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La mairie de Tsingoni met en place un couvre-feu pour les mineurs

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Le couvre-feu pour les mineurs concerne uniquement les villages de Combani et Miréréni.

Depuis plusieurs semaines, la commune de Tsingoni connaît de nombreux actes de violence. D’abord cantonnés à Miréréni, et Combani, ils se sont étendus au village de Tsingoni avec en point d’orgue, le décès de « Jumeau », un supporter de 17 ans touché à la tête lors d’un match de football. Ces événements ont poussé la municipalité locale à prendre trois mesures. La première est l’instauration d’un couvre-feu pour les mineurs à Combani et Miréréni par l’intermédiaire d’un arrêté qui doit rester en vigueur pendant deux mois. Signé par Ahmed Adam, le maire adjoint en charge de la tranquilité publique, il interdit la circulation de mineur « non accompagné d’un personne majeure membre de sa famille ou d’un tuteur légal », de 20h à 5h. Les rassemblements de plus de trois mineurs sont également prohibés dans les mêmes horaires et la zone similaire, à savoir des axes de Combani et Miréréni, ainsi qu’à proximité de la rivière qui sépare les deux villages.

La seconde disposition est l’interdiction d’accéder aux plages de la commune de Tsingoni, de 7h à 18h, lors de ces fêtes de fin d’année. Les sites de Dindrioni, Adapté, Zidakani, M’tsangaguini et la cascade de Soulou ne sont donc pas accessibles, les 24, 25, 31 décembre et le 1er janvier. Il s’agit de « prévenir tout risque d’agression, d’affrontement et vols sur les plages », justifie la municipalité dans son arrêté.

Enfin, la dernière consiste à l’interdiction de vente d’alcool sur tout le territoire de Tsingoni à partir de 17h et jusqu’à 8h, le lendemain. Cet arrêté est actif depuis ce dimanche 24 décembre et pour une durée de trente jours.

Agression d’un footballeur à Sada : quatre mineurs mis en examen pour assassinat

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Le Parquet indique que quatre mineurs sont mis en cause dans l'agression de Faiz, le 17 décembre, à Ouangani.

Le football mahorais a été frappé le dimanche 17 décembre de deux faits-divers particulièrement graves, la mort de « Jumeau », le supporter des Diables noirs de Combani âgé de 17 ans qui a succombé à ses blessures deux jours après les faits, et l’agression de Faïz, footballeur de 15 ans de l’UCS Sada, lors d’une rencontre à Ouangani. Le Parquet de Mamoudzou a communiqué sur cette dernière affaire, vendredi soir. Il a d’abord donné des nouvelles de Faïz, qui a été évasané à La Réunion. « Son état de santé s’est amélioré, il est désormais sorti du coma et son incapacité totale de travail a été fixée à titre provisoire à 45 jours », indique-t-il.

Côté judiciaire, il y a finalement quatre mis en cause. Il s’agit de jeunes mineurs de Ouangani. Le Parquet donne d’ailleurs quelques éléments de contexte sur ce match retour du championnat U15, reporté à plusieurs reprises en raison des risques. « Les joueurs de Sada étaient violement agressés par plusieurs individus originaires de Ouangani, pour certains joueurs de l’équipe accueillante. Ces derniers, notamment armés de pierres et de machettes, blessaient plusieurs joueurs de l’équipe de Sada », précise le procureur de la République, Yann Le Bris.

Le chef d’assassinat a été retenu contre les quatre mis en cause, car « il ressortait de l’enquête confiée à la brigade de gendarmerie de Sada et à la section de recherches de Mamoudzou, que ces violences étaient parfaitement préméditées et organisées sur les réseaux sociaux ». Ils ont été présentés, vendredi, devant le juge d’instruction à l’issue de leur garde à vue. Mis en examen et présentés devant le juge des libertés et de la détention, ils ont été placés sous contrôle judiciaire pour trois d’entre eux, en détention provisoire pour le dernier. Les enquêteurs poursuivent leurs investigations pour identifier et interpeller d’autres mis en cause.

L’année 2023 marquée par la hausse des violences non crapuleuses

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Si les moyens des forces de l'ordre pour rétablir la sécurité (ici le Raid à Doujani) ont augmenté à Mayotte cette année, c'est le cas aussi du nombre de faits.

Est-ce que l’opération Wuambushu a tenu ses promesses ? Dans son dernier baromètre de la délinquance à Mayotte, la préfecture de Mayotte compile les atteintes aux biens et les atteintes volontaires à l’intégrité physique entre janvier et novembre 2023. Sur cette période, le grand raout de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outremer, devait permettre d’intensifier la lutte contre la délinquance (comme la lutte contre l’habitat insalubre et l’immigration irrégulière). 49 individus catalogués comme « chefs de bandes » ont été appréhendés sur cinquante identifiés. Un objectif pratiquement rempli qui masque mal les difficultés sur le terrain, car les actes de violence ont globalement égalé, si ce n’est dépassé, les statistiques de 2022. 2.400 faits de violences non crapuleuses ont par exemple été constatés entre janvier et novembre 2023, contre 2.183 sur la même période en 2022. Et si on prend les seuls coups et blessures volontaires (1.698 contre 1.608), nous sommes à la même latitude, tout comme les violences crapuleuses (1.036 en 2023 et 1.029 en 2022) : l’opération Wuambushu, lancée en avril 2023, n’a donc pas permis de tarir la violence à Mayotte.

Augmentation de l’activité judiciaire

L’année 2023 a, en revanche, été marquée par une augmentation de l’activité judiciaire. Le nombre de mis en cause (6.601 contre 5.990) a connu une hausse importante de 10%, tout comme les gardes à vue (4.215 contre 3.586). Plus marquant, le nombre de personnes emprisonnées dans ce laps de temps a plus que doublé par rapport à l’année précédente (800 contre 385, soit +107,79%). A en croire le baromètre de la préfecture, les cambriolages de logements ont en revanche été moins nombreux (369 contre 412), laissant leur place à une hausse des actes de vols avec violence contre des personnes (1.434 contre 982) et des vols liés aux véhicules à moteur et deux-roues motorisées (1.026 contre 854).

Quid de l’immigration ? Selon les derniers chiffres communiqués par Matignon, fin novembre, Wuambushu n’a pas rempli ses objectifs dans ce domaine. 22.000 personnes ont été expulsées vers les Comores depuis le début de l’année. C’est 3.580 de moins qu’en 2022, même si l’année n’est pas encore terminée.

Crise de l’eau : une bactérie détectée dans le village de M’ramadoudou

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La non-conformité de l'eau à M'ramadoudou provient d'une bactérie. Il n'est pas interdit d'en boire si celle-ci est bouillie.

L’eau du réseau distribuée à M’ramadoudou, dans la commune de Chirongui, est désormais non-conforme, indique l’Agence régionale de Santé (ARS), ce vendredi après-midi. « Une analyse reçue ce jour fait état d’une non-conformité bactériologique de la qualité de l’eau à M’ramadoudou », confirme l’agence. « Seul le réseau de distribution est concerné par cette mesure de vigilance. L’eau distribuée sur les rampes et les établissements raccordés aux chemins de l’eau reste potable. » L’ARS précise qu’il s’agit d’une contamination du fait d’une bactérie et pas au plomb comme celles observées dans la commune de Dembéni, ainsi que les villages d’Hamouro, Nyambadao, Bandrélé et Sada, ces dernier jours. Contrairement à la présence de métaux lourds, celle de bactéries n’entraîne pas d’interdiction de boire, faire la cuisine ou se brosser les dents avec l’eau distribuée. Toutefois, « il est demandé à l’ensemble de la population de ce secteur de faire systématiquement bouillir l’eau. L’ébullition permet de stériliser l’eau et d’éliminer ainsi toutes les bactéries présentes. Cette eau peut être stockée dans un récipient dédié, conservée à l’abri de la chaleur et peut être utilisée pendant 48 heures ».
Les autres usages (vaisselle, ménage, alimentation des animaux, douche, lavage des mains…) sont tout à fait possibles.

Alerte sur une marée noire à Hagnoudrou : la piste d’une pollution organique privilégiée

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Une personne a filmé ce qu’il décrit comme une marée noire dans le village de Hagnoudrou, dans la baie de Bouéni.

Dans la matinée, ce vendredi, des images alertant sur une marée noire à Hagnoudrou (village de la commune de Bouéni) ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Les différents services de l’Etat se sont rendus sur place. Si des analyses sont en cours, les premières imputeraient davantage ce phénomène à une pollution organique, donc naturelle.

Ce vendredi, une vidéo a circulé dans la matinée sur les réseaux sociaux pour alerter sur une potentielle marée noire à la plage du village de Hagnoudrou, dans la commune de Bouéni. « Ça ressemble à de l’hydrocarbure. Waouh, qu’est-ce que ça sent fort ! », peut-on entendre dans la vidéo. « Il faut alerter les autorités. »

L’ensemble des services de l’Etat sont mobilisés pour mener l’enquête sur place. « Des moyens de reconnaissances aériens et maritimes sont envoyés sur place, des prélèvements vont être faits pour caractériser et identifier rapidement ce phénomène », écrit la préfecture de Mayotte dans un communiqué envoyé en début d’après-midi.

Des analyses sont en cours

Les Affaires maritimes, le Parc Marin, l’Agence régionale de Santé (ARS), le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) ou encore l’Office Français de la Biodiversité (OFB) font partie des services mobilisés. L’adjoint au chef de Service Maritime et Littoral de la préfecture, Martin Hochart, nous indique qu’après analyse des images de la vidéo par le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), basé à Brest, il semble qu’il s’agirait davantage d’une pollution organique qu’une pollution aux hydrocarbures.

L’analyse des images par un centre de recherche en métropole tendrait davantage sur une pollution naturelle.

Ce type de pollution peut, par exemple, être due à des végétaux qui macèrent, se décomposent avant de se déverser dans le lagon avec les pluies. L’odeur forte décrite dans la vidéo peut justement être lié à cet état de décomposition. Pour l’heure, des échantillons ont été prélevés et les résultats sont attendus pour déterminer la cause exacte de cette pollution.

Des résultats qui devraient être connus, ce samedi. S’il s’agit d’hydrocarbures, il faudra alors déployer des moyens pour absorber cette pollution. « Si c’est bien une pollution organique, on laisse plutôt la nature faire », explique Martin Hochart.

Mayotte Consulting Formation : de nouveaux diplômés en comptabilité et gestion

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Les diplômés de Mayotte Consulting Formation étaient reçus, ce vendredi matin, à la MJC de Kawéni.

Ce vendredi 22 décembre, à la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Kawéni, d’anciens stagiaires de Mayotte Consulting Formation ont été diplômés en présence de l’équipe pédagogique. Basé dans le quartier des Hauts-Vallons, ce centre de formation propose quatre formations distinctes dans la compatibilité/gestion, les ressources humaines ou encore la gestion comptable et fiscal. Seul le BTS comptabilité et gestion (en alternance) est diplômant. D’ailleurs, cette année, le taux de réussite dans cette formation fait la fierté de MCF, puisqu’il est de 100%. D’anciens élèves du BTS ont ainsi témoigné face à un parterre d’apprenants ce matin, louant la qualité de l’encadrement pédagogique. « Pour les élèves qui passent en alternance, on a presque 90% d’insertion parce qu’en général ce sont les entreprises qui les envoient donc elles ne les laissent pas partir. Pour les demandeurs d’emploi, c’est plus compliqué. D’autres continuent leur formation ou partent en métropole une fois qu’ils ont eu leur diplôme », explique Abdou Tchake Nazra, coordinatrice.

Il faut appeler le Samu Centre 15 avant d’aller aux Urgences

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Le centre hospitalier de Mayotte (CHM) donne pour nouvelle consigne, à partir de ce vendredi 22 décembre, d’appeler « systématiquement » le Samu Centre 15 avant de se rendre aux Urgences.

Un médecin régulateur spécialisé se chargera alors d’exhorter les patients à venir aux Urgences si leur état le nécessite. Sinon, une prise en charge en dehors de ce circuit lui sera proposé.

En effet, « malgré le travail conjoint des équipes des différents services », le CHM rend compte de « tensions majeures toujours constatées au niveau des ressources en professionnels de santé du service des urgences [qui] fragilisent ainsi son organisation ».

Deux détenus de la prison de Majicavo retrouvés morts ce vendredi

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Le trentenaire était suspecté d'être l'auteur présumé d'un féminicide commis en janvier.

Les surveillants pénitentiaires de la prison de Majicavo-Koropa ont découvert les corps inertes de deux prisonniers, vers 7h, ce vendredi 22 décembre. Alors que les deux ne partageaient pas la même cellule, la drogue pourrait être la cause des décès.

« Vers 7h, les collègues ont fait l’appel, comme tous les matins. C’est là qu’ils ont découvert que les deux prisonniers étaient morts », raconte Mouhamadi Houmadi, le secrétaire FO Justice. Ce vendredi matin, les deux hommes se trouvaient dans deux cellules différentes. L’hypothèse pour le moment est la mort par overdose selon les premières constatations du médecin, la chimique circulant à l’intérieur du seul établissement pénitentiaire de l’île grâce à des complices en dehors. « Il y a des filets antiprojections, mais ils arrivent régulièrement à monter dessus », reconnaît le syndicaliste. Il arrive parfois que les prisonniers soient envoyés à l’hôpital en raison de la consommation de drogues. Mais les décès « sont assez rares ».

Selon nos informations, l’un d’eux est un des meurtriers de Christophe Brousset, un restaurateur de 38 ans poignardé à Kawéni en avril 2016 alors qu’il venait chercher son fils au judo. Agé de 22 ans, il avait été condamné à vingt ans de prison au mois de mars. Le deuxième, âgé d’une vingtaine d’années également, était en attente de son procès.

300% d’occupation en centre de détention

Le centre de détention accueille normalement des prisonniers pour des peines longues. Sauf que la surpopulation (avec 300% d’occupation) est telle que des détenus accueillis sont mis là même s’ils purgent des petites peines ou sont en attente de leurs procès. Pour le délégué syndical, la surpopulation pousse les prisonniers à être de plus en plus récalcitrants. Et l’insécurité actuelle n’améliore en rien la vie à l’intérieur de la prison. « Sur les cinq derniers jours, on a fait rentrer vingt détenus », rappelle-t-il.

Alors qu’ils ont été stoppés en raison du mécontentement des agents de La Réunion, les transferts vers d’autres établissements pénitentiaires vont reprendre. « On est solidaires avec eux, et eux, avec nous. Nous aussi, on trouve que c’est déplacé le problème », poursuit le représentant FO Justice. Chaque semaine, en alternance, un départ se fera vers La Réunion et la métropole. Mais la situation restera tendue tant que l’extension de l’actuelle prison (en étude) et la construction de la deuxième (deux sites seraient privilégiés) ne sont pas réalisées.

Les sports mahorais stoppés par la préfecture de Mayotte

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La sécurité autour des terrains étant compliquée à assurer, joueurs, dirigeants et public sont privés de matchs pour quinze jours. (image d’archives)

Le couperet est tombé pour le football, le basket-ball et le handball, ce jeudi. Il n’y aura pas de compétitions sportives pendant quinze jours, a décidé la préfecture de Mayotte. Les faits-divers en marge des matchs ont provoqué cette décision prise avec l’appui des dirigeants des fédérations sportives.

https://www.mayottehebdo.com/abonnements/flash-infos/

« Les stocks d’eau non recouverts favorisent la multiplication des moustiques »

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L’équipe de lutte antivectorielle de l’Agence régionale de santé se rend aux domiciles afin de mesurer la densité de moustiques et alerter les habitants. Toutes les données relevées sont consignées sur une tablette.

Pour lutter contre la propagation de maladies transmises par les moustiques, notamment avec le retour de la saison des pluies, le service de lutte antivectorielle de l’Agence régionale de Santé intervient dans les maisons afin de sensibiliser les habitants. Exemple, ce jeudi 21 décembre, dans les rues de Passamaïnty.

Des bassines à découvert remplies d’eau. Des cannettes suspendues aux branches d’un arbre. Le service de lutte antivectorielle de l’équipe de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte scrute, ce jeudi, tous les recoins des maisons de Passamaïnty, à la recherche de tous les contenants propices aux gîtes de larves de moustiques. Selon les calculs réalisés toute l’année par les 65 agents que compte le service, la commune, suivie de Dembéni, Mtsamboro et Ouangani, en ce début de saison des pluies, ont été identifiée zone à risques. Elles bénéficieront toutes de ce genre d’interventions.

À l’aide d’une tablette, les agents reportent sur une carte ce qu’ils repèrent sur le terrain. Comme ces trous dans le sol remplis d’eau stagnante retrouvés dans la partie extérieure d’une habitation. Conseil : les combler avec du gravier et des cailloux. « Même un pot yaourt, un capuchon de bouteille laissés dehors peuvent devenir des nids à moustiques », lance un agent, qui jette également un coup d’œil aux gouttières afin de voir si de l’eau ne reste pas bloquée.

Recouvrir les stocks d’eau

L’inspection terminée, les habitants récupèrent une brochure avec les gestes simples à effectuer, tel que jeter ses déchets à la poubelle et vider tout ce qui peut servir de réservoir pour éviter que de l’eau de pluie ne stagne à l’intérieur. Concernant les eaux usées, elles peuvent aussi être versées dans des sortes de puisards dans une cour, du gravier dessus et un système pour les recouvrir.

« L’objectif est de prévenir les maladies, notamment la dengue et le chikungunya que peuvent transmettre les moustiques », déclare le directeur général de l’ARS, Olivier Brahic. Même si aucun cas n’a été recensé récemment, les interventions de sensibilisation et de destruction des nids sont jugées plus que nécessaires avec la crise de l’eau que traverse l’île. « Les stocks d’eau qui ne sont pas recouverts favorisent encore plus la multiplication des moustiques. »

« Les gens nous disent : « On sait. Mais il y a toujours un décalage entre le fait de savoir et l’action » », insiste le responsable de l’équipe, Idaroussi Ambdoul-Bar. « Seuls ; on n’y arrivera pas », rabâche encore un agent, Archidine Abdourahamane. « Il faut le soutien des communes et des associations pour sensibiliser le plus possible. » Même si le directeur général note, depuis les premières missions de terrain en 2006, un « changement progressif des habitudes. »

Des trous et des déchets dans la rue

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À Passamaïnty, on retrouve des déchets abandonnés en pleine rue. Des gîtes larvaires peuvent aussi y faire leur apparition.

Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, également présent lors de cette journée d’intervention, a rappelé l’objectif d’équiper les quartiers de contenants à déchets dans les prochaines années et de réhabiliter les rues qui présentent de nombreux trous. Les travaux de voirie à Passamaïnty devraient débuter en avril prochain.

Quelques chiffres

Depuis le début de l’année, 39 cas ont été recensés : 36 de paludisme et deux de dengue.

En 2022, ces chiffres étaient de 41 cas confirmés dont 36 de paludisme (que des cas importés) et 5 de dengue (2 autochtones et 3 importés). Le mois d’août ayant été la période la plus à risques dans le développement de pathologies.

L’année qui a enregistré le plus de cas contaminés étant 2020 avec 3 759 cas autochtones.

Loi Immigration : « un bouclier qui nous manquait » selon Emmanuel Macron

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Le projet de loi Immigration et Intégration adoptée ce mardi continue de faire des vagues dans le camp présidentiel. Le ministre de la Santé par exemple, Aurélien Rousseau, a démissionné et a été remplacé par Agnès Firmin Le Bodo, qui était jusqu’alors ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé. Le président de la République, Emmanuel Macron, a voulu rassurer sa majorité (27 députés centristes ont voté contre, 32 se sont abstenus) en participant à l’émission de C à Vous, sur France 5, mercredi soir. « Nous sommes un pays qui a toujours accueilli et qui continuera à accueillir », a-t-il promis, parlant d« un bouclier qui nous manquait » pour justifier le projet porté par Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.

Il a voulu marquer sa différence avec Les Républicains et surtout le Rassemblement national devenu un allié gênant au Parlement. Il a fait remarquer, par exemple, que le projet ne revient pas sur l’asile, la gratuité et l’accès à l’école pour tous, l’hébergement d’urgence ou la situation des étudiants étrangers. Il s’est opposé d’ailleurs sur ce point à la caution demandée aux étudiants venant de pays étrangers. « Ce n’est pas une bonne idée », a-t-il admis.

Avant le passage devant le Conseil constitutionnel, qui pourrait censurer plusieurs dispositions, Emmanuel Macron a tenté de défendre une loi qui vise à « simplifier les procédures d’expulsion » d’un côté et « mieux intégrer par le travail » de l’autre.

La Caisse de sécurité sociale fermée jusqu’au mardi 26 décembre

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La fuite de gaz, qui a incommodé la veille une partie des salariés de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte au centre Kinga, a poussé l’organisme à fermer ses portes, ces jeudi et vendredi. La CSSM reprendra normalement ses activités à Kawéni, le mardi 26 décembre. En attendant, les usagers sont redirigés vers le site internet (www.cssm.fr).

Le cinéma de Chirongui auréolé par le Centre national du cinéma

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Pour sa programmation diversifiée et sa capacité à s’adapter aux jeunes publics, le centre culturel de Chirongui est désormais classé « Art et essai » et bénéficie du label « Jeune public ». Décisions rendues par le Centre national du cinéma en cette fin d’année, faisant du pôle culturel la première salle de cinéma de Mayotte à obtenir la qualification « Art et essai ». « Une salle Art et essai est un établissement cinématographique qui expose une proportion conséquente de films recommandés Art et essai et qui soutient ces films souvent difficiles par une politique d’animation adaptée », précise le centre culturel. Parmi les films relevant de cette qualification et diffusés au cinéma de Chirongui entre début 2022 et cette fin d’année, on peut relever : « Tropique de la violence », « Allons enfant », « Simone, le voyage du siècle », « Anatomie d’une chute » ou encore « L’île rouge ». Par ailleurs, le pôle culturel est aussi récompensé pour ses actions à destination des élèves de l’île. Coordinateur territorial des dispositifs nationaux « Ma classe au cinéma » en partenariat avec le rectorat de Mayotte, il accueille chaque année les élèves du département. Raison pour laquelle le CNC lui octroie par la même occasion son label « Jeune Public ».

La Chambre de commerce et d’industrie fermée jusqu’au 2 janvier

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La Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM) sera fermée pour les vacances, a-t-elle annoncée sur sa page Facebook. Les portes seront donc closes du lundi 25 décembre au lundi 1er janvier. « Nous serons de retour et prêts à vous accueillir dès le mardi 2 janvier 2024, à partir de 7h30. Passez d’excellentes fêtes de fin d’année, entourées de vos proches, et que cette nouvelle année vous apporte bonheur, santé et réussite », souhaite la CCI.

Les inscriptions au BPJEPS Activités physiques pour tous sont ouvertes

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Le Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport est un diplôme d’Etat de niveau 4. Depuis le 18 décembre et jusqu’au 26 janvier 2024, les inscriptions au BPJEPS mention « Activités physiques pour tous » sont ouvertes à Mayotte. Pour candidater, il suffit d’avoir au moins 18 ans, d’être titulaire du PSC1, d’avoir un casier judiciaire vierge et d’avoir satisfait aux tests de sélection. Au cours de la formation, quatre unités capitalisables auront pour but de vérifier les compétences des candidats dans les domaines suivants : « Être capable d’encadrer tout public dans tout lieu et toute structure » ; « Être capable de mettre en œuvre un projet d’animation s’inscrivant dans le projet de la structure » ; « Être capable de concevoir une séance, un cycle d’animation ou d’apprentissage dans la mention « activités physiques pour tous » » ; « Être capable de mobiliser les techniques de la mention « activités physiques pour tous » pour mettre en œuvre une séance ou un cycle d’apprentissage ». Les dossiers d’inscriptions sont à retrouver sur le site du CROS de Mayotte.

Une nuit avec Sea Shepherd à guetter les braconniers

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Les membres de Sea Shepherd sont présents à Mayotte pour trois semaines et patrouillent chaque nuit pour traquer les braconniers et protéger les tortues.

Plusieurs fois par an, Sea Shepherd France foule le sable mahorais pour effectuer des patrouilles de nuit visant à protéger les tortues. Contre les braconniers s’en prenant à cette espèce protégée, les bénévoles de l’association nationale n’hésitent pas à intervenir. Nous avons passé une nuit avec eux, lors de leur patrouille sur les plages de Moya, en Petite-Terre.

« Attention avec ta lumière ! » Cette nuit-là, il faut être discret sur les plages de Moya. Chuchotements et tenues sombres sont de rigueurs. Répartis entre les plages 1 et 2, quatre membres de Sea Shepherd guettent, tapis dans l’ombre, la présence de braconniers, qui viennent souvent ici pour chasser les tortues.

En 2017, Sea Shepherd France a lancé l’opération Nyamba. Régulièrement, des bénévoles de l’association viennent à Mayotte pour des missions de plusieurs semaines au cours desquelles ils patrouillent chaque nuit sur les plages pour protéger les tortues. Arrivés le mardi 12 décembre à Mayotte, Jérémy, Mickaël et Guyve, le responsable de l’opération, ont rejoint pour trois semaines El-Amine, vice-président de l’association de sécurité villageoise de M’tsamoudou (ASVM), dont l’organisation effectue des patrouilles à l’année dans le sud de Mayotte

Surprendre les braconniers

De la pluie accueille Guyve et El-Amine à Moya 2 pendant que les deux autres bénévoles sont restés à Moya 1. Les veilleurs s’assoient sous un arbre. La traque aux braconniers commence alors que le jour se termine. « On veut être en place avant la nuit, comme ça, on peut surprendre les braconniers, et pas l’inverse », explique le responsable de l’opération.

C’est grâce à cet effet de surprise que Sea Shepherd est parvenue à arrêter un braconnier dans la nuit du 15 au 16 décembre. Alors qu’un individu s’approchait d’une tortue muni d’un couteau sur une des plages de Charifou, les patrouilleurs l’ont pris au dépourvu en l’éclairant alors qu’il passait juste à côté d’eux. Pris de peur, il s’est laissé stopper et a été livré aux gendarmes. « Ils savent qu’ils sont en train de faire quelque chose d’illégal, donc ils ont peur », commente El-Amine. Néanmoins, n’ayant pas tué la tortue, l’individu a été relâché, tandis que Sea Shepherd s’est fait rappeler qu’elle n’avait pas la dérogation requise pour être sur ces plages interdites d’accès entre 18h et 6h, pour, justement, protéger cette espèce.

Une prise que Guyve espère malgré tout réitérer cette nuit. Muni d’une caméra thermique, il observe méticuleusement la surface de la plage et la mer, par laquelle les braconniers peuvent arriver. Le bruit d’un moteur rompt le rythme des vagues. Un kwassa non éclairé, invisible à l’œil nu, escorté par un premier bateau plus petit, transporte trois personnes, d’après les tâches claires qu’il observe dans le viseur de son appareil. Après discussion avec El-Amine, il écarte la piste des braconniers.

« Protéger les tortues est notre priorité »

Le talkie-walkie que le responsable de l’opération garde dans sa poche se met à vibrer : Jérémy et Mickaël ont repéré une tortue venue pondre sur Moya 1. Leur mission consiste alors à veiller sur elle. « Protéger les tortues est notre priorité lors de ces patrouilles », insiste Guyve, qui explique qu’ils n’arrêtent les braconniers que rarement, et seulement s’ils sont assez proches. En général, l’issue est davantage la fuite de ces derniers. Cette année, Sea Shepherd a fait fuir des braconniers une dizaine de fois.

Une équipe alternée d’une quinzaine de gardiens du conseil départemental de Mayotte est censée faire des rondes sur les plages de Moya pour surveiller que rien n’arrive aux tortues. Mais celui qui vient à Mayotte depuis le début de l’opération Nyamba affirme ne les avoir jamais vu effectuer leurs tours. En tous cas, pour l’instant, le constat est sans appel : pas de gardien sur la plage.

Le talkie-walkie vibre une deuxième fois. L’attitude calme de Guyve se transforme en état d’alerte. « Il y a des braconniers sur l’autre plage, on y va ! » Une course s’entame de Moya 2 à Moya 1, zigzagant dans l’obscurité entre les palétuviers et les vagues montantes. Arrivés à l’arbre sous lequel se cachent Jérémy et Mickaël pour surveiller la tortue, Guyve sort sa caméra thermique. La pression redescend. « Je pense que c’est l’association Oulanga Na Nyamba qui doit faire une sortie ponte », émet-il en regardant à travers le viseur. Ce dernier a vu juste.

Environ une heure plus tard, nous rencontrons les cinq individus membres de l’association qui anime le plan national d’action en faveur des tortues marines du sud-ouest de l’océan Indien. Ils étaient bien en sortie pour observer la ponte de l’animal et montrer aux nouveaux volontaires en service civique comment l’approcher. « Mais nous, on n’intervient pas directement si on voit un braconnier, on alerte les forces de l’ordre. On n’a pas le droit et on n’est pas formés pour intervenir », explique un des membres de l’association à Guyve. “Si vous venez à cinq sur les braconniers, ils vont partir, et ça sauve la tortue”, lui répond-il. Même cause, approches différentes (voir encadré).

Bientôt une antenne locale à Mayotte

Le membre de Sea Shepherd regrette qu’il n’y ait pas plus de patrouilles avec intervention sur l’île. C’est pour cela qu’en 2024, une antenne locale mahoraise de l’organisation non gouvernementale (ONG) va être créée avec des membres de l’ASVM. Une stratégie qui, il l’espère, devrait attirer du monde pour renforcer les rangs des actuels vingt-cinq patrouilleurs et permettre d’effectuer des rondes également dans le nord de Mayotte, moins surveillé.

De retour sur Moya 2, la nuit s’écoule pour El-Amine et Guyve, rythmée par quelques siestes alternées. Pas l’ombre d’une tortue ou d’un braconnier alors que le ciel commence à s’éclaircir. Le soleil se lève, tout comme ce qui semble être un des gardiens, qui fera demi-tour avant même d’avoir atteint le milieu de la plage.

Un froid entre Sea Shepherd et certaines associations locales

Les relations entre certaines associations environnementales locales et Sea Shepherd France ne sont pas au beau fixe. Des approches différentes sur la façon de protéger les tortues semblent être en cause. Aussi, un conflit par réseaux sociaux et médias interposés entre Sea Shepherd et Les Naturalistes en 2021 à propos d’un amas d’ossements de tortues à Saziley, où l’association locale organise des bivouacs chaque week-end. Un charnier preuve d’inaction pour l’une, une preuve de l’ampleur du braconnage vouée à sensibiliser le public pour l’autre.

De défenseur des droits humains à habitant du bidonville du stade Cavani

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Alain Tshipanga est arrivé en octobre 2023 à Mayotte et en novembre au stade Cavani. Il vit dans une case de fortune avec sa femme et ses trois enfants.

Depuis septembre, les abords du stade Cavani, à Mamoudzou, ont vu pousser plusieurs habitats de fortune, abritant des migrants en grande partie originaires de la région des Grands Lacs, en Afrique. Parmi eux, Alain Tshipanga, qui a accepté de nous raconter son histoire.

Alain Tshipanga a passé la matinée à nettoyer autour de chez lui avec un de ses voisins. Il n’y a pas un seul détritus autour de sa case et le cours d’eau qui coule à proximité a aussi eu droit à un coup de balai. « J’ai été élevé dans un endroit sain, je veux que ce soit propre pour mes enfants. » Cet endroit, c’est Kasaï, une province de la République démocratique du Congo, avant un déménagement avec ses parents à Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu, à l’est. C’est là qu’il fera ses études et commencera à fonder sa famille. Car avant d’habiter dans le campement de fortune du stade Cavani, à Mamoudzou, Alain Tshipanga était un défenseur des droits de l’Homme dans son pays.

Tout commence en 2016. Cette année-là, le Congolais découvre, lors d’une enquête qu’il mène avec l’ONG African Initiative Program (AIP), que des militaires, sous la supervision du général Muhindo Akili Mundos, collaboreraient avec des rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), affiliées depuis à l’État islamique (EI). L’activiste, ainsi qu’un rapport circonstanciel signé par l’AIP, indiquent que ces militaires congolais, censés lutter contre les ADF, leurs fourniraient des armes contre des minéraux. Ces révélations marquent le début d’un long cauchemar pour Alain Tshipanga, qui devient la cible de menaces de mort. Des menaces qui n’en resteront pas longtemps.

« Ne viens pas ici, ils veulent te tuer »

En juin 2017, l’homme, alors âgé de 32 ans, part avec sa femme pour un voyage à Eringeti, dans le Nord-Kivu, afin de présenter son nouveau-né à son propre père. Le 20 juin, alors qu’il est de sortie, il reçoit un appel. « Ne viens pas ici, ils veulent te tuer. » Ces mots résonnent encore dans l’esprit d’Alain Tshipanga, dont le destin bascule ce jour-là. « Ils ont assassiné mon père et violé ma femme », nous livre-t-il. Ce dernier arrive à retrouver son épouse et son bébé avant de fuir par la route pour rentrer chez eux, à Bukavu. Mais ils n’y sont plus en sécurité : le 3 juillet 2017, lui, sa femme et leurs quatre enfants quittent la République démocratique du Congo.

La famille commence une nouvelle vie au Burundi, pays voisin dans lequel l’activiste obtient le statut de réfugié. Il y travaille alors comme commissionnaire dans le domaine de la construction. « Au départ, nous y étions bien, j’avais même acheté une maison », se souvient-il. Seulement au départ. Car en 2020, il reçoit un client qui n’en est en fait pas un. D’après Alain Tshipanga, cet homme, qui aurait été envoyé par le général mis en question dans son rapport, ainsi que des officiels du Burundi, lui demande de démentir les résultats de l’enquête qu’il avait menée quatre ans plus tôt dans une vidéo. L’activiste, pris au piège, prétend qu’il va y réfléchir avant de couper tout contact.

« Si j’avouais ce qu’ils voulaient, j’étais mort »

Mais le 28 juin, alors qu’il partait laver son véhicule, il est kidnappé. S’ensuivent alors des heures de tortures durant lesquelles on lui ordonne de faire cette vidéo. « Si j’avouais ce qu’ils voulaient, j’étais mort de toute façon, je me suis dit : « autant que la vérité reste ». » Il est finalement relâché dans la brousse, au milieu de nulle part, couvert de blessures et terrifié. « Un homme m’a guidé jusqu’à un hôpital, mais je marchais derrière lui, parce que j’avais peur qu’ils l’aient envoyé pour me tuer », se remémore Alain Tshipanga, qui sera finalement pris en charge par un médecin avant de retrouver sa famille.

Le Burundi n’est plus sûr pour l’activiste, qui décrit plusieurs démêlés avec la police par la suite, qu’il soupçonne être en rapport avec cette affaire. Plusieurs organismes de défense des droits humains le prennent alors sous leurs ailes. Il reçoit notamment l’aide du Africa Human Rights Network (AHRN), qui lui obtient des titres de séjour pour lui et sa famille en Tanzanie, destination pour laquelle il part en juillet 2023 grâce au programme de relocalisation temporaire pour les défenseurs des droits humains de l’organisation.

Mais finalement, Alain Tshipanga et sa famille ne peuvent pas rester plus de trois mois dans le pays. Alors qu’il écrit à différentes ambassades pour trouver un nouveau pays d’accueil en capacité de lui offrir la protection dont il a besoin, une connaissance lui parle de Mayotte. « On m’a dit qu’il y avait une île où on pourrait me protéger », se souvient celui qui n’avait encore jamais entendu parler de l’île aux parfums.

« Aujourd’hui, on vit avec 90 euros par mois »

Avec sa famille, ils décident alors de partir en octobre. Après un bateau depuis la Tanzanie, ils rejoignent un kwassa en pleine mer et entament la traversée pour Mayotte. En arrivant, Alain Tshipanga fait une demande d’asile, dont il attend le résultat. Hébergé un mois par l’association Solidarité Mayotte, il a été contraint de rejoindre le campement de fortune du stade Cavani à la mi-novembre. Coincé là-bas, ce dernier souhaite simplement voir sa demande aboutir pour pouvoir travailler et offrir la sécurité à sa famille qui ne l’a pas connue depuis six ans. « J’ai tout perdu, nous avons besoin de stabilité. Je suis fatigué, ma famille est traumatisée », déplore-t-il.

Ce dernier se souvient de sa vie en RDC. « Moi avant j’étais riche, je prenais souvent l’avion, j’avais une maison. Aujourd’hui, on vit avec 90 euros par mois pour six personnes », explique celui qui se refuse de prendre un emploi illégal, voulant s’intégrer pleinement dans le système français. Alors, quand il est la cible de l’hostilité de certains riverains, ce n’est pas facile pour le père de famille : « On comprend qu’on est chez autrui, mais on est des êtres humains avec des valeurs. On est instruits, je suis pour la non-violence et pour la paix ».

Les journées dans le camp sont longues, alors Alain Tshipanga a eu le temps de réfléchir à ce qu’il ferait s’il n’obtient pas l’asile. « Je repartirai et je continuerai de chercher un endroit où on m’accordera la protection dont j’ai besoin », affirme celui qui ne trouvera pas le repos tant qu’il n’aura pas le statut de réfugié.

Des Mahorais condamnés pour des violences à la prison du Port

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Le 8 novembre dernier, au centre de détention du Port (La Réunion), où des détenus de la prison de Majicavo-Koropa sont transférés pratiquement chaque semaine, une bagarre a éclaté. Elle opposait trois détenus mahorais et un Saint-Paulois. Dans la cour de la prison, le Réunionnais a dégainé un couteau artisanal auquel le trio mahorais a riposté avec des « fish-fish », des brosses à dent au manche aiguisé pour servir d’arme blanche, rapporte le Journal de l’Île de la Réunion. Le Réunionnais a été piqué à neuf reprises et roué de coups, le blessant superficiellement. Une bagarre qui revêtait un « fond de rivalité raciste » selon le substitut du procureur de la République de La Réunion, Antoine Tur. Jugés en comparution immédiate, les quatre prévenus ont été condamnés à des peines allant d’un à quatre ans de prison ferme, toujours selon nos confrères.

Police : « L’actualité me convainc que j’ai fait le bon choix »

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Hervé Derache est passé directeur territorial de la police nationale à Mayotte. Il succède à Laurent Simonin, qui a pris la fonction de directeur départemental de la sécurité publique de la police de Pas-de-Calais.

Nouveau directeur territorial de la police nationale à Mayotte, Hervé Derache est arrivé sur l’île avec son expérience à la fois dans la police aux frontières dans le Nord de la France et la sécurité publique en Seine-Saint-Denis. Le Nordiste de 56 ans, sait qu’il arrive dans un département avec beaucoup d’attentes de la population. Interview.

Flash Infos : Le territoire mahorais est confronté à des problématiques qu’on trouve rarement ailleurs en France. Comment vous vous projetez dans son nouvel environnement ?

Hervé Derache : Les problématiques ne me sont pas étrangères. Même si, en toute humilité, je les découvre et les appréhende au fil de l’eau. Les deux principales me sont un peu coutumières. Ça fait treize ans que je suis acculturé à la lutte contre l’immigration clandestine, notamment sur mon dernier poste de directeur interdépartemental de la police aux frontières, à Calais. Là-bas, c’est davantage de la Lec (lutte contre l’émigration clandestine) puisqu’on y travaille au profit des Anglais et de l’espace Schengen en empêchant les départs. J’y suis arrivé en 2016, un mois et demi avant le démantèlement de la « Jungle de Calais ». Précédemment, j’ai été trois ans à la tête de la police anti-immigration de Roissy-Charles de Gaulle. Ça m’a sans doute motivé à venir ici. L’autre outil intéressant, c’est le maintien de l’ordre. J’ai travaillé avant la police aux frontières dans la sécurité publique en Seine-Saint-Denis, en tant qu’officier, puis commissaire. J’y étais en 2005 lors des émeutes suite aux événements de Clichy-sous-Bois (N.D.L.R. les émeutes après la mort par électrocution de Zyed Benna et Bouna Traoré dans un poste électrique).

F.I. : Qu’est-ce qui vous a motivé à venir ici ?

H.D. : La proposition de l’administration de passer contrôleur général (N.D.L.R. le galon au-dessus de commissaire divisionnaire) sur cette île était une opportunité que je ne pouvais refuser. Depuis mon arrivée, l’actualité me convainc que j’ai fait le bon choix. J’adore tout ce qui est un peu mouvementé. Je suis persuadé qu’il y a une population attachante, un territoire attachant, pour lequel on travaille. La première semaine était un peu intense (N.D.L.R. il est arrivé au 20 novembre). J’ai mesuré tout l’engagement des fonctionnaires de police. Ils ne comptent pas leurs heures, ils sont d’une efficacité redoutable sur la voie publique. Il y a une bonne interface avec les collègues du judiciaire. Parfois, la victime n’a même pas encore porté plainte que l’auteur est interpellé. Il y a une bonne hybridation des effectifs avec une moitié mahoraise et une autre métropolitaine. Les Mahorais sont extrêmement dévoués, connaissent parfaitement la topographie, la population.

F.I. : Vous bénéficiez également de nouveaux matériels avec l’usage des drones et davantage de vidéosurveillance.

H.D. : Le territoire est complexe. Il est aujourd’hui inimaginable d’évoluer sans un support aérien. Il est devenu fondamental d’avoir un report d’images qui nous donne un visuel à 360° sur le territoire qu’on investit. On s’appuie énormément aussi sur la vidéosurveillance présente dans la ville. Elle nous permet d’anticiper des conflits, circonscrire les circonstances, identifier les auteurs et les victimes.

F.I. : Sur ce dernier point justement, on sait que la difficulté est que les rixes sont très courtes et que la population qui se trouve au milieu s’y trouve mêler sans avoir rien demandé. On a l’impression que c’est compliqué de trouver un moyen efficace de lutter contre cela.

H.D. : Très compliqué. On a du mal à comprendre l’origine des tensions et on se demande si parfois il y en a. Je les crois capables de ne pas avoir besoin d’une bonne raison pour s’affronter. Peut-être qu’il y a une part d’oisiveté chez cette jeunesse qui fait qu’elle ne se voit pas faire autre chose. Je vois que le travail se fait, j’ai rencontré des partenaires, le rectorat qui essaie de trouver des solutions pour un mieux vivre ensemble. On s’affronte trop souvent gratuitement, sans fondements, parfois pour un mauvais regard ou parce que l’autre est d’un autre village. Et ça, ce n’est pas acceptable. On cannibalise du matin, 6h, jusqu’au soir, à 18h, un nombre incalculable d’heures, de fonctionnaires à pied qui doivent accompagner les jeunes. J’entends que c’est pareil pour les gendarmes. C’est fou. Je ne suis pas là depuis longtemps, mais j’aimerais bien que les hommes de cette ville jouent le rôle de grands frères, d’anciens, pour canaliser cette jeunesse. On ne peut pas répondre par la répression à tout.

F.I. : Avec le nombre des faits, ici, est-ce que vous sentez l’attente de la population envers les forces de l’ordre ?

H.D. : Oui, je le ressens. Ça peut être par des signes amicaux lorsqu’on se promène dans certaines rues de Mamoudzou. Je l’ai vu dans les réunions avec les parents-relais.

F.I. : Sur le volet immigration que vous connaissez bien, il y a aussi une certaine attente. Avez-vous déjà des objectifs sur ce point ?

H.D. : J’ai une double tutelle, administrative avec le préfet, judiciaire avec le procureur de la République. Mon objectif est simple, il est de répondre à ces deux autorités. On a dépassé le nombre de kwassas interceptés qui dataient de 2014. Ça montre encore une fois qu’on progresse. Au-delà de la problématique de ceux qui sont déjà là illégalement, il faut continuer à porter le fer contre les nouvelles arrivées avec les moyens importants dont nous sommes dotés.

F.I. : Vous qui avez vu ça dans votre précédente mission, quel est le meilleur moyen de lutter contre l’immigration illégale ?

H.D. : C’est compliqué comme question. Je ne sais pas si c’est la réponse que vous attendiez. Le moyen le plus efficace est de lutter contre les réseaux criminels qui organisent tout ça. Bien sûr, il faut lutter contre les bateaux qui se destinent à l’île. Il faut porter le fer, et je pense qu’on peut faire davantage, contre les réseaux criminels de passeurs.

Bandrélé à la conquête de Strasbourg et de Taïwan

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Les Supers Jeunes de Bandrélé sont les nouveaux ambassadeurs de la culture mahoraise à travers le monde.

Des jeunes chanteront des airs folkloriques sur petits écrans, le vendredi 5 janvier, dans l’émission « Quel sera le meilleur chant folklorique de France ? » à 23h10 (heure de Mayotte).

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Leur prestation chorégraphique à Strasbourg leur ouvre le chemin de Taipei en mer de Chine.

C’est une première nationale et internationale qui s’annonce pour Mayotte en 2024. Grâce à l’association Supers jeunes de Bandrélé, une troupe de chant folklorique fait ses premiers pas à la télévision.

France 3 a programmé, pour le vendredi 5 janvier, la diffusion en prime time d’un grand concours sur les chants régionaux. Cette première émission du genre met en compétition différentes régions françaises, dont la Guadeloupe et Tahiti, dans le but de déterminer « quel sera le meilleur chant folklorique de France ? » Et pour cela, les jeunes Mahorais chanteront « L’eau bénite » et « L’éclipse en pleurs ».

L’aventure a débuté par le biais d’une simple vidéo dans laquelle des jeunes chantent. Le président Jacques Soulanges de l’association Guadeloupe Culture Anou, investie dans l’univers musical, l’a montrée à un représentant du service culturel de Mayotte. De là, a germé l’idée de faire participer la troupe à ce concours national.

Un départ permis grâce à des dons

Porte-parole de l’association, Chafika Mady s’en souvient très bien : « L’invitation nous est parvenue avec un certain retard en février 2022. Nous avions juste deux mois pour nous préparer et, surtout, pour trouver des sponsors afin de financer notre déplacement, les billets d’avion mais aussi les tenues de scène. Ce n’était pas une mince affaire », commente-t-elle. La troupe représente 30 personnes et deux accompagnateurs ont également été désignés par la municipalité de Bandrélé. Pour les aider dans leur projet, les Super Jeunes ont reçu des sous de particuliers et d’entreprises.

Réussite. Direction Paris, puis Strasbourg dans l’Est de la métropole, au Palais des congrès de la ville. « Là-bas tout était vraiment super organisé, nous avons bénéficié d’un encadrement technique professionnel qui nous permis de bien travailler notre chorégraphie avant le jour J », relate Chafika Mady. « Chaque groupe folklorique avait un timing précis à respecter pour interpréter son chant devant un jury très avisé. »

Les Supers Jeunes de Bandrélé ont occupé la troisième marche du podium. De quoi leur permettre de hisser à nouveau nos couleurs à Taïwan à l’occasion d’un autre show international. Une tournée qui durera du 8 au 19 août 2024.

Vendredi 5 janvier, à 23h10 (heure de Mayotte), émission « Quel sera le meilleur chant folklorique de France ? » sur France 3.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes