La Commission européenne a donné son accord pour ouvrir à nouveau le robinet pour Mayotte.
L’État va pouvoir pousser un ouf de soulagement, lui qui s’est porté garant auprès des porteurs de projet mahorais. La Commission européenne, dans une décision du vendredi 17 mars, a accepté de revenir sur l’arrêt des paiements pour l’île aux parfums, en vigueur depuis juillet 2022.
C’est une excellente nouvelle pour un département qui en a cruellement besoin. La Commission européenne a acté le retour des paiements européens, ce vendredi 17 mars. « Il convient par conséquent d’abroger la décision d’exécution de la commission », est-il annoncé. Les signaux étaient bons, ces derniers mois, alors que la décision initiale avait été prise après la constatation d’irrégularités sur la période 2017-2019. Le 19 janvier, lors d’une réunion à la MJC de M’gombani, Mario Gerhartl, DG Régio de la Commission européenne, avait annoncé : « D’ici quelques mois, si tout va bien, les paiements pourront reprendre ». Côté politique, lors de son passage à Mayotte, le mois dernier, le patron de Renaissance (ex-La République en marche) avait déclaré que les parlementaires européens de sa formation ont pu obtenir le décaissement des fonds européens pour le département.« Il faut débloquer cette situation à travers des opérateurs d’intérêt national unissant les services de l’État aux élus locaux dans un axe de développement d’infrastructures locales, et autour de la dimension française et européenne de Mayotte, de la culture européenne dont l’île est l’ambassadrice dans cette zone du globe », avait souligné Stéphane Séjourné, par ailleurs lui-même député européen.
Au GIP L’Europe à Mayotte (voir encadré), les salariés voyaient plutôt le résultat des audits de ces derniers mois. La structure cogérée par le Département et la préfecture de Mayotte a été créée en 2021 pour que le territoire rattrape son retard dans l’accompagnement et la réalisation de projets susceptibles d’être financés par l’Europe. Ce qu’elle a commencé à faire. « La Commission a examiné les informations fournies par les autorités nationales et conclut que les mesures nécessaires ont été mises en œuvre de manière satisfaisante », conclut l’instance.
Chassé-croisé des programmations
Les paiements européens de retour, les tapes dans le dos vont être brèves, le travail est « énorme » cette année, pour reprendre une formule du préfet de Mayotte, Thierry Suquet. En effet, la programmation 2014-2020 touche à sa fin en décembre 2023. En janvier, sur les 254 millions de l’euros de l’enveloppe Feder (Fonds européen de développement régional) allouée à Mayotte par exemple, 251 millions ont bien été programmés, mais 74 millions seulement ont été certifiés. C’est-à-dire que moins de 30% de l’enveloppe a pu être réellement consommée. Pour avoir assez de temps de monter les dossiers, l’autorité de gestion a prévenu que juin 2023 serait la date limite pour les déposer. Car derrière, ça pousse. Le nouveau programme Feder avec sept orientations est déjà acté, tandis que le FSE (Fonds social européen) s’oriente vers des actions liées à l’insertion et la lutte contre l’exclusion (49%) ou l’insertion des jeunes et l’éducation (27%).
Ce programme 2021-2027 doit en tout cas permettre de ne pas répéter les erreurs du passé. L’enjeu est crucial. Une mauvaise gestion et l’enveloppe dont Mayotte a tant besoin s’allègera.
Pas de directeur et une menace de grève
Au GIP L’Europe à Mayotte, la nouvelle du retour des paiements est bien accueillie. Elle permet d’entretenir la confiance des porteurs de projet. Elle arrive, cependant, sur fond de contexte toujours tendu. Depuis l’éviction d’Ali Soula, en février, il n’y a toujours pas de directeur à la tête de la structure d’une quarantaine d’employés (détachés du Département, de la préfecture de Mayotte ou directement rattachés au GIP). Les relations compliquées entre les services, accentuées par l’omniprésence du secrétariat aux affaires régionales, ont même débouché sur une grève, début mars. Selon nos informations, les accords du protocole signés par les cogestionnaires et les représentants des salariés ne sont pas tout à fait respectés et la possibilité d’une nouvelle grève des agents reste d’actualité.
Thomas Vignaud, directeur des opérations du laboratoire du PER, devant un séchoir solaire, permettant de sécher les plantes.
Les chercheurs du centre de recherche insulaire et observatoire de l’environnement (Criobe) ont inauguré leur laboratoire, ce mardi 21 mars. Ce local leur permet notamment de travailler sur la structuration de filières comme la vanille ou le café, mais également sur la cosmétopée et la pharmacopée, grâce aux plantes médicinales.
Ce mardi 21 mars, Cédric Bertrand et les autres chercheurs du centre de recherche insulaire et observatoire de l’environnement ont inauguré leur laboratoire de phytochimie au PER de Coconi.
Il y a trois ans, le conseil département et le rectorat de Mayotte ont fait appel à l’expertise de plusieurs chercheurs pour participer à la relance ou à la structuration de filières comme l’ylang-ylang, la vanille, le cacao, le café ou encore le jasmin et le curcuma. Trois ans plus tard, les chercheurs du (Criobe) inaugurent leur laboratoire de phytochimie, situé au PER de Coconi. Un outil de recherche dans lequel ils travaillent sur plusieurs volets. Pour relancer les cultures oubliées ou délaissées – souvent par manque de débouchés – la laboratoire s’intéresse à leurs spécificités. Au total, le centre de recherche bénéficie d’un budget d’1,5 million de l’État dans le cadre du Plan innovation outre-mer (Priom) et de 2,3 millions d’euros du Département.
« Une typicité du territoire mahorais »
« Mayotte est un terrain fertile pour de nombreuses plantes ou épices comme le curcuma. Et nous avons réussi à prouver que ces produits mahorais étaient dotés de caractéristiques uniques et avaient donc une véritable valeur ajoutée. C’est le cas de l’huile essentielle d’ylang-ylang qui n’a pas le même marqueur que celle des Comores. On se dirige ainsi vers une typicité du territoire mahorais », précise Cédric Bertrand, chercheur au sein du Criobe. Grâce à ces recherches, l’idée est « de ne pas laisser tomber les agriculteurs et de recréer du lien avec les industriels en métropole ou en Europe », souligne Thomas Vignaud, directeur des opérations du laboratoire du PER. Mais aussi de cibler des marchés hauts de gamme.
Au-delà de ces plantes, les chercheurs s’intéressent également aux plantesà parfum, aromatiques etmédicinalespour la cosmétopée ou la pharmacopée. « Nous travaillons sur douze plantes mahoraises, qui agissent notamment sur les maux de ventre ou de tête. Nous regardons ce qui marche et pourquoi ça fonctionne pour en faire des compléments alimentaires pour le bien-être notamment », précise le directeur. Un des chercheurs travaille en parallèle sur une gamme de cosmétique à base de plantes mahoraises, pour l’entreprise spécialisée dans la biotechnologie végétale, Greentech.
Une plateforme d’innovation en mer
Pour les chercheurs, un troisième volet vise à travailler sur l’innovation en mer. « L’idée est de développer l’aquaculture innovante. Au lieu de produire des milliers de tonnes de poissons gavés aux poissons séchés, nous travaillons sur les éponges ou les algues. On peut par exemple produire de l’agar-agar avec un type d’algue à Mayotte », illustre Thomas Vignaud. Les éponges auraient, elles aussi, des composants intéressants. « L’idée est de reproduire un jardin mahorais en mer avec des poissons, des algues, des mollusques qui vont se nourrir entre eux et dépolluer leur milieu… » Le Criobe envisage d’ailleurs de créer une plateforme d’innovation en mer d’ici un an.
500 policiers et gendarmes supplémentaires sont prévus sur l’île dans le cadre de l’opération de lutte contre l’immigration illégale.
Pour le syndicat SGP-Police de Mayotte, l’opération secrète de Gérald Darmanin, qui viserait à détruire près d’un millier de cases en tôle, à expulser en masse les personnes en situation irrégulière et à lutter contre la délinquance, pourrait servir de laboratoire pour lutter contre l’immigration clandestine en métropole. Cet article fait partie de notre série sur l’opération prévue en avril sur le territoire.
« L’opération « Wuambushu » est une expérimentation qui montrera que la lutte contre l’immigration clandestine est avant tout une question de moyen. » C’est ainsi que Djamaldine Djabiri, représentant du syndicat SGP-Police, perçoit l’opération secrète, préparée en toute discrétion par Gérald Darmanin et dévoilée par Le Canard Enchaîné le 22 février. Cette dernière viserait à expulser massivement les étrangers en situation irrégulière et à détruire près d’un millier de bidonvilles. Le journal satirique rapporte que plus de 500 policiers et gendarmes devraient arriver en renfort sur l’île pour une opération qui devrait durer deux mois à compter du 20 avril.
« Des moyens à mettre en place à l’avenir »
Si les syndicats de policiers ne démentent pas, la plupart refuse de communiquer. Le syndicat SGP-Police, pour sa part, estime donc que « l’opération sera une réussite et que nous pourrions en tirer des leçons sur les moyens à mettre en place à l’avenir à Mayotte ». Djamaldine Djabiri souligne que « pendant deux mois, l’État va prendre sa part, alors qu’il lui a souvent été reproché son manque d’engagement pour éradiquer les fléaux que sont l’immigration clandestine et l’insécurité ». Son organisation aimerait toutefois que les collectivités du territoire s’investissent davantage sur ce thème, tout au long de l’année, comme les citoyens. « Certains maires et certains Mahorais aident au séjour de personnes irrégulières », regrette le syndicaliste.
« En piste pour Matignon »
Mais Djamaldine Djabiri reste toutefois sceptique quant au retour du calme après l’opération. « Nous ne pensons pas que la paix revienne à jamais à Mayotte à l’issue de ces deux mois. Nous observerons les réussites et les ratés afin de savoir ce qu’il faudra mettre en place de manière pérenne pour assurer une meilleure lutte contre ces fléaux. » Lors de ses révélations, Le Canard Enchaîné estimait que cette opération avait en effet pour but de « faire de l’île un laboratoire de la politique anti-immigration de Gérald Darmanin et de le mettre en piste pour Matignon ».
Dans un courrier adressé à Azali Assoumani, les opposants comoriens réunis au sein du Front commun élargi, y ont formulé une série de propositions qui selon eux garantiront au pays une élection présidentielle apaisée. Parmi les doléances retenues, figure entre autres, la libération des détenus politiques déjà jugés. La présidence ne s’est pas encore exprimée.
Alors que l’élection présidentielle approche à grands pas, l’opposition comorienne continue de sensibiliser la population et multiplie les rencontres en sillonnant les villes et les villages de la Grande Comore. Mais au-delà de ces meetings, le Front commun élargi, ne manque pas dès que l’occasion se présente d’interpeller le locataire de Beit-Salam qui doit, sauf changement de calendrier, organiser un scrutin en 2024. Candidat à sa propre succession, Azali Assoumani ne bénéficie pas de la confiance de ses opposants. Ceux-ci, estiment qu’à l’heure actuelle, les conditions ne sont pas réunies pour l’organisation d’une élection transparente. Pour cette raison, l’opposition a écrit au chef de l’État comorien, récemment devenu pour un an, président de l’Union Africaine. Le courrier rédigé le 16 mars 2023, auquel Flash infos a eu accès, contient une batterie de propositions qui favoriseront la tenue d’une élection crédible, libre et apaisée d’après ses auteurs. « La prochaine élection présidentielle qui s’annonce en Union des Comores nécessite votre diligence eu égard à la situation politique et sociale difficile actuelle, conséquence du référendum constitutionnel et de l’élection présidentielle controversés, respectivement en date du 30 juillet 2018 et du 24 avril 2019 », a souligné dans un premier temps, le signataire du document, Ahmed Hassane El-Barwan, à la fois secrétaire général du parti Juwa et du Front commun.
Liberté de manifester
Faisant valoir son attachement à la réconciliation du pays, le Front commun élargi demande ainsi au président comorien de prendre en considération un certain nombre de préalables, s’il veut créer un climat d’apaisement et de concorde. Le courrier s’est focalisé sur deux points essentiels. Sur les libertés, l’opposition a mentionné les revendications suivantes : Une garantie de la liberté d’entrée et de sortie de tous les comoriens sur le territoire national et international, l’amnistie ou la grâce de tous les détenus politiques jugés définitivement et enfin une liberté de se rassembler en public ou en privée. En effet, en dépit des tournées observées un peu partout, ces derniers temps, les manifestations politiques dans la capitale sont systématiquement interdites. Depuis 2018, la préfecture de Moroni refuse de délivrer une autorisation. Même si c’est pour dénoncer la cherté de la vie ou la flambée des prix des carburants. Pour la question des prisonniers politiques, soulevée dans la correspondance, on pense à des personnalités comme l’ancien président, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, le gouverneur déchu d’Anjouan, Abdou Salami et l’ex-vice-président, Mohamed Ali Soilihi, désigné début février, leader de toute l’opposition. Ils sont tous condamnés par la cour de sûreté de l’État, dont les décisions ne peuvent faire l’objet d’aucun recours.
L’armée dans les casernes
Pour l’élection présidentielle, le Front commun a formulé trois exigences. « Le cantonnement de l’armée et autres forces de l’ordre dans les casernes et la possibilité pour l’opposition, la société civile et le pouvoir de désigner, en ce qui leur concerne, leurs représentants au sein des organes en charge de la gestion des élections, et des juges électoraux. Leur nomination finale relèvera de la compétence du président de la République », poursuit la lettre de deux pages. A un an de l’élection présidentielle, l’opposition tente de resserrer les rangs, seul moyen qui selon la plupart de ses caciques aidera à battre Azali Assoumani, déterminé à rester au pouvoir jusqu’en 2029. Élu en 2016, pour un seul quinquennat non renouvelable, l’ex-putschiste a modifié la constitution deux ans plus tard. Non seulement ce tripatouillage a empêché un natif de l’île d’Anjouan de présider les destinées de l’archipel en 2021, conformément à l’accord de Fomboni (2001), mais il a également revu à deux le nombre des mandats. Malgré sa réélection contestée de 2019, l’actuel président de l’Union Africaine ne semble pas prêt à prendre sa retraite. Son parti a déjà annoncé sa candidature pour 2024. Mais les irrégularités et bourrages d’urnes, constatées pendant la réforme constitutionnelle (2018) et les derniers scrutins ne doivent plus se reproduire, insiste l’opposition qui pointe du doigt les lois électorales votées en décembre. Jusqu’à lors, les yeux sont tournés vers Beit-Salam qui n’a toujours répondu au courrier. Le porte-parole du gouvernement assure de son côté que le président de l’Union compte bien le faire. « Le Président Azali ne prône pas seulement le dialogue, il est également champion du dialogue qui aujourd’hui, soit dit en passant, fait sa renommée. Semble-t-il la lettre fait état d’un certain nombre des conditions. Et bien celles-ci seront minutieusement examinées et elles feront partie du dialogue découlant conséquemment dudit courrier », a promis Houmed Msaidie, interrogé ce mardi. Le Front commun se dit ouvert à des discussions pour que celles-ci aboutissent à redorer « l’image de notre pays pleinement ancré dans la démocratie et progrès ».
Le conflit social débuté fin 2022 n’est toujours pas terminé chez Electricité de Mayotte. Malgré un protocole de sortie signé entre la direction et les syndicats, les sanctions contre des employés soupçonnés de dégradations provoquent toujours des remous. Ce mardi, le site des Badamiers, à Dzaoudzi-Labattoir, a été un temps occupé par les grèvistes. La production du site a été temporairement coupée par les occupants, qui ont quitté les lieux vers 13h30.
Les accueils physiques d’EDM (Électricité de Mayotte) seront fermés ce mercredi 22 mars, « en raison d’un mouvement social », annonce également le fournisseur d’électricité dans un communiqué envoyé ce mardi. Les équipes d’EDM restent joignables via l’espace client ou par téléphone.
Trois mineurs ont été rapidement interpellés, dont l’un dès le lendemain des faits. Deux d’entre eux (le plus jeune des trois a déjà été condamné en 2019) sont jugés par la cour d’assises des mineurs, ce mercredi 22 mars. Le procès durera jusqu’à vendredi. Mayotte hebdo vous propose de suivre le premier jour, à partir de 9h, sur cet article ou sur le compte Twitter du journal : https://twitter.com/MayotteHebdo
Étant mineurs au moment des faits, nous ne donnerons pas leurs noms.
Le personnel du lycée polyvalent de Dzoumogné informe, au travers d’un communiqué, qu’à compter de ce mardi 21 mars, après le départ des élèves de l’établissement, appliquera son droit de retrait. Depuis quatre ans maintenant, le lycée est régulièrement le fait d’incidents, « la plupart du temps fruits d’agressions d’éléments extérieurs. Nous ne comptons plus les évacuations, blessures, traumatismes, vols, sans compter les véhicules endommagés, tant au niveau des élèves que des adultes ».
Depuis la fin des vacances scolaires, le personnel de l’établissement constate que les attaques sont presque quotidiennes et alerte qu’un « collègue a délibérément été pris pour cible, nos véhicules sont pris pour cibles, nous ne pouvons pas circuler en dehors des salles de classe sans risquer un caillou ». Au vu des événements violents qui se sont déroulés depuis ces quatre dernières années, et plus particulièrement depuis ces vacances scolaires, le personnel considère que « ces événements sont de nature à mettre en cause l’intégrité et la sécurité des élèves et du personnel ».
« Conformément à l’article L 4131-3,nous avons un motif raisonnable de penser que la situation dans laquelle nous travaillons présente pour nous et nos élèves une situation de danger grave et imminent », expliquent-ils. Le personnel du lycée polyvalent de Dzoumogné exerce donc son droit de retrait, ainsi qu’à l’annexe de Bandraboua. Le personnel demande aux autorités « une présence policière quotidienne et continue » dans toute la rue, afin de « sécuriser nos déplacements » entre le parking des véhicules et l’établissement. Le personnel du lycée observera son droit de retrait jusqu’à ce que « l’administration sécurise » leurs conditions de travail.
Ismaël Boura a décliné l’invitation des Comores pour ce mois de mars. N’ayant jamais joué avec la France ou Madagascar (intéressée également), le Mahorais reste toutefois sélectionnable par les Coelacanthes.
Le défenseur mahorais du Racing club de Lens a décliné à la dernière minute l’invitation de la sélection comorienne de football qui doit affronter, vendredi prochain, la Côte-d’Ivoire, dans le cadre des éliminatoires de la coupe d’Afrique des Nations. Les responsables des Cœlacanthes ont annoncé qu’ils respectaient le choix du natif de Bandrélé.
La course à la qualification pour la prochaine Coupe d‘Afrique des Nations a repris. Dans le groupe H, le choc le plus attendu sera le match qui opposera les Cœlacanthes aux Éléphants, le 24 mars, au stade de Bouaké, en Côte-d’Ivoire. Alors qu’il envisageait de partir à Abidjan, avec un nouveau joueur originaire de Mayotte, le sélectionneur des Comores, Younes Zerdouk devra finalement composer sans Ismaël Boura. Le défenseur gauche évoluant au Racing club de Lens (Ligue 1) ne portera pas le maillot des Coelacanthes durant les deux confrontations prévues ce mois-ci. La nouvelle, révélée par nos confrères de Mayotte la 1ère, la semaine dernière, a fait couler beaucoup d’encre, notamment sur la toile. Ce refus a même donné lieu à de nombreuses spéculations et interprétations. Selon le journal, le natif de Bandrelé, n’avait pas donné son accord au staff comorien et assure qu’il a appris sa convocation sur les réseaux sociaux. D’après toujours le récit du journaliste, le footballeur aurait indiqué qu’il préférait se concentrer sur son club, troisième du classement de la Ligue 1. Cette déclaration n’a pas empêché les versions de fuser ici et là, alimentant le débat sur Facebook, ces derniers temps. Si d’aucuns lui donnent raison, d’autres supporters acceptent difficilement la décision du joueur, qui intéresse également la sélection malgache. C’est pour cette raison que le staff de l’équipe nationale des Comores a tenu à apporter des éclaircissements sur le sujet.
Porte toujours ouverte
Dans une conférence de presse animée en ligne, vendredi soir, le manager, Kassim Abdallah, et le coach Younes Zerdouk sont revenus longuement sur la convocation d’Ismaël Boura. Le manager a d’abord assuré que son équipe a suivi les étapes nécessaires lorsqu’elle souhaitait s’attirer les talents du latéral gauche du RC Lens. « On a bien fait notre travail. Avant de convoquer un joueur, il faut d’abord entrer en contact avec sa famille, son agent et son club. Tout ce processus a été respecté. Nous avons pu le rencontrer en décembre et avons discuté avec lui. On s’était convenu qu’il vienne. Mais à la dernière minute, il a changé d’avis pour des raisons personnelles que nous respectons. Il arrive que des joueurs déclinent l’invitation in extremis. Cela fait partie du jeu », a relaté Kassim Abdallah, qui assure que la porte lui sera toujours ouverte. L’ancien défenseur, devenu manager après le départ d’Amir Abdou, pense qu’il y a eu seulement un problème de communication de la part du jeune de 22 ans. « Mais je ne veux pas rentrer dans les polémiques. Sachez qu’il n’y a aucun problème. Et qu’après son désistement, je me suis même entretenu avec son agent », a-t-il ajouté, lors de la conférence retransmise sur la chaîne RCM13. De son côté, le sélectionneur, qui connaît très bien le coach du Racing club de Lens, Franck Haise, a relevé que pendant les discussions, Boura était hyper content. « Il avait les yeux qui brillaient. Nous restons toujours professionnels dans ce que nous faisons », a appuyé le technicien franco-marocain, qui doit remporter la double confrontation les 24 et 28 mars prochain, pour espérer une qualification en beauté de son équipe.
Si elle fera sans Ismaël Boura, elle pourra compter sur d’autres joueurs talentueux originaires de Mayotte, à l’instar d’El Fardou Ben Nabouhane, Faïz Selemani ou encore Faiz Mattoir. Si Big Ben, sera absent, Selemani, lui, est de la partie.
Depuis le début de la campagne de rattrapage vaccinal en milieu scolaire, lancée en janvier dernier, 12.343 collégiens ont été vaccinés. Au total, 21.682 doses ont été injectées. Cette semaine, les équipes de vaccination seront présentes dans les collèges de Pamandzi, Chirongui et Bandrélé. Le jour de la vaccination, chaque élève doit se présenter muni de son carnet de santé et son autorisation parentale signée.
La commission d’enquête relative au coût de la vie dans les collectivités territoriales d’outre-mer se réunira le vendredi 24 mars 2023. Présidée par Guillaume Vuilletet, la commission sera décomposée en six temps avec l’intervention de représentants du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), du Centre d’économie et de management de l’océan Indien (CEMOI) de l’université de La Réunion, de l’université des Antilles, de l’Union des ports de France, de l’Agence française de développement (AFD).
Le GIP l’Europe à Mayotte, la structure accompagnant les porteurs de projet susceptibles de bénéficier de fonds européens, organise un atelier d’information consacré au Feder et la défiscalisation, coanimé avec Investis DOM. L’atelier se déroulera dans les locaux du GIP l’Europe à Tsingoni, le vendredi 24 mars, de 9h à 11h.
Électricité de Mayotte (EDM) informe qu’en raison de travaux d’entretien sur le réseau, des coupures impacteront le secteur Varangues de Trévani le mercredi 22 mars, entre 8h et 11h30. Toutefois les clients devront considérer leurs installations comme étant sous tension, le courant pouvant être rétabli à tout moment.
Le samedi 11 mars 2023, vers 7h, un accident corporel impliquant deux scootéristes s’est produit sur la route de Moya à Labattoir (97610). Le commandement de la gendarmerie de Mayotte recherche toute personne ayant été témoin des faits ou pouvant fournir des informations sur leurs circonstances. Si vous êtes en possession d’informations, vous pouvez contacter la brigade de gendarmerie de Pamandzi au 02.69.60.10.48 ou composer le 17.
La délégation sénatoriale aux outre-mer organise le jeudi 23 mars une table ronde sur la situation à Mayotte, dans le cadre du rapport d’information de la Délégation sur le foncier agricole dans les outre-mer. Lors de ces échanges, seront présents Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte, aux côtés de représentants de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Mayotte (DAAF), de l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM), de la chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (CAPAM), de la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), du syndicat des jeunes agriculteurs de Mayotte et de la Mutualité sociale agricole (MSA) d’Armorique.
Du 23 janvier au 18 mars, Oudjerebou, la couveuse d’entreprises en partenariat avec le Rotary Club Hippocampe Mamoudzou a organisé un concours « Jeunes entrepreneurs ». Ce challenge dédié à la jeunesse mahoraise est arrivé à son terme ce samedi avec la remise des prix et l’annonce des grands vainqueurs. Pour cette édition 2023, l’équipe gagnante dans la catégorie « étudiant » est le lycée des Lumières avec le projet CeRCL. Dans la catégorie « lycée », c’est le projet Charconut du lycée Younoussa-Bamana qui est lauréat. Les deux gagnants ont remporté chacun 4.000 euros.
La motion de censure transpartisane déposée par le Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) devait sanctionner le gouvernement d’Élisabeth Borne, qui vient de faire passer sa loi de réforme des retraites en utilisant l’article 49.3 de l’Assemblée nationale. De nombreux groupes politiques ont soutenu la démarche du groupe politique d’Estelle Youssouffa, qui l’a défendue sur les plateaux de télévision. L’interrogation restait du côté des élus Les Républicains qui semblaient diviser sur le sujet. Coprésident du groupe, Éric Ciotti avait indiqué ne pas suivre les autres formations politiques. Mansour Kamardine, député de la deuxième circonscription de Mayotte, a fait le même choix. « Dans le cadre de la réforme des retraites, alors que la marche vers l’égalité sociale de nos bacocos était bloquée depuis des années, j’ai obtenu, de haute lutte, avec le soutien total du groupe LR, une augmentation du minimum retraite à Mayotte de 150 euros. J’ai obtenu, également, l’engagement du gouvernement que la retraite complémentaire des agents contractuels du secteur public (Ircantec) soit ouverte à Mayotte, avant la fin de l’année. Cela fait 21 ans qu’ils l’attendent ! », fait valoir le parlementaire. Il craignait que les amendements votés ne soient oubliés si cette motion, dont le vote était prévu ce lundi soir, arrivait à ses fins.
« Voter la motion de censure contre le gouvernement, c’est mettre à terre les importantes avancées concernant nos bacocos et reporter, à des dates inconnues, l’urgente opération Wuambushu du mois d’avril et la loi de sécurisation de Mayotte du mois de juin. Je ne vote donc pas la motion de censure, car nous n’avons plus de temps à perdre pour Mayotte au moment où l’action publique se déploie enfin avec force », a-t-il annoncé.
Les élèves sont les premiers à avoir pu admirer la coupe, arrivée quelques heures plus tôt sur le territoire.
Le mythique trophée Webb Ellis – récompense décernée à l’équipe vainqueur de la Coupe du monde de rugby à XV, organisée en France en octobre prochain – est arrivé ce lundi à Mayotte. La coupe a été présentée au lycée des Lumières de Kawéni, où étaient rassemblés des élèves des sections rugby de plusieurs établissements scolaires.
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Au micro, Patrick Loval, le proviseur du lycée des Lumières, se ravit de la venue du trophée dans son établissement.
Le trophée Webb-Ellis porte le nom de l’inventeur supposé du rugby.
Les élèves ont pu immortaliser la venue de la coupe.
« C’est la vraie coupe ? », interroge l’un des élèves de l’assemblée. Et bien oui ! 48 centimètres de haut, 4,5 kilos d’argent massif – plaqué en or 24 carats – façonnés et entretenus par « le même joaillier qui s’occupe de la couronne de la reine d’Angleterre », nous précise-t-on… Le trophée Webb Ellis trône, clinquant, sur l’estrade de l’amphithéâtre du lycée des Lumières de Kaweni, ce lundi après-midi. Plusieurs centaines d’élèves des sections rugby de plusieurs établissements scolaires du département étaient rassemblés pour avoir la chance d’observer la relique de leurs propres yeux, et de prendre quelques photos-souvenirs. « Profitez-en, c’est quelque chose que vous ne vivrez sans doute qu’une fois dans votre vie… sauf si vous rejoignez le XV de France et que vous la gagnez ! », prévient l’une des enseignantes. « Inchallah ! », répondent les élèves en chœur.
« Mettre en lumière la pratique du rugby »
Et pourtant, qui sait ? La balle ovale gagne du terrain à Mayotte, nous informe Éric Landmann, le président du comité local, fort de près de 700 licenciés. « Faire venir le trophée nous permet de mettre en lumière la pratique du rugby sur l’île », indique-t-il. Le trophée poursuit sa tournée mahoraise ce mardi au RSMA (voir encadré), au Carrefour des Hauts-Vallons (anciennement Jumbo Score), puis à l’hôtel Caribou pour une soirée de gala organisée pour l’occasion. L’opération est portée par le comité de rugby de Mayotte et permise par l’organisme international World Rugby – propriétaire du trophée – et le comité d’organisation de la Coupe du monde de rugby à XV France 2023.
Entourée d’un important dispositif de sécurité, la coupe est manipulée fort précautionneusement : un seul agent du comité national, muni de gants de protection spéciaux, est autorisé à la déplacer et à la sortir de sa caisse de sécurité. Les enfants sont prévenus : « Il y a une superstition qui dit que si on touche le trophée, alors notre pays ne gagne pas la Coupe du monde. Donc, s’il vous plaît, ne la touchez pas ! », demande Ottman Zair, le secrétaire général de France 2023, en riant. Sages, les élèves ont respecté la consigne… On peut donc espérer que l’équipe de France soulève le fameux trophée Webb-Ellis, le 28 octobre prochain.
Le trophée fait un tour au RSMA
Pour la venue du trophée au régiment du service militaire adapté (RSMA), ce mardi matin, des ateliers autour du rugby seront proposés à des élèves de collèges du secteur et un mini-terrain de rugby permettra de disputer un tournoi entre cadres et volontaires du régiment.
Au programme :
8h00 à 9h30 : ateliers autour du rugby pour les élèves de collèges du secteur.
9h00 : arrivée du comité de la Coupe du monde de rugby 2023 avec le trophée.
9h30 : accueil et discours du chef de corps sur la place d’armes du régiment.
10h00 : début du tournoi de rugby pour les cadres et volontaires du RSMA de Mayotte.
Le meurtre de Christophe Brousset, le 15 avril 2016, avait marqué les esprits. Une marche blanche avait été organisée, deux jours plus tard, à Mamoudzou.
Attendu par la famille de Christophe Brousset, le procès d’assises des auteurs présumés du meurtre du restaurateur en 2016 commence, ce mercredi 22 mars, au tribunal judiciaire de Mayotte. Trois mineurs (à l’époque) sont accusés d’avoir donné ou d’être complices des coups de couteau à l’homme qui allait chercher son fils au judo, devant le collège K1, à Kawéni. Deux jeunes hommes de 23 et 24 ans seront sur le banc des accusés (le troisième, plus jeune, a déjà été jugé en 2019 par un juge pour enfants).
Il y a des faits divers marquants pour un territoire. La mort de Christophe Brousset, le vendredi 15 avril 2016, en fait partie. Devant le collège K1, à Kawéni, le restaurateur de 38 ans a perdu la vie pour une banale sacoche. Ce soir-là, il venait chercher son fils de 13 ans, licencié au judo, quand une bande de jeunes du quartier s’en sont pris à lui. Sous la menace d’un couteau, le père de famille avait refusé de leur remettre ses affaires. L’un des agresseurs a alors planté son couteau au niveau du cœur, avant de s’enfuir sous les yeux de la compagne de la victime.
Le crime crapuleux avait déclenché une vive émotion sur l’île. Les jours qui ont suivi les faits, une marche blanche a été organisée et un appel (déjà) à mettre fin à l’insécurité avait été lancé. Le procès devant la cour d’assises des mineurs, qui doit avoir lieu de ce mercredi à vendredi, doit permettre de savoir lequel des deux accusés de 23 et 24 ans est l’auteur du coup fatal (selon nos informations, le plus jeune des trois a déjà été condamné par un juge des enfants en 2019).
Ils devront répondre du chef de vol avec violence ayant entraîné la mort, avec la réunion en tant que circonstance aggravante. En cas de condamnation, ils encourent la réclusion à perpétuité, ou vingt ans de prison si l’excuse de minorité est retenue.
Au total, quatorze agents du centre hospitalier de Mayotte (CHM) ont reçu leur diplôme d’assistant de régulation médicale (ARM) après un an de formation.
Les premiers diplômes de formation aux assistants de régulation médicale ont été remis, ce lundi matin, au Centre hospitalier de Mayotte (CHM). Quatorze agents ont reçu le précieux sésame attestant d’une professionnalisation du service.
La remise de diplômes s’est tenue, ce lundi matin, au CHM en présence des agents, de la direction et des proches des récipiendaires.
Ce lundi matin, au cours d’une cérémonie dans l’enceinte de l’établissement hospitalier à Mamoudzou, les quatorze assistants de régulation médicale (ARM), ayant récemment suivi la formation, ont reçu leur diplôme en présence de la direction, des chefs de pôles, collègues et familles. Au travers de cette formation, « l’idée est de reconnaitre les compétences des agents et de professionnaliser les services du CHM », reconnait Jean-Mathieu Dufour, directeur général du centre hospitalier. Après un an d’apprentissage « très difficile » en métropole, les agents du centre hospitalier de Mayotte « ont fait l’effort de la faire. Maintenant qu’ils sont diplômés, cela assure une sécurité complémentaire pour les patients et pour les personnes qui appellent le Samu », explique le directeur. Chacun à leur tour, les diplômés ont réaffirmé leur « fierté d’être diplômé » et d’exercer cette profession « peu connue et pourtant essentielle ».
« Vous êtes en première ligne »
L’assistant de régulation médicale (ARM) est l’un maillon de la chaîne de secours. Il est le premier interlocuteur de tout appelant en cas d’urgence médicale. Doté d’une maîtrise des situations de stress, d’un bon relationnel, c’est un métier possédant beaucoup de responsabilités, « car ils ont la vie des personnes qui appellent entre leurs mains », note le directeur du CHM. Une fois les informations récupérées et selon l’urgence, l’ARM peut transmettre au médecin régulateur ou déclencher un envoi d’un Smur et de secours adaptés. De son côté, le Dr Nora Oulehri, directrice médicale Samu 976, a tenu a rappelé aux diplômés, « vous êtes le premier maillon, vous êtes en première ligne ! »
Le service d’aide médicale urgente (Samu) Mayotte est le plus jeune de France. L’ambition, au travers de cette première vague de diplômés, est de « faire du Samu 976, un Samu d’excellence au même rang que tous les autres de métropole », confie le Dr Nora Oulehri. Aussi, l’un des objectifs de cette professionnalisation est d’agrandir le service. Dans cette optique, d’autres formations auront lieu en vue de compléter l’équipe actuelle.
Théophane « Guito » Narayanin, candidat malheureux aux élections législatives, suit de près la gestion de l’eau à Mayotte. Ce n’est pas la première fois qu’il alerte la population sur la situation locale.
Le chef d’entreprise Théophane « Guito » Narayanin est connu pour son franc-parler. Il annonce la création de sa compagnie maritime pour relier Mayotte aux autres grands ports régionaux. Au passage, il assène des coups à certains. Il y en a pour tout le monde : politiques, magistrats et grosses sociétés concurrentes à la sienne, IBS.
Pour ses activités dans le BTP, le chef d’entreprise veut développer le transport maritime en créant sa propre compagnie. Grâce à des grues directement sur ses navires, il pourra décharger sa marchandise sans passer par le port, dont il critique régulièrement la gestion.
Flash Infos : Vous avez lancé un coup de gueule à la radio contre les exclusions massives d’étrangers annoncées par les autorités. Qu’est-ce qui vous fait tant réagir ?
« Guito » : Je conçois qu’il ne soit pas possible de garder tout le monde sur ce territoire de 375 kilomètres carrés et que Mayotte n’a pas vocation à récupérer toute la misère du monde. Ce que je refuse en revanche c’est que les expulsions se fassent dans le non-respect des droits humains. Il y a quelques jours, j’ai embarqué sur un navire à destination d’Anjouan, qui est parti avec une heure de retard parce qu’un jeune homme avait réussi à fuir les agents de la police aux frontières. Ce jeune m’a expliqué son geste, il est né à Mayotte et n’a plus d’attaches aux Comores, il ne savait pas où aller. Ces personnes qui prennent le risque de traverser le bras de mer en kwassa ne le font pas par plaisir. Ils viennent pour se soigner, pour étudier ou pour trouver du travail afin de nourrir leurs familles. Je comprends le côté humain de ses jeunes qui veulent en découdre avec les forces de l’ordre. Lorsqu’on voit le traitement qui leur est infligé, le flot de haine et de méchanceté dont ils sont la cible, je dis qu’il faut cesser l’escalade. L’histoire nous rattrape toujours. Certes, il y a la politique qui veut cela mais l’intérêt des peuples prévaut. L’Union européenne l’a comprise et c’est pour cela qu’elle a mis en place le dispositif Interreg pour financer la coopération régionale. De quel droit, nous, Français, devrions avoir tous les droits et nous estimer supérieurs aux autres dans la région, avec un regard de colon et un esprit dominateur ? En réalité, dans cette affaire de coopération régionale, on nous envoie au goulag. Estelle Youssouffa (N.D.L.R. députée de la première circonscription de Mayotte et concurrente de Guito lors des dernières législatives) ne sait pas d’où elle vient, par contre, son père est Comorien. C’est pareil pour Mansour Kamardine (N.D.L.R. député de la deuxième circonscription) qui a de la famille à Anjouan. Qu’ils arrêtent d’attiser la haine à Paris. Nous sommes une société multiethnique qui a toujours vécu dans la tolérance. Les valeurs culturelles, cultuelles et culinaires nous sont communes et nous devons les partager dans un esprit de bon vivre ensemble, et les exploiter dans l’apaisement. Ce sont des richesses dont Mayotte a besoin pour se développer. Nos voisins ont des atouts et des compétences que nous n’avons pas. Avec nos moyens, nous devons les aider à les exploiter et en tirer profit. Avec cette affaire de lutte contre l’immigration clandestine, plus personne ne s’occupe des autres sujets nécessaires au développement de cette île.
F.I. : Il semble que vous allez vous lancer dans un autre défi, une compagnie maritime cette fois-ci.
« Guito » : Mon groupe est en train de mettre en place une compagnie maritime avec deux navires. C’est pour nous une mission de salut public dans la région. En effet, nous sommes partis de calculs faisant apparaître que dans cinq ans le prix du caillou aura doublé à Mayotte. Une situation qui va devenir très rapidement ingérable. La réflexion nous a conduit à obtenir des concessions à Madagascar et à Anjouan, avec une matière première traitée sur place et des retombées sur l’emploi local. Ces navires vont nous permettre de transporter à Mayotte du caillou, du granulat, des agrégats et du sable qui sont à la base de notre profession. En retour, nous pourrons également embarquer des colis spéciaux, des conteneurs sur les queues de chargement en provenance des ports de La Réunion, Maurice, Madagascar et Tanzanie vers Mayotte et les Comores. On tire ainsi les leçons de la crise du Covid-19 et des pénuries que nous continuons à subir depuis, y compris sur le ciment. Nous prévoyons également des opérations de cabotage entre Petite-Terre et Grande-Terre avec un débarquement sur site propre pour un investissement global de quarante millions d’euros. Nos navires ont une capacité d’emport de 3.000 tonnes navigant à douze nœuds. Il s’agit d’un projet qui générera 300 emplois directs et indirects dans toute la zone. Il a pris un peu de retard à cause de la crise du Covid-19, mais les choses sont maintenant en bonne voie.
F.I. : Pourquoi revenez-vous à nouveau sur le marché attribué à la Colas par l’Éducation nationale ?
« Guito » : Ma société et d’autres avions postulé pour un marché lancé par l’Éducation nationale pour un montant de 12,5 millions d’euros (N.D.L.R. concernant le lycée des métiers du bâtiment à Longoni). Suite à un recours que nous avons intenté devant le tribunal, ce marché qui avait été attribué à la Colas dans des conditions fort contestables (N.D.L.R. l’appel d’offres initial ne correspondait plus au projet modifié) avait été annulé. Sauf que l’Éducation nationale a refait la même chose dans la relance de ce marché. J’estime pour ma part qu’un service public de cette importance n’a pas à rentrer dans ce phénomène de réseau mafieux, raison pour laquelle, nous demandons que cette procédure qui porte sur 15 à 20 millions d’euros soit cassée à nouveau. Il convient de démasquer ces réseaux qui œuvrent dans l’ombre. Personnellement, je demande à être entendu par le procureur de la République pour lui apporter mes connaissances sur Mayotte dans ce domaine.
F.I. : Vous avez été candidat malheureux aux dernières élections législatives. Quelle leçon tirez-vous avec cet échec ?
« Guito » : On m’a harcelé pour aller aux législatives l’année dernière. Je suis fier du score que j’ai réalisé (N.D.L.R. il a fait 33,4% au deuxième tour) contre des politiques de tous bords confondus comme Ramlati Ali (candidate sortante) qui se sont ligués contre moi au deuxième tour au seul motif que je suis Réunionnais. Il faut le savoir, selon certains hommes politiques, on naît Mahorais et on ne le deviendra jamais malgré quarante ans passés sur cette île. Il y a 2.000 personnes qui vivent indirectement de nos activités et on a 350 employés dans nos entreprises. Mayotte, c’est un fief pour les seuls mahorais et je comprends aisément la situation vécue par les Anjouanais ici. Je retiens que les Mahorais ont perdu sur tous les plans car avec moi comme député, cela aurait été du gagnant-gagnant et sans corruption. Je ne me serai pas acharné sur ces pauvres anjouanais comme le font Estelle Youssouffa, Mansour Kamardine et Tani Mohamed, lorsqu’il y a mieux à faire pour ce département comme le fonctionnement du port de Longoni qu’ils trouvent normal, tout comme le marché de l’eau.
F.I. : On sait que vous ne portez pas les parlementaires dans votre cœur.
« Guito » : Les habitants de Mayotte se font voler depuis très longtemps et c’en est assez. L’eau est un élément indispensable dans le développement de Mayotte. Le groupe Vinci a mis en place un système qui lui permet de vendre le mètre cube d’eau à 4,20 euros, soit au double de son coût à La Réunion à 2,35 euros où la qualité est très nettement supérieure à ce qui est proposé à Mayotte et la production à 100%. Là-bas, il y a eu des condamnations et des consommateurs lésés ont été remboursés. Ici, le groupe augmente ses prix comme bon lui semble sans que personne ne trouve un mot à dire. Il s’agit pourtant d’une délégation de service public que le syndicat Les Eaux de Mayotte (ex-SMEAM) a consenti à la Sogéa, laquelle a créé la SMAE il y a peu, pour commercialiser cette denrée. Autrement dit, tout se passe dans l’opacité totale entre trois sociétés du même groupe. La SMAE et Vinci sont des brigands qui bénéficient de beaucoup de complicités, les élus regardent avec des yeux de chimère sans rien dire. L’État a investi 12,5 millions d’euros dans une usine de dessalement qui ne fonctionne pas, alors qu’elle devrait produire 5.000 m3 par jour. Cette usine, qui a coûté huit millions d’euros, n’arrive pas à produire 3.000 m3 par jour, au motif que des algues avaient embourbé les tuyaux de pompage de l’eau de mer. La SMAE a obtenu de l’État une rallonge de quatre millions d’euros et le système ne fonctionne pas mieux. Il y a pire, et les consommateurs doivent savoir, il n’y a jamais eu de réception de ces travaux. Un fait qui doit contraindre la SMAE à verser 4,5 millions d’euros de pénalité par an au syndicat.
F.I. : Alors que préconisez-vous pour mettre un terme aux dérives que vous dénoncez ?
« Guito » : Il faut savoir que ce dépassement de délai de réception des travaux doit se solder par un remboursement au syndicat Les Eaux de Mayotte des 3.000 m3 d’eau non produite. Afin d’éviter des souffrances inutiles à la population, ce système mafieux doit être démantelé. Ce qui est d’autant plus scandaleux dans cette affaire, c’est que le donneur d’ordre se fait payer ses frais de fonctionnement par son chargé de mission. Pour un m3 d’eau payé par le consommateur à 4,2 €, la SMAE se verse 2,02 euros contre 1,42 euros au syndicat des eaux. Alors que le groupe Vinci est incapable de produire les 50 % de quantité d’eau qui fait défaut à l’île, il réalise chaque année sur place un chiffre d’affaires net de deux millions d’euros, avec des marchés passés de gré à gré à ses filiales locales, sans consultation aucune, ce qui est hors la loi. Cette DSP aurait dû prendre fin en 2023, le préfet Jean-François Colombet l’a prorogé jusqu’en 2027. J’estime que tous les complices de ces forfaits doivent être entendus par la justice. En ma qualité de chef d’entreprise, je suis pénalisé sur mes chantiers par le manque d’eau et je m’interroge sur le fait que toutes mes plaintes à ce sujet n’ont pas été suivies des faits.