D’après l’édition de ce mercredi de l’hebdomadaire Le Canard Enchaîné, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, serait sur le point de lancer une opération d’envergure à Mayotte, baptisée « Wuambushu », qui viserait à expulser massivement les étrangers en situation irrégulière et à détruire les bidonvilles. Le canard rapporte qu’un « demi-millier de gendarmes et de flics s’apprêtent à envahir l’archipel » pour deux mois d’opération, « à compter du 20 avril ». Si la décision aurait été « validée par Emmanuel Macron en personne lors d’un Conseil de défense », le journal satirique argue que le ministre voit en Mayotte un terrain opportun pour nourrir des ambitions politiciennes.
Le bébé né dans l’avion Paris-Dzaoudzi n’a pas survécu
L’enfant né dans l’avion reliant Mayotte à Paris dans la nuit du 19 au 20 février n’a pas survécu, a-t-on appris. L’avion avait dû se poser en urgence à Addis-Abeba (Éthiopie) pour permettre une prise en charge de la nouvelle-née, prématurée, et de sa mère.
Les fonds européens à nouveau disponibles pour Mayotte
La campagne des sénatoriales a bel et bien démarré. Le parti du chef de l’État, Emmanuel Macron, a dépêché sur l’île ce mercredi 22 février 2023 son secrétaire général, Stéphane Séjourné, député européen de son état, pour porter deux grands messages importants. Sur le pan strictement politique, le parti macroniste vient contrer sur le terrain la formation de Marine Le Pen, eut égard à ses dernières percées électorales sur notre territoire lors des deux derniers scrutins nationaux.
Le parti Renaissance affiche clairement son intention de démontrer que le Rassemblement National de Marine Le Pen n’est pas seul maître à bord dans l’archipel de Mayotte, malgré ses récentes avancées politiques. Analysées comme la matérialisation du ras-le-bol des électeurs de l’île face à un désintérêt certain des gouvernements d’Emmanuel Macron, devant les préoccupations majeures des populations locales, Stéphane Séjourné lui oppose une opinion différente. Il estime que beaucoup a été fait en faveur de Mayotte, et centre notamment son propos sur la lutte contre l’immigration clandestine, le soutien à l’activité économique et au développement du territoire, quand bien même reconnaît-il qu’il reste encore énormément de choses à réaliser.

M.Séjourné a donc fait deux annonces majeures, à savoir la restructuration du parti présidentiel sur l’île et le déblocage – encore non annoncé officiellement – des fonds européens destinés au développement de Mayotte. Pour mémoire, une annonce avait abasourdi tout le monde l’année dernière, sur l’arrêt de ces fonds suite à un audit des services compétents réalisé en 2021. Les conséquences de ce fiasco avait donné lieu à la création par le Conseil départemental du GIP Europe, au centre d’un vaudeville ces jours derniers. Un vaudeville qui a abouti à la mise à l’écart d’Ali Soula, directeur de ladite institution. La situation a ému la société civile mahoraise et a vu, outre l’implication des « Femmes leaders», l’annonce d’une occupation probable des locaux dudit GIP Europe par les syndicats locaux, à compter de mardi prochain.
Roukia Lahadji, représentante mahoraise de Renaissance
Le secrétaire général de Renaissance se félicite du déblocage de 290 millions d’euros qui vont pouvoir bénéficier au financement de différents projets profitables aux habitants de notre département et que le parti présidentiel ne se gênera pas de valoriser lui même. Stéphane Séjourné annonce en outre la structuration de sa formation politique au niveau local, avec cette fois-ci, une représentante élue par les militants mahorais et non désignée par Paris, comme c’était le cas auparavant. L’heureuse élue n’est autre qu’Hanima Ibrahima (plus connue localement sous l’appellation de Roukia Lahadji), ancienne maire de la commune de Chirongui. Selon M. Stéphane Séjourné, il convient de voir dans ce changement organisationnel politique du parti Renaissance à Mayotte, un changement de tactique de bataille sur le terrain contre le Rassemblement National. Il est aussi question pour la macronie de disposer d’un levier d’ancrage sur le territoire pour porter les ambitions du parti présidentiel. Un levier autonome, une force de propositions disposant des moyens financiers nécessaires, capables de relayer la politique du chef de l’État, mais surtout en mesure d’établir et de porter des projets propres au territoire.
Dans le concret, il s’agira de valoriser sur le terrain les actions du gouvernement et soutenir les amendements que pourraient porter les parlementaires locaux membres du parti Renaissance. C’est le cas de la revalorisation de 150 € du minimum vieillesse à Mayotte, portée notamment par le sénateur Thani Mohamed Soilihi, ou encore l’harmonisation des aides sociales. Un fait d’armes que M. Séjourné n’hésite pas de qualifier de victoire politique. Avec au passage quelques attaques bien ciblées contre la formation de Marine Le Pen, Stéphane Séjourné a évoqué les efforts consentis par le gouvernement d’Élisabeth Borne au profit de notre département, comme le doublement des forces de l’ordre pour lutter contre les violences récurrentes et l’insécurité. « C’est un effort réel et concret, certes pas suffisant au regard des attentes de la population, mais nous sommes partis de si loin », fait remarquer pour sa part le sénateur mahorais. Il porte également au crédit de la macronie un soutien conséquent aux entreprises locales durant le Covid 19, ce qui a permis à l’économie locale de tenir bon et d’avoir prospéré mieux que précédemment. « J’admets que si tous ces efforts avaient été faits auparavant, nous ne serions pas dans la situation que nous connaissons aujourd’hui », a ajouté le sénateur.
Assainir la gestion des fonds européens
Interrogé au sujet de l’ambiance délétère qui prévaut en ce moment sur l’île au sujet de la gouvernance des fonds européens via le GIP Europe, le secrétaire général du parti Renaissance a admis le besoin urgent de trouver une issue à cette situation. Il a estimé qu’il serait incompréhensible que des blocages locaux viennent empêcher le bénéfice pour le territoire de financements aussi importants obtenus après d’après négociations entre l’État français et l’UE. « Il faut débloquer cette situation à travers des opérateurs d’intérêt national unissant les services de l’État aux élus locaux dans un axe de développement d’infrastructures locales, et autour de la dimension française et européenne de Mayotte, de la culture européenne dont l’île est l’ambassadrice dans cette zone du globe », a conclu Stéphane Séjourné. Celui qui est aussi vice-président du groupe Renew au Parlement européen quittera le département demain, en milieu de journée, après de nombreuses et diverses rencontres. Il rejoindra l’île de La Réunion, deuxième escale de son périple ultramarin.
Et le Cluster Tourisme de Mayotte fut !

Le « Cluster Tourisme de Mayotte » – un nom technique voué à être remplacé ultérieurement – a été constitué ce mercredi matin, au cours d’une assemblée générale constitutive tenue dans les locaux de la Chambre de commerce et d’industrie à Mamoudzou. Destiné à rassembler les acteurs du secteur, le cluster est avant tout un « outil de business » qui doit permettre de « mutualiser les compétences » et de « coordonner les actions ».
« Si vous êtes présents aujourd’hui, c’est que vous êtes convaincus du potentiel touristique de notre île ! », introduit Marcel Rinaldy, président du groupe 3M, mais qui avait enfilé ce mercredi matin sa casquette d’élu de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM) pour encadrer l’assemblée générale constitutive du « Cluster Tourisme de Mayotte ». Face à lui, 23 membres fondateurs de l’association, tous professionnels de la filière, dont vingt siégeront au conseil d’administration.
Après ceux du maritime, de la cosmétique, et de la tech, le tourisme est donc le quatrième secteur d’activité à faire l’objet d’une « clusterisation » à l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte dans le cadre d’une convention signée avec le Département en 2020. Si la CCIM ne fait pas partie directement du cluster, elle est chargée d’en accompagner la structuration et la première phase de développement. « L’objectif, à terme, c’est que le cluster soit autonome, et que la CCI passe la main à un cluster-manager qui se chargera de le pérenniser sur le long terme », renseigne Angélique Gajahi, la responsable de la CCIM en charge de la supervision du projet.
Alors, quel est l’intérêt particulier de cet outil, défini par la chambre comme une « concentration géographique d’entreprises et d’institutions qui s’affrontent et coopèrent en même temps » ? « Le réseau », répond Marcel Rinaldy, selon qui agir en synergie permettra aux entreprises mahoraises de peser plus lourd à l’échelle régionale. Pour Angélique Gajahi, le cluster se différencie des syndicats, groupements ou autres offices de tourisme en ce sens qu’il « regroupe l’intégralité des acteurs de la filière – entreprises, institutions, collectivités » dans le but de la développer économiquement. En effet, l’objectif in fine est bien « de faire du business ! », rappelle Nadjar Mahizio, chef de service innovation au conseil départemental. « Réfléchissez vraiment à votre plan action d’un point de vue économique, car on ne pourra vous accompagner que sur cette base », prévient-il. « Le cluster n’est pas un outil destiné à faire remonter les problèmes d’une profession, ce n’est pas un syndicat », avertit Marcel Rinaldy. « Il s’agit ici de travailler avec et pour les autres ! », abonde Charles-Henri Mandallaz, en l’occurrence président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Mayotte.
Au cours de l’assemblée, les membres fondateurs – hôteliers, restaurateurs, voyagistes, entre autres – ont accordé leurs violons sur les statuts légaux de l’association, censés garantir une pluralité de représentation des secteurs d’activité au sein du CA, qui sera renouvelé tous les deux ans. Le bureau a également été élu. Antoine Tordeur, gérant du club de plongée Happy Divers, prend la présidence du cluster, épaulé par Aminaty Roumouli en qualité de vice-présidente. Freddy Novou (MCG) et Jérémy Beltrame (Beltrame Consulting) ont été désignés respectivement trésorier et vice-trésorier, tandis qu’Antufaty Hafidhou et Hélène le Gouillou (Baobab Tour) occuperont les fonctions de secrétaire et vice-secrétaire.
« J’espère qu’on part pour une belle aventure », a conclu le président tout juste élu, Antoine Tordeur, promettant d’agir « au mieux, et pour le bien commun de Mayotte ». Un premier atelier de concertation est prévu le 20 mars prochain pour baptiser le cluster et en définir le plan d’action.
Une année pleine de projets pour le Parc naturel marin

Ce mercredi matin, à l’hémicycle Bamana du Département, le conseil de gestion du Parc naturel marin de Mayotte s’est réuni pour faire un point sur les activités menées en 2022. L’occasion également d’évoquer le programme d’actions du Parc pour l’année qui vient de débuter. Au total, c’est une cinquantaine de projets et d’actions pluriannuelles déjà engagées, qui sera menée.
En 2022, le Parc a mené diverses actions, pour un budget de 2,1 millions d’euros – hors charges salariales – avec toujours l’objectif de concilier la préservation de la biodiversité marine et le développement durable des activités maritimes à Mayotte. « Il était important de rendre compte à notre assemblée ce qui a marqué l’année passée, mais aussi de nous inscrire dans la perspective de 2023 », explique Abdou Dahalani, président du Parc naturel marin, lors de la conférence de presse qui s’est déroulée à l’issue du conseil.
La qualité des eaux maritime
Parmi les orientations guidant le conseil de gestion, se retrouve la qualité des eaux maritime. « C’est une thématique très importante, car on ne peut pas développer l’économie maritime, si on n’a pas une bonne qualité d’eau », affirme le président. Pour lui, « ce que nous portons de plus important, c’est faire de Mayotte, un pôle d’excellence maritime ». Afin d’arriver à ce niveau, il faut développer « de la connaissance ». Avec l’objectif de valoriser le lagon, de mieux le protéger et d’en faire un espace de développement économique, « il faut avoir une bonne connaissance de l’évolution du monde marin et ce qui s’y passe », concède-t-il.
Une étude des courants plus précise
En 2022, un modèle de courantologie a été mis à disposition des bureaux d’études et à tous les scientifiques, « afin de suivre et d’être capable de modéliser le déplacement de ce qu’on met dans l’eau de mer », explique Christophe Fontfreyde, directeur du Parc. Concrètement dès 2023, au travers de cet outil, il sera possible de mieux comprendre le déplacement du courant dans le lagon et de ce que l’eau emmène avec elle. « Cet outil peut permettre de prendre des décisions par rapport à l’impact que le projet peut avoir sur le lagon », ajoute ce dernier. Déplacement de terre dans le lagon, déplacement des œufs de poissons, l’outil pourra modéliser le courant pour différents projets.
Remplacer la pierre du msindzano ?
Depuis plusieurs années, le Parc marin travaille sur un projet de remplacement de la pierre utilisée afin de créer le msindzano, le masque de beauté. L’année dernière, un projet de tabouret a vu le jour et « nous avons trouvé une céramiste locale, qui, avec du kaolin, a produit un prototype de tabouret qui a été testé lors du Festival Laka », notifie Christophe Fontfreyde. Un tabouret qui serait 100 % sans corail, une révolution qui doit répondre à un certain nombre de critères « pour que les femmes acceptent de changer leurs habitudes ». 2023 sera donc l’année du test à plus grande échelle et des premiers retours de commercialisation du produit. Pour le directeur, cette action est menée pour protéger le corail et rappelle qu’il « interdit de pêcher le corail ».
Le développement de la pêche
Dans le cadre du développement économique local de la pêche, le Parc avait dans sa programmation la pose de dispositif de concentration de poissons en dehors du lagon. Ce projet permet aux pêcheurs traditionnels de pouvoir aller pêcher à l’extérieur du lagon, car « à l’intérieur du lagon, la ressource a fortement baissé », avoue le président. Ce dispositif devrait atteindre sa pleine capacité au cours de l’année 2023. Parallèlement, le Parc marin mène une étude d’estimation de la ressource, pour permettre l’acquisition de nouveaux équipements de pêche.
La question des mangroves
« Nous avons aujourd’hui adopté une motion afin de soutenir l’action tendant à placer les mangroves de Mayotte sous le régime forestier », lance le président. L’application de ce nouveau régime se traduirait par la mise en place d’un accompagnement en moyen de surveillance et les mangroves seraient placées sous le contrôle de l’Office national des forêts (ONF). Un schéma qui existe déjà dans les outre-mer, notamment en Martinique et en Guadeloupe. « C’est un arrêté législatif à faire valider, qui permettrait aux agents ONF d’avoir la compétence pour verbaliser », ajuste le directeur. A Mayotte, les mangroves sont cogérées entre le Parc marin et le Conservatoire du littoral.
M’gombani : « la rénovation est un élément incontournable pour la transformation du quartier »

La lutte contre l’habitat indigne constitue un enjeu majeur à Mayotte et mettre aux normes son logement est une procédure laborieuse, mais qui reste tout de même possible. Dans le but de répondre à cette problématique, la communauté d’agglomération de Dembéni – Mamoudzou (Cadema) a organisé ce mercredi, la réception du chantier de réhabilitation d’un logement à M’gombani.
« Le logement est au cœur des enjeux sociaux, territoriaux, environnementaux et économiques de notre territoire », affirme lors de son discours, Rachadi Saindou, président de la Cadema. L’habitat indigne peut engendrer des risques pour la santé et la sécurité des occupants. L’enquête portant sur le logement, réalisée par l’Insee en 2017, parue en 2019, montre que 4 logements du 10 sont des constructions précaires et 60 % sont dépourvus du confort sanitaire de base (eau courante, toilettes, ou douche). Par ailleurs, l’électricité n’est pas généralisée, absente dans un logement sur dix. Afin de lutter contre le mal logement, différents programmes de rénovation d’habitations indignes existent, dont celui mis en place par la communauté d’agglomération.
Une rénovation intégrale
Ce mercredi matin, ce sont les travaux du logement de Haloua Boinadai, situé dans le quartier de M’gombani qui ont été réceptionnés. C’est le sixième sur le territoire de l’intercommunalité à avoir été réhabilité. Mis aux normes, rénové intégralement, la maison est également « équipée de panneaux photovoltaïques, d’un chauffe-eau solaire et d’un réservoir de récupération d’eau », explique Thibaud Vigier, responsable d’agence d’HSPC (Habitat social à prix coûtant), pilote de ces travaux. Afin de rénover cette bâtisse, un mois et demi de travaux ont été nécessaires.
Cette réhabilitation, améliorant le confort de vie de ses occupants, a été financée par la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) à hauteur de 36.000 euros, par le conseil départemental (20.000€) et par la Cadema (9.000€). De son côté, la mairie de Mamoudzou a cédé le foncier. « La famille est devenue propriétaire du logement, avec une participation symbolique de 150 € », ajoute Thibaud Vigier.
85 logements rénovés à M’gombani
Dans l’ensemble des territoires ultramarins, l’habitat indigne prend des proportions bien supérieures à ce qui s’observe dans l’hexagone. Le sujet du logement est complexe, voir fragile. Ces territoires comptabilisent de nombreux logements indignes, dégradés et possèdent des besoins très importants en logements sociaux. « Notre mission en matière de logement est complexe et sera longue », concède Rachadi Saindou.
La ville de Mamoudzou a signé une convention avec deux acteurs du logement social, Soliha et HSPC, pour la rénovation de 85 logements dans le quartier de M’gombani. Ce quartier « a grandement évolué depuis 10 ans. La rénovation est un élément incontournable pour la transformation du quartier », note Hamidani Magoma, adjoint au maire de Mamoudzou. La Cadema quant à elle, ambitionne d’accroître son accompagnement, en aidant à la réhabilitation de dix logements par an. « Plus nous subventionnerons de logements, plus nous favoriserons l’amélioration des conditions de vie de dizaines de familles », conclut le président de l’intercommunalité. Un logement rénové qui marque le renouvellement et la revalorisation des logements de ce quartier.
Le dernier membre du « gang des coffres-forts » jugé
Le procès de onze hommes, ayant réalisé quatorze cambriolages en 2016, a eu lieu en février 2022. Seul l’un des membres du gang qui dérobait les coffres-forts de supermarchés n’avait pas encore été jugé. Son procès s’est ouvert ce mercredi 22 février à la cour d’assises de Mayotte et durera trois jours.
Il est soupçonné de cinq faits sur les quatorze cambriolages opérés par le « gang des coffres-forts ». L’homme jugé ce mercredi 22 février et jusqu’à vendredi, à la cour d’assises de Mayotte, faisait partie du groupe d’hommes armés qui dérobait les coffres-forts de supermarchés ou de sociétés. Ils étaient douze au total dont onze jugés en février 2022. Tous ont été reconnus coupables de “vols en bande organisée” et “vols en bande organisée avec arme”. Celui qui est présenté comme le chef, Anchridine Abdou, dit “Oasis”, a été condamné à la peine la plus lourde, dix-huit ans de prison. Les autres, âgés de 23 à 42 ans, ont été condamnés à des peines allant de trois à dix-sept années de prison.
Accusé d’avoir fait le guet
Si le dernier membre du gang n’avait pas encore été jugé, c’est parce que son avocate était en métropole le jour du procès. Il lui aura donc fallu attendre un an de plus pour connaître le verdict de la cour. « Vous avez participé à des cambriolages au préjudice de plusieurs magasins tels que Doukabe ou Sodicash », rappelle l’avocat général Albert Cantinol. L’homme, âgé de 20 ans au moment des faits, est notamment accusé d’avoir fait le guet devant le Sodicash de Tsingoni, le 24 mars 2016. « Moi j’étais à l’extérieur, je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans le magasin », se défend-t-il. Pour le prévenu, c’est le chef de gang dit “Oasis” qui orchestrait les cambriolages. Tous partaient de Kawéni en voiture et les rôles étaient attribués par le leader.
La nuit du cambriolage du supermarché de Tsingoni, le « gang » n’est pas parvenu à dérober le coffre-fort. « Vous vous êtes donc rabattus sur des bouteilles d’alcool pour un préjudice estimé à 1 400 euros », souligne l’avocat général. Le prévenu serait également impliqué dans un cambriolage à Bandrélé ainsi qu’au Sodicash de Bandraboua où le préjudice estimé s’élève à 10 000 euros. « Nous étions toujours cagoulés et gantés, c’est ce que demandait Oasis », précise l’homme à la barre. Quasiment tous détenaient également une arme. Des pieds de biches, mais aussi des disqueuses ou des barres à mine. A chaque fois, ils suivaient le même mode opératoire. De nuit, avec une partie de la troupe pour faire le guet, une partie des hommes entrait par effraction dans des supérettes et s’en prenait aux coffres-forts. Et si cette étape était trop compliquée, ils dérobaient des cigarettes ou des bouteilles d’alcool.
72 000 euros dérobés à Chiconi
Parmi les faits les plus importants du « gang des coffres-forts », il y a notamment eu le cambriolage de la supérette Sodicash de Chiconi le 29 février 2016. 72 000 euros se trouvaient dans le coffre-fort que la gendarmerie a retrouvé vide 800 mètres plus loin. Quatre jours après, 66 300 euros étaient subtilisés dans deux coffres-forts d’un autre commerce d’alimentation à Chirongui. Deux vols pour lesquels le prévenu n’est toutefois pas mis en cause. L’homme jugé a reconnu avait fait le guet. Il encourt jusqu’à 18 ans de prison pour « vols en bande organisée avec arme. »
L’agresseur du policier rejugé le 15 mars
Jugé lors d’une audience ayant elle aussi lieu hier, l’individu ayant agressé et volé un policier samedi dernier à Tsoundzou a demandé un délai pour préparer sa défense. Il sera donc rejugé le 15 mars 2023, à 14 heures. En attendant, le prévenu est maintenu en détention. Alors qu’il n’était plus en service ce soir-là, le policier a fini blessé, et son scooter dérobé.
Le minimum vieillesse réévalué de 150 euros
Un amendement du gouvernement vient d’élever le montant de l’allocation de solidarité aux personnes âgées à 630 € à Mayotte. Si le député Mansour Kamardine et la CGT-MA considèrent cette revalorisation comme une « victoire », la CFDT refuse que ce montant soit toujours en-deçà du minimum vieillesse en métropole.
« C’est une importante victoire d’étape pour Mayotte », se réjouit le député Mansour Kamardine, qui plaidait pour une revalorisation du minimum vieillesse à Mayotte. Un amendement du gouvernement, dans le cadre du projet de réforme des retraites, vient en effet d’élever son montant à 630 euros, soit une hausse de 31 %. « Les ressources des bacocos vont réellement augmenter de 150 € en moyenne pour la très grande majorité d’entre eux, après des années de gel de l’alignement social », souligne Mansour Kamardine. D’autant que le gouvernement s’est également engagé à ce que l’Ircantec – la retraite complémentaire des agents contractuels du secteur public – soit appliquée à Mayotte avant la fin de l’année 2023.
Mais si l’élu se satisfait de cette avancée, l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) reste, à Mayotte, encore largement en deçà de celle versée en métropole. Depuis le 1er janvier 2023, le montant national atteint en effet 961,08 € par mois pour les personnes seules et 1 492,08 € pour les couples.
Un minimum vieillesse deux fois moins important qu’en métropole
Jusqu’alors, le minimum vieillesse à Mayotte était deux fois moins important qu’en métropole. Pour Mansour Kamardine, « une large majorité des retraités mahorais vivent dans la grande pauvreté (contre 13% en outre-mer, hors Mayotte, et 1% en métropole). » La pension moyenne est de 276 € et 85% à 90% des retraités mahorais avaient jusque-là des ressources plafonnées à 480€ par mois, en tenant compte de leur pension et de l’allocation de solidarité aux personnes âgées. Pour le gouvernement, cette décote s’explique par « la crainte d’un appel d’air depuis les Comores », souligne Ousseni Balahachi, le secrétaire départemental de la CFDT.
Pour lui, « on ne peut pas se contenter des miettes données par le gouvernement ». Le syndicaliste s’interroge : « comment peut-on considérer qu’il n’y ait pas le même traitement sur tout le territoire national ? C’est de la discrimination et du mépris. » Selon le syndicaliste, les élus ne se « battent d’ailleurs pas assez pour que les retraités mahorais soient traités de la même manière que sur le reste du territoire national. » La CFDT demande donc la mise en place d’un échéancier pour « sortir de cette situation d’inégalité. » Un souhait partagé par Mansour Kamardine qui veut « arriver à l’alignement de l’Aspa dans des délais acceptables. »
Les syndicats se mobiliseront le 7 mars
De son côté, Salim Nahouda, secrétaire général de la CGT-MA, voit cette revalorisation comme une bonne nouvelle, mais souhaite « que les personnes puissent toucher cette allocation dès 62 ans et pas seulement à partir de 65 ans, comme c’est le cas aujourd’hui. » Par ailleurs, cette revalorisation ne « change rien aux revendications du syndicat dans le cadre de la réforme des retraites. » La CGT-MA comme la CFDT se mobiliseront à nouveau le 7 mars, date de la prochaine journée de grève, pour protester contre le projet de loi.
L’Acfav se mobilise contre les violences
A l’occasion de la journée européenne des victimes, l’accueil de jour des femmes victimes de violence de l’Acfav organisait une journée de sensibilisation aux violences. Sophiata souffou, habillée de noir et blanc, était présente pour l’occasion, aux côtés d’une partie des 50 salariés de l’Acfav et des jeunes de l’association Haki Wanatsa. « L’idée est de présenter nos missions. Nous accompagnons toutes les personnes victimes depuis 1986 grâce à des juristes, des psychologues, des travailleurs sociaux, des médiatrices familiales ou des conseillères conjugales », explique une membre de l’association.
Les Dimanches de la baie, c’est le 26 février !
La ville de Chiconi organise son rendez-vous les Dimanches de la baie ce 26 février 2023. A partir de 13h, différents stands commerçants et artisanaux seront installés sur la rocade Bamana, face à la baie de Chiconi et sur la place Amboirou (Sicotram). Le rendez-vous de ce mois de février sera animé par un marché population, avec commerçants, artisans et restauration ; des activités MJSCS avec roller, château gonflable et trampoline ; du VTT et une balade à vélo ; des jeux de société : Mraha et du mölky. En plus de ces activités habituelles, cette journée sera l’occasion de marquer la fin du mois de l’amour en poésie. Du matériel de sonorisation ambulant sera mis à disposition de ceux et celles qui veulent déclamer leur flamme en vers ou en strophe.
« Le sport comme outil de prévention de la violence » : appel à projet 2023
Cet appel à projet vise à promouvoir le sport et les activités s’y rapportant pour doter efficacement les jeunes d’une capacité de résilience. Il a pour but d’agir auprès des jeunes vulnérables afin de contrer l’émergence ou l’aggravation des problématiques liées à la délinquance et de renforcer les compétences de base chez les jeunes pour minimiser les facteurs de risque liés à la violence.
Les projets présentés devront promouvoir le sport comme outil de paix, de tolérance et de respect. Seules les associations sportives affiliées ou agréées sport, installées à Mayotte et avec plus d’un an d’existence, sont éligibles pour cet appel à projet. Les projets devront cibler les compétences de bases essentielles, telles que résister à la pression sociale entrainant dans la délinquance, gérer l’anxiété et communiquer avec ses pairs, dans le cadre de la pratique sportive. Les activités proposées devront favoriser le fair-play, la tolérance et l’esprit d’équipe pour aider à développer et à renforcer les compétences et les valeurs nécessaires à la vie courante.
Les dossiers sont à déposer en ligne sur le site : https://www.demarches-simplifiees.fr/commencer/aap2023_drajesmayotte_sports-prevviolence, avant le 13 mars 2023.
Marchés agricole et d’artisanat du sud : prochain rendez-vous ce samedi à Kani-Kéli
La communauté de communes du sud et les communes de Bandrélé, Bouéni, Chirongui, et Kani-Kéli, annoncent la reprise des marchés agricole et d’artisanat du sud. Le prochain marché agricole et d’artisanat du sud se déroulera ainsi à Kani-Kéli le samedi 25 février de 8h à 13h, devant l’école primaire la Rose.
Comme à chaque marché les visiteurs pourront trouver au travers des stands de nombreux exposants et produits locaux ; fruits, légumes, plantes, sel et épices… des produits d’artisanat ; décoration, ustensiles de cuisine, broderies… et des produits de restauration traditionnelle ; plats, jus, gâteaux, achards.
Dans une démarche de valorisation des producteurs et artisans du territoire, les collectivités du sud organisent des marchés évènementiels. Ces marchés sont organisés de manière collaborative, avec l’intercommunalité et les communes et grâce aux exposants du sud de l’île.
La Rando du dimanche à la découverte de la Pointe de Saziley
Ce dimanche 26 février de 9h à 13h, l’association Randoclean organise une rando du dimanche. Au programme pour les participants : nettoyage (facultatif), randonnée, pique-nique et plage, l’occasion de découvrir Saziley et ses plages à Mtsamoudou dans la commune de Bandrélé. Et avec un peu de chance, observation d’une ponte ou d’une émergence de tortues. L’inscription est gratuite, mais obligatoire sur la page Facebook de l’association.
Mangajou : rentrée du foot-animation dimanche
L’association sportive Papillon d’Honneur de Mangajou lance sa rentrée de foot animation, pour les catégories U6 jusqu’à U13, qui se tiendra le dimanche 26 février 2023 de 8h à 12h, au terrain de football de Mangajou. Cet événement s’adresse aux jeunes filles et garçons passionnés de football et désireux de s’initier ou de se perfectionner. Il est l’occasion de se réunir et de participer à une journée sportive amusante et interactive.
Les dirigeants et joueurs du club seront présents pour encadrer l’événement, en partageant leur expérience et leur passion pour le sport avec les plus jeunes. Le club encourage les parents à accompagner leurs enfants. L’accès aux enfants non accompagnés sera refusé par le club.
Nouwam : une tournée pour se faire dépister
L’antenne mobile (Nouwam) du centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC, anciennement REDECA) propose des consultations itinérantes gratuites à toutes les femmes de 25 à 74 ans, avec une sage-femme ou médiatrice de santé. La tournée Nouwam propose une sensibilisation et de l’information sur les cancers, un frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus et un examen des seins.
Cette semaine, les équipes de la tournée seront à l’école primaire de Kangani le mercredi 22 février à partir de 13h30 et à la maternité de Mramadoudou le jeudi 23 à partir de 13h30.
Elle accouche en plein vol, le Mayotte – Paris se pose en Éthiopie
Scène rocambolesque dans la nuit de dimanche à lundi, durant laquelle le vol reliant Mayotte à Paris en passant par La Réunion a dû atterrir d’urgence à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, après qu’une jeune femme mahoraise ait accouché, bien aidée par les hôtesses et les passagers. Récit de cette naissance hors-sol qui soulève plusieurs questions.
Ce dimanche 19 février, le hall de l’aéroport Marcel Henry accueille de nombreux Mahorais désireux de se rendre à Paris, pour les vacances scolaires ou d’autres motifs. Nous avons là des jeunes de Bandrélé qui vont participer à un concours de danse à Strasbourg, des représentants de la délégation mahoraise qui participeront au Salon de l’Agriculture, ce week-end, mais aussi et surtout deux femmes enceintes de huit mois. L’une a un certificat médical lui autorisant à prendre l’avion. L’autre s’appelle Zabibou, a à peine la trentaine, mais n’a pas de justificatif. Il faut dire que sa grossesse pourtant bien avancée ne se remarque que difficilement. Tout cela n’aurait de toute façon eu que peu d’incidence si Air Austral – habituée des désagréments ces temps-ci – n’avait pas dû obliger ses passagers à faire escale à La Réunion, à cause d’un problème de cockpit.
« On va devoir atterrir, est-ce qu’il y a un médecin ? »
Toujours est-il que les résidents de l’île au lagon décollent dans la soirée de dimanche de l’aéroport Roland Garros de Saint-Denis, à bord d’un avion appartenant à « High Fly », une compagnie portugaise, et affrété par Air Austral. Si le confort des passagers est impacté par la barrière de la langue et un service médiocre, le vol se passe plutôt bien. En pleine nuit, alors que l’appareil survole les côtes d’Afrique de l’est, une annonce sonore retentit, demandant si un médecin pouvait se présenter d’urgence au personnel. Personne ne répond, beaucoup des passagers étant endormis, et les hôtesses et stewards commencent à fourmiller. Toutes les lumières s’allument, et le personnel réveille ses clients : « On va devoir atterrir, est-ce qu’il y a un médecin ? »
Fort heureusement, trois personnes se lèvent. Il s’agit de deux médecins et d’une sage-femme, à qui l’on annonce qu’une femme enceinte de huit mois est en train d’accoucher. Zabibou est alors accompagnée à l’arrière de l’appareil, et prise en charge par les trois volontaires, ainsi que par une hôtesse portugaise. L’accouchement se déroule bien, mais la nouvelle-née est prématurée. Survolant l’Éthiopie, le pilote doit se résoudre à atterrir à Addis-Abeba, où se déroulait le jour même le 36ème sommet des chefs d’État de l’Union africaine, dirigée par le président-dictateur Azali Assoumani. L’attente est interminable : il faut que le personnel de l’aéroport international Bole appelle les ambulances, que ces dernières arrivent sur le tarmac, qu’elles mettent la petite sous couveuse et embarquent la jeune femme mahoraise. Mais aussi que les équipes ouvrent la soute et récupèrent les bagages de Zabibou, et que la compagnie profite des prix du carburant local pour faire le plein de kérosène…
Un bébé Français, Éthiopien, Portugais… Ou Maltais ?
En tout, les passagers de ce vol devenu salle d’accouchement auront dû patienter environ deux heures sur le tarmac éthiopien. L’avion redécolle au petit matin pour rallier Paris, et arriver aux alentours de midi, au lieu de 7 heures du matin. « Je m’en rappellerai toute ma vie », déclarait l’hôtesse ayant aidé pour l’accouchement, ses habits maculés de sang. Pour Zabibou et sa petite fille, c’est l’ambassade de France qui devrait désormais les prendre en charge, après avoir été prévenue par Air Austral. Les prochains jours s’annoncent cependant compliqués pour la jeune femme, qui ne parle ni oromo ou amharique, les principales langues éthiopiennes, ni anglais. Quant au bébé, se pose la question de sa nationalité. Une naissance en plein vol constitue en effet un véritable flou juridique – car dépendant des lois des pays impliqués – et un évènement très rare : selon une étude parue en 2019 dans Journal of Travel, seuls 74 bébés étaient nés dans un avion entre 1929 et 2018 !
Ayant au moins un parent français, la petite devrait être Française elle aussi. Si ce n’est pas le cas, on peut se référer à la Convention sur la réduction des cas d’apatridie, signée par une quarantaine de pays – dont la France. Cette convention affirme que la nationalité du nouveau-né correspond au pays d’enregistrement de l’appareil. Problème, l’avion décollant de France, ayant atterri en Éthiopie et appartenant à une compagnie portugaise est enregistré… Sur l’île de Malte ! Une naissance rocambolesque donc pour la petite Mahoraise, qui héritera peut-être d’un passeport exotique. Mais pas de vols gratuits à vie, cette affirmation n’étant qu’une légende urbaine.
Epfam : un « aménagement durable, pour et avec les Mahorais »

L’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) tenait ce mardi après-midi une conférence de presse. L’occasion pour l’institution de proposer un premier bilan de ses cinq années d’activité sur le territoire, et de présenter son plan stratégique de développement 2022-2026, un outil visant à coordonner les efforts des collectivités et opérateurs pour un aménagement du territoire plus efficace. Plusieurs projets sortiront de terre cette année.

« On est à un tournant en cette année 2023 ! », se réjouit Raynald Vallée, président du conseil d’administration de l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam), au cours de la conférence de presse donnée ce mardi après-midi à Cavani. Créé en 2017, l’Epfam a vocation à « produire du foncier équipé » pour porter les projets d’aménagement des collectivités, intervenant ainsi sur les volets de l’urbanisme, du logement et de l’agriculture. De l’aveu de ses représentants, l’institution est pour l’heure plus connue sur le papier que sur le terrain. « Mais on va avoir beaucoup de choses à montrer cette année », annonce le président, entouré pour l’occasion de son directeur général Yves-Michel Daunar, et du premier vice-président du CA, l’élu du conseil départemental de M’tsamboro, Abdoul Kamardine.
Des travaux lancés en avril prochain
En effet, des premiers coups de pelle seront donnés en avril prochain à Doujani – où la zone d’aménagement concerté (ZAC) inclura, à terme, plus de 900 logements et une variété d’équipements publics scolaires, culturels et sportifs. La première tranche opérationnelle concerne le réaménagement et la viabilisation de la rue de la Carrière, 17 logements dans le cadre du projet de relogement « Davu Dago », et une opération d’au moins 40 logements portée par Al’ma. Puis, les chantiers s’enchaîneront. Les travaux de la ZAC de Longoni débuteront au troisième trimestre de cette année (plus de 100 logements sur les 1.000 prévus à terme, et 2.000m² de services et commerces), tandis que ceux de la zone d’activité économique (ZAE) de Malamani (27.000m² dédiés à des activités industrielles, commerciales et artisanales) seront initiés au quatrième trimestre 2023. Enfin, la première tranche opérationnelle de la ZAC de Tsararano-Dembéni est prévue pour le premier trimestre 2024. Elle concerne la construction de 70 logements (sur 2.000 prévus à terme), d’un gymnase et d’un terrain de foot, d’espaces publics paysagers et de plusieurs milliers de m² de surface commerciale et dédiée aux activités tertiaires. Quid de la livraison finale, demande-t-on dans l’assemblée ? « On va procéder par lots. Certains seront finis, tandis que d’autres seront en cours d’aménagement », explique Yves-Michel Daunar. « Par ailleurs, on sera parfois obligés d’avancer sous forme d’opérations tiroirs : en relogeant temporairement les habitants d’une zone que l’on réaménage », indique le directeur général.
Ces chantiers s’inscrivent plus largement dans un plan stratégique de développement 2022-2026 explicité ce mardi, et dont le fil conducteur est de « répondre aux besoins de la population par la production de foncier aménagé ». « Le plan de stratégie est, certes, une obligation réglementaire, mais surtout un cadrage global qui permet d’avoir une lisibilité opérationnelle et financière, aussi bien en interne que pour les acteurs avec qui nous travaillons », renseigne Raynald Vallée, précisant que cette programmation minutieuse pourrait convaincre les entreprises extérieures de venir faire jouer la concurrence à Mayotte.
Concrètement, à l’horizon 2026, 6.000 logements doivent être produits ou rénovés, 10 hectares de foncier aménagés pour l’accueil de structures scolaires (telles que le lycée des métiers du bâtiment), 15 hectares pour l’accueil d’activités économiques, entre autres. Ces ambitions se déclineront sous la forme d’une multitude de ZAC et de ZAE réparties sur l’ensemble de l’île. « Plus on maille le territoire, plus on permettra aux gens de travailler près de là où ils habitent », avance le président du CA, faisant référence aux difficultés liées au trafic pendulaire.
La rareté du foncier contraint à une stratégie de densification des zones habitées, plutôt qu’à leur extension. « Il s’agira donc de sensibiliser les populations pour porter un autre regard sur la ville telles qu’elles les connaissent aujourd’hui », indique Raynald Vallée. « Incontestablement, nous n’aurons pas d’autre choix que de monter vers le haut », abonde son directeur général. « Attention, nous n’irons pas dans une logique de grandes tours. […] Il ne s’agit pas de calquer ce qui se fait dans les Yvelines ou ailleurs en métropole, mais bien de s’adapter au mode de vie local », tempère le président, annonçant la tenue d’un « forum de la ville durable mahoraise » en juillet prochain, pour mieux « intégrer les attentes de la population dans la façon dont on aménage le territoire ». « Faute de foncier, nous n’avons pas d’autre choix que de densifier, mais il faut trouver les produits intelligents ». L’ingéniosité des architectes sera donc mise à contribution.
Cette logique de non-extension des zones urbanisées s’explique aussi par le rôle de l’Epfam sur le volet agricole. Fort d’une casquette de Safer (société d’aménagement foncier et d’établissement rural), l’établissement joue le rôle de régulateur en matière des prix du foncier agricole. « On sait que les modèles économiques des agriculteurs sont fragiles. Pour pouvoir vivre de son activité, il ne faut pas que le foncier revienne trop cher. […] Or, on assiste à une forme de dévoiement de l’usage agricole du foncier vers de la construction. Sauf que si tout le foncier est transformé en terrain à bâtir, on ne pourra pas nourrir tout le monde demain au vu de l’évolution de la population ! », détaillent les représentants de l’Epfam. D’ici 2026, 80 hectares de surface agricole doivent être aménagées, 80 autres mises en location ou cédées – pour installer, au total, une centaine d’agriculteurs.
Les langues maternelles célébrées à Ouangani

Pour la journée internationale des langues maternelles, la mairie de Ouangani réunissait habitants et élus pour un maoulida shengué. L’occasion de rappeler l’importance des langues locales et d’aborder la question de leur enseignement à l’école.
« Un homme qui ne maîtrise pas sa langue maternelle et sa culture est comme une maison dont la fondation est assise sur du sable. À tout moment, il peut s’écrouler. » Pour Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente du Conseil départemental (CD) chargée de la culture, la journée internationale des langues maternelles était l’occasion de montrer l’importance des langues locales à Mayotte. Ce mardi 21 février, elle était présente à la mairie de Ouangani, pour un maoulida shengué aux côtés du maire, de la représentante du rectorat mais également d’autres élus et habitants. L’occasion également d’aborder la question de l’enseignement du shimaore et du kibushi à l’école. Selon la vice-présidente du conseil départemental chargée de la culture, « la préservation de la diversité linguistique de Mayotte est une priorité. Et le meilleur moyen de préserver cette diversité est d’enseigner nos langues. »
« La loi ouvre la voie à leur enseignement dans les écoles »
Une campagne de collecte de données pour créer des outils pédagogiques a ainsi été lancée au Conseil départemental via la direction de la culture et du patrimoine. Des alphabets du shimaore et du kibushi ont par ailleurs été adoptés en 2020 et une convention-cadre a été signée le 8 juin 2021, par le CD, le rectorat, le CUFR et l’association de promotion et d’enseignement des langues de Mayotte, Shime. Ce document vise à encadrer la formation, l’enseignement, l’apprentissage et la diffusion des langues mahoraises. « Les enseignants qui le souhaitent peuvent depuis enseigner dans leur langue natale », souligne la vice-présidente.
Dans le cadre de cette convention de trois ans, la collectivité s’est par ailleurs engagée à soutenir l’Éducation nationale et les acteurs associatifs pour la formation des enseignants, la production d’outils pédagogiques et l’édition de dictionnaires bilingues ou de lexiques spécialisés. « Suite à la promulgation de la loi du 21 mai 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, les langues mahoraises sont désormais reconnues comme langues régionales de France. La loi ouvre donc la voie à leur enseignement dans les écoles », complète Zouhourya Mouayad Ben.
Fixer l’orthographe et la grammaire de ces langues
Pour autant, il reste des enjeux forts sur ces langues. Avec notamment la fixation de l’orthographe et de la grammaire. Pour réaliser ce travail, le Conseil départemental a validé la création d’un institut des langues et des civilisations de Mayotte, en mai 2021.
Pour le rectorat, il est en effet nécessaire d’établir un cadre afin de pouvoir enseigner ces langues. « Nous avons détachée une institutrice de Tsingoni à 50 % pour qu’elle puisse mettre en place des outils d’apprentissage des langues maternelles et une expérimentation est menée dans sa classe », précise Soumaïla Soirifa-Moinaïdi, inspectrice de l’Éducation nationale et représentante du Rectorat. Mais tant que ces langues ne seront pas formalisées, « il sera difficile d’aller plus loin. » D’autant que l’Éducation nationale met avant tout « l’accent sur l’apprentissage des savoirs fondamentaux » et notamment des mathématiques et du français. « Des matières dans lesquelles le niveau des élèves est insuffisant », souligne l’inspectrice.
Selon Zouhourya Mouayad Ben, toutefois, l’apprentissage des langues locales pourrait permettre aux élèves de progresser dans les autres domaines. « Cela leur permettrait d’être performants dans la langue qu’ils comprennent déjà puis d’utiliser leurs compétences pour apprendre la langue française et ainsi d’être meilleurs dans les autres matières », assure-t-elle.
Pilotage maritime français : un premier séminaire à Mayotte

Le pilotage maritime de Mayotte organise, pour la première fois de son histoire, un bureau fédéral élargi, qui réunit toutes les stations de pilotage maritime de France métropolitaine et d’outre-mer. Pendant deux jours, en présence notamment du président de la fédération française des pilotes maritimes, Henry Caubrière, ces rencontres fédérales permettent aux pilotes maritimes de se rencontrer et d’échanger sur leur profession. A cette occasion, le président de la station de pilotage maritime mahoraise, Gilles Perzo, nous explique ce séminaire et le métier de pilote maritime.

Flash Infos : Vous organisez cette semaine un séminaire professionnel regroupant les stations de pilotage maritime. Tout d’abord, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est un pilote maritime ?
Gilles Perzo : Un pilote maritime, c’est un officier de la marine marchande. Ce sont des capitaines recrutés au plus haut niveau et ayant au moins navigués 72 mois dans la marine marchande. L’accès au pilotage maritime se fait sur concours. Un pilote maritime fait une carrière d’environ vingt ans dans le même port, car il faut en connaitre toutes les spécificités. Sa mission principale est d’assister les capitaines des navires à entrer et à sortir des rades et des ports. C’est une mission d’intérêt général. Au total, ce sont 29 stations qui existent et on dénombre 329 pilotes maritime dans les ports français. Bien évidemment, toutes les stations ne font pas la même taille. A Mayotte, nous sommes trois pilotes maritimes.
F.I. : Et quelle est la mission d’un pilote maritime ?
Le pilote maritime monte à bord du navire et assiste le capitaine pour rentrer au port, ici, c’est pour également rentrer dans le lagon. Nous sommes mandatés par l’État et nous avons l’obligation de servir tous les navires de plus de 30 mètres. C’est le préfet qui définit le seuil à partir duquel les navires sont soumis au pilotage. Dans notre île, l’environnement est sensible, notamment dû à la présence de la barrière de corail. En comparaison, à Brest la réglementation est fixée à 50 mètres.
Concrètement, notre travail consiste à rejoindre les navires à l’aide d’une pilotine, une vedette de 12 mètres, pour les guider à rentrer dans le lagon et les mettre à quai. Une fois à bord du navire, le pilote maritime conseille et guide le commandant, car il connait très bien la zone, les quais et l’environnement technique et humain du port. Et inversement, nous réalisons le même travail pour la sortie des navires.
F.I. : Un bureau fédéral élargi a lieu pour la première fois à Mayotte. Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est cet événement, ainsi que ses objectifs ?
G.P. : Un bureau fédéral élargi, c’est juste un nom un peu particulier pour nommer un congrès, un séminaire. Chaque année, il y a un séminaire qui se déroule à Paris, organisé par la fédération française des pilotes maritimes (FFPM) et en parallèle, il y a également des congrès délocalisés, qui ont lieu dans différentes stations, aujourd’hui c’est à Mayotte. C’est le tout premier bureau fédéral élargi qui est organisé par notre station de pilotage maritime à destination de l’ensemble de nos collègues.
C’est important que l’on échange entre professionnels et que les autorités locales rencontrent le président de la fédération. Sans port à Mayotte, on ne ferait rien, donc le but du jeu, c’est de communiquer sur notre métier, de partager nos problématiques, de réfléchir et d’apporter des solutions. Les projets doivent se faire en concertation avec les pilotes maritimes, qui connaissent bien les problématiques du port dans lequel ils exercent.
F.I. : Quel est le programme et les thèmes évoqués lors de ce congrès ?
G.P. : Nous avons organisé un séminaire de deux jours. Le premier jour concerne uniquement le groupement océan Indien, donc les stations de Mayotte et de la Réunion, qui constitue la zone dans laquelle s’organise le bureau fédéral élargi. Cette journée est animée par une réunion technique et une prise de contact avec la préfecture notamment. Le deuxième jour s’adresse quant à lui à toutes les stations de pilotage maritime. Ce seront des échanges entre les stations, à propos de l’actualité en cours et des sujets qui concernent le pilotage maritime en France, ainsi que toutes les questions d’actualité de la vie portuaire et maritime en métropole et en outre-mer.
F.I. : Quelles stations de pilotage maritime sont présentes à Mayotte pour ces rencontres ?
G.P. : Pendant ces deux jours de séminaire, en plus de notre station locale, nous avons neuf stations représentées : le Havre, la Seine, Toulon, Marseille, Bayonne, La Rochelle, Dunkerque, la Loire, la Réunion, Bordeaux, ce qui représente onze pilotes. Mais, les stations non–
Des Mahorais de Madagascar réclament un droit au retour chez eux
A Madagascar, des petites communautés mahoraises oubliées depuis plusieurs décennies lancent un cri d’alarme pour se faire entendre des autorités départementales. Ils demandent de l’aide pour pouvoir revenir dans leur île natale ou la terre de leurs aïeux.
C’est un appel à l’aide qui a été relayé en fin de semaine dernière par MM. Daniel Madi Moussa et Ben Ali Tsontso Manandzafy, respectivement responsables des associations « La Terre Promise » et « Outrou ». Les deux hommes ont expliqué au cours d’une conférence de presse à Mamoudzou vendredi matin qu’il existe dans la province du Boeny (dont Mahajanga est la ville chef-lieu) des communautés originaires de Mayotte, qualifiables d’apatrides, et qui souhaitent rejoindre notre île, avec le soutien des autorités du département parce qu’ils ont perdu leur citoyenneté française. Ce n’est pas l’histoire des Falashas d’Éthiopie récupérés à grand renfort de ponts aériens par l’État d’Israël, mais ça y ressemble à quelques choses près.
En effet, l’Histoire n’a cessé de nous enseigner les migrations entre l’Afrique de l’Est et Madagascar, avec Mayotte comme tête de pont dans ces mouvements de personnes. Ce phénomène s’est amplifié suite à l’indépendance de la Grande île en 1966. La première République malgache dirigée par Philibert Tsiranana a réservé une place importante aux communautés comorienne et mahoraise dans son nouveau processus de développement post-colonial. Il en a résulté un pogrom contre les communautés comoriennes en 1976 qui a donné lieu à un rapatriement par la France de tous les originaires de Mayotte qui avaient demandé la protection consulaire. Surnommés les « Magochi ntchora » (chaussures pointues, littéralement) à leur arrivée sur le territoire, ils ont tous alors bénéficié d’un élan général extraordinaire de générosité de tous les Mahorais.
Un casse-tête à venir pour les administrations locales
L’administration de la collectivité territoriale de Mayotte a accompagné leur installation et insertion sociale. A cette époque, ces mêmes autorités avaient connaissance d’un nombre peu élevé de Mahorais ayant choisi de demeurer sur le sol malgache, soit pour des raisons familiales et personnelles, soit parce qu’ils avaient réussi à se mettre en sécurité dans d’autres provinces côtières autre que le Boeny, ou encore par crainte que l’accueil sur leur terre d’origine ne soit pas des meilleurs. Beaucoup d’entre eux ont par la suite maintenu des liens distants avec leurs familles à Mayotte. Pour une courte durée, car la 3ème République malgache, sous la direction de l’amiral Didier Ratsiraka, avait décidé de nombreuses nationalisations.
Ainsi, les communautés comoriennes survivantes du pogrom de 1976 ont dû opter pour la nationalité malgache, avec cependant une mention marginale : malgache musulman ! Quid des Mahorais de Madagascar ? Il semblerait aujourd’hui qu’ils n’aient jamais cherché à faire valoir leurs droits à la nationalité française auprès des consulats français, parce qu’étant dans l’incapacité de produire toutes les pièces justificatives, étant sans contact avec leur parenté à Mayotte. Elles se présenteraient en trois composants, les émigrants de la première génération, leurs enfants et leurs petits enfants. Autant dire un casse-tête pour définir laquelle des 3 générations pourra être en mesure de faire valoir réellement ce que les associations qui les soutiennent appellent « le droit des peuples premiers à retourner sur leur terre ancestrale ».
Un difficile travail d’identification
Outre les aspects juridiques et administratifs, cette affaire s’annonce des plus délicates et de longue haleine. D’abord, il est nécessaire que les autorités locales s’imprègnent de ce dossier et fassent corps commun pour convaincre les plus hautes instances de l’État français, afin que ce droit au retour soit effectivement pris en compte. Ensuite, il faudra mobiliser, comme en 1976, familles, collectivités locales et associations pour accueillir, le moment venu, toutes ces personnes et faciliter leur intégration au sein de la société. Les responsables des deux associations à l’origine de cette conférence de presse ont conscience du fait qu’un dur travail de recensement est à réaliser dans les différentes communes mahoraises pour essayer d’identifier leurs parents proches et prouver leur filiation.
Les demandes formulées devront être étudiées au cas par cas pour évaluer les chances de chacun à pouvoir éventuellement bénéficier de ce droit au retour. Selon Daniel Madi Moussa, son association accompagne déjà plusieurs cas de ces Mahorais « particuliers » ayant réussi à rejoindre illégalement le département. Un recensement aurait déjà démarré dans les provinces malgaches concernées par ce phénomène pour essayer d’identifier toutes les demandes. Pour sa part, M. Ben Ali insiste sur l’urgence qu’il y a pour les élus mahorais de se pencher sur ce dossier car certains cas sont sujets à des souffrances matérielles et de détresse morale caractérisées. Ils survivraient actuellement de la charité des mosquées tenues par la diaspora indienne à Madagascar.