lycée agricole de Coconi pour une formation pratique spécifique sur l’apiculture, qui leur a coûté 4000 euros. Une somme conséquente qu’ils ne regrettent absolument pas d’avoir déboursé, au regard des aspects positifs résultats de cette formation. À ce jour, l’exploitation agricole dispose de 100 ruches, qui ont permis la récolte de 200 kilos de miel en 2022 et une quantité bien supérieure en 2023, première année officielle d’exercice. « Après le décès de notre père, il nous a fallu beaucoup de temps pour régulariser les aspects juridiques de notre foncier. Il nous a fallu attendre trois ans avant d’obtenir un titre foncier, aussi, en attendant la finalisation de cette procédure, nous avons décidé de démarrer dans le tas, de façon informelle, la culture des abeilles. Le jeu en valait la chandelle puisque nous avons obtenu ces 200 premiers kilos de nectar pur, 100 % bio, juste pressé ».

ADAM élève les apiculteurs mahorais

En plus de cette production, la SARL agricole Combo Coco dispose d’une quantité suffisante de miel pour ouvrir sa première saison de vente. Le précieux produit est vendu dans des bocaux en verre, de 250 et 500 grammes, pour des prix respectifs de 30 et 55 euros. Deux points de vente sont ouverts dans le nord de l’île, l’un à Hamjago et l’autre à Mtsamboro. Mais il est possible de se faire livrer à domicile sur commande. La famille Combo ne compte pas sectoriser la production du miel naturel d’abeilles à la seule région nord de notre département. Elle se considère désormais investie d’une mission, celle de contribuer à sauvegarder l’abeille mahoraise sur l’ensemble de l’île et d’appeler la population à ne pas céder à la tentation de brûler les essaims d’abeilles qui colonisent régulièrement les espaces habitables.

Les apiculteurs mahorais regroupés au sein d’une nouvelle association, « ADAM », disposent désormais de l’expertise nécessaire pour récupérer ces colonies et les transférer dans des ruches. En effet, d’autres apiculteurs se sont installés et vont s’installer dans d’autres endroits de l’île, dont Majimbini, dans les hauteurs de Mamoudzou. L’association lance ainsi un appel à tous les Mahorais désireux d’accueillir des ruches ou de se lancer eux-mêmes dans la production de miel naturel, de se faire connaître auprès de ses membres. « Notre projet de généraliser la production de miel sur l’ensemble de Mayotte reste très ambitieux et de longue haleine, mais nous nous tenons à l’écoute et à la disposition de toutes les bonnes volontés qui peuvent nous aider à réussir cette aventure. Le développement de la production agricole locale va de pair avec celle des abeilles, donc du miel », assure Hamada Elkabir, dont l’exploitation familiale compte également étendre ses activités dans le maraîchage. Ainsi donc, ce sont 140 pots de miel made in Mayotte qui seront exposés au salon de l’agriculture à Paris la semaine prochaine.

Une nouvelle procédure contre le désordre foncier

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Depuis ce 16 février et un décret publié au Journal officiel, l’Etat permet une autre voie de sécurisation juridique dans la résolution des conflits fonciers à Mayotte. En effet, ce décret a pour objectif d’aider les personnes qui disposent d’un contrat de vente immobilière, respectant certaines conditions de forme, à obtenir un titre de propriété efficace pour sécuriser leur situation juridique. Ces personnes bénéficieront d’une procédure plus rapide et plus souple, et ne seront pas obligées de se faire représenter par avocat pour obtenir une décision du tribunal judiciaire de Mayotte reconnaissant leur droit de propriété. Pour rappel, près de 70 000 parcelles sont dépourvues de titre de propriété régulier, selon la préfecture.

Le CCAS de Dembéni à la rencontre des jeunes en difficulté d’insertion

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Le centre communal d’action sociale de Dembéni organise des matinées de rencontre afin de recenser, accompagner et orienter les jeunes de 16 à 24 ans sortis du système scolaire. Tout public en difficulté d’insertion sociale et professionnelle âgé de 16 à 45 ans et/ou bénéficiaires du RSA de la commune sont également conviés. Des rencontres sont prévues dans les cinq villages de la commune : à Dembéni (place Mangrove) le 21 février et le 9 mars, à Tsararano (Mwirindza) le 23 février et le 14 mars, à Iloni (dispensaire) le 28 février et le 16 mars, à Ongojou (place publique) les 2 et 21 mars et à Hajangua (ancien foyer) les 7 et 23 mars. Chaque matinée se déroulera de 8h à 11h30.

Le risque vectoriel reste important à Mayotte

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Au cours de la semaine écoulée, 2 774 domiciles ont été visités par les agents de lutte antivectorielle, avec pour but l’élimination ou le traitement de toutes les situations de proliférations de moustiques et l’information aux personnes rencontrées sur le risque de transmission des maladies vectorielles. Ce sont 2 359 gîtes qui ont été recensés, dont 489 gîtes positifs, c’est-à-dire, contenant des larves de moustiques. « Le risque vectoriel est toujours important sur notre territoire. Cette situation nécessite de rester prudent et d’appliquer les bons réflexes au quotidien afin de limiter la prolifération des moustiques et le risque de transmission des maladies », informe l’agence régionale de santé de Mayotte. Du 20 au 24 février, les agents de la lutte antivectorielle se rendront à Pamandzi, Cavani, Mamoudzou, Tsoundzou et Passamainty.

Limitation de l’usage de l’eau : mise en place de mesures

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Afin de préserver la ressource en eau et compte tenu du déficit important de pluies à proximité des points de captage alimentant l’île en eau potable, le préfet de Mayotte, par arrêté préfectoral, a pris la décision de renouveler la limitation de certains usages de l’eau sur le département, à compter de ce lundi 20 février 2023. Cet arrêté complète le maintien du dispositif de tours d’eau décidé par les membres du Comité de suivi de la ressource en eau.

Les mesures spécifiques figurant dans l’arrêté portent sur le lavage des véhicules (interdiction de lavage des véhicules (voitures et deux roues), hors des stations de lavage professionnelles, sauf obligation en matière d’hygiène et de santé publique ; interdiction de lavage des trottoirs, bâtiments, façades, terrasses, cours et murs de clôture avec de l’eau (sauf impératif sanitaire ou de sécurité) ; interdiction de lavage des bateaux de plaisance de particuliers) ; sur l’arrosage (interdiction d’arrosage des pelouses, des espaces verts publics et privés, des jardins potagers de minuit à 18h) ; du remplissage des piscines (interdiction de remplissage et de maintien à niveau des piscines privées, sauf pour les établissements touristiques recevant du public) ; usage domestique (tout usage du réseau d’eau potable à des fins d’épreuves réglementaires ou d’exercice d’incendie nécessitant un volume d’eau supérieur à 5m3 et interdit).

Tout contrevenant s’expose à la peine d’amende prévue pour les contraventions de 5e classe, soit 1.500 euros d’amende, montant qui peut être monté à 3.000 euros en cas de récidive.

Agression mortelle à Cavani, quatre personnes mises en examen

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Le 14 février 2023, aux environ de midi, trois jeunes étaient victimes de violences au stade de Cavani. Ils recevaient des jets de pierre et l’un d’entre eux, âgé de 18 ans, était frappé à la tête avec une barre de fer. Blessé, il rentrait chez lui et sa famille faisait appel aux pompiers dans l’après-midi. Il était hospitalisé et décédait le lendemain à 12h40, des suites de ses blessures.

Le procureur de la République, Yann Le Bris, informe au travers d’un communiqué de presse que l’enquête a été confiée au service territorial de police judiciaire de Mayotte et permettait l’interpellation de quatre personnes (deux majeurs de 20 et 21 ans et deux mineurs de 15 et 17 ans) impliquées dans les violences ayant entraîné la mort du jeune homme. L’un des majeurs reconnaissait avoir porté un coup de barre de fer.

Les quatre auteurs étaient déferrés au tribunal judiciaire le 18 février 2023. En complément, le procureur de la République informe que « le parquet ouvrait une information judiciaire du chef de violence en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner et du chef de violence en réunion sans incapacité. Ils étaient mis en examen par le juge d’instruction. L’auteur du coup de barre de fer était placé en détention provisoire et les autres mis en examen étaient placés sous contrôle judiciaire ».

La SMAE en grève lundi prochain

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Les agents de la SMAE – Mahoraise des Eaux ont prononcé un préavis de grève pour le lundi 27 février. La direction leur aurait refusé une prime d’intéressement.

Un scootériste grièvement blessé à Tsoundzou samedi dernier

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Un scootériste circulant sur la route nationale à Tsoundzou 1, a subi une agression ce samedi 18 février, aux environs de 21h30 à hauteur du pont à la sortie du village. Le conducteur a reçu une pierre en plein visage, au niveau de l’œil gauche. Blessé grave, ce dernier est actuellement en attente de son évacuation sanitaire. Le lancer de pierre a été fait dans le but de provoquer l’arrêt du véhicule et ainsi, pouvoir dépouiller la victime de son scooter, de son sac et de ses papiers d’identité. Une enquête a été ouverte pour ce vol avec violence. L’agressé est un policier, qui n’était pas en service au moment des faits.

En 1900, Mayotte à Paris

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Après 1855, 1867, 1878 et 1887, Paris accueille sa cinquième exposition universelle en 1900. Ayant pour ambition de faire le « bilan d’un siècle », l’évènement réunit une foule inédite et une organisation littéralement monumentale. Mayotte, colonie française, y est présente, même si elle n’a le droit qu’à une petite partie de l’exposition coloniale.

Paris, 1900. Voilà une trentaine d’années que le peuple français s’est remis de la guerre franco-prussienne, a adopté pour de bon la République avec la IIIème du nom, et peut aborder sereinement la période dite de « la Belle époque », synonyme d’avancées sociales et techniques fulgurantes. L’exposition universelle constitue ainsi le point d’orgue de cette époque, l’épicentre des cultures du monde, la grandeur de la France. Inaugurée le 15 avril par un Émile Loubet fraîchement élu président de la République, elle s’étale jusqu’au 12 novembre, mais aussi dans de nombreuses artères de la capitale.

En effet, la solennité du « bilan d’un siècle » se retranscrit dans les chiffres vertigineux de l’évènement. Ce dernier attire plus de 50 millions de visiteurs, un record absolu pour l’époque, et quelque 80 000 exposants venus de 40 pays différents. Les flux humains sont tels qu’ils nécessitent un réaménagement des gares de Lyon, de l’Est et de Montparnasse pour les accueillir. Les réalisations architecturales et techniques sont elles aussi impressionnantes : si l’exposition universelle de 1889 voyait la Tour Eiffel s’ériger au-dessus du Champ de Mars et de la skyline assez basse du Paris de l’époque, celle de 1900 accouche du Grand Palais et du Petit Palais, mais aussi du pont Alexandre-III, et de la gigantesque porte Binet, inspirée de l’art byzantin et trônant place de la Concorde.

Zoos humains

L’exposition universelle du début du siècle voit aussi se dérouler les deuxièmes Jeux Olympiques de l’ère moderne, et nombre d’innovations : trottoir roulant à deux vitesses installé sur un viaduc à 7 mètres du sol, grande roue de 70 mètres de haut, cinéma des frères Lumière, plus grand télescope du monde, moteur Diesel à l’huile d’arachide, ouverture de la première ligne du métro parisien… Et l’exposition coloniale, présentant les peuples et les cultures du monde entier.

C’est au sein de cette dernière, installée en face de la Tour Eiffel, sur la place du Trocadéro, que Mayotte, colonie, et les Comores, protectorats, sont présentés. Tout cela à l’intérieur du « ministère des colonies », à côté des pavillons de la Martinique, de la Guadeloupe et de La Réunion, avant le pavillon de Madagascar, tout au fond. Comme onze ans auparavant, l’exposition coloniale comporte des villages d’indigènes, parfois nommés « cannibales » : les zoos humains. Ces derniers exposent des étrangers, bien souvent des femmes et des hommes colonisés, africains, asiatiques et kanaks. Exhibés dans des enclos, dans des conditions telles que beaucoup ont trouvé la mort au pied de la Tour Eiffel. Une situation qui émouvait déjà les journalistes de l’époque.

« Mais, vers six heures du soir, vous apercevrez, se glissant en cachette le long des murs, trompant la surveillance des gardiens bons garçons, de pauvres Hovas, en chapeau de paille et en manteau ballant, qui viennent contempler le panorama de Tananarive, et là, tout d’un coup, demeurent immobiles, comme fascinés à la vue de la patrie absente, devant cette terre rougeâtre qui semble n’avoir pas encore complètement bu le sang versé…

L’un d’eux surtout m’a fait pitié. Pendant une demi-heure, il resta blotti le long d’un pilier : sur sa figure de simple, des larmes coulaient pendant que ses yeux dilatés semblaient fixer un tout petit point perdu dans la toile immense.

  • C’est sa maison, qu’il regarde, m’expliqua le guide ; tous les soirs, il vient la voir ici, et ne peut pas s’en arracher. »

La Croix, 3 juin 1900.

Outre ces exhibitions indignes, l’exposition coloniale permet aux visiteurs de voir ce qui se passe dans les colonies françaises. Si la promesse a été tenue pour les colonies martiniquaise, réunionnaise et guadeloupéenne, Mayotte n’était incluse que dans le bâtiment du ministère des colonies qui, semble-t-il, n’avait pas grand-chose à proposer aux visiteurs. Selon des textes de l’époque, le capitole construit pour l’occasion ne comportait que quelques peintures et sculptures, des timbres et cahiers coloniaux, ainsi qu’une serre coloniale comportant des plantes endogènes de l’archipel des Comores certes, mais aussi de Madagascar, d’Inde ou du Cambodge. Quant au document que nous analysons cette semaine, il a été produit pour l’occasion.

Sixième rentrée pour le collectif CIDE de Mayotte

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Les 28 associations membres du Collectif CIDE de Mayotte se sont réunies mercredi 15 février au collège de Passamainty, à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle Haki Za Wanatsa. L’occasion d’approuver le bilan 2022 et plus largement de rendre hommage aux actrices et acteurs qui ont mené la campagne Wamitoo (cumulant quelques 4.800 heures de bénévolat) à l’heure où l’Éducation nationale enregistre une hausse de 30% des signalements et où le tribunal judiciaire annonce quant à lui une augmentation record de 300%, avec près du double d’enquêtes suivies et d’ordonnances de placement prioritaire recensées par le parquet.

Au terme des 135 actions de terrain menées en quatre mois de campagne sur ces deux ans de mobilisation, 17.000 enfants et parents ont été mobilisés et 120.000 personnes ont pu être sensibilisées, autour de quatre outils majeurs et d’une journée d’étude universitaire. Concernant les orientations 2023, le collectif et ses 103 adhérents vont favoriser la sensibilisation à l’égalité filles-garçons. Aussi, une des actions consistera à organiser des débats d’adolescents. Ce projet sera lancé officiellement le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes, en partenariat avec le Cofrade et l’école supérieure d’ingénieurs de la Réunion.

Dembéni : recherche nouveau restaurateur pour le parc Ounafassi

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La ville de Dembéni lance un appel à candidature pour la location d’un conteneur à usage de restauration dans le parc Ounafassi. Le dossier de candidature est à retirer à l’accueil de la mairie et à retourner avant le lundi 27 février 2023 à 12h.

Grand nord de Mayotte : lancement de l’appel à projet « Oulanga iyo dahabou yatru »

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La communauté d’agglomération du grand nord de Mayotte (CAGNM) lance l’appel à projets « Oulanga iyo dahabou yatru ». Cet appel à projets s’adresse aux associations loi 1901, aux collectivités territoriales du grand nord, aux entreprises et acteurs privés à compétences environnementales et éducatives et aux porteurs d’un projet lié à la promotion de l’environnement et du développement durable.

Les projets sélectionnés bénéficieront d’un financement, ainsi que d’un accompagnement personnalisé de la part de la CAGNM sur les thématiques suivantes : lutter contre la prolifération des déchets, préserver et restaurer les écosystèmes naturels, améliorer le cadre de vie et la résilience des territoires.

Toute demande de subvention se fera obligatoirement sous format dématérialisé et devra être envoyée au plus tard le mardi 28 mars 2023 à 12h aux adresses courriels suivantes : kathy.simoes@cagnm.fr – pauline.faure@cagnm.fr.

Rectificatif : un séminaire d’éducation aux médias à Mayotte au mois de mai

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Un séminaire d’éducation aux médias, en présence du préfet de Mayotte, Thierry Suquet, aura lieu au collège de Kwalé, sur la commune de Mamoudzou, le 24 mai. Si nous avons annoncé que le président de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, ex-CSA) serait présent, ce seront plutôt les représentants du comité territorial La Réunon-Mayotte qui assisteront à l’événement. En effet, Zaïnaba Mohamed, membre du comité, a confirmé sa présence. Elle y sera avec Archimède Saïd Ravoay, chargé de mission formation aux Ceméa (Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active).

Des contrats pour les communes d’outre-mer en difficulté financière

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Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et le ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, renforcent l’accompagnement des communes ultramarines en lançant un appel à candidature pour la signature de nouveaux contrats de redressement outre-mer. Les Corom sont un dispositif par lequel une commune en difficulté financière s’engage sur une trajectoire de redressement de ses finances et d’amélioration de sa gestion, notamment par une réduction de ses délais de paiement aux entreprises. En contrepartie, l’État soutient ces collectivités volontaires en mettant à leur disposition une assistance technique et une subvention exceptionnelle de fonctionnement, sous condition que la commune atteigne les objectifs définis dans son contrat.
Une première vague de ce dispositif, créé à la suite d’un rapport des parlementaires Georges Patient et Jean-René Cazeneuve, est en cours pour la période 2021-2023. Neuf communes bénéficient ainsi du soutien de l’État pour un montant total de 30 millions d’euros sur trois ans (Basse-Terre, Pointe-à-Pitre, Sainte-Rose, Fort-de-France, Saint-Pierre, Cayenne, Iracoubo, Saint-Benoît, Sada). Les premiers résultats étant positifs, le ministre délégué chargé des Outre-mer a proposé l’extension de l’expérimentation.
Lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2023, les députés ont adopté un amendement pour consacrer trente millions d’euros supplémentaires aux COROM cette année. Sur cette somme, le Gouvernement consacrera vingt millions d’euros pour l’accompagnement du Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de Guadeloupe (SMGEAG), qui s’inscrit également dans une contractualisation avec l’État. Les dix millions d’euros restants viendront ainsi soutenir de nouvelles communes en difficulté. Cette nouvelle vague de contractualisation sera dotée de dix millions d’euros par an pour la période 2023-2025. Un appel à candidatures a été lancé auprès de 31 communes éligibles du fait de leur situation financière dégradée. Ces dernières disposent d’un mois pour transmettre leur candidature.

Les sapeurs-pompiers s’équipent de vidéosurveillance mobile

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Régulièrement, les sapeurs-pompiers du service départemental d’incendie et de secours de Mayotte doivent faire face à des situations de violence, en intervention et au sein des casernes. Le plan de prévention et de lutte contre les agressions envers les sapeurs-pompiers de décembre 2022 préconise la mise en place de systèmes de vidéosurveillance mobiles utilisés lors d’intervention, appelés caméra-piéton, et fixes sur les bâtiments, pour protéger les centres de secours. Le SDIS de Mayotte s’est doté de ces équipements, dans un souci de protection de ses personnels, de ses casernements, avec la volonté de toujours répondre présent aux demandes de secours.

L’objectif de ces équipements est d’éviter les incivilités ou agressions en intervention, de constater des infractions et de faciliter l’identification des auteurs par la collecte de preuves dans le cadre d’une enquête. Les enregistrements issus de ces caméras sont strictement encadrés par la réglementation et l’accès aux vidéos n’est possible que sur réquisition judiciaire. Le droit à l’accès aux données personnelles s’exerce directement auprès du Service Départemental d’Incendie et de Secours de Mayotte (contact@sdis976.fr).

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes