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Miss Salouva Mayotte 2023 fait son retour !

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L’événement Miss Salouva Mayotte 2023 fait son grand retour cette année. « Célébrant la diversité, la grâce et l’affirmation de soi, l’élection Miss Salouva est plus qu’un simple concours de beauté », note le comité Miss Salouva sur leurs réseaux sociaux. C’est très engagé que le Comité Miss Salouva continue de s’attacher aux valeurs et à la beauté qui transcendent à travers le port du salouva. C’est également « l’occasion parfaite pour nos six magnifiques candidates de rayonner avec leur propre interprétation de l’élégance à la mahoraise », ajoute le comité. L’annonce du jour d’élection arrivera d’ici peu.

Du 18 au 20 septembre, un deuxième colloque « Mayotte en santé »

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Nariké M’sada, la Popam et le centre hospitalier de Mayotte organisent la deuxième édition du colloque « Mayotte en santé ». Il se déroulera les 18, 19 et 20 septembre au Pôle d’Excellence Rurale à Coconi. Pendant trois jours, les thèmes de la santé sexuelle, des maladies infectieuses émergentes et des addictions seront abordés lors de conférences et tables rondes. L’inscription est gratuite et obligatoire. Elle se fait sur le site www.narikemsada.fr/. Il est possible de s’inscrire soit en présentiel, soit en visioconférence sur les trois jours de colloque.

Des nouvelles coupures anticipées à Mamoudzou et Petite-Terre

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Les jours passent et se ressemblent pour les habitants de Mamoudzou et Petite-Terre. Voilà une semaine que des coupures anticipées interviennent trois, quatre ou cinq heures avant l’horaire théorique. C’était encore le cas, ce lundi, alors que le nouveau calendrier avec des coupures de 48 heures est en vigueur. « Les niveaux d’eau des réservoirs de tête sont très bas à cette heure, ce qui ne permet pas d’assurer la distribution normale d’eau jusqu’à 16 heures, heure à laquelle devrait intervenir la coupure dans le cadre des tours d’eau. Pour cette raison, les coupures d’eau dans les secteurs desservis par ces réservoirs doivent être anticipées à 13h30 », alertait la SMAE, lundi midi. Étaient concernés Cavani, Convalescence, Mtsapéré, Tzoundzou II, Vahibé, Majicavo-Koropa, Kangani, Tsingoni, Kahani, Sada, Mangajou, Ongoujou, Hajangoua, Hamouro, Bambo-Est, Mgnambani, Malamani, Tsimkoura, Moinatrindri Haut, Bouéni, Mbouenatsa, Passi-Kéli, Mronabéja, ainsi que tous les autres villages du Sud, Mamoudzou et Cavani-Mamoudzou. Ce n’est pas tout, en Petite-Terre, « les perturbations de la distribution et les manques d’eau qui en ont résulté en milieu de matinée jusqu’à présent sont dus à un incident technique intervenu cette nuit sur une partie importante de l’usine et qui a affecté la production ». Alors que la réparation devait être effectué dans la journée, le retour du service était prévu que ce mardi.

La police nationale de Mayotte accueille 70 nouveaux policiers

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Ce vendredi 1e septembre 2023, la direction territoriale de la police nationale (DTPN) de Mayotte a accueilli 70 nouveaux fonctionnaires de police au sein des différents services composant cette entité. Une partie de ces renforts a été reçue à la DTPN à Mamoudzou par le directeur, Laurent Simonin. En Petite-Terre, ils ont été reçus au STPAF par le directeur adjoint, Guinard Cordorch. Après une présentation de l’ensemble des filières et une séance de tir, certains d’entre eux étaient d’ores et déjà opérationnels pour renforcer les effectifs présents.

156.000 articles de contrefaçon saisis à Longoni en 2022

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Les services de la douane à Longoni sont situés au sein même du port.

Situé au Nord-est de Mayotte, le port de Longoni est un véritable hub commercial essentiel à l’activité de l’île. Si le port fait l’objet d’une délégation de service public dévolue à la société Mayotte Channel Gateway (MCG) – son fonctionnement est en partie rendu possible grâce aux services de la douane française. Cette branche des services publics est bien souvent méconnue du grand public et les missions qui lui sont confiées restent floues. Afin d’y voir plus clair, la rédaction de Flash Infos s’est rendue dans les locaux de la douane, à Longoni.

Le port de Longoni est un point clé de la douane à Mayotte, mais il n’est pourtant qu’un des maillons de la chaîne. D’autres services de la douane française sont répartis sur l’ensemble du territoire mahorais, à l’aéroport international Marcel Henry de Pamandzi ou encore la direction régionale de Mamoudzou. Tous ces services fonctionnent main dans la main afin d’assurer un contrôle des marchandises et des personnes arrivant sur le territoire. En ce qui concerne la douane de Longoni, 32 fonctionnaires, répartis au sein de trois services, permettent au port de fonctionner.

Le poumon économique de l’île

Parmi les services, on retrouve le pôle comptable qui est chargé de la comptabilité et du recouvrement. L’objectif des équipes de ce pôle est de vérifier que les marchandises qui entrent sur le territoire soient bien déclarées et que toutes les taxes soient versées. L’argent récolté de ces taxes est par la suite envoyé à la Direction régionale des finances publiques (DRFIP) – ce qui correspond au service des impôts. On distingue trois types de taxes : de convoyage et transport, de déchargement et de stockage et celles relatives à la fiscalité (octroi de mer, taxes sur la consommation et droits de port). Ces taxes sont aussi bien appliquées sur les entreprises qui importent souvent en grande quantité (98%), que sur les particuliers.

En cas de retard ou de refus de paiement, le service de recouvrement prend le relai sur la comptabilité et se charge de récolter la somme due. Afin d’y parvenir ce service peut procéder à un « recouvrement à l’amiable » dans un premier temps – c’est-à-dire un simple mail ou appel téléphonique pour prévenir le payeur. Mais en cas de refus de paiement, un « recouvrement forcé » est alors appliqué. Dans ce cas, la somme due peut directement être saisie sur le compte en banque du payeur ou alors prélevée sur son salaire auprès de son employeur.

Un œil de lynx

Depuis l’obtention de son statut de département français, Mayotte est devenue une partie intégrante de l’Union européenne (UE). Les marchandises et les flux de personnes transitant sur le territoire mahorais sont donc d’autant plus stratégiques pour la France et l’UE. Loin d’entraver le commerce, la douane a pour objectif de le faciliter et de veiller au bon respect des lois françaises et européennes.

Parmi les fers de bataille de la douane à Mayotte : les contrefaçons. Elles sont importées en masse sur l’île et obligent les douaniers à constamment avoir un œil rivé sur les produits achalandés – d’autant plus lorsqu’il s’agit de grandes marques. Rien qu’en 2022, la douane a saisi plus de 156.000 articles de contrefaçon. L’autre grand point sur lequel les douaniers de Longoni gardent un œil, les normes. Une grande partie des marchandises importées sur le territoire mahorais proviennent de zones dont les normes de sécurité ne respectent pas toujours celles imposées en France et/ou dans l’Union européenne. C’est particulièrement le cas des produits en provenance des Émirats Arabes Unis, de la Tanzanie, de la Turquie ou encore du Mozambique. La Chine, quant à elle, a rattrapé son retard sur le sujet et s’est plus ou moins alignée sur les normes européennes. Chaque produit importé est donc scrupuleusement inspecté par le service des opérations commerciales et de la surveillance de la douane – ces services sont également présents à l’aéroport de Pamandzi, autre gros point d’entrée de l’île.

Le contrôle des normes concerne tout type de produits, du tabac aux vêtements en passant par l’eau et les produits alimentaires comme la viande ou les fruits et légumes depuis le 1er juin 2023. Auparavant attribué à la Deets (direction de l’économie, de l’emploi, du travail et de la solidarité), le contrôle des normes alimentaires est à présent confié aux douaniers. Mais un petit bémol vient entraver ce contrôle : le manque de structures adaptées. La société Mayotte Channel Gateway (MCG) a pour obligation de fournir ces structures aux agents de la douane afin de pouvoir contrôler ces importations alimentaires. A cause de ce manque de structures, le contrôle est actuellement fait à La Réunion. Un détour qui implique des retards et surtout des frais supplémentaires (transport, stockage…) pour l’importateur et donc pour le consommateur qui se retrouve en bout de chaîne. Enfin, lorsqu’un produit ne correspond pas aux normes françaises, deux options s’offrent à l’importateur, soit la saisie et la destruction de la marchandise, soit l’exportation et la revente à des pays dont les normes sont différentes (aux Comores et à Madagascar dans la plupart des cas).

217 millions d’euros de TVA en 2022

Mayotte est le seul département français, avec la Guyane, où la TVA ne s’applique pas sur les produits. L’octroi de mer s’applique sur chaque produit importé, une taxe qui se situe en moyenne à 20%. Le conseil départemental et les maires des dix-sept communes, sont chargés de fixer le taux doctroi de mer pour chaque produit. Toute taxe votée par le Conseil peut être amenée à varier, en fonction du secteur et des besoins de l’île. Par exemple, si le Département souhaite encourager le milieu de la culture à Mayotte, alors les taxes sur les livres seront diminuées. L’octroi de mer permet à Mayotte d’avoir un contrôle régional de son budget contrairement à la TVA qui est, elle, gérée par l’État. L’octroi de mer finance, par la suite, toutes les infrastructures de l’île. Les trois-quarts des taxes récoltées sont directement redistribués aux collectivités locales, ce qui rend le travail de cette branche de la fonction publique d’autant plus important pour l’activité économique de l’île.

Il faut noter que les exportations depuis Mayotte sont encore rares, car l’île est en pleine expansion et développement. En revanche, les importations y sont, elles, nombreuses et rendent le travail des douaniers de Longoni d’autant plus important et vital pour l’île. En 2022, 217 millions d’euros ont été perçus par la douane à Mayotte, dont près de 140 millions (64,35 %) juste par les services de Longoni.

Sanaa, une deuxième édition pleine d’énergie

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Vendredi soir sur scène, Zily a enchainé ses titres, dont son dernier « Tsikita » pour le plus grand plaisir des fans.

La deuxième édition du festival international des arts de Mamoudzou, connu sous le nom Sanaa s’est déroulé ce week-end. Cet événement culturel organisé par la mairie de Mamoudzou, proposait une programmation d’une quinzaine d’artistes internationaux, régionaux et locaux. Pendant trois jours, les spectateurs ont pu profiter des concerts de Zily, Magic System (qui s’est déjà produit à Mayotte il y a vingt ans), Meiitod, T-Matt, Koba LaD ou encore Franglish, sur la scène installée pour l’occasion au parking du marché couvert. A l’occasion de ce temps fort culturel de la rentée, des milliers de spectateurs avaient répondu présent. Afin d’éviter que les soirées ne soient gâchées comme l’a été celle de clôture de l’an passé, la sécurité a été très développée, notamment avec une forte présence des forces de l’ordre et des personnes en charge de la sécurité.

Le lycée Bamana fermé pour cause de manque d’eau

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Pas de cours, ces lundi et mardi, au lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou. Une erreur dans le raccordement de l’eau prive l’établissement d’eau courante. (image d’archives)

Élèves et personnel ont été invités à sortir du lycée Younoussa-Bamana, ce jeudi matin, vers 10h30. En cause, une absence d’eau dans les sanitaires de l’établissement du centre de Mamoudzou. Celui-ci ne devrait rouvrir que mercredi matin, le temps que des erreurs de raccordement soient réparées. A Doujani, ce sont les parents qui ont organisé un blocage du collège pour demander davantage de sécurité…pour les lycéens.

La sonnerie a retenti beaucoup plus tôt, ce lundi matin, pour les élèves du lycée Younoussa-Bamana. Le personnel de l’établissement de Mamoudzou s’est aperçu qu’il n’y avait pas d’eau dans les toilettes. « Face à cette situation, et pour garantir le bien-être et la sécurité de chacun, en accord avec les services du rectorat, nous avons pris la décision de suspendre les cours à partir de 10h30 ce jour », justifie alors le principal. Des travaux ont cependant été réalisés dernièrement pour que le lycée soit raccordé au chemin de l’eau. Ils devaient assurer un fonctionnement normal pour les plus de 2.000 élèves accueillis. Seulement, « une erreur de la SMAE » (Société mahoraise des eaux) prive de sanitaires le lycée, confirme le rectorat de Mayotte. « Un raccordement a été fait sur une canalisation soumise aux tours d’eau », précise Benjamin Lazare-Peillon, le directeur du cabinet du recteur. « J’en profite pour remercier les personnels qui sont soumis à ces problématiques », ajoute-il.

Les galères s’accumulent à Mamoudzou. Pas loin, le collège M’gombani n’est toujours pas relié non plus au chemin de l’eau pour cause de travaux, la difficulté principale tenant au fait que la conduite principale ne figure pas au bon endroit sur les plans. Pour le lycée, un retour à la normale est prévu mercredi matin, le temps que de nouveaux travaux soient faits, ces lundi et mardi.

Le collège de Doujani bloqué

Alors que le lycée Bamana se retrouve avec les portes closes, le collège de Doujani a pu rouvrir dans la matinée. Là, ce sont les parents qui ont provoqué le blocage. Ils demandent depuis plusieurs jours la sécurisation du parcours pour leurs adolescents qui se rendent à Younoussa-Bamana, leur lycée de secteur. En effet, depuis la rentrée, les affrontements sont fréquents entre les élèves de ce quartier et ceux de Mandzarsoa, un autre quartier de M’tsapéré. Les rixes, souvent à proximité du rond-point Baobab ou devant le lycée, interviennent autant le matin qu’à la sortie des cours. Une rencontre a eu lieu, la semaine dernière, entre la police municipale de Mamoudzou, le rectorat, la principale du collège et des parents d’élèves. Ces derniers ont voulu aller plus loin en bloquant leur collège. Là aussi, le rectorat a dû intervenir. « Il a fallu d’abord discuter et rappeler que ce n’est pas utile d’empêcher les enfants d’aller en cours », poursuit le directeur de cabinet. Plus que la sécurisation par les forces de l’ordre, déjà très présentes dans cette zone, il en appelle à la responsabilité de chacun. « Il faut que l’ensemble des familles se mobilisent. Ça fait six ans que je suis à Mayotte, ça n’a aucun sens. A Mamoudzou, on devrait pouvoir se rendre d’un point A à un point B sans prendre une pierre », fait-il remarquer.

La raqi thérapie : Un trait d’union entre le passé et le présent

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Plus qu’un simple phénomène de mode, la médecine prophétique également appelée « Raqi thérapie » ou « Roqiya » bouleverse progressivement et profondément, les pratiques sociétales à Mayotte. L’engouement est le même dans le département voisin de La Réunion, à Madagascar, et depuis peu, dans une moindre mesure, aux îles Comores voisines.

Ils ne portent ni blouses blanches, ni bleues et ne se distinguent par aucun signe extérieur particulier. À l’inverse des praticiens de la médecine conventionnelle qui doivent impérativement suivre un cursus précis avant d’exercer leurs compétences, les « raqi thérapeutes » proviennent de divers milieux sociaux, avec des parcours variés, exerçant au quotidien dans un nombre incalculable de corps de métier. Ils ont foi en Dieu et sont motivés par l’envie de venir en aide à leur prochain. La « Roqiya » est une pratique qui remonte à la nuit des temps (déjà connue à Jérusalem au temps du roi Salomon), bien avant l’apparition de l’Islam. Il s’agit, à proprement parlé, d’une méthode d’exorcisme. Cette façon de soigner certains maux fait appel à la foi des patients et s’appuie sur l’usage de versets de la Thora, des psaumes, de l’Evangile mais aussi du Coran. Malgré les siècles qui passent, elle se renforce et se répand de l’orient vers l’occident et depuis peu l’Afrique de l’Est et Madagascar. À Mayotte (et dans une moindre mesure aux Comores), elle s’installe depuis 13 ans. Elle est au départ source d’une grande méfiance auprès des populations locales, puisq’elle est importée de Marseille par des jeunes Mahorais ayant fréquenté des enseignants coraniques maghrébins. Ils en ont fait la promotion à partir d’une mosquée de Labattoir réputée comme étant un bastion fondamentaliste, au motif qu’elle heurtait frontalement les croyances ancestrales et musulmanes propres à notre île. La « Roqiya » est en passe de métamorphoser la société de l’île hippocampe, au point que l’autorité musulmane officielle a décidé de suivre de très près son évolution et son impact auprès des croyants. Engagée dans un processus d’évolution rapide au travers de la départementalisation, cette société mahoraise est en proie à des maux sociaux d’un nouveau genre sous les tropiques : mal être, stress, anxiété, solitude, désocialisation, et j’en passe. Des pathologies qui ne trouvent pas toujours de remèdes appropriés dans les hôpitaux et les services publics de santé. Ces dérèglements qui s’opèrent dans la société mahoraise en phase de formatage à l’occidental constituent un terreau propice à l’expansion de la « Roqiya » à Mayotte, malgré quelques couacs de parcours dus pour l’essentiel à la personnalité et au parcours de certaines personnes devenues entre temps « Raqi thérapeutes». Des soucis qui ont failli ternir l’image de la « Roqiya » à Mayotte.

Une pratique intemporelle qui d’adapte à l’usage des nouvelles technologies et au numérique

Parmi les premiers «raqi thérapeutes», certains ne jouissent pas d’une réputation de sagesse au sein de la population. Cela a eu pour effet d’alimenter une certaine suspicion au sein de la société à tel point que personne ne s’est demandé s’il ne s’agissait pas là d’une confrérie destinée à racheter « un certificat de bonne conduite et bonnes meurs » à des individus au passé sulfureux. Ce détail a son importance dans l’évolution de la « Roqiya » sur le territoire. Et pourtant, lorsque l’on observe de près ce phénomène, il comporte des avancées non négligeables pour l’évolution de la société locale dans sa manière de prendre en charge certaines problématiques, notamment de la gestion de la délinquance juvénile, les relations intergénérationnelles à l’intérieur d’une famille, l’encadrement des moins jeunes, la vie de couple, mais également les affres de la vie quotidienne. De quoi permettre de se passer aisément de psychothérapeutes dans une société locale bâtie sur des fondements et des normes différents de la société européenne et occidentale. En effet, ici tous les événements qui ponctuent la vie quotidienne des citoyens ne relève pas d’une vision cartésienne des choses. Dans son fondement africain et malgache et ses influences arabo-musulmanes, la société croit encore aux djinns, démons, esprits des morts réincarnés, le mauvais œil, les gris-gris, les sorts et autres maux surnaturels. Tout ce qui constitue l’essence même de la «Roqiya» qui n’a d’autre vocation que de les combattre. Mince est la frontière qui sépare le réel de l’irréel, le naturel du surnaturel, le mythe de la réalité et surtout, le passé du présent. La pratique de la « Roqiya » est à classer dans l’intemporel, l’adaptation au temps et aux époques, et fait très nouveau, aux évolutions technologiques et numériques. Les « raqis thérapeutes » n’ont pas besoin d’être en présence d’un désert médical pour recourir aux nouvelles technologies et au numérique. Que vous soyez sur le continent africain, européen, américain, asiatique ou en Océanie, le « Raqi thérapeute » peut traiter son patient à distance, de façon individuelle ou collective. Et pour cause, le verbe est son principal instrument, voire exclusif pour certains, et accessoirement certaines plantes (validées en son temps par le prophète Mahommet) selon la souna. La « Roqiya » reste néanmoins un instrument très difficile à manier dans la mesure où il est à pratiquer dans un cadre strict et réglementaire qui ne laisse aucune place à l’improvisation. De son vivant, le prophète Mahomet aurait eu des exigences fermes sur l’usage de cette médecine.

Des premiers coureurs sur la Pouldo

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La Pouldo, le nouveau trail de Mayotte, s’est déroulée du samedi 2 au dimanche 3 septembre. Cette course horaire a débuté à 11h du matin samedi et s’est clôturée 24h plus tard dimanche. Ils sont une soixantaine à avoir pris le départ de cette épreuve particulièrement exigeante, mais seulement trois coureurs à avoir bouclé les 165 km en réalisant 24 fois le circuit de 7km – autour du lac Karihani. Cette première édition était une réussite pour les coureurs qui étaient au rendez-vous et qui ont pu se fixer des challenges personnels grâce au format adéquat qui leur permettait de rejoindre la course à heure fixe. Tous ont fait preuve de résilience et de détermination sur ce trail, un bilan de bon augure pour de futures éditions !

Le Crédit Agricole présente son nouveau logo au Mermoz

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Une soixantaine de personnes étaient présentes au bar le Mermoz, vendredi soir, pour la présentation du nouveau logo du Crédit Agricole dans l’océan Indien. En effet, celui-ci ne s’appelle plus « Crédit Agricole La Réunion », mais « Crédit Agricole La Réunion-Mayotte ». Et outre le nom de Mayotte qui intègre le logo de la société, une carte des deux îles françaises de l’océan Indien apparaît en fond du nouveau dessin. « Présent depuis plus de trente ans à Mayotte, le Crédit Agricole s’est engagé avec fierté dans le développement de l’île, aux côtés des acteurs économiques et sociaux, déterminé à être plus qu’un simple financeur, avec une Caisse 100% locale représentant les intérêts des mahorais sociétaires et un représentant au Conseil d’administration de la banque, qui en assure la Vice-Présidence. Afin d’affirmer notre lien historique de banque de proximité avec la population mahoraise, nous avons décidé de marquer une nouvelle étape dans notre histoire commune avec Mayotte et de faire évoluer notre nom et notre logo », fait valoir la banque.

Insécurité : des barrages partout dans Mamoudzou, ce samedi soir

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Alors que les forces de l’ordre ont assuré la sécurité aux abords du dernier soir de concert de Sanaa, elles ont été rapidement sollicitées aux quatre coins de la ville de Mamoudzou. Des heurts violents et des barrages ont eu lieu dans la soirée à Cavani, M’tsapéré, Doujani, Tsoundou et Kawéni. Aux abords de la route nationale, à Doujani, une machine du chantier Caribus a été incendiée, vers 22h30.

Des barrages ont également été relevés entre les villages d’Ongojou et Tsararano.

Pas de Forum économique en novembre

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Compte tenu des restrictions d’eau qui affectent notre territoire, le Conseil départemental de Mayotte, en lien avec l’Adim et Cap Business Océan indien, a estimé préférable de décaler les dates de tenue du Forum économique des Iles de l’océan Indien. Cet évènement, qui devait initialement se tenir à Mayotte au mois de novembre prochain, est ainsi reporté aux dates du 17 – 19 avril 2024. Cette décision, prise en concertation avec l’ensemble de nos partenaires, vise à accueillir cet évènement économique majeur dans les meilleures conditions. Le Forum des Iles de l’Océan Indien est un évènement économique porté par Cap Business Océan indien, organisé chaque année dans un territoire de l’Océan Indien. Cette quatorzième édition sera organisée à la Technopole de Mayotte et permettra de mettre en avant la coopération régionale ainsi que les opportunités régionales pour le secteur privé.

Sénatoriales : le dépôt des candidatures ouvert ce lundi

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Dans la perspective des élections sénatoriales qui se déroulent le dimanche 24 septembre prochain, le dépôt des candidatures aura lieu de ce lundi 4 au vendredi 8 septembre, à la préfecture de Mamoudzou. Les déclarations pourront être effectuées du lundi au jeudi de 8h à 16h et le vendredi de 8h à 18h. Ce sera après cette étape que les candidats officiels seront connus. Les élections sénatoriales se dérouleront à Mayotte, comme dans toute la France, le dimanche 24 septembre. Il s’agit d’un scrutin majoritaire à deux tours, auquel participeront 540 grand électeurs (les parlementaires, les conseillers départementaux et représentants des communes).

À Mayotte, légère baisse des créations d’entreprises en 2022

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En 2022, selon l’Insee, le nombre de créations d’entreprises a baissé légèrement à Mayotte, avec 1.762 entreprises créées, soit 2 % (40 entreprises) de moins qu’en 2021. C’est la première fois depuis 2018 que le nombre de créations d’entreprises sur le territoire mahorais recule. Cela résulte de la baisse du nombre de créations d’entreprises individuelles classiques. Mayotte est le seul territoire ultra-marin qui connaît une inversion de tendance. Dans le même temps, les créations d’entreprises individuelles sous le régime de micro-entrepreneur mis en place en 2020 continuent de progresser, comme celles des sociétés. Ainsi, 579 entreprises sont créées sous ce régime en 2022 contre 488 en 2021 (+19 %) et 247 en 2020. Dans les transports et hébergement-restauration, ainsi que dans la construction, les créations d’entreprises baissent. En revanche, elles augmentent dans le commerce, de manière modérée, et plus fortement dans les services et l’industrie. En 2022, 50 % des créateurs d’entreprises individuelles sont des femmes, une part un peu plus élevée qu’au niveau national.

Crise de l’eau : Pour répondre à la pénurie, les six travaux du ministre Vigier

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Philippe Vigier a fait sa première visite à Mayotte en tant que ministre délégué aux Outremer. Il s’est notamment rendu sur le site du futur osmoseur à Jimawéni, sur la commune de Sada, samedi matin.

Pour sa première à Mayotte, ce samedi 2 septembre, le ministre Philippe Vigier a multiplié les visites sur le terrain, là où les chantiers doivent aider à lutter contre la pénurie d’eau. Forages, osmoseur, usines de dessalement, troisième retenue collinaire, « son plan Marshall » est chargé, même si certains chantiers étaient prévus depuis longtemps maintenant.

Les dernières médailles offertes par les sports collectifs

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Le basket-ball mahorais (hommes et femmes) repart de Madagascar avec le bronze.

Les équipes mahoraises quittent les Jeux des Îles de l’océan Indien avec cinq médailles, quatre de bronze et une d’argent, pour ce dernier week-end de compétition. S’il s’agit d’un retour au sommet pour le handball (absent en 2019), ce sont une confirmation pour le basket-ball 5×5 et une consécration pour le rugby à 7. Une moisson qui permet à la délégation de terminer la compétition avec pas moins de 39 breloques (trois médailles d’or, douze d’argent et 24 de bronze).

Au coup de sifflet final, Quentin Courrier ne peut s’empêcher de pousser un cri de rage. Victorieuses des Maldives (72-56), ce samedi matin, les basketteuses décrochent le bronze au terme d’un match maîtrisé de bout en bout. « Dans la dureté physique, nous savions que nous avions l’avantage. Nous voulions imposer une grosse défense d’entrée et leur mettre rapidement la tête sous l’eau », analyse le coach, ravi de la réaction de ses protégées après la déconvenue de la veille en demi-finale face à La Réunion (89-36).

Une nouvelle breloque pour les filles après celle obtenue en 2015, épopée dont faisait déjà partie Angélique Manrouf. « Nous aurions pu faire mieux, mais l’essentiel est de repartir avec une médaille ! » Alors que les joueuses savourent, leurs homologues masculins font leur entrée sur le parquet pour débuter l’échauffement. « Allez les gars, à votre tour », encourage Émeline Erichot, avant de rejoindre un vestiaire chauffé à bloc par Mélanie Jebdi. « Peu de gens croyaient en nous, c’est incroyable ! »

Après une élimination prématurée huit ans plus tôt et une deuxième place à Maurice en 2019 (défaite 89-45 contre Madagascar), les hommes réussissent à s’extirper du piège seychellois et à monter, eux aussi, sur la troisième marche du podium. « Il fallait finir sur une bonne note », se réjouit Austin Rasolonjatovo, auteur d’un trois-points d’anthologie tiré depuis sa raquette lors du deuxième match de la phase de groupe, sur le buzzer du troisième quart-temps. « Nous avons fait le maximum pour ne pas repartir les mains vides », poursuit Samir Akilaby. Un discours partagé par l’entraîneur Faïz Subra, satisfait de terminer la compétition de la meilleure des manières et de ramener une nouvelle médaille à la maison.

La famille rugby n’a pas à rougir

En rugby à 7, la belle surprise vient des filles, qui remportent le bronze face à Maurice (20-5). « Elles sont montées en puissance et ont déjoué tous les pronostics », confient Jérémy Bernard et Clément Dusfour. Avec cette première victoire dans les Jeux des Îles de l’océan Indien, « nous avons su marquer l’histoire », indique Itissame Soulaimana, arrivée dans le pays hôte quatre jours auparavant. « Nous pouvons être fières de représenter Mayotte. »

Côté garçons, les joueurs de Saïfi Idaroussi et de Saïd Edinho Andriharinjara s’inclinent 14-7, toujours contre Maurice, et terminent quatrième. « Gardez le positif de tout cela », lâche le capitaine Hugo Garlat à ses coéquipiers à la fin de la rencontre. Si la déception se lit sur les visages, le première ligne Al Amine Soulaimana loue « l’état d’esprit » de ce groupe de « potes ». Plus globalement, le manager sportif, Benjamin Peraudeau, souhaite surtout retenir le niveau affiché par l’ensemble de la sélection : « Bon Dieu, qu’est-ce que je suis heureux. »

Une sortie plus qu’honorable pour le handball

Dans le même temps, les handballeuses empochent le bronze, en prenant le meilleur des Comores (35-32). « Nous avons donné le meilleur, nous sommes soulagées de finir avec une médaille autour du cou », souligne Routoubati Soulaimana. « Nous sortons de la compétition avec les honneurs », renchérit Bacar Saïd Bacar, conscient que la montée sur le trône olympique s’est jouée à peu de chose (défaite 34-23 en demi-finale face à Madagascar). « Nous avions à cœur de nous relever. »

Et pour finir en beauté, les handballeurs concluent ce festival avec l’argent (idem qu’en 2015) à l’occasion de la dernière rencontre officielle de ces JIOI, ce dimanche matin. Devant au tableau d’affichage au tout début de la seconde mi-temps, Anzilani Housseine et sa troupe peuvent nourrir quelques regrets… « Nous avons eu un gros passage à vide », confie le sélectionneur Ibrahim Abdou. Finalement, La Réunion termine le match avec douze buts d’avance (28-16). La faute à un nombre abyssal d’erreurs individuels et à des exclusions répétitives.

Avec cette moisson acquise lors du dernier week-end des Jeux, Mayotte explose son record de breloques (39). Malheureusement, ce bilan nettement supérieur aux attentes (le comité régional olympique et sportif en espérait entre 30 et 32) n’empêche pas la délégation mahoraise de finir en dernière position du tableau des médailles, les Comores (5) et les Maldives (5) ayant davantage touché l’or que Mayotte (3).

Rendez-vous en 2027 pour la revanche, chez les voisins comoriens cette fois-ci !

Un procès de la « frénésie délinquante » à Passamaïnty

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Le samedi 29 juillet dernier, entre 15h et 18h, une vingtaine de jeunes ont sauvagement vandalisé la station-service de Tsoundzou, agressant des dizaines d’automobilistes au passage et battant à mort le chien de l’agent de sécurité. Un jeune de 18 ans a été déféré, vendredi 1er septembre, pour six chefs d’accusation produits ce jour-là. Sa peine est vingt-quatre mois de prison dont six mois avec sursis. Le procès était l’occasion de mettre en avant l’efficacité des drones de plus en plus utilisés par les forces de l’ordre lors des affrontements.

 « Vous êtes âgé de 17 ans et serez donc jugé par le tribunal pour enfants. » Le suspens durait depuis maintenant plusieurs semaines. L’examen osseux réalisé sur Abdou S. a révélé que ce jeune ayant pris part aux émeutes du 29 juillet est bien mineur – il a donc été écarté de ce procès, ce vendredi 1er septembre.  Mais après plusieurs renvois à cause de couacs médicaux au sujet de l’âge du plus jeune des deux prévenus, l’audience a finalement pu se dérouler pour Tadiki R., âgé lui de 18 ans.

La terreur comme maître-mot

« Mais qu’est-ce que vous cherchez lorsque vous agressez les gens ? Vous aimez les terroriser, ça vous faire rire ? » C’est par ces mots et un glacial « oui » de la part de l’accusé, que le procès de Tadiki R. a été marqué. Le jeune homme a fait part d’une grande froideur tout au long de son procès, rythmé par des réponses courtes et par peu de remise en question. Le samedi 29 juillet après-midi, alors que les habitants se rendaient pour la plupart à la plage ou chez des amis, une vingtaine de jeunes se sont affrontés avec une grande violence entre Passamaïnty et Tsoundzou 1. Des affrontements qui ont dégénéré et qui se sont répercutés sur les automobilistes sur la route ou arrêtés à la station-service. De grosses dégradations matérielles ont été relevées mais aussi et surtout des traumatismes psychologiques pour la plupart des victimes. « Vous pensez que ça fait quoi aux gens qui vous croisent de voir un groupe de jeunes à cagoules avec des machettes et des armes ? » La juge a tenté, au cours de ces quelques heures de jugement, de faire la lumière sur les motivations qui ont pu pousser ce jeune vivant à Tsoundzou 1 à prendre part aux affrontements samedi 29 juillet… en vain.

« – On s’est juste battus entre nous, avec les gens de Passamaïnty et Tsoundzou, puis avec la police, après je ne sais pas ce qu’il s’est passé. » « – Donc vous vous êtes retrouvés par hasard à vandaliser la station-service après ? Et vous vous êtes retrouvés par hasard à agresser les riverains ? » Le silence règne. Tadiki R. ne montre aucun regret face aux parties civiles venues témoigner de cet événement. « C’était le chaos, les gens criaient et essayaient de fuir comme ils pouvaient », explique un homme d’une cinquantaine d’années, dont la voiture a été vandalisée par plusieurs jeunes cagoulés. Sous le choc, il peine à parler clairement, tout comme l’homme assis à ses côtés qui a reçu plusieurs coups et dont le scooter a été détruit. Face à cette description et au traumatisme qui persiste chez les victimes un mois après, le procureur interpelle la Cour sur le principe de « frénésie délinquante ». Il explique qu’« à l’image des requins saisis de frénésie alimentaire, ces jeunes, comme des bêtes font preuve de frénésie délinquante et pourraient tuer n’importe qui quand la folie les prend ».

La technologie au service de la justice

Au total, Tadiki R. se retrouve devant le tribunal correctionnel pour de nombreux chefs d’accusation : avoir créé un attroupement et volontairement bloqué une route, avoir commis des violences en réunion sur des riverains et sur des personnes dépositaires de l’autorité, avoir dégradé des biens (voitures, scooters et quatre caméras de surveillance), avoir porté une arme factice ou encore avoir publiquement exercé un acte de cruauté sur un animal domestique ayant entraîné sa mort. Des accusations que son avocat, Maître Soumetui Andjilani, explique et excuse presque par le besoin d’extérioriser ce que peuvent ressentir les jeunes à Mayotte : « vous trouverez des défouloirs dans de nombreuses villes françaises qui permettent aux gens nerveux de se défouler. Pour ce jeune, le seul défouloir à disposition, c’était ces jeunes de Passamaïnty ».

Mais tous ces chefs d’accusation n’auraient pas pu être prononcés si des drones n’avaient pas survolé la scène, ce samedi 29 juillet, afin d’en apporter les preuves. Alors que les émeutiers pensaient s’en sortir après avoir détruit les quatre caméras de surveillance de la station-service, des drones ont permis aux enquêteurs d’avoir des preuves précises du déroulé des affrontements. « Vous vous reconnaissez ici [demande la juge en pointant un jeune au survêtement rouge] ? » Tadiki R. peine à admettre qu’il se reconnaît mais finit par acquiescer et par avouer les faits qui ont été filmés par les caméras. Il admet avoir frappé à mort le chien malinois d’un agent de sécurité – sans même éprouver d’émotions. « On vous voit rire avec vos camarades en le frappant, ça vous semble normal ça ? » interroge la juge. Le prévenu admet devant l’audience la cruauté dont il a fait preuve mais ne fait preuve d’aucun regret. Face à ce comportement, le procureur sort de ces gongs, « vous vous amusiez bien ce jour-là ? On voit sur les images des drones des jeunes qui rigolent et qui font même des signes aux drones. (…) Seulement… le vent tourne pour les délinquants car on voit de plus en plus de jeunes comparaître ici parce qu’ils ont été identifiés par des drones ». Peu à peu, Tadiki R. comprend que la situation est grave et que son souhait d’intégrer l’armée dans le futur risque d’être compromis. Ce jeune de 18 ans, de nationalité française et dont les parents étaient présents dans la salle d’audience, n’a d’autres options que d’assumer ses torts. Il fixe froidement les images captées qui lui sont présentées et ne bronche pas. « J’aimerais qu’on me mette un bracelet électronique, je suis prêt », clôture-t-il, lorsque la juge lui demande s’il souhaiterait ajouter un élément.

Tadiki R. ne sera, certes, pas le dernier émeutier de Mayotte mais sa peine de prison devrait permettre d’en refroidir plus d’un : vingt-quatre mois de prison dont six mois assortis de sursis simple. « Vous partez à Majicavo ce soir, un endroit où vous aurez tout le temps de réfléchir à vos actes et à votre futur », lui indique la juge.

Les collectifs demeurent déterminés à se faire entendre

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L’heure était au bilan de mi-parcours pour les représentants des collectifs qui restent attentifs à la lutte contre l’insécurité et l’immigration clandestine à Mayotte. Fin du visa territorialisé, opération Wuambushu, sit-in devant les bureaux de la préfecture de Mamoudzou, les Jeux des Iles de l’océan Indien, les revendications sont toujours aussi présentes chez ses défenseurs de Mayotte française. Une rencontre était organisée, ce vendredi 1er septembre, à Mamoudzou.

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Les représentants des collectifs mahorais s’étaient donné rendez-vous au restaurant le 5/5, ce vendredi après-midi. Une rencontre qui avait pour but de faire le point sur les différentes actions qu’ils ont pu mener au cours des deux derniers mois, examiner celles qui ont abouti et celles nécessitant un effort supplémentaire. Selon Saïd Mouhoudhoir, l’un des porte-paroles du collectif, le blocage du bureau des étrangers à la préfecture de Mayotte s’est traduit par une reconnaissance des problèmes de ce territoire par les différents responsables politiques nationaux. « Nous ne le dirons jamais assez, notre île fait face à des difficultés d’une ampleur exceptionnelle qu’on ne rencontre nulle part ailleurs. Nous avons ce problème d’immigration clandestine qui gangrène tout le département et entraîne de l’insécurité et ne rassure personne. » Évoquant l’opération Wuambushu lancé par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, fin mai 2023, les représentants des collectifs estiment que les péripéties qui ont émaillées son lancement n’altèrent en rien à la détermination des autorités françaises à aller au terme de cette affaire, qu’elles contraignent juste à modifier le modus operandi. « Cette opération est toujours en place et fonctionne, quoi qu’on en pense, et ce même si la démonstration de force attendue par la population de la part des forces de l’ordre n’a pas été au rendez-vous. Nous sommes un pays de droit, et la nécessité de respecter la loi est omniprésente et nous rappelle sans cesse à l’ordre », a poursuivi Saïd Mouhoudhoir. Il s’est plu à penser que la suspension théorique de l’opération n’est que temporaire, le temps de se conformer aux décisions de justice et les démolitions de bidonvilles reprendront de plus belle. Le sentiment que cette situation inspire aux membres des collectifs présents à cette réunion est que Mayotte est bien une partie intégrante du territoire national français. « Deux pas en avant, un pas en arrière, les Français aiment bien cela. Finalement, force est de constater qu’on a fait du surplace mais que cela produit des résultats. »

Un appel à rester ferme vis-à-vis des Comores

À la veille de l’arrivée annoncé du nouveau ministre délégué aux Outre-mer (Philippe Vigier, voir par ailleurs) sur le territoire, le collectif a lui adressé un courrier sous forme d’une plateforme revendicative reprenant nombre des problèmes récurrents sur l’île. Il déplore de ne pouvoir rencontrer le ministre en personne pour cause d’agenda très chargé et espère toutefois un rendez-vous fructueux avec son conseiller politique. A propos de la suite à réservée à leurs actions, Saïd Mouhoudhoir a de nouveau évoqué la question du sit-in devant la préfecture de Mamoudzou, une opération qui serait selon ses dires, le résultat d’un long travail de concertation avec le Délégué du gouvernement, dans un respect mutuel dès les premiers jours, bien qu’il n’y ait pas eu lieu de faire de grandes déclarations, un exercice uniquement réservé aux sorties de crises. « Nous sommes entrés dans une crise avec les autorités comoriennes. Nous appelons notre président Emmanuel Macron à rester très ferme car cette catastrophe migratoire que subit Mayotte n’est pas le fruit du hasard, sans doute a-t-il sa part de responsabilité là-dedans eu égard à son amitié pour Azali Assoumani (N.D.L.R. le président des Comores), qui lui demande une pause dans les reconduites aux frontières. Je rappelle que celui-ci continue à revendiquer notre île comme étant une partie de son territoire. Pour moi, le chef de l’État joue avec le feu dans cette attitude et ne doit pas s’étonner de se brûler les doigts un jour à venir. »  Actualité du moment oblige, les déclarations ont également porté sur la participation des athlètes mahorais aux Jeux des Iles de l’océan Indien, qui se sont achevés ce dimanche. Une participation qui n’est absolument pas au goût de Saïd Mouhoudhoir, lequel s’interroge sur ce qui a pu motiver le conseil départemental de Mayotte à apporter un financement, aussi minime soit-il, à cette aventure « peu reluisante » pour les sportifs de l’île.

Comme beaucoup de gens qui commentent le traitement réservé cette année aux sportifs de la délégation mahoraise à Antananarivo, il estime que le minimum pour les organisateurs de cet événement aurait été de permettre à nos jeunes de porter le fanion du 101ème département français. « On s’est fait insulter et traîner dans la boue à travers cette affaire. »

« Mama Mlezi » : la femme mahoraise mise à l’honneur

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La bibliothèque municipale de Cavani a accueilli, jeudi 31 août, la conférence autour du livre-photos Mama Mlezi.

L’association Mlezi Maore a organisé, ce jeudi 31 août, une rencontre littéraire au sein de la bibliothèque municipale de Cavani, pour fêter la sortie du livre-photos Mama Mlezi. Au programme de cette matinée, la présentation du livre avec des interventions de spécialistes et des échanges avec le public. Cet événement était l’occasion de débattre autour de grandes thématiques de société en lien avec la place de la femme à Mayotte.

Le son des m’biwi résonnent avec frénésie, l’ambiance est bon enfant et tous les invités sont heureux d’assister à cet événement très spécial pour la sortie du livre-photos Mama Mlezi. Placée sous le thème de la femme mahoraise, cette rencontre s’est déroulée au sein de la bibliothèque municipale de Cavani, ce jeudi. Sociologues, directeurs d’associations, acteurs du social, lycéens ou simples intéressés… tous ont écouté avec attention les échanges qui ont duré toute la matinée.

Un livre haut en couleur

Il suffit de feuilleter le livre Mama Mlezi pour comprendre que le travail du photographe Jean-Louis Saiz était minutieux. Des dizaines de photos de femmes mahoraises de tout âge composent ce livre haut en couleur et en sourires. « Derrière le travail artistique, il a fallu discuter, approcher et prendre en compte l’histoire de celles qui ont été prises en photo et la question du droit à l’image est centrale », a expliqué Jean-Louis Saiz, présent en visioconférence. Cette question du droit à l’image était justement le thème d’une des deux grandes questions qui ont rythmé l’événement ; « La place de la femme et le droit de disposer de son image ». Taslima Soulaimana, directrice de la direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité (DRDFE) était le grand témoin de cet événement.

Plusieurs interventions se sont enchaînées en l’espace de quelques heures, comme celle d’Abdallah Combo, sociologue mahorais. Il est revenu sur la récente polémique autour d’une jeune femme arrêtée à Aurillac pour avoir marché seins nus dans la rue. « Il y a une grande réflexion à avoir sur le fait de disposer de son corps, d’autant plus en tant que femme (…) Encore aujourd’hui à Mayotte, les mères contrôlent le corps de leurs filles par rapport à leurs relations amoureuses… ça interroge cette question de l’image et de la place de la femme », a-t-il expliqué à l’audience majoritairement composée de jeunes lycéennes. Ces dernières ont d’ailleurs activement participé aux échanges et sont revenues à plusieurs reprises sur le principe de publier des images sur les réseaux sociaux. « Pour moi, ce ne sont pas les réseaux sociaux le problème, mais l’utilisateur qui les poste », a expliqué une élève de terminale, assise au fond de la salle. D’autres jeunes ont rebondi sur cette affirmation, afin de faire part de leur avis parfois contradictoire – le tout dans une ambiance bienveillante. Djemilah Hassani, membre de l’association Femmes d’Avenir, a conclu cet échange sur l’importance de « se demander ce que l’on veut mettre sur les réseaux sociaux comme c’est le cas pour Mayotte par exemple. Je m’adresse aux jeunes et je veux leur dire qu’il faut travailler avec l’image comme on doit le faire pour valoriser Mayotte ».

Entre traditions et injonctions

Mayotte était au cœur de tous les débats et plus spécifiquement, les traditions qui parfois déroutent ou questionnent la jeune génération. La deuxième partie de la matinée était placée sous le thème « La place de la femme dans la société mahoraise entre émancipation, libertés et pression sociale ». Une jeune femme membre de l’association Haki Za Wanatsa a ouvert la discussion, « La femme mahoraise vit avec des injonctions à travers lesquelles elle doit s’accomplir ». Elle a insisté sur le fossé existant entre l’Hexagone et Mayotte pour les femmes. « La femme mahoraise a le poids de toute une famille et se retrouve souvent livrée à elle-même (…) 27% des femmes mahoraises ont un emploi ici contre 63% en métropole et on ne voit toujours aucune femme maire d’une des 17 communes de Mayotte ». Ce à quoi a réagi Nadia Djoumoi, directrice de la mission locale de Mayotte, « ce qui retient les femmes c’est la question de la charge mentale et ce n’est pas une nouvelle maladie occidentale (…). Lorsqu’une jeune femme arrive en mission locale, les premières questions sont en lien avec sa famille… des questions auxquelles les hommes n’ont, eux, pas à répondre ». Les échanges se sont poursuivis avec plusieurs femmes faisant part de leur expérience personnelle en tant que mère, épouse ou simple adolescente en construction. Toutes étaient émues et fières de participer à ce moment de partage. Taslima Soulaimana a, elle, clôturé son discours à travers la notion d’émancipation, « c’est à chacun de nous de prendre conscience des injonctions imposées aux femmes et de faire en sorte que les foyers changent. Il faut que les femmes s’émancipent ! ».

La rencontre s’est clôturée avec les mots de Hughes Makengo, directeur général de Mlezi Maore, « ce livre c’est l’histoire d’un homme qui consacre son travail aux femmes ». Ce à quoi le sous-préfet de Mayotte, Cédric Kari-Herkner, a ajouté, « ce livre est l’image de ce qui peut et doit être amélioré à Mayotte, cette nouvelle génération de femmes ne connaîtra pas le même avenir que leur mère (…) La femme à Mayotte, comme ailleurs, est l’avenir de l’homme ! ».

Philippe Vigier : « Accordez au moins que le chemin on l’emprunte »

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Le nouveau ministre délégué aux Outremer, Philippe Vigier, faisait son premier déplacement à Mayotte, ce samedi. Ici, à proximité de Jimawéni, sur la commune de Sada, où un osmoseur qui traite de l'eau de mer va être installé dans les prochains mois.

En visite à Mayotte pour la première fois en tant que ministre délégué aux Outremer, Philippe Vigier a fait plusieurs annonces en rapport avec la crise de l’eau, ce samedi matin, dont la distribution de deux litres d’eau par jour aux plus vénérables (voir encadré). Il a répondu également à nos questions sur le prix des bouteilles d’eau, en promettant « de faire pression sur les distributeurs ». Côté syndicat des Eaux de Mayotte, le débat est toujours « ouvert », apparemment, sur la question des factures d’eau (voir encadré).

Flash Infos : Vous avez annoncé que des bouteilles d’eau seront distribuées aux personnes vulnérables (voir encadré). Les Mahorais vous attendent sur un autre point important, c’est le prix des bouteilles d’eau. Le pack de bouteilles de 1,5 litre est souvent entre cinq et six euros. Est-ce que l’État fera un effort là-dessus ?

Philippe Vigier : Merci d’avoir souligné ce premier effort. 60.000, voire 70.000 litres par jour, vous savez ce que ça représente en termes d’efforts financiers. On le fera pour tous les publics vulnérables. Il n’y en aura pas un qui n’aura pas de l’eau de qualité à boire pour ces prochaines semaines. Concernant les prix des bouteilles, vous savez qu’ils sont bloqués [N.D.L.R. depuis un décret du 18 juillet, les prix ne peuvent grimper au-dessus de leurs niveaux en juin]…

F.I. : Mais à des prix indécents.

P.V. : Il y aura un nouveau décret préfectoral qui devrait minorer ce coût [N.D.L.R. ce futur décret étendra le premier à d’autres marques, mais il ne fera pas baisser les prix]. J’en appelle à l’esprit de responsabilité. L’État fait tout son chemin. Lorsqu’on met onze millions d’euros pour un osmoseur, trente millions d’euros pour des travaux. C’est nous qui payons, c’est vous, c’est moi. Chacun doit faire un effort de responsabilité. De même ceux qui sont en gestion de l’ensemble des services de l’eau sur ce territoire. Il y a des engagements que je prends et je tiendrais, et d’autres que je ne peux pas prendre parce que je ne suis pas le seul décisionnaire.

F.I. : Vous savez combien coûtent ces packs en métropole (entre 1,05€ et 1,30 € pour les moins chers). Ici, nous sommes dans le département le plus pauvre de France et nous sommes en pénurie d’eau.

P.V. : Vous m’accorderez que je ne suis pas le distributeur. Je le répète fortement. On va faire en sorte de faire pression sur les distributeurs. Comme je le dis dans les outre-mer, avec Bruno Lemaire [ministre de l’Économie et des Finances], on a lancé une mission contre les monopoles, pour lutter contre la vie chère. Vous pouvez compter sur moi là-dessus. Mais je ne vais pas vous apporter une réponse aujourd’hui que je ne peux pas honorer. On ne peut pas mentir aux Mahorais. Je suis là pour leur apporter des mesures concrètes. Accordez au moins que le chemin on l’emprunte. Vous ne pouvez pas tout balayer d’un revers de main. Quarante millions d’euros mis sur une table, je veux bien que vous me disiez dans les dix dernières années, si ça a été fait ou pas.

F.I. : C’est du rattrapage. Ce sont des choses déjà envisagées qui auraient dû sortir bien avant. Et ce ne sera pas prêt tout de suite. On va passer à des coupures d’eau de 48 heures et j’imagine que l’osmoseur ne sera pas prêt lundi (il est prévu pour janvier 2024).

P.V. : Je vais vous rappeler une chose, ce sont les collectivités qui sont responsables de l’eau. L’État vient soutenir. Ce n’est ma responsabilité, la délivrance de l’eau. On est là pour aider techniquement et je crois très largement financièrement, avec un plan qu’on va vérifier. J’espère que vous serez présents à chaque fois que je revendrais. Mon conseiller spécial eau sera là dans quinze jours, trois semaines, j’espère que vous l’accompagnerez. Et vous verrez qu’à partir d’aujourd’hui, ça va changer. On va surveiller, contrôler. J’espère que vous direz bien aux Mahoraises et Mahorais que jamais tel plan n’a été lancé. L’effort que nous faisons sur l’eau, ce sont plusieurs millions d’euros. Il y a eu une décision au plus haut niveau, on a pris en compte totalement ces questions-là. D’autant que le réchauffement climatique est là, donc ça exige d’être à la hauteur de ce font les Mahoraises et Mahorais en étant résilients, courageux et en acceptant encore qu’on leur coupe l’eau.

Deux litres par jour distribués aux plus vénérables

A peine descendu de l’avion, Philippe Vigier a annoncé plusieurs mesures à la presse pour répondre à la crise de l’eau. Il y a d’abord la décision de distribuer deux litres d’eau par jour « aux personnes les plus vénérables », notamment les personnes âgées. « 30.000 bénéficiaires sont déjà identifiés par l’Agence régionale de santé », précise le ministère des Outre-mer. La mesure pourrait mise en place « le 25 ou 26 septembre ». C’était déjà annoncé, mais le coût de l’osmoseur de 1.000 m3 d’eau (dans un premier temps) et son installation à Sada seront entièrement pris en charge par l’État. Le montant est fixé à onze millions d’euros et le début de la production en janvier 2024. Il y aura aussi « une aide pour les entreprises afin de compenser leurs coûts fixes sera mise en œuvre par la direction des finances publiques de Mayotte. Celle-ci concernera les entreprises dont l’activité est significativement empêchée ou dont l’activité est complètement arrêtée en raison des coupures d’eau ». Concernant les rampes, elles ne seront pas ouvertes 24h/24h suivant le souhait des élus mahorais. Elles ne devraient pas être en service la nuit par exemple. Enfin, le ministre promet d’être très vigilant sur à la fois la qualité de l’eau et sur le respect du contrat de progrès de 411 millions d’euros signé en 2022 entre l’État et le syndicat des eaux de Mayotte.

« Tous les élus sont favorables à la révision des factures »

Autre sujet qui intéresse les Mahorais, le paiement des factures alors que les foyers sont privés d’eau, soit de manière régulière, soit par des coupures anticipées comme ça a été le cas toute cette semaine à Mamoudzou. Le jeudi 24 août, Ibrahim Aboubacar, le directeur du syndicat de Mayotte, a reconnu que « le débat est ouvert » sur la question des factures. Interrogé ce samedi, Yanis Souhaili confirme que celle-ci se pose toujours au syndicat dont il est vice-président et à la Société mahoraise des eaux (SMAE, filiale de Vinci), le délégataire du syndicat. « Tous les élus sont favorables à la révision des factures », confirme l’avocat, arguant toutefois que le gel total des paiements est à exclure. Des négociations doivent avoir lieu avec la SMAE pour voir si une mesure au moins de réduction soit mise en place. Du fait de son importance, nous serons vigilants là-dessus.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes